Mémoires |
BULLETIN DE LANNÉE ACADÉMIQUE
2002-2003
établi par Patrice CABAU & Maurice SCELLÈS
Les parties non reproduites dans l'édition papier apparaissent en vert dans cette édition électronique.
Séances du 1er octobre 2002 au 21 janvier 2003 | Séances du 31 janvier 2003 au 11 mars 2003 |
Séances du 25 mars 2003 au 3 juin 2003 |
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 251
VISITE DU 31 JANVIER 2003
Présents : M. Cazes, Directeur, Latour,
Bibliothécaire-Archiviste, Scellès, Secrétaire général, Mme Noé-Dufour, MM. Bordes,
Peyrusse, Prin, Vézian, membres titulaires, Mmes Andrieu, Bayle, Débax, Félix-Kerbrat,
Jiménez, MM. Catalo, Macé, Pousthomis, Testard, membres correspondants.
Excusés : Mme Michèle Pradalier-Schlumberger, Présidente, Mme Boussoutrot, MM.
Pradalier, Rebière, Salvan-Guillotin.
Invités : Mlles Laure Krispin, Martine Rieg, M. Raynaud.
Répartis en deux groupes successifs, les membres de notre Société sont accueillis par notre confrère Jean Catalo qui leur présente les vestiges mis au jour par les fouilles réalisées à langle de la place du Parlement et des allées François-Verdier :
« Le chantier archéologique de la Cité Judiciaire de Toulouse, 2002-2003
Depuis 1999, plusieurs opérations darchéologie préventive sintègrent au calendrier des travaux de réaménagement du Palais de Justice de Toulouse. Le chantier actuel concerne plus spécialement lemplacement de lemblématique Château Narbonnais, forteresse comtale de la croisade des Albigeois transformée en Palais royal au XIIIe siècle.
Relativement épargné par les constructions des prisons du XIXe siècle, le site permet dappréhender le système de fossés parallèles qui défendaient le château comtal et lentrée de la ville. Ces fossés sont absorbés lors de lagrandissement du château vers le sud avec limplantation dun nouveau rempart et dune tour à la fin du XIIIe siècle. Les talus entre les fossés ont également conservé les traces de loccupation antique au-devant dune des plus importantes portes de lenceinte gallo-romaine.
Malgré son importance historique, cette zone du château restait, jusquici, très mal connue en raison de la pauvreté des sources écrites disponibles. La fouille préventive va donc permettre de connaître toute lévolution de son dispositif de défense et de cette entrée majeure de Toulouse. Deux autres tranches de travaux, également induites et intégrées au projet architectural, devraient suivre et compléter cette redécouverte dun des ensembles les plus symboliques du patrimoine toulousain.
Jean CATALO
Responsable dopération INRAP »
Laurent Macé demande où se trouvait le rempart antique par rapport au rempart médiéval du XIIIe siècle dégagé, et ce quil en était de la Porte Narbonnaise. Jean Catalo répond quil se trouvait à environ 50 m plus en ville. Les fouilles montrent que la
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voie et lentrée dans Toulouse ont
été un peu déplacées vers louest. La présence des fossés indique que
lentrée primitive ne fonctionne plus, ce qui pose la question de la date à
laquelle la porte antique devient le lieu dimplantation de la forteresse comtale.
Jean Catalo insiste sur lintérêt de la mise au jour de ces fossés pour la
compréhension de la genèse du château comtal dont lemplacement est aussi
désormais bien mieux défini. Limportante étude menée par Maurice Prin et Jean
Rocacher, publiée en 1991, avait dû conclure, faute dinformations plus précises,
à une emprise denviron 50 m de côté, qui correspond en fait à létat du
château royal : on sait aujourdhui que celle du château comtal
nexcédait pas 30 m. Une fouille est prévue à lintérieur du bâtiment
actuel dont les façades seront conservées , et donc sur lemplacement
de la première forteresse.
Répondant à une
question de Bernard Pousthomis, Jean Catalo indique que la Grand-Chambre, construite entre
1444 et 1492 mais dont on sait par des textes quelle a été largement reconstruite,
a été installée sur un secteur nouveau qui était jusque-là occupé par des fossés.
Aucune fouille nest prévue à cet endroit.
Christine Jiménez
sinquiète de savoir si nous avons également la trace des travaux de fortification
du XVIe siècle. Jean Catalo indique que le rempart découvert est de la fin du
XIIIe siècle. Sa datation est établie en corrélation avec des fouilles de
1999 sur une section du même rempart, un peu plus loin à lest. Au XVIe
siècle est effectivement bâtie une section de courtines, mais elle est située en dehors
du secteur fouillé. Elle part du Château Narbonnais et rejoint la Garonne.
Louis Latour fait
remarquer que lépaisseur du mur est trop fine pour résister à des assauts.
Jean Catalo précise
que le rempart est essentiellement un poste de tir qui ne doit pas être facile à
atteindre. Ce sont les divers obstacles placés devant les remparts qui sont dissuasifs.
Il faut ajouter que le fossé « majeur » placé au-devant de la muraille
faisait bien 9 mètres de profondeur à partir du sol actuel. Il faut donc se représenter
que lassaillant arrivait devant un fossé denviron 25 mètres de large,
profond et en eau. De lautre côté sélevait lescarpe, dont une partie
devait être maçonnée, à laquelle il faut ajouter la hauteur du mur, soit environ 5 à
6 mètres, ce qui fait un obstacle denviron 15 m de haut. Les défenses
complémentaires comme les tours, les barbacanes, sont donc concentrées sur les points
faibles que sont les entrées de la ville.
Christine Jiménez
voudrait savoir si les fossés nord et sud sont représentatifs de létat des
fortifications au moment de la croisade albigeoise. Pour Jean Catalo, la réponse des
fouilles nest pas encore claire. Nous pourrions être devant des aménagements
relevant de la période dAlphonse de Poitiers, sur une base antérieure.
M. Raynaud demande
comment le fossé de la fin du IXe siècle est daté. Jean Catalo sappuie
sur les résultats dune autre section du fossé fouillée en 1999. La succession des
couches qui ont pu être observées sétablit comme suit : une strate de bâti
et de sépultures antiques (datées par C 14 du VIe et de la première moitié
du IXe siècle) est entamée par le fossé. Ce fossé est ensuite comblé.
Cette nouvelle surface plane sert de cimetière, lequel est utilisé de la fin du IXe
à la première moitié du XIIe siècle. On y trouve encore des tombes de la
fin du XIIIe siècle, période où la zone est démilitarisée.
Lorsque Louis Latour
cherche des traces de la voie antique, Jean Catalo montre des restes du ballast encore en
place sur la crête qui sépare les fossés nord et sud.
Hélène
Débax senquiert de savoir si le site nous donne des indications sur ce qui se
passe entre lAntiquité et le IXe siècle. Jean Catalo dit quune
rigole en cours de dégagement pourrait correspondre à ces périodes, ce qui est bien
peu. Il semble que le nud urbain mérovingien est à Saint-Pierre-des-Cuisines. Par
contre, le site fouillé est marqué par la période carolingienne. On trouve des tombes
du IVe siècle, puis plus rien jusquaux IXe-Xe
siècles.
Laurent Macé revient
sur les fortifications du XIIIe siècle et cherche à savoir où se trouvait la
tour Ferrande mentionnée dans la chanson de la croisade. Jean Catalo rappelle que la tour
mise au jour sappelle « Gaillarde » et que, comme elle nest pas
construite sur les restes dun arc de triomphe, elle ne peut être confondue avec la
tour Ferrande.
Hélène Débax et
Louis Peyrusse en viennent à la question du matériel récolté. Jean Catalo répond
quil sagit essentiellement de matériel antique et de fonds de latrines du XVe
siècle. Contrairement à ce qui est avancé régulièrement, les anciennes douves ne sont
pas des réservoirs dobjets, des dépotoirs. Quand elles participent à la défense,
elles sont entretenues. Quand elles sont obsolètes, elles sont comblées pour dégager de
nouvelles surfaces planes à occuper.
Une exposition qui
sera présentée à partir de juin prochain au Musée Saint-Raymond prendra prétexte de
ces fouilles pour expliquer lintérêt, le comment et les enjeux des fouilles
archéologiques en général. Il est en effet trop tôt pour donner des résultats
définitifs sur le site du Palais de Justice.
Plusieurs membres
demandent si laménagement du parking entraînera la destruction de tous les
vestiges mis au jour. Jean Catalo dit que la décision nest pas encore prise. Le
choix appartient au Service régional de larchéologie. La base de la tour Gaillarde
pourrait, par exemple, être conservée : il est possible quelle présente une
élévation de briques de près de 6 m de haut, qui napparaîtra complètement que
lorsque le fossé extérieur aura été fouillé, cest-à-dire quand aura commencé
la construction du nouveau bâtiment. On souligne le caractère exceptionnel dune
fortification de ville en brique de cette époque. On dit à quel point la conservation
est souhaitable, en posant la question de la mise en valeur et de laccès du public,
et en évoquant lexemple de Genève.
Au nom de la Société, le Directeur remercie Jean Catalo.
SÉANCE DU 4 FÉVRIER 2003
Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Coppolani, Directeur honoraire, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-Archiviste ; Mmes Cazes, Napoléone,
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MM. Bordes, Bruand, Gilles, Hermet, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Pradalier, Mgr Rocacher, M. Tollon, membres titulaires ; Mmes Andrieu, Tollon, Bayle, Czerniak, Fournié, Jimenez, Pousthomis-Dalle, Pujalte, Stutz, Watin-Grandchamp, MM. Balagna, Cranga, Ginesty, Manuel, Salvan-Guillotin, Testard, membres correspondants.
La Présidente annonce que la séance publique annuelle de notre Société aura lieu le samedi 22 mars à 16 h, puis elle présente le nouveau volume de nos Mémoires (t. LXII, 2002), tout fraîchement paru.
La parole est au Secrétaire général pour la lecture du procès-verbal de la séance du 21 janvier, adopté après lapport par Guy Ahlsell de Toulza de précisions concernant les deux retables dalbâtre de Rabastens.
Michèle Pradalier-Schlumberger rend compte ensuite de la correspondance manuscrite, qui comprend lannonce de plusieurs expositions ou colloques, ainsi que de la correspondance imprimée, qui comporte diverses publications reçues au titre des échanges, notamment le 36e volume des Cahiers de Fanjeaux : Lordre des Prêcheurs et son histoire en France méridionale, Éditions Privat, Toulouse, 2001, 555 p.
La Présidente remercie Louis Latour, qui vient doffrir deux ouvrages destinés à notre bibliothèque :
- Toulouse mag,
n° 14, janvier 2003, qui contient un dossier relatif aux fouilles du métro ;
- Georges Depeyrot, Les
monnaies antiques des départements des Hautes-Pyrénées, de la Haute-Garonne, du
Tarn-et-Garonne et du Lot, S.R.S.A.S.R., Sorèze, 1985, 175 p. et 4 cartes hors-texte.
La parole est à Henri
Pradalier pour le compte rendu de la réunion du Bureau de lUnion des Six Académies
et Sociétés savantes de lHôtel dAssézat, qui sest tenue le 27
janvier. Parmi les questions à lordre du jour figurait létat préoccupant
de lHôtel dAssézat : avec les récentes intempéries sont apparues
des gouttières fondamentalement imputables à des malfaçons ou à des vices de
conception, dont une énorme au-dessus de notre salle des séances ; les désordres
observables dans les murs des façades sur cour, inhérents à la structure hétérogène
des maçonneries (pierre et brique vers lextérieur, brique vers lintérieur,
doù des différences de tassement), ont été aggravés par lexplosion du 21
septembre 2001 et le sont de plus en plus par des infiltrations deau massives ;
par ailleurs, certains niveaux de planchers sont à reprendre.
Il est fait observer
que les bâtiments de lHôtel souffrent de problèmes de substruction bien plus
graves quun simple « décollement dépiderme », et on rappelle les
destructions opérées dans les sous-sols à loccasion du réaménagement motivé
par linstallation de la Fondation Bemberg. Les fissures de laile gauche,
partie la plus affectée par les travaux, doivent peut-être être mises en relation avec
le percement des bases des murs maîtres. On incrimine aussi les grandes excavations
pratiquées dans la cour dhonneur ainsi que dans larrière-cour. Henri
Pradalier souligne le fait que le terrain sur lequel lHôtel a été construit
manquait anciennement de stabilité : la tour du grand escalier avait bougé bien
avant lexplosion dAZF. Louis Peyrusse précise « en 1890 », puis
il déplore les « curetages radicaux opérés avec une légèreté qui laisse
pantois ».
Concernant la quasi
permanence du problème des gouttières et autres infiltrations, il est proposé
dadresser un courrier à qui de droit. On rappelle que lentretien des
édifices classés parmi les Monuments historiques relève de la compétence de
lArchitecte des Bâtiments de France, avant de constater quil ny a pas
dentretien annuel. Il y a un évident problème de fonctionnement : le Service
responsable a des crédits, mais il na pas de personnel, et la Ville, qui a du
personnel, nest pas fondée à intervenir.
La Présidente présente trois mémoires de maîtrise proposés pour le concours annuel de notre Société et fait appel à des rapporteurs. Bruno Tollon, Maurice Scellès et Quitterie Cazes sont chargés de rendre compte des travaux des candidats.
Lordre du jour prévoyant lélection dun membre correspondant, Daniel Cazes donne lecture de son rapport sur la candidature de Mme Michèle Bellin, restauratrice de peintures. Le rapport entendu, il est procédé au vote ; Mme Bellin est élue membre correspondant de notre Société.
La parole est à Nelly Pousthomis-Dalle pour la première communication du jour :
« Programme collectif de recherche sur lancien Grand Prieuré de Saint-Jean de Jérusalem à Toulouse : état de la recherche
La future installation de la Direction Régionale des Affaires Culturelles dans lancien Grand Prieuré des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem [1] est à lorigine de recherches historiques et archéologiques menées sur cet établissement depuis 1996 [2]. On rappellera, en particulier, la découverte de deux nouveaux enfeus, et louverture, largement médiatisée, de ses sarcophages. La nécessité dune approche élargie a conduit à lélaboration dun programme de recherche diachronique et pluridisciplinaire, coordonné par Nelly Pousthomis-Dalle (Université de Toulouse-Le Mirail, UTAH-UMR 5608) et approuvé par la CIRA Sud-Ouest en mai 2000 [3]. Le retard pris par lobtention dun budget puis des obstacles dordre administratif et financier ont entravé, jusquici, la mise en uvre de ce programme. Toutefois, les recherches menées en archives par les membres de léquipe ont permis quelques avancées significatives. Des sondages ont été réalisés en mars 2001, sous la direction de Nelly Pousthomis-Dalle (UTAH) et de Jean Catalo (INRAP), en tenant compte des objectifs du programme de recherche et du projet de rénovation devant affecter le sous-sol de zones archéologiquement sensibles (emplacements de léglise et du cloître et abords immédiats). Hors projet de recherche mais forcément liée à lui, la fouille préventive, prévue sous les anciennes écuries et le bâtiment le plus oriental, devrait permettre de compléter la vision densemble du prieuré
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médiéval et moderne et de ses abords. Elle devrait éclairer lhistoire de cet îlot urbain, y compris avant linstallation des Hospitaliers au début du XIIe siècle.
Toulouse, Hôtel Saint-Jean, plan avec localisation de léglise, des enfeus et des cloîtres.
Létablissement médiéval a presque totalement disparu pour faire place à un palais dordonnance classique, édifié en deux temps, entre 1668 et 1684. De léglise, dédiée à saint Rémy puis à saint Jean, ne subsiste en élévation que le mur nord, contre lequel sont adossés les quatre enfeus. Construits douest en est, entre la première moitié du XIIIe et le milieu du XIVe siècle, ils sont ménagés, tels des portails, dans des massifs de maçonnerie de briques en saillie sur le mur. Le plus ancien (n° 4) a reçu un décor peint, qui nest que partiellement dégagé [4]. Outre un traitement exclusivement décoratif qui souligne les articulations de larchitecture, liconographie relève, comme on pouvait sy attendre, du domaine funéraire : lâme du défunt, inscrite dans une mandorle, est élevée aux cieux par deux anges, sous la protection de deux saints intercesseurs, dont Jacques le Majeur dont linvocation nétonnera guère dans un établissement hospitalier sur une des principales étapes vers Compostelle. à mi-chemin entre le monde des hommes et le monde divin, des anges, figurés en buste entre les modillons de la corniche, annoncent une composition disparue, mais dont les traces qui restent à étudier suggèrent un couronnement assez élaboré. La scène fondatrice est directement liée à une inscription peinte sur une plaque de marbre, malheureusement presque illisible. Cet ensemble peint allie un graphisme affirmé (utilisation marquée du cerne noir), et une application des couleurs par superposition et rehauts, qui tient de la technique de laplat. Les premières observations orientent vers une période charnière, la pemière moitié voire le milieu du XIIIe siècle, moment de transition peu représenté et encore très mal connu à Toulouse et dans sa région. Les restes dune Crucifixion, peinte sur un retour, pourraient appartenir au XIVe siècle. Menacées
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Toulouse, Hôtel Saint-Jean, les
enfeus n° 3 (au premier plan) qui abrite le sarcophage de la gisante et n° 4,
polychrome. |
Toulouse, Hôtel Saint-Jean, enfeu,
décor peint : saint Jacques, en bas, et anges entre les modillons de la corniche. |
Toulouse, Hôtel Saint-Jean, détail
de la gisante de lenfeu n° 3. |
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depuis leur mise au jour, ces peintures font lobjet dune étroite surveillance et ne seront totalement dégagées que lorsque les conditions de leur conservation pourront être assurées. Postérieur à lenfeu précédent, lenfeu n° 3 abrite un sarcophage dont le couvercle a été sculpté simultanément dune gisante et darmoiries qui figurent aussi sur la cuve (une tour emmottée, un lambel à cinq pendants surmonté de cinq fleurs de lys en chef). De leur attribution dépend lidentification de la très jeune femme qui reposait là [5]. La sculpture surprend par le contraste entre un corps très plat et une tête figurée en très haut relief et par le traitement archaïsant des riches vêtements. Certains détails vestimentaires, la coiffure à la saint Louis et lattitude de la gisante yeux fermés et mains croisées sur labdomen orientent vers une datation de peu postérieure à celle des peintures. Lenfeu le plus récent (n° 1) contenait aussi un sarcophage, datable du premier quart du XIVe siècle, et conservé au Musée des Augustins [6]. Dun point de vue anthropologique et historique, on attend beaucoup de la fouille de ces enfeus, interrompue depuis 1998, et de celle du sous-sol de la galerie qui les longe.
Les sondages pratiqués en mars 2001 ont mis au jour des structures et des niveaux médiévaux. Sagissant de sondages dévaluation, leur exiguïté en surface et en profondeur limite linterprétation et la datation précise des vestiges rencontrés, et les niveaux doccupation plus anciens nont été queffleurés. Les profonds bouleversements causés par les destructions du XIXe siècle sont responsables de la perte dinformations. Néanmoins, ces sondages ont fourni des compléments non négligeables sur léglise, des données totalement inédites sur le cloître et ont révélé deux grandes phases de construction.
Toulouse, Hôtel Saint-Jean. Église Saint-Rémy-Saint-Jean : vue de labside mise au jour dans un sondage en mars 2001.
Cliché I.N.R.A.P.De léglise, composée dune nef à vaisseau unique long et étroit et dune abside précédée dun chur, ont été reconnus partiellement labside et le mur sud de la nef. Ils sapparentent, par leurs techniques de construction, au mur nord de la nef, seul conservé sur une grande hauteur. Il se peut que cette église, donnée aux Hospitaliers en 1114-1116 et qualifiée de neuve ou rénovée (ecclesia nova) en 1190, ait été agrandie vers lest. Dans la cour intérieure, la mise au jour de langle nord-est du cloître, confronté à laile des enfeus au sud, permet la restitution dun plan rectangulaire de 19,60 x 16,40 m, galeries comprises, depuis le portail nord de léglise jusquà la jonction de la nef avec labside. Aucun élément nautorise une datation absolue de ce premier cloître très arasé et dont les niveaux inférieurs nont pas été fouillés ; mais son orientation concorde parfaitement avec celle de léglise et pourrait correspondre à limplantation primitive du cloître, mentionné pour la première fois en 1180. De plus, les données archéologiques sur ce premier ensemble église-cloître convergent avec les recherches archivistiques en cours qui témoignent dun développement et dune structuration de létablissement hospitalier autour de 1170-1190. Signalons encore des éléments de briques moulurés et peints, retrouvés dans la couche de destruction de ce premier état, et qui doivent être rapprochés, par leur forme et leur décor, de lenfeu le plus ancien (n° 4). Ils suggèrent sinon des structures similaires, du moins une campagne décorative contemporaine dans une autre partie du cloître.
Une deuxième grande phase doccupation associe dans une logique constructive lagrandissement du cloître et sa nécessaire réorientation (liée au maintien de la galerie méridionale et de la liaison avec le portail nord de léglise), avec lédification dune tour des archives au chevet de léglise, et dune chapelle obituaire Saint-Léonard, accolée à ce donjon et fort probablement alignée sur la nouvelle galerie orientale du cloître. Les sondages nont malheureusement pas retrouvé les murs ni les fondations de la grande tour, qui reste inconnue en dehors des descriptions du XVIIe siècle et des plans postérieurs, sa « disparition » résultant sans doute dune destruction radicale en 1813. Un essai de datation ne peut donc reposer que sur le contexte historique et les textes qui la situent entre 1315 et 1428. Les données archéologiques, assez minces, ne contredisent pas lhypothèse dune fondation de la chapelle Saint-Léonard à la charnière des XIVe et XVe siècles, bien que sa première mention ne remonte quà 1495. Les textes sont, pour linstant, muets sur lagrandissement du cloître et le mobilier recueilli dans la tranchée nautorise quune fourchette très large. On ne peut donc, à lheure actuelle, situer cette deuxième grande phase daménagement quentre les années 1315-1330 et les premières décennies du XVe siècle.
Après la longue attente dun financement, la phase proprement archéologique du projet (fouille programmée) est encore à la recherche dun mode de gestion, financier et humain, qui soit opérationnel. Après avoir pâti de lenteurs administratives, le chantier de la future DRAC souffre, comme beaucoup dautres, de la situation actuelle de larchéologie préventive en France. Les perturbations liées, en 2003, au projet de modification de la loi sur
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larchéologie du 17 janvier 2001 ont empêché la réalisation de létude du bâti préalablement aux travaux : initialement intégré au programme de recherche, puis considéré par le Service régional de larchéologie comme relevant du préventif, ce volet avait été confié, pour sa mise en uvre, à lINRAP. Faute détude préalable et en labsence de moyens, les travaux de démolition intérieurs, heureusement précédés par des sondages muraux, font lobjet, depuis le printemps 2003, dun simple suivi et dun enregistrement minimal des observations. Dores et déjà, les objectifs et les conditions du programme de recherche ne sont plus ceux qui avaient été convenus en 2000, dans le projet initial. On ne peut plus quespérer une amélioration rapide de la situation pour ce qui reste de létude archéologique, monumentale et sédimentaire, du monument.
Nelly POUSTHOMIS-DALLE »
[1] 32 rue de la Dalbade à Toulouse, classé au titre des Monuments historiques par arrêté du 25 octobre 1990.
[2] Cf. Bulletin Scientifique Régional Midi-Pyrénées, 1996, p. 93 ; 1997 p. 118 ; 1998 p. 102.
[3] Les objectifs de ce programme, tels quils avaient été définis en mai 2000, et ses premiers résultats ont été publiés dans une note : N. POUSTHOMIS-DALLE, « Toulouse (Haute-Garonne), programme de recherche sur lAncien Grand Prieuré des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem », rubrique « Notes et documents » dA.M.M., t. 19, 2001, p. 181-187).
[4] Ce décor a fait lobjet dun premier bilan : N. Pousthomis-Dalle, « Haute-Garonne Toulouse : Hôtel Saint-Jean, ancien Grand Prieuré des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem : décor peint des enfeus », rubrique « Actualité » du Bulletin Monumental, t. 160-I, 2002, p. 189-192.
[5] Sur les sujets successivement inhumés dans ce sarcophage, voir N. POUSTHOMIS-DALLE, « Toulouse (Haute-Garonne), programme de recherche », art. cité, p. 186-187.
[6] Improprement dit « du Grand Prieur » (Inv. Ra 537), les armes figurées sur ses blasons ne sont pas, non plus, identifiées.
Puis la parole est à Françoise Tollon pour une intervention consacrée à lÉtude des décorations intérieures de lHôtel Saint-Jean à Toulouse :
« Comme bien des édifices civils, lHôtel Saint-Jean a été largement remanié au cours des siècles. Fort heureusement, lors de ces travaux, on prenait rarement la peine de détruire ce qui était en place et, le plus souvent, on recouvrait simplement les aménagements antérieurs. Cest ainsi quau cours de létude préalable aux travaux entrepris par la D.R.A.C., nous avons trouvé, dans quatorze des pièces de lédifice (y compris laile construite au XIXe siècle à lemplacement de léglise Saint-Jean) des décors ou fragments significatifs dont les datations sétalent du XIVe au XIXe siècle et qui témoignent tant de laménagement originel de lHôtel que de son évolution au cours des siècles.
La façade de lHôtel Saint-Jean, comme celles de nombre dhôtels du XVIIe siècle, est scandée par de grandes percées qui traduisent la distribution intérieure, avec des pièces en enfilade. Au rez-de-chaussée, des appartements de quatre pièces voûtées en arc de cloître sont disposés de chaque côté du grand vestibule dentrée, à lorigine blanchi à la chaux avec au centre de la voûte les armes du prieur de Graveson (compte rendu de la visite du grand prieuré en 1680). Au premier étage, deux appartements sont situés de chaque côté de la grande salle. Enfin, au second étage, la distribution est identique à celle du premier, avec deux appartements de chaque côté dun grenier.
Les décors du XVIIe siècle sont présents au rez-de-chaussée et au premier étage.
Au rez-de-chaussée, les voûtes des salles 1 et 2 sont peintes. La voûte de la salle 1 (salle capitulaire), peinte à la détrempe en camaïeux de gris sur un fond gris, présente des motifs de rinceaux déliés chargés de mascarons, de coquilles, de lions et de croix de Malte. Au centre de la voûte un médaillon renferme un blason aujourdhui illisible. Au centre des voûtains nord et sud se trouve le chiffre entrelacé de François-Paul de Béon-Masses-Cazaux. On trouve dans les rinceaux un personnage proche de celui présent sur les plafonds des salles 1 et 4 du premier étage.
La voûte de la salle 2 qui était le bureau du receveur de lordre, plus petite, est dinspiration analogue. Son décor, composé de rinceaux habités et chargé de deux bustes laurés à lantique, sur leur piédouche et encadrés dans des ovales, est réalisé à la détrempe en camaïeux docre sur un fond jaune pâle. Au centre, un cartouche rectangulaire, dont le fond est bleu, porte le chiffre entrelacé de François-Paul de Béon-Masses-Cazaux au-dessus de lauriers et surmonté dune couronne. Le style et la facture de cette décoration sont plus lourds que ceux de la voûte de la salle 1. Un fragment trouvé sur le mur nord de cette pièce montre un soubassement gris délimité par deux filets blancs.
La présence du chiffre de François-Paul de Béon nous permet donc de dater assez précisément le décor de ces deux voûtes entre 1673 et 1687. Dans la mesure où le compte rendu de la visite du Grand Prieuré de Toulouse en 1680 ne mentionne pas ces peintures, on peut imaginer que celles-ci ont été réalisées entre 1680 et 1687. Notons que la couche picturale, outre quelle a été maltraitée par un dégagement sauvage, est dans un état de conservation précaire. Par ailleurs, le haut des embrasures des fenêtres, pour linstant illisible, fait partie de la décoration des voûtes.
La voûte de la salle 4 est entièrement peinte en orange. Cette couleur étant la première que lon trouve sur les mortiers qui recouvrent la maçonnerie, on est sûr quelle est ancienne, comme la couleur orange trouvée sur les murs de cette salle. On ne peut par contre dire quelles correspondent à létat dorigine dans la mesure où le compte rendu de la visite du Grand Prieuré vers 1770 mentionne ici une voûte peinte de même que celle de la salle 1.
Lappartement du côté de léglise de la Dalbade est constitué de cuisines et doffices. Les pièces 5, 6 et 7 nont révélé aucun décor, tant sur les murs que sur les voûtes, les premières couches que nous trouvons étant blanches et
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Toulouse, Hôtel Saint-Jean, plan du rez-de-chaussée.
Toulouse, Hôtel Saint-Jean, plan du premier étage.
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certainement relativement récentes. La voûte de la pièce 8 est peinte en brun verdâtre, une peinture vraisemblablement à la détrempe posée directement sur le mortier. Si elle nest dorigine, cette couleur peut néanmoins être ancienne.
Au premier étage, tous les plafonds sont à la française. Ceux des pièces 1, 2, 3, 3 bis et 4 ont étés décorés. Les plafonds des salles 1 et 4 se ressemblent en de nombreux points. Les poutres et les frises entre les poutres sont ornées de rinceaux habités en camaïeux de gris sur fond rouge (salle 1), à base de bruns et docres sur fond bleu (salle 4) avec en leur centre des armoiries (salle 4) ou un chiffre entrelacé (salle 1). On y retrouve les mêmes motifs, des cartouches proches et les mêmes personnages. Le plafond de la salle 1, qui était la chambre du grand prieur, est le plus riche dans la mesure où les solives, les entrevous et les lambourdes sont peints de gris et de rouge, cernés de filets blancs. Sur le plafond de la salle 4, ces éléments sont bruns, cernés de filets blancs.
Le plafond de la salle 2, dont les mêmes éléments sont décorés, est un peu différent. Il ne comporte que des rinceaux, sans personnages ni animaux. De plus ces motifs sont bien plus lourds et maladroits que ceux des deux autres pièces. Les solives, les entrevous et les lambourdes sont bruns cernés de filets blancs. Au centre de chaque poutre et frise est placé un chiffre entrelacé au-dessus de lauriers et surmonté dune couronne. On retrouve la même présentation du chiffre au centre de la voûte de la salle 2 du rez-de-chaussée.
Soulignons que si les plafonds des salles 2 et 4 ont été restaurés, voire assez largement restitué pour la pièce 2, le plafond de la salle 1, jusquici caché sous un plafond sur lattis, na pas été touché. Seul le chiffre peint dans les cartouches a été masqué voire effacé, comme celui de la salle 2.
Compte tenu de la présence du chiffre entrelacé et des armes de François-Paul de Béon-Masses-Cazaux et de leur mention dans le compte rendu de la visite du Grand Prieuré en 1680, ces trois plafonds ont été réalisés entre 1673 et 1680.
Dans la grande salle (3 et 3 bis) le dégagement des plafonds sur lattis a permis la mise au jour de planches peintes en remploi. Leur décoration est constituée de tiges à feuilles de laurier ocres, dont les contours sont soulignés en noir, sur un fond vert.
Sur le plafond de la pièce 5, la peinture la plus ancienne est entièrement grise. Les autres plafonds sont juste badigeonnés de blanc.Les murs des salles 1, 2, 4, 4 bis et 5 du premier étage évoquent la conception de la décoration murale des pièces des appartements.
Celle-ci est constituée dun soubassement au-dessus duquel se développe un encadrement coloré autour dune grande surface blanche (salles 1, 2, 4). Cet encadrement sétend du haut du soubassement jusquau-dessous des poutres excepté dans la salle 1, la chambre du grand prieur, où il vient border une frise dune trentaine de centimètres. Il était conçu pour recevoir des uvres mobiles comme des tapisseries ou des toiles peintes. Ces encadrements, comme les soubassements, sont peints sur la surface murale ; nous pensons donc que les soubassements nétaient pas lambrissés à lorigine. Par ailleurs, les embrasures devaient participer de ce décor mural ; les embrasures des baies de la salle 4 appartiennent à la première décoration de la pièce : elles sont ocre jaune, cernées de chaque côté de deux filets blancs.
Dans la salle 4 bis, on ne trouve quun soubassement, et dans la salle 5 une frise en aplat gris.
Dans la salle centrale (pièces 3 et 3 bis), nous avons retrouvé un soubassement. Selon Robert Mesuret, les murs de cette salle étaient tendus de cuirs dorés.
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 260
La décoration des murs et des plafonds des salles 1, 2, 4 a été réalisée entre 1673 et 1680, en même temps que les plafonds. Pour les salles 4 bis et 5, une datation précise des restes de décor encore en place est difficile à établir.
Nous navons trouvé aucun décor au second étage, à lexception de la pièce 2 où sont peints sur un badigeon de chaux une frise et un soubassement en aplat gris. Ailleurs, on retrouve parfois le mortier gris badigeonné de blanc (pièces 1, 3, 6, 8), les autres pièces ayant été plus remaniées, avec des murs de briques directement bétonnés (pièces 3A, 4, 5, 7) ou réenduits. Aucune description de décors à cet étage nest faite dans le compte rendu de la visite du Grand Prieuré de Toulouse en 1680.Nous avons peu de traces de changements intervenus dans les salles du premier étage au XVIIIe siècle. En effet, les stratigraphies ne montrent que des couches de badigeon, de plâtre et de peintures unies.
Le compte rendu dune visite du Grand Prieuré autour de 1770 décrit ainsi le décor de la grande salle (salle 3) : ... du coste droit y a une grande cheminée de pierre sur laquelle est placé un buste en relief de M le grand prieur de Graveson et ses armes. Elle est lambrissée à 6 pans (1,35 m) dhauteur ornée de quelques tableaux représentant différents grands maîtres et grands prieurs... Au-dessus desdits tableaux et tout autour de ladite salle sont les noms et armes des grands prieurs de Toulouse....
Cette salle a donc été redécorée au XVIIIe siècle, au goût de lépoque, avec des lambris, comme beaucoup dautres pièces de lHôtel. Notons quau XVIIIe siècle on préfère des plafonds clairs et que les plafonds à la française sont souvent blanchis. Au second étage, le compte rendu de la visite vers 1770 montre quil y a eu une redistribution des pièces et parle de chambres, de cuisine, dappartement pour les domestiques, de grenier et garde meubles. Il évoque également la présence dune frise dans lescalier, à 96 cm de hauteur, mais nous nen navons trouvé trace.
Le seul décor que nous ayons retrouvé et qui peut dater du début du XVIIIe siècle se trouve dans la salle 4. Il sagit dune peinture murale sur fond orangé simulant une décoration de lambris à caissons sur toute la hauteur des murs, cernés de pilastres dans les angles et le long des ouvertures. Cette peinture est encore présente sur tous les murs (excepté le côté nord du mur est), la partie la mieux conservée se situant sur le côté sud du mur est.
La cheminée de la salle 4 bis a été refaite dans le dernier tiers du XVIIIe siècle.Dans les salles de lHôtel du XVIIe siècle, nous navons pas retrouvé de véritable décor datant du XIXe siècle. LHôtel Saint-Jean ayant été racheté par des marchands drapiers à la fin du XVIIIe siècle et ayant gardé cette affectation jusquau début du XIXe siècle, il paraît normal que les pièces naient pas reçu de grandes décorations au goût du jour. Certaines pièces qui ont pu servir de bureaux, voire dappartements, ont dû cependant être lobjet de réaménagements plus importants, aujourdhui disparus. Compte tenu des éléments stratigraphiques, les murs ont plutôt reçu des couches de plâtre, de peinture et de papier peint. Il est par contre difficile de dater les faux plafonds sur lattis car ils existent depuis la fin du XVIIe siècle.
Le seul fragment de ce siècle encore en place se trouve sur le trumeau au-dessus de la porte nord de la salle 4bis, qui malheureusement nexiste plus quà létat de traces. Il sagit peut-être de rinceaux en camaïeux de gris sur un fond jaune pâle.
La cheminée de la pièce 2 a été refaite dans la première moitié du XIXe siècle. Son style la situe entre 1820 et 1840. La frise en camaïeux de gris que lon trouve dans cette salle date également du XIXe siècle, sans que lon puisse la relier de façon certaine à la cheminée.
Laile construite au XIXe siècle sur lemplacement de léglise Saint-Jean, constituée dune grande salle au rez-de-chaussée et au premier étage, devait servir dentrepôt. Au premier étage nous avons trouvé les traces dune peinture utilitaire, en rapport avec lactivité pratiquée dans ce bâtiment. Il sagit dune ligne horizontale tracée tout le long du mur sud, à 1,84 m du sol, doù descendaient des traits verticaux dune vingtaine de centimètres et espacés régulièrement. Entre ces traits sont inscrits des numéros qui ne se suivent pas forcément. Lensemble est tracé à locre
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rouge sur un mortier gris. Sur les fragments révélés par les sondages, nous avons trouvé une inscription à locre rouge sous un des traits verticaux (pièce 7) ainsi que deux grandes initiales peintes en noir (pièce 10). Linterprétation de ce tracé est difficile. Il sagissait peut-être de zones de rangement attribuées par des numéros. Un fragment encore en place au rez-de-chaussée, sur la face sud du mur médiéval, reprend ce système. On y trouve les restes de deux traits verticaux à deux mètres de distance ainsi quun numéro (13 ou 15), lensemble étant tracé à locre rouge sur un fond ocre posé sur le mortier.
Nous avons retrouvé, au premier étage de laile du XIXe siècle, un fragment de peinture murale qui correspond au décor de léglise Saint-Jean. Ce fragment se trouve donc sur la face sud du mur nord de léglise à environ 7 mètres du sol original. Il représente un faux appareil coloré et décoré de tracés géométriques peints de deux ou trois couleurs qui alternent toujours entre une foncée et une claire. Ce motif se retrouve dans plusieurs édifices de la région, notamment dans la frange sud du Quercy. Appelé motif de puzzle, faux appareil de marbre ou décor concret, il est daté de la première moitié du XIVe siècle. Ce fragment nous donne un petit aperçu du décor mural de léglise Saint-Jean, aujourdhui disparue, et ajoute un maillon à la connaissance de ce motif si particulier que lon rencontre dans notre région.Finalement, les sondages nous ont permis de mieux visualiser la décoration des salles de lHôtel Saint-Jean à la fin du XVIIe siècle.
Nous avons pu en effet constater une unité de traitement des murs dans tout le bâtiment : ceux-ci ont tous été enduits et au moins badigeonnés de blanc. Les salles dans lesquelles nous avons pu retrouver des fragments de décorations murales révèlent également une grande homogénéité de traitement : sur les murs ont en effet été peints un soubassement et une frise, voire des encadrements destinés à recevoir des décorations mobiles. Finalement, un traitement assez simple des murs, et des décors plus recherchés sur les voûtes et les plafonds qui ont ainsi été privilégiés. Ce type daménagement intérieur correspond à celui des châteaux et demeures au début du XVIIe siècle où la peinture du plafond forme, avec la cheminée, lélément essentiel du décor de la pièce. Des tapisseries ou des toiles peintes ornaient les murs, fixées soit au retour des lambourdes soit à une frise plus importante de même hauteur que la poutre. Dans le cas de lhôtel Saint-Jean, elles sont fixées au sein dencadrements peints sur le mur.
Nous avons par contre peu de traces de changements significatifs intervenus aux XVIIIe et XIXe siècles. Pour le XVIIIe siècle, cela peut paraître étonnant : soit il y a eu effectivement peu de réaménagements denvergure, soit ils ont disparu, comme cest le cas pour la pièce centrale du premier étage (salles 3 et 3 bis).
Cela semble plus normal pour le XIXe siècle où lHôtel a été racheté par des marchands drapiers. Les salles principales ont certainement servi de bureaux, voire dappartements et nont alors pas forcément reçu de grandes décorations. Concernant laile construite à la place de léglise Saint-Jean, les fragments retrouvés révèlent une peinture utilitaire, en rapport avec laffectation du bâtiment.
À lissue de cette étude, un cahier des charges a été élaboré afin de préserver au mieux lensemble de ces décors tout au long des travaux de réaménagement des bâtiments.Françoise TOLLON »
La Présidente
remercie les deux conférencières, les félicitant pour la présentation quelles
ont faite de problèmes complexes. Elle émet le vu que les plafonds et les
peintures de lHôtel Saint-Jean soient conservés et mis en valeur.
Maurice Scellès ayant
demandé à Mme Tollon si les croix de Malte avaient déjà été découvertes lors de la
restauration due à lÉcole de Commerce, au milieu des années 1950, celle-ci
répond que la chose est probable. Robert Manuel signale les croix de Malte de
lancien presbytère de Cordes, Virginie Czerniak celles du prieuré de La Ramière.
Louis Peyrusse,
sintéressant au gisant sculpté sur le couvercle du sarcophage du deuxième enfeu,
relève le contraste entre la tête en ronde-bosse et lesquisse très schématique
du modelé du corps. Il évoque les monuments funéraires du cloître dElne et de
Compostelle. Daniel Cazes abonde en ce sens, disant quon a limpression
dun remploi dun couvercle lisse. M. Peyrusse note quil y a là un
exemple saisissant de la « loi du cadre ». Maurice Scellès se déclare
frappé par le traitement du drapé, qui paraît très archaïque. Michèle
Pradalier-Schlumberger partage ce sentiment.
Le Directeur rapporte
quAlexandre Du Mège intervint au moment de la démolition de léglise
Saint-Jean et quil fit remonter au Musée de Toulouse le portail occidental, dont on
ne possède plus que le chrisme. Les chapiteaux semblent avoir disparu dans les
réaménagements et destructions du XIXe siècle ; en tout cas, il a été
impossible de retrouver dans les collections un chapiteau pourtant singulier représentant
la Chute dAdam. Daniel Cazes se rappelle avoir vu les deux derniers enfeus de
lHôtel Saint-Jean en 1976-1977, époque à laquelle les lieux servaient de local à
balais. Il sy trouvait encore, à lextérieur des deux enfeus, la simple cuve
de pierre dun troisième sarcophage. Cest à ce moment-là quil
récupéra la partie droite du soubassement du tombeau sculpté conservé au Musée des
Augustins, ainsi que la dalle timbrée dun écu chevronné qui le surmontait, afin
doffrir une présentation de ce monument fidèle à ses dispositions dorigine.
Henri Pradalier
senquiert de lancienneté du vocable de la chapelle dédiée à saint Léonard
qui jouxtait lancienne église Saint-Jean. Nelly Pousthomis-Dalle dit que ce vocable
apparaît en 1495, précisant que le titulaire était un disciple de saint Rémy
spécialisé dans le secours des pauvres et des prisonniers.
À la mention du patron
du sanctuaire qui précéda léglise Saint-Jean, Michelle Fournié développe
lhypothèse selon laquelle lintroduction du culte de saint Germier, évêque
de Toulouse favorisé par un roi Clovis, dans léglise voisine de la Dalbade aurait
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 262
eu lieu au XVe siècle, sous laction de larchevêque Bernard du Rosier. Pour Mme Fournié, la vénération des saints Rémy et Germier serait à envisager dans la perspective dune « liaison avec le pouvoir royal ».
La Présidente donne lecture de deux notes communiquées par Maurice Scellès.
Lune se rapporte à une demande émanée de M. Jean-Louis Vayssettes, du Service régional de lInventaire de Languedoc-Roussillon, qui remercie par avance tous ceux qui pourraient lui communiquer des informations sur les carreaux de faïence, du Moyen Âge au XIXe siècle inclus.
Lautre fournit la réponse à linterrogation que suscitait la reconstitution des voûtes de la fin de lépoque gothique démolies en 1993 à Toulouse, au n° 30 de la rue Saint-Rome (Patrice Cabau, Les vestiges dune boutique des environs de 1500 récemment détruits à Toulouse, dans M.S.A.M.F., t. LIV, 1994, p. 159-161) : était-ce la conséquence dune décision de Justice ? Cest en effet le tribunal qui, suite à la plainte déposée par le Service départemental de lArchitecture et du Patrimoine de la Haute-Garonne, a condamné le propriétaire à une reconstruction à lidentique. Celle-ci a été réalisée par lentreprise Sagné, daprès photographies et relevés, mais avec des matériaux neufs. Pour Louis Peyrusse, il ne sagit plus que dun « décor aberrant ».
SÉANCE DU 18 FÉVRIER 2003
Présents : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour,
Bibliothécaire-Archiviste, Scellès, Secrétaire général, Mmes Cazes, Napoléone, MM.
labbé Baccrabère, Gilles, Pradalier, Prin, Roquebert, membres titulaires, Mmes
Andrieu, Bayle, Bellin, Piot, MM. Balagna, Testard, membres correspondants.
Excusés : MM. Cazes, Directeur, Cabau, Secrétaire-adjoint, Mmes Fournié, Fraïsse,
Marin, MM. Garland, Peyrusse.
La Présidente ouvre
la séance et souhaite la bienvenue à Michèle Bellin, récemment élue membre
correspondant et qui prend séance ce soir.
Le Secrétaire
général donne lecture du procès-verbal de la visite du 31 janvier sur le chantier du
Palais de Justice, rédigé en collaboration avec Olivier Testard. Le procès-verbal est
adopté.
Lordre du jour
appelle lélection dun membre titulaire. Sur proposition du Bureau, Dominique
Watin-Grandchamp est élue membre titulaire.
La Présidente annonce
que les rapports sur les travaux proposés au concours seront présentés lors de la
séance du 11 mars. Puis elle informe la Compagnie de la décision prise par le Bureau
lors de sa dernière réunion de demander aux membres de la Société dacquitter
leur cotisation au cours du premier trimestre de lannée civile. Cette règle
devrait permettre de lever lambiguïté persistante entre année académique et
année civile.
La parole est à Céline Piot pour une communication sur Une inscription romaine inédite de la cité des Nitiobroges, découverte à Magnebal (commune de Hautefage-la-Tour, Lot-et-Garonne) (1) :
« Cinquante et une inscriptions latines découvertes en Lot-et-Garonne et relatives à la cité des Nitiobroges ont été recensées et dernièrement étudiées par B. Fages et L. Maurin (2). Vient maintenant sajouter à cet inventaire une inscription inédite, trouvée à Magnebal dans la commune de Hautefage-la-Tour (Lot-et-Garonne), mais malheureusement récemment disparue. En effet, après moult péripéties, le bloc a été en partie enterré dans une ancienne cour décole à Saint-Sylvestre-sur-Lot (commune de Penne-dAgenais, Lot-et-Garonne), devenue ensuite une petite place puis un parking. En 1995, quand nous avons observé la pierre sur place à Saint-Sylvestre-sur-Lot, son poids, sa taille et la profondeur de son enfoncement dans le sol nous ont empêchée de la soulever pour pouvoir relire linscription, faire un véritable relevé, et surtout la sauver pour la mettre définitivement à labri. Elle a disparu lors de la construction du parking. Le relevé établi par M. Humbert en 1992 permet néanmoins den étudier le contenu épigraphique.
Contexte archéologique
Linscription provient de Magnebal (commune de Hautefage-la-Tour), lieu-dit où une autre inscription gallo-romaine a déjà été trouvée en 1895. Celle-ci, portée par un autel de marbre blanc, dune hauteur de 1,05 m, découvert dans les fondations dun édifice disparu dès le XVIe siècle (3), est une dédicace à la divinité dAuguste : Num(ini) Aug(usti)/M(arcus) Cl(audius) Seve/rus, aedi/lis, permiss(u)/ordinis c(ivitatis) Nit(iobrogum)/d(e) s(ua) p(ecunia) p(osuit) (= À la divinité dAuguste, Marcus Claudius Severus, édile, avec lautorisation de lOrdre de la cité des Nitiobroges, a édifié cet autel à ses frais) (4). Par son élégance et ses nombreuses ligatures, cette inscription peut être attribuée au second quart du IIIe siècle (plus particulièrement les années 230/240). Elle contient aussi la plus ancienne mention de la Civitas Nitiobrogum, abrégée ici presque sous la forme dun sigle, ainsi que les seules références connues aux institutions de cette dernière, lédilité et lordo decurionum. Mais, pour B. Fages et L. Maurin, elle peut très bien avoir été dressée, à lorigine, à Aginnum, le chef-lieu de la cité, puis déplacée à Magnebal à une date inconnue (5).
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 263
LOCALISATION DE HAUTEFAGE-LA-TOUR
et des inscriptions latines de la cité des Nitiobroges (extrait de Nitiobroges, p. 23, fig. 3, complétée).
1. Limites du département du Lot-et-Garonne. 2. Limites de lancien diocèse dAgen.Ailleurs dans la commune de Hautefage-la-Tour, aucun mobilier gallo-romain na été découvert et, pour les autres périodes historiques, nous ne pouvons guère citer quune hache en bronze attribuable au Bronze moyen (6).
Étude épigraphique
Support : plaque avec queues daronde, ornée de moulures.
Matériau : marbre blanc.
État du monument : moyen ; sétait abîmé de plus en plus, car il était à lextérieur.
Lieu de découverte : Magnebal, commune de Hautefage-la-Tour (Lot-et-Garonne).
Conditions de découverte : par Marcel Lémouzi, propriétaire dun terrain à Magnebal (date de découverte inconnue). Celui-ci la déplacée à Saint-Sylvestre-sur-Lot (commune de Penne-dAgenais, Lot-et-Garonne) lors de son déménagement dans ce village et la plaquée sur un mur de sa nouvelle maison. Cest en ce lieu que la vue, en février 1992, Marcel Humbert, érudit villeneuvois, et cest à cette date quil en a recopié le texte. Lieu de conservation : après le décès de Marcel Lémouzi survenu après 1992, linscription a été perdue, puis retrouvée par Marcel Humbert sur une petite place de Saint-Sylvestre-sur-Lot, où elle y était encore en 1995, à moitié enterrée près dun arbre et recouverte de feuillage, quand ce dernier nous a amenée sur les lieux. Cest à ce moment que nous avons pu photographier la partie visible du monument. La pierre avait disparu quand nous y sommes retournée en 1997.
Dimensions : L = 73 cm / l = 60 cm / H = ? (enterrée).
Champ épigraphique : plaque située au centre de la pierre.
État de conservation : quelques lettres sont totalement effacées ou très usées. Il manque apparemment deux lettres sur la première ligne ; il est donc difficile de savoir si nous avons affaire à un seul nom, R[..]onis, ou à deux noms, R[.] et [.]onis. Sur la deuxième ligne, le V, inscrit un peu en biais, peut très bien correspondre à la fin dun N. Quant au R de la dernière ligne, il est, plutôt, un B usé, car des traces dusure, montrant un jambage arrondi, ont été remarquées (7) sous la première boucle de la lettre.
Datation du texte : Comme nous navons pas pu voir linscription et que nous lavons restituée à partir du relevé de M. Humbert, nous ne pouvons pas utiliser son écriture ni son style pour la dater. Le fait que la filiation sexprime au moyen dun prénom au génitif, celui du père (Sabini) suivi du mot filius, est une pratique courante à lépoque impériale (8).
Écriture : apparemment pas de points séparatifs, ni de ligatures (?).
Édition : inédite
Relevé :
R . . ONIS
CA - VIVS
SABINI FORestitution(9)
ou
R[ed]onis R[ed]onis
Ca[ni]nius Ca[ri]nius
Sabini f(ilius) o(bitus) Sabini f(ilius) o(bitus)
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 264
HAUTEFAGE-LA-TOUR. Vue densemble du bloc.
Cliché C. Piot.HAUTEFAGE-LA-TOUR. Dessins schématiques du bloc : en haut, vue de dessus, en bas, vue latérale du côté de linscription.
Croquis M. Humbert.HAUTEFAGE-LA-TOUR. Détail de la moulure.
Cliché C. Piot.Traduction : « Feu Caninius le Redon, fils de Sabinus » ou « Feu Carinius le Redon, fils de Sabinus ».
Remarques : - le fait que cette inscription soit gravée dans une plaque ornée de queues daronde semble confirmer quil sagit dune inscription funéraire. La taille et le poids de la pierre en soulignent limportance. Les noms des défunts sont marqués dun O, parfois accompagné dune barre abréviative placée au-dessus ou dans le O, qui doit sinterpréter obitus (10). Cependant, cette abréviation est le plus souvent mentionnée en début dépitaphe.
- lespace laissé entre le C et A[.]NIVS pouvait faire croire à la transcription C(aius) ANNIVS, le gentilice Annius étant très connu ailleurs (11). Mais labsence de points de séparation après le C et la rareté de rencontrer uniquement deux noms (12) invitent à penser quil sagit dun seul nomen, en loccurrence Caninius ou Carinius.
- aucun gentilice connu ne pouvait compléter R[-]ONIS. Comme il sagit dun génitif, il fallait trouver un mot avec lequel il saccorde, autre que F(ilius) qui, lui, saccorde avec Sabini. On ne voit que Caninius ou Carinius. En admettant que nous avons affaire à deux noms, R[.] et [.]ONIS, nous pourrions imaginer par exemple [Att]onis ou [Scipi]onis, mais il ny a pas assez de place entre R et ONIS, et aucun prénom romain classique ne sabrège en R (13). Il est donc difficile dy voir un nom propre décliné au génitif et préférable denvisager lhypothèse de la mention dune origine (donc, Redonis).
- la mention de la filiation atteste lingénuité du personnage dont elle accompagne les noms. Cette filiation est notée immédiatement après le gentilice (14). Cest encore le cas ici (Sabini filius).
Commentaire
CANINIVS :
- Caninius peut renvoyer au nom du légat Caius Caninius Rebilus, lieutenant de César dans les Gaules et héros de la pacification finale de lArmorique et du Massif Central en 51 av. J.-C. (15). Caninius a également défait le Cadurque Lucterios et le Sénon Drappes.
- Est également célèbre Caninius Gallus, laccusateur dAntoine (16), mais lhypothèse semble peu probable.
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 265
CARINIUS :
Carinius est un gentilice formé, à la mode « gauloise », sur un surnom. Il est assez rare de le rencontrer en Aquitaine ; il est plutôt attesté en Narbonnaise. En Novempopulanie, on connaît Marcus Carinius Carus, un des deux probables duovirii de la cité de Lectoure qui a édifié un taurobole au nom de lordo Lactoratium (17).
SABINI :
- Sabinus peut être un nom ou un surnom. Sont célèbres le poète latin contemporain dOvide Aulus Sabinus (18), le jurisconsulte, sous Tibère, Massurius Sabinus, le frère de lempereur Vespasien, Flavius Sabinus (19), le proconsul du Ier siècle ap. J.-C., Caius Calvisius Sabinus.
- Plus cohérent avec Caninius, on remarque le légat de César en Gaule en 56 av. J.-C., Quintus Titurius Sabinus (20).
- En Aquitaine, on connaît Matrilius Sabin[us] sur une inscription de Saint-Médard-en-Jalles en Gironde (21), Sabinus, père de Viator, sur une inscription de Lectoure datant du dernier quart du IIe siècle (22), lÉlusate vivant au Ier siècle ap. J.-C., Titus Iulius Sabinus, le Picton Pompeius Sabinus, curator civium romanorum, qui couronne sa carrière municipale par le flaminat de Rome et Auguste (au IIe siècle ? ) (23)
- Cest aussi le nom daristocrates gaulois bien connus, surtout pendant lAntiquité tardive ; une famille est évoquée, au Ve siècle, par Sidoine Apollinaire (24). On peut encore citer un Sabinus évêque de Lescar en 585 (25). Un autre personnage important du Ve siècle, le patrice Sabinianus, possédait des terres des deux côtés des Pyrénées. Ce nom de famille gallo-romain, Sabinus ou Sabinius, a pu donner au VIIe siècle Saviniago, doù serait issu le toponyme Séviac de la commune de Montréal-du-Gers (26).
- Sabinus est également le nom de différents potiers qui ont travaillé dans les ateliers de la Gaule méridionale (à Montans) ainsi que dans ceux du Centre (à Lezoux) (27). Sabinus, écrit sous sa déclinaison au génitif (Sabini), a été découvert, sous la forme dun graffito, sur une jatte du IIe siècle de Périgueux (28). Cest aussi celui dun esclave (29).
- La mention Sabina a également été trouvée sur une inscription, datée dentre 51 et 250, mise au jour sur le site de LErmitage (plateau de Bellevue) à Agen (Lot-et-Garonne) (30).
REDONIS :
- R[..]ONIS ne peut que renvoyer au peuple gaulois dArmorique Redones, avec pour capitale Rennes. Cette hypothèse convient bien avec notre première théorie concernant Caninius. Il sagit peut-être alors dun descendant gallo-romain du légat de César installé en Armorique, voire du légat lui-même (?) (tout dépend de la date de linscription). César et Ptolémée ne mentionnent le nom de ce peuple quau pluriel (31). Le nominatif singulier est donc Redo ou par analogie Redonis.
- À lépoque romaine, Rennes sappelle Condate Redonum (32), Civitas Redonum ou Civitas Riedonum (33) signifiant « la cité des Redons ». Rennes a-t-elle pris le nom de Redo (34), Redonis étant alors un génitif voulant dire « de Rennes » (35) ? On sait quau VIe siècle, Rennes sécrit Redone ou Rhedone (36). Mais, sans cette théorie qui voudrait que le REDONIS de notre inscription soit traduit en de Rennes (cest-à-dire de la ville de Rennes), lhypothèse le Redon (au sens de la cité de Rennes) convient très bien.
- Sur une inscription, trouver le nom dune cité nest pas surprenant, car les étrangers mentionnent souvent leur origine. Des Armoricains migrent en Aquitaine : une stèle funéraire de Donata a été élevée à Bordeaux par son mari, civis coriosolis (37). Caninius a pu venir dans la Civitas Nitiobrogum pour des raisons commerciales, politiques (cest un personnage important sil est apparenté au lieutenant de César) ou personnelles (il possède peut-être de la famille ou un domaine en Aquitaine). Il est en revanche difficile de savoir si Caninius sétait installé en Agenais et qui a commandé linscription : un membre de la famille établi dans la cité des Nitiobroges, des amis ou des parents qui lont accompagné dans son voyage ou son éventuelle installation en Aquitaine ?
Conclusion
Lintérêt de cette inscription, hormis son contenu épigraphique, vient du fait que cest la deuxième fois que lon a trouvé une inscription à Magnebal, site (?) où pourtant aucun autre mobilier archéologique na été mis au jour, à part donc la dédicace découverte au XIXe siècle. Ces documents épigraphiques sont-ils la preuve quun gisement antique, non encore décelé, existe bien à Magnebal ou sont-ils plutôt le fruit dun heureux hasard ? Nous avons déjà signalé que pour B. Fages et L. Maurin, il semble que la première inscription ait été dressée, à lorigine, à Agen, puis déplacée à Hautefage-la-Tour. En serait-il de même pour cette seconde inscription ? Nous pouvons également proposer lhypothèse quavec Magnebal, nous avons affaire à un site de récupération du marbre : on a pu y acheminer des marbres, soit pour les détruire, soit pour les réutiliser, peut-être dans les fondations de cet édifice (une église ?) disparu au XVIe siècle. Des prospections au sol et une photographie aérienne pourraient apporter un début de réponse.
Céline PIOT »
1. Nous tenons à adresser nos plus vifs remerciements dune part à Marcel Humbert qui nous a informé de sa découverte et nous a laissé étudier linscription, dautre part à Jean-Pierre Brethes, docteur ès lettres et agrégé de lettres classiques, pour son aide précieuse dans létude de cette inscription.
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 267
2. Trente complètes et vingt et une fragmentaires : B. FAGES, L MAURIN, Nitiobroges, dans Inscriptions Latines dAquitaine (Revue de lAgenais, suppl. au t. CXVIII, 1), Agen, 1991 (= Nitiobroges).
3. Peut-être une église (?) : G. THOLIN, « Linscription de Hautefage », dans Revue de lAgenais, 22, 1895, p. 342.
4. C.I.L., XIII, 916 (= Corpus Inscriptionum Latinarum, XIII : Inscriptiones trium Galliarum et Germaniarum, Berlin, 1899-1943) ; J. MOMMÉJA, Catalogue raisonné du Musée dAgen, Agen, 1909, p. 21-23, n° 8 ; Nitiobroges, p. 54-56, n° 17.
5. Nitiobroges, p. 22 (comme aussi dailleurs celle de Laplume : n° 26) ; B. FAGES, Le Lot-et-Garonne, Carte Archéologique de la Gaule, 47, Académie des Belles Lettres, Paris, 1995, p. 77.
6. D.A.G., II, 1878, p. 7 (= Anonyme, Dictionnaire Archéologique de la Gaule. Époque celtique, Paris, I (de A à G), 1875 et II (de H à Z), 1878) ; G. FABRE, Les civilisations protohistoriques de lAquitaine (Suivi du Répertoire des découvertes dans les départements des Landes, Basses et Hautes-Pyrénées, Gers, Lot-et-Garonne), 1952, p. CII.
7. Par Marcel Humbert lors de son observation en 1992.
8. R. CAGNAT, Cours dépigraphie latine, 4e éd., Paris, 1914, p. 60.
9. Nous suivons les normes de la base de données P.E.T.R.A.E. (Programme dEnregistrement, de Traitement et de Recherche Automatique en Épigraphie) conçue et développée par Alain Bresson et Dominique Roux au Centre Pierre-Paris de Bordeaux III (maintenant Ausonius, Maison de lArchéologie, Bordeaux III). Ses principes de publication sont énoncés dans Nitiobroges, p. 29.
10. CAGNAT, op. cit., p. 292.
11. Citons par exemple le légat Caius Annius Bellenius (Cicéron, Pro Fonteio, VIII, 18 ; IX, 19), Lucius Annius Secundus, dont le nom apparaît sur des amphores à huile de type Dressel 20 (à Auch : J. LAPART, C. PETIT, Le Gers, Carte Archéologique de la Gaule, 32, Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Paris, 1993, p. 98) ou encore Marcus Annius Severus (Nitiobroges, p. 60, n° 22 : Calignac : dédicace de lornementation dun tombeau familial).
12. Sur les trente inscriptions complètes publiées dans Nitiobroges, on trouve une fois seulement deux noms associés (à Lacaussade, n° 14 : Claudio Lupicino). Sinon, on repère la mention dun nom seul cinq fois (à Agen, n° 1 : Capito et n° 7 : Priscus ; à Lacaussade, n° 15 : Clavdio ; Villeneuve-sur-Lot, n° 19 : Iulius et n° 25 : Silvinus). Enfin, sept inscriptions offrent des tria nomina (à Agen, n° 8 : Lucius Valerius Martialis ; Hautefage-la-Tour, n° 17 : Marcus Claudius Severus ; Villeneuve-sur-Lot, n° 20 : Sextus Valerius Maxsumus et Caius Valerius Adjutor et n° 21 : Valerius Gallus Tutus ; Calignac, n° 22 : Marcus Annius Severus ; Laplume, n° 26 : Lucius Valerius Communis).
13. En revanche, Rufus est un cognomen assez répandu.
14. CAGNAT, op.cit., p. 60.
15. CÉSAR / HIRTIUS, De Bello Gallico, VIII, 30.
16. CICÉRON, Fam., 1, 2, 1 ; Att., 12, 37, 4 ; VALÈRE MAXIME, 4, 2, 6.
17. G. FABRE, P. SILLIÈRES, Inscriptions latines dAquitaine : Lectoure, 2000, Santander, p. 158-162, n° 16 (= Lectoure).
18. OVIDE, Amores, 2, 18, 27.
19. TACITE, Historiæ, 1, 46.
20. CÉSAR, B.G., III, 17-18.
21. H. SION, La Gironde (Carte Archéologique de la Gaule, 33/1), Académie des Belles Lettres, Paris, 1994, p. 331 : au lieu-dit Moulin de Til : D(is) [M(anibus)]/Matrilius Sabin[us] ( ).
22. Lectoure, p. 153-155, n° 14.
23. A. VILLARET, « Lassociation de lempereur et des dieux en Aquitaine. Son rôle dans la société et les mentalités », dans Aquitania, 16, 1999, p. 127-151, principalement p. 144.
24. SIDOINE APOLLINAIRE, Lettres, III, 6 (éd. Loyen, Paris, t. 2, p. 94).
25. L. DUCHESNE, Fastes épiscopaux de lancienne Gaule, t. 2 : Aquitaine-Lyonnaise, Paris, 1900, p. 100.
26. J. LAPART, « Le décor de marbre de la villa gallo-romaine de Séviac à Montréal-du-Gers daprès des documents photographiques du début du XXe siècle », dans M.S.A.M.F., LX, 2000, p. 15-32, principalement p. 16-18.
27. On découvre des bols Drag. 27 estampillés au nom de Sabinus (une fois celui de Montans et une autre fois celui de Lezoux) à Saintes par exemple (J.-L. TILHARD, « Céramiques à vernis noir et sigillées des fouilles de Ma Maison à Saintes », dans L. MAURIN (dir.), Les fouilles de « Ma Maison ». Études sur Saintes antique (Aquitania, suppl. 3), Bordeaux, 1988, p. 85-197, principalement p. 143).
28. Cl. BARRIÈRE, « Domus Pompeia, rue des Bouquets à Périgueux. Inventaire du mobilier archéologique. III », dans Documents dArchéologie et dHistoire Périgourdines, 12, 1997, p. 79-110, principalement p. 103 et p. 110, fig. 137 (sous la forme : S SABINI).
29. CICÉRON, Epistulæ, 16, 16, 2.
30. C.I.L., XIII, 933 ; MOMMÉJA, 1909, op. cit., p. 27, n° 12 ; Nitiobroges, n° 11.
31. Rennes est la ville des Rhedones (CÉSAR, B.G., II, 34 ; VII, 75, 4 ; PTOLÉMÉE, II, 8, 9).
32. Itineraria Romana, I ; Table de Peutinger.
33. On trouve la mention de Civitas Riedonum sur des inscriptions découvertes sur des bases de statues exhumées du sous-sol de Rennes en 1868 et en 1968. Ces inscriptions ont été gravées peu avant 135 ap. J.-C. (C.I.L., XIII, 3151 ; Ann. Ép., 1969-1970, n° 405).
34. À linstar de plusieurs villes romaines qui terminent en o : Cossio (Bazas), Ussubio (Le Mas-dAgenais), Cessero (Saint-Thibéry), Vesontio (Besançon), Brigantio (Briançon), Matisco (Mâcon), Arausio (Orange), Avieno (Avignon), Cabellio (Cavaillon), Narbo Martius (Narbonne), Carcaso (Carcassonne), Vasio (Vaison)
35. Sur le modèle dAquensis (= « de Dax ») pour Aquae (= « Dax »).
36. GRÉGOIRE DE TOURS, Historia Francorum, V, 29 ; X, 9.
37. C.I.L., XIII, 616 ; L. RICHARD, « Un Coriosolite à Bordeaux », dans B.S.E.C.D.N., XCVI, p. 79-85.
La Présidente
remercie Céline Piot en regrettant que la disparition du bloc ait interdit une relecture
de linscription. Quitterie Cazes demande si la forme même du bloc et la typologie
dans laquelle il pourrait sinsérer ne sont pas susceptibles dapporter des
informations sur la datation de linscription. Céline Piot dit que les indices dont
on dispose permettent dattribuer linscription à lépoque impériale,
sans plus de précision. Quitterie Cazes exprime son scepticisme quant à un déplacement
et une réutilisation au XVIe siècle, mais elle convient avec Céline Piot que
ce serait en effet tout à fait possible au VIIe siècle.
Maurice Scellès et Guy
Ahlsell de Toulza demandent des précisions sur la largeur de la bande inscrite et ils
sétonnent quelle nait pas été visible lorsque le bloc, même en
partie enterré, se trouvait dans la cour de lécole. Maurice Scellès demande
encore sil est sûr que cest bien le même bloc qui se trouvait dans le mur de
la ferme puis dans la cour de lécole. Céline Piot confirme que lérudit qui
avait relevé linscription la formellement reconnu, trois ans plus tard, dans
la cour.
La parole est à Nicole Andrieu pour la suite de sa communication sur les objets mobiliers classés parmi les Monuments historiques en 2002 avec une toile de Jean-François Courtin conservée dans la cathédrale Saint-Etienne à Toulouse.
« J.-F. Courtin (1672-1752), élève de Louis Boulogne le jeune, exposa régulièrement dans les Salons de 1737 à 1751. Académicien à partir de 1710, il fut lun des douze peintres choisis pour décorer la Galerie dApollon au Louvre, avec le combat dHoratius et Coclès.
Cette toile a été commandée par la corporation des orfèvres de Paris dans le cadre des Mays. Lhabitude doffrir des toiles à la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 1er mai, est née en 1630, les orfèvres commandant chaque année des toiles de grandes dimensions destinées à orner les piliers. Les sujets devaient obligatoirement être tirés des Actes des Apôtres. Les plus grands artistes ont été mis à contribution : 76 toiles ont été commandées et accrochées jusquen 1707. La toile de Courtin fait donc partie de la dernière livraison. En 1791, les Mays ont été confisqués et dirigés vers le Museum des arts Le Louvre. Après le Concordat, ils ont été dispersés. Cest ainsi que ce tableau est arrivé à Toulouse en 1829.Il illustre une scène tirée du chapitre 20 des Actes des Apôtres, se passant à Troas, en Asie Mineure : Le premier jour de la semaine, nous étions réunis pour rompre le pain, Paul qui devait partir le lendemain, sentretenait avec eux. Il prolongea son discours jusquau milieu de la nuit. Il y avait bon nombre de lampes dans la chambre haute où nous étions réunis. Un adolescent du nom dEutyque qui sétait assis sur le bord de la fenêtre se laissa gagner par le sommeil [ ] il tomba du troisième étage en bas. On le releva mort. Paul descendit, se pencha sur lui, le prit dans ses bras et dit : ne vous agitez donc pas, son âme est en lui [ ]. Longtemps encore il parla [ ]. Quant au jeune garçon, on le remena vivant , et ce ne fut pas une mince consolation.
En 1999, le Musée dArras a procédé à la réouverture de sa salle des Mays où sont exposées quatorze de ces peintures (Revue du Louvre, n° 2, avril 1999), une actualité qui a entraîné lexamen de la toile conservée dans la cathédrale Saint-Étienne.
Nicole ANDRIEU »
La Présidente remercie Nicole Andrieu et demande si lon connaît dautres tableaux de J.-F. Courtin. Nicole Andrieu précise que très peu duvres de ce peintre ont été conservées. Guy Ahlsell de Toulza ayant demandé si lÉtat nenvisageait pas le regroupement des Mays des orfèvres de Notre-Dame de Paris, par exemple à Arras, Nicole Andrieu explique que lon reste en général fidèle au dépôt. Maurice Scellès sétant étonné que lon classe parmi les Monuments historiques des objets en dépôt appartenant à lÉtat, Nicole Andrieu explique quil sagit surtout dattirer lattention sur la qualité de certaines uvres. Maurice Scellès voudrait savoir si lÉtat a une politique de conservation et de restauration des uvres déposés ou qui lui appartiennent, par exemple dans les cathédrales. Nicole Andrieu dit que des budgets conséquents sont alloués à la restauration des édifices mais que le mobilier est le plus souvent oublié. Les crédits de restauration pour les objets sont médiocres et il ny a pas de véritable politique. Dans le cas de Saint-Étienne de Toulouse par exemple, tous les crédits de plus dune dizaine dannées sont mobilisés par la restauration des tapisseries.
Au titre des questions diverses, des informations sont données sur une fouille de sauvetage à Auterive, qui devrait être réalisée à loccasion de la construction dun lotissement. Lintervention archéologique na été que très difficilement acceptée par le promoteur, après quil a été averti via le préfet et quune lettre comminatoire lui a été adressée. Le sondage dévaluation a mis au jour une maçonnerie antique à mortier de tuileau présentant une petite abside et un second mur sans liaison avec le premier ; un peu plus loin, cest un four romain qui a été identifié. On attend maintenant la décision définitive pour savoir si la fouille aura lieu.
Le Secrétaire général rappelle quune prochaine séance devra être en partie consacrée à lexamen des travaux effectués dans les bâtiments du collège de Périgord. On souligne quil serait nécessaire, en préalable à toute discussion, que soit rappelé lhistorique précis des projets et du déroulement des travaux.
Alors que la bibliothèque
municipale de la rue de Périgord rouvre aujourdhui ses portes, il est signalé
que le mobilier dorigine a complètement disparu, que les profils des menuiseries
ont été modifiés et que les nouveaux verres sont peu adaptés, aboutissant à une
modification substantielle de luvre de Montariol. On fait par ailleurs
remarquer que le bâtiment est inscrit à lInventaire supplémentaire des Monuments
historiques et que, après appel doffres, cest larchitecte des
bâtiments de France qui a été chargé du réaménagement intérieur. On aimerait savoir
ce que sont devenues les tables de travail dorigine.
On sétonne par
ailleurs que la réserve des livres anciens ait été installée en sous-sol. En outre, la
plaquette de présentation éditée à loccasion de la réouverture de la
bibliothèque fait une notable bévue en affirmant que larchitecte Montariol a été
influencé par Le Corbusier. Le flâneur de LAuta pourrait peut-être
consacrer sa prochaine chronique à la Bibliothèque municipale.
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 268
SÉANCE DU 11 MARS 2003
Présents : MM. Cazes, Directeur,
Coppolani, Directeur honoraire, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour,
Bibliothécaire-Archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau,
Secrétaire-adjoint ; Mme Cazes, MM. labbé Baccrabère, Gilles, le Père
Montagnes, MM. Pradalier, Prin, Mgr Rocacher, MM. Tollon, Vézian, membres
titulaires ; Mmes Andrieu, Bayle, Czerniak, Fraïsse, MM. Geneviève, Gironnet,
Laurière, Manuel, Testard, membres correspondants.
Excusés : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, Mme Napoléone, MM. Bordes,
Boudartchouk, Garland, Lapart.
Le Directeur ouvre la séance en excusant notre Présidente, qui vient dêtre victime dune chute et ne pourra donc se joindre à nous ce soir. Il demande à la Compagnie de bien vouloir excuser labsence de Jean-Luc Boudartchouk, empêché, et de ce fait un ordre du jour qui a dû être improvisé mais qui nous promet malgré tout une séance assez complète et intéressante.
Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 4 février, qui est adopté. Puis cest au tour du Secrétaire général de donner lecture du procès-verbal de celle du 18 février dernier, qui est adopté.
Le Directeur souhaite alors la bienvenue à M. Raymond Laurière qui prend séance ce soir, puis il présente deux ouvrages offerts pour notre bibliothèque :
Notre confrère Pierre Garrigou Grandchamp offre encore à notre Société une photographie positive sur plaque de verre représentant le pont Neuf de Cahors, démoli en 1906. Lintérêt de ce cliché réside aussi dans la vue de la ville qui se développe en arrière plan. Au nom de notre Société, le Directeur remercie les donateurs.
CAHORS. LE PONT NEUF démoli en 1906.
Lordre du jour appelle lexamen des rapports sur les travaux présentés au concours. Le Directeur rappelle que nous avons cette année à attribuer le prix de Clausade, doté de 450 et accompagné dune médaille dargent.
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 269
Bruno Tollon donne
lecture de son rapport sur le mémoire de maîtrise de Mlle Élisabeth Lelu, Les
vitraux de la fin du Moyen Âge de la basilique Saint-Nazaire de Carcassonne, sous la
direction de Michèle Pradalier-Schlumberger, Université de Toulouse-Le Mirail, 2002, 3
vol.
Puis Quitterie Cazes
rend compte du mémoire de maîtrise de M. Yann Henri, Loccupation du sol en
moyenne vallée de Garonne pendant lAntiquité et le Moyen Âge :
lexemple de la commune de Muret, sous la direction de Nelly Pousthomis-Dalle,
Université de Toulouse-Le Mirail, 2002, 2 vol.
Le Directeur résume les avis des deux rapporteurs et la décision est soumise au vote. Il est décidé de réserver le prix de Clausade et dattribuer à titre dencouragement une médaille dargent à Mlle Élisabeth Lelu et une médaille de bronze à M. Yann Henri.
La parole est à
Patrice Cabau qui signale à la Compagnie lenlèvement récent du chrisme roman
de la rue de la Blanchisserie, dans le quartier de Guilheméry à Toulouse. Une plage
de ciment gris a remplacé le relief quil nous avait présenté en 1989 (M.S.A.M.F.,
t. LIX, 1989, p. 121-135). Patrice Cabau essaiera dobtenir sur place des
renseignements sur le sort qui a été réservé à ce chrisme, ce quil na pu
faire jusquà présent faute de temps.
Le Directeur dit
quil est toujours triste de voir disparaître un élément de notre patrimoine, puis
il indique que lorsque Patrice Cabau a publié ce chrisme jusqualors inconnu, Denis
Milhau et lui-même ont cherché à prendre contact avec les propriétaires afin de
lacquérir pour le Musée des Augustins : la démarche a été vaine, se
perdant dans les méandres de la co-propriété. Le Directeur ajoute quil faudra
être très attentif aux ventes publiques et surveiller les devantures des
antiquaires
Louis Latour veut espérer que le chrisme ait été mis à labri
par lun des propriétaires, comme cela sest produit à Auterive où un
boulanger a sauvé une pierre ornée darmoiries qui se trouvait dans le rempart en
la plaçant dans sa boutique.
Guy Ahlsell de Toulza présente une collection de terres cuites émaillées de Giroussens en cours dacquisition pour le Musée de Rabastens :
« Les potiers de Giroussens
Le village de Giroussens est situé au bord dun plateau, surplombant lAgout, affluent du Tarn. Il profite de la prospérité économique de lAlbigeois pendant le XVIIe siècle et apparaît dans un rapport de 1675 comme un bourg très actif : Les habitants estimés à un millier pour le consulat en général ny sont pas riches, on y fabrique une fort grande quantité de pots de terres, les meilleurs et les plus beaux qui se fassent dans tout le pays. En effet, sur soixante-douze hameaux que compte le territoire, seize sont concernés par lactivité potière et sont essentiellement regroupés sur la lisière ouest de la forêt. Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, le noyau initial sélargit avec linstallation de nouveaux potiers jusquà la baisse dactivité marquant le début du XIXe siècle avec une diminution du nombre des artisans et des fermetures dateliers intervenant entre 1791 et 1828. En définitive ce sont les implantations les plus anciennes qui seront les plus vigoureuses. Il faut noter que lactivité est fragmentée sur lensemble du territoire communal et se concentre surtout dans une zone où lapprovisionnement en matières premières est facile.
À la lecture des archives, il ny a pas de hiérarchie entre les artisans potiers mais ce terme recouvre des situations variées : à côté des ateliers les plus importants et les mieux équipés, nombre de potiers disposant dun atelier ne disposent pas de four et sont obligés de louer celui du voisin, ou encore certains potiers-journaliers ne possèdent même pas leur propre atelier. Jusquau milieu du XVIIe siècle ces potiers, en majorité issus dun milieu agricole très modeste, sont originaires de Giroussens et des communes voisines. Puis, peu à peu, ils viennent de plus loin : Tarn, Haute-Garonne, Aude. Possédant terres et troupeaux, ils trouvent alors dans lartisanat les revenus nécessaires à leur existence. La communauté des potiers nest pas un milieu homogène : activité dappoint ou à part entière, la majorité appartient aux classes les plus modestes de la population même si certains jouissent dune certaine aisance leur permettant dacquérir des biens fonciers.
Entre 1535, date du premier document connu mentionnant lactivité dun potier à Giroussens, et 1789, on a pu recenser 592 artisans, propriétaires ou non dun atelier. De 1550 à 1750, le groupe connaît une forte croissance et les années 1700-1750 marquent lapogée du nombre des potiers (ils sont alors plus de quatre-vingt). Leur effectif diminuera ensuite progressivement, à cause de la multiplication des faïenceries en Haut-Languedoc et du développement de la vaisselle détain : la terre cuite est désormais réservée à lusage domestique et à la cuisine.
Indépendamment de la concentration géographique, la cohésion de ce groupe dartisans est accentuée par plusieurs faits sociologiques, dont une véritable endogamie professionnelle. Une corrélation existe en effet entre la transmission familiale du métier et le partage égalitaire des héritages, faisant perdurer, souvent pendant plus de deux siècles, de véritables dynasties de potiers, tels les Massiés, Cadaux ou Roques. La confrérie de Sainte-Rufine, enregistrée par un acte notarié du 18 juillet 1618, est un autre élément de cohésion : les cotisations de ses membres permettent par exemple de donner une sépulture décente aux plus démunis.
Enfin il arrive que les potiers sassocient à la vie communale, comme Jean Roques, consul de Giroussens en 1605, ou religieuse, tel Jean Sales assurant en plus de son artisanat la charge de marguillier du Bassin du Purgatoire de léglise de Saint-Salvy dans les années 1580.
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 270
De par sa situation géographique, Giroussens dispose de toutes les matières nécessaires à la réalisation de terres cuites : le bois est prélevé gratuitement dans la forêt royale, largile est fournie par des bancs situés en surface à lest du village, le plomb nécessaire à la glaçure est importé dAngleterre mais son approvisionnement se fait auprès des grands centres que sont Bordeaux et Toulouse.
Léquipement des potiers est connu, quant à lui, par les inventaires après décès qui fournissent des listes riches en détails. Les poteries de Giroussens sont généralement tournées sur des virols (tour en occitan), à lexclusion des anses et des goulots façonnés à la main. La pièce façonnée est détachée du tour à la ficelle, puis mise à sécher sur des planches en peuplier dans un lieu bien aéré. Après évaporation de lhumidité, le potier peut reprendre la pièce pour affiner son profil : lopération est appelée tournassage. Les pièces devant être peintes sont recouvertes dun engobe blanc, support de tous les décors. Après la première cuisson, la pâte prend le plus souvent une couleur rouge brique (à lexclusion de lengobe) et sa texture est légèrement sableuse et micacée. Une fois refroidis les biscuits peuvent être peints : les couleurs employées vert, brun, jaune et bleu sont obtenues à partir doxydes métalliques. La glaçure est aussi préparée dans latelier grâce à un mélange à base de silice et doxyde de plomb. Elle est posée en dernier et servira à protéger le décor.Les céramiques traditionnelles attribuées aux ateliers de Giroussens se déclinent sous forme de plats et dassiettes à décor peint et à quelques pièces dites de forme : fontaines, réchauds, bénitiers déglise ou de chevet... Les potiers effectuent eux-mêmes le transport de leur production, dont ils assurent directement la vente auprès dune clientèle aisée appartenant à la bourgeoisie et à laristocratie de lAlbigeois. Cependant les recherches récentes, notamment les fouilles archéologiques, permettent de mieux connaître la zone de diffusion. Assez curieusement des céramiques de Giroussens sont parvenues jusquau Canada et aux États-Unis : on a découvert des tessons à Place-Royale (Québec), dans un contexte daté de 1701, ainsi que dans la forteresse de Louisbourg occupée par les Français du début du XVIIIe à 1760. Le navire français Le Machault coulé par les Anglais le 8 juillet 1760 nous a livré des assiettes et des plats ornés de motifs géométriques verts et bruns appartenant à la production de Giroussens. La terre cuite de Giroussens, très originale, à la fois populaire et naïve avec ses décors de fleurs, doiseaux, de personnages et ses couleurs de bleu cobalt, jaune ou brun violet, a connu son apogée durant le règne de Louis XIV. Face à la concurrence de la faïence et ensuite de celle de la vaisselle en étain les décors sappauvriront peu à peu, au cours du XVIIIe siècle et jusquau milieu du XIXe siècle. On nutilisera plus dès lors cette poterie simplement vernie quà des fins domestiques et utilitaires.
La collection de Marie-Louise Galinier
Le dimanche 5 janvier 2003 disparaissait dans sa maison des Vergnettes, près de Buzet, Marie-Louise Galinier, une antiquaire bien connue à Rabastens et dans tout notre Midi toulousain. Grande spécialiste de la céramique, expert près de la Chambre nationale des experts spécialisés, elle avait publié en 1982, avec G. Fouet et G. Savès, un ouvrage de référence devenu aujourdhui introuvable: La Céramique toulousaine.
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Marie-Louise Serres est née à Graulhet en 1929. Elle devient rabastinoise par son mariage en 1950 avec notre ami Lucien Cadaux et sinstalle dans la maison de la route de Saurs, à la fois atelier de restauration et boutique dantiquité, que les vieux Rabastinois ont bien connue.
Plus tard, à la suite dune séparation, Marie-Louise Cadaux-Serres, rejoint aux Vergnettes Victor Galinier, lui aussi antiquaire, passionné dhorlogerie, originaire de Puylaurens. La boutique attire alors les musées, les marchands et les amateurs de la France entière. Victor et Marie-Louise Galinier seront parmi les membres fondateurs du Salon des Antiquaires de Toulouse où ils ont un stand toujours très remarqué, abondamment garni de faïences et de porcelaines de haute qualité.Depuis son mariage à Rabastens avec Lucien Cadaux, Marie Louise sest passionnée pour les terres cuites vernissées de Giroussens, dont les décors populaires et le mystère de la production avaient su la séduire.
Giroussens, entre Graulhet, sa ville natale, et Rabastens, sa ville dadoption, avait eu entre le XVIe et le XIXe siècle une très importante production de terres cuites vernissées au plomb. La vaisselle utilitaire, cassée depuis longtemps et que nous ne connaissons que par les fouilles archéologiques, a quasiment disparu alors que les 70 potiers environ, qui ont travaillé pendant trois siècles, en ont produit des millions dexemplaires ! Seuls ont été conservés des plats et des assiettes à décor peint, formant une vaisselle dapparat dont on ne connaît plus aujourdhui quenviron 300 pièces... Edmond Cabié, Casimir Lauzeral, Émile Rieux, puis plus récemment Félix Mathieu et Lucien Rafin avaient remarqué loriginalité de ces terres cuites.
Pendant un demi siècle Marie-Louise Galinier na cessé de traquer dans toute la France, dans les Foires et les Salons, dans les brocantes et les déballages, chez les particuliers ou dans les ventes aux enchères, ces pièces dapparence modeste, populaire mais uniques (car il ny a pas deux pièces identiques) qui nintéressaient alors que peu de collectionneurs hors de lAlbigeois ou du Toulousain.
Cette quête passionnée devait lui permettre de regrouper 57 plats et assiettes, une fontaine, un bénitier et un tableau du début du XIXe siècle représentant Giroussens vu de la plaine de Saint-Lieux. Cette collection est unique au monde.Ainsi à titre de comparaison, on peut citer :
- 2 plats au musée de la Céramique de Sèvres
- 3 plats au musée des Arts Décoratifs à Paris
- 1 plat au musée de Rotterdam
- 3 bénitiers, 1 fontaine et 2 assiettes au musée Lafage à Lisle-sur-Tarn
- 2 assiettes au musée Goya à Castres
- 2 plats au musée Toulouse-Lautrec à Albi
- 3 fontaines et 3 grands bénitiers déglise au musée de Lavaur
- 8 plats, 1 assiette et 4 fontaines au musée Paul-Dupuy à Toulouse
- 1 plat, 1 assiette, un réchaud, une fontaine et 1 bénitier au musée du Vieux Toulouse
- 2 plats au musée dAgen
- 2 plats dans les musées de Montauban.Il y a aussi une quinzaine de collections privées possédant chacune de une à quinze pièces.
Cest dire limportance majeure de la collection Galinier qui comprend à elle seule 20 % des Giroussens connus à ce jour : 60 pièces sur 300 !
De plus cette collection a le mérite dêtre très représentative de la production de Giroussens du milieu du XVIIe à la fin du XVIIIe siècle et elle complète parfaitement la collection que possède déjà le musée du Pays Rabastinois (anciennes collections Bérenguier, Boyals, de Fournas, de Toulza, Simon, Périès etc.).
Les pièces exceptionnelles, uniques, y sont nombreuses, comme les plats au retable ou au bouquet dans un vase (XVIIe siècle), les décors aux oiseaux (XVIIIe siècle), dune modernité stupéfiante ; mais ce sont surtout les trois plats et les cinq assiettes rarissimes ornés de personnages, dont certains peints en bleu, qui tiennent la vedette, formant là encore un ensemble sans équivalent.
Le bénitier, qui porte les armes de Jean-Jacques de Boyer dOdars, conseiller au Parlement de Toulouse et syndic général de la province de Languedoc en 1696, permet une intéressante datation.Cette collection était connue des Rabastinois pour avoir été exposée au musée du Pays Rabastinois en 1999, puis au musée Paul-Dupuy à Toulouse en 2001.
La disparition brutale de Marie-Louise Galinier risquait dentraîner la dispersion de cet ensemble réuni avec tant de patience et de ténacité. Les contacts personnels entre notre président dhonneur, Paul Duchein, un ami de toujours, et Dominique Besançon, la fille unique de Lucien Cadaux et de Marie-Louise, a permis de conserver la totalité des soixante pièces au musée du Pays Rabastinois, dans une salle qui lui sera dédiée. Grâce au vote unanime du Conseil municipal, elle va entrer dans le Patrimoine national.
Cette acquisition se fera avec laide de lÉtat et de la Région grâce au Fonds Régional dAcquisition pour les Musées (FRAM), laide du Département du Tarn et dune souscription publique. Elle intervient très opportunément après la signature par lÉtat et les collectivités locales du P.E.P., le Projet Économie et Patrimoine, qui réunit en réseau le centre archéologique de Montans pour lAntiquité, le musée du Pays Rabastinois pour lépoque médiévale et moderne et la Maison de la Céramique Contemporaine de Giroussens autour de la promotion de lart de la terre cuite dans le Tarn.
Dans ce cadre, le musée prévoit dinstaller dans deux salles du rez-de-chaussée les collections de terres cuites
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 272
vernissées de Giroussens, ainsi que les uvres de Léonardi et de Mireille Lobligeois. Ce sera le point de départ dun centre de documentation et de recherche sur la terre cuite dans le Midi toulousain, en liaison avec lUniversité de Toulouse qui prévoit une exposition sur ce thème au musée à lautomne 2003, suivie dun colloque en mars 2004 à Rabastens. Avec une centaine de Giroussens, le musée du Pays Rabastinois devient sur ce thème un endroit incontournable, dimportance nationale.
Guy AHLSELL de TOULZA »
La parole est ensuite à Olivier Testard pour une présentation de létude en cours dun immeuble du centre ancien de Montauban.
Le Directeur remercie
les trois orateurs qui ont si bien su relever le défi en improvisant leurs communications
et il fait appel aux questions sur celle dOlivier Testard.
Patrick Gironnet
déclare avoir été très intéressé par lanalyse très attentive de notre
confrère, qui montre une fois de plus tous les enseignements que lon peut tirer
dun examen détaillé des édifices anciens. À propos des mises en uvre, il a
bien noté les joints rubanés des parements du XVIe siècle et il voudrait
savoir si les joints du XVIIIe siècle sont biais. Olivier Testard résume les
grandes phases de la chronologie relative et montre que les joints des parties
attribuables au XVIIIe siècle sont des joints pleins, probablement rougis
autour des baies et enduits ailleurs. Il connaît des joints coupés pour le Moyen Âge et
des joints rubanés du XIIe siècle dont la fonction est de retenir
lenduit. Au château de Merville, des joints ronds rougis sont refendus par un
tracé au fer qui régularise le dessin des briques. Olivier Testard cite encore un
immeuble du XVIIIe siècle, rue dAstorg à Toulouse, où les joints
horizontaux correspondent aux joints réels alors que les joints verticaux sont en fait
retaillés dans la brique, donnant lillusion de joints superposés.
Maurice Scellès
précise que létude en cours présentée ce soir par notre confrère sinscrit
dans un programme détudes monographiques dédifices significatifs du centre
ancien de Montauban, conduit par la Ville avec le soutien de la Direction régionale des
Affaires culturelles. Olivier Testard donne quelques indications sur les deux autres
édifices qui ont déjà été étudiés, dont un conserve deux fenêtres géminées
médiévales.
Patrick Gironnet
évoque le cas de Cordes, haut lieu de conservation de lhabitat médiéval, en
indiquant quil y a bon espoir de voir se mettre en place une Z.P.P.A.U.P. Des
découvertes sy font tous les jours mais de nombreux bâtiments sont également à
létat de ruines. En outre, si la réhabilitation est nécessaire à la sauvegarde,
nous savons quelle provoque des pertes irrémédiables. Il importe donc de
documenter au maximum les bâtiments afin dorienter au mieux les restructurations
nécessaires. Olivier Testard abonde dans ce sens en soulignant que la question se pose
dans tous les centres anciens. Leur revitalisation passe par des aménagements souvent
problématiques, le cas le plus fréquent étant celui de linstallation dun
ascenseur pour lequel il importe de trouver lemplacement le plus adéquat. La
connaissance archéologique la plus complète du bâtiment est toujours nécessaire.
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