SÉANCE DU 14 OCTOBRE 2014
Présents : MM.
Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Scellès, Secrétaire général, Cabau,
Secrétaire-Adjoint ; Mmes Andrieu, Cazes, Haruna-Czaplicki, Napoléone,
Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp, MM. Catalo, Lassure, Peyrusse,
Testard, Tollon, le Père Montagnes, Stouffs, membres titulaires ; Mmes
Bossoutrot, Gilles, Nadal, Queixalós, MM. Chabbert, Mattalia, Penent, Rebière,
membres correspondants.
Excusés : MM.
Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-adjoint, Peligry,
Bibliothécaire-Archiviste, Mmes Lamazou-Duplan, Heng, MM. Bordes, Garland,
Garrigou Grandchamp, González, Surmonne.
Le Président souhaite la bienvenue à l’assemblée pour ce début de nouvelle année académique. Il souligne que le programme de l’année s’est révélé très dense et de ce fait délicat à mettre en place, d’autant plus que peu de nos membres acceptent d’intervenir avant le mois de novembre. Le Président a ensuite la tristesse de nous faire part du décès le 18 septembre dernier de M. Maurice Greslé-Bouignol, membre de notre société.
Il
signale les candidatures de deux candidats aux postes de membres correspondants,
Jean-Pierre Suzzoni et Stéphane Piques, pour lesquels des rapporteurs devront
être nommés.
Au
titre de la correspondance, la Société a reçu une réponse du cabinet du
Ministère de la Culture concernant la sauvegarde de l’ancien palais de Via à
Cahors. Dans le courrier est joint une note de Pierre Sicard, représentant de
la DRAC dans le Lot, qui salue l’intérêt de notre société pour le palais
et précise que les services de l’Etat ont lancé une consultation sur le
sujet. La Société reconnaît là un premier résultat qui vient récompenser
les nombreuses démarches entreprises en ce sens. Le Président se félicite également
de l’abandon par la Mairie de Toulouse du projet de construction de
l’Institut d’Études politiques. Prévu au niveau du Bazacle, le bâtiment,
haut de plusieurs étages, était contraire au respect de la façade ancienne de
notre ville sur la Garonne.
La
Société a également obtenu une réponse favorable de la Mairie de Toulouse
pour sa demande de subventions, et se voit attribuer 3000 euros au titre du
fonctionnement.
Nous avons reçu le nouvel opus du Master professionnel patrimoine de Cahors : C’est l’hôpital qui [ne] se fout [pas] de la charité. Les hôpitaux de Cahors entre assistance et médecine, XIe-XXe siècle, Toulouse, Université Toulouse II-Le Mirail, 2014. Plusieurs programmes nous ont été transmis, notamment sur la tenue d’un cycle de conférences intitulé « les châteaux du Moyen Âge » prévu en 2014-2015 à l’espace Clément Marot à Cahors, ainsi qu’un appel à communications du 140e congrès des sociétés historiques et scientifiques prévu à Reims sur le thème « Réseau et société » (CTHS).
La parole est donnée à nos deux conférenciers Anne Bossoutrot et Jean-Louis Rebière pour une première communication sur « L’église Saint-Pierre d’Ourjout (Ariège) Études et découvertes ».
Le
Président remercie les intervenants pour leur présentation complète et précise,
qui nous permet de suivre pas à pas les phrases de redécouvertes et de
restauration du très bel ensemble d’Ourjout. A la question de savoir si des
fouilles archéologiques ont été prévues dans l’édifice ou sur ses abords,
les intervenants répondent que celles-ci devraient être menées dans un second
temps. Le Président précise que la concentration de marbre dans les parties
basses de l’église pourrait être le signe d’un édifice antique antérieur,
d’autant plus que cette vallée est très peuplée dès l’Antiquité. Il
s’interroge sur l’origine du marbre en question. M. Rebière lui répond
qu’il s’agit d’un marbre issu de carrières proches, à
1,5 km
du site. Jean-Marc
Stouffs demande quelques éclaircissements sur l’analyse de la technique
picturale. Il souligne que la présence de caséine n’est pas incompatible
avec la technique de la fresque. Concernant une goutte de peinture blanche
entourée de couleur qu’avaient relevé les intervenants, il précise qu’il
pourrait en fait s’agit d’un grumeau révélateur d’une technique de
fresques à la chaux (la couleur y est mélangée avec la chaux, ici visible en
blanc).
Henri
Pradalier se demande si le fragment d’inscription sous la main du Christ ne
pourrait pas être le début de l’inscription abrégée d’Ecclesia,
indiquant de part et d’autres de la Crucifixion les représentations de
l’Église et de la Synagogue. Concernant les petits motifs de perles blanches
sur les vêtements, il signale qu’il s‘agit d’une manière courante de
suggérer un décor de fleurs sur les habits (comme à Saint-Pierre d’Urgel
sur les apôtres). Au sujet du décor présent sur les ébrasements de la fenêtre
d’axe, il précise que des motifs en stuc à peu près similaire existent à
Tavèrnoles. Il revient sur l’expression « peintures pyrénéennes »
qui doit désormais remplacer celle de « peinture catalane » ;
puisqu’en effet le style déployé à Ourjout est bien propre à une région
pyrénéenne nord-sud, très différent de ce qu’on peut trouver dans l’est
de la Catalogne par exemple.
M.
Rebière indique que les similitudes de traitement entre les colonnes de
l’entrée du chœur et celles de Saint-Lizier peuvent aussi être dues au lien
administratif qui devait exister entre les deux édifices. M. Pradalier confirme
qu’on trouve effectivement le même type d’interprétation appauvrie de la
sculpture de Saint-Sernin à Saint-Lizier. Il insiste également sur le fait que
l’artiste d’Ourjout connaît le Maître de Maderuelo, actif à Taül. Au
sujet du zodiaque, il rappelle l’existence du même thème au portail de
l’agneau de Saint-Isidore de León et renvoie à l’article de Serafín
Moralejo sur la moralisation et la christianisation de ce thème qui doit être
considéré en lien avec la lutte contre l’Islam.
Pour
Dominique Watin-Grandchamp, le personnage chauve avec des rameaux qui sortent
des oreilles ne paraît guère pouvoir être rapproché de la Vierge, mais M.
Rebière avoue que s’est la seule hypothèse qui lui paraît possible au
regard des quelques lettres de l’inscription encore lisible. Maurice Scellès
s’interroge sur une inscription gothique qu’il a cru pouvoir apercevoir au
bas de la voûte de l’abside. Anne Bossoutrot répond qu’elle avait également
cru y voir du texte, mais l’ensemble est illisible dans le détail et pourrait
tout aussi bien être une forme de décor.
Les deux intervenants, Anne Bossoutrot et Jean-Louis Rebière, reprennent à nouveau la parole pour une communication courte sur le « Château Jeune de Bruniquel : les salons du XVIIIe siècle ».
Suite
à leur intervention, plusieurs membres de notre société s’indignent de l’état
actuel de délabrement des dits salons, qui appartiennent à un édifice classé.
Mme Bossoutrot donne d’autres exemples d’édifices classés aux monuments
historiques présentant le même état de décrépitude, comme le château de la
Salvetat Saint-Gilles. M. Rebière précise que des plafonds peints du XVIIe siècle
également en danger se trouvent aussi dans le château à côté du château
jeune de Bruniquel. Cette communication suscite un vif débat dans l’assemblée.
M.
Scellès constate que cet exemple traduit l’absence de politique générale en
matière de restauration. Selon lui, la DRAC finance les travaux à la demande
des propriétaires, au coup par coup, mais sans vue d’ensemble, alors qu’il
faudrait déterminer au préalable des crédits d’intervention, en particulier
pour les cas urgents comme celui-ci. Il renvoie aux expériences fructueuses
mises en place dans le Lot, qui semble montrer que le cadre départemental est
plus approprié que le cadre régional pour gérer l’ensemble du patrimoine.
Enfin il insiste sur le fait que la baisse de moyens dans le domaine de la
culture n’exonère pas l’État de sa responsabilité vis-à-vis d’édifices
protégés au titre des monuments historiques.
M.
Stouffs relève que certains édifices nécessitent aujourd’hui des
interventions mineures, de l’ordre de l’entretien, qui ne sont pourtant pas
réalisées faute d’une grande lourdeur administrative. Il évoque le bas
d’un panneau peint qu’il a lui-même restauré à Bioule et qui est
actuellement en train de s’altérer faute de joints étanches à l’extérieur.
Il donne aussi le cas de Nogaro, où des infiltrations d’eau apparaissent sur
les peintures romanes restaurées de l’absidiole sud.
Louis
Peyrusse souligne que le problème vient souvent du fait qu’il s’agit de
propriétaires publics qui n’ont ni les moyens ni parfois le désir,
d’entretenir leur patrimoine. Dominique Watin-Grandchamp note elle aussi que
les élus des communes propriétaires sont souvent peu intéressée par ce type
de problèmes et réticents à y engager des moyens.
Le Président invite les intervenants à renouveler les présentations de ce type en nous montrant d’autres cas problématiques au cours des questions diverses à venir. Émilie Nadal propose de répercuter ces exemples sur la page Facebook.