Société Archéologique  du Midi de la France
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Mémoires
de la Société Archéologique
du Midi de la France

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Tome LVIII (1998)


BULLETIN DE L'ANNÉE ACADÉMIQUE
1997-1998

établi par Jean NAYROLLES, Henri PRADALIER, Maurice SCELLÈS

 

Cette édition électronique respecte la mise en page de l'édition imprimée (Bulletin de l'année académique 1997-1998, dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. LVIII, 1998) dont nous indiquons la pagination. Certaines illustrations en noir et blanc ont cependant été remplacées par des illustrations en couleur.

1ère partie
Séances du 4 novembre 1997 au 17 février 1998
2e partie
Séances du 3 mars 1998 au 23 juin 1998

M.S.A.M.F., T. LVIII, page 270

SÉANCE DU 3 MARS 1998

Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste Cazes, Secrétaire Général, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mmes Labrousse, Pradalier-Schlumberger, MM. l’abbé Baccrabère, Blaquière, Gilles, Hermet, le Père Montagnes, Nayrolles, Pradalier, Prin, l’abbé Rocacher, membres titulaires ; Mmes Blanc-Rouquette, Delaplace, d’Ercole, Napoléone, Pousthomis-Dalle, Tollon, M. Burroni, membres correspondants.
Excusés : Mme Cazes, MM. Gillis, Tollon.


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Invités : Mlles Gretchen Lono, Iromi Haruna, M. Guilbaut, M. et Mme Mouillac.

 

    Le Président remercie les membres présents d’être aussi nombreux, et dit le plaisir que nous avons à accueillir ce soir Mlles Gretchen Lono et Iromi Haruna, toutes deux étudiantes en histoire médiévale. Des impératifs horaires imposant de bousculer l’ordre de la séance, le Président donne immédiatement la parole à Henri Pradalier pour la communication du jour, consacrée à La chapelle de la Madeleine au Palais-Vieux des archevêques de Narbonne : architecture et décor :

    « Le Palais-Vieux des archevêques de Narbonne compte deux bâtiments disposés en équerre fermant à l'est et au sud une cour dont la partie nord est close par des restes de bâtiments canoniaux, et la face ouest par la chapelle de l'Annonciade et l'ancien clocher de la cathédrale carolingienne. La chapelle archiépiscopale dédiée à Marie-Madeleine est installée au troisième niveau d'un corps de logis rectangulaire situé à l'angle sud-est du palais, au point de jonction des deux ailes. Fortement remaniée au XIIIe siècle, au moment même où s'amorçait le chantier de la cathédrale, elle présente des dispositions architecturales qui méritent donc attention et a conservé de surcroît une partie non négligeable de son décor peint.

    L'histoire

    L'histoire de cette chapelle épiscopale est fort mal connue. La première mention d'une église sous le vocable de Marie-Madeleine remonte à un document de 1160 qui ne permet ni de la situer de façon satisfaisante, ni de connaître son statut. Elle ne semble pas alors faire partie du palais épiscopal. La première mention du vocable de Sainte-Marie-Madeleine pour la chapelle archiépiscopale n'est avéré qu'à partir de 1273 sur une inscription placée au-dessus de la porte nord de celle-ci. Cette inscription rappelle que la chapelle a remplacé un humble édifice antérieur, que sa construction est due à l'archevêque Pierre de Montbrun et qu'elle a été réalisée en trois ans, entre 1273 et 1276. Quoique commémorative, l'inscription fournit les renseignements chronologiques qui correspondent aux caractères architecturaux de la chapelle. En 1306 et en 1352 des actes y sont signés entre les consuls, le vicomte et l'archevêque.

    L'architecture

    Présentation
    La tour, au troisième niveau de laquelle se trouve la chapelle, a subi de nombreuses transformations. À l'extérieur apparaissent des reprises nombreuses et importantes et des chevauchements qui trahissent des interventions à différentes dates, du XIe siècle au XIXe siècle.
    À l'intérieur, les niveaux actuels ne correspondent en rien à ceux d'origine tant ont été nombreux les bouleversements. Le sol de la chapelle est supporté par trois arcs diaphragmes du XVIIIe siècle, son plafond actuel a remplacé soit au XVIIIe siècle soit au XIXe siècle trois travées d'ogives qui montaient plus haut.

    Le plan et l'élévation
    En plan, la chapelle est un rectangle de 15 m x 9 m. On y accède par deux portes percées l'une au nord, l'autre à l'ouest, donnant sur les deux ailes en équerre du palais. Dans le mur nord, donnant sur le vide, est percée une grande ouverture. Au sud se voient deux renfoncements : l'un pentagonal, l'autre rectangulaire, voûtés d'ogives tous les deux. Le renfoncement pentagonal correspond à la cage d'escalier qui mettait en communication la chapelle et les salles inférieures. Le renfoncement rectangulaire est un petit oratoire décoré de peintures. Le mur sud est percé de trois fenêtres. La moitié orientale du mur nord et le mur ouest sont sensiblement moins larges que les autres murs de la chapelle.
    Des trois fenêtres percées dans le mur sud, celle qui est placée dans l'oratoire, est simple, petite, en tiers-point. Les deux autres, très hautes, présentent à l'intérieur deux ressauts larges et sans décor. La taille des meneaux de ces deux fenêtres est restée inachevée. À l'extérieur, la fenêtre orientale montre les restes d'un meneau dans sa partie basse. La partie haute a été murée. La fenêtre occidentale a été refaite soit au XVIIIe siècle, soit au XIXe siècle, sauf le meneau central qui est du XIIIe siècle. Entre les deux apparaît une troisième fenêtre entièrement murée parfaitement insoupçonnable à l'intérieur, dont le meneau et le remplage datent du dernier quart du XIIIe siècle.
    Dans le mur oriental s'ouvre une grande fenêtre triple restaurée en 1953 par Henri Nodet. Sur le mur nord se voit nettement le tracé d'un grand arc en plein cintre en appareil moyen appuyé à un mur en petits moellons et dans lequel a été percée la porte sans caractère donnant accès à l'aile est du Palais-Vieux. Le mur nord est renforcé par trois arcades aveugles supplémentaires en tiers point. Entre ces arcades, les traces d'arrachement de pilastres qui disparaissent au-dessus du plafond actuel permettent d'imaginer la hauteur de la voûte d'ogives qu'ils supportaient. Sous l'arcade occidentale s'ouvre la grande baie qui prend à l'extérieur l'aspect d'un portail en plein cintre flanqué de deux fois deux colonnes surmontées de chapiteaux sculptés. Il peut être


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daté de la deuxième moitié du XIIe siècle. Enfin, à l'ouest, dans un mur en petits moellons s'ouvre la porte donnant sur la partie occidentale de l'aile sud. Au-dessus d'elle se voit encore l'arc formeret qui supportait la voûte.

    Comment interpréter ces données architecturales ?
    Des murs en petit appareil de moellons visible à l'angle nord-est de la tour et sur la moitié est de la paroi nord de la chapelle constituent les restes d'un bâtiment datant du XIe siècle au plus tard. Ce bâtiment a été consolidé par l'établissement de l'arc en plein cintre intérieur de la face nord dans le dernier quart du XIIe siècle lorsqu'on a décidé d'y pratiquer la grande ouverture donnant aujourd'hui sur le vide.
    Sur le flanc sud, dans un premier parti, on a envisagé d'imiter les dispositions de la Sainte-Chapelle de Paris, en construisant sur cette face des fenêtres très hautes et rapprochées. Mais ce parti, sans doute en raison de problèmes de stabilité (nulle part des contreforts n'avaient été prévus), fut vite abandonné. On en revint à un parti et à des techniques auxquelles on était plus habitué dans la région en établissant un renforcement intérieur sur les longs côtés de la chapelle par la construction d'arcs à double ressaut moins élevés. C'est sur eux que l'on fit alors reposer trois travées voûtées d'ogives quadripartites sur plan barlong. C'est dans cet espace remanié et encombré de témoins du passé que les peintres ont été amenés à exercer leur talent.

    Le décor

    Celui-ci se compose de deux ensembles différents.
    Le premier est un décor de faux-appareil qui recouvre tous les murs de la chapelle, à la manière de ce que l'on peut voir dans les édifices méridionaux des XIIIe et XIVe siècles (Jacobins à Toulouse, Chapelle de l'abbé Auger à Lagrasse). Il a pour fonction de gommer les irrégularités de l'appareil et des formes architecturales en passant uniformément sur toutes les surfaces intérieures de la chapelle, aussi bien les arcs de renforts que les murs goutterots, atténuant ainsi les lignes et volumes indésirables découlant de leur présence.
    Le deuxième est celui qui décore les murs et la voûte du petit oratoire de plan rectangulaire (1,80 m x 1,15 m), qui s'ouvre sur la chapelle par une baie en tiers-point sommée d'un gable à crochets. Les parties inférieures des murs, qui étaient peintes de fausses tentures, ont disparu et les scènes qui subsistent sur le registre médian sont partiellement effacées. Les parties hautes et la voûte sont mieux conservées. Sur le mur sud se voit une Annonciation, sur le mur est une Crucifixion avec la Vierge, saint Jean, les restes d'un personnage désignant le Christ (vraisemblablement le centurion) et une partie de la tête d'une femme nimbée, sans doute Marie-Madeleine. Sur le mur ouest sont placées l'Église et la Synagogue. Le symbole que porte l'Église est un édifice gothique qui semble une maquette de la Sainte-Chapelle de Paris. Ces trois scènes sont surmontées, dans les compartiments en tiers-point ménagés entre les retombées de la voûte, par quatre anges thuriféraires qui manifestent leur joie et célèbrent l'événement. À la voûte sont peintes des étoiles sur un fond bleu.

    La date des peintures de l'oratoire
    Le style linéaire de ces peintures, qui ne connaît rien encore de l'italianisme qui apparaîtra ultérieurement dans les terres languedociennes, permet de proposer la fin du XIIIe siècle comme date. Celle-ci est confirmée par le motif latéral de la clef de voûte de l'oratoire où figurent, peintes et sculptées, les armes de Pierre de Montbrun, archevêque de 1272 à 1286. Divers documents qui parlent des années 1276 et 1279 pour l'achèvement de la chapelle, permettent donc de confirmer une datation autour de 1280 tant pour le faux-appareil que pour les peintures de l'oratoire.

    Conclusion
    La chapelle de la Madeleine du palais archiépiscopal de Narbonne présente donc un triple intérêt. Elle apparaît d'abord comme un véritable laboratoire : son architecture révèle un semi-échec et souligne les difficultés d'adaptation des techniques de construction septentrionales dans le Midi, peu avant l'ouverture du chantier de la cathédrale voisine. Elle est ensuite une des plus anciennes chapelles palatines conservées dans la région après la chapelle Notre-Dame du palais épiscopal d'Albi, et avant les chapelles du palais des rois de Majorque à Perpignan et la chapelle Saint-Michel au Palais de la Berbie à Albi. Enfin, les peintures de son petit oratoire, sont les plus anciennes peintures gothiques connues en Languedoc à ce jour. »

    Le Président remercie Henri Pradalier d’avoir su conserver la qualité de son exposé tout en le maintenant dans le temps imparti.
    L’abbé Rocacher a cru discerner un arbre à côté de la représentation de la Sainte-Chapelle que porte la figuration de l’Église, détail qui viendrait encore renforcer le thème de la victoire de l’Église sur la Synagogue. Henri Pradalier précise que bien que le décor soit effacé, il ne fait pas de doute que seule une maquette d’église a été représentée, avec sa haute flèche et qu'on ne peut voir ici une représentation de l'opposition entre l'Arbor Bona et l'Arbor Mala comme le suggère l'abbé Rocacher.
    Celui-ci voudrait encore savoir si la porte romane sur la cour est en place et, si tel est le cas, quelle était sa fonction. Après avoir indiqué qu’il a volontairement écarté dans sa communication la question des circulations, Henri Pradalier confirme que la


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porte se trouve à son emplacement d’origine, et fait l’hypothèse qu’elle correspondait à un escalier extérieur en bois ou en pierre. L’étude des circulations demanderait des vérifications pour dater précisément les portes conservées. Le plan de l’édifice et les circulations entre les corps de bâtiment pourraient permettre d'envisager l'existence d'une chapelle à deux niveaux mais il convient de rester prudent dans ce domaine en raison des bouleversements subis par les parties inférieures du bâtiment. Répondant à une nouvelle question de l’abbé Rocacher, Henri Pradalier précise qu’un lavabo et une armoire liturgique subsistent dans le mur oriental de la chapelle. L'autel était donc disposé sur ce mur droit.

   Jean Nayrolles souhaiterait des explications supplémentaires sur la fenêtre centrale, murée dès l’origine semble-t-il. Henri Pradalier dit ne pas connaître de fausse-fenêtre pour cette époque, et estime que sa fermeture a été motivée par la crainte d’une trop grande fragilité de l’élévation par ailleurs dépourvue de contreforts. Les meneaux des trois fenêtres qui, à l’intérieur, ne sont que partiellement taillés, témoignent de ce changement de parti.

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NARBONNE, PALAIS-VIEUX DES ARCHEVÊQUES,
chapelle de la Madeleine, flanc sud : entrée de l'Oratoire ;
fenêtre inachevée et modifiée. Cliché Henri Pradalier.

    En réponse à l’abbé Rocacher, Henri Pradalier montre que la chapelle était bien voûtée d’ogives, les traces laissées sur les murs ne pouvant correspondre à des arcs diaphragmes. Il ajoute que les plans dressés par Viollet-le-Duc signalent trois voûtes d'ogives. Quant à la salle supérieure aujourd’hui occupée par le musée, et dans laquelle pourraient être faites les vérifications nécessaires, son état actuel empêche toute observation des maçonneries : seul l’ancien conservateur, M. Viguier, pourrait peut-être donner des renseignements sur les traces éventuellement apparues à l’occasion de sa rénovation.

    Louis Peyrusse trouve séduisante l’hypothèse d’un modèle pris sur un édifice du gothique rayonnant d’Île-de-France dont la transposition se heurterait au manque de savoir-faire local, mais il s’étonne que l’on ait introduit à cet emplacement, sur l’extérieur de l’édifice, de grandes baies qui constituaient des points faibles dans l’architecture de la forteresse. Rappelant que les parties hautes du bâtiment avec leur crénelage sont dues à Viollet-le-Duc, Henri Pradalier précise que le Palais-Vieux n’était pas une forteresse et que c’est avec l’installation de la chapelle que le bâtiment où elle se trouve a pris l’allure d’une tour rectangulaire sans en avoir les caractères militaires.

    Christine Delaplace demande si des hypothèses ont été formulées à propos de la composition du groupe épiscopal paléochrétien et si l’un des édifices a éventuellement pu correspondre au baptistère. Henri Pradalier indique que les fouilles anciennes ont donné lieu à des interprétations peu convaincantes qui cherchaient surtout à retrouver dans les vestiges mis au jour des édifices romains comme Saint-Clément, voire une mosquée, et conclut que les recherches archéologiques comme l’analyse des textes devraient être entièrement reprises. Mais il convient avec Christine Delaplace que la mention, dans un texte de 1160, des trois églises de Saint-Quintin, Sainte-Madeleine et Sainte-Marie, très proches les unes des autres et localisées sur l'emplacement de certaines parties du palais ne peut qu'évoquer un groupe épiscopal.

    Maurice Scellès se demande s’il faut considérer comme postérieure à la peinture la voûte qui couvre l’arrivée de l’escalier en vis. Françoise Tollon remarque qu’en effet, la couche picturale vient au ras des culots, mais qu’il faudrait une observation sur place pour décider de ce qui peut éventuellement être dû à la restauration des années 1950. Elle remarque que certaines altérations caractéristiques des peintures vinyliques laissent en effet supposer des retouches importantes. Henri Pradalier s’interrogeant sur une éventuelle dérestauration, Françoise Tollon précise qu’une intervention serait nécessaire s’il s’avérait que la peinture s’est altérée depuis la restauration de 1953. Elle ajoute que la datation des architectures à partir des décors peints demande à être utilisée avec beaucoup de prudence, et que bien souvent ceux-ci ne sont réalisés que bien après l’achèvement de l’édifice. Un examen détaillé du support permet parfois d’apporter d’intéressantes précisions, en faisant par exemple apparaître des rebouchages de l’enduit au moment de l’application de la peinture. Henri Pradalier note que dans le cas de la chapelle du Palais-Vieux de


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Narbonne, le fait que les armes de Pierre de Montbrun soient à la fois sculptées et peintes ne permet pas de douter que les peintures sont contemporaines de l'architecture.

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NARBONNE, PALAIS-VIEUX DES ARCHEVÊQUES. Chapelle de la Madeleine, oratoire,
mur sud : l'Annonciation, détail. Cliché Henri Pradalier.

    Faisant remarquer que les petits moellons réguliers de certaines parties des élévations rappellent les appareils romains, l’abbé Baccrabère demande quelles sont les éventuelles traces de constructions antérieures à l’époque romane. Henri Pradalier rappelle que les maçonneries en petits moellons que l'on voit sur les faces occidentale et orientale de l'aile est du Palais-Vieux peuvent être préromanes puisqu'on a utilisé des moellons de ce type pendant le Haut Moyen-Âge et jusqu'au XIe siècle. La présence d'une ouverture de forme outrepassée sur le mur ouest de cette aile, semblable à celles que l'on peut voir à Saint-Michel de Cuxa, Sournia, Boada, etc. dans le dernier quart du Xe siècle, incite Henri Pradalier à dater les parties basses de cette aile de la même date. Mais on a pu, en effet, remployer des moellons antiques.

 

    Après avoir remercié tous les intervenants, le Président donne la parole à MM. Jean-Emmanuel Guilbaut, du Service Régional de l’Archéologie, et Louis Mouillac, de l’entreprise Alidade Ingénierie, qui présentent à la Compagnie les résultats du test d’étude géophysique réalisé jeudi dernier sur le site de la villa romaine de Chiragan à Martres-Tolosane.

    Jean-Emmanuel Guilbaut rappelle qu’il s’agissait de faire un premier état des lieux afin d’apprécier l’intérêt que pourrait présenter une étude géophysique complète du site. L’expérience a porté sur la parcelle où l’ensemble thermal de l’édifice romain a été mis au jour au XIXe siècle, parcelle sur laquelle apparaissent encore aujourd’hui le plus grand nombre de fragments de tuiles et autres matériaux de construction.
    M. Louis Mouillac expose les principes et les différentes méthodes de la géophysique, puis il commente le graphique obtenu sur une bande diagonale de terrain longue d’une cinquantaine de mètres. Les résultats de l’expérience sont suffisamment probants pour confirmer que le terrain conserve de fortes potentialités archéologiques. L’abbé Baccrabère demande si les données de la géophysique ne devraient pas être confrontées à une prospection aérienne. Jean-Emmanuel Guilbaut indique que l’étude géophysique du terrain, couplée à quelques sondages d’évaluation bien choisis, pourrait permettre d’avoir des résultats beaucoup


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plus précis que ce que l’on pourrait attendre dans le cas d’une prospection aérienne.
    Daniel Cazes confirme tout l’intérêt des résultats obtenus et d’une enquête systématique qui permettrait de recaler sur le terrain les plans des archéologues du XIXe siècle. Il rappelle en outre que le site de Chiragan a connu des campagnes de fouilles faisant appel à des méthodes très différentes, qui ont été selon les époques destructrices ou non. Le test de géophysique semble vérifier que les fouilles de Chambert et Vitry ont été en effet très respectueuses des vestiges en place, ce qui est en soi déjà très positif.
    Le Président remercie M. Jean-Emmanuel Guilbaut et M. Louis Mouillac.

 

    Le Secrétaire-adjoint lit la phrase ajoutée au procès-verbal de la séance du 3 février 1998, qui est acceptée par la Compagnie, puis il donne lecture du procès-verbal de la séance du 24 février, qui est adopté.

    Au titre des questions diverses, un membre montre quelques diapositives des travaux en cours au Musée Saint-Raymond. Une vue des fenêtres récemment restaurées sur la façade nord, sur la place Saint-Sernin, montre de bien bizarres culots tout neufs, à têtes joufflues, dont on aimerait connaître le modèle et qui sont particulièrement surprenants si l’on songe que l’on se trouve dans le cadre de la restauration d’un monument historique. Daniel Cazes indique qu’en effet ces culots ne correspondent ni à un motif connu pour le XVIe siècle, ni à ceux qui avaient été mis en place lors de la restauration de Viollet-le-Duc, mais que l’architecte en chef, M. Voinchet, et l’entreprise ont expliqué qu’il s’agissait de volumes capables laissés en attente de la restauration définitive de la façade : il s’agit donc d’une sculpture provisoire, les culots devant être alors retaillés avec leur décor définitif.

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TOULOUSE, MUSEE SAINT-RAYMOND, les " volumes capables " ornés de têtes sans style placés sur les fenêtres récemment restaurées de l’élévation sur la place.

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TOULOUSE, MUSEE SAINT-RAYMOND, la nouvelle porte de l’élévation est en cours de réalisation.

       Une autre photographie montre la nouvelle porte percée sur l’élévation est, pour répondre à la réglementation en matière de sécurité dans les édifices recevant du public. Daniel Cazes rappelle tout d’abord que le bâtiment de 1523 ne comprenait pas d’escalier intérieur, l’accès à l’étage se faisant par un escalier hors-œuvre. Le réaménagement du musée imposait une seconde porte de sortie que l’on a choisi de percer à l’emplacement d’une porte murée qui avait été aménagée au XIXe siècle, probablement par les militaires, dans le mur est donnant sur la chapelle aujourd’hui détruite. Cette porte avait pris la place de la grande cheminée du tinel, dont les vestiges ont été retrouvés sur l’élévation intérieure, tandis que son linteau était identifié parmi les collections du Musée des Augustins (cf. Daniel Cazes, « Travaux et découvertes au Musée Saint-Raymond », dans Le Jardin des Antiques, Bulletin des Amis du Musée Saint-Raymond, n° 22, juin 1997, p. 7-9). Maurice Scellès juge que la forme retenue pour la nouvelle porte réalise un bon compromis entre discrétion et lisibilité de l’intervention contemporaine. Le tracé et le matériau ne tranchent pas sur l’élévation et l’architecte a su éviter le pastiche trompeur. A propos du Musée Saint-Raymond est cependant posée la question du traitement des Monuments historiques destinés à accueillir du public, avec des contraintes qui aboutissent souvent à la négation de l’édifice. Jean Nayrolles et Henri Pradalier


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évoquent ainsi la tour de Constance à Aigues-Mortes, défigurée par un ascenseur. Le respect des édifices considérés comme des « Monuments historiques » ne devrait-il pas impliquer des règles dérogatoires à la législation courante ?
    Concernant la porte réalisée au Musée Saint-Raymond, le Président avoue avoir été inquiet pour finalement admettre au vu de la réalisation que l’intervention n’était pas si grave.

 

SÉANCE DU 17 MARS 1998

 Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire Général, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mmes Cazes, Pradalier-Schlumberger, MM. l’abbé Baccrabère, Cabau, Delpoux, Gilles, Hermet, le Père Montagnes, Péaud-Lenoël, Pradalier, l’abbé Rocacher, Roquebert, Vézian, membres titulaires ; Mmes Blanc-Rouquette, d’Ercole, Napoléone, Stutz, Tollon, MM. Bertrand, Burroni, Cranga, Ginesty, Pousthomis, membres correspondants.
Excusée : Mme Delaplace.

  

    Après avoir annoncé que le programme de la séance serait très chargé, le Président donne la parole au Secrétaire-adjoint pour la lecture du procès-verbal de la séance du 3 mars dernier, qui est adopté.
    Le Président signale alors à la Compagnie la grande exposition organisée au Grand Palais sous le titre : L’art au temps des rois maudits. Philippe le Bel et ses fils.

    Puis on entend les rapports sur les candidatures au titre de membre correspondant de Mlle Cécile Gloriès et de M. Olivier Testard, respectivement présentés par Nelly Pousthomis-Dalle et Maurice Scellès. On procède au vote : les deux postulants sont élus membres correspondants.

     Avant de donner la parole aux différents rapporteurs pour les concours, le Président rappelle que peuvent être décernés cette année le prix de Champreux doté de 3000 F. et le prix Ourgaud doté de 2000 F.

     Henri Pradalier présente son rapport sur le travail de Mme Valérie Yvonnet-Nouviale, La sculpture monumentale romane de Saint-Sernin de Toulouse et sa zone d'influence au nord des Pyrénées, thèse sous la direction de Mme Michèle Pradalier-Schlumberger, Université de Toulouse-Le Mirail, novembre 1997, 1 vol. texte 306 p., 2 vol. de planches :

     « La thèse nouveau régime de Mme Yvonnet-Nouviale, intitulée La sculpture monumentale romane de Saint-Sernin de Toulouse et sa zone d'influence au nord des Pyrénées, est l'aboutissement d'un travail entrepris il y a dix ans par une maîtrise sur La typologie des chapiteaux à feuillages des parties orientales de Saint-Sernin de Toulouse. Le texte de 306 pages est accompagné de deux tomes abondamment illustrés, le premier réservé à la totalité des chapiteaux de Saint-Sernin de Toulouse, le second aux sculptures des autres monuments étudiés. Les membres du jury de soutenance ont unanimement souligné la qualité de la présentation ainsi que l'aisance du style malgré l'aridité qu'aurait pu engendrer la description répétée des chapiteaux feuillagés.

    La thèse se divise en trois parties : la première traite de la sculpture de Saint-Sernin, la deuxième des édifices influencés par la sculpture de Saint-Sernin et la troisième des modalités de diffusion de l'influence de Saint-Sernin. Dans la première partie, nécessaire et utile résumé des travaux antérieurs (maîtrise et D.E.A.), j'ai apprécié tout particulièrement l'établissement par l'auteur d'une typologie précise et convaincante de la flore sculptée des chapiteaux qui constitue un travail de fond qui sera désormais incontournable, tous les chapiteaux ayant été photographiés, analysés et classés. La démonstration emporte l'adhésion en prouvant que le caractère fondamental de la sculpture de Saint-Sernin, à travers tous les artistes qui y ont travaillé, a consisté à faire coller, au plus près, le décor du chapiteau, quel qu'il soit, à la structure corinthienne de la corbeille. L'auteur y décèle à juste titre la marque propre au chantier de Saint-Sernin ce qui lui permet ensuite de retrouver sans erreur la trace de ces sculpteurs dans d'autres monuments.

    C'est l'objet de la deuxième partie, qui révèle les capacités de la candidate à reconnaître les artistes, à les individualiser, à les classer, à analyser les influences qu'ils ont subies. Cette partie très convaincante et difficilement discutable, révèle les qualités d'analyse de l'auteur qui est incontestablement un « œil ». L'auteur a de surcroît élargi son étude jusqu'à l'influence iconographique de Saint-Sernin, qui se révèle tout aussi importante que l'influence stylistique. Il apparaît en effet que la basilique toulousaine est à la base de deux grands courants iconographiques : celui issu de la Porte de Comtes, qui insiste sur les châtiments infernaux, celui issu de l'atelier de Bernard Gilduin qui met l'accent sur le Salut. Caractères stylistiques et iconographiques sont admirablement exploités pour suivre l'influence de Saint-Sernin dans une aire géographique assez vaste, de l'Albigeois et de la vallée de l'Ariège à l'est et au sud, jusqu'au bassin de l'Adour à l'ouest.

    La troisième partie est la plus porteuse de renouvellements potentiels, car elle s'attache aux modalités de diffusion de l'influence de Saint-Sernin, c'est-à-dire aux influences croisées. S'appuyant sur ses acquis, l'auteur y aborde avec bonheur et avec son œil infaillible le problème des rapports stylistiques entre Saint-Sever de l'Adour et Saint-Sernin, et entre Moissac et Saint-Sernin. Valérie Yvonnet-Nouviale montre comment, pour Moissac, Saint-Sernin a exercé une influence iconographique importante et une influence stylistique forte mais partielle ; comment, à Saint-Sever, l'influence saint-serninienne, parfois contrariée, parfois


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transmise par le biais d'une influence indirecte, s'est, de surcroît, heurtée à l'existence d'ateliers locaux. C'était une entreprise délicate qui a été brillamment réussie. Mais cette troisième partie va plus loin que la simple comparaison stylistique. Soulignant le caractère subjectif de la détection de points communs, se montrant très prudente sur la recherche des « mains » d'artistes, et s'interrogeant sur l'existence d'influences réciproques, Mme Yvonnet aborde la question de la notion d'influence en matière de sculpture romane qui semble relever davantage de la dynamique que de l'imitation. Il y a donc au sens propre une thèse.

    Les critiques sont minces. On peut regretter que l'auteur n'ait pas donné les plans de localisation des chapiteaux de Saint-Sernin, plans dressés autrefois par lui-même, et que, par un excès de prudence, l'énorme travail de débroussaillage qu'est le classement typologique des chapiteaux, n'ait pas débouché sur les conclusions chronologiques qui s'imposaient. »

  

    La parole est alors à Nelly Pousthomis-Dalle pour son rapport sur le mémoire de Mlle Valérie Baboulène, Saint-Hilaire d’Agen : ancienne église de l’ensemble conventuel des Cordeliers, mémoire de D.E.A. sous la direction de Mme Nelly Pousthomis-Dalle et de Mme Michèle Pradalier-Schlumberger, Université de Toulouse-Le Mirail, septembre 1997, 127 p. 

    « Le mémoire comprend un volume de 127 pages de texte et des illustrations. L'ensemble est bien présenté, on regrettera seulement le petit nombre d'illustrations par rapport à la masse de documents et de relevés collectés ou dressés par l'auteur. Le style - comme le contenu - est dense, la langue riche.

    L'étude porte sur le couvent des Cordeliers d'Agen dont seule subsiste l'église. Le mémoire débute par une partie historique qui éclaire notamment les origines du couvent, son implantation vers 1240 extra muros, puis son transfert, après quelques pérégrinations dans la ville, entre 1336-1338 et 1345, dans la paroisse Saint-Hilaire, intra muros. Les bâtiments conventuels, totalement démolis en 1840, ne sont connus que par des plans dressés en 1791 pour transformer le couvent en caserne. Ils font l'objet d'une analyse très fine et tout à fait remarquable, prenant en compte l'épaisseur des murs, les décrochements en plan et en niveau, les irrégularités, les types de baies (distribution, format, direction de l'ébrasement - compris comme un indicateur du fonctionnement des pièces et donc de leur caractère « public » ou « privé » -). Des informations sur l'élévation de ces bâtiments disparus sont même recherchées à partir de quelques textes et d'une représentation de la ville en 1648. Toutes ces observations aboutissent à une datation des différents bâtiments et de leurs niveaux ; leur organisation est ensuite confrontée à celle d'autres couvents de mendiants.

    L'étude de l'église constitue le corps essentiel du mémoire. Peu spectaculaire, très peu étudiée, elle est composée d'une nef unique, de chapelles latérales et d'un chevet pentagonal. Construite entre 1345 et 1363, elle est conçue avec une charpente apparente, à chevrons formant fermes, masquée par des voûtes d'ogives au XVIe siècle. Une partie de l'église, la moitié occidentale, accuse des caractères de modernité qui résultent d'une campagne de travaux au XVIIe siècle et des importantes réfections réalisées entre 1847 et 1867, qui durent affecter une partie de la charpente, probablement remontée. En effet, malgré l'imbroglio des maçonneries, l'auteur parvient, au terme d'une analyse stratigraphique minutieuse, objective et intelligente, à dégager deux grands ensembles dans la construction. La description très technique de la charpente témoigne d'une parfaite maîtrise du vocabulaire spécifique comme du fonctionnement structurel des pièces. La nature des bois, l'observation des assemblages, des marques et contremarques permettent de définir le sens du montage des fermes, de localiser les remaniements, et aboutissent à distinguer deux parties liées à la reprise déjà décelée dans les murs gouttereaux.
    Ainsi, l'étude est menée étape par étape, dans une démarche objective et progressive, dans un va-et-vient permanent entre textes, documents graphiques, observations archéologiques et éléments comparatifs. Malgré l'extrême précision et la technicité de la démonstration, souvent ardue mais incontournable, le lecteur est maintenu en haleine jusqu'aux vingt dernières pages qui, dans une brillante synthèse, le récompensent de sa persévérance.

    Dans cette étude, Valérie Baboulène se montre capable d'un vrai travail d'historien par le recours aux archives, d'archéologue par ses grandes qualités d'observation et de compréhension des faits archéologiques et prouve ses facultés d'adaptation par l'assimilation rapide et convaincante du vocabulaire et des techniques de la charpenterie. Elle confirme, dans ce travail exemplaire, ses capacités aussi bien d'analyse que de synthèse. Cette étude pourrait en outre utilement guider la restauration de la charpente, dont le mouvement menace l'unité structurelle de l'édifice. »

    Puis Pascal-François Bertrand donne lecture de son rapport sur le mémoire de M. Rémi Urtado, Les Smets, peintres à Auch au XVIIIe siècle, mémoire de maîtrise sous la direction de Pascal-François Bertrand, Université de Toulouse-Le Mirail, 1997, t. I texte, 2 + 76 p. t. II planches, non pag.

    « Cette étude monographique menée avec méthode nous permet de mieux connaître la carrière et l’œuvre respectifs de Jacob Smets et de son fils Jean-Baptiste, qui seraient tombés dans l'oubli le plus total s'il n'y avait pas eu quelques érudits gascons, principalement Calcat à la fin du siècle dernier et Polge au début des années 1960, pour signaler ici ou là quelques-unes de leurs productions. Il est vrai que leur art est loin du sublime et qu'il frise plus souvent le passable, voire même le médiocre. Mais ces deux peintres sont pratiquement les seuls à avoir travaillé à Auch où « ni la nature ni l'histoire, ainsi que l'a écrit Marcel Durliat, n'ont procuré au peuple gascon les moyens que requièrent la naissance et le développement d'un art original... ».


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    Jacob Smets (1680-1764) était originaire de Malines, dans le Brabant, où il se forma chez le peintre Jacques Smeyers (1657-1732). La Beaume de Suze, qui l'avait connu lorsqu'il était évêque de Saint-Omer, le fit venir à Auch, une fois élu sur le trône archiépiscopal de la capitale gasconne. Dès 1706, il était le peintre attitré de la ville, peignant chaque année le portrait des maires et des consuls ; malheureusement, il ne reste rien de cette activité, toutes les effigies municipales ayant été détruites à la Révolution. En 1708, il épousa la fille d'un notaire auscitain qui lui donna huit enfants, dont Jean-Baptiste, né en 1712, qu'il forma au métier de peintre. Jacob peignit également quelques tableaux religieux pour les églises du diocèse (ce qui constitue l'essentiel de son œuvre subsistant) et il produisit encore quelques natures mortes. Sa production est archaïsante ; elle doit beaucoup au XVIIe siècle flamand, à Rubens, dont il fit des copies.

    Cessant son activité vers 1750, il céda sa place à son fils, Jean-Baptiste (1712-1783), atteint de surdi-mutité, qui était surnommé le Muet ; c'était du moins ainsi qu'il signait ses tableaux, ajoutant parfois la mention « sourd-muet ». Il ne quitta jamais la ville et resta célibataire. Il produisit abondamment. Comme son père, il brossa principalement des tableaux religieux pour les églises de la région, s'inspirant de gravures des siècles précédents (Titien, Pierre de Cortone, Nicolas Bertin).

    L'étude de M. Rémi Urtado, qui donne un catalogue raisonné des peintures du père et de son fils (22 et 46 numéros), est également enrichissante pour la connaissance du « goût ordinaire » ou « commun » à Auch au XVIIIe siècle, où l'on ne connaît qu'un seul exemple de raffinement, en la personne de l'amateur éclairé de littérature, de peinture et de sculpture, de théâtre surtout, qu'était Anne-Marie d'Aignan, marquis d'Orbessan, président à mortier au parlement de Toulouse qui abandonna sa charge en 1749 pour s'installer et vivre au cœur de la Gascogne, entouré de ses collections de peinture et de sculpture rapportées d'Italie, de Paris et de Toulouse. Ce travail doit être publié par la Société historique, archéologique, littéraire et scientifique du Gers. »

    Le Président propose de se prononcer dans un premier temps sur l’attribution du prix de Champreux à Mme Yvonnet-Nouviale, proposition qui est acceptée par la Compagnie.
    Après discussion, il est décidé d’attribuer le prix Ourgaud, doté de 2000 F. et accompagné d’une médaille d’argent, à Mlle Baboulène et de décerner le prix spécial de la Société archéologique, accompagné d’une médaille d’argent, à M. Urtado.

  

La parole est alors à Patrice Cabau pour la communication sur Les données historiques relatives à la reconstruction de Saint-Sernin de Toulouse (fin XIe -déb. XIIe siècle), publiée dans ce volume (t. LVIII, 1998) de nos Mémoires.

      Le Président remercie Patrice Cabau en remarquant que sa critique systématique des textes aboutit à un doute particulièrement dévastateur. Quitterie Cazes renchérit en constatant qu’il ne reste plus rien des repères qui fondaient la chronologie des travaux de Saint-Sernin.

    À la suite d’une observation de Mme Blanc-Rouquette, Patrice Cabau confirme que Raymond, évêque de Barbastro en Espagne de 1104 à sa mort en 1126, a souvent été confondu avec Raymond Gérard.

    Henri Pradalier se déclare très heureux de cette communication qui, en faisant sauter les principaux verrous de la chronologie du grand chantier toulousain, rend désormais possible d’établir une chronologie haute, ce qui permettra de résoudre le difficile hiatus de vingt années qu’il y avait avec Conques. C’est donc aussi la période d’activité de Gilduin qui doit être réexaminée. Henri Pradalier dit qu’il avait été amené à penser que la table d’autel avait probablement été sculptée bien avant sa consécration, et que Gilduin était intervenu dès le début du chantier de Saint-Sernin. Il se souvient d’en avoir discuté avec Daniel Cazes qui était d’accord pour constater que certaines formes attribuées soit au maître de la Porte des Comtes, soit à Bernard Gilduin, étaient suffisamment proches du point de vue stylistique pour qu’on puisse imaginer des influences réciproques.

    Le Président demande si cette déconstruction de toute la tradition documentaire facilite l’analyse des campagnes de travaux. Henri Pradalier répond qu’elle a surtout le mérite de permettre un réexamen de la chronologie du chantier. A l’analyse des matériaux et des techniques de construction de tradition carolingienne, il faudra ajouter une nouvelle étude des techniques de la taille de la pierre au XIe siècle.

     Patrice Cabau précise que Raymond Gérard n’a pas été prévôt de Saint-Sernin et qu’il n’a pas fondé l’hôpital qui a ensuite porté son nom. Il ajoute qu’il est le seul chanoine à apparaître, dans un document datable des années 1088-1105, avec le titre de capisco. Patrice Cabau rappelle à ce propos que les autres personnages dits « capiscol » appartiennent en fait à une famille dont c’est le nom, comme l’a bien montré M. Gilles à propos de Saint-Etienne.

     Henri Pradalier et Nelly Pousthomis-Dalle évoquent les chantiers de Lézat, Moissac et Conques avec lesquels des rapprochements peuvent être établis. Patrice Cabau rappellent que deux chartes du cartulaire de Lézat, datables entre 1035 et 1068, mentionnent à la fois un projet de remaniement de l’abbatiale Saint-Pierre et la construction d’une église dédiée à saint Antoine.
     Quitterie Cazes, Patrice Cabau et Henri Pradalier sont d’accord pour considérer qu’il est possible de dissocier la réforme du chapitre et le début des travaux. M. Gilles rappelle en outre que tous les textes canoniques de la réforme " grégorienne " ont été pris par les prédécesseurs de Grégoire VII.


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SÉANCE PUBLIQUE DU 28 MARS 1998

Elle se tient dans la grande salle de l’Hôtel d’Assézat.

 Allocution du Président

 Mesdames, Messieurs, mes chers confrères,

     En vous accueillant pour cette séance publique, la Société Archéologique du Midi de la France dans la cent soixante septième année de son âge parle par la voix d’un nouveau président, Henri Pradalier, mon prédécesseur, ayant choisi de s’écarter momentanément de nos travaux pour faire aboutir un projet de recherche qui lui tient à cœur. Contre toute attente, je ne ferai pas son éloge car il viendra à temps compté reprendre sa place parmi nous ; je lui adresserai en revanche mon très amical salut pour le remercier de son extrême dévouement à la cause de notre Société lors du nouveau partage de l’Hôtel d’Assézat et de la forte impulsion donnée à nos activités sous sa présidence, ce dont témoigne de façon évidente la mutation de nos Mémoires.

    Une séance publique, au rituel immuable et compassé, semble vouée à l’autocélébration… Et comment ne pas dire devant vous que nous avons bien travaillé ? Seize longues séances de travail dans l’année académique avec des communications suivies de discussions parfois passionnées et de forums d’informations : en rendent compte le Bulletin et les Mémoires. Le tome 47 (1997), auquel Maurice Scellès a donné tous ses soins, offre treize articles et de copieux procès-verbaux : 260 pages auxquelles s’ajoutent – c’est une première permise par le mécénat du C.N.E.S. – quatre pages de planches en couleur. Vous me pardonnerez peut-être de ne pas me livrer à l’exercice si subtilement académique de la résumption des travaux : ceux-ci sont publiés et disponibles, accessibles même sur Internet.

    Liturgie, litanie, léthargie… Comment échapper à ce piège ? Nous souffrons encore aujourd’hui d’un discrédit qui assimile caricaturalement notre compagnie – et tant d’autres ! – au repaire de doux maniaques se livrant à des activités certes non répréhensibles mais à faible portée pour l’histoire, l’archéologie et l’histoire de l’art. Le miroir déformant de la littérature nous a laissés dans l’opinion commune tordus, noués, stigmatisés du fol entêtement de Bouvard et Pécuchet archéologues et par les autres silhouettes suggestives qui traversent la littérature du XIXe siècle, de Balzac à Anatole France en passant par le Jérôme Paturot de Louis Reybaud, Labiche et l’implacable Duranty d’Au pays des arts. A lire les nouvelles – peu connues mais révélatrices – la statue de M. de Montceaux et Bric à Brac, les académies avec leurs discours intempérants et leurs collections apparaissent bien comme « la puérilité de vieillards séniles » pour reprendre le mot terrible de Victor Hugo.

    Faut-il dire combien nous nous en sentons éloignés ? Lorsque nos prédécesseurs fondèrent la Société en 1831, ils le firent sur un programme dont l’ampleur surprend – même à l’époque où sous l’impulsion de Guizot se mettent en place à Paris les institutions de mémoire – : ils entreprennent en même temps des études, des fouilles, des achats pour le Musée et la Société ; ils offrent aux autorités locales un office d’étude et de conseil – rôle qui leur est très vite refusé sur les injonctions du pouvoir central. Si l’on veut bien transposer aujourd’hui, c’est l’équivalent d’un centre régional de recherche scientifique, d’un service d’archéologie, de commissions d’achat et de commissions de réflexion et d’aménagement… Et le programme fut tenu ! Seize gros volumes de Mémoires jusqu’à la guerre de 1914, un Bulletin édité à partir de 1865, l’ouverture à d’autres champs de la connaissance comme l’archéologie préhistorique (avec Émile Cartailhac), une émulation entre chercheurs entretenue par des concours toujours ouverts et des succès insolents dans l’enrichissement du patrimoine public des musées : produits des fouilles menées à Martres-Tolosane et à Saint-Bertrand-de-Comminges, nombreux achats dont la série des portraits impériaux de Béziers et ce jusqu’en 1893, année où la Société archéologique cède ce qui subsistait de ses collections à la Ville de Toulouse.

    Nous sommes plus pauvres aujourd’hui. Nous avons perdu, faute de moyens pour les entretenir, champs de fouilles et musée de Saint-Bertrand ; mais nous suivons avec attention le mince patrimoine archéologique que nous conservons à Martres-Tolosane pour le sauvegarder et que, le jour venu, les études puissent reprendre dans les conditions optimales. Sans doute, nous ne pouvons continuer le mécénat magnifique du XIXe siècle sur le même pied. Rappelons que nous continuons à donner. Deux exemples : l’exceptionnelle collection de boucles mérovingiennes de Barrière-Flavy, entrée au Musée Saint-Raymond après la mort de l’archéologue en 1920 par l’intermédiaire de la Société. Nous nous sommes dessaisis en 1966 et 1967 de nos dessins, estampes et photographies anciennes pour constituer le fonds iconographique régional du Cabinet des estampes du Musée Paul-Dupuy. Si aucun de nos membres n’est aujourd’hui propriétaire, rentier, amateur, collectionneur d’antiques, chacun travaille de façon plus scientifique à l’inventaire du patrimoine : documentation, analyse, publication qui aboutissent souvent à des protections. Et comme notre liberté est entière, nous exerçons une vigilance critique vis-à-vis de la sauvegarde du patrimoine et de sa présentation au public.

    On nous dira que c’est là un travail bien inutile tant les services officiels sont efficaces. Certes ils le sont. Mais les tentations sont si nombreuses d’échapper à la loi ! Est-il normal de devoir rappeler aujourd’hui, en mars 1998, qu’on ne saurait construire sur l’emplacement d’un cloître cistercien d’Ariège, que la démolition de voûtes d’ogives – protégées – d’un magasin du centre de Toulouse n’a pas connu de suite, que la présentation d’un mur antique de l’enceinte toulousaine ne respecte ni les engagements pris antérieurement, ni la simple logique ? Nous le faisons. Cela déplaît au nom d’un unanimisme patrimonial exigé. Il nous faut


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continuer à déplaire. La Société archéologique, tout comme l’école de la République, se doit de rappeler les principes, les obligations face aux faux-semblants de l’opinion, la tentation de l’accommodement avec le siècle ou les normes des marchés. Nous nous devons de rester le parti de l’idéal.

    Reconnue d’utilité publique, la Société reste fidèle à sa vocation d’association au service du public. Notre bibliothèque est ouverte aux chercheurs et fonctionne bien : ses collections de périodiques s’accroissent grâce à la vigilance de Christine Delaplace ; son informatisation avance : 1500 notices ont été saisies grâce au travail de Louis Latour et de Véronique Roques. Le classement des vieilles plaques photographiques va commencer pour être dans un délai raisonnable disponible sur Internet. Il servira à un chantier dont l’utilité est éclatante pour les chercheurs comme pour les amoureux du passé : une iconographie historique des monuments méridionaux à laquelle nous apporterons notre contribution. A côté de moyens traditionnels, nous étudions de nouveaux moyens de travail et de diffusion. Dans nos projets figurent des conférences qui permettraient de faire connaître les résultats de recherches régionales de jeunes chercheurs. Avec l’aide de l’Association des Amis de l’Hôtel d’Assézat, nous espérons faire paraître un volume – une somme scientifique – sur l’hôtel et son histoire jusqu’en 1895. Nous étudions la possibilité d’éditer un volume sur le patrimoine de la Haute-Garonne. Dans ce domaine, la Société se réjouit des publications prochaines des études de Quitterie Cazes sur la cathédrale romane de Toulouse grâce au Centre d’études médiévales du Languedoc (la souscription est encore ouverte au prix d’un roman historique !) et de celle de Michèle Pradalier-Schlumberger, que nous allons écouter tout à l’heure, sur la sculpture gothique en Languedoc aux XIIIe et XIVe siècle, un beau volume que les Presses Universitaires du Mirail nous promettent à l’automne.

    Ce sont là de vieux systèmes de communication à côté de la mutation essentielle que nous fait vivre Maurice Scellès : la Société partage avec l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-lettres un site sur Internet : www.pyrenet.fr/savants. Nous sommes sans doute la première société savante à mettre à disposition des internautes nos ressources : tables, articles, rubrique d’actualité (où les procès-verbaux de nos séances sont basculés chaque quinzaine). Nous participons à la toile des sites archéologiques (avec des liens sur l’américain Archnet, le français Arisitum…) et nous allons prochainement ouvrir un groupe de travail sur la maison médiévale, fin avril. Il ne s’agira pas d’un forum de discussion mais d’un travail collectif mettant à disposition des bases documentaires : bibliographie complète, glossaires occitan et latin, conseils pour les plans et les représentations graphiques, articles français et étrangers en traduction avec un fonds iconographique inédit. Vous avez reconnu dans ce projet de recherche digne du C.N.R.S. le « génie » de Maurice Scellès. Le programme de ces groupes de recherches est ouvert : j’espère pouvoir l’étendre aux arts industriels du XIXe siècle, les terres cuites des Virebent avec l’aide du Musée Paul-Dupuy qui conserve un catalogue essentiel.

    Nous voici donc bien loin du marquis de Castellane, des premiers et tapageurs Congrès méridionaux. Vous aurez compris que la Société sans renier son passé, sans renoncer à la sociabilité qui fait se côtoyer des gens très divers, s’apprête à entrer dans le XXIe siècle avec l’élan qui fut celui de ses fondateurs, une manière de redire autrement la devise qu’ils avaient choisie : Gloriae majorum !

     Avant de passer la parole à Jean Nayrolles, chargé de résumer les rapports sur les concours, je dois excuser l’absence de MM. Louis Latour, Bibliothécaire-archiviste, Maurice Scellès, Secrétaire-adjoint, de Mme Jacqueline Labrousse et de M. Bruno Tollon, et parmi les invités, celle de M. Charles Schaettel, conseiller pour les musées à la Direction régionale des Affaires culturelles.

     Je vous remercie.

  

    Rapport sur le concours présenté par M. Jean Nayrolles : le prix de Champreux est remis à Mme Valérie Yvonnet-Nouviale. Mlle Valérie Baboulène et M. Rémi Urtado, tous deux empêchés, recevront respectivement le prix Ourgaud et le prix spécial de la Société Archéologique du Midi de la France.

    Conférence de Mme Michèle Pradalier-Schlumberger, membre de la Société : Le maître de Rieux et la sculpture en Languedoc au XIVe siècle.

  

SÉANCE DU 31 MARS 1998

Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mme Cazes, MM. l’abbé Baccrabère, Cabau, le général Delpoux, Gilles, Hermet, Julien, le Père Montagnes, Pradalier, Prin, l’abbé Rocacher, Roquebert, membres titulaires ; Mmes Aribaud, Blanc-Rouquette, Delaplace, Napoléone, Pujalte, M. Testard, membres correspondants.
Excusés : MM. Cazes, Secrétaire Général, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Mme Pradalier-Schlumberger, MM. Burroni, Gillis, Tollon.


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    Le Secrétaire-adjoint ayant annoncé qu’il n’avait pas achevé la rédaction du procès-verbal de la séance du 17 mars, le Directeur rend compte de la correspondance imprimée : est en particulier signalée la Table ronde franco-anglaise sur l’architecture civile des XIIe-XIIIe siècles qui se tiendra à Rouen les 16 et 17 octobre prochains. Le Président espère que notre Société y sera représentée.

     Le Président informe la Compagnie d’une demande adressée à notre Société par Mme Simone Caudron, chercheur au Corpus des émaux méridionaux, qui est à la recherche d’un article d’Edward Barry : Souvenirs d’un collectionneur de province, qui reste introuvable.

    Nous avons encore reçu de notre confrère Michel Roquebert, avant même sa mise en place en librairie, un exemplaire dédicacé du cinquième et dernier volume de L’épopée cathare : Les Cathares. De la charte de Montségur aux derniers bûchers (1244-1329), Librairie académique Perrin, 1998, 578 p.
    Le Président salue l’entreprise qui se termine, après avoir occupé son auteur pendant plus de trente ans, depuis les premiers feuillets parus dans La Dépêche du Midi, auxquels avait succédé le premier volume publié en 1970. Rien, si ce n’est la curiosité dans son sens le plus noble, ne prédisposait le journaliste brillant à devenir le chroniqueur de cette étonnante aventure et, malgré lui, un acteur essentiel du légendaire méridional. Michel Roquebert a su échapper aux pièges dans lesquels d’autres s’étaient enfermés en se forgeant une compétence, en consultant les historiens… C’est là une belle aventure du vouloir. Le Président remercie Michel Roquebert pour ce beau volume.

     Puis le Président fait un bref compte rendu de la séance publique, en constatant tout d’abord que l’assemblée n’était pas très nombreuse. Il propose de modifier la date et l’heure de la séance publique annuelle, en la plaçant en soirée un jour de semaine et en l’avançant progressivement vers le début de l’année académique : elle se tiendrait donc en janvier dès 1999, puis en novembre. Le Président pense que l’on ne peut faire l’économie de ce genre de questions dont il sera débattu au cours d’une prochaine séance dont l’ordre du jour comportera d’une façon plus générale une discussion sur les modifications à apporter au règlement intérieur, dont la mouture actuelle date de 1891.

 

    Le Président se félicite de la présence de Pascal Julien, qui est aujourd’hui parmi nous alors que sa récente nomination à Aix-en-Provence le tient désormais éloigné de Toulouse et de nos séances, et il lui donne la parole pour la communication du jour.
    Après avoir expliqué qu’il a été obligé de renoncer à la communication initialement prévue et annoncée par la convocation, sur les travaux aux Jacobins de Toulouse au XVIIe siècle, Pascal Julien entretient la Compagnie de Grandselve au XVIIe siècle.  

    Le Président remercie Pascal Julien pour sa communication et, avant de céder la parole pour les questions, souhaite la bienvenue à Olivier Testard, nouvellement élu membre correspondant et qui rejoint notre Compagnie pour la première fois.

    Christine Aribaud voudrait avoir des précisions sur l’éventuelle polychromie de ces ensembles sculptés, et en particulier sur les faux-marbres. Pascal Julien indique que certains fragments semblent porter un apprêt pour des faux-marbres mais que les autres ne montrent aucune trace de polychromie.
    À la suite d’une observation du général Delpoux, une brève discussion s’engage sur les définitions respectives des stucs et des gypseries, les intervenants regrettant l’absence de Gabriel Burroni dont l’avis serait évidemment important. La restauration prévue du retable de Larrazet devrait en tout cas permettre une étude technique montrant si le décor a été réalisé à la cuillère ou rapporté.

    Se fondant sur l’article de Bruno Tollon et Henri Ginesty, le Président note que plus que le talent du sculpteur, ce sont ses sources qui paraissent intéressantes, et il demande s’il est possible de les connaître pour Grandselve. Pascal Julien, après avoir précisé que ce serait là un autre sujet que celui qu’il se proposait de traiter aujourd’hui, indique que la seule source immédiatement identifiable, parce que très proche, pourrait être pour le thème de l’Assomption le retable de Grenade. La recherche des gravures qui ont pu servir de sources au sculpteur reste à faire, et elle serait sans doute surtout intéressante pour Larrazet.
    En réponse à une question du Président sur Beaumont de Lomagne, Pascal Julien dit que le retable reste mal connu.

    Maurice Scellès se dit peu convaincu par les rapprochements stylistiques proposés et s’étonne de ce qui pourrait apparaître comme une différence d’approche des œuvres entre médiévistes et modernistes. Pascal Julien souligne quelques traits caractéristiques de la sculpture de Bor, en insistant sur le fait que certains rapprochements sont surtout d’éventuelles pistes de recherche, et rappelle que l’on a affaire à une famille de sculpteurs.

    À propos des chandeliers de plâtre, Pascal Julien précise que le texte indique seulement que le fondeur devra prendre son modèle à Grandselve, sans signifier pour cela qu’ils aient directement servi à la fabrication des moules.

    Répondant à une question de l’abbé Baccrabère, Pascal Julien rappelle que l’abbaye de Grandselve échappait aux visites pastorales, qui pourraient sans doute être consultées pour Larrazet bien que d’une façon générale, elles n’apportent guère de précisions sur le mobilier des églises.

 

SÉANCE DU 21 AVRIL 1998 

Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur, Latour, Bibliothécaire-Archiviste, membres du bureau, MM. Prin, Roquebert, Tollon, Pradalier, Mme Cazes, M. Nayrolles, membres titulaires, Mmes et Mlles Blanc-Rouquette, Pujalte, Jimenez, Stutz et F. Tollon, M. O. Testard, membres correspondants.


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Excusés : MM. Cazes et Scellès, le père Montagne, Mmes Pradalier-Schlumberger et Delaplace.

 

     La séance est ouverte à dix-sept heures. Le Président informe l'assemblée du décès de Mme Manière. Il a adressé une lettre de condoléances à M. Manière au nom de la Société. Il donne ensuite lecture de la réponse adressée par M. Baudis à l'intervention de la Société Archéologique du Midi de la France en faveur de la mise en vente au guichet des Jacobins du livre de MM. Prin et Rocacher. Il apparaît qu'après que le maire a écrit à deux reprises à l'éditeur afin de mettre au point les quelques corrections qui s'imposaient, celui-ci n'a pas donné suite. L'affaire est close. M. Pradalier demande aux membres qui sollicitent l'intervention officielle de la Société Archéologique de ne le faire qu'à bon escient et à partir de dossiers solides.

    Le Président donne ensuite lecture du double d'une lettre que Mme Cohen (cohen31@club-internet.fr) a adressée au Service Régional de l'Archéologie et à la gendarmerie à propos de la fouille clandestine du site de Pestilhac, commune de Montcabrier (Lot) :

«              Saint-Jean le 30 mars 1998

     Monsieur le Directeur régional des Affaires Culturelles,

    J'ai le regret de vous faire part de fouilles clandestines et de destruction de monument sur un site archéologique de la commune de Montcabrier (canton de Puy-l'Evêque, Lot), le castrum de Pestilhac.
    Il est inscrit à l'Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques par arrêté du 16 février 1926.
    Le castrum de Pestilhac a fait l'objet de plusieurs publications consacrées à ses chapelles castrales jumelées ainsi qu'à l'histoire de ses seigneurs par Messieurs L. d'A
LAUZIER, J. LARTIGAUT, G. SÉRAPHIN.
    Ce castrum implanté sur un éperon rocheux est composé de deux églises accolées en son point culminant, de trois tours à angles arrondis, et de diverses structures murales apparentes.
    C'est un site très important par son originalité. En effet, les constructions à angles arrondis sont toutes associées à des castra anciens, elles sont concentrées dans une zone très localisée de la vallée du Lot.
    Dimanche 29 mars 1998, me promenant sur le site de Pestilhac, j'ai pu constater divers dégâts sur le lieu.
    Des moellons ont été arrachés sur la première église, des chapiteaux romans ont disparu, des dégâts ont été faits sur la totalité de l'édifice.
    De la fouille clandestine a aussi été effectuée, un trou se trouve à côté de l'entrée de l'édifice. J'ai aussi constaté que dans l'abside de la grande chapelle la terre a été fraîchement remuée.
    Ce site est pillé depuis longtemps, il a subi diverses dégradations, ce qui est fortement regrettable.
    Je sais qu'une plainte a déjà été déposée par le S.R.A de Midi-Pyrénées auprès de la Gendarmerie de Puy-l'Evêque concernant des fouilles clandestines antérieures, mais je tiens tout particulièrement à attirer votre attention sur le fait que non seulement il s'agit de fouilles clandestines mais en plus du pillage du monument.

    En espérant que les mesures nécessaires à la protection et à la sauvegarde de ce site pourront être prises très rapidement, veuillez agréer, M. le Directeur régional des Affaires Culturelles, l'expression de mes respectueuses salutations.

 Anne-Lise COHEN.

     Copie de cette lettre sera envoyée au S.R.A. Midi-Pyrénées, à la Gendarmerie de Puy-l'Evêque, au service des Monuments Historiques, à la Société Archéologique du Midi de la France, à l'Agence des Bâtiments de France à Cahors pour information. »

   

    En l'absence du Secrétaire-adjoint, le Président donne lecture des procès-verbaux des séances des 17 et 31 mars 1998. Ils sont approuvés après quelques légères modifications. Le Directeur donne lecture de la correspondance imprimée.

    La parole est ensuite à M. Jean Nayrolles pour sa communication sur l'église Saint-Paul de Nîmes, publiée dans ce volume (t. LVIII, 1998) de nos Mémoires.

    Le Président remercie M. Nayrolles pour sa communication et se dit étonné d'entendre que l'église de Nîmes n'est pas de style néoroman. J. Nayrolles pense avoir été mal compris. Il rappelle que c'est du projet de Questel qu'il parlait lorsqu'il a dit que l'église Saint-Paul n'était pas néoromane. La réalisation, par contre, l'est devenue, sans doute par la connaissance des monuments romans du Midi dont Questel est un des restaurateurs, notamment à Saint-Paul-Trois-Châteaux et à Saint-Gilles du Gard.

    M. Roquebert s'étonne du manque d'imagination de Questel quand on compare son œuvre aux églises contemporaines comme par exemple Saint-Lambert de Vaugirard. L'assistance en convient mais M. Peyrusse rappelle que l'église Saint-Paul est encore un prototype. M. Nayrolles précise que l'architecture religieuse française a pris à partir de 1840 une pente archéologique qui lui est très dommageable. On ne retrouve pas cette tendance dans les pays voisins. Il rappelle que c'est sous l'influence de ce que l'on a appelé « l'école diocésaine », influencée par Viollet-le-Duc, que cette orientation a été prise. En réalité, Questel a été obligé de modifier son projet en fonction des directives qui lui ont été adressées par le Conseil des Bâtiments Civils, qui, curieusement, était, à l'époque, le gardien du temple du néoclassicisme et a, par ses recommandations, accentué le caractère néoroman de l'église Saint-Paul.


M.S.A.M.F., T. LVIII, page 283

    Le Président demande si la construction ne s'est pas faite dans un contexte politique bien particulier du fait que la ville de Nîmes était dirigée par un maire protestant. Jean Nayrolles estime que les discussions autour de la construction de l'église ont été moins polémiques que celles qui avaient cours habituellement à Nîmes entre catholiques et protestants.

    M. Tollon s'interroge sur le rayonnement qu'a pu avoir sur la construction des églises de la région, l'église Saint-Paul. Jean Nayrolles estime qu'il est difficile de trouver un rapport entre les édifices locaux et cette église en raison du changement d'échelle. Saint-Paul est une grande église ; ce n'est pas le cas des églises des petites communes rurales. Cependant, d'une manière générale, on constate que la plupart des églises de la région ont été construites en style néoroman et le style de l'église Saint-Paul de Nîmes n'y est sans doute pas étranger.

    Le Président remercie tous les intervenants et aborde le second point de l'ordre du jour : la modification des statuts et du règlement intérieur. Il avoue avoir mis le doigt dans un engrenage dévorant, tant la situation paraît compliquée. Après avoir donné lecture de l'article 21 des statuts originels qui dit : « Il ne pourra être fait aucun changement à ces statuts », il constate qu'ils ont été pourtant modifiés en 1891. Il y a donc un précédent, qui ouvre une brèche, et nous permet d'envisager plus sereinement une nouvelle modification. Celle de 1891 a porté sur le sort des avoirs de la société en cas de dissolution, anticipant en cela sur la loi de 1901. Elle a créé aussi la section des membres libres.

    Puis une longue discussion s'engage sur les modifications éventuelles à apporter au règlement intérieur. Comme elle se poursuit malgré l'heure tardive, le Président constate qu'il sera impossible de discuter tous les articles du Règlement Intérieur. Il demande aux membres présents de se pencher sur les photocopies qu'il a distribuées afin qu'ils réfléchissent aux modifications à apporter, et estime qu'une réunion de bureau devra procéder à un premier dégrossissage de la question avant de la soumettre à nouveau aux membres de la Société lors d'une séance qui pourrait être exclusivement réservée à ce problème.

    On aborde alors les questions diverses. On fait circuler des photocopies du projet de construction du bâtiment de la Direction de la Réglementation et des Libertés Publiques en face du Rectorat. Le projet, qui s'apparente à une station service des années 60, choque la plupart des membres mais il est décidé que ce n'est pas le rôle de la Société Archéologique de porter un jugement esthétique sur une construction moderne. Des craintes s'expriment sur les modifications que subira le quartier à l'avenir si on laisse s'élever cette construction.

    Le Président a reçu de M. Mirguet un dossier très documenté à propos d'un projet de construction de chalets, élaboré par la mairie de Rimont, sur l'emplacement du cloître de l'abbaye de Combelongue. Tous les avis favorables ont été donnés, y compris par la commission des sites. Cette situation plonge les membres de la société dans la consternation, d'autant que le Conservateur Régional des Monuments Historiques, qui était intervenu de façon très nette contre le projet, n'a pas été écouté. Il est décidé d'envoyer une lettre de protestation au député de la circonscription, au président du conseil général et au préfet de l'Ariège, avec copie à M. Mirguet, le propriétaire, et à M. Allemant, le Conservateur Régional des Monuments Historiques. Si le permis de construire est accordé, le propriétaire aura alors la possibilité d'attaquer la décision devant le tribunal administratif.

    Le Président fait le compte rendu des réunions des deux conseils d'administration de l'Union des Académies et des Amis de l'Hôtel d'Assézat auxquels il a assisté. Tout le monde a été ravi des résultats du concert du 12 avril dernier et se prépare à organiser la fête du 25 mai. À la surprise générale, on a constaté, à l'occasion du concert du 12 avril, que l'acoustique de la salle des conférences du rez-de-chaussée était remarquable. Pour la fête du 25 mai, il faudra que plusieurs membres de la Société Archéologique soient présents pour surveiller et présenter les locaux. Maurice Scellès fera une démonstration sur le site Internet de la Société. La préparation du congrès de la Conférence Nationale des Académies de France se poursuit.
    Le calendrier des travaux de réfection de la salle des séances publiques, des salles de l'Hôtel d'Assézat appartenant à l'Académie des Jeux Floraux et à l'Académie des Sciences, apparaît comme relativement tendu. Il semble qu'il ne sera pas possible d'installer un barco au plafond de la grande salle pour des projections sophistiquées. Les travaux devraient avoir lieu de décembre 1998 à juin 1999.
    Le Président souligne l'importance de l'Association des Amis de l'Hôtel d'Assézat.

    Jean Nayrolles s'interroge sur le parvis disgracieux qui a été construit à Saint-Pierre-des-Cuisines. Quitterie Cazes répond qu'on a retourné une porte monumentale qui débouchait sur les toilettes du café voisin pour la tourner vers la rue. S'il est vrai que l'opération n'est pas une réussite, ce n'est pas pire qu'avant.

    M. Pradalier demande si quelqu'un possède des informations sur l'ouverture des sarcophages de l'Hôtel Saint-Jean qui a eu lieu hier. La réponse est négative. Il apparaît donc que parmi les « 200 savants et spécialistes » qui, selon La Dépêche du Midi, ont été triés sur le volet, les organisateurs n'en ont pas trouvé un seul à la Société Archéologique, ce qui est pour le moins curieux. On remarque également qu'aucun des spécialistes d'art médiéval de l'Université n'a été invité. Un membre précise qu'il n'y a rien à regretter et ajoute qu'il aurait refusé d'aller à cette mascarade médiatique et ridicule qui consiste à annoncer à son de trompe l'ouverture d'un tombeau devant un prétendu comité restreint soigneusement sélectionné après avoir fait un battage médiatique falsifié pendant deux mois. En réalité, certains membres font remarquer que toute cette affaire a été montée en épingle pour des raisons étrangères à la recherche historique. Un stupide « suspense » médiatique a été soigneusement entretenu sur la présence ou non de Raymond VI dans un des tombeaux en question.


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    Revenant au contenu des sarcophages, M. Pradalier a entendu dire par l'un des « deux cents savants » choisi pour assister à l'opération, qu'on avait trouvé trois corps dans le sarcophage au gisant, une boucle, des traces de tissus et de branchages. Dans l'autre sarcophage, il y a des restes de squelette. Les squelettes seraient en bon état de conservation.
    Tout le monde espère que le rideau étant tombé sur la comédie de l'ouverture des sarcophages, les spécialistes, les vrais, vont pouvoir enfin travailler sur les éléments découverts dans les sarcophages. On semble assuré que de ce côté-là les choses se feront avec tout le sérieux nécessaire, dans le calme fructueux des laboratoires.

 

SÉANCE DU 5 MAI 1998

Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur, Cazes, Secrétaire Général, Scellès, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-archiviste ; Mme Cazes, MM. Cabau, le Père Montagnes, Nayrolles, Péaud-Lenoël, Pradalier, membres titulaires ; Mmes Blanc-Rouquette, Delaplace, Fraïsse, Jiménez, Pujalte, Stutz, MM. Burroni, Cranga, Gillis, Mange, Manuel, Testard, membres correspondants.
Excusés : M. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Mmes Labrousse, Napoléone, MM. le général Delpoux, Manière, Tollon.

  

    Henri Pradalier donne lecture du procès-verbal de la séance du 21 avril dernier, qui est adopté.

    Le Président rend compte de la correspondance manuscrite : nous avons reçu une lettre de remerciement de notre confrère M. Manière auquel notre Président avait adressé les condoléances de la Société ; Mme Yvonnet-Nouviale présente sa candidature au titre de membre correspondant. Henri Pradalier accepte d’en être le rapporteur.

     Par l’intermédiaire du Secrétaire-adjoint, Gilles Séraphin offre à la Société le Bilan scientifique 1996 du Service régional de l’archéologie, Direction régionale des Affaires culturelles d’Aquitaine, et Extrait de l’histoire généalogique de la maison de Faudoas, Auch : 1773, 11 p.
    Le Directeur rend compte de la correspondance imprimée. Il signale plus particulièrement le bulletin de souscription pour l’ouvrage de notre confrère Jean-Michel Lassure, La civilisation matérielle de la Gascogne aux XIIe et XIIIe siècles. Le mobilier archéologique de Corné à l’Isle-Bouzon (Gers).

 

    Le Président donne alors la parole à Christine Delaplace pour une communication sur Saint Exupère et la tradition hagiographique toulousaine, publiée dans ce volume (t. LVIII, 1998) de nos Mémoires.

     Le Président remercie Christine Delaplace pour cette communication qui nous a fait voyager à travers une longue période historique, du Ve au XIXe siècle. Le Président voudrait savoir quel crédit elle accorde elle-même à la légende. Christine Delaplace pense que certains éléments sont probablement crédibles, la difficulté étant d’en prouver la réalité, alors que d’autres sont visiblement inspirés par les enjeux, les conflits du temps.

    Daniel Cazes note qu’il faudrait ajouter aux éléments hagiographiques la châsse de saint Exupère, qui se trouve au Musée Paul-Dupuy et qui date du milieu du XIIIe siècle, ce qui laisse supposer que l'on n'a pas redécouvert Exupère avec Bernard Gui. Christine Delaplace précise que Pascal Julien lui a également signalé un lectionnaire des dominicains qui date de la fin du XIIIe ou du début du XIVe siècle.
    Répondant à Maurice Scellès, Christine Delaplace dit que Bernard Gui a sans doute utilisé pour la vita un noyau de textes antiques.
    Quitterie Cazes rappelle que deux reliefs représentaient saint Exupère et son diacre sur les piliers du cloître de Saint-Etienne, où l’on lui avait accordé la même importance qu’à saint Sernin. Christine Delaplace pense cependant que saint Exupère reste dans l’ombre du grand évêque martyr toulousain et qu’il ne semble pas avoir acquis une autonomie propre.

    Patrice Cabau estime que c'est dès le XIIIe siècle que commence à se combler le vide concernant Exupère. Ses restes, qui se trouvaient dans un vieux coffre avec ceux de nombreux saints, sont placés dans une nouvelle châsse et dans un reliquaire le 14 juin 1258, date de la fête de la translation de saint Exupère. La translation aurait eu lieu, peut-on penser, entre 1100 et 1258.
    Mme Blanc-Rouquette fait remarquer qu’il faudrait poursuivre l'enquête du côté de l'Espagne qui pourrait nous révéler des nouveautés puisque c'est en Espagne qu'on a écrit, deux ans après sa mort la vita de Raymond de Barbastro, évêque de Roda de Isábena. Christine Delaplace souscrit à cette suggestion.

    Christian Mange est d'accord avec Christine Delaplace pour reconnaître que c'est certainement sur l'office liturgique qu'on s'est appuyé pour le rétablissement des scènes manquantes à Blagnac. Il ajoute que Bénézet ne s'est pas tellement préoccupé de la question iconographique. Son souci était de savoir quel style on adopterait : un style historique, en harmonie avec les vestiges peints du XVIe siècle, ou le style du XIXe siècle ?

 

    Le Président, après avoir remercié les intervenants, rappelle que la fête organisée par l’Association des Amis de l’Hôtel d’Assézat autour de petits concerts donnés dans l’hôtel aura lieu le soir du 25 mai. Ce sera également l’occasion d’une présentation du site Internet dans les locaux qui seront ouverts aux invités.


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     Au titre des questions diverses, Maurice Scellès, rentrant d’un voyage en Italie, souhaite faire quelques remarques sur l’intelligence avec laquelle des villes comme Brescia, Vérone ou Cividale del Friuli mettent en valeur leurs découvertes archéologiques. Ce sont en particulier les cryptes archéologiques aménagées au cœur des villes, sous les édifices ou au centre d’une place qui ont retenu son attention. Les vestiges présentés ne sont pas nécessairement spectaculaires, loin de là, mais quelques explications bien choisies leur donnent tout leur sens. L’intérêt pédagogique est évident d’abord pour les habitants qui n’ignorent certes pas ce qu’est l’archéologie et sont en mesure de voir l’histoire de leur ville depuis l’Âge du fer. Mais de plus, ces villes dont le patrimoine est déjà très riche sont en train de l’accroître considérablement par l’archéologie.
    Il va de soi que cela suppose une conception du patrimoine bien différente de celle qui prévaut en France, et une politique urbaine tout autre : les fouilles ne sont pas réalisées sous la contrainte d’un parking qui, inévitablement, entraînerait la destruction des vestiges mis au jour. Cette politique archéologique s’inscrit dans une politique urbaine qui vise à réduire le nombre des voitures, et elle prépare de ce fait d’autant mieux l’avenir de ces villes.
    Daniel Cazes dit que le débat est en effet toujours d’actualité. Il rappelle, entre autres, l’intervention de Claude Domergue pour demander la conservation du grand bâtiment du Ve siècle mis au jour sur le site de Larrey et finalement détruit. Le Président signale l’article intelligent d’Alain Schnapp, La mémoire qui flanche : l’impossible normalisation de l’archéologie en France, paru dans Le débat n° 99 (mars-avril 1998), dont il ressort que la France n’a jamais eu de politique archéologique.

 

SÉANCE DU 19 MAI 1998

Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-archiviste ; MM. Cabau, Pradalier, Tollon, membres titulaires ; Mmes Gloriès, Jiménez, Napoléone, Pujalte, Rousset, Tollon, MM. Burroni, Testard, membres correspondants.
Excusés : M. Cazes, Secrétaire Général, Mme Cazes, M. le Père Montagnes.

 

    Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 5 mai dernier. Le Directeur présente la correspondance imprimée. 

    Puis le Président signale à l’attention de la Compagnie le nouvel ordinateur, offert par Maurice Scellès, qui vient d’être installé dans notre salle de lecture. Il y voit un maillon essentiel de la vie future de notre Société, la modernité technique rejoignant ici avec l’Internet une véritable refondation par rapport à la société de Gutenberg. Le Président exprime au nom de la Compagnie ses plus vives félicitations pour cet acte volontariste. Il ajoute que ce geste nous engage tous et qu’il est nécessaire que notre Société se donne sans tarder les moyens de sa politique. Les besoins sont nombreux et concernent aussi bien les matériels et les logiciels destinés à la saisie informatique du fichier de la bibliothèque ou au site Internet que le mobilier qui nous fait encore défaut. Afin d’éviter un rattrapage trop lent, le Président propose d’accompagner la recherche de subventions qui devra être entreprise d’un appel à souscription volontaire parmi les membres de la Société. La contribution resterait à la discrétion de chacun. Le Président indique qu’il préparera une lettre circulaire qui sera jointe à une prochaine convocation.

     Le Président présente ensuite les ouvrages donnés à la Société par ses membres :

- De Pascal-François Bertrand, « La tenture de l’Histoire de saint Étienne de la cathédrale de Toulouse et la peinture dans la capitale du Languedoc vers 1530-1540 », dans Gazette des Beaux-Arts, avril 1998, p. 139-160.
- Henri Pradalier offre l’ouvrage d’Alain Erlande-Brandenburg. Quand les cathédrales étaient peintes.- Paris : Gallimard, 1997 (coll. Gallimard. Découvertes), et Chantal Fraïsse, Aymeric de Peyrac, abbé de Moissac de 1377 à 1406. Chronique des abbés de Moissac éditée, traduite et annotée par Régis de la Haye.- Maastricht-Moissac : R. de la Haye, 1994, reprographié ; 368 p.

      Puis il donne la parole à Anne-Laure Napoléone et Valérie Rousset pour une communication consacrée à La maison de la rue des Lazaristes à Figeac (XIVe siècle), publiée dans ce volume (t. LVIII, 1998), de nos Mémoires

    Le Président remercie les oratrices pour cette présentation à deux voix d’une maison médiévale dont les structures n’ont pas été gravement altérées par les remaniements successifs. Il remarque toutefois avec Henri Pradalier que la récente réfection des joints en façade ne paraît pas très heureuse, puis demande si les constructions du XIVe siècle ont fréquemment conservé des structures plus anciennes. Anne-Laure Napoléone précise que si les vestiges des édifices des XIIe-XIIIe siècles ne sont pas rares, la maçonnerie identifiée rue des Lazaristes paraît exceptionnelle. L’occupation du sol ne change-t-elle pas ? Anne-Laure Napoléone répond que la ville intra muros connaît une forte densification du bâti, avec des regroupements parcellaires qui permettent la construction de grandes demeures principalement le long des axes principaux.

    Remarquant que dans son état du XIVe siècle, la maison de la rue des Lazaristes présente une distribution complexe, le Président voudrait avoir des précisions sur la fonction des pièces. Anne-Laure Napoléone et Valérie Rousset énumèrent les différentes pièces qui peuvent être identifiées : boutiques, pièces de stockage, chambres, cuisine, aula… En revanche reste incertaine la fonction exacte de la grande salle du rez-de-chaussée du corps de bâtiment arrière, qui était équipée d’une cheminée mais était très peu éclairée.


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    Henri Pradalier souhaiterait avoir des précisions sur la maçonnerie considérée comme la plus ancienne mais dont la mise en œuvre lui paraît difficilement caractérisable. Anne-Laure Napoléone rappelle que s’il n’est pas possible de dater cette maçonnerie avec précision, la chronologie relative des murs est cependant suffisamment bien établie pour pouvoir la situer avant l’état du XIIe-XIIIe siècle. Pour Maurice Scellès, elle évoque en effet les maçonneries du haut Moyen Age, mais il ajoute que le relevé lui paraît pouvoir mettre en évidence deux phases de construction. Anne-Laure Napoléone et Valérie Rousset soulignent toutefois que le mortier à base de terre semble bien identique sur l’ensemble de la maçonnerie. Françoise Tollon note qu’il est souvent nécessaire de dégarnir les joints afin de pouvoir observer le liant dans la profondeur du mur.

    Répondant à Henri Pradalier, Anne-Laure Napoléone indique qu’aucune trace de décor peint n’a été retrouvée au cours de l’étude de la maison.
    Bruno Tollon note que la maison possédait une boutique mais pas de couloir latéral.
    Pour Maurice Scellès, il pourrait être intéressant de noter que des croisées identiques apparaissent sur les trois façades. Ceci pourrait correspondre à une date assez avancée dans le XIVe siècle, comme d’ailleurs la forme de la cheminée ou l’emploi d’un plafond à la française.
    Regrettant que l’étude ne permette pas de datations plus précises, Henri Pradalier fait en même temps remarquer que la confiance que l’on accorde à la dendrochronologie paraît souvent excessive et que l’on aurait probablement des résultats surprenants en confiant l’analyse des bois à deux laboratoires différents. A propos des poutres du plafond à la française, Valérie Rousset confirme à Patrice Cabau que les moulures sont rapportées.
    Le Président s’interroge sur le devenir de l’édifice. Valérie Rousset dit qu’il s’agit d’une maison privée qui cependant sera peut-être ouverte au public.

  Au titre des questions diverses, le Président donne quelques informations complémentaires sur la soirée du 25 mai.

 

SÉANCE DU 9 JUIN 1998  

Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cazes, Secrétaire Général, Scellès, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-archiviste ; MM. Bruand, Cabau, le général Delpoux, Hermet, Lassure, le Père Montagnes, Nayrolles, Pradalier, Roquebert, Tollon, membres titulaires ; Mmes Blanc-Rouquette, Jiménez, Napoléone, Pujalte, MM. Burroni, Cranga, Manuel, Testard, membres correspondants.
Excusée : Mme Delaplace.
Invités : M. Jean Courtade, MM. Francis Béthune et Jean-Marc Lacuentra.

 

    Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 19 mai dernier, qui est adopté à l’unanimité.
    Le Président rend compte de la correspondance manuscrite.
    Un courrier du Centre National d’Études Spatiales nous informe que la subvention promise a été directement payée au centre qui réalise les reliures, et nous engage à déposer une nouvelle demande pour 1998. La Société exprime ses très vifs remerciements pour l’aide que le C.N.E.S. apporte ainsi à la restauration de sa bibliothèque.
    À propos de la menace pesant sur le site de l’abbaye de Combelongue, le préfet de l’Ariège nous répond en nous indiquant que le projet de construction de chalets a reçu un avis favorable mais sur un autre emplacement.
    Notre confrère M. Robert Manuel nous annonce qu’un hommage sera rendu à Charles Portal, jadis honoré d’une médaille de vermeil de notre Société, à Cordes entre le 11 octobre et le 3 décembre 1998.
    Enfin, la Fondation du patrimoine nous informe de la désignation de M. Pierre Fabre comme délégué régional, et de M. Georges Cathala comme délégué départemental pour la Haute-Garonne. Elle demande de lui signaler les édifices non protégés au titre des Monuments historiques qui pourraient mériter son intervention.

    Le Président demande aux membres de bien vouloir inscrire sur la feuille qu’il fait circuler leurs projets de communication pour la prochaine année académique.

    Il présente alors à la Compagnie M. Jean Courtade, maire de Martres-Tolosane, qui a bien voulu répondre à notre invitation et nous honorer de sa présence. Le Président rappelle les liens anciens qui existent entre la Société Archéologique du Midi de la France et la commune de Martres-Tolosane, et les actions en cours pour protéger et mettre en valeur le site de Chiragan. M. Jean Courtade se dit très honoré de pouvoir assister à l’une de nos séances et assure la Société de son concours pour la réalisation de ses différents projets. 

    Puis on entend le rapport présenté par Henri Pradalier sur la candidature de Mme Yvonnet-Nouviale. La postulante est élue membre correspondant de notre Société.

 

    La parole est alors à Guy Ahlsell de Toulza pour une communication consacrée à L’Hôtel de Puivert, publiée dans ce volume (t. LVIII, 1998) de nos Mémoires.


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    Le Président remercie Guy Ahlsell de Toulza pour cette visite très détaillée de l’hôtel de Puivert qui nous a fait entrer jusqu’au fond des placards où subsistaient de précieux vestiges des décors d’origine. Il se demande cependant si l’on dispose de suffisamment de détails sur les travaux réalisés pendant les huit années au cours desquelles l’hôtel fut occupé par le maréchal Niel. Le traitement des façades, qui faisait alterner des éléments architectoniques peints en blanc et des panneaux en brique jointoyée, ne peut-il ainsi appartenir à un état du XIXe siècle, reprenant d’ailleurs éventuellement l’état du XVIIIe siècle ? Guy Ahlsell de Toulza ne croit pas que la bichromie des façades puisse dater du XIXe siècle, où l’on aurait probablement tout blanchi. La différence de réalisation des joints entre les parties laissées en brique et celles qui étaient peintes est un argument en faveur de l’état d’origine, car il est peu vraisemblable que l’on ait entièrement rejointoyé les façades au XIXe siècle. Pour Guy Ahlsell de Toulza, la Ville n’a probablement pas engagé des frais importants alors que l’hôtel ne devait être que provisoirement affecté à la résidence du maréchal.

    Le Président rappelle que le maréchal de France était un personnage très important de l’Empire et que la Ville n’avait pas d’autre choix que de le recevoir dignement et de supporter les frais que pouvaient entraîner les travaux. Certains détails du traitement de la cour d’honneur lui paraissent bien relever de réfections du XIXe siècle. Henri Pradalier note que le « palais Niel » est alors en construction et souligne que les délibérations du conseil municipal doivent garder la trace des travaux engagés à l’hôtel de Puivert, s'il y en eut.

    Alors que l’on s’interroge sur l’architecte auquel pourrait être attribué l’hôtel de Puivert, M. Yves Bruand intervient pour indiquer que c’est en effet l’un des plus grands architectes toulousains qui en est le maître d’œuvre, et que grâce aux recherches menées par Marie-Luce Pujalte, il faut désormais l’ajouter au catalogue de l’œuvre de Guillaume Cammas. La preuve n’est certes pas absolue mais permet une forte présomption. Cela n’a rien d’étonnant alors que Guillaume Cammas est petit à petit redécouvert en particulier grâce à toute une série de travaux menés à l’Université de Toulouse-Le Mirail. M. Yves Bruand pense qu’il est maintenant nécessaire de publier le document trouvé par Marie-Luce Pujalte. Le Président se félicite de cette avancée de la connaissance. Marie-Luce Pujalte précise que c’est à la suite de longues recherches dans les fonds notariaux qu’elle a trouvé un acte de constitution de rente entre Guillaume Cammas et le marquis de Puivert en 1756, qui permet de supposer que le grand architecte toulousain était partie prenante dans la construction de l’hôtel. La date correspond au décor rocaille en partie conservé à l’intérieur et l’architecture raffinée de l’hôtel autorise des comparaisons avec, par exemple, le Capitole. Marie-Luce Pujalte ajoute qu’elle pense que le traitement blanc et brique des façades appartient en effet à l’état du XVIIIe siècle.

    Yves Cranga signale que les oculi peuvent être comparés à d’autres, tout à fait identiques dans le rythme et le traitement extérieur, que présente une petite « toulousaine » située rue Marc-Arcis, dans le quartier des Minimes. Gabriel Burroni note le même type de cheminées Louis XV à l’abbaye de Belleperche.

 

SÉANCE DU 23 JUIN 1998

Présents : MM. Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste ; Mmes Pradalier-Schlumberger, Cazes, MM. Baccrabère, Cabau, Montagnes, Nayrolles, Pradalier, Roquebert, membres titulaires ; Mmes Jiménez, Napoléone, Pujalte, MM.Testard, Morvillez, membres correspondants.
Excusés : MM. Peyrusse, Président, Cazes, Secrétaire Général, Scellès, Secrétaire-adjoint, Rocacher, Cranga, Manuel, Delpoux.

 

    La séance est ouverte par M. Coppolani, Directeur, qui donne lecture du courrier. Il passe la parole à M. Cabau qui signale que les archives départementales de la Haute-Garonne ont acquis dans une vente aux enchères à Agen un manuscrit de comptes du XVIIIe siècle concernant la réalisation du baldaquin de Saint-Sernin de Toulouse qui s'intitulerait « Estat de la recette et dépense que Mr Dejean chanoine de St Sernin a fait pour l'obtention de la coupe des bois de Castelginest, Ronceaux et St Capraise, pour la construction d'un baldaquin à six colomnes de marbre sur la chasse de St Sernin et pour perfectionner l'autel et le sanctuaire du choeur ». Le registre, grand in 4° à couverture d'époque en basane, est chiffré de 1 à 152 (les feuillets 90 à 152 sont blancs) ; les comptes sont datés du 22 janvier 1734 au 21 janvier 1749.

    La parole est ensuite à M. Morvillez pour sa communication sur de Nouvelles recherches sur la villa de Montmaurin.

    M. Coppolani remercie M. Morvillez pour sa communication et considère qu’il sera délicat de se lancer dans des reconstitutions étant donné les reconstructions de murs qui ont été entreprises sur les lieux.

    Le premier sujet de discussion concerne la forme des chapiteaux rétablis par Georges Fouet. Pour Éric Morvillez ce pourrait être soit des bases soit des chapiteaux médiévaux. Les médiévistes présents disent  ne pas connaître de chapiteaux de ce type. La meilleure solution serait de retrouver le fragment « d’entablement » que l’on peut voir sur certaines photographies laissées par G. Fouet et se poser la question de savoir si c’était vraiment un entablement ou un élément de mur-bahut.
    Henri Pradalier souligne les disparités de forme importantes entre les deux types de chapiteaux : ceux à trois étages et certains, de type corinthien, proches d’un chapiteau acheté il y a quelques années par le Musée des Augustins. Ces derniers ne posent aucun problème pour leur datation. Ils peuvent dater du Ve siècle.


M.S.A.M.F., T. LVIII, page 288

    Revenant sur les fouilles, Éric Morvillez ne sait ce que l’on trouverait si on les reprenait. Il a constaté à la lecture des archives de G. Fouet que ses notes étaient très précises, très exhaustives au début , entre 1948 et 1952, mais qu’ensuite elles l’étaient moins, devenaient plus brèves et que G. Fouet semblait avoir fait des choix dans ses trouvailles au point de proposer un plan simplifié de Montmaurin qui ne rend pas compte des différentes couches archéologiques retrouvées. De plus, la surélévation des restes retrouvés, – souvent de simples fondations – en petits murs visibles pour le visiteur ont sans doute perturbé le site. Cependant quelques sondages seraient peut-être précieux.

    Louis Latour, qui a visité le site au moment où commençaient les fouilles en 1948, souligne l’énorme travail effectué par G. Fouet. À l’époque, le site était un énorme champ de broussailles.

    Jean Nayrolles remarque que nous parlons de G. Fouet, qui nous a pourtant quitté il y a cinq ans seulement, comme s’il s’agissait d’un fouilleur du XIXe siècle. Il regrette l’évolution suivie par l’archéologie depuis les années 1970. Elle est devenue cumulative et n’aboutit à aucune conclusion. On amasse des milliers de tessons pour n’en rien faire. Il considère que le rôle des archéologues est, parfois, de prendre parti, de faire des choix. G. Fouet a eu le courage de les faire, on ne peut pas lui en tenir rigueur. Il y a même là une forme d’héroïsme.

    É. Morvillez revient sur le travail gigantesque fait par G. Fouet et reste surpris de la rapidité avec laquelle il a travaillé et de la qualité des résultats obtenus. Il rappelle que la villa de Montmaurin est un des classiques des livres d’histoire dans lesquels on a appris la forme des villas romaines de la Gaule. Cela est dû au labeur de G. Fouet. Cependant G. Fouet était de son temps et la chronologie qu’il a proposée doit être abaissée. En 1948, on considérait comme décadent ce qui datait des IVe et Ve siècles, on était marqué par le modèle pompéien et, plus ou moins consciemment, on cherchait en fouille des œuvres contemporaines du Haut-Empire. C’est pourquoi G. Fouet n’a pas proposé une date plus basse pour Montmaurin alors qu’il apparaît que les vestiges les plus anciens du site remontent au milieu du IVe siècle et que l’on peut descendre jusque dans le Ve siècle pour les plus récents.
    Il poursuit en signalant que l’ampleur des trouvailles de G. Fouet peut être matériellement perceptible par toutes les œuvres rassemblées dans le musée de la villa. Il considère d’ailleurs que ce musée doit rester sur place, car il est indissociable du site.

    Quitterie Cazes estime que l’archéologie d’aujourd’hui est la suite logique de celle de Georges Fouet. C’est parce que les archéologues comme lui se sont heurtés à des problèmes parfois insolubles que les archéologues actuels se sont attachés à les résoudre. Jean Nayrolles maintient que les dernières années marquent une rupture sans exemple dans la tradition de l’archéologie. É. Morvillez rappelle cependant que la publication de Montmaurin par Georges Fouet peut être considérée comme un modèle du genre pour l’époque.

    Guy Ahlsell de Toulza termine en rappelant que Georges Fouet était toujours resté discret à la Société Archéologique sur Montmaurin. Alors qu’il parlait souvent et volontiers de Valentine, il ne parlait jamais de Montmaurin. Mais, ici, cette attitude est à replacer dans le contexte des rapports que Georges Fouet entretenait avec ses prédécesseurs, comme l’abbé Couret, et avec ses contemporains.
    Louis Latour, revenant aux archives de Georges Fouet demande si les cahiers d’écolier sur lesquels il a pris ses notes sont classés chronologiquement ou par thèmes. É. Morvillez répond qu’ils sont classés par thèmes avec un inventaire qui permet de les consulter très aisément.

    Michèle Pradalier-Schlumberger demande quelle était la fonction des triconques. Éric Morvillez répond que Georges Fouet avait pensé à des piscines. Ce sont en fait des salles à manger tréflées qui abritaient des tables en sigma. Quitterie Cazes souligne l’originalité de l’architecture de Montmaurin par rapport à l’architecture du Haut-Empire. Cette originalité est confirmée par les découvertes d’architecture récentes de l’antiquité tardive. C’est une architecture qui est loin de l’architecture du Haut-Empire et Mme Cazes rappelle que les découvertes récentes de Larrey ont montré qu’on ne pouvait établir aucun parallèle avec l’architecture classique. Il y a rupture par rapport aux schémas vitruviens.

 

    Passant aux questions diverses, M. Ahlsell de Toulza s’étonne des travaux en cours aux Cordeliers de Toulouse où l’on reprend au pic les fenêtres de la sacristie mais aussi celles des parties hautes de l’abside. Il demande que l’on se renseigne pour savoir qui contrôle ces travaux qui paraissent pour le moins intempestifs. Il a également constaté qu’au mépris de toutes les règles, on est en train d’ajouter un quatrième étage à la maison « romane » de la rue Croix-Baragnon, étage qui n’a jamais existé. Anne-Laure Napoléone ajoute que les travaux en cours ont fait tomber une partie de l’enduit peint.

   Le Directeur prononce la clôture de l'année académique.