Mémoires |
BULLETIN DE L'ANNÉE ACADÉMIQUE
1999-2000
établi par Patrice CABAU & Maurice SCELLÈS
Le Bulletin reproduit les comptes rendus des séances qui, tout au long de l'année, sont régulièrement mis en ligne sur le site Internet de la Société archéologique où il demeure consultable. Les quelques passages non reproduits par l'édition papier sont signalés par leur adresse précise sur le site Internet :
(www.societes-savantes-toulouse.asso.fr/samf/memoires/t_60/bul20001.htm)
Les parties non reproduites dans l'édition papier apparaissent en vert dans cette édition électronique.
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SÉANCE DU 5 OCTOBRE 1999
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur
honoraire, Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour,
Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint,
Mmes Cazes, Merlet-Bagnéris, Napoléone, MM. Hermet, Nayrolles, Prin, Tollon, le Père
Montagnes, membres titulaires, Mmes Aribaud, Fraïsse, Fronton-Wessel, Jimenez, Pujalte,
MM. Gillis, Hamon, Lapart, Mange, Manuel, Salvan-Guillotin, Testard, membres
correspondants.
Excusé : Mgr Rocacher.
Le Président déclare ouverte lannée
académique 1999-2000, en faisant remarquer que cette séance précoce correspond aux
modifications annoncées du fonctionnement de notre Société et que les rentrées
académiques auront lieu à lavenir le premier mardi du mois doctobre.
Le Président indique que lHôtel dAssézat a reçu ce jour
même la visite de journalistes de TLT et quil espère avoir su présenter la
Société archéologique sous ses aspects les plus dynamiques. Puis il donne des
informations sur les affaires en cours, en particulier sur la réorganisation de la salle
de lecture qui devrait permettre daccueillir des lecteurs plus nombreux, alors que
la bibliothèque municipale vient de fermer pour rénovation. Parmi les bonnes nouvelles,
il faut indiquer que le prochain volume de nos Mémoires est en bonne voie :
« Dame Tholose » fera la couverture, afin dattirer un peu plus
lattention sur cette uvre exceptionnelle.
Après la restauration des salons du premier étage et de la salle des séances publiques, lhôtel dAssézat vient de connaître deux inaugurations successives, lune par le Maire, lautre à loccasion dune séance publique exceptionnelle de lAcadémie des Sciences. Ces deux manifestations ont été accompagnées de deux publications : le petit catalogue de lexposition présentée en hommage à Théodore Ozenne collectionneur, et un livre, Autour dAssézat, publié sous légide de lAssociation des Amis de lHôtel dAssézat. Le Président rappelle quun volume plus important est toujours à létude, qui serait consacré à lhistoire de lhôtel depuis ses origines jusquà linstallation des académies.
Puis le Président évoque le volume thématique qui a constitué le premier fascicule du Bulletin monumental en 1999. Cela lui paraît être une voie à suivre, et il a pour cela demandé à Michèle Pradalier-Schlumberger de bien vouloir organiser une journée détude dédiée à la maison médiévale, qui serait placée sous le double patronage de lUniversité de Toulouse-Le Mirail et de notre Société. Quant à la séance publique, elle se tiendra un soir de semaine vers le mois de février, mais la date nen pas encore fixée.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 1er juin 1999.
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Le Président rend compte de la correspondance
manuscrite. Notre confrère Claude Péaud-Lenoël nous prie de lexcuser de ne plus
être en mesure dassister à nos séances autant quil le voudrait, il nous
assure de son attachement à notre Société et accompagne sa lettre d'un don. Au nom de
la Compagnie, le Président remerciera très vivement notre confrère. Il propose en outre
délire Claude Péaud-Lenoël membre libre de notre Société au cours d'une
prochaine séance.
M. Christophe Évrard, animateur du patrimoine à
Villefranche-de-Rouergue, nous a adressé trois communications écrites sur le clocher de
la collégiale de Sauveterre et sur deux maisons médiévales. Le Secrétaire général en
fera le compte rendu lors de la prochaine séance.
M. François Bordes, directeur des archives municipales de Toulouse,
nous adresse sa candidature au titre de membre correspondant : Daniel Cazes est
chargé du rapport qui sera présenté lors la séance du 9 novembre prochain.
Le Président signale enfin la parution très prochaine du livre Cahors,
ville et architecture civile au Moyen Âge, dû à notre confrère Maurice Scellès.
Le Directeur présente la correspondance imprimée : catalogues,
prospectus douvrages, invitations et colloques
Le Président communique le calendrier et le programme des séances de
lannée. Il profite de loccasion pour féliciter notre consur Marie-Luce
Pujalte, qui, la veille, a brillamment soutenu sa thèse à lUniversité de
Toulouse-Le Mirail.
La parole est alors à Jean Nayrolles et Christian Mange pour une communication consacrée à léglise du Jésus à Toulouse, publiée dans ce volume (t. LX, 2000) de nos Mémoires.
Le Président remercie les orateurs davoir
accepté de revisiter pour nous leurs travaux de jeunesse. Sadressant à Jean
Nayrolles, il remarque que si la référence à léglise parisienne Saint-Ignace est
évidente, celle-ci se présente néanmoins comme une grande église blanche sans décor.
Ne faut-il donc pas considérer que lornementation très abondante de léglise
du Jésus puisse être un écho de larchitecture méridionale ? Pour Jean
Nayrolles, les préoccupations sont tout autres et léglise Saint-Ignace aurait sans
doute été peinte si les moyens lavaient permis comme à Toulouse.
Saint-Germain-des-Prés en donne dailleurs un bel exemple. Mais on peut encore
imaginer que si la proximité de la prison navait imposé un toit bas, Bach aurait
sans doute opté pour de hauts combles en ardoise comme à Blagnac. Maurice Prin acquiesce
et rappelle que cest à Auguste Bach, le frère de larchitecte, que lon
doit cet aspect très coloré de léglise du Jésus. Jean Nayrolles souligne le fait
que toutes les autres églises construites par Bach sont restées blanches.
Saisissant l'occasion, le Président exprime, au nom de notre
Compagnie, de vifs remerciements à Maurice Prin qui représente la mémoire vivante de
ces édifices religieux qui nintéressaient personne jusquà une époque
récente et dont nombre ont aujourdhui disparu.
Le Président demande comment il faut caractériser les vitraux de léglise du Jésus. Christian Mange rappelle que lhistoricisme de Flandrin cherche à allier archaïsme et modernité, et que cest la voie tracée par Flandrin que Bénezet reprend dans ses peintures. On emprunte au Moyen Âge la sérénité des attitudes, lintériorité des personnages tout en conservant les acquis de la Renaissance avec en particulier une grande attention portée à la correction du dessin. Mais comment faire autrement, dailleurs, pour un artiste formé par lÉcole des Beaux-arts ? Il sagit en fait de concilier linconciliable. Comme l'on évoque le concile de Trente, le Président dit que Bruno Foucart a bien montré que toute l'iconographie de la Contre-réforme avait été repensée au XIXe siècle. Christian Mange précise que, vers 1860, les Jésuites ont décidé de produire des images industrielles afin de développer un art populaire de qualité.
Daniel Cazes demande sil existe une
documentation graphique importante sur la construction de léglise du Jésus, qui
pourrait apporter des informations sur la partie du rempart romain qui a été détruite
à cette occasion. Jean Nayrolles répond que les archives des Pères Jésuites sont assez
intéressantes, très complètes sur certains points, plus fragmentaires sur
dautres, mais quelles ne conservent pas de documents graphiques. Ceci est
dailleurs la règle pour les commandes privées. Jean Nayrolles fait remarquer que
Bach a parfois été un architecte vandale, détruisant dans un autre cas deux ou trois
travées de lhôtel de Mansencal. Daniel Cazes dit quil faut mettre à
lactif des Jésuites la mise en valeur de la courtine romaine, il y a de cela une
quinzaine dannées. Maurice Prin se demande si le rempart était encore debout au
moment de construction de léglise du Jésus, et sil navait pas déjà
été détruit pour établir le jardin de M. de Puymaurin. Jean Nayrolles indique que la
destruction nest pas mentionnée par les documents, mais Daniel Cazes fait remarquer
que la tour des Hauts-Murats a été tranchée sur toute sa hauteur pour faire passer la
sacristie.
Le Directeur ajoute quil sest laissé dire que les
Jésuites quitteraient la rue des Fleurs. Jean Nayrolles confirme linformation en
indiquant que la réutilisation de lensemble des bâtiments ne sera probablement pas
aisée.
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Répondant à Patrice Cabau, qui voudrait savoir si les armoiries portées par les vitraux sont celles de donateurs identifiés, Maurice Prin cite les noms de trois ou quatre familles.
Au titre des questions diverses, Chantal Fraïsse fait une brève communication sur Un traité des vertus et des vices illustré à Moissac du XIe siècle, auquel elle a consacré un article qui vient de paraître dans les Cahiers de civilisation médiévale (42e année, juillet-septembre 1999, p. 221-242) :
Ce texte est émaillé de dix grandes images mettant en scène les allégories des vices et des vertus. Après une image introductive sur le Péché originel, une pleine page présente la grande famille des vices gesticulant autour du trône de leur souverain : " Orgueil " ; défilent ensuite les vices dEnvie, de Vaine gloire, de Colère, de Tristesse et de Désespoir, dAvarice, de Gourmandise et de Luxure. Lanalyse de ces dessins à lencre installés entre des plages de texte révèle lintime connaissance que leur auteur avait de la compilation et montre que le dessinateur nétait autre que le compilateur lui-même. Le travail de création a ainsi porté à la fois sur le texte et sur le décor. Ce décor ne se contente pas dêtre illustratif car il existe parfois une intéressante interaction entre le traité et les images. Ces dernières peuvent compléter le message écrit et devenir alors un " commentaire de texte " ; ce sont elles par exemple qui rapprochent de façon répétée lorgueil et la jalousie. Le " code " utilisé pour les représentations doit beaucoup à la tradition iconographique des Psychomachies illustrées et le style un peu lourd des dessins peut tout à fait correspondre à la date proposée par Jean Dufour à partir de critères paléographiques et codicologiques : le début du XIe siècle. Cet ensemble texteimage apparaît donc comme une création moissagaise dune ou deux décennies postérieure à lan mille qui nous permet dentrevoir un pan de lactivité intellectuelle et artistique dune époque de labbaye que la chronique locale décrit comme désastreuse. Par ailleurs le rapprochement entre le scriptorium de Moissac et celui de Saint-Martial de Limoges échappe au seul domaine du rapprochement stylistique de leurs enluminures ; il se trouve confirmé par la présence dans les deux ateliers ( et eux seuls dans létat actuel de nos connaissances) dun même texte très particulier (puisque mélange de deux autres). »
Louis Latour annonce que des sondages archéologiques seront réalisés au mois de novembre sur le site de Saint-Martin de Luffiac, à Auterive, site qui a déjà livré des monnaies du IVe siècle et un très beau sarcophage à décor de vigne qui se trouve aujourdhui au Musée Saint-Raymond. Les sondages ont été confiés à notre consur Françoise Stutz et les membres de notre Société qui pourraient apporter leur aide à cette occasion seraient les bienvenus.
Le Secrétaire général donne des informations sur le projet de mise en réseau de lAcadémie des sciences et de la Société archéologique et du transfert des catalogues de leurs bibliothèques sur Internet. La grille commune est en cours de discussion. Lopération comprend lachat du serveur et des postes périphériques, le câblage et la mise en réseau, la récupération des fiches existantes, la création des bases de données et de leurs interfaces de saisie et dinterrogation sur place et sur Internet. Elle ne sera possible que si nous obtenons l'aide d'institutions publiques et de mécènes.
SÉANCE DU 19 OCTOBRE 1999
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur honoraire, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire général, Mme Noé-Dufour, MM. labbé Baccrabère, Hermet, Roquebert, membres titulaires, Mmes Blanc-Rouquette, Fronton-Wessel, Pujalte, MM. Cranga, Garland, Gillis, Ginesty, Manuel, Testard, membres correspondants.
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Excusés : M. Cabau, Secrétaire-adjoint, Mme Stutz, M. Gérard.
Invitée : Mlle Séverine Jarlan.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 5 octobre dernier, qui est adopté.
Le Président annonce que chaque membre recevra
prochainement un exemplaire de louvrage Autour dAssézat, offert par la
Caisse des dépôts et consignations.
Puis il exprime son regret de ne pas avoir été averti à temps
quune plaque commémorative en lhonneur de Gratien Leblanc devait être
inaugurée à Saint-Cyprien. Il rappelle que notre ancien Président avait publié dans
nos Mémoires son étude du rempart de Saint-Cyprien.
Le Président indique que le 126e congrès des Sociétés savantes se tiendra à Toulouse au printemps 2001, avec
pour thème « Terres et hommes du sud ». Il ajoute que notre Compagnie se doit
dy figurer de façon significative.
Quant à « Dame Tholose », le
dossier est en bonne voie. La Conservation régionale des Monuments historiques a fait
établir un devis de dépose et M. Alain Daguerre de Hureaux, Directeur du Musée des
Augustins, serait prêt à la recevoir et à faire réaliser toutes les analyses
nécessaires à létude de luvre.
Le Secrétaire général rend compte des communications écrites qui nous ont été adressées par M. Christophe Évrard, animateur du patrimoine à Villefranche-de-Rouergue :
« Le clocher de la collégiale Saint-Christophe à Sauveterre-de-Rouergue (Aveyron)
La paroisse de Sauveterre-de-Rouergue n'est mentionnée dans les textes qu'en 1330, soit une cinquantaine d'années après la fondation de la bastide par Philippe III le Hardi. À cette époque, le lieu de culte est un oratoire aménagé en dehors du village, au milieu des jardins et des champs qui constituent le parcellaire agricole.
L'église actuelle n'est construite qu'au début des années 1380, à l'intérieur d'une enceinte fortifiée (mentionnée dès 1342-1343) destinée à protéger la population des pillages occasionnés par certains routiers. Placée sous le vocable de Saint-Christophe, elle deviendra collégiale en 1514.L'examen du plan de l'édifice montre que nef et clocher, particulièrement désaxés, appartiennent à deux campagnes distinctes. L'analyse archéologique de ce clocher atypique nous amène à effectuer plusieurs constatations et à y voir une probable utilisation militaire.
Tout d'abord, la maçonnerie de la nef a été maladroitement calée contre celle du clocher, élément préexistant. De plan carré, celui-ci était primitivement flanqué d'une courtine médiocre et frêle, dont il subsiste quelques arrachements (XVe ou XVIe siècle). Son chemin de ronde, étroit, desservait le premier étage du clocher par une porte.
À l'ouest (côté champs), le clocher était originellement ouvert à sa base par un arc brisé particulièrement haut et large (clavage régulier de grès) qui matérialise une voûte en berceau . En l'état dans le rez-de-chaussée, celle-ci est composée de gros moellons de schiste irrégulièrement équarris, liés au mortier, qui forment une maçonnerie médiocre mais cohérente.
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La voûte, dans laquelle est aménagé un trou d'homme, repose sur deux impostes dont le profil est en quart de rond.
Au nord du rez-de-chaussée, au niveau du sol initial (aujourd'hui surélevé d'environ 1 m) existe une porte en arc brisé, dont la facture est très soignée : clavage régulier et large, joints fins, chanfrein régulier. Primitivement fermée de l'extérieur par une barre et un vantail (la logette et les gonds subsistent), la porte donnait accès à un étroit couloir appareillé. Cette disposition semble indiquer que le clocher était originellement accessible par une lice aménagée à l'intérieur des remparts de la bastide.
SAUVETERRE-DE-ROUERGUE, tour-clocher de la collégiale, élévation nord : porte desservant lancien chemin de ronde.
À l'ouest du clocher, ouvrant sur la nef, se trouve une seconde porte qu'un retable occulte depuis la fin du XVIIe siècle. Les piédroits chanfreinés supportent un tympan aveugle que surmonte un large voussoir privé de tout ornement. La mise en uvre assez maladroite de cet élément d'entrée et l'analyse de la maçonnerie semblent indiquer que le portail est (sensiblement) postérieur à la construction du clocher.
Quant aux étages (ler et 2e), autrefois planchéiés et sans doute distribués par un système d'escaliers rampants en bois (des feuillures d'encastrement et des trous d'ancrage subsistent), ils sont éclairés par trois baies étroites (jours à faible ébrasement) autrefois équipées de coussièges. La partie sommitale, dont la mise en uvre est assez médiocre (moellons de schiste à peine équarris) semble résulter d'une surélévation tardive de l'édifice (XVIe ou XVIIe siècle).Au vu des éléments observés pendant l'analyse architecturale de l'édifice (maçonnerie, dispositifs de circulation interne et externe, équipements), nous pensons que le clocher de la collégiale était initialement une tour de ville à fonction défensive.
Élevée au milieu du XIVe siècle dans le contexte d'une assez forte instabilité sociale et politique (prémices de la guerre de Cent Ans), la tour faisait initialement partie du premier système de fortification de la bastide. Elle en était sans doute, en raison de ses dimensions, l'articulation principale. La distribution du bâtiment et les équipements conservés (jours, coussièges, trou d'homme, poterne) indiquent essentiellement une fonction de surveillance. En effet, aucun organe de tir (archère, archère-canonnière) ou dispositif de défense passive (assommoir, herse, chambre haute, pont-levis) n'est présent dans l'ouvrage.
Les menaces de pillage définitivement écartées et en attendant que l'église actuelle puisse être construite ou achevée (vers 1380) à l'intérieur des premiers remparts, la porte aurait été partiellement transformée en clocher-tour. La porte d'accès extérieur qui fragilise le contrôle défensif du site est alors murée tandis qu'une chapelle provisoire (ou oratoire) dont subsiste le portail est aménagée au rez-de-chaussée. Les étages conservent leur fonction primitive. Cette mutation permet d'associer la surveillance défensive du village et l'exercice du culte.
Enfin, dans une troisième étape qui succède aux troubles des guerres de religion (fin XVIe ou XVIIe siècle), la tour est surélevée d'environ 5 m afin d'accueillir le système campanaire et une nouvelle toiture. L'on condamne la petite porte latérale qui desservait l'intérieur des remparts, l'on ouvre une première baie cintrée dans le mur sud, et une seconde, rectangulaire, dans le mur est du rez-de-chaussée afin d'éclairer correctement la pièce qui est définitivement intégrée à l'église.
Christophe ÉVRARD
Animateur du Patrimoine
(P.A.H. des Bastides du Rouergue)
Castellologue »
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VILLENEUVE-D'AVEYRON, maison, parcelle 197, étoiles peintes sur le plafond. |
VILLENEUVE-D'AVEYRON, maison, parcelle 197, rinceaux fleuris peints sur une poutre. |
VILLENEUVE-D'AVEYRON, maison, parcelle 185, cheminée au premier étage. |
VILLENEUVE-D'AVEYRON, maison, parcelle 185, décor peint dans les combles actuels. |
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Ce sont ensuite deux maisons médiévales de Villeneuve-dAveyron quil signale à notre attention. Le détail des équipements conservés montre tout ce que lon peut attendre de létude de ces maisons par Mlle Séverine Goutal, dans le cadre de son mémoire de maîtrise. Les deux maisons conservent en particulier des cheminées complètes. La première, qui a été achetée par la Ville pour y installer un musée dart et traditions populaires, conserve en outre un plafond peint détoiles et de rinceaux qui en accentue le caractère exceptionnel ; dans la seconde, cest un large pan de mur recouvert dun enduit peint à faux-appareil qui sajoute ainsi au répertoire déjà connu.
Le Président demande au Secrétaire général de remercier M. Christophe Évrard au nom de notre Compagnie et propose de lengager à présenter sa candidature au titre de membre correspondant de notre Société.
La parole est à labbé Baccrabère pour la communication du jour : Céramiques toulousaines du XVIIe siècle dans la rue Saint-Jérôme (quartier Saint-Georges), publiée dans ce volume (t. LX, 2000) de nos Mémoires. Pendant son exposé, labbé Baccrabère fait circuler céramiques et autres objets découverts, que les membres de la Compagnie peuvent ainsi examiner à loisir.
Le Président remercie labbé Baccrabère pour
cette communication qui, comme chaque automne, transforme la séance en une séance un peu
extraordinaire. Le butin est une fois encore considérable et il faut sans doute se
féliciter que, faute de pouvoir se consacrer à létude de loccupation
romaine du site, notre confrère ait été amené à se reporter sur le Moyen Âge et
lépoque moderne.
Le Président ayant rappelé les références franc-comtoises,
labbé Baccrabère précise que la fourchette chronologique proposée sappuie
sur tout un ensemble de données, issues de fouilles ou de catalogues publiés. Guy
Ahlsell de Toulza note que les pâtes claires permettent dévoquer les céramiques
de Cox, mais demande si, pour les pâtes foncées, moins bien connues, on peut penser à
des productions de Giroussens ou de Toulouse. Labbé Baccrabère dit quil ne
peut pas encore se prononcer, mais quil se propose de tenter une synthèse
lorsquil aura achevé la publication de lensemble du matériel quil a pu
récolter.
Jean Coppolani remarque que si les pièces décorées appartiennent
entièrement au passé, en revanche les poteries grises à vernis jaune se vendaient
encore à Toulouse dans les années 1930. Labbé Baccrabère confirme que certaines
formes perdurent jusquà lépoque contemporaine et en particulier les cruches
à vernis jaune.
Guy Ahlsell de Toulza sétonne que les réchauds ne montrent
aucune trace de noircissement par les braises. Il se demande si le réceptacle pouvait
être éventuellement protégé par des cendres froides.
Répondant à Maurice Scellès, labbé
Baccrabère indique que les pièces présentées ce soir témoignent dun niveau
social comparable à celui que laissait supposer la céramique du XVIe
siècle trouvée dans le même quartier, à laquelle il a consacré
sa communication de lan dernier. Le Président note également lexceptionnelle
qualité de la verrerie. Labbé Baccrabère précise que le milieu du XVe siècle semble correspondre à Toulouse à
une période de stagnation, avec dailleurs très peu de trouvailles pour cette
époque, mais quà partir de la fin du siècle et du début du XVIe
siècle on constate au contraire un fort développement des
importations, peut-être de Provence, dItalie voire même dAfrique du Nord.
Le Président voulant savoir si la fosse peut être située sur le plan
cadastral, labbé Baccrabère indique quil est possible de la localiser dans
le parcellaire « napoléonien ». La précision est cependant insuffisante par
rapport aux bâtiments et on ne peut malheureusement lattribuer à un édifice
particulier. Labbé Baccrabère rappelle dans quelles conditions ont été faites
ces différentes découvertes du quartier Saint-Georges, alors que les bulldozers avaient
fait disparaître toute trace au sol de la voirie et de la structure des îlots.
Louis Latour présente ensuite des poteries communes du milieu du XVIIe siècle trouvées dans des silos de lancien hôpital dAuterive :
« LHôpital de la ville dAuterive (Haute-Garonne), appelé aussi Hôtel-Dieu Saint-Jacques, est attesté dès le Moyen Âge. Il était alors administré par la confrérie Notre-Dame des Proudhoms et, comme la plupart des maisons de ce nom, servait à la fois dhôpital pour les malades, dhospice pour les vieillards et de refuge provisoire pour les pèlerins et les pauvres passants.
Dimportants travaux de restauration de limmeuble, à lautomne 1978, remirent au jour lancien sol de lHôpital, à environ 50 cm de profondeur. Dans le vieux dallage de brique souvraient les entrées de deux silos médiévaux qui furent fouillés en 1978-79.
Létude de leur contenu a montré quils avaient été comblés en une seule fois lors de leur abandon à la suite de travaux importants au cours de lAncien Régime.
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Le Président remercie Louis Latour de cette communication qui vient à point nommé confirmer les datations proposées par labbé Baccrabère pour la céramique toulousaine, complétant encore notre tableau de la vie quotidienne dans la première moitié du XVIIe siècle. La fonction des silos ayant été évoquée, Louis Latour précise quils avaient un usage domestique quotidien, servant en particulier à conserver le grain. On lui a dailleurs rapporté que des silos étaient encore en usage à la fin du XIXe siècle à Grisolles ; pour protéger le grain de lhumidité, les parois étaient couvertes de paille de seigle maintenue par des cercles dosier.
Au titre des questions diverses, Maurice Scellès signale que la maison à façade à pan-de-bois qui se trouve au débouché de la rue de Rémusat sur la place du Capitole est en travaux, et que la toiture et une partie des planchers ont été enlevées. Il sinquiète dune éventuelle étude avant travaux, prenant en particulier en compte les aménagements intérieurs qui disparaissent le plus souvent au cours des rénovations. Annie Noé-Dufour dit quelle na pas connaissance dune étude réalisée sur cette maison.
SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1999
Présents : MM. Peyrusse, Président, Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Mmes Noé-Dufour, Pousthomis-Dalle, Pradalier-Schlumberger, MM. labbé Baccrabère, Hermet, Fau, Pradalier, M. Tollon, Mgr Rocacher, le Père Montagnes, membres titulaires, Mmes Fraïsse, Jimenez, Pujalte, MM. Boudartchouk, Garland, Hamon, Manuel, Testard, membres correspondants.
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Excusés : M. Coppolani, Directeur honoraire, Mme Napoléone.
Le Secrétaire général donne lecture du
procès-verbal de la séance du 19 octobre, qui est adopté.
Annie Noé-Dufour informe la Compagnie quelle a pu visiter la
maison de la rue de Rémusat et quelle en a fait faire des photographies. Les
quelques observations réalisées à cette occasion montrent que le bâtiment appartient
à un regroupement de maisons opéré lors de la régularisation de la place du Capitole.
Quelques éléments, dont les moulures du plafond, permettraient de dater la maison sur la
rue du XVIIe siècle.
Le Président rend compte de la correspondance
manuscrite.
M. le Sénateur-Maire de Caussade, M. Colin, propose à notre Société
que la cérémonie de remise dune médaille dargent à la Ville se déroule le
4 décembre à 11 heures et il joint à son courrier une liste des personnalités qui
pourraient être invitées. Tous les membres de notre Compagnie sont bien sûr conviés.
Notre confrère Jean-Claude Richard nous annonce que la Fédération
archéologique de lHérault, fondée en 1971, fêtera son trentenaire à Sète les
29 et 30 avril 2000.
Il fait ensuite circuler parmi les membres les invitations reçues et
présente les ouvrages offerts à la Société. Par lentremise de notre Secrétaire
général, la Bibliothèque municipale de Cahors offre le catalogue rédigé par M.
Patrick Ferté, maître de conférences à lUniversité de Toulouse-Le Mirail, pour
lexposition La vie à Cahors du XVIe au XVIIIe
siècle à travers les fonds municipaux. 18 septembre-20 octobre 1999 (102 p.), et
deux numéros du Bulletin de lAssociation archéologique de Martres-Tolosane sont
donnés par le maire de la ville. Le Directeur fait également don à la Société de
plusieurs ouvrages.
Ayant entendu le rapport de Daniel Cazes sur la
candidature de M. François Bordes, la Compagnie procède au vote. M. François Bordes est
élu membre correspondant de notre Société.
Le Président soumet alors au vote lélection au titre de membre
libre de notre confrère Claude Péaud-Lenoël. La proposition est adoptée.
La parole est alors à Emmanuel Garland pour une communication sur Lart des orfèvres romans à Conques daprès les filigranes du trésor, publiée dans ce volume (t. LX, 2000) de nos Mémoires.
CONQUES (AVEYRON), TRÉSOR,
le « A de Charlemagne », détail. Cliché E. Garland.
Le Président remercie Emmanuel Garland de cette relecture de la plus grande partie du trésor de Conques, à travers une analyse de la technique merveilleusement illustrée par des macrophotographies. On pouvait imaginer quune approche de ce genre mettrait en lumière nombre de questions et le Président se tourne alors vers lhistorien de Conques, notre confrère Jean-Claude Fau, qui nous fait lamitié dêtre parmi nous ce soir. Jean-Claude Fau dit quil a beaucoup appris au cours de cette communication et que lanalyse des filigranes constitue une avancée sérieuse dans létude du trésor de Conques, bien quelle ne puisse déboucher sur de véritables conclusions. Quant aux deux reliquaires dits « pentagonal » et « hexagonal », Jean-Claude Fau ne croit pas quils aient été réalisés du temps de labbatiat de Bégon ; leur facture les place en dehors de lart de lorfèvre, à un moment où tout atelier dorfèvrerie a disparu à Conques. Emmanuel Garland confirme ce dernier point tout en remarquant quune inscription indique le début du XIIe siècle. La conception en serait en tout cas toute différente à partir du XIIIe siècle. Jean-Claude Fau admet que la décadence commence peut-être à Conques immédiatement après le premier tiers du XIIe et que lon pourrait alors songer à des uvres du milieu ou de la seconde moitié du XIIe siècle. Emmanuel Garland fait cependant remarquer que la plus grande partie des filigranes est antérieure et que lhabitude de leur remploi disparaît à ce moment-là. Il reconnaît quil est de toute façon très difficile de trancher en létat actuel de nos connaissances.
Le Président constate que les problèmes sont en effet complexes et quEmmanuel Garland ne propose prudemment que des conclusions très mesurées. Il lui demande sil faut penser que latelier produisait des bandes de filigranes en série qui étaient ensuite adaptées aux objets à décorer. Emmanuel Garland précise que cela dépend des époques. Pour la statue de sainte Foy, le choix des pierres est le plus important et le décor dorfroi en dépend étroitement. En revanche, sous labbatiat de Bégon, le lot de pierres antiques dont dispose encore labbaye est beaucoup plus pauvre et elles ne représentent plus alors que lune des composantes du décor ; la technique de lorfèvre est également plus sommaire.
Le Président évoque la restauration effectuée sous la direction de Jean Taralon dans les années 1960 et demande si les nouvelles techniques détude permettraient aujourdhui den savoir plus. Emmanuel Garland répond par laffirmative en rappelant dans quelles conditions, et sous la pression de quels tabous, ont été menées lanalyse et la restauration de Taralon. Une nouvelle étude scientifique lèverait probablement de nombreux doutes. Il rappelle que si les pierres antiques ont en général été étudiées, il subsiste des problèmes didentification de la nature exacte de certaines dentre elles.
Michèle Pradalier-Schlumberger voudrait savoir sil est possible de préciser les filiations qui semblent se
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dessiner avec lorfèvrerie carolingienne. Emmanuel Garland répond quun certain nombre déléments conduisent à rapprocher le reliquaire dit de Pépin duvres réalisées dans les ateliers impériaux du début du Xe siècle, au point qu'il faut considérer qu'il en est issu, mais quil est actuellement difficile dêtre plus précis.
Au titre des questions diverses, le Secrétaire général dresse un état du site Internet de la Société. Il rappelle tout dabord que le site, ouvert en octobre 1997, a maintenant deux années dexistence et quil est associé à celui de lAcadémie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres sous une bannière rassemblant lensemble des Académies et Sociétés savantes de lHôtel dAssézat. Le site de la Société archéologique compte aujourdhui 250 documents, ce qui doit à peu près correspondre à 2000 pages imprimées et plus de 500 images. Le compteur placé sur la page daccueil vient de franchir les 3000 consultations et laugmentation constatée au cours de la dernière année correspond à celle que révèle loutil statistique du serveur, lequel analyse avec une grande précision les volumes de données transférées. Il paraît clair que le site Internet accroît sensiblement laudience de notre Société et quil répond, en dépit de ses imperfections, à son objectif qui est de rendre accessibles au plus grand nombre une documentation et des travaux dhistoire, darchéologie et dhistoire de lart de la plus grande qualité possible.
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1999
Présents : MM. Peyrusse, Président, M. Coppolani, Directeur
honoraire, Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour,
Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint,
Mmes Napoléone, Noé-Dufour, M. Tollon, membres titulaires, Mmes Aribaud,
Blanc-Rouquette, Fronton-Wessel, Pujalte, MM. Bordes, Burroni, Ginesty, Laffont, Mange,
membres correspondants.
Excusés : MM. Garland, le Père Montagnes.
Le Président souhaite la bienvenue à notre nouveau
confrère François Bordes, qui prend séance ce soir.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance
du 9 novembre, qui est adopté.
Le Président complète son compte rendu de la dernière réunion du
Bureau de lUnion des Académies et Sociétés savantes, puis il indique que notre
consur Christine Aribaud nous communique une invitation pour lexposition Teintures
précieuses de la Méditerranée. Pourpre. Kermès. Pastel. Musée des Beaux-Arts de
Carcassonne. Centre de Documentació i Museu Textil, Terrassa 1999-2000, qui est
accompagnée dun catalogue (Carcassonne : Impr. Sival, 1999, 181 p.).
Il rappelle que notre prochaine séance se tiendra au Musée
Saint-Raymond.
La parole est alors à Marie-Luce Pujalte pour sa communication François Cammas et son Cours darchitecture militaire à lusage des élèves du Lycée de Toulouse (1792, inédit), qui sera publiée dans le volume t. LXI (2001) de nos Mémoires.
Le Président remercie Marie-Luce Pujalte
davoir accepté de nous présenter, sans attendre davoir achevé sa recherche,
cette première exploration dune découverte extrêmement excitante. Elle révèle
lactivité dingénieur de François Cammas et vient ainsi compléter le
portrait du peintre, architecte, dessinateur que lon connaissait. Ce cours peut
être considéré comme un document de base pour évaluer le savoir technique et
architectural à la fin du XVIIIe siècle à Toulouse. Sans
doute sera-t-il possible daller plus loin dans lidentification des
sources ? Marie-Luce Pujalte dit quelle a encore des difficultés à les
repérer et quen outre, la bibliothèque municipale étant fermée, elle na
pas eu le temps de consulter directement le cours de Blondel édité en 1771, qui paraît
bien être le fondement principal de celui de François Cammas. Louis Peyrusse et Bruno
Tollon indiquent quun exemplaire est peut-être conservé à la bibliothèque des
Beaux-Arts.
Le Président demande quels rapports peuvent être établis avec les
autres ingénieurs étudiés par Antoine Picon. Marie-Luce Pujalte répond quil faut
poursuivre les investigations sur ce point.
Daniel Cazes précise que l« aqueduc » mentionné par Cammas est en fait légout romain et quil est probable quil sinspire là des études présentées par Saget devant lAcadémie des Sciences, faisant en particulier écho au danger que représenterait son exploration. Cet intérêt pour les aqueducs et égouts romains appartient à lesprit du temps et de nombreuses villes dorigine romaine ont fait lobjet de semblables études, les réseaux étant même parfois remis en service.
Le Président et Bruno Tollon évoquent la littérature de voyage, disant que lon aimerait connaître les guides auquel Cammas a sans aucun doute eu recours pour son voyage en Hollande. Le Président note aussi quil sera intéressant de replacer lenseignement de François Cammas dans le contexte de la suppression des Académies et de
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la création de lécole centrale. Il sinterroge par ailleurs sur les circonstances de son incarcération en 1798. Henri Ginesty dit que les archives de Castres apporteraient peut-être des précisions.
Jean-Luc Laffont rappelle quAnne Blanchard et
ses élèves ont consacré plusieurs travaux aux ingénieurs militaires et que le Musée
de lArmée conserve des documents sur lenseignement de larchitecture
militaire. Pour lui, le voyage de Cammas en Hollande a peut-être été motivé par le
fait que les États du Languedoc entreprennent alors des assèchements détangs dans
le Bas-Languedoc. Le Président note que dassez nombreux Hollandais viennent pour
cela sur place et lon saccorde pour considérer que la mission confiée à
Cammas paraît exceptionnelle.
Sétonnant que François Cammas napparaisse quen
1786, Jean-Luc Laffont note quune enquête dans les archives de la commission des
travaux publics serait peut-être nécessaire. Marie-Luce Pujalte confirme que Cammas
nest, par exemple, jamais mentionné à propos de la construction des quais de
Toulouse.
Répondant à Maurice Scellès, Marie-Luce Pujalte dit que le cours de
François Cammas ne comporte malheureusement que de rares mentions sur les monuments de
Toulouse. Puis, le Président lui ayant demandé si elle pensait intégrer des morceaux
choisis à sa publication, elle dit que ce serait tout à fait envisageable. Le Président
la remercie à nouveau, en soulignant la richesse foisonnante de cette recherche en cours.
Au titre des questions diverses, le Directeur donne des informations sur lengagement de létude géophysique du site de la villa de Chiragan à Martres-Tolosane. Jean-Emmanuel Guilbaut lui a indiqué que lopération devait débuter le 13 novembre et durer plusieurs semaines. Un changement est intervenu dans la composition de léquipe : létude sera réalisée par lentreprise Hadès, dirigée par notre confrère Bernard Pousthomis, avec la collaboration de Michel Martinaud et celle dun ingénieur du Service régional de larchéologie de Languedoc-Roussillon. Le Maire et notre fermier ont été avertis, et notre Société sera tenue informée.
Puis Daniel Cazes évoque les trois expositions
quil a récemment visitées à Paris et qui lont enthousiasmé. Il propose que
notre Société fasse lacquisition des catalogues pour sa bibliothèque. Cest
tout dabord la magnifique exposition que le Musée du Louvre consacre à Vivant
Denon (Dominique-Vivant Denon. Lil de Napoléon. Catalogue de
lexposition du Musée du Louvre, 20 octobre 1999 17 janvier 2000,
Éditions de la Réunion des Musées nationaux, Paris : 1999).
Lexposition Hadrien, trésors dune villa impériale,
conçue pour être présentée sur le site de la villa elle-même lannée
prochaine, est actuellement accueillie par la Mairie du 5e arrondissement.
Lexposition permet en particulier de voir des pièces habituellement en réserve et
dautres qui ont fait partie des collections de Catherine de Russie (catalogue par
les Éditions Electa, Milan : 1999). Bruno Tollon ajoute quune maquette permet
de se faire une bonne idée de lensemble de la villa et quil a été en
particulier intéressé par les circulations souterraines remarquablement mises en
évidence. Daniel Cazes indique quil sagit là de lun des points forts
des recherches actuelles des archéologues italiens.
La troisième exposition, LEurope en temps
dUlysse : dieux et héros de lÂge du bronze, se tient dans les
Galeries nationales du Grand Palais (28 septembre 1999 10 janvier 2000). Elle a
auparavant été présentée à Copenhague (décembre 1998 avril 1999), à Bonn
(mai août 1999) et sera lannée prochaine à Athènes (février mai
2000) (pour lédition française, catalogue par les Éditions de la Réunion des
Musées nationaux, Paris : 1999). La mythologie est vue non plus à travers la
référence à un monde oriental supposé supérieur, mais sous la forme dun vaste
panorama qui cherche à mettre en relation tout ce que lon connaît aujourdhui
de lEurope de lÂge du bronze.
Un membre attire lattention sur le sort futur de la prison Saint-Michel et de la caserne Niel qui seront prochainement désaffectées. On croit savoir que les deux édifices sont menacés de démolition et il paraît souhaitable de recueillir lavis de notre Société. Pour la prison, le Président indique quil faudrait pouvoir interroger à ce sujet Odile Foucaud et rappelle que les conditions de détention y sont indignes de la République. Hors la façade de brique et la cour, tout est dans un état lamentable. Il rappelle lextrême qualité du plan dû à Esquié, lequel avait cependant eu pour mission de construire à moindre coût. Daniel Cazes souligne que les deux édifices se trouvent en outre sur des zones archéologiques qui devront être prises en compte quel que soit leur sort. Sensuit alors une discussion que lon conclut en convenant quil est nécessaire de pouvoir examiner plus amplement les dossiers.
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SÉANCE FORAINE DU 4 DÉCEMBRE 1999
Remise dune médaille dargent de la Société Archéologique du Midi de la France à la Ville de Caussade pour la restauration de la Tour dArles.
Le Président, le Trésorier, le Secrétaire
général, MM. Burroni, Tollon et Pajot se retrouvent devant la Tour dArles où ils
sont accueillis par le Sénateur-Maire de Caussade, M. Collin, accompagné de
personnalités de la ville, en présence de M. Rodriguez, de lentreprise
Rodriguez-Bizeul qui a réalisé une large part des travaux de restauration, de notre
confrère Bernard Pousthomis, gérant de lentreprise Hadès à laquelle a été
confiée létude archéologique, et de la presse.
Après des souhaits de bienvenue, M. Collin invite le groupe à une
visite du monument sous la conduite de Bernard Pousthomis. La qualité de la restauration
quannonçaient les façades extérieures est vérifiée à lintérieur où
chacun peut constater et le soin apporté aux reconstitutions de létat
dorigine et le respect scrupuleux des parties anciennes. Des discussions émaillent
la visite, attirant lattention sur un point ou un autre de lanalyse
archéologique ou de la restauration.
Le groupe se dirige ensuite vers lHôtel de Ville où a été
préparé un vin dhonneur.
M. Collin rappelle que la Tour dArles a
longtemps attendu cette restauration, mais que cette longue maturation a finalement été
une chance pour lédifice. Il se plaît à souligner tout ce qua apporté à
sa compréhension lanalyse archéologique si minutieuse de Bernard Pousthomis et la
parfaite entente qui sest établie entre larchéologue, larchitecte en
chef des Monuments historiques et les entreprises. Il convient de rendre hommage à tous.
Le résultat est à la hauteur des espérances et M. Collin y voit la confirmation
dun choix quil nétait certes pas très facile de faire accepter il y a
quelques années : il ne peut aujourdhui que se féliciter davoir
décidé dengager cette restauration sans la lier à aucune réutilisation de
lédifice. Cest dans le même esprit quil a pris la décision de
renoncer à lescalier de secours dont la construction sur larrière du
bâtiment avait été projetée. À lissue de cette première phase des travaux,
dautres solutions apparaissent, avec en particulier la possible acquisition de
limmeuble voisin. M. Collin termine son allocution en annonçant que la seconde
tranche de travaux, qui comprendra la restauration des peintures murales intérieures,
sera engagée prochainement.
Après avoir évoqué la compétence très largement régionale qui est
celle de la Société Archéologique du Midi de la France depuis sa fondation, le
Président dit quel plaisir a été le sien et celui de toutes les personnes
présentes aujourdhui en découvrant un édifice quil connaissait
pourtant déjà, mais auquel sa restauration a rendu sa beauté première en révélant un
monument remarquable. Il est sûr que la Tour dArles, pour laquelle on dispose en
outre dune datation précise, figurera désormais parmi les monuments les plus
significatifs de larchitecture civile du Moyen Âge non seulement du Sud-Ouest mais
également de la France et de lEurope. Il salue le courage dune restauration
pleinement assumée, qui renoue avec le meilleur de la tradition de Viollet-le-Duc tout en
sappuyant sur une étude scientifique des plus exigeantes. Exemplaire à tous ces
titres, la restauration de la Tour dArles justifie pleinement la médaille
dargent par laquelle la Société Archéologique du Midi de la France a tenu à
récompenser la Ville de Caussade.
Au nom de la Ville de Caussade, M. Collin remercie la Société Archéologique du Midi de la France dune distinction qui lhonore. Il y ajoute le plaisir de conférer à notre Président le titre de citoyen dhonneur de Caussade, en lui remettant la médaille de la Ville.
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1999
Visite du musée Saint-Raymond rénové
Présents : Louis Peyrusse, Président ; Daniel Cazes,
Directeur ; Maurice Scellès, Secrétaire Général ; Patrice Cabau,
Secrétaire-adjoint ; Louis Latour, Bibliothécaire-Archiviste ; Mmes Annie
Noé-Dufour, Anne-Laure Napoléone, Nelly Pousthomis-Dalle, MM. labbé Georges
Baccrabère, Michel Roquebert, Bruno Tollon, Jean Vézian, le Père Montagnes, membres
titulaires ; Mmes Christine Aribaud, Marie-Thérèse Blanc-Rouquette, Marie-Laure
Fronton-Wessel, Marie-Luce Pujalte, Dominique Watin-Grandchamp, MM. François Bordes, Yves
Cranga, Henri Ginesty, Étienne Hamon, Bernard Pousthomis, membres correspondants.
Excusée : Mme Quitterie Cazes.
La Compagnie se retrouve à 17 heures au musée Saint-Raymond. Daniel Cazes, Conservateur en chef du musée et Directeur de notre Société, conduit la visite du musée rénové et de la nouvelle présentation de ses collections.
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Louis Peyrusse remercie Daniel Cazes daccueillir la Société archéologique au musée Saint-Raymond. Ayant rappelé que notre Compagnie nest pas tout à fait étrangère en ces lieux, le Président loue un réaménagement qui se signale par sa rigueur, son équilibre et sa beauté : depuis sa réouverture, le musée offre une nouvelle fête pour lil et pour lintelligence. Daniel Cazes se récrie : « Merci. Cest trop ! ». Il confirme que la Société archéologique est la bienvenue dans le musée, où elle est comme chez elle, au milieu de collections que, depuis 1831, elle a contribué à constituer ; ses contributions majeures seront signalées au cours de la visite. Daniel Cazes commence son exposé en montrant toute la difficulté quil y a à parler des collections du musée Saint-Raymond : un millier duvres seulement sont présentées au public, alors que le musée possède plusieurs dizaines de milliers de pièces. Il rappelle que le musée a longtemps souffert dun jugement défavorable de « pauvreté », la réorganisation menée de 1946 à 1949 par Robert Mesuret nayant présenté quune partie infime de ses richesses. Depuis les années 1950, celles-ci se sont considérablement accrues, grâce aux fouilles menées à Toulouse et dans la région. M. Cazes souligne que le lien organique établi par Michel Labrousse et Jacqueline Labrousse entre deux institutions, la circonscription des Antiquités historiques et le musée, a permis daugmenter les collections dun nombre dobjets supérieur à celui des pièces entrées au XIXe siècle.
La visite proprement dite suit la démarche
recommandée au public, à savoir en partant du deuxième étage, consacré à Toulouse
romaine et à la province de Narbonnaise.
Daniel Cazes commence par évoquer la question de lorigine du nom
de Tolosa : celtique ou ibérique ? Selon un recensement fait par Pierre
Moret, on ne trouve en France quun seul exemple de ce toponyme, alors que de
nombreuses occurrences se rencontrent dans la péninsule Ibérique. Ce constat porte à
croire que le peuple fondateur de Tolosa appartenait à une aire linguistique
ibérique. Cest sur un substrat ibérique ou « pyrénéen » que se sont établis
les Volques Tectosages, peuple celte arrivé au IIIe siècle
avant notre ère. M. Cazes présente ensuite les torques dor trouvés à Fenouillet
en 1841 et sauvés par Guillaume Gaspard Belhomme, membre de la Société
archéologique : celui-ci réussit à acquérir cinq des six bijoux découverts alors
que les ouvriers avaient commencé à en faire le partage et à les dépecer. Étant
donné que ces pièces ont été retrouvées à proximité dune urne et
dossements, il doit sagir dun dépôt funéraire. Influencées par
lorfèvrerie hellénistique mais appartenant à la civilisation celtique et datables
de lextrême fin du IIIe siècle avant notre ère, ces
parures sont attribuables aux Volques Tectosages. Les autres bijoux en or retrouvés à
Lasgraïsses en 1885 permettent également dévoquer la légendaire richesse des
Volques Tectosages, dont lor provenait de lorpaillage pratiqué dans les
rivières de la région telles que lAriège, lArize ou le Tarn. La
présentation damphores vinaires des IIe et IIIe
siècles avant notre ère, témoins dun commerce actif entre Méditerranée et
Atlantique, donne occasion desquisser les relations que le pays des Volques
entretenait avec des horizons plus ou moins lointains et dautres civilisations.
Daniel Cazes décrit ensuite la pénétration de
Rome, effectuée par des poussées vers lintérieur à partir de la Via Domitia.
En - 106 arrive le consul Cépion, et Tolosa est intégrée à la province romaine
de Transalpine. À partir de - 27, par suite dune réforme dAuguste, elle fait
partie de la province de Narbonnaise. M. Cazes présente le fragment dinscription
découvert à Vieille-Toulouse en 1879 par Théodore de Sevin, membre de la Société
archéologique. Datée de - 47, cette inscription est restée le plus ancien texte
épigraphique daté connu pour les Gaules, jusquà la découverte, en 1949, près de
Narbonne, du milliaire de Treilles, de - 118. Sur la partie subsistante, la moitié
droite, se lit un texte relatif à lédification dun sanctuaire par un
collège religieux. Les noms des dédicants, disposés à lorigine sur trois
colonnes, sont grecs et latins. Ce monument est à rapprocher des vestiges découverts par
Michel Vidal non loin de là, à Baulaguet, en 1971 : les substructions dun fanum
de type celtique, dont le plan comporte une cella entourée dune galerie à
colonnade et dont le mode de construction est tout romain, avec lutilisation de la
brique cuite, notamment pour les colonnes montées avec des briques en quart de rond ou la
toiture composée de tegulae et dimbrices.
Daniel Cazes présente le matériel provenant des puits à offrandes,
« funéraires » ou « cultuels », fouillés par Michel Vidal à Vieille-Toulouse, sur
le site actuellement occupé par un terrain de golf. Ces puits, dont certains atteignent
une grande profondeur (jusquà 17 mètres), contiennent un dépôt dobjets
relatifs soit à la vie guerrière (casque, pointe de lance
), soit au vin
(nochoé, situle, seau de bois cerclé de bandes de bronze travaillées, simpulum
).
Au-dessus du dépôt doffrandes, les couches de comblement étaient remplies de
débris damphores vinaires. M. Cazes montre sur des fragments damphores des
inscriptions peintes en langue ibère datables du IIe siècle
avant notre ère : un nom suivi dun nombre, ce qui pourrait correspondre à une
mention commerciale. Il conclut sa présentation de Vieille-Toulouse en disant quil
sagit dun site de toute première importance, qui serait dans des pays voisins
de la France déclaré site archéologique dintérêt national.
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La Compagnie sassemble ensuite devant le plan de Tolosa, dont Daniel Cazes montre lorganisation urbaine. La ville antique, édifiée sur la rive droite de la Garonne, couvre 90 hectares ; un rempart monumental appuyé vers lOuest sur le fleuve la ceint au Nord, à lEst et au Sud. M. Cazes évoque la « Porterie », grande porte nord mise au jour en 1971 lors du creusement du parc de stationnement souterrain de la place du Capitole et conservée encore sur quatre mètres délévation, dont la destruction a été un désastre. Il faut espérer que les fouilles projetées sur lemplacement du Palais de Justice permettront de retrouver les éléments de la grande porte sud, intégrée au Moyen Âge dans le Château-Narbonnais. M. Cazes met ensuite en évidence la trame urbaine, signalant les monuments de la cité : laqueduc et les thermes étudiés par notre confrère labbé Baccrabère, le théâtre, le plus grand connu pour la France (avec un diamètre supérieur à 100 mètres), qui pouvait contenir une dizaine de milliers de spectateurs. Cest loccasion daborder la question de la population de Toulouse antique, estimée par Michel Labrousse à 25 000 ou 30 000 habitants, chiffre prudent qui paraît aujourdhui tout à fait raisonnable. À propos de lévolution ultérieure de la structure urbaine, M. Cazes rappelle que Toulouse a connu au Moyen Âge une dilatation, alors quArles ou Nîmes subissaient une contraction.
La visite de Tolosa se fait ensuite par secteurs, devant des fragments architecturaux, des sculptures, des maquettes ou des vitrines dexposition.
Secteur centre. La Compagnie fait cercle autour dune maquette représentant le grand temple du forum retrouvé sous la place Esquirol lors des fouilles pour le métro et le parc de stationnement souterrain, menées notamment par notre confrère Jean-Luc Boudartchouk, Jean-Charles Arramond et Raphaël de Filippo. Le forum de Toulouse romaine était immense : représentant en superficie environ deux fois et demie la surface de la place du Capitole, il sétendait entre la grande voie Nord-Sud, le cardo maximus (rue des Changes), et un axe cardinal secondaire (rue des Tourneurs). Ses constructions étaient vraiment monumentales : le temple majeur de la ville, très vraisemblablement le Capitolium, apparaît comme le plus grand temple connu en France (façade large de 27 mètres) après celui de Narbonne (façade de 32 mètres). À la fin de lAntiquité, le forum et ses monuments ont servi de carrière de pierre. Les matériaux retrouvés par la fouille indiquent deux grandes phases de construction : lemploi de la pierre calcaire de Belbèze caractérise les bâtiments de lépoque augustéenne, lutilisation du marbre ceux d'une lépoque impériale plus avancée. Pour ces derniers, un fragment de chapiteau énorme, des éléments de placage de colonne au cur maçonné dun diamètre denviron un mètre cinquante suggèrent un ordre colossal. La reconstruction des monuments du forum témoigne dun enrichissement considérable de Tolosa dans la période correspondant à la seconde moitié du Ier siècle de notre ère, au IIe siècle et au premier tiers du IIIe.
Secteur est. Un fragment de corniche en
marbre blanc donne lieu à lévocation du temple dont les ruines furent retrouvées
par Alexandre Du Mège sur lemplacement de lancienne église Saint-Jacques,
remplacée au début du XIXe siècle par la chapelle
Sainte-Anne. Un grand autel de culte fut découvert en 1862 à lentrée de la rue
Sainte-Anne, dans la maison de Marcel Dieulafoy, membre de la Société archéologique,
qui en fit don au musée ; le décor, des guirlandes de fruits et de feuillages
soutenues par des mascarons, évoque le dieu Bacchus. Des abords de la cathédrale
Saint-Étienne proviennent également un grand chapiteau corinthien trouvé dans le sol de
la Préfecture, ainsi que des fragments de statues officielles, sinon impériales. On a
limpression que le pouvoir politique sest affirmé dans cette zone au IIe
siècle.
Daniel Cazes présente ensuite un élément de bas-relief en marbre
figurant le combat des Grecs et des Amazones qui fut découvert au XVIIe
siècle dans le lit de la Garonne, entre le Pont-Neuf et la chaussée du Bazacle. Il
sagit dune copie romaine dune uvre grecque, dont le thème est
sans doute à mettre en relation avec la propagande politique de lempereur Auguste.
Secteur nord. Daniel Cazes présente la maquette des vestiges retrouvés dans les fouilles de lancien hôpital Larrey. Il insiste sur la qualité de cette maquette, très fidèlement réalisée Denis Delpalillo d'après les indications données par le fouilleur du site, Raphaël de Filippo. Les substructions mises au jour au sud du rempart romain et détruites immédiatement après la fouille étaient celles dun grand palais dont la façade regardait vers la Garonne et dont lorganisation est typique de larchitecture de pouvoir de lépoque de lEmpire. À une grande tour carrée encadrée à gauche et à droite par un portique, suivie dun hémicycle, dun portique et dune grande cour, sajoute un autre bâtiment retrouvé depuis sous le nouvel auditorium du Conservatoire. Cet ensemble palatial doit être mis en relation avec les vestiges dun grand monument retrouvé hors les murs, au nord de léglise Saint-Pierre-des-Cuisines, qui présente les mêmes techniques de construction, tout à fait originales. Comme la proposé Claude Domergue, il faut sans doute voir dans le palais celui que les rois wisigoths de Toulouse se firent construire au Ve siècle. Cest ce
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palais que Sidoine Apollinaire a évoqué dans ses lettres, mentionnant
notamment les écuries et le trésor du roi Théodoric II (lequel comprenait non seulement
des richesses, mais encore la bibliothèque et les archives royales). Quant au monument extra
muros, il pourrait sagir dun mausolée érigé pour les rois wisigoths.
Daniel Cazes en vient naturellement, en présentant les colonnettes de
marbre provenant de lancienne église de la Daurade, au problème de la fonction de
cet édifice : chapelle palatine des rois wisigoths, ou plutôt cathédrale
arienne
?
Plusieurs vitrines présentant divers objets, comme
les céramiques sigillées produites dans les ateliers de potiers de La Graufesenque et de
Montans, amènent à évoquer les activités économiques ainsi que la vie quotidienne.
Daniel Cazes conduit ensuite la Compagnie devant quelques-unes des
découvertes majeures faites dans la province de Narbonnaise, notamment les dix portraits
romains en marbre découverts en 1844 sur un emplacement proche du forum de
Béziers, acquis en 1845, à l'initiative de la Société Archéologique du Midi de la
France, par Guillaume Gaspard Belhomme et publiés par lui : un rare buste
dOctave-Auguste, fondateur de Béziers, réalisé en 36 / 35, un
portrait de Tibère, et le plus beau portrait connu de Germanicus.
La visite du musée se poursuit avec la découverte
du premier étage, entièrement consacré à la villa de Chiragan à
Martres-Tolosane.
Ce site tout à fait exceptionnel fut connu et exploité aux XVIIe
et XVIIIe siècles. On en avait extrait un torse de Vénus
devenu célèbre, ainsi quune grande statue dempereur assis, deux uvres
aujourdhui disparues. Des fouilles furent organisées au XIXe
siècle : dirigées de 1826 à 1830 par Alexandre Du Mège, elles furent continuées
de 1840 à 1843 par une Commission de la Société archéologique du Midi formée de
Costes, Guillaume Gaspard Belhomme, Edmond Chambert et Urbain Vitry, puis poursuivies par
Albert Lebègue en 1890-1891 et Léon Joulin en 1897-1899. Ces campagnes ont permis de
reconnaître les vestiges dune villa gigantesque établie au bord de la
Garonne, sur trois terrasses du fleuve, comprenant quatre-vingts bâtiments disséminés
dans un enclos rectangulaire dune superficie de seize hectares. Le centre de ce
complexe était un immense palais composé de quelque cent cinquante salles, chambres,
pièces
distribuées autour de cours, atria
M. Cazes présente le plan
de ce dédale, appelant lattention sur un portique de quarante-cinq mètres de
longueur qui aboutit à une salle basilicale, ainsi que sur lénorme ensemble
thermal et sportif. Toutes ces constructions résultent de cinq siècles
doccupation, de lépoque dAuguste à la fin de lAntiquité. Les
fouilles successives ont procuré une masse déléments sculptés, qui nont
pas été retrouvés sur leurs emplacements dorigine, mais accumulés dans des
remblais et mélangés à dautres matériaux.
Daniel Cazes commente le splendide décor architectural marmoréen mis en place lors de la troisième étape de construction du palais de Chiragan, entre la fin du IIe siècle et celle du IIIe. Il sagit tout dabord de pilastres très généreusement sculptés de rinceaux, ensuite de grands médaillons ornés de bustes, enfin de reliefs figurant les douze Travaux dHercule. Les neuf panneaux conservés sont présentés selon lordre canonique fixé à lépoque hellénistique, au IIIe siècle avant notre ère. M. Cazes explique comment il a pu procéder à des reconstitutions, à partir de fragments épars qui navaient jamais été mis en relation : Hercule aux Enfers, tenant une des têtes de Cerbère (identifié et reconstitué à partir dune scène figurée sur un sarcophage du musée des Offices à Florence) ; Hercule au Jardin des Hespérides, portant les pommes dor. Il souligne la personnalité vraiment originale du sculpteur, jusquici peu étudiée, et dont la manière se caractérise entre autres par un traitement « lourd » des poches lacrymales.
Il y avait dans le palais de Chiragan des répliques
romaines duvres grecques ou hellénistiques célèbres, exécutées dans un
marbre statuaire de provenance sans doute orientale (Asie mineure) :
une copie de la fameuse Athéna du sculpteur Myron : la
réplique de Chiragan est la plus proche de loriginal, qui était en bronze, par
comparaison avec les copies qui se trouvent à Francfort et à Madrid, au musée du
Prado ;
une copie de lAthéna du sculpteur Crésilas : la
réplique de Chiragan est la meilleure de toutes celles que lon connaît ;
une copie dune statue dérivant de lAphrodite de
Cnide due au sculpteur Praxitèle (IVe siècle avant notre
ère) : par rapport aux répliques fondamentales, très froides, que sont les têtes
Borghèse et Colonna, les répliques adaptées que sont les têtes Kaufmann (découverte
en Asie mineure) et de Chiragan présentent une physionomie adoucie.
Daniel Cazes guide ensuite la Compagnie dans la galerie des portraits romains découverts à Martres-Tolosane : la série, qui compte quelque deux cents pièces, représente le plus grand ensemble découvert en France.
Labondance et la qualité de toutes ces sculptures conduisent à sinterroger sur lidentité du propriétaire de la villa de Chiragan. À lévidence, il sagissait dun personnage exceptionnel : on a pu penser à quelque grand sénateur, à un gouverneur de la province. Peut-être aussi la villa de Chiragan fut-elle, à quelque moment du IIIe ou du IVe siècle, une des résidences impériales.
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Vu lheure tardive, la visite du sous-sol du musée, consacré à Toulouse paléochrétienne, est reportée à une date ultérieure. La Compagnie se sépare peu après 19 heures.
SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1999
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur
honoraire, Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour,
Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint,
Mme Napoléone, MM. l'abbé Baccrabère, Hermet, Roquebert, Tollon, membres titulaires,
Mmes Blanc-Rouquette, Fronton-Wessel, Jimenez, Pujalte, MM. Bordes, Burroni, Hamon,
Manuel, Séraphin, Testard, membres correspondants.
Excusés : MM. le général Delpoux, Garland.
Le Président ouvre la séance et donne la parole au
Président de lAcadémie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres, M. Paul
Féron, qui nous annonce la parution du livre Théodore Ozenne, mécène toulousain,
un fort volume de 360 pages accompagnées dillustrations. M. Paul Féron demande à
la Compagnie dapporter son concours en aidant à la vente de louvrage. Il
indique que les revenus en seront attribués au projet de mise en réseau des fichiers
informatiques de nos bibliothèques, projet qui réalisera à un siècle dintervalle
le vu de Deloume dun grand fonds documentaire unique des académies et
sociétés savantes de lHôtel dAssézat, sous une forme virtuelle et en
respectant donc lindépendance de chacune de nos institutions.
Le Président remercie M. Paul Féron et le félicite davoir
mené à bien cette longue entreprise, qui permettra peut-être de maintenir la tradition
du mécénat de Théodore Ozenne.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 23 novembre, qui est adopté.
Le Président remercie Michel Roquebert qui fait don à la Société de son dernier ouvrage : Histoire des Cathares. Hérésie, Croisade, Inquisition du XIe au XIVe siècle (s.l. : Perrin, 1999, 538 p.). Cest également Jean-Luc Laffont qui offre pour notre bibliothèque de nombreux tirés à part, tant de ses propres articles que de ceux dautres chercheurs, qui constituent un ensemble riche sur lhistoire du notariat.
Le Président rend compte de la réunion du Bureau
de la Fédération des Sociétés savantes de Languedoc-Pyrénées-Gascogne. Les membres
présents ont constitué un Conseil dadministration et un Bureau qui prendront en
charge la préparation du congrès régional qui se tiendra à Auch au printemps 2000, et
celle du congrès national qui se tiendra à Toulouse à Pâques 2001.
Puis le Président rend compte de la cérémonie très amicale au cours
de laquelle a été remise à la Ville de Caussade la médaille dargent que notre
Société lui a décernée pour la restauration de la Tour dArles. La visite de
lédifice a amplement confirmé lexceptionnelle qualité du parti de
restauration et de sa réalisation. En remerciement, le Sénateur-Maire de la ville, M.
Collin, a conféré au Président de notre Société le titre de citoyen dhonneur de
Caussade, et lui a remis une médaille de la Ville, reproduction fidèle dun poids
du XVIe siècle qui trouvera place dans les vitrines de nos
collections.
Le Président évoque encore lenchantement qua été notre
dernière séance qui se tenait au Musée Saint-Raymond. La présentation de Daniel Cazes
a été un bonheur comme il en existe peu, riche didées extraordinairement
excitantes, lexposé oral autorisant ce que ne permet jamais lexpression
écrite. Daniel Cazes a bien voulu accepter dassurer la conférence de notre
prochaine séance publique, en retenant pour thème la sculpture de la villa de
Chiragan.
Notre confrère labbé Baccrabère nous propose en outre une
séance exceptionnelle de visite du rempart antique de lInstitut catholique, que
nous acceptons très volontiers. Il reste à en fixer la date.
Cest enfin une lettre tout à fait passionnante de M. Bertrand
Ducourau, conservateur du patrimoine chargé des objets mobiliers à la Conservation
régionale des Monuments historiques, qui nous propose de placer sur le site Internet de
notre Société un certain nombre de rapports de restauration. Les premiers dossiers
pourraient concerner les peintures murales du XIe siècle
découvertes à Nogaro, un groupe sculpté de Rodez et léglise de Vals. Notre site
Internet qui pouvait éventuellement être considéré comme un simple jouet, ou un gage
donné à la modernité, saffirme comme un facteur de mutation. Le Président
rappelle le projet, en cours de réalisation, de mise en ligne de lensemble du
catalogue de Virebent qui est conservé au Musée Paul-Dupuy. Il apparaît que nous avons
sans aucun doute entre les mains lun des moyens du rayonnement futur de notre
Société.
La parole est à Gilles Séraphin pour une communication sur des maisons médiévales de Montcabrier.
Le Président remercie lorateur et souligne la surprise que représente cette disposition de lescalier. Elle serait
M.S.A.M.F., t. LX, p. 227
sans doute justifiée dans une agglomération aux constructions très
denses, mais ce nest certes pas le cas de Montcabrier. Gilles Séraphin note que le
caractère distendu du bâti peut être interprété comme la marque de léchec de
la bastide. Encore est-il permis den douter si lon tient compte de la
construction de lenceinte, mais il faut rappeler que la bastide naît en 1287 du
paréage entre le seigneur de Pestilhac et le roi de France dont les rapports ont été
très conflictuels. Montcabrier est réputée avoir été rasée par ses fondateurs autant
que par les villes voisines, ce qui pourrait laisser supposer dimportantes
destructions.
Le Président fait remarquer que la disposition est néanmoins
atypique. Pour Gilles Séraphin, elle pourrait sexpliquer par la volonté de rendre
les différents niveaux indépendants. La location à des forains pourrait être une
hypothèse. Gilles Séraphin rappelle que laccès indépendant à létage est
lune des caractéristiques de la maison vigneronne.
Maurice Scellès se dit très intéressé par le partage de
lescalier entre deux maisons voisines, partage qui lui paraît indiquer que la
mitoyenneté est un caractère fréquent des constructions de cette époque, y compris
lorsquaucune contrainte despace ne limpose. Gilles Séraphin note que la
mitoyenneté sexerce sur lentremis mais pas sur le mur. Lévolution des
bâtiments montre en outre que lutilisation commune de lescalier a été
difficile.
Maurice Scellès rappelle que des parcellaires semblables à Cahors et
à Figeac nont pas entraîné les mêmes formes et Anne-Laure Napoléone précise
que les portes retournées se rencontrent dans dautres quartiers que celui de
lOrtabadial. Le Président remarque que la formule nest dailleurs pas
une réussite architecturale. Gilles Séraphin convient que la porte retournée devient
une figure de style, comme lest sans doute la technique de langle arrondi au castrum
de Pestilhac, alors que lon avait sur place des tailleurs de pierre capables de
réaliser des chaînes dangle.
Répondant à Christine Jimenez, Gilles Séraphin indique quen
général, dans les villes neuves dAquitaine, les parcelles dont la largeur était
inférieure à 9 m ont été conservées, tandis que celles dont la largeur était
supérieure ont été divisées.
Au titre des questions diverses, Gilles Séraphin et Maurice Scellès entretiennent la Compagnie de la chronologie de la rénovation gothique de la cathédrale de Cahors, à loccasion dun article à paraître prochainement :
« La chronologie actuellement admise fait débuter les travaux de rénovation de la cathédrale Saint-Étienne de Cahors vers 1285, avec la reconstruction des parties hautes de labside, le chantier se poursuivant vers louest avec en particulier lérection du massif occidental entre 1309 et 1316 ; dans les années 1320 auraient été exécutées les peintures murales intérieures dont le vaste ensemble aurait parachevé la rénovation gothique.
Or un texte de 1288 laisse entendre quun portail occidental est déjà en place à cette date : comme il ne peut sagir dun troisième portail du XIIe siècle, il convient de réexaminer la chronologie de lensemble des travaux.
Le catalogue de tous les textes disponibles confronté à lanalyse architecturale de lédifice et à celle du décor sculpté de labside, des chapelles et du massif occidental permet de proposer une chronologie sensiblement différente : les travaux aurait débuter dès les années 1250-1270, sous lépiscopat de Barthélemy de Roux, par la reprise de labside dont la voûte naurait cependant pas été construite. Cest à Raymond de Cornil (1280-1293) quil reviendrait davoir voûté labside et engagé lérection du massif occidental, dont seuls les derniers niveaux nétaient peut-être pas encore bâtis en 1288. »
Le Président remercie les deux avocats et leur
demande provocation oblige sil est tout à fait convenable de proposer
par commodité une relecture dun catalogue de textes.
Maurice Scellès fait un rappel historiographique et souligne que la
chronologie qui prévalait jusquà présent avait linconvénient non
négligeable de ne pas prendre en compte lensemble des textes. Gilles Séraphin
ajoute que des travaux récents, et en particulier ceux de Claude Andrault-Schmitt,
rendaient nécessaire un réexamen de la datation des parties gothiques de la cathédrale
de Cahors. Il rappelle que Jacques Gardelles avait été gêné par le retard attribué au
Sud-Ouest, retard sans doute admissible pour des petites églises rurales mais qui ne
sexplique guère dans le cas de grands édifices.
Étienne Hamon dit que la tendance actuelle est en effet de vieillir
les datations de quinze à vingt ans. Alain Erlande-Brandenbourg est dailleurs
davis que la plupart des Vierges à lEnfant présentées lors de
lexposition Philippe Le Bel doivent être attribuées à la génération
précédente. Étienne Hamon remarque encore que les textes précis font défaut pour le XIIIe
siècle, alors que les sources sont beaucoup plus abondantes à partir du début du XIVe
M.S.A.M.F., t. LX, p. 228
siècle. À propos du portail ouest dont la datation fait en effet question, il lui apparaît que le tympan nest probablement pas antérieur à lextrême fin du XIVe siècle.
Cest ensuite Patrice Cabau qui a la parole pour une note sur la liste des souscriptions au Concile dArles de 314 :
« Mamertin, évêque de Toulouse en 314
En 314, lempereur Constantin fit assembler à Arles, en vue de régler le conflit opposant les deux évêques de Carthage Caecilianus et Donatus, un concile général (1). Ce synode, qui siégeait le 1er août, condamna le schisme donatiste et édicta des règles disciplinaires destinées à organiser la vie de lÉglise après la fin des persécutions. Les actes donnent la liste des noms des représentants de quarante-quatre communautés chrétiennes dOccident, parmi lesquels les délégués venus de quinze cités ou localités qui relevaient alors des deux diocèses civils de Viennoise (alias des Sept ou des Cinq Provinces) et des Gaules. Voici la liste de ces derniers telle quelle a été publiée par Charles Munier (1963), puis par Jean Gaudemet (1977), daprès un manuscrit datable du sixième siècle qui appartint au monastère de Corbie :
Incipit nomina episcoporum cum clericis suis uel quanti uel ex quibus prouinciis ad Arelatense synhodo conuenerint sub Marino episcopo, temporibus Constantini, ad derimanda scismata uel prauas hominum intentiones, Volosiano et Anniano consulibus. [ ] Oresius episcopus, Nazareus lector de ciuitate (M)asseliensi prouincia Vienninse [Marseille]. Marinus episcopus, Salamas presbyter, Nicasius, Afer, Vrsinus et Petrus diaconi de ciuitate Arelatensium prouincia Viennensi [Arles]. Verus episcopus, Beflas exurcista de ciuitate V(ienn)ensi prouincia suprascripta [Vienne]. Dafenus episcopus, Victor exurcista de ciuitate Vasensi prouincia Vienninsi [Vaison]. Faustinus presbyter de ciuitate Arausicorum prouincia qua supra [Orange]. Innocentius diaconus, Agapitus exorcista portu Incheinsis [Nice]. Romanus presbyter, Victor exorcista de ciuitate Aptensium [Apt]. Item de Galleis. Inbetausius episcopus, Primigenius diaconus de ciuitate Remorum [Reims]. Ausanius episcopus, Nicetius diaconus de ciuitate Rotomagensium [Rouen]. Riticius episcopus, Amandus presbyter, Felomasius diaconus de ciuitate Augustudunensium [Autun]. Vosius episcopus, Petulinus exurcista de ciuitate Lugdunensium [Lyon]. Maternus episcopus, Macrinus diaconus de ciuitate Agripenensium [Cologne]. Genialis diaconus de ciuitate Gabalum prouincia Aquitanica [Gévaudan]. Orientalis episcopus, Flauius diaconus de ciuitate Burdegalensi [Bordeaux]. Agrucius episcopus, Felix exurcista de ciuitate Triuerorum [Trèves]. Mamertinus episcopus, Leontius diaconus de ciuitate Elosasium. [ ] (2).
La cité doù venaient lévêque Mamertinus et le diacre Leontius a été identifiée dabord comme étant Toulouse, notamment par Claude Robert (1626), Guillaume de Catel [+ 1626] (1633), Claude Devic et Joseph Vaissete (1730) (3), puis Jacques Sirmond (1629), les frères Sainte-Marthe (1656), Denis de Sainte-Marthe (1716), Louis-Clément de Brugèles (1746), les continuateurs de la troisième Gallia Christiana (1785), Adrien Salvan (1856), Émile Mabille (1872, 1874), Pius Bonifacius Gams (1873), Gabriel Cayre (1873), Louis Duchesne (1894, 1900, 1907, 1910), Charles Higounet (1960), Charles Munier (1963), Jean Gaudemet (1977), Jacques Lapart (1985), Paul-Albert Février (1986), entre autres (4), ont considéré quil sagissait dÉauze (5).
Ce changement tient, ainsi que lont expliqué Denis de Sainte-Marthe (1716) et les continuateurs de la troisième Gallia Christiana (1785) (6), à une révision du texte des "souscriptions" du concile dArles daprès lédition de Jacques Sirmond (1629), lequel se fondait sur le manuscrit de Corbie et sur une conjecture géographique : étant donné quÉauze appartenait à lAquitaine et Toulouse à la Narbonnaise, il ny avait aucune raison de placer Toulouse parmi les cités des Gaules, que lon distinguait ordinairement de la province de Narbonnaise et qui en étaient ici nettement séparées (7). Émile Mabille (1874), dans une note additionnelle à la troisième édition de lHistoire générale de Languedoc, est allé dans le même sens : Voici les souscriptions des évêques des Gaules qui ont assisté à ce concile par eux-mêmes ou par des mandataires : Oresius episcopus [ ] Mamertinus episcopus de civitate Elosatium. Une chose frappe, dans cette nomenclature : cest labsence des évêques de la Narbonnaise. Quoique la Viennoise fût déjà séparée de la Narbonnaise depuis lan 278 environ, cest dans cet acte quelle est citée pour la première fois. La leçon acceptée par les auteurs de lHistoire de Languedoc & qui met : Mamertinus episcopus de civitate Tolosatium, au lieu de : de civitate Elosatium, na pas prévalu. Mamertin était évêque dEause, & non de Toulouse, comme le disent ici nos auteurs [Claude Devic et Joseph Vaissete]. (8).
M.S.A.M.F., t. LX, p. 229
MANUSCRIT 364 DE LA BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE DE TOULOUSE (vers 600). Partie supérieure du folio 24 v° portant les noms de certains des participants au concile dArles de 314 ; aux lignes 2-3 se lit : Ex ciuita(te) Telosacium / Mamertinus ep(iscopu)s Leontius diac(onu)s.
Or la leçon du manuscrit de Corbie, Mamertinus episcopus, Leontius diaconus, de ciuitate Elosasium, (9) se trouve démentie par celles dau moins six autres manuscrits, qui remontent aux neuvième, huitième, septième, voire sixième siècles : Ex ciuitate Tolosa, Mamertinus episcopus, Leontius diaconus (10), Ex ciuitate Dolosatium, Mamertinus episcopus, Leontius diaconus (11), Ex ciuitate [To]losacium, Marmertinus episcopus, Leontius diaconus (12), Ex ciuita(te) Telosacium, Mamertinus episcopus, Leontius diaconus (13), Ex ciuitate Tolosacium, Mamartinus episcopus, Leoncius diaconus (14), Ex ciuitate Tolosa, Mamertinus episcopus, Leontius diaconus (15).
Quant à l"absence des évêques de la Narbonnaise", elle ne signifie pas que cette province nétait pas du tout représentée : la cité dApt, qui relevait de la province de Narbonnaise seconde, avait envoyé deux mandataires (16). Il convient sans doute denvisager ici lorganisation des provinces de lEmpire romain telle quelle résultait de la réforme administrative lancée par Dioclétien dans les années 290, cest-à-dire après regroupement des provinces en douze diocèses, puis morcellement des anciens territoires provinciaux en unités plus petites (17), donc telle que la décrit la Liste de Vérone dressée entre 308 et 325, probablement vers 311-313 (18). Cependant, lanalyse des différentes versions de la liste des participants au synode arlésien de 314 montre dune part que le terme de prouincia y est indistinctement employé au sens de province ou de diocèse, dautre part que lordre de présentation adopté na rien dabsolument rigoureux, en particulier pour la mention des délégués venus des cités appartenant à lItalie (19). On a observé que plusieurs Églises furent représentées, non par un évêque, mais seulement par des clercs, ce quexpliquerait une "organisation encore imparfaite de jeunes communautés" ou une "christianisation peu avancée en dehors de quelques centres" (20) ; il faut noter toutefois que trois représentants envoyés dEspagne et un dItalie sont qualifiés tantôt de presbyter, tantôt depiscopus, et que la cité de Lincoln en Bretagne paraît avoir député deux episcopi (21). En tout cas, limpression densemble qui se dégage de la liste dArles est bien que les cadres du christianisme nétaient pas encore très nettement fixés. Pour les régions correspondant aux diocèses civils de Viennoise et des Gaules, la situation peut être résumée par le tableau ci-dessous.
On voit que la participation des Églises de Viennoise et des Gaules au synode de 314 ne fut pas systématique et que lénumération de leurs envoyés ne se conforme pas à la logique dune organisation strictement établie. Dans ces conditions, lidentification du siège épiscopal de Mamertinus ne saurait guère être fondée sur une argumentation dordre géographique.
Au demeurant, lexamen de la transmission manuscrite des listes des participants au concile dArles permet dinfirmer la tradition, constituée à partir du dix-septième siècle, qui faisait de Mamertinus un évêque de lancienne métropole dÉauze (22). Cette tradition se combinait au catalogue moderne des évêques de cette cité (23), dressé comme suit par Denis de Sainte-Marthe (1716) et Émile Mabille (1872) : I. S. PATERNUS, II. S. LUPERCULUS, III. MAMERTINUS, IV. SERVANDUS, V. TAURINUS, VI. CLARUS, VII. LEONTIUS, VIII. S. ASPASIUS, IX. LABAN, X.
M.S.A.M.F., t. LX, p. 230
DESIDERIUS, XI. SENOCHUS, XII. PATERNUS (24). De ces douze personnages, Louis Duchesne (1900) na retenu que les sept évêques attestés par des documents sûrs et, saidant de sources tout aussi fiables, il put en ajouter trois autres : 1. Mamertinus (314), 2. Clarus (506), 3. Leontius (511), 4. Aspasius (533, 541, 549, 551), 5. Laban (573, 585), 6. Desiderius (585/6), 7. Leodomundus (614), 8. Palladius (626/7), 9. Sidocus (626/7), 10. Scupilio (673/5) (25). Les derniers auteurs qui se soient occupés de la série épiscopale dÉauze, Charles Higounet (1960) et notre confrère Jacques Lapart (1985), ont considéré Mamertinus comme le "premier évêque connu", le "premier prélat de la province" (26), mais ils nont évidemment pas procédé à une étude critique des "souscriptions" du concile dArles.
Qualité et nombre des représentants
Communautés chrétiennes
Indications des listes synodales sur les villes
Statut des villes à la suite de la réforme de Dioclétien, daprès la Notitia Galliarum
Évê-
que
Prê-
tre
Dia-
cres
Lec-
teur
Exor
ciste
Rang
Province ou
diocèse
Rang
Province
Diocèse
Cité
Métropole
1
1
Marseille
cité
Viennoise
Viennoise
Viennoise
1
1
4
Arles
cité
Viennoise
x
Viennoise
Viennoise
1
1
Vienne
cité
Viennoise
x
Viennoise
Viennoise
1
1
Vaison
cité
Viennoise
x
Viennoise
Viennoise
1
Orange
cité
Viennoise
x
Viennoise
Viennoise
1
1
Nice
port
Alpes maritimes
Viennoise
1
1
Apt
cité
x
Narbonnaise II
Viennoise
1
1
Reims
cité
Gaule(s)
x
Belgique II
Gaules
1
1
Rouen
cité
x
Lyonnaise II
Gaules
1
1
1
Autun
cité
x
Lyonnaise I
Gaules
1
1
Lyon
cité
x
Lyonnaise I
Gaules
1
1
Cologne
cité
x
Germanie II
Gaules
1
Gévaudan
cité
Aquitaine
x
Aquitaine I
Viennoise
1
1
Bordeaux
cité
x
Aquitaine II
Viennoise
1
1
Trèves
cité
x
Belgique I
Gaules
1
1
Éauze
cité
x
x
Novempopulanie
Viennoise
Toulouse
x
Narbonnaise I
Viennoise
En somme, on peut voir à nouveau en Mamertinus lévêque qui dirigeait en 314 la communauté chrétienne de Toulouse. Son épiscopat fut vraisemblablement antérieur à celui dHilarius, qui inaugura au quatrième siècle le culte du martyr Saturninus, premier évêque de la cité, mis à mort en 250. Mamertin apparaîtra dans cette hypothèse comme le premier successeur connu de saint Saturnin (27).NOTES : 1. Sur le concile dArles de 314, dont les actes ont été imprimés dès le seizième siècle (MERLIN 1524, 1530 [f. LXXXVIII v° - LXXXIX v° : titres et canons, sans les souscriptions], 1535 CRABBE 1538 [p. 170 et suiv.], 1551 SURIUS 1567 [p. 368 et suiv.]), voir notamment : BARONIO 1590, an 314, § 35-71 HEFELE ; LECLERCQ 1907, p. 275-296. 2. MUNIER 1963, p. 14-15 = GAUDEMET 1977, p. 56, 58, 60. 3. "Tolosani Præsules. [ ] Martinus, Concilio Arelatensi." G.C.1 1626, p. 153, 155 "MARTIN estoit Euesque de Tolose en lan trois cens quatorze, car il fut en ladite année au Concile premier tenu dans la ville dArles soubs Syluestre premier estant Constantin Empereur lan du Consulat de Volusian & Anian qui est en ladite année trois cens quatorze, ainsi quest dict par le susdit Concile, dans lequel sont remarqués les Euesques qui y estoient presens, entre lesquels estoit Agricius Episcopus Biterrensis, & Felix Exorcista ex Prouincia Narbonensi, & apres, ex eadem Prouincia & Ciuitate Tolosæ Martinus Episcopus, Leontius Diaconus." CATEL 1633, p. 826 ; cf. p. 955 H.G.L.1 1730, p. 141 (daprès COUSTANT 1721, c. 344) = H.G.L.2 1840, p. 207 = H.G.L.3 1874, p. 353 4. Lopinion dAlexandre Du Mège, qui dédouble Mamertinus en Martin et Mamertin (DU MÈGE 1844 (VII), p. 29), demeure plutôt équivoque (DU MÈGE 1844 (III), p. 40). 5. SIRMOND 1629, p. 8, 594 G.C.2 1656, p. 96, 673 G.C.3 1716, c. 968 = G.C.4 1870, c. 968 G.C.3 1785, c. 4 = G.C.4 1874, c. 4 BRUGÈLES 1746, p. 37 SALVAN 1856, p. 154 MABILLE 1872 = H.G.L.3 1872, p. 366 CAYRE 1873, p. 20 GAMS 1873, p. 496 MABILLE 1874 = H.G.L.3 1874, p. 353 (n. 1) DUCHESNE 1894 = DUCHESNE 1907, p. 24 ; cf. p. 31, 33, 46, 47 DUCHESNE 1900, p. 95 HIGOUNET 1960, c. 1266-1267, 1268 MUNIER 1963, p. 14-22, 235 (c. 2) = GAUDEMET 1977, p. 60, 61 LAPART 1985, p. 363, 365 FÉVRIER 1986, p. 23, 32. 6. In quibusdam codicibus manu exaratis pro Elusatium vel Elosatium, legitur Tolosatium, proculdubio ex amanuensium imperitia ; qui nimirum ignorantes fuisse olim civitatem Elusatium, in qua sedisset magnæ auctoritatis episcopus, Tolosatium scribendum esse autumarunt pro Elosatium. G.C.3 1716, c. 968 = G.C.4 1870, c. 968 De Mamertino jam diximus, t. I, col. 968, observavimusque concilio Arelatensi adfuisse an. 3I4. Mamertinum episcopum non e civitate Tolosa, ut in ms. Colbertino [3368, a Petro Coustant publicato anno 1721, col. 343-344] correxerunt amanuenses imperiti, sed e civitate Elosatium quam ignorabant, ut legit in ms. Corbiensi [Jacobus] Sirmundus, & approbavit [Severinus] Binius [in secunda editione conciliorum publicata anno 1618, vel in tertia, anno 1636]. G.C.3 1785, c. 4 = G.C.4 1874, c. 4.
M.S.A.M.F., t. LX, p. 231
7. NOMINA EPISCOPORVM. ] Secuti sumus in hoc indice codicem Corbeiensem, in quo Episcoporum nomina ciuitatum nominibus præponuntur, cùm in aliis contrâ, vt in Remensi [nunc Parisiensi, Bibl. Nat. Cod. Lat. 3846], sicut in Suriana editione [publicata anno 1567] postponantur [ ]. DE CIVIT. ELOSATIVM. ] Quidam Tolosa, vel Tolosatium, eorum fortasse iudicio, quibus minùs nota erat ciuitas Elosatium. SIRMOND 1629, p. 593, 594 MAMERTINVS Episcopus cum Leontio Diacono ciuitatis Elosatium, interfuêre Concilio Arelatensi I. an. 3I4. quibusdam autem Tolosatium dicitur, eorum fortasse iudicio, quibus minùs nota erat ciuitas Elosatium. G.C.2 1656, p. 673 NOTÆ IAC. SIRMONDI S. I. [ ] De civitate Elosatium. ] Quidam Tolosa, vel Tolosatium, eorum fortasse judicio, quibus minus nota erat civitas Elosatium. LABBÉ, COSSART 1671, c. [1]432 (n. 12) IACOBI SIRMONDI S. I. NOTÆ POSTVMÆ IN CONCILIVM ARELATENSE I. anno Christi CCCXIX. [lire : CCCXIV] habitum. [ ] MAMERTINVS DE C. ELOSATIVM. ] In Mamertini nomine consentiunt manuscripti, non item in nomine civitatis. Quidam enim non Elosatium, sed Tolosatium legunt. Nos Corbeiensem in primis codicem secuti sumus, hac inter cætera conjectura nixi, quod cum Elusa civitas sit Aquitaniæ, Tolosa provinciæ Narbonensis, nihil causæ erat cur Tolosam in hunc locum rejiceret inter civitates Galliarum, quæ distingui solebant a provincia Narbonensi, reque ipsa hoc loco distincte sejunctæ sunt. LABBÉ, COSSART 1671, c. 1565, 1572. 8. MABILLE 1874 = H.G.L.3 1874, p. 353 (n. 1). La liste des souscriptions citée par Émile Mabille correspond à une édition dérivant du manuscrit de Corbie indiqué à la note suivante. 9. Paris, B.N.F., fonds latin, ms. 12097 (ms. du sixième siècle pour sa première partie [après 524], confectionné à Lyon ou à Arles, ayant appartenu au monastère de Corbie), f. 91 = Mamertinus Episcopus, Leontius Diaconus, de ciuitate Elosatium. SIRMOND 1629, p. 9 = Mamertinus episcopus, Leontius diaconus, de civitate Elosatium. LABBÉ, COSSART 1671, c. 1430 = Mamertinus episcopus, Leontius diaconus, de civitate Elosatium. LABBÉ, COSSART ; HARDOUIN 1715, c. 267 = Mamertinus episcopus, Leontius diaconus de ciuitate Elosasium. MUNIER 1963, p. 15 = Mamertinus episcopus, Leontius diaconus de ciuitate Elosasium. GAUDEMET 1977, p. 60. 10. Paris, B.N.F., fonds latin, ms. 3846 (ms. du neuvième siècle, ayant appartenu au monastère Saint-Amand, au diocèse de Tournai), f. 138 v° = MUNIER 1963, p. 22 In Colbertino autem exemplari not. 3368. [ ] Ex civitate Tolosa Mamertinus episcopus, Leontius diac. COUSTANT 1721, c. 343, 344. 11. Munich, Staatsbibliothek, fonds latin, ms. 5508 (ms. de la fin du huitième siècle, confectionné à Salzbourg), f. 16 v° = MUNIER 1963, p. 22. 12. Albi, B.M., ms. 147 (ancien 2) (Liber canonum copié au neuvième siècle à Albi sur le ms. cité à la note suivante ; sur ce ms., voir essentiellement : Catalogue 1849, p. 481-482 GALABERT 1933, p. 353-371), f. 45 r°. Le manuscrit porte : "exciuitatelosaciu. marmertiN9 eps. Leontius diacoN9" (f. 45 r°, lignes 2-3). 13. Toulouse, B.M., ms. 364 (ancien I, 63 ou B. 63) (Liber canonum écrit aux environs de 600 par le prêtre Perpetuus sur lordre de lévêque dAlbi Dido ; sur ce ms., voir essentiellement : MOLINIER 1883, n° 364, p. 203-213 GALABERT 1933, p. 353-371 OURLIAC 1978, p. 223-238 cf. SAMARAN, MARICHAL 1968, planche I), f. 24 v°. Le manuscrit porte : ExciuiTaTelosacium / mameRTINus eps leoNTIusdiacs (f. 24 v°, lignes 2-3) ; labbé Munier transcrit : Ex ciuitate (To)losacium Mamertinus episcopus Leontius diaconus. (MUNIER 1963, p. 20, l. 40-41), mais il donne à lIndex nominum : Elosacium, Losacium, Tolosacium, Dolosatium ciuitas, Elosa metropolis, Eauze [ ] (MUNIER 1963, p. 235, c. 2). 14. Paris, B.N.F., fonds latin, ms. 1452 (ms. du dixième siècle, copie de Berlin, Staatsbibliothek, ms. Phillippicus 1745 : ms. du septième siècle, confectionné en Bourgogne, incomplet du début), f. 153 = MUNIER 1963, p. 18. 15. Cologne, Bibliothèque capitulaire, ms. 212, f. 30 v° (ms. de la fin du sixième siècle ou du début du septième, confectionné en Gaule rhodanienne) = MUNIER 1963, p. 16. 16. Apt, dont les délégués sont mentionnés par la seule liste du manuscrit de Corbie (MUNIER 1963, p. 14), figure vers 400 parmi les sept cités de Narbonnaise seconde : XVI. In provincia Narbonensis secunda ciuitates num. VII : Metropolis ciuitas Aquensium. Ciuitas Aptensium. [ ] (Notitia prouinciarum et ciuitatum Galliae = SIRMOND 1629, p. [4] [après la préface] = SEECK 1876, p. 273 = MOMMSEN 1892 = C.C.S.L. 1965, p. 404 Cf. LONGNON 1878, p. 189 DUCHESNE 1907, p. 79 MIROT 1929, p. 31). 17. MOMMSEN 1862 = PICOT 1866, p. 369-395 et planche hors-texte XXI BESNIER 1937, p. 305-309 et fig. 4, p. 307 CHRISTOL 1997, p. 209-210 et carte, p. 232-233. 18. MAFFEI 1742, p. 84 = MOMMSEN 1862 = PICOT 1866, p. 370-372 = SEECK 1876, p. 247-253 BESNIER 1937, p. 306 (n. 168) CHRISTOL 1997, p. 209 19. Les délégués de Syracuse, Capoue, Lago di Salpi, Aquilée, Rome et Milan figurent en tête de liste, ceux de Porto, Centumcellae et Ostie à la fin, et ceux Cagliari dans le corps de la liste, parmi les représentants des cités dAfrique (MUNIER 1963, p. 14-22). Notons que la cité dAquilée, située par toutes les versions de la liste dans la province de Dalmatie, se trouvait en réalité dans celle de Vénétie-Istrie. 20. FÉVRIER 1986, p. 32 ; cf. p. 23. 21. Sabinus de Bétique, Natalis dOsuna, Probatius de Tarragone, Leontius dOstie ; Adelfius et Sacerdos de Lincoln (MUNIER 1963, p. 14-22). Le diacre Deuterius de Césarée est cité une fois comme évêque, sans doute par erreur (MUNIER 1963, p. 19). 22. Le rang de métropole de la province de Novempopulanie fut disputé entre les cités dÉauze et dAuch au sixième siècle (OURLIAC 1978, p. 229, n. 23 Cf. Notitia prouinciarum et ciuitatum Galliae = SEECK 1876, p. 271 = MOMMSEN 1892 = C.C.S.L. 1965, p. 401 : cf. p. 384 Cf. FÉVRIER 1986, p. 30). Lévêché métropolitain dÉauze disparut entre 673 et 879, date à laquelle le pape Jean VIII qualifiait darchevêque le chef de lÉglise dAuch (DUCHESNE 1900, p. 18, 95, 97 HIGOUNET 1960, c. 1266). 23. Præterea Mamertinus reperitur in cataloguo episcoporum Elusanorum, qui omittitur in Tolosanis. G.C.3 1785, c. 4 = G.C.4 1874, c. 4. 24. G.C.3 1716, c. 967-970 = G.C.4 1870, c. 967-970 H.G.L.3 1872, p. 365-366. 25. DUCHESNE 1900, p. 95 ; cf. p. 91-94. Aucun de ces évêques ne figure dans les séries épiscopales contenues dans le cartulaire noir du Chapitre métropolitain dAuch : liste de peu postérieure à 1200, "assez mauvaise", et document provenant du prieuré Saint-Orens dAuch, daté de 1108, "plein derreurs énormes" (Auch, A.D. Gers, G 16, f. 4 r° - 5 v°, 12 r° - 14 v° = LACAVE LA PLAGNE BARRIS 1899, n° I, p. 1-3 ; n° [CLXI], p. 195-199 DUCHESNE 1900, p. 92-93). 26. HIGOUNET 1960, c. 1266-1267 LAPART 1985, p. 363, 365. 27. CABAU 1999, p. 132 ; cf. p. 128.
BIBLIOGRAPHIE : www.societes-savantes-toulouse.asso.fr/samf/memoires/t_60/bul20001#bul01
BARONIO (Cesare), Annales ecclesiastici, a Christo nato ad annum MCXCVIII, Rome, I-XII, 1588-1593 BESNIER (Maurice), LEmpire romain de lavènement des Sévères au concile de Nicée, dans Histoire générale publiée sous la direction de Gustave GLOTZ, Paris, 1937 BINI (Séverin), Concilia generalia et prouincialia [ ], Cologne, I, 1606 ; 2e édition 1618 ; 3e édition Paris, 1636 BRUGÈLES (Louis-Clément de), Chroniques Ecclesiastiques du Diocése dAuch [ ], Toulouse, 1746 CABAU (Patrice), Les évêques de Toulouse (IIIe-XIVe siècles) et les lieux de leur sépulture - Première partie : les évêques de Toulouse, dans M.S.A.M.F., LIX, Toulouse, 1999, p. 123-162 Catalogue des Manuscrits des Bibliothèques des départements, Paris, I, 1849 ; VII, 1883 CATEL (Guillaume de), Memoires de lHistoire du Languedoc [ ], Toulouse, 1633 CAYRE (Gabriel), Histoire des Évêques et Archevêques de Toulouse depuis la fondation du siége jusquà nos jours, Toulouse, 1873 C.C.S.L. = Itineraria et alia geographica, Corpus Christianorum. Series Latina, CLXXV, Turnhout, 1965 COUSTANT (Pierre), Epistolæ Romanorum pontificum, et quæ ad eos scriptæ sunt [ ], Paris, I, 1721 CRABBE (Pierre), Concilia omnia [ ], Cologne, I, 1538, 2e édition 1551 CHRISTOL (Michel), LEmpire romain du IIIe siècle. [ ], Paris, 1997 DUCHESNE (Louis), Fastes épiscopaux de lancienne Gaule, I, Provinces du Sud-Est, Paris, 1894 ; 2e édition 1907 ; II, LAquitaine et les Lyonnaises, Paris, 1900 ; 2e édition 1910 DU MÈGE (Alexandre), Additions et Notes, dans H.G.L.2 1844 (VII) DU MÈGE (Alexandre), Histoire des Institutions religieuses, politiques, judiciaires et littéraires de la ville de Toulouse, Toulouse, III, 1844 FÉVRIER (Paul-Albert), Approches de la Gaule méridionale, etc., dans Premiers temps chrétiens en Gaule méridionale. Antiquité tardive et haut Moyen Âge. IIIème - VIIIème siècles, catalogue dexposition, Lyon, 1986 GALABERT (François), Notice sur deux manuscrits des bibliothèques de Toulouse et dAlbi (VIIe et IXe siècles), dans Annales du Midi, XLV, Toulouse, 1933, p. 353-371 ; cf. appendice, p. 371-372, et planches hors-texte IV et V GAMS (Pius Bonifacius), Series Episcoporum Ecclesiæ catholicæ, quotquot innotuerunt a beato Petro apostolo, Ratisbonne, 1873 GAUDEMET (Jean), Conciles gaulois du IVe siècle, collection Sources chrétiennes, n° 241, Paris, 1977 G.C.1 = ROBERT (Claude), Gallia Christiana, in qua regni Franciæ ditionumque vicinarum Diceses et in iis Præsules describuntur, Paris, 1626 G.C.2 = SAINTE-MARTHE (Scévole, Louis de ; Pierre, Abel, Nicolas de), Gallia Christiana, qua series omnium Archiepiscoporum, Episcoporum et Abbatum Franciæ, vicinarumque ditionum, ab Origine Ecclesiarum, ad nostra tempora per quatuor tomos deducitur. [ ], Paris, I, 1656 G.C.3 = SAINTE-MARTHE (Denis de) et continuateurs, Gallia Christiana, in provincias ecclesiasticas distributa [...], Paris, I, 1716 ; XIII, 1785 G.C.4 = SAINTE-MARTHE (Denis de) et continuateurs, Gallia Christiana, in provincias ecclesiasticas distributa [...], 2e édition, Paris, I, 1870 ; XIII, 1874 HEFELE (Karl Joseph von) ; LECLERCQ (Henri), Histoire des conciles daprès les documents originaux, Paris, I-1, 1907 H.G.L.1 = DEVIC (Claude), VAISSETE (Joseph), Histoire générale de Languedoc [ ], Paris, I, 1730 H.G.L.2 = DEVIC (Claude), VAISSETE (Joseph), Histoire générale de Languedoc [ ], 2e édition, Toulouse, I, 1840 ; VII, 1844 H.G.L.3 = DEVIC (Claude), VAISSETE (Joseph), Histoire générale de Languedoc [ ], 3e édition, Toulouse, I-2, 1874 ; IV-1, 1872 HIGOUNET (Charles), Éauze, dans Dictionnaire dHistoire et de Géographie ecclésiastiques, Paris, XIV, 1960, c. 1266-1268 LABBÉ (Philippe), COSSART (Gabriel), Sacrosancta Concilia ad Regiam editionem exacta [ ], Paris, I, 1671 LABBÉ (Philippe), COSSART (Gabriel) ; HARDOUIN (Jean), Conciliorum collectio Regia maxima [ ], Paris, I, 1715 LACAVE LA PLAGNE BARRIS (C.), Cartulaires du chapitre de léglise métropolitaine Sainte-Marie dAuch, dans Archives historiques de la Gascogne, 2e série, fascicule III, Cartulaire noir, Paris et Auch, 1899 LAPART (Jacques), Les cités dAuch et dEauze de la conquête romaine à lindépendance vasconne (56 avant J.-C. VIIe siècle après J.-C.). Enquête archéologique et toponymique, thèse de 3e cycle, Université de Toulouse-Le Mirail, I (texte), Toulouse, 1985 LONGNON (Auguste), Géographie de la Gaule au VIe siècle, Paris, 1878 MABILLE (Émile), Notes, dans H.G.L.3 1872, 1874 MAFFEI (Scipion), Opuscoli ecclesiastici, dans Istoria teologica delle dottrine della diuina grazia, Trente, 1742 MERLIN (Jacques), Tomus primus quatuor conciliorum generalium [ ], Paris, 1524 ; 2e édition Cologne, 1530 ; 3e édition Cologne, 1535 MIROT (Léon), Manuel de géographie historique de la France, Paris, 1929 (et 1930) [MOLINIER (Auguste)], Manuscrits de la Bibliothèque de Toulouse, dans Catalogue 1883 MOMMSEN (Theodor), Verzeichnisse der römischen Provinzen, aufgesetzt um 297, dans Abhandlungen der Berliner Akademie, Berlin, 1862, p. 489-538 = Gesammelte Schriften, Berlin, V, 1908, p. 561-588 = PICOT 1866-1867 (traduction en français) MOMMSEN (Theodor), Notitia prouinciarum et ciuitatum Galliae, dans Monumenta Germaniae historica, Auctores antiquissimi, IX, Chronica minora saeculorum IV-VII, I, Berlin, 1892, p. 552-612 = C.C.S.L. 1965, p. 379-406 MUNIER (Charles), Concilia Galliae. A. 314 - A. 506, Corpus Christianorum. Series Latina, CXLVIII, Turnhout, 1963 OURLIAC (Paul), Le manuscrit toulousain de la collection dAlbi, dans Revue de droit canonique, XXVIII, Strasbourg, 1978, p. 223-238 PICOT (Émile), Mémoires sur les provinces romaines et sur les listes qui nous en sont parvenues, depuis la division faite par Dioclétien jusquau commencement du Ve siècle, dans Revue archéologique [ ], Paris, nouvelle série, XIII, 1866 ; p. 377-399 ; XIV, 1866, p. 369-395 et planche hors-texte XXI ; XV, 1867, p. 1-15 = MOMMSEN 1862 (traduction en français) SAINTE-MARTHE (Denis de) = G.C.3, Paris, I, 1716 SAINTE-MARTHE (Scévole, Louis de ; Pierre, Abel, Nicolas de) = G.C.2, Paris, I, 1656 SALVAN (Adrien), Histoire générale de lÉglise de Toulouse [ ], Toulouse, I, 1856 SAMARAN (Charles), MARICHAL (Robert), Catalogue des manuscrits en écriture latine portant des indications de date, de lieu ou de copiste, VI, Bourgogne, Centre, Sud-Est et Sud-Ouest de la France, Paris, 1968 SEECK (Otto), Notitia dignitatum [ ] et laterculi prouinciarum, Berlin, 1876 ; 2e édition Francfort-sur-le Main, 1983 SIRMOND (Jacques), Concilia antiqua Galliæ [ ], Paris, I, 1629 SURIUS (Laurent), Tomus primus conciliorum omnium [ ], Cologne, 1567. »
Le Président remercie Patrice Cabau de cette relecture.
SÉANCE DU 4 JANVIER 2000
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur honoraire, Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour,
M.S.A.M.F., t. LX, p. 232
Bibliothécaire-Archiviste, Ahlsell de Toulza, Trésorier ; Mmes
Napoléone, Pousthomis-Dalle, MM. Gérard, Hermet, Lapart, Roquebert, Vézian, le Père
Montagnes, membres titulaires ; Mmes Blanc-Rouquette, Fronton-Wessel, Pujalte, Stutz,
Suau, MM. Bordes, Boudartchouk, Geneviève, Manuel, Molet, Testard, membres
correspondants.
Excusés : MM. Cazes, Directeur, Scellès, Secrétaire général, Mme Cazes, MM.
Manière, Tollon, membres titulaires, Mme Jimenez, M. Ginesty, membres correspondants.
Le Président ouvre la séance à 17 heures et
présente à la Compagnie tous ses vux amicaux et chaleureux. Louis Peyrusse
sabstient de tout discours relatif au bilan et aux projets de la Société, attendu
que ces perspectives seront développées lors de la séance du 18 janvier. Il déclare
simplement quil souhaite que lannée 2000 ait quelque chose de la magie qui
sattache aux chiffres ronds.
Le Secrétaire-adjoint donne lecture de la relation de la sortie
foraine à Caussade, du 4 décembre 1999, puis du procès-verbal de la séance du 14
décembre. Lensemble de ces comptes rendus est adopté.
Le Président annonce ensuite la récente élection
du bâtonnier Viala à la Présidence de lUnion des six Académies et Sociétés
savantes de lHôtel dAssézat, puis il fait état de la correspondance
manuscrite. Celle-ci comprend notamment une lettre de M. Dominique Baudis,
maire de Toulouse, qui nous adresse la copie dun courrier quil a envoyé, en
date du 29 novembre 1999, à M. Dominique Letellier, Architecte des Bâtiments de France.
Il sy déclare « particulièrement choqué », ainsi que « la majorité des
Toulousains et des visiteurs », de la « nouvelle couleur jaune moutarde de la
porte de la cathédrale Saint-Étienne ». M. Baudis regrette que la Mairie
nait pas été consultée et « souhaite que lÉtat, propriétaire, revienne
à des couleurs mieux adaptées à lenvironnement urbain et moins agressives ». Il
sagit ensuite de deux dossiers envoyés par le général Pierre Garrigou Grandchamp
et Christophe Évrard, animateur du Patrimoine, qui sollicitent la qualité de membre
correspondant de notre Société. Maurice Scellès, Secrétaire général, est chargé du
rapport sur ces deux candidatures. Ce sont enfin un compte rendu de lassemblée
générale, tenue le 1er décembre
1999, de la Fédération des Sociétés académiques et savantes
Languedoc-Pyrénées-Gacogne, qui devient la « Fédération des Sociétés
académiques et savantes Midi-Pyrénées », et une circulaire de la maison Privat, qui
lance un concours ouvert aux jeunes auteurs dHistoire, doté de prix et offrant une
intéressante possibilité dédition. Louis Peyrusse présente ensuite diverses
publications :
la brochure Autour dAssézat, disponible pour chacun des membres de la
Compagnie ;
louvrage de Paul Féron, Théodore Ozenne, mécène toulousain,
Presses de lUniversité des Sciences sociales de Toulouse, Toulouse, 1999, en
dépôt à la Société ;
la version publiée de la thèse de Maurice Scellès, Cahors, ville et
architecture civile au Moyen Âge (XIIe-XIVe
siècles), collection Cahiers du Patrimoine, C.N.M.H.S. - Éditions du
Patrimoine, Paris, 1999.
Le Président donne la parole à Françoise Stutz pour la communication du jour, intitulée : Les faciès mérovingiens dans la Gaule du Sud, publiée dans ce volume (t. LX, 2000) de nos Mémoires.
Louis Peyrusse remercie lintervenante et, ayant souligné laspect très technique de sa communication, lui demande de préciser la définition de la notion de faciès. Françoise Stutz dit quil faut entendre par faciès « toutes les manifestations culturelles que lon peut regrouper dans un ensemble cohérent de faits et de dates ». Le Président fait appel aux questions de lassemblée. Patrice Cabau senquiert du sens quil faut donner à lexpression d« inhumation habillée ». Françoise Stutz répond quil sagit dune sépulture comprenant un grand nombre déléments de parure pour les femmes, et de panoplie pour les hommes. Robert Manuel intervient à propos des « agrafes de suaire », et Françoise Stutz confirme quelles sont assez caractéristiques de lépoque carolingienne. Guy Ahlsell de Toulza ayant abordé la question des grenats qui paraissent manquer dans le décor dune grande fibule circulaire en or cloisonnée, Françoise Stutz dit que les grenats utilisés pour les encloisonnements étaient des pierres dimportation très lointaine, et que lapprovisionnement sest trouvé interrompu lorsqua été coupée la route de lInde. Michel Roquebert envisage lutilisation éventuelle de grenats de provenance plus immédiate, par exemple de grenats pyrénéens, dont il dit connaître un gisement dans la partie orientale de la chaîne, et Louis Latour cite le gisement de la vallée dAure, dans les Hautes-Pyrénées. Françoise Stutz explique que les pierres locales sont dune qualité très inférieure à celle des grenats dimportation lointaine exclusivement employés par les joailliers. Évoquant la figure de Barrière-Flavy, Louis Latour demande à Françoise Stutz de préciser le rôle quil a joué pour larchéologie mérovingienne. Mme Stutz déclare que Casimir-Bonaventure Barrière-Flavy (Toulouse, 1863 Toulouse, 1927) a été le père de larchéologie mérovingienne dans le Midi de la France dans la seconde moitié du XIXe siècle. Ses publications, notamment ses ouvrages de synthèse publiés en 1892 et 1901, ainsi que ses dossiers documentaires, conservés à la Bibliothèque de lArsenal à Toulouse, témoignent dune grande rigueur scientifique. Si ses datations doivent généralement être revues nombre dobjets quil a attribués au Ve siècle appartiennent en réalité au VIIe , cest quil a été induit en erreur par
M.S.A.M.F., t. LX, p. 233
les indications que lui fournissait le baron de Baye ; en
témoigne la correspondance échangée entre le chercheur du Nord et celui du Midi.
Jacques Lapart souligne limportance des moyens de publication dont Barrière-Flavy a
pu disposer, puis il dit tout lintérêt du schéma de synthèse élaboré par
Françoise Stutz à partir dun matériel méridional en somme relativement peu
abondant. Sagissant des plaques-boucles en fer damasquinées, leur rareté lui
paraît pouvoir sexpliquer par le fait quon les découvre à létat de
bloc de rouille et quon ne sait les traiter que depuis peu. Louis Latour abonde en
ce sens, citant lexemple de la belle plaque-boucle de Grépiac, qui nous a été
présentée restaurée et quil a connue comme un amas de rouille informe. Jean-Luc
Boudartchouk intervient à propos de laspect originel des plaques-boucles
damasquinées : il lui apparaît quelles devaient présenter une polychromie
résultant des couleurs diverses du fond de fer et des fils dargent ou de laiton qui
y étaient incrustés.
Puis la discussion sengage sur le substrat local antérieur au faciès
mérovingien, et Jacques Lapart résume ainsi létat des connaissances sur ce
sujet : « Que savons-nous des nécropoles du IVe siècle
en Aquitaine ? »
Le Président donne ensuite la parole à Patrice Cabau pour une communication brève :
« Alphonse et Pierre, fils de Foulque de Marseille, évêque de Toulouse de 1205 à 1231
"Folquet de Marseille était fils dun marchand qui était de Gênes et avait nom sire Alphonse. Et, quand le père mourut, il laissa Folquet très riche davoir. Et celui-ci rechercha le mérite et la valeur, et il se mit à servir les barons éminents et les hommes éminents, et à frayer avec eux, et à donner, et à servir, et à aller et à venir. Il fut fort bien accueilli et honoré par le roi Richard, et par le comte Raymond de Toulouse, et par Barral, son seigneur de Marseille. Il "trouvait" très bien et était très avenant de sa personne. Et il courtisait la femme de son seigneur sire Barral, et il la priait damour et lui consacrait ses chansons, mais, par ses prières et ses chansons, il ne put jamais obtenir en grâce quelle lui fît quelque bien en droit dAmour : cest pourquoi, toujours, il se plaint de lAmour dans ses chansons. Et il advint que la dame mourut, et sire Barral, son mari et le seigneur de Folquet, auquel il faisait tant dhonneur, et le bon roi Richard, le bon comte Raymond de Toulouse, le roi Alphonse dAragon. Aussi, pour la tristesse quil eut au sujet de sa dame et des princes que je vous ai nommés, Folquet abandonna le monde. Et il entra dans lOrdre de Cîteaux, avec sa femme et les deux fils quil avait. Et il fut fait abbé dune riche abbaye qui se trouve en Provence, qui a nom Le Thoronet. Et puis il fut fait évêque de Toulouse, et cest là quil mourut."
Voilà en quels termes un auteur anonyme, qui écrivait en langue provençale dans la seconde moitié du treizième siècle, a rédigé la Vida du troubadour Foulque de Marseille (1). Ce bref récit concorde avec ce que lon peut connaître de lexistence mouvementée de ce personnage fameux, non seulement au travers de son uvre littéraire, mais surtout par le biais de sources documentaires nombreuses et diverses. Foulque est en effet mentionné dabord comme notable de Marseille le 1er février 1179*, sous le nom de Foulque Alphonse (Fulco Anfos) (2), puis comme abbé de Sainte-Marie du Thoronet en 1204, enfin comme évêque de Toulouse à partir du mois de novembre 1205 ; il mourut le jeudi 25 décembre 1231 et fut inhumé dans léglise de labbaye cistercienne Sainte-Marie de Grandselve, au diocèse de Toulouse (3). Stanislaw Stronski a montré que lauteur de la Vida possédait pour la "vie réelle de Folquet" des "informations excellentes, sommaires mais exactes : dabord sur son origine et sur sa condition [ ] ensuite sur sa carrière religieuse" (4) et Jean Boutière a souligné que sa notice est dune "exactitude qui suppose une sérieuse information, ou même le recours aux documents" (5).
Cette "biographie" de Foulque se trouve corroborée dans la mesure où elle nen est pas inspirée (6) par celle que maître Jean de Garlande a esquissée dans le cinquième des huit livres de son poème sur les Triomphes de lÉglise, ouvrage composé entre 1231 et 1252 : "Les pervertis, et le docteur et le feu et lépée les extirpent. Lévêque Foulque les fauche dans la ville sainte. Il avait naguère été jongleur, et puis citoyen de Marseille, connu par son épouse, ses enfants, sa maison. Entrant au monastère du Thoronet, sous lhabit blanc, il sefforce dêtre à lintérieur de lui-même plus blanc encore. De moine, il fut fait abbé, et puis évêque de Toulouse, et il endura pour ses ouailles beaucoup de maux : outrages, menaces, voyages, exil, soupirs, douleurs, rapines, mépris et grandes embûches. Les deux fils de Foulque ont été faits abbés, et le voile de la religion consacre leur mère." (7).
On a voulu identifier lun des fils de Foulque daprès lune des clauses de laccord de paix que le comte de Toulouse Raymond "VII" fit serment dobserver le 12 avril 1229 : "Verfeil, ses dépendances, et le village des Bordes avec ses dépendances, nous les cédons à lévêque de Toulouse et à son fils, Olivier de Lyliers21, comme les leur avaient cédés le roi Louis de bonne mémoire, père de notre
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seigneur le roi, et le comte de Montfort, à condition que lévêque de Toulouse nous doive pour Verfeil ce quil devait au roi Louis de bonne mémoire, père de notre seigneur le roi." (8).
Seulement, le texte latin de cet article a été traduit incomplètement et mal compris. Voici comment il convient de linterpréter : "Verfeil, avec ses dépendances, et le domaine de Lasbordes, avec ses dépendances, nous les cédons, conformément à la donation du roi Louis [VIII], de bonne mémoire, père du même seigneur roi [Louis IX], et du comte [Simon] de Montfort, à lévêque de Toulouse [Foulque] et au fils d(Eudes) de Lillers, à condition toutefois que lévêque de Toulouse fasse envers nous pour Verfeil ce quil devait faire envers le comte de Montfort et que le fils du même (Eudes) fasse envers nous ce quil devait faire envers le roi Louis, de bonne mémoire, père du seigneur roi." (9). À lévidence, on ne saurait considérer comme fils de lévêque de Toulouse celui dEudes de Lillers, noble probablement originaire de lArtois (10) venu dans le Midi à lépoque de la croisade contre les Albigeois.
Par bonheur, lidentité véritable des deux fils de Foulque nous est révélée par une charte transcrite dans le cartulaire, compilé après 1258, de labbaye cistercienne Sainte-Marie de Berdoues, au diocèse dAuch : parmi les quatre témoins de cet acte, daté de 1210, paraissent "Frère Alphonse et Frère Pierre, son frère, moines de Grandselve, qui sont dits fils de Folquet de Marseille, évêque de Toulouse" (11). On aura noté que le fils aîné de Foulque porte le nom de son grand-père et on y verra une nouvelle preuve de la fiabilité des informations de la "biographie" provençale.
Sil paraît impossible de savoir de quel monastère Pierre devint abbé les prélats de ce nom ont été nombreux dans les abbayes languedociennes de lOrdre de Cîteaux au treizième siècle (12) , il semble que lon puisse identifier Alphonse comme labbé Alfonsus qui gouverna de 1231 à 1239 labbaye Sainte-Marie de Feuillants, sise alors au diocèse de Toulouse (13).NOTES : 1. Folquet de Marsseilla si fo fillz dun mercadier que fo de Genoa et ac nom ser Anfos. E quan lo paire muric, si.l laisset molt ric dauer. Et el entendet en pretz et en ualor, e mes se a seruir als ualenz barons et als ualenz homes, et a brigar ab lor, et a dar et a seruir et a uenir et a anar. E fort fo grazitz et onratz per lo rei Richart e per lo comte Raimon de Tolosa e per en Baral, lo sieu seingnor de Marseilla. Molt trobaua ben e molt fo auinenz om de la persona. Et entendia se en la mullier del sieu seingnor en Baral, e pregaua la e fasia sas chansos della, mas anc per precs ni per cansos no.i poc trobar merce, quella li fezes nuill ben en dreit dAmor : per que totz temps se plaing dAmor en soas cansos. Et auenc si que la domna muric, et en Barals, lo maritz della e.l seingner de lui, que tant li fasia donor, e.l bons reis Richartz, e.l bons coms Raimos de Tolosa, e.l reis Anfos dArragon. Don el, per tristeza de la soa domna e dels princes que uos ai ditz, abandonet lo mon. E si se rendet a lorde de Cistel ab sa muiller et ab dos fillz quel auia. E si fo faichs abas duna rica abadia ques en Proensa, que a nom Lo Torondet. E pois el fo faichs euesques de Tolosa, e lai el muric. Daprès BOUTIÈRE, SCHUTZ, CLUZEL 1973, n° LXXI-A, p. 470-471 (texte), 472-473 (traduction) = STRONSKI 1910, p. 3-4 (texte) ; cf. p. 140-143 (critique) 2. ALBANÉS, CHEVALIER, 1899, n° 1104, c. 693-696 STRONSKI 1910, p. 3*, 140* (sous la date erronée du 23 janvier 1178) CABAU 1986, p. 169 (date exacte) CABAU 1999, p. 154 (date erronée). 3. STRONSKI 1910, p. 140*-145* CABAU 1986, p. 151-179 CABAU 1999, p. 154-156. 4. STRONSKI 1910, p. 142 ; cf. p. 112*-113*. 5. BOUTIÈRE, SCHUTZ, CLUZEL 1973, p. X ; cf. p. XII-XIV. 6. STRONSKI 1910, p. 112*-113*, 142. 7. Prauos extirpat et doctor et ignis et ensis. / Falcat eos Fulco presul in urbe sacra. / Hic dudum fuerat ioculator, ciuis et inde / Marsilie, clarus coniuge, prole, domo. / Intrans cenobium Turoneti, ueste sub alba, / Certat ut interius albior esse queat. / Factus de monacho fuit abbas, presul et inde / Tholose, passus pro grege multa mala, / Probra, minas, iter, exilium, suspiria, luctus, / Raptus, contemptus, insidiasque graues. / Abbates facti Fulconis sunt duo nati, / Consecrat et matrem relligionis apex. WRIGHT 1856, p. 92-93 = STRONSKI 1910, p. 107*-108*. On a donné de ce passage une traduction inacceptable sur plusieurs points : "Mais les dépravés, ce sont le docteur et le feu et lépée qui les exterminent ; et cest Foulque, le saint prélat, qui les fauche dans la ville. Lui qui naguère fut jongleur en la cité de Marseille et qui, au su de tous, eut femme, fils et maison, entra au monastère du Thoronet en quête, sous la robe blanche, dune blancheur intérieure plus éclatante encore. De moine il devint abbé, puis évêque de Toulouse et là de par la foule il souffrit mille maux : insultes, menaces, déplacements, exils, sanglots, deuils, enlèvements, mépris et des sièges cruels. Lui, ce fer de lance de la religion, consacra deux abbés indigènes et une mère abbesse." BONNASSIE, PRADALIÉ 1979, p. 53-54. 8. "21. Foulque de Marseille, évêque de Toulouse, avait été marié avant de se faire moine à labbaye cistercienne du Thoronet, puis dobtenir le siège épiscopal de Toulouse." BONNASSIE, PRADALIÉ 1979, p. 30. 9. [ ] Viridefolium cum pertinentiis suis et uillam de Lesbordes cum pertinentiis suis dimittimus, secundum donum bone memorie Ludouici regis, patris eiusdem domini regis, et comitis Montisfortis, episcopo Tholosano et filio O. de Lyliers, ita tamen quod episcopus Tholosanus pro Viridifolio faciat nobis quod debebat facere comiti Montisfortis et filius eiusdem O. faciat nobis quod debebat facere bone memorie Ludouico regi, patri domini regis. [ ] (Paris, A.N.F., J 305, Toulouse, III, n° 60, lignes 29-30 [original scellé] = TEULET 1866, n° 1992, p. 147-152 [150] = H.G.L.3 1879, n° 271 - CLXXXIV, II, c. 883-892 [888]). Ces dispositions sont rappelées dans une lettre adressée par le roi à lévêque de Cahors en mai 1230 : [ ] Cum igitur predicte donationes facte a comitibus Montisfortis in terra eiusdem comitis Tolosani per formam pacis predictam fuerint reuocate, exceptis dumtaxat illis donationibus que facte fuerunt marescallo [Guidoni de Leuis] et O. de Lilers et episcopo Tolosano [ ]. (Paris, A.N.F., J 306, Toulouse, III, n° 65 [original jadis scellé] = TEULET 1866, n° 2054, p. 177). La donation du castrum de Verfeil par Simon de Montfort à lévêque de Toulouse Foulque est du 4 juin 1214 (Paris, A.N.F., JJ 19, f. 182 v° ou 187 v° [transcription des environs de 1241] = H.G.L.3 1879, n° 176, c. 653 ; cf. c. 2397 MOLINIER 1874, n° 80, p. 78 Toulouse, A.D. Haute-Garonne, 1 G 315, f. 123 v° [copie] ; 1 G 843 [copie] Cf. GUILLAUME DE PUYLAURENS, Chronica, chapitre XXVIII = DUVERNOY 1976, p. 102). 10. Lillers, arrondissement de Béthune, Pas-de-Calais. Une domina de Lilers est mentionnée dans une charte davril 1209 (Paris, A.N.F., J 399, Promesses, n° 8 [original scellé] = TEULET 1863, n° 870, p. 330).
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11. [ ] Hujus rei sunt testes Frater Bernardus de Petrucia, monachus Berdonarum, et Frater Ildefonsus et Frater Petrus, frater eius, monachi Grandis Silue, qui dicti sunt filii Folquet de Massilia, episcopi Tolose, et Ramundus de Bordes, cognatus predicti Fratris Sancii [de Pipio], qui hoc audorgavit per se et per omnes successores suos presentes et futuros Fratribus Berdonarum. Factum est hoc anno ab incarnatione Domini MCCX, regnante Philippo rege Francorum, Bernardo Auxitano archiepiscopo, Centullo Astaracensi comite. CAZAURAN 1905, n° 435, p. 288-289. 12. Cf. H.G.L.3 1876, p. 602, 608, 609, 613, 618, 619, 621, 624, 627, 630, 632, 635, 636, 642. 13. G.C.3 1785, c. 218 = G.C.4 1874, c. 218 H.G.L.3 1876, p. 637.
BIBLIOGRAPHIE : www.societes-savantes-toulouse.asso.fr/samf/memoires/t_60/bul20001#bul02
ALBANÉS (Joseph-Mathias-Hyacinthe), CHEVALIER (Ulysse), Gallia Christiana novissima, Marseille, Valence, 1899 BONNASSIE (Pierre), PRADALIÉ (Gérard), La capitulation de Raymond VII et la fondation de lUniversité de Toulouse - 1229-1979 - Un anniversaire en question, Toulouse, 1979 BOUTIÈRE (Jean), SCHUTZ (A.-H.), CLUZEL (Irénée-Marcel), Biographies des troubadours. Textes provençaux des XIIIe et XIVe siècles, 2e édition, Paris, 1973 CABAU (Patrice), Foulque, marchand et troubadour de Marseille, moine et abbé du Thoronet, évêque de Toulouse (v. 1155/1160 - 25.12.1231), dans Cahiers de Fanjeaux, 21, Les Cisterciens de Languedoc (XIIIe-XIVe s.), Toulouse, 1986, p. 151-179 CABAU (Patrice), Les évêques de Toulouse (IIIe-XIVe siècles) et les lieux de leur sépulture - Première partie : les évêques de Toulouse, dans M.S.A.M.F., LIX, Toulouse, 1999, p. 123-162 CAZAURAN (abbé), Cartulaire de Berdoues, La Haye, 1905 G.C.3 = Gallia Christiana, in provincias ecclesiasticas distributa [...], Paris, XIII, 1785 = G.C.4, 2e édition, Paris, 1874 DUVERNOY (Jean), Guillaume de Puylaurens, Chronique - Chronica magistri Guillelmi de Podio Laurentii, Paris, 1976 H.G.L.3 = Histoire générale de Languedoc [ ], 3e édition, Toulouse, IV-2, 1876 ; VIII, 1879 MOLINIER (Auguste), Catalogue des actes de Simon et dAmauri de Montfort, extrait de la Bibliothèque de lÉcole des chartes, XXXIV, Paris, 1874 STRONSKI (Stanislaw), Le troubadour Folquet de Marseille. Édition critique [ ], Cracovie, 1910 ; 2e édition, Genève, 1968 TEULET (Alexandre), Layettes du Trésor des chartes, Paris, I, 1863 ; II, 1866 WRIGHT (Thomas), Johannis de Garlandia De Triumphis Ecclesiae libri octo, a latin poem of the thirteenth century, Londres, 1856. »
SÉANCE DU 18 JANVIER 2000
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur
honoraire, Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour,
Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint,
MM. Gérard, Gilles, Hermet, Nayrolles, Roquebert, Tollon, Mgr Rocacher, le Père
Montagnes, membres titulaires, Mmes Blanc-Rouquette, Fraïsse, Fronton-Wessel, Jimenez,
Pujalte, MM. Bordes, Burroni, Ginesty, Manuel, Salvan-Guillotin, Testard, membres
correspondants.
Excusés : Mme Pradalier-Schlumberger, MM. Hamon, Pradalier.
Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 4 janvier dernier, qui est adopté.
Le Président présente le livre, très joliment mis
en page, que ses anciens confrères et élèves viennent déditer à la mémoire de
Paul Ourliac. À côté dune mise en perspective des travaux de Paul Ourliac,
louvrage comprend une bibliographie qui met à jour celle qui avait été établie
en 1979.
Chantal Fraïsse offre à la Société un tiré à part de son article
Un traité des vertus et des vices illustré à Moissac du XIe
siècle (Cahiers de civilisation médiévale, 42e
année, juillet-septembre 1999, p. 221-242), et Pierre Garrigou Grandchamp trois volumes
anciens de The antiquaries Journal, qui viennent heureusement compléter notre
collection. Au nom de notre Compagnie, le Président remercie les donateurs.
Parmi la correspondance, on note en particulier des bulletins de
souscription pour louvrage de notre consur Chantal Fraïsse : Moissac
et la Révolution (inventaire analytique des archives communales), pour le très
attendu Cartulaire de Saint-Sernin de Toulouse de notre confrère Pierre Gérard
(édité par les Amis des archives de la Haute-Garonne), et pour Cabaret. Histoire et
archéologie dun castrum (C.V.P.M., Maison des Mémoires).
Le Président présente le rapport moral pour lannée 1999 :
« Recaler sur l'année civile 1999 les morceaux de deux années académiques a quelque chose d'arbitraire. Essayons pourtant.
La Société a été heureuse en 1999 de ne pas connaître de deuil. (Il nous reste toutefois à saluer la mémoire de quelques-uns de nos membres éminents comme Michel Labrousse ou Georges Fouet que je souhaiterais voir honorer d'une longue notice sur la vie et les travaux). Nous avons recruté quatre jeunes confrères : Mme Hélène Debax, MM. Henri Molet, Étienne Hamon et Vincent Geneviève. En revanche nous avons dû après un ultime courrier de rappel rayer de nos effectifs quelques membres ayant cessé depuis quelque temps tout rapport épistolaire et économique avec la Société. Ces démissions " subreptices " sont à déplorer : elles témoignent de l'absence d'attraction de notre Société auprès de confrères on l'espère, requis par d'autres chantiers... Je souhaiterais que l'an 2000 voie notre recrutement s'élargir en particulier du côté des jeunes chercheurs. Et cette politique de recrutement doit s'accompagner d'une utilisation plus large des possibilités offertes par les statuts : nous n'avons pas assez de membres d'honneur certains pourraient être des relais d'influence efficaces de nos travaux... De l'excellence de ceux-ci témoignera le volume de Mémoires pour l'année 1998-1999 qui arrivera le 1er février et dont le retard n'est imputable qu'aux retards de quelques auteurs et non à l'indiligence du secrétaire général qui a donné tous ses soins à ce volume comme à l'accoutumée.
Autre sujet de satisfaction : la séance publique a été d'une qualité exceptionnelle grâce à l'évocation des " oubliés " de l'histoire de Toulouse au temps du catharisme ressuscités par Michel Roquebert dans le cadre extraordinaire de Saint-Pierre-des-Cuisines. Lors de cette soirée du 3 mai placée à une date que nous n'avons pu faire bouger quatre prix de la Société archéologique furent remis à Florence Millet, Patricia Guillet-Baudrix, Priscilla Malagutti et Dany Couget-Rullier. Le
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4 décembre dernier, nous avons remis à M. le Sénateur-Maire de Caussade la médaille d'argent de la Société pour saluer 1exceptionnelle réussite de la restauration de la Tour d'Arles.
Les travaux de l'année 1999 ont été nombreux et variés. Ils vont de la haute antiquité des stèles dauniennes (Cecilia d'Ercole) au XIXe siècle de l'église du Jésus à Toulouse. Toutes les périodes ont eu droit à une étude significative. Je suis en particulier assez satisfait que les communications brèves, qui apportent des informations ponctuelles de découvertes ou des remarques sur des restaurations ou des aménagements, aient trouvé un rythme satisfaisant. Le volume LIX des Mémoires douze articles, un copieux Bulletin témoignera de cette diversité, même si toutes les communications ne sont pas éditées.
Le trésorier fera remarquer que, heureusement, celles-ci ne grèvent pas le budget de ces Mémoires qui atteignent les 320 pages. Pour un équilibre nécessaire de nos comptes, il faut nous fixer un certain nombre de règles : la Société prend pour éditer le volume annuel sur les revenus de ses capitaux. La part départementale est limitée à l'impression de 100 pages. Il devient impératif de ne pas dépasser 300 pages sauf à mettre en péril non pas nos comptes, mais notre capacité à financer autre chose que les Mémoires. Une piste à explorer serait de faire passer en édition électronique sur notre site Internet les articles qui compromettent la longueur du volume ou sont rendus en retard...
Il reste d'autres problèmes en suspens : peut-être est-ce dû au manque d'efficacité du président débutant... Je les rappelle en vrac : nos affaires de Martres-Tolosane, l'équipement des salles de travail, la toilette de nos statuts, la bibliothèque dont Louis Latour est le serviteur très dévoué
Mais on ne peut oublier que la Société est aussi ouverte sur l'extérieur. À Pâques 2001 (9-13 avril) se tiendra à Toulouse, sans doute à l'Université de Toulouse-Le Mirail, le Congrès national des Sociétés savantes. La Société recevra le 17 février des membres du C.T.H.S. et des Sociétés savantes du Midi pour une séance préparatoire de travail. Au début de l'été 2001 est programmée la journée d'études sur la maison médiévale que prépare Maurice Scellès en accord avec Michèle Pradalier. Le site Internet de la Société va accueillir les rapports des recherches commandées par la Conservation régionale des Monuments historiques grâce à la proposition de M. Bertrand Ducourau auquel nous exprimons notre gratitude. Il est aussi projeté de mettre en ligne le catalogue des produits de la manufacture Virebent dont les images ont été saisies. D'autres projets sont en cours, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues.
Il me reste et c'est la partie la plus agréable de ce bref survol à dire ma fierté d'uvrer à la tête d'une équipe et d'une société qui méritent bien des éloges : aux membres du bureau : Daniel Cazes qui suit le dossier " Martres ", Maurice Scellès notre " cheville-ouvrière ", Guy Ahlsell de Toulza qui veille à l'équilibre de nos comptes, Louis Latour au dévouement absolu, et à ceux dont le travail est " invisible " : Patrice Cabau, Anne-Laure Napoléone, Christine Delaplace, Jean Nayrolles... à tous un très grand merci. Une société vit de ces dévouements au bien commun ; la qualité du travail hebdomadaire fait notre force et il est très agréable d'en souligner l'exceptionnelle valeur. Aussi brève que soit la ponctuation finale, c'est un énergique merci qui s'impose.
Louis PEYRUSSE »
Le Trésorier présente ensuite le rapport
financier. À lunanimité le rapport moral est approuvé et il est donné quitus au
trésorier pour sa bonne gestion.
Lordre du jour appelle les élections statutaires. Louis
Peyrusse, Maurice Scellès et Louis Latour sont respectivement réélus Président,
Secrétaire général et Bibliothécaire-archiviste. En leur nom à tous trois, le
Président remercie la Compagnie de cette confiance renouvelée qui, rappelle-t-il, honore
autant quelle oblige.
La parole est à Bruno Tollon qui propose à la Compagnie deux notes brèves :
« Le grand degré du collège de Périgord à Toulouse (1367)
Dans un essai qui a fait date, Jean-Marie Pérouse de Montclos (1) sattachait à suivre lapparition et le développement de lescalier ouvert porté par des voûtes, en France et en Espagne. Le hasard dune enquête permet dapporter un nouvel élément aux exemples réunis jusquici. On le trouve au collège de Périgord installé dans la plus vieille demeure patricienne de Toulouse. On sait que le cardinal Hélie de Talleyrand-Périgord avait prévu cette fondation par décision testamentaire avec un legs considérable de 20 000 livres tournois sous le vocable de Saint-Front de Périgueux ; il devait recevoir vingt étudiants
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TOULOUSE, COLLÈGE DE PÉRIGORD, plan de 1753, A.D. Hérault, C 544-1. Cliché A.D. de lHérault.
assistés de quatre chapelains et servis par sept domestiques (1360). Entre 1362 et 1371, les légataires firent lacquisition de six hôtels situés à langle des actuelles rue du Taur et rue du Périgord et édifièrent le nouveau collège en réutilisant bon nombre de murs anciens et la vénérable tour des Maurand pour servir, au rez-de-chaussée, de sacristie à la nouvelle chapelle et de salle darchives à létage. Entre 1363 et 1370 furent édifiées la chapelle le long de la rue du Taur et les trois ailes sur une cour entourée dun cloître à deux niveaux (une seule aile au revers de la rue du Taur est encore conservée). Maurice Meusnier (2) a étudié lhistoire de cette entreprise grâce aux registres de comptes partiellement conservés. Ainsi lauteur a-t-il retrouvé le détail de la construction du grand escalier dont les fondations commencent le 14 octobre 1367 ; les échafaudages de ses voûtes furent enlevés le 9 juin 1368 et ceux de ses murs le 26 novembre 1369. Lescalier a disparu au XIXe siècle quand le collège, cédé à larchevêché, a été reconstruit pour linstallation du Grand séminaire (1823).
Par chance, des plans du collège médiéval, dressés au XVIIIe siècle, permettent la localisation du grand degré (3). Lescalier était édifié dans laile nord du collège et communiquait avec le cloître par deux grandes arcades reposant sur des supports cruciformes. La légende du dessin à la plume indique bien la présence de ce " grand escalier voûté ". Les volées droites en retour déquerre sappuient sur les murs dun grand vestibule. En prévoyant des voûtes, on a donné un caractère plus monumental à ce type descalier ouvert qui ne conduisait quau premier étage : avec vingt-trois marches, la première volée, appuyée sur le mur nord, aboutissait à un repos intermédiaire doù la seconde volée plus courte (douze marches) prenait son départ. Celle-ci débouchait dans la galerie de laile orientale du bâtiment. On reconnaît ici une formule spectaculaire comparable à celle de lescalier suspendu édifié avant 1347 pour le logis de la reine dans le palais des rois de Majorque à Perpignan. Ce prototype, lui aussi bien daté (4), est conservé. Il prend place dans un vestibule qui communique avec la cour par deux hautes arcades en plein cintre et dessert lappartement de létage. Le parti de voûtement y est très élémentaire avec deux berceaux rampants en retour déquerre sur lesquels sont posées les marches. La retombée des berceaux est appuyée sur les murs ; au retour, le berceau de la deuxième volée prend naissance sur le flanc de la première volée. Avec ou sans échiffre pour supporter le départ de la voûte, lescalier du
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collège toulousain montre un parti très proche et constitue, à lheure actuelle, le plus ancien exemple en France de la formule observée à Perpignan. En 1982, Jean-Marie Pérouse de Montclos ne voyait au prototype de la capitale du royaume de Majorque quune descendance espagnole. Depuis son enquête, les travaux consacrés à larchitecture civile médiévale ont fait avancer la connaissance de la distribution. On trouve dans les cours des grands hôtels médiévaux des escaliers ouverts établis sur voûte rampante à une ou deux volées (5).
Intégrée à une aile du bâtiment, la solution observée à Perpignan et à Toulouse est porteuse davenir. Dans le premier cas, lescalier est placé sous un portique largement ouvert sur la cour de la reine ; dans le second, il est édifié dans un vestibule séparé de la cour par les travées du cloître. En attendant la découverte dautres escaliers suspendus, la solution monumentale retenue pour le collège toulousain sinscrit dans le cadre languedocien au sens large où la tradition stéréotomique a toujours été significative. Plus dun demi-siècle avant la fameuse " vis de Toulouse ", désormais bien datée de 1531 et dont lauteur est identifié (6), les responsables de la fondation de lévêque de Périgueux misaient sur un escalier spectaculaire pour conférer au nouveau collège un caractère palatial.Bruno TOLLON »
1. Jean-Marie Pérouse de Montclos, Larchitecture à la française, Paris, 1982, p. 167.
2. Maurice Meusnier, « Fondation et construction dun collège universitaire au XIVe siècle : le collège de Périgord à Toulouse », dans Annales du Midi, 1951, p. 211-221.
3. A.D. Hérault, C 544, devis de réparation, 1753.
4. Marcel Durliat le date avant 1347 (Lart dans le royaume de Majorque, Toulouse, 1962, p. 205).
5. Bernard Sournia, Jean-Louis Vayssettes, Montpellier : la demeure médiévale, Paris,1991, p. 72-80 ; Anne-Laure Napoléone, Figeac au Moyen Âge : les maisons du XIIe au XIVe siècle, Figeac, 1998, 2 vol. ; Maurice Scellès, Cahors : ville et architecture civile au Moyen Âge, Paris, 1999, p. 111-127.
6. Bruno Tollon, « "Lescallier de Toulouze" ou la vis des archives revisitée », dans M.S.A.M.F., t. LII, 1992, p. 97-106.
À propos de lescalier du collège de
Périgord, le Président ayant manifesté sa surprise devant les comparaisons proposées
avec lescalera en rincón de claustro que lon connaît en Espagne,
Bruno Tollon précise que les escaliers à trois volées se développent surtout à partir
du début du XVIe siècle.
Maurice Scellès remarque que lon sattendrait plutôt pour
cette époque à un escalier sous galerie immédiatement accessible : la formule de
lescalier isolé dans une cage serait exceptionnelle. Bruno Tollon note que les
escaliers étaient parfois situés au revers du corps sur rue, et ne se trouvaient donc
pas toujours placés dans laxe de lentrée.
Bruno Tollon présente ensuite un décor peint du château de Rudelle (Muret) :
« Le château de Rudelle et le décor peint du galetas
Ces dernières années, les découvertes de décors peints dans les édifices civils se sont multipliées. Cependant beaucoup de monuments attendent encore des enquêtes complètes. Ainsi en est-il du château de Rudelle, près de Muret, inscrit à linventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 1979 pour " ses façades et toitures, six cheminées et des vestiges de peintures murales au troisième étage " qui vont nous intéresser ici.
Le château est représentatif des traditions techniques propres à la région toulousaine : maçonneries de briques nues et pierre de taille pour les baies et lescalier. Bâti à proximité dune rivière, il réunit toutes les dépendances nécessaires à un grand domaine : moulins, tuilerie, bâtiments agricoles, écuries et remises, mais ces derniers ne dessinent pas la cour du château. Celui-ci reste isolé et offre un plan massé avec trois étages au-dessus du rez-de-chaussée réservé à la cuisine et à loffice. Lallure du château lui est procurée par quatre tourelles dangle et, au-dessus de la vis descalier, un pavillon plus élevé abritant la pièce haute avec sa vis daccès. Peu transformé au XIXe siècle, on trouve ici des témoignages significatifs de lart dhabiter sous lAncien Régime. Seul le premier étage a été repartagé et les plafonds plâtrés. En revanche, le second étage a conservé ses poutres et ses cheminées ornées, et aussi les poteaux des cloisons qui isolaient la chambre de la garde-robe, du côté oriental ; enfin, chaque pièce possède un dégagement ou cabinet dans la tourelle dangle. Au total, le château offrait, à chaque étage, deux appartements séparés par la salle. Au troisième étage, dune hauteur bien moindre, la charpente, modifiée au XIXe siècle, reste apparente ; aucune division ne vient cloisonner cet espace
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LE CHÂTEAU DE RUDELLE (HAUTE-GARONNE) au XIXe siècle,
d'après un dessin de la collection d'Ingres conservé au musée de Montauban.CHÂTEAU DE RUDELLE (HAUTE-GARONNE), plan au niveau des combles.
Relevé Jean-Louis Claverie, architecte.
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À Rudelle, les vestiges dun important décor peint se situent au troisième étage, occupant toute la paroi du côté nord, depuis le montant de la cheminée installée sur le petit côté à louest jusquà la porte de la tourelle orientale ; en revanche, aucune trace de badigeon ou de décor na été repérée sur la moitié sud de létage. Tout semble confirmer que la peinture na été prévue que pour la seule moitié nord du galetas.
Les peintures ont subi de multiples dégradations lors des réfections apportées à la charpente : trois piliers ont doublé les trumeaux 3, 4 et 5, les enduits ont été pour la plupart arrachés à la partie supérieure du mur et seules les bordures des baies ou des portes ouvrant sur les deux tourelles conservent badigeons et éléments ornementaux.
Une scène occupe le grand trumeau côté ouest au-dessus de ce qui semble avoir été un faux lambris bas. On distingue un personnage féminin adossé à un arbre, un cheval et un chien dans un paysage. Des fragments de bordure montrent des trophées et un satyre.
Les trumeaux étroits étaient réservés à de grandes figures. On distingue sur le trumeau 6 un personnage en cuirasse tenant une lance au bout de laquelle se love un serpent. Au dernier trumeau
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(n° 8), on reconnaît Cérès avec une gerbe de blé sur le bras. Une frise dornements composée de trophées musicaux lencadre. Le dessin élégant de la draperie, lallure dansante et les proportions élancées de la figure évoquent le maniérisme de la seconde École de Fontainebleau. Les bordures rappellent les panneaux de " grotesques " mis à la mode par la gravure (2). Ce style est illustré à Toulouse par Jacques Boulvène et ses figures sophistiquées dont la manière est identifiable dans les peintures des Annales de la Ville. Un fragment retrouvé, qui montre des rois mages en costume oriental, brandissant des vases doffrandes, évoque pleinement cet art de cour étudié par Jean-Claude Boyer à propos de lAllégorie de la Prévoyance, de lHonneur et de la Vigilance (3).
Les vestiges de décor peint de Rudelle posent le problème des circonstances de la réalisation du programme. Avec les poutres peintes et les cheminées ornées des autres étages, lensemble atteste la place tenue par la peinture murale dans les décors intérieurs du XVIIe siècle. Toutefois, lemplacement du programme le plus élaboré, mêlant figures de pastorales et divinités de la " Fable ", quon attendrait dans une galerie, ne laisse pas de surprendre. Lhypothèse la plus vraisemblable reste celle dun décor rapidement brossé pour une fête, sans doute un mariage.
Le caractère des frises inspirées par les thèmes des grotesques et le style maniériste des figures évoquent bien le premier tiers du siècle. Dans le reste du château, les poutres peintes, les frises hautes (rinceaux, médaillons à paysage ) comme les manteaux des cheminées relèvent au contraire dun autre contexte stylistique et appartiennent à la seconde moitié du XVIIe siècle.
CHÂTEAU DE RUDELLE (HAUTE-GARONNE), deuxième étage, élévation intérieure est.
CHÂTEAU DE RUDELLE (HAUTE-GARONNE), plafond du deuxième étage.
Lintérêt de ce décor est de poser le problème de lutilisation apparemment noble de ces parties hautes, ces niveaux de " mirandes " trop souvent considérés comme des espaces secondaires dévolus à des fonctions de stockage, séchage et rangement. Il restera à sinterroger, après nettoyage et restauration, sur les caractéristiques de liconographie et les rapports qui pourraient être établis avec dautres manifestations de la vie culturelle toulousaine.
Bruno TOLLON »
1. Cf. VUILLEZ (Éric), Lhôtel de Caulet avant 1630, mémoire de maîtrise, Université de Toulouse-Le Mirail, 1992.
2. GRUBER (Alain), Lart décoratif en Europe, t. 2, Renaissance et Maniérisme, 1993.
3. BOYER (Jean-Claude), «Boulbène, Ripa, Richeome», dans Revue de lart, 1992, p. 42-50.
Le Président le remercie de nous avoir révélé ce
décor inattendu, conservé dans un comble qui navait pas à lévidence une
fonction de grenier. Bruno Tollon précise que les mirandes au revers desquelles se trouve
le décor sont tournées vers le nord, et il ajoute que la salle devait être plafonnée.
Bruno Tollon ayant évoqué des décors réalisés pour des
circonstances très précises, Maurice Scellès demande si cette hypothèse ne doit pas
être envisagée pour celui du château de Rudelle.
Répondant à Guy Ahlsell de Toulza, Bruno Tollon indique que la pièce
aveugle qui existe à chaque étage servait peut-être de resserre, et que lon en
connaît dautres exemples ailleurs.
SÉANCE DU 1er FÉVRIER 2000
Présents : MM. Peyrusse, Président, Ahlsell de Toulza,
Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau,
Secrétaire-adjoint, Mme Napoléone, MM. Gilles, Roquebert, membres titulaires, Mme
Pujalte, MM. Bordes, Cranga, Manuel, Salvan-Guillotin, membres correspondants.
Excusés : M. Coppolani, Directeur honoraire, MM. Burroni, Tollon.
À la demande du Secrétaire général, la lecture
du procès-verbal de la séance du 18 janvier est reportée.
Le Président communique à la Compagnie qu'il a été entendu avec
notre consur Évelyne Ugaglia quune visite de lexposition Les arts du
métal, qui vient tout juste douvrir au Musée Saint-Raymond, serait organisée
hors calendrier avant le mois de juin.
Marie-Luce Pujalte offre à la Société un exemplaire de sa
thèse : Larchitecture civile privée du XVIIIe
siècle à Toulouse, sous la direction de M. le Professeur Yves Bruand, Université de
Toulouse-Le Mirail, 1999, 2 vol. de texte 540 p., 3 vol. de planches 252 p.
Lordre du jour appelle lélection de deux membres
correspondants. Après audition des rapports présentés par le Secrétaire général, on
procède au vote : le général Pierre Garrigou Grandchamp et M. Christophe Évrard,
animateur du patrimoine des bastides du Rouergue, sont élus membres correspondants de
notre Société.
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La parole est alors à Louis Latour pour une communication consacrée à Jacques-Jean Esquié et la construction de l'église de la Madeleine à Auterive (Haute-Garonne) :
« Lancienne église
À la fin du XIIe siècle, la construction du grand pont dAuterive sur lAriège permit lextension de la ville sur la rive gauche : quelques maisons se regroupèrent autour dune petite église, constituant ainsi le faubourg du Bout-du-Pont.
Modeste édifice, à lorigine, elle se révéla très vite insuffisante pour accueillir une population sans cesse croissante de brassiers, de marins et de pêcheurs. Elle fut agrandie en 1764 par ladjonction de trois grandes chapelles à louest de la nef.
Léglise de la Madeleine prit alors le visage définitif quelle devait garder jusquau milieu du XIXe siècle. La nef qui surplombait à lest le lit de lAriège, était longée du côté du faubourg par la sacristie et les trois chapelles dédiées à la Vierge, à saint Éloi et à sainte Catherine. Au nord de lédifice souvrait lentrée principale au-dessous du clocher-mur traditionnel de forme triangulaire percé de cinq ouvertures pour recevoir les cloches. Le portail était précédé dun porche dans lequel souvrait lescalier daccès à la tribune. Sous celle-ci, une porte permettait dentrer dans les fonts baptismaux installés dans une petite salle contiguë au porche, du côté de la rivière.La population du faubourg ayant fortement augmenté au début du XIXe siècle (1 500 habitants, 500 communiants environ, en 1834) et la paroisse voisine de Saint-Martin-de-Luffiac ayant été rattachée à celle de la Madeleine, léglise du Bout-du-Pont se révéla à nouveau très insuffisante. Un projet dagrandissement proposé par la fabrique en 1841, sur des plans de Virebent aîné, architecte de la ville de Toulouse, dut être ajourné par manque de ressources.
En 1853, labbé Ginesté, curé de la Madeleine, exposa au conseil municipal « quil [avait] acheté une portion considérable dun terrain qui lui [semblait] convenable pour lemplacement dune nouvelle église, quil [mettait] ce terrain à la disposition de la commune avec les ressources dont il [pouvait] disposer et quil [évaluait], avec les prestations volontaires, à une somme approximative de 15 000 F. »
La municipalité, craignant dêtre entraînée dans des dépenses excessives, choisit la solution plus économique de lagrandissement de lancienne église et chargea Jacques-Jean Esquié, architecte du département et des édifices diocésains, de présenter un projet dans ce sens.Larchitecte proposa lajout de trois travées à lextrémité nord de léglise. Les deux premières couvraient la largeur de la nef et celle du collatéral, la première à lemplacement de lancien porche, la seconde en avant de celle-ci. Elles étaient précédées dune troisième travée plus réduite, de la largeur de la nef seulement, supportant la nouvelle tribune, au-dessus du portail dentrée.
La façade gardait son caractère traditionnel avec un portail cintré et un clocher-mur triangulaire percé de trois baies. Lensemble des travaux était évalué à 5 520 F.AUTERIVE (HAUTE-GARONNE), ÉGLISE DE LA MADELEINE.
Lagrandissement de lancienne église. Projet de J.-J. Esquié.Le projet dagrandissement fut voté par le Conseil municipal le 14 mai 1854, approuvé par le préfet et consacré par le décret impérial du 19 août 1854. Le 4 février 1855 la municipalité décidait ladjudication immédiate des travaux.
Le curé et la fabrique sopposèrent énergiquement au projet Esquié : lagrandissement consistait en fait en un allongement excessif de la nef qui aurait mesuré plus de 30 m de long un véritable couloir
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et naurait pas réglé les problèmes dinsalubrité et dinsécurité liés à la proximité de lAriège. Labbé Ginesté opta définitivement pour lédification dune nouvelle église, prit comme architecte un conducteur des Ponts-et-chaussées, Piette, posa solennellement la première pierre, le 24 juillet 1854, puis commença activement la construction projetée.
Le conflit, dune rare violence, dura plus dun an. Des expertises tempérèrent quelque peu lardeur des deux parties et, le 22 mars 1856, le préfet se laissa fléchir par la détermination du curé et de la fabrique. Il refusa le projet dagrandissement de la vieille église et invita la municipalité à collaborer avec la fabrique pour la construction de la nouvelle église.La nouvelle église de la Madeleine
Le préfet confia à Esquié le soin dexpertiser les travaux déjà réalisés par Piette et dévaluer les compléments nécessaires pour lachèvement de la nouvelle église. Larchitecte estima que cette dépense pourrait être réduite à 21 500 F mais que « le projet en cours dexécution [était] très médiocre, ne [présentait] soit à lintérieur soit à lextérieur, aucun caractère religieux, et [navait] pas été approuvé » et proposait « dinviter M. le curé ou M. le Maire à faire dresser un nouveau projet par un des architectes ( ) recommandés aux communes ».
Malgré lappui du curé Ginesté en sa faveur, le préfet écarta définitivement Piette de la construction de la nouvelle église et confia à J.-J. Esquié le soin de dresser les plans et devis définitifs.
Larchitecte diocésain présenta le projet définitif le 1er mars 1859. Dans son descriptif, il constatait dabord létat du chantier : « il comprend actuellement les murs latéraux de la nef, les bas-côtés avec leur toiture et la façade principale. » Et il ajoutait : « chargé par M. le curé et la fabrique de cette paroisse de modifier le projet en cours dexécution, et de donner à cette église, soit à lintérieur, soit à lextérieur, un caractère et des formes architecturales plus en rapport avec sa destination, jai dû conserver autant que possible les constructions érigées jusquà ce jour, afin de réduire au strict nécessaire le chiffre de la dépense restant à effectuer pour approprier cet édifice de manière à pouvoir y célébrer convenablement les cérémonies religieuses. »
« Ce résultat sera obtenu par la construction du sanctuaire [le chur] et de la sacristie, lexhaussement des murs de la nef et de la façade principale à partir des accoudoirs des fenêtres supérieures, létablissement de la toiture de la nef ainsi que des voûtes et des carrelages de tout lédifice, enfin par le placement provisoire des portes, fenêtres, autels, confessionnaux, etc., etc. provenant de léglise actuelle ( ) » et par la rectification de « la partie inférieure de la façade principale » selon les dessins annexés.AUTERIVE (HAUTE-GARONNE), ÉGLISE DE LA MADELEINE.
La façade de la nouvelle église. Projet de J.-J. Esquié.Le devis estimatif sélevait à 20 200 F, compte tenu des prestations volontaires que devaient assurer de nombreux paroissiens, des rabais importants consentis par les fournisseurs et de lajournement de la construction du clocher et de la décoration intérieure.
Les projets dEsquié, approuvés par le conseil municipal dAuterive et par le conseil de fabrique,
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furent entérinés par le décret impérial du 15 décembre 1860. Le projet fut enfin approuvé par le préfet qui accorda une subvention de lÉtat de 3 000 F, le 19 avril 1861.
Malgré un nouveau conflit entre la fabrique et la municipalité au sujet du financement des portes et fenêtres, la construction fut menée à bien par lentreprise Th. Pourquié sous la direction de Jacques-Jean Esquié et léglise inaugurée en 1863.
Le clocher dont la réalisation avait été ajournée du fait des ressources insuffisantes de la commune et de la fabrique, fut construit en 1871 par Pourquié, pour la somme de 6 732 F avec une aide importante de lÉtat de 4 000 F pour lachèvement de léglise.Dans la nouvelle église : quelles sont les parts respectives de Piette et dEsquié ?
Les plans de la nouvelle église de la Madeleine conçus par Piette en 1855, ne furent communiqués à ladministration préfectorale que très tardivement en mai 1858 mais, égarés, ne furent transmis par le préfet à J.-J. Esquié que le 29 septembre de la même année.
Ces plans ayant été définitivement perdus, à notre connaissance, nous devons nous appuyer sur leur critique faite par larchitecte diocésain pour essayer de distinguer les parts respectives des deux architectes dans léglise actuelle de la Madeleine.Le plan
Le plan fourni par Esquié faisant apparaître lextension du projet par ladjonction du chur semi-circulaire et de la grande sacristie contiguë, on pourrait croire que lidée en revient à larchitecte diocésain. Or létude des documents est claire : dans un premier rapport du 24 janvier 1856, Esquié critique la voûte de lhémicycle du sanctuaire conçue par Piette et regrette que la grande sacristie [prenne] jour sur une propriété voisine. Le sanctuaire semi-circulaire et la grande sacristie figuraient donc bien sur les plans de Piette mais ne purent être construits par lui car ils nécessitaient lexpropriation de propriétaires voisins : chose impossible pour la construction dune chapelle privée entreprise par la fabrique sans autorisation officielle, sur un terrain lui appartenant.
Le plan complet de léglise est donc bien luvre de Piette, y compris labside en hémicycle et la sacristie contiguë. Il montre une large nef flanquée de deux bas-côtés ouverts à leurs extrémités proches du sanctuaire et destinés sans doute à recevoir des chapelles successives. Le plan dEsquié, au contraire, ferme ces extrémités, transforme les collatéraux en nefs secondaires destinées à recevoir chacune un autel unique proche du maître-autel, et complète ainsi le plan basilical.AUTERIVE (HAUTE-GARONNE), ÉGLISE DE LA MADELEINE.
Plan montrant les constructions réalisées par Piette
et les modifications prévues par J.-J. Esquié en 1859.Les constructions
J.-J. Esquié dans son rapport du 1er mars 1859 précisait que la construction déjà
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réalisée par Piette comprenait les bas-côtés avec leur toiture, les murs latéraux de la nef et la façade principale jusquaux appuis des fenêtres. Il sengageait pour sa part à construire le sanctuaire cest à dire le chur et la sacristie, à achever lélévation des murs de la nef et de la façade principale « à partir des accoudoirs des fenêtres supérieures », à couvrir la nef et à voûter et carreler tout lédifice, ainsi quà « rectifier la partie inférieure de la façade principale » déjà construite.
Nous pensons donc quil convient dattribuer à Piette, conducteur des Ponts-et-chaussées à Villefranche, les ouvrages suivants :
- les fondations de lensemble de lédifice, selon un plan rectangulaire sarrêtant à la naissance du chur,
- la maçonnerie et la couverture des deux bas-côtés y compris les murs et les arcs séparant les chapelles de la nef,
- les murs latéraux de la nef jusquà la base des fenêtres supérieures,
- la partie inférieure de la façade principale qui sera ensuite rectifiée par son successeur.
Jacques Jean Esquié ayant achevé lédifice en conservant « autant que possible les constructions érigées jusquà ce jour », nous lui devons donc :
- lachèvement des murs de la nef,
- la construction du sanctuaire semi-circulaire et de la sacristie adjacente,
- le voûtement de la nef et des chapelles en voûtes darêtes et celui du chur en cul-de-four,
- le dallage de tout lédifice,
- la couverture de la nef, la charpente reposant sur quatre murs pignons bâtis sur les reins des arcs doubleaux,
- lachèvement de la façade principale : rectification de la partie inférieure construite par Piette, construction de la partie supérieure,
- et, plus tard, la construction du clocher.
Le caractère religieux de lédifice
Dans sa critique du projet Piette, larchitecte diocésain se plaignait surtout que le plan soit « dépourvu ( ) de tout caractère architectural convenable alors quil sagirait dappliquer à lentière construction dun monument religieux les saines idées mises en honneur par la rénovation artistique dont ladministration doit surveiller et assurer les progrès ( ) » (Rapport du 24 janvier 1856).
Esquié sengagea alors à « donner à cette église, soit à lintérieur, soit à lextérieur, un caractère et des formes architecturales plus en rapport avec sa destination » (Projet du 1er mars 1859).
Et il ajouta, nous lavons vu, « ce résultat sera obtenu par la construction du sanctuaire et de la sacristie, lexhaussement des murs de la nef et de la façade principale à partir des accoudoirs des fenêtres supérieures, létablissement de la toiture de la nef ainsi que des voûtes et des carrelages de tout lédifice ».
Il est évident que le caractère religieux de lédifice ne peut découler du seul achèvement de la construction : le maçon construit, larchitecte imprime son style. Cest le style de J.-J. Esquié que nous voulons retrouver dans léglise de la MadeleineÀ lextérieur
La petite phrase suivante, à la fin du projet Esquié, était passée jusquici inaperçue : « on rectifiera la partie inférieure de la façade principale [déjà construite par Piette] conformément aux indications des dessins ci-annexés. »
Si les volumes et les proportions de la façade principale sont bien luvre de Piette, nous pensons que nous devons à Esquié tout laménagement architectural qui lui est propre :
- le fronton classique et les puissants pilastres qui le supportent, apparentés à ceux de Saint-Martin-du-Touch et de Villemur,
- les baies accolées que lon retrouve dans les mêmes églises,
- les rangées de petites arcatures qui décorent de même les églises de Longages, de Bélesta-Lauragais, de Villemur et de Saint-Martin-du-Touch,
- et le portail en plein cintre à la mouluration large et profonde semblable à ceux des autres églises remaniées ou construites par J.-J. Esquié.
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La « rectification » de la façade imprime bien à léglise de la Madeleine la marque personnelle de larchitecte toulousain.
À lintérieur
Le néo-roman qui inspire déjà la façade, sexprime pleinement dans laménagement de la nef et des chapelles.
Ici encore nous retrouvons des modèles chers à J.-J. Esquié :
- lusage exclusif du plein cintre pour les baies et pour les arcs séparant la nef des collatéraux,
- les larges moulurations de ces arcs,
- la corniche puissante qui les surplombe,
- et surtout la voûte en cul-de-four de labside, entièrement aveugle, destinée à recevoir un vaste décor peint.
Si le plan de léglise est bien luvre de Piette, laménagement religieux de lédifice reflète tout à fait linspiration et la technique dEsquié. À la construction entreprise par un conducteur de travaux, larchitecte a ajouté une âme. En ce sens, léglise de la Madeleine est bien réellement luvre de Jacques-Jean Esquié
En guise de conclusion : questions et hypothèses
Un projet inédit
La découverte dun projet inédit, dorigine inconnue, conduit à de nouvelles interrogations au sujet des projets initiaux du curé Ginesté. Il sagit de deux plans dressés par Louis Bordes, architecte à Paris, et intitulés « Projet dune église pour la paroisse de la Madeleine à Auterive ».
Ces plans sont datés du 1er juin 1853. La date nest pas quelconque : le 10 février 1853, le curé Ginesté avait proposé son terrain pour lemplacement de la nouvelle église et, le 27 avril suivant, une commission municipale avait rendu un rapport favorable demandant quun plan et un devis soient dressés pour le 8 mai. Il est donc probable que le plan de L. Bordes a été dressé alors à la demande de la fabrique et il est possible que ce plan ait inspiré le projet du conducteur Piette.
Le premier plan présente la façade principale avec son portail cintré encadré de deux portes secondaires et surmonté de trois fenêtres accolées séparées par des colonnettes. De part et dautre, on aperçoit le profil des bas-côtés éclairés chacun par une fenêtre en plein cintre. Au-dessus, un clocher à section carrée avec une fenêtre à abat-son surmontée dune flèche couverte dardoise. La décoration est très simple, plutôt pauvre.
La coupe du chur montre sa voûte surbaissée, la ferme supportant la toiture et la structure des bas-côtés. Cette vue montre également le décor projeté : au-dessus dun autel très simple, les médaillons des apôtres Pierre, Jean et Paul ; au-dessus encore, entre deux baies en plein cintre, un grand tableau représente le couronnement de la Vierge. Les couleurs ternes, la décoration limitée traduisent ici aussi une simplicité qui confine à la pauvreté.
Ces plans, dans lesquels nous croyons déceler une certaine indigence, traduisaient-ils vraiment les goûts et les désirs du curé et de la fabrique ? La découverte assez récente vers 1990 du Registre des délibérations du Conseil de fabrique de la paroisse de la Magdelaine dAuterive (1836-1899) apporte ici encore de nouveaux éléments de recherche.« Le style grec a aussi son mérite »
Dans sa séance du 9 février 1856, le Conseil de fabrique réfute longuement les critiques portées par Esquié contre le projet Piette dans son rapport de janvier 1856. Nous lisons ainsi, sous la plume du curé Ginesté : « Le style de léglise nest pas différent de celui quon a adopté, à des époques très récentes, pour une foule de monuments religieux, soit dans le département, soit dans le reste de la France voir notamment les églises de Castanet et de Lanta. M. larchitecte sait bien mieux que nous que les paroisses de campagne, dépourvues de ressources, ne peuvent pas prétendre à des ornementations gothiques ou à la magnificence du style roman. Le style grec a aussi son mérite, et en
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AUTERIVE (HAUTE-GARONNE), ÉGLISE DE LA MADELEINE.
Le projet de Louis Bordes : la façade principale.
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permettant plus déconomie, il permet aussi de réaliser des projets qui noffensent ni le progrès des arts, ni les idées saines darchitecture, et tel est le projet dressé par M. Piette. »
Sans doute ne faut-il pas attendre de labbé Ginesté une connaissance approfondie des styles architecturaux. Il oppose surtout ici la simplicité de ce quil nomme le style grec à la magnificence du néo-gothique et du néo-roman pour des raisons pécuniaires : cest la modicité des ressources locales qui le contraint à la simplicité. Mais les deux exemples quil donne les églises de Castanet et de Lanta témoignent de ses préférences artistiques. Leurs belles façades classiques à frontons triangulaires inspirées du style grec, uvres respectives des architectes D. Villeneuve et U. Vitry, représentaient pour lui le modèle idéal : modèle architectural, certes, mais aussi modèle économique car leur simplicité apparente était le gage dun coût raisonnable.FAÇADES COMPARÉES.
1. Église de Castanet (Haute-Garonne) : D. Villeneuve, architecte, 1837-1859.
2. Église de Lanta (Haute-Garonne) : U. Vitry, architecte, 1847-1849.
3. Église de la Madeleine à Auterive : projet de L. Bordes, architecte, 1853.
4. Église de la Madeleine à Auterive : J.-J. Esquié, architecte, 1859-1863.Lorsque, à partir de 1858, après léviction de Piette, labbé Ginesté devint lun des interlocuteurs du nouvel architecte, ses goûts personnels durent rejoindre facilement ceux de J.-J. Esquié. La comparaison des façades représentées par les schémas montre à lévidence la pauvreté du projet de L. Bordes et, en revanche, la parenté de style entre les façades dAuterive, de Castanet et de Lanta. Le mérite du style grec avait été reconnu
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Nous souhaitons que la découverte de nouveaux documents, en particulier le plan de la façade projetée par Piette, puisse apporter une réponse définitive à nos questions. Mais pour nous une réponse est déjà certaine : léglise de la Madeleine est bien, au sens le plus noble du mot, luvre de Jacques-Jean Esquié.
___________
Sources :
Archives paroissiales dAuterive : Registre 192.
Archives départementales de la H.-G. : 2.O.46.
Archives personnelles de lauteur : Plans de Louis Bordes (1853).
Louis LATOUR »
Le Président remercie Louis Latour en remarquant
quil minimise son apport au dossier, alors que toutes ces précisions permettent de
mieux comprendre les aléas du chantier et les choix définitifs. Il souligne combien il
était en effet aisé de démontrer les faiblesses du projet de Piette, labside ne
pouvant être construite quen ayant recours à une mesure dexpropriation pour
utilité publique qui ne pouvait être mise en uvre par le clergé. Le Président
insiste également sur le fait que finalement moins dun tiers des murs est
attribuable à Piette et quEsquié a dû ajouter des contreforts pour pouvoir les
surélever. Louis Latour note que Piette avait prévu des contreforts sur labside
quil na pas eu la possibilité de construire.
Le Président rappelle quEsquié sen tient souvent à des
dispositions standard, avec un clocher en façade et un plan basilical à chapelles
latérales. Loriginalité de léglise de la Madeleine est quelle associe
un clocher de style roman bourguignon, et non local, à un édifice de style néo-roman.
Il serait intéressant de faire le calcul du prix de revient par habitant. Louis Latour
sexécute immédiatement de bonne grâce en indiquant quil est parvenu à un
prix de revient par habitant de la commune de 24 F., et de 71 F. par paroissien, soit un
coût bien inférieur au maximum de 100 F. par habitant selon les normes officielles
citées par Odile Foucaud. Grâce au clergé, Auterive a donc hérité dune grande
église pour un coût assez faible.
M. Gilles senquiert de ce quil est advenu de lancienne église. Louis Latour indique quelle a été vendue à un minotier qui voulait édifier un moulin sur le bord de la rivière, les pierres du portail et des fenêtres devant être récupérées pour la nouvelle église. Le projet na pas été réalisé et léglise a été rachetée par la commune qui a établi un jardin public sur son emplacement.
Michel Roquebert présente des notes :
« Sur lancienneté de la famille de Ulmo à Toulouse
Jean de Ulmo dont nous pouvons faire en occitan Jean Deloume et en français Jean Delorme (1) est bien connu à Toulouse pour avoir fait édifier entre 1520 et 1530 lhôtel situé à lactuel n° 15 de la rue Ninau, et pour avoir eu une surprenante carrière. Avocat général au Parlement en 1526, président à mortier en 1529, il fut impliqué dans une grave affaire de corruption, qui entraîna en 1537 sa dégradation publique, son exposition au pilori place Saint-Georges et sa flétrissure au fer rouge sur le front. Après quoi, condamné à la prison à vie, il fut transféré au fort de Saint-Malo. Affecté, vu son niveau de culture, aux écritures, il trouva le moyen de falsifier les comptes du gouverneur, et cette fois fut pendu. Cétait en 1549.
Que peut-on savoir sur lancienneté du patronyme de Ulmo à Toulouse ?
Le Cartulaire du Bourg nous montre plusieurs consuls portant pour patronyme de Ulmo de 1205 à 1226 ; ce sont Raymond [1204, 1205, 1208, 1215, puis, 1221 mais est-ce le même (2) ?] Arnaud [1220 (3)] et Guillaume [1226 (4)]. Les actes ne permettent cependant pas de déceler leurs liens de parenté. Tout ce quon peut dire, cest quun Raymond de Ulmo, qui pourrait être le consul de 1204 et 1205, avait en 1201 un frère nommé Pierre, et en 1205 si cest le même Raymond, un frère nommé Bernard (6). Trente ans plus tard, exactement en mars 1236, on voit apparaître de nouveau deux frères nommés Raymond et Bernard de Ulmo (7).
M.S.A.M.F., t. LX, p. 250
De son côté, le petit mémoire de Fr. Guillaume Pelhisson sur la construction du couvent des Prêcheurs, que Bernard Gui a recopié dans son De Fundatione, nous fait connaître un Pierre de Ulmo, dont on ne saurait dire si cest celui de 1201, mais dont on sait quen 1229 il vend pour 600 sous toulzas au prieur des Prêcheurs un jardin avec maison et pigeonnier, situé dans le bourg et appuyé au mur de la Cité (ortum cum columbario ex partie burgi et quamdam domum contiguam columbario). « Ce jardin sétend du Sauzat du Bourg, qui est devant le puits de la rue qui conduit à lOrme sec (ad ulmam siccam) jusquau mur de la Cité, et de la maison dArnaud Nouvel jusquau jardin dArnaud Souquière, cest-à-dire de même que coule le Sauzat, par où sécoulent les eaux pluviales communales » (8). Cette « rue qui conduit à lOrme sec » apparaît dans un acte du 15 février 1219 du cartulaire de Lézat, comme carraria que ducit ad Ulmos (9). Pelhisson parle dans sa Chronique, à la date de 1234, du vicus qui vocatur lOlmet sec (10), qui devint en 1851 la rue Romiguières. Quant au Sauzat du Bourg, cétait un ruisseau bordé de saules qui servait de drain et qui coulait vers la Garonne, entre le mur de la Cité et le tracé de lactuelle rue Pargaminières (11).
En 1231, le même Pierre de Ulmo vend 300 sous, toujours aux Prêcheurs, un autre jardin situé ex parte burgi, sur lequel seront notamment édifiés lhospitium, la plupart des logements du couvent, les cuisines, la cuisine de linfirmerie et le réfectoire des malades. Une partie du jardin acquis restera cependant à usage de jardin, « de lhôpital jusquau mur de la rue du côté de lOlmet » (12).
En 1246, ce sont les héritiers de Pierre de Ulmo qui vendent au prieur des Prêcheurs, Raymond de Foix, une maison, avec four et jardin, qui sétend jusquà la tour de Guillaume de Ferrières et au mur de la Cité, et où va être construite la nouvelle infirmerie. Le tout est vendu 600 sous, mais les vendeurs abandonnèrent 150 sous à titre daumône pour le repos de lâme de Pierre de Ulmo (13).*
Quatre personnages nommés de Ulmo figurent dans le diplôme délivré en 1279 par le roi Philippe le Hardi, et ordonnant la restitution aux légitimes héritiers des biens confisqués par le passé aux fauteurs dhérésie condamnés à la prison. Un Arnaud de Ulmo est au rang des pétitionnaires qui ont demandé la restitution des patrimoines confisqués (14). Sans doute est-il lui-même lhéritier, ou lun des héritiers, des trois de Ulmo, Pons, Guillaume-Pierre et Raymond, dont les biens saisis pour hérésie seront restitués (15), encore quon ne sache rien de leurs condamnations : pour beaucoup de personnages touchés par le diplôme de 1279, on possède les sentences qui les ont condamnés à la prison perpétuelle et à la saisie de leurs biens elles datent pour la plupart de 1246-1248 et ont été prononcées par les inquisiteurs Bernard de Caux et Jean de Saint-Pierre. Ce nest pas le cas pour nos trois de Ulmo, condamnés, par conséquent, à des dates indéterminées.
Sur le premier des trois, Pons, John Hine Mundy, qui a édité le diplôme royal de 1279, na rien trouvé, et je ne lai moi-même pas rencontré dans les documents inquisitoriaux. Guillaume-Pierre, en revanche, est mentionné dans un acte de juin 1226 : avec sa femme Arnaude et son fils Pierre-Jean, il vend six maisons sises près du rempart du Bourg Saint-Sernin (16); mais cela ne nous apprend rien sur ses liens avec lhérésie. Finalement, le dernier des trois, Raymond de Ulmo est le seul à apparaître dans les sources inquisitoriales, sous le nom de Ramundus del Olm, lorsque, vers 1225, à Lanta, il écoute la prédication dun éminent personnage de lÉglise cathare, le diacre Bernard de Lamothe (17). Il est très vraisemblable, au vu des dates, quil sagit du consul Raymond de Ulmo attesté par deux fois en 1221. On sait que tout au long de la première moitié du XIIIe siècle, un bon nombre de familles consulaires ont été impliquées, ouvertement ou clandestinement, dans lhérésie.
Raymond ne fut dailleurs pas le seul de Ulmo à avoir eu des relations avec lÉglise interdite. À une date indécise, mais en tout cas avant 1241, un Arnaud Olme assista à Saint-Sernin, près de Bélesta-Lauragais, à un conseil que lévêque cathare Bertrand Marty descendu pour loccasion de Montségur tient en compagnie du diacre Bernard de Mayreville et de plusieurs parfaits, avec divers hobereaux du Lauragais, certainement pour étudier avec eux la situation de lÉglise clandestine (18). Cet Arnaud Olme pourrait bien être le consul de Toulouse attesté en 1220 et 1221, mais ce nest quune conjecture. Il napparaît cependant, ni dans les sentences de 1246-1248, ni dans le diplôme royal de 1279. Il est vrai quil mourut avant 1245 ; il aurait pu être condamné à titre posthume, mais on nen trouve pas trace.*
Voilà donc ce quon peut savoir des de Ulmo de Toulouse, entre 1201 et lamnistie de 1279. Il reste à tenter de rechercher lorigine de cette famille.
Une piste pourrait être fournie par le Cartulaire des Templiers de Douzens, entre Carcassonne et Lézignan.
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En 1168, en 1170, un Pierre de Ulmo travaille une terre à Valséguier, aujourdhui sur la commune de Fajac-en-Val , canton de Lagrasse (19). Il tient cette terre des Templiers de Douzens (20).
En 1173, cest un Guillaume de Ulmo qui fait une donation aux mêmes Templiers de Douzens (21).
En 1182, un Pierre de Ulmo est témoin dune vente faite aux mêmes Templiers (22).Nous avons donc, dans les actes concernant les Templiers de Douzens, un Pierre de Ulmo en 1168, 1170, et 1182, et un Raymond de Ulmo en 1181. Or, on la vu tout au début, on trouve à Toulouse, en 1201, deux frères nommés Pierre et Raymond de Ulmo. Il y a mieux : en septembre 1181, un Raymond de Ulmo et sa femme Vitalia achètent un bien foncier à Toulouse, dans le Bourg, en loccurrence un demi-arpent de vigne situé à Prat-Long, et ils le font « du consentement de Pons, abbé de Saint-Sernin, dominus dicti honoris » (23). Il nest pas impossible, que lon tienne là le terminus a quo de linstallation à Toulouse, au Bourg Saint-Sernin, dune famille de Ulmo venue du Carcassès, mais ce nest évidemment quune hypothèse.
Il faudrait dire, dailleurs, une partie de la famille, car des de Ulmo subsistèrent à Carcassonne : Un Guillaume-Arnaud de Ulmo est, en septembre 1284, au nombre des consuls de la ville qui complotent la destruction des livres de lInquisition (24).*
Pour les premières décennies du XIVe siècle, on peut mentionner :
Maître Arnaldus de Ulmo, jurisconsulte de Pamiers, au nombre des fondés de pouvoir des nobles du comté de Foix chargés, le 19 août 1316, de désigner un tuteur pour les enfants du comte décédé, Gaston Ier (25).
Le même Arnaldus de Ulmo, jurisperitus Appamiarum, est convoqué en août 1318 par lévêque de Pamiers Jacques Fournier, avec une trentaine de personnalités laïques et religieuses, pour décider de la sentence concluant la procédure engagée pour hérésie contre Aude, femme de Guillaume Fauré, de Merviel (26).Frère Pons de Ulmo, du couvent des Mineurs de Pamiers, assiste le 7 août 1318 à la promulgation de la sentence qui fait miséricorde à Aude Fauré, la relève de son excommunication, et lui impose divers pèlerinages à titre de pénitence (27).
Enfin, le 4 septembre 1332 le damoiseau Guillaume de Ulmo de Lesignano, sénéchal du Quercy, se porte caution pour le chevalier Bertrand Plantier, libéré de prison sous condition par ordre du roi (28). Voilà qui nous ramène à ce qui fut peut-être ! le berceau des de Ulmo, puisque Lézignan nest quà une lieue et demie de Douzens...Michel ROQUEBERT »
1. Latin ulmus, orme ; doù, en français, Lormais, Dorme, Dhorme, Delorme, Delormeau, Delumeau, dOrmesson, etc. Formes occitanes : olm, om, orm [pron. oulm, oum, ourm] etc. doù , dans le Midi, Loulme, Loulmet, Deloume ; savoyard Delormoz (Réf. : Dauzat, Alibert).
2. 14 juin 1204 : Ramundus de Ulmo témoin, en tant que consul de Toulouse, du traité de paix entre la commune de Toulouse et Vézian, vicomte de Lomagne, seigneur Auvillar. (Toulouse, Cartulaire du Bourg, dans Limouzin-Lamothe, La commune de Toulouse, p. 363). 10 mars 1205 : Ramundus de Ulmo témoin, en tant que consul de Toulouse, dun établissement consulaire réglant les rapports des aubergistes de Toulouse avec les pèlerins , les accusations posthumes dhérésie, la pente des rues et lécoulement des eaux, la police des jeux, la police des funérailles, les spectacles des baladins (Ibid. p. 361). 21 mars 1205 : Ramundus de Ulmo témoin, en tant que consul de Toulouse, dun jugement consulaire déclarant propriété communale la place, les maisons et les chapelles de Montaygon (Ibid. p. 365). Mai 1205 : Ramundus de Ulmo est au nombre des consuls de Toulouse qui demandent une enquête sur les bureaux et les tarifs des péages dans le Toulousain (Ibid. p. 366, 369). 17 mars 1208 : Ramundus de Ulmo témoin, en tant que consul de Toulouse, de létablissement consulaire interdisant aux répondants dacquérir les biens de ceux dont ils répondent ; attribuant à la Commune la justice des violences exercées contre les Toulousains ; défendant de vendre ou dengager des tombeaux de familles ; réglementant la conservation des objets saisis en gage ; fixant la répartition des défenseurs dans les procès (Ibid. p. 429, 430). 8 octobre 1208 : Ramundus de Ulmo témoin, en tant que consul de Toulouse, de létablissement consulaire séparant les intérêts et des actes du comte les dommages soufferts par la Commune (Ibid. p. 431). Octobre 1215 : Ramundus de Ulmo consul du Bourg (John Hine Mundy, The repression of catharisme at Toulouse : The royal diploma of 1279 [Toronto, Pontifical Institute, 1985] p. 84, daprès Archives Municipales, Layettes : Odon de Saint-Blanquat, Inventaire des Archives de la ville de Toulouse antérieures à 1790, t. II, 45).
3. 8 novembre 1220 : Arnaldus de Ulmo consul de Toulouse, lors de lordonnance du comte Raymond VI indemnisant sur les revenus de ses domaines les dépenses faites par les consuls pendant la guerre contre les croisés. (Cartulaire du Bourg, p. 443).
4. 15 mars 1226 : Willelmus de Ulmo au nombre des consuls de Toulouse qui promulguent un établissement défendant à tout habitant de Toulouse de prêter assistance en justice et secours daucune sorte aux malfaiteurs étrangers coupables
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de méfaits envers dautres Toulousains (Cartulaire du Bourg, p. 445). 11 avril 1226 : Willelmus de Ulmo au nombre des consuls de Toulouse qui fondent une lampe perpétuelle à Saint-Sernin devant lautel et les reliques de saint Exupère (Ibid. , p. 444).
5. Décembre 1201 : Petrus et Ramundus de Ulmo, fratres (A.D. Haute-Garonne, E2 : copie de 1211, daprès Mundy, op. cit. p. 83).
6. Février 1205 : Ramundus et Bernardus de Ulmo, fratres (A.D. Haute-Garonne, Malte 2, 168 iv, copie de 1236, daprès Mundy, op. cit. p. 84).
7. Mars 1236 : Ramundus et Bernardus de Ulmo, fratres (Ibid. Malte 2, 168 v).
8. Bernard Gui, De Fundatione, éd. Amargier, MOFPH, vol. 24 (Rome, 1961) p. 33.
9. Cartulaire de labbaye de Lézat, édité par P. Ourliac (1984) n° 1504.
10. Guillaume Pelhisson, Chronique, édition J. Duvernoy (CNRS 1994) p. 60.
11. Cf. M.-H. Vicaire, « Le financement des Jacobins de Toulouse », dans La naissance et lessor du gothique méridional, Cahiers de Fanjeaux n° 9 (Toulouse, Privat 1974) p. 216.
12. De Fundatione, p. 33.
13. De Fundatione, p. 41.
14. Arnaldus de Ulmo (Mundy, op. cit. p. 125).
15. Poncius de Ulmo, Willelmus Petri de Ulmo, Ramundus de Ulmo (Mundy, op. cit. p. 83, 94, 99).
16. Willelmus Petri de Ulmo, Arnalda, Petrus Johannis (A.D. Haute-Garonne, E 501, daprès Mundy, op. cit. p. 94).
17. « Jai vu Bernard de Lamothe et son socius hérétique à Lanta chez Alaman de Rouaix, et jai vu avec eux Guillaume Jaule, Bernard Sabatier, qui fut par la suite hérétique, Guillaume del Tort, Pons Saquet, Jourdain de Lanta, son frère Guiraud Hunaud, Raymond Azéma, Ramundus del Olm, Pons de Lafage, etc. [...] Moi-même et tous les autres, nous avons écouté la prédication des hérétiques et les avons adorés trois fois. Il y a vingt ans ou environ. » (Interrogatoire de Pierre Barot, de Saint-Anatoly, par Bernard de Caux, le 26 février 1245. B.M. Toulouse, Ms 609 f° 210 v°).
18. « Cathala [écuyer de Pons Magrefort, de Pechluna] qui habite à Pomas, ma dit que Bertrand Marty [évêque cathare du Toulousain], Bernard de Mayreville [diacre cathare] et leurs compagnons hérétiques, tinrent conseil (fecerunt concilium) à Saint-Sernin près de Bélesta [Lauragais] sur la terre du comte de Foix. Assistèrent à ce conseil Pons Magrefort, de Pechluna, Bertrand de Peyrefite, Arnaldus Olme defunctus [...] Il y a deux ans environ que Cathala ma raconté cela [...] » (Interrogatoire de Guillaume Salamon, de Mayreville, par Bernard de Caux, 1245. B.M. Toulouse, Ms 609, f° 214 r°). [Le 18 mai 1226, Raymond VII avait donné en fief au comte de Foix Roger-Bernard II Saint-Félix et ses appartenances, à savoir quinze châteaux et villages du Lauragais - Histoire Générale de Languedoc, t. VIII, col. 832 Il les reprit à Roger-Bernard du vivant de ce dernier - Histoire Générale de Languedoc, t. VI, p. 747].
19. 17 décembre 1168 et 19 novembre 1170. Cartulaire des Templiers de Douzens, édité par P. Gérard et É. Magnou, (Paris, Bibliothèque nationale, 1965) Cartulaire B, n° 33 et 71.
20. Acte du 18 avril 1175, ibid. n° 66.
21. 9 février 1173, ibid. n° 78.
22. 6 novembre 1182, ibid. n° 30.
23. Douais, Cartulaire de labbaye de Saint-Sernin (Paris, 1887), Appendice n° 67.
24. Enquêtes de Jean Galand, Paris, B. N. ms du Fonds Doat, vol. XXVI, f° 267 v° et 271 v°.
25. Histoire Générale de Languedoc, t. X, Preuves, col. 563.
26. Registre dInquisition de Jacques Fournier, f° 138 v° (éd. J. Duvernoy, t. II p. 102).
27. Ibid. f° 138 v° (éd. t. II p. 104).
28. Histoire Générale de Languedoc, t. X, Preuves, col. 720.
Le Président remercie Michel Roquebert pour cette
mise au point qui en rassemblant des mentions éparses laisse entrevoir une histoire
familiale dont le plus extraordinaire est quelle est fort probable. Pour Patrice
Cabau, lhypothèse qui a été esquissée est tout à fait cohérente, et lon
imagine volontiers, même en labsence de toute certitude, larrivée à
Toulouse dune famille modeste à la fin du XIIe siècle,
bientôt portée sur le devant de la scène par le parti populaire au début du siècle
suivant.
Répondant au Président, Michel Roquebert indique que le patronyme est
très peu courant et que ses notes reprennent tout ce quil a pu rassembler, alors
que celles quil possède sur les Rouaix représenteraient quelque deux cents pages.
Patrice Cabau, François Bordes et Michel Roquebert discutent de
lorigine du nom du lieu dit « LOrme sec », où se sont justement
installés les de Ulmo. M. Gilles précise que ce quartier est encore très peu bâti au XIIIe
siècle.
SÉANCE DU 15 FÉVRIER 2000
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur honoraire, Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Mme Napoléone, Pousthomis-Dalle, MM. labbé Baccrabère, Gilles, Hermet, Pradalier, M. Roquebert, le Père Montagnes, Mgr Rocacher, membres titulaires, Mmes Pujalte, Stutz, Tollon, MM. Bordes, Geneviève, Hamon, Manuel, Testard, Vayssières, membres correspondants.
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Excusés : MM. Burroni, Garland, Tollon.
Invités : M. Mathieu Ferrier, M. Bertrand Ducourau.
Le Président rappelle les modifications qui ont
été apportées au programme des futures séances et annonce que la date de la visite de
lexposition Les arts du métal, au Musée Saint-Raymond, a été fixée au 23
mai.
Le Secrétaire général donne lecture des procès-verbaux des séances
des 18 janvier et 1er février derniers, qui sont adoptés.
Le Président rend compte de la correspondance
manuscrite. Plusieurs mémoires sont présentés au concours. M. Philippe Bouzon nous
adresse son travail sur les feuilles votives dans lEmpire romain (Université de
Toulouse-Le Mirail) : le rapport sera demandé à M. Robert Sablayrolles ; les
autres rapporteurs seront Bruno Tollon pour la thèse de Mme Fabienne Sartre sur Marc
Arcis (Université de Toulouse-Le Mirail), Henri Molet, Jean-Luc Boudartchouk et Jean
Catalo pour la thèse de Mme Pamela Marquez sur lurbanisme à Toulouse au début du XIIIe
siècle (Université du Colorado), Mme Anne-Laure Napoléone pour les mémoires de
maîtrise de Mlle Catherine Guiraud sur la maisons médiévales dAlbi et de Mlle
Aurélie Fabre sur les maisons médiévales de Rodez (Université de Toulouse-Le Mirail).
La fondation Guitard nous annonce la remise de son prix annuel à Henri
Ameglio.
Le Président remercie Daniel Cazes qui offre pour notre bibliothèque
plusieurs tirés à part et catalogues dexposition en remplacement des exemplaires
disparus.
Le Président souhaite la bienvenue à M. Bertrand Ducourau, en soulignant que cest avec son concours que le site Internet de notre Société sest tout récemment enrichi du dossier de restauration des peintures de léglise de Vals, et il donne la parole à Françoise Tollon. Après avoir indiqué tout ce qu'elles doivent à la collaboration de M. Bertrand Ducourau, celle-ci présente deux communications, la première portant sur la restauration de la carte du ciel de Saint-Sernin de Toulouse :
« Dans la galerie située au-dessus du collatéral extérieur nord de la basilique Saint-Sernin se trouvent des peintures murales qui ont été lobjet de deux interventions successives de conservation et de relevés, travaux réalisés sous la maîtrise duvre de la conservation régionale des Monuments Historiques de Midi-Pyrénées.
Lanalyse iconographique de ces peintures, réalisée par M. Ducourau et parue dans Monumental, n° 22 , est résumée avant le bref exposé des travaux effectués entre octobre 98 et février 2000.Les peintures dont il est ici question sont les seules présentes dans la galerie (notons tout de même que la voûte daccès à cette galerie comporte également des dessins à locre rouge) et représentent deux cartes du ciel. Elles sont toutes deux situées sur le mur droit (sud) compris entre deux piliers, tandis que la voûte en demi-berceau, sur la même largeur, représente une voûte darêtes ornées détoiles. La partie inférieure du mur et les piliers sont peints de fausses pierres. Lensemble est réalisé à locre rouge sur un badigeon de chaux.
La première carte, dont la moitié supérieure est détruite, représente " deux cercles concentriques, avec des annotations et des signes : nuages pluvieux, traits représentant peut-être le vent, un point cardinal au nord. On retrouve ces signes dans lillustration du thème du microcosme et du macrocosme, qui met en relation schématique la nature et le destin de lhomme avec la structure de lunivers " (B. Ducourau, Monumental n° 22).
La seconde carte, à droite de celle-ci, représente lunivers dans la conception qui prévaut jusquau De Revolutionibus de Copernic publié en 1543. La terre est divisée en trois continents : Europa, Africa et Asia ; elle est au centre dun univers composé de douze cercles concentriques. Les six premiers cercles portent un astre, nommé en latin, du centre vers lextérieur : la lune, Mercure, Vénus, le soleil, Mars, Jupiter. Le septième cercle devait être celui de Saturne, certainement situé en partie haute, aujourdhui lacunaire, au droit du soleil. Le cercle suivant représente la " barrière des étoiles fixes ", qui clôt lunivers stellaire avec ses astres situés environ tous les 10°. Le cercle qui suit est le Premier mobile, qui donne à lunivers son mouvement rotatif. Les trois derniers cercles peuvent correspondre aux sphères célestes où siègent les neuf catégories danges.
Cette représentation-type a prévalu du IVe siècle av. J.-C. au XVIIe siècle. Elle offre, malgré une simplification des données plus complexes observables dans le ciel, une vision didactique de lunivers et contient " la plus grande part dinformation queût jamais le non astronome, dans les connaissances générales, sur la structure de lunivers géocentrique " (Kuhn).
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Par voie de conséquence, du point de vue astronomique, cette carte du ciel nest pas réaliste et on peut noter par ailleurs que la répartition des continents sur la terre nobéit pas à lEurocentrisme ( le nord est en bas à gauche). Il est par ailleurs " normal " de voir côte à côte une carte à portée symbolique et une autre plus scientifique car jusquau XVIIe siècle, où lastronomie a commencé à gagner sa spécificité, la science du ciel est à la fois symbolique et physique, les deux approches étant souvent superposées. Ici, à Saint-Sernin, la volonté de juxtaposer ces deux conceptions, ménageant à chacune dentre elles une meilleure lisibilité, témoigne de leur destination pédagogique plus quartistique.
Pour ce qui est de la datation, le seul indice sûr est celui des inscriptions que lon peut rattacher au XIIIe siècle. On peut se rappeler quen 1229 est fondée luniversité de Toulouse où, à la différence de Paris, lenseignement de la physique dAristote est autorisé.Lensemble de ces peintures a donc été lobjet dinterventions de conservation, mais aussi de relevés et dobservations techniques.
Nous avons vu que lensemble a été réalisé avec une peinture ocre rouge sur un badigeon de chaux blanc. Pourtant, tant au niveau de la stratigraphie que de celui de la conservation, les choses sont différentes entre le mur droit et la voûte.
Sur le mur droit (cartes) on trouve, du point de vue de la stratigraphie : le mur de briques enduit dun mortier très fin, incisé le long des joints entre les briques (y compris pour larc de la baie donnant sur la nef) ; un premier badigeon de chaux avec des motifs ocre rouge (cercles concentriques, fausses pierres sur larc de la baie, traces ocres illisibles visibles dans des lacunes) ; un badigeon de chaux blanc qui supporte les cartes visibles aujourdhui. Ces deux cartes ne sont donc pas les premières peintures qui ont été réalisées sur le mur droit de la galerie. On pourrait imaginer que les premières peintures, également à locre rouge, consistaient en un dessin préparatoire dans la mesure où lon retrouve des cercles concentriques. Pourtant, si lon observe de près toutes ces traces, on peut voir que celles-ci ne correspondent pas toujours à lemplacement ou aux caractéristiques des motifs de la seconde peinture. Nous pensons plutôt quil sagissait dune peinture sur le même thème, qui a été refaite, voire corrigée à un moment donné.
Ainsi que la noté M. Ducourau, ces peintures sont plus didactiques quartistiques : lobservation du dessin et la maladresse technique du peintre (présence de très nombreuses coulures dont certaines ont été effacées avec des reprises de badigeon) nous confirment dans cette voie.
Pour ce qui est de létat de conservation, on peut dire quil est assez précaire : la moitié de la représentation de la terre a disparu ainsi que la partie haute de lunivers. La raison de cette altération est simple : des infiltrations deau par la toiture. Concernant la peinture encore en place, on peut noter que les badigeons de chaux ont très largement perdu de leur cohésion et quils se décollent du mur en de nombreux endroits : ils ont été refixés avec une résine acrylique en solution dans de léthanol. Le mortier fin qui recouvre la brique ne présente que de rares décollements qui ont été consolidés avec un coulis dinjection.
La voûte est différente au niveau stratigraphique. Nous avons ici : la maçonnerie en briques recouverte, parfois sur de larges plages, du mortier très grossier de coffrage, un badigeon de chaux qui recouvre soit la brique soit le mortier (avec par conséquent une surface très irrégulière), les motifs détoiles et la fausse voûte darêtes en ocre rouge. Contrairement donc au mur droit, il n'y a ici quune seule couche de peinture.
Les altérations de la voûte sont bien plus grandes que celles du mur droit, ce qui est tout à fait logique, la voûte étant plus exposée aux infiltrations deau par la toiture. Comme dans presque toute altération due à la circulation deau, les sels ont joué un rôle moteur de laltération. Les analyses réalisées par Maria Rosaria Guarguillo, dans le cadre dun D.E.S.U. sur laltération des briques de lAntiquité à nos jours au Laboratoire de Minéralogie de lUniversité Paul Sabatier, ont révélé que les sels responsables de laltération des briques et du mortier de la voûte sont des sulfates de calcium, sous différentes formes cristallines. Les conséquences de la cristallisation de ces sels sont les suivantes : altération des briques en feuillets, décollement du mortier, décohésion du badigeon de chaux.
La consolidation du décor de la voûte a été réalisée avec des solins, avec linjection de coulis et la mise en place de cales sous pression pour permettre un bon " collage " du support. Considérant son état daltération, on peut estimer pourtant quil sera très difficile à long terme de sauver le décor de la voûte, doù limportance de la documentation rassemblée à loccasion de ce chantier.
Normalement, elle est aujourdhui hors deau suite à la dernière restauration, mais on sait quil faut
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des années pour quune maçonnerie sassèche et arrive à léquilibre avec le climat de la galerie. Pendant ce laps de temps, partie de leau contenue dans la maçonnerie sévapore lentement par la face peinte, entraînant avec elle la cristallisation des sels solubles qui provoquent les dégâts que nous venons de voir.
Par ailleurs, la présence de sels en telle quantité, à lintérieur des briques ou des mortiers, empêche une bonne adhésion entre ces supports et le coulis de consolidation. Il est enfin très difficile de consolider correctement une brique altérée en feuillets : on nest jamais sûr que le produit passe entre chaque feuillet.
On trouvera plus de précisions sur ces peintures et sur les problèmes de leur conservation sur le site Internet de la société archéologique (http://www.pyrenet.fr/savants/samf/geo/31/toulouse/stsernin/ftollo98.htm). Il faut ajouter que nous avons réalisé, lors de cette intervention, des relevés sur film transparent des deux cartes. Ces relevés ont permis à M. Marc Smith, professeur à lÉcole des Chartes, de déchiffrer les inscriptions illisibles in situ.Françoise TOLLON »
La seconde sur celle du faux-retable de Notre-Dame dAlet :
Ce tableau est peut-être cette Piétà maladroite qui figure en motif central du retable en trompe-lil. Pascal Julien insiste bien sur la provenance locale des artisans chargés de la reconstruction de la chapelle. Les observations techniques (peinture réalisée directement sur le mortier) tant que stylistiques donnent à penser que le peintre qui a réalisé cette Piétà est lui un artisan sinon local, du moins inexpérimenté. Le modèle de Carrache est repris mais nous devons noter des maladresses qui ne se retrouvent nulle part ailleurs sur le retable peint : traitement bâclé des couleurs, aspect inachevé du dessin et des polychromies, approximations dans les détails ( ainsi lange à droite du Christ qui compte six doigts à sa main gauche). Pour la livraison de la Piétà de Thibaut Mestrier, qui intervient en 1682, une niche est creusée au centre du chevet, détruisant en partie la scène centrale. En 1684
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Mestrier reçoit la commande dun grand retable devant couvrir le chur de léglise. À la suite de son décès, Antoine Guépin poursuit les travaux à partir de 1685.
Les parties latérales du retable peint ont été réalisées dans un second temps, cette fois par un atelier expérimenté : dessin et technique sont plus aboutis. Il sagit toutefois dun décor réalisé très rapidement (avec certes une maîtrise du dessin et des couleurs) et à léconomie : dans le bas du retable, on trouve le décor directement peint sur la brique, sans que lon ait pris le soin de mettre du mortier.
Notons également les repentirs qui nont pas été occultés et demeurent apparents. Au niveau des deux niches latérales, deux états sont en effet visibles. La niche sud contient un personnage drapé en grisaille, celle au nord est vide. Chacune a été remplacée par une nouvelle niche, vide cette fois, dessinée davantage vers le centre du retable. Elles sont cantonnées vers le centre par une colonne torsadée, et vers les murs latéraux dune chute de fruits jouxtant une nouvelle colonne torsadée. Aucune modification importante dans lentablement, dabord figuré plat, qui est ensuite dessiné en saillie à chaque extrémité du chevet, correction bien visible au sud. Ces repentirs nont rien à voir avec la maladresse du panneau central : il sagit de rectification de composition et non dapproximation dans lexécution. Sur les murs latéraux le décor continue mais la restauration du retable nayant donné lieu quà des déposes limitées, aucun travail de relevé nen permet linterprétation. Bien que subsistant à létat de peinture murale, on peut aisément imaginer que le retable nétait alors quun écran : les niches vides pouvaient servir de fond à des statues exposées sur des consoles.Ces peintures auraient donc été réalisées à partir de 1674 et recouvertes par le retable à peine dix ans plus tard. Cela nous instruit bien sur les richesses qua pu mobiliser le réaménagement de la chapelle de Notre-Dame dAlet. De façon plus générale nous sommes aussi instruits sur le fait quun décor pouvait être moins renouvelé pour des questions de mode que pour des raisons plus contingentes de richesse et de prestige. Si rien, de façon archéologique, nexclut que les peintures soient antérieures à la reconstruction de la chapelle, liconographie et le style confortent toutefois une datation de la seconde moitié du XVIIe siècle. Nous avons ici en effet tout le répertoire décoratif et architectural des retables de cette période. Lutilisation de la couleur ocre jaune pour les motifs décoratifs ornementaux ou figuratifs tels que les chutes de fruits, pampres ornés autour des colonnes, fleurons, rappelle dailleurs très explicitement lusage de lor dans lart des retables en bois dorés et polychromés.
Lintérêt de ces peintures nest pas seulement esthétique. Elles témoignent aussi et surtout de laménagement décoratif des chevets qui naccueillaient pas seulement des cycles narratifs mais aussi des structures en trompe-lil. Mentionnons en ce sens la découverte en 1999 dune tenture en trompe-lil à léglise dAvezac (65), décor datable cette fois de la fin de la période médiévale et caché au XVIIe siècle par le retable majeur, ainsi que celle du retable peint (fragments déposés) de léglise de Bazus (XVIIe siècle). Lart des retables feints ne sest dailleurs pas arrêté à la grande diffusion, aux XVIIe et XVIIIe siècles des retables en bois ou de gypserie. Citons par exemple celui, monumental et néogothique de léglise de Plaisance du Touch (XIXe siècle) ou celui, plus modeste, de léglise de la Masse aux Junies (XIXe siècle).
À mentionner, aussi, à Notre-Dame dAlet, la découverte sur les corniches du retable de restes ténus du plafond peint du XVIIe siècle (bois peints de motifs ornementaux).Françoise TOLLON »
Le Président remercie Françoise Tollon pour ces
deux présentations qui nous ont fait voyager dans le temps et il la félicite de nous
avoir offert, en collaboration avec M. Bertrand Ducourau, des études très complètes de
ces peintures. À propos de la carte du ciel de Saint-Sernin, il remarque que son
utilisation dépend sans doute des circulations dans la basilique. Françoise Tollon
précise que lon y accède aujourdhui par le seul escalier en vis du bras de
transept nord. Bertrand Ducourau souligne quil sagit dun très rare
exemple de représentation didactique de lunivers au XIIIe
siècle.
Le Père Montagnes sinterroge sur léclairage dont pouvait
bénéficier cet espace ; Mgr Rocacher se dit très sceptique sur le fait quil
ait pu servir de salle détude. Pour Henri Pradalier, qui évoque les dispositions
de labbaye de Flaran, la carte du ciel doit être replacée dans un ensemble lié au
cloître, dans lequel on pourrait imaginer une bibliothèque et des espaces de travail. Il
ajoute quil sest souvent interrogé sur la date des voûtes de cette partie de
léglise. Françoise Tollon précise que la voûte porte un badigeon de moins que le
mur, mais quil lui semble que le décor conservé correspond aux couches les plus
anciennes ; les briques sont en outre
M.S.A.M.F., t. LX, p. 257
identiques. Henri Pradalier ayant rappelé que cette partie de lédifice avait été abaissée au XVIIe ou au XVIIIe siècle, en tout cas avant lintervention de Viollet-le-Duc, Daniel Cazes remarque que cest peut-être à cet endroit que se trouvait une salle gothique qui a été démolie avant le XIXe siècle. Henri Pradalier note quun autre accès existait peut-être à partir du massif occidental.
À propos du faux-retable de Notre-Dame dAlet, le Président observe quil sagit dun bel exemple de retable dattente, dont lintérêt est accru par la juxtaposition dune architecture feinte savante et dun tableau dune facture presque expressionniste.
La parole est alors à Jean-Luc Boudartchouk et Mathieu Ferrier pour une communication sur Quelques ensembles d'époque mérovingienne inédits en Midi-Pyrénées, publiée dans ce volume (t. LX, 2000) de nos Mémoires.
Le Président remercie les orateurs en demandant où
se trouvent aujourdhui les objets qui nous ont été présentés. Jean-Luc
Boudartchouk rappelle quil sagissait le plus souvent de trouvailles fortuites,
parfois déjà anciennes : soit les objets ne sont plus connus que par des relevés,
soit ils ont été prêtés pour restauration et étude par le propriétaire auquel ils
ont été ensuite rendus. Répondant à une autre question du Président, Jean-Luc
Boudartchouk précise que la belle boucle dorée à grenats hémisphériques peut certes
être rapprochée de celle qui est conservée au musée de Barcelone mais que lon
nen connaît pas de double ; il sagit dune pièce de première
qualité qui doit se situer autour de 500.
Daniel Cazes sétant inquiété du sort de la série de
plaques-boucles provenant de Lacroix-Falgarde, Jean-Luc Boudartchouk confirme que les
objets ont été restitués il y a déjà longtemps à leur propriétaire. Après avoir
regretté quils ne soient pas entrés dans une collection publique, Daniel Cazes
souligne lintérêt et la beauté de la plaque à deux animaux affrontés.
Françoise Stutz note que si lon trouve assez fréquemment un hippogriffe associé
à un canthare, les compositions à deux hippogriffes sont très rares (elle en cite un
exemple à Castelferrus). Daniel Cazes se demandant sil ne peut sagir de
cerfs, Jean-Luc Boudartchouk précise que lon parle d
« hippogriffe » par convention.
Françoise Stutz dit le plaisir quelle a eu à voir des objets un
peu « nouveaux », dont certains devraient aider à une nécessaire
redéfinition du « style aquitain ». Ainsi la plaque daumônière
nest-elle pas septentrionale et témoigne-t-elle de la copie dun motif par une
atelier aquitain. Il semble quau VIIe siècle la
production locale ait été beaucoup plus riche quon ne le pensait. Après une
discussion avec Jean-Luc Boudartchouk sur les productions de la fin du VIIe
siècle, Françoise Stutz souligne lintérêt des deux boucles à base réservée,
dont le creux pouvait être rempli de cuivre ou dor : très rares dans le sud
de la Gaule, elles doivent être datées de la seconde moitié du VIe
siècle.
Au titre des questions diverses, le Président
indique que le magasin Exopotamie semble avoir été condamné à reconstruire la voûte
dogives du n° 30 rue Saint-Rome, détruite
en 1993 (M.S.A.M.F., t. LIV, p.
159-162). Le Secrétaire général dit quil a constaté que la reconstruction
était en cours, et qu'il serait intéressant, pour apprécier la gestion du centre ancien
de Toulouse, de savoir s'il s'agit ou non de l'application d'une décision de justice.
Le Président annonce que lexposition Un jour les moines
arrivèrent à Catus, réalisée par le D.E.S.S. de Cahors, est actuellement
présentée dans lancien collège de Montauban : on y voit en particulier les
très beaux chapiteaux du cloître, mis au jour par les fouilles de Bernard et Nelly
Pousthomis.
SÉANCE DU 7 MARS 2000
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur
honoraire, Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour,
Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint,
Mmes Merlet-Bagnéris, Pousthomis-Dalle, MM. Hermet, Roquebert, Tollon, le Père
Montagnes, membres titulaires, Mmes Fronton-Wessel, Pujalte, Suau, MM. Bordes, Burroni,
Cranga, Évrard, Geneviève, Ginesty, Hamon, Luce, Salvan-Guillotin, membres
correspondants.
Excusés : Mmes Cazes, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, M. Pradalier.
Le Secrétaire général donne lecture du
procès-verbal de la séance du 15 février, qui est adopté.
Le Président annonce à la Compagnie que le dernier volume des Mémoires,
tant attendu, a été enfin livré. Il se félicite de la qualité de la publication, et
dit mesurer la quantité de travail et de patience quelle a exigée. Les coquilles
sont cependant inévitables et le Président en signale trois dans la liste des membres.
M.S.A.M.F., t. LX, p. 258
M. Christian Rico nous adresse pour notre
bibliothèque deux tirés-à-part : Jean-Gérard Georges et Christian Rico, Barrages
ruraux dépoque romaine en moyenne vallée du Guadiana, dans Collection de la
Casa de Velázquez, vol. 65, p. 157-195 ; Manuel Bendala Galán, Christian Rico,
Lourdes Rolclán Gómez, El ladrillo y sus derivados en la época romana, dans Monografías
de arquitectura romana, 4 (1999), p. 25-44. Le Président le remercie au nom de notre
Compagnie.
La correspondance imprimée comprend diverses invitations et le
bulletin du Centre dÉtude des Bastides (C.E.B.) Info bastide qui signale le
site Internet de la Société Archéologique du Midi de la France.
Louis Latour présente un échantillon de roche
contenant de nombreux grenats, qui provient du massif de lArbizon, dont les grains
ne sauraient cependant concurrencer ceux qui ornaient les bijoux du haut Moyen Âge.
Guy Ahlsell de Toulza présente une photographie dun dessin
découvert dans la série B des Archives départementales de la Haute-Garonne, qui serait
la plus ancienne représentation de labbaye de Grandselve.
La parole est alors à Marc Salvan-Guillotin pour la communication du jour consacrée au thème de l'arbre de Jessé dans les Pyrénées centrales à la fin du Moyen Âge, publiée dans ce volume (t. LX, 2000) de nos Mémoires.
Le Président remercie Marc Salvan-Guillotin de nous
avoir fait voyager dans les vallées pyrénéennes du Moyen Âge et de la Renaissance, à
travers ce thème particulier et en dépit des problèmes de lecture que posent souvent
les peintures murales. Les décors sont sans doute très répétitifs, mais faut-il penser
que ces vallées sont des conservatoires pour des thèmes passés de mode ? Marc
Salvan-Guillotin répond que les vallées ne sont certes pas fermées et quelles
sont des lieux de passage, mais plus entre les deux versants quavec le piémont. Le
Président ayant demandé si lon connaissait des représentations de lArbre de
Jessé en Espagne, Marc Salvan-Guillotin cite Pampelune, où le thème prend place dans un
cycle du XIVe siècle, et il ajoute quil en existe
ailleurs des exemples de lépoque romane. Faut-il considérer que le thème de
lArbre de Jessé devient une survivance dont le sens est de plus en plus mal
compris ? Marc Salvan-Guillotin le croit, et il remarque quon le complète et
léclaire alors avec des sujets annexes. Le Président note que le décor de
Vielle-Louron est en tout cas une merveille.
À propos de la scène dAuguste et de la sibylle, Jean-Marc Luce
rappelle quà côté de la veine populaire représentée par la légende médiévale
rapportée par la légende dorée, il existe une tradition savante et littéraire qui a
réinterprété la quatrième bucolique de Virgile. Marc Salvan-Guillotin note que la
tradition savante na sans doute que peu dinfluence dans les scènes
étudiées, et que, le plus souvent, les sibylles ne sont pas individualisées au Moyen
Âge. Le Père Montagnes dit que le Concile de Trente a pris des mesures pour que
liconographie soit épurée de tout ce qui était extra-scripturaire et dès lors
considéré comme inconvenant ; les sibylles nont cependant pas disparu
brutalement. Bruno Tollon rappelle quAndré Turcat a bien étudié le thème des
sibylles en Espagne, en particulier dans un article paru dans les Mélanges offerts à
Marcel Durliat. Mlle Bergès na-t-elle pas aussi traité de ce thème ?
Marc Salvan-Guillotin répond par laffirmative en précisant quelle na
cependant pas étudié les peintures sur bois ni pris en compte le thème de lAra
Coeli.
Nelly Pousthomis-Dalle note que le thème de la Vierge allaitant peut
être une façon daffirmer un peu plus le dogme de lIncarnation, et quun
parallèle peut encore être établi entre les rois et prophètes musiciens de
lArbre de Jessé et les Vieillards de lApocalypse toujours représentés avec
des instruments de musique.
Louis Latour se souvient quÉmile Mâle a bien montré
quhormis David, aucun des personnages de lArbre de Jessé nétait
identifié, le rôle de ces personnages secondaires étant surtout de meubler le champ,
alors que lessentiel était la fleur de lArbre, cest-à-dire la Vierge
elle-même.
Françoise Merlet-Bagnéris demande si le décor de ces différentes
églises comprend aussi un Jugement dernier. Marc Salvan-Guillotin dit que cest
effectivement le cas, exception faite de Saint-Bertrand de Comminges. Françoise
Merlet-Bagnéris voudrait encore savoir quels facteurs pourraient expliquer le succès de
ces thèmes. Pour Louis Latour, les vallées pyrénéennes sont avant tout des
conservatoires de la peinture murale, parce quelles ont été épargnées par les
guerres de Religion et sans doute aussi parce quelles ont connu une croissance de la
population au XVIe siècle. Marc Salvan-Guillotin abonde dans ce
sens.
Louis Latour linterrogeant à propos de linscription en
occitan de Bourisp, Marc Salvan-Guillotin précise que la lecture en été rectifiée dans
une publication récente du service régional de lInventaire.
Au titre des questions diverses, Vincent Geneviève propose quelques observations à la suite de la communication de Jean-Luc Boudartchouk et Matthieu Ferrier.
Maurice Scellès présente des photographies dun plafond peint, datable du XVIIe siècle, qui lui a été récemment signalé au n° 42 rue Saint-Barthélemy à Cahors. Le décor se trouve dans une pièce qui sert actuellement de garage et cest sans doute ce qui lui a valu dêtre conservé. Comme il sinterroge sur la fonction dorigine de cette pièce en
M.S.A.M.F., t. LX, p. 259
rez-de-chaussée sur la rue, Guy Ahlsell de Toulza indique que lon trouve des décors peints dans des boutiques et il cite lexemple du n° 44 de la rue des Filatiers à Toulouse. |
CAHORS (LOT), PLAFOND PEINT DU XVIIe SIÈCLE, n° 42 rue Saint-Barthélemy. |
CORNEBARRIEU (HAUTE-GARONNE), CHAPITEAU servant de support de bénitier dans l'église paroissiale. |
Maurice Scellès soumet ensuite à la Compagnie une demande dinformation présentée par Mme Françoise Zannese à propos de la provenance dun chapiteau de marbre actuellement conservé dans léglise paroissiale de Cornebarrieu. Il sagit dun gros chapiteau monolithe denviron 70 cm de haut ; sous un tailloir orné de feuilles molles boursouflées, la corbeille polygonale porte principalement des figures de moines représentés debout, encapuchonnés ; sur deux des faces, un moine se tient agenouillé devant un autre moine debout. Alors que la tradition locale attribue cette uvre à labbaye de Prémontrés de Notre-Dame de la Capelle, disparue pendant la Révolution, qui se trouvait sur la commune de Merville, on convient que les dimensions et le thème pourraient convenir à un support de salle capitulaire. Nelly Pousthomis-Dalle remarque que le style de la sculpture peut évoquer, par exemple, le tombeau dHugues de Castillon à Saint-Bertrand-de-Comminges. Le Président note quen tout cas, la qualité de luvre a sans doute retenu lattention de Mme Suau, au titre de sa fonction de conservateur des antiquités et objets dart de la Haute-Garonne. |
Daniel Cazes recommande à la Compagnie la visite de lexposition consacrée à la restauration de la cité médiévale qui est actuellement présentée à Carcassonne.
SÉANCE DU 21 MARS 2000
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur
honoraire, Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour,
Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint,
Mmes Cazes, Napoléone, Noé-Dufour, MM. labbé Baccrabère, Bruand, Gérard,
Gilles, Hermet, Nayrolles, Pradalier, Tollon, le Père Montagnes, membres titulaires, Mmes
Blanc-Rouquette, Fraïsse, Fronton-Wessel, Pujalte, Stutz, MM. Bordes, Boudartchouk,
Burroni, Luce, Manuel, Testard, membres correspondants.
Excusés : M. Garland.
La présentation du procès-verbal de la dernière
séance est reportée.
Puis le Président rend compte de la correspondance manuscrite.
Cest en premier lieu une lettre de M. Pierre Gérard, auquel il laisse la parole.
Notre confrère nous dit le plaisir et lémotion quil ressent en remettant à
la Société Archéologique du Midi de la France un exemplaire dédicacé de
lédition du cartulaire de Saint-Sernin qui vient enfin de paraître. Il accomplit
ainsi aujourdhui une uvre pie, en remerciement du soutien que lui ont apporté
ses
M.S.A.M.F., t. LX, p. 260
confrères de la Société Archéologique, alors que sachève un
labeur qui a occupé dix années de son existence et de celle de son épouse. Pierre
Gérard rappelle que ce cartulaire constitue un puits de renseignements pour la
connaissance de la topographie de Toulouse aux XIIe et XIIIe
siècles, mais aussi pour un territoire immense qui comprend le Lauragais, le Comminges,
la Guyenne, le Quercy
On se souvient encore que ce sont quelque cent cinquante
documents qui concernent Artajona en Espagne. Un index par thème apporte une aide
précieuse à la recherche.
Le Président remercie infiniment notre confrère et souligne la
qualité de lédition réalisée par les Amis des Archives de la Haute-Garonne. Il
ajoute quil sagit là dun instrument fondamental et que cest
désormais le « Gérard » que lon consultera.
La correspondance comprend également une lettre de
candidature au titre de membre correspondant que nous adresse Mme Nicole Andrieu-Hautreux,
conservateur délégué aux Antiquités et objets dart de la Haute-Garonne. Le
Directeur est chargé du rapport.
Notre consur Chantal Fraïsse nous fait parvenir le programme du
colloque qui se tiendra à Moissac les 28-30 juin prochains pour le neuvième centenaire
de lachèvement du cloître.
Ce sont encore différentes invitations qui nous sont parvenues, dont
celle qui nous annonce la prochaine conférence que notre confrère Jean Catalo fera au
palais de Justice, tandis quune exposition sera présentée dans la salle des pas
perdus.
La parole est à Quitterie Cazes pour une communication sur le collège de Moissac, à Toulouse, qui sera publiée dans le volume LXI (2001) de nos Mémoires.
Le Président remercie Quitterie Cazes de cette
exploration des archives et du sous-sol qui sont les seuls témoins du collège disparu.
Il remarque, dune part que le vandalisme militaire a au moins eu pour compensation
les très nombreux dessins réalisés à loccasion de chaque transformation des
bâtiments, et dautre part que le site a une longue tradition étudiante. Il
voudrait savoir si lon a dautres exemples de constructions du Ve
siècle qui seraient ainsi conservées en élévation. Quitterie Cazes rappelle que le
fait que les bâtiments du Ve siècle aient pu structurer le
collège du XIIIe siècle et se maintenir jusquà la fin
du XIXe siècle nest quune hypothèse, avant
dajouter que le fait serait exceptionnel pour un édifice civil.
Répondant à Henri Pradalier, elle indique que le collège comptait
douze étudiants et un prieur. Bruno Tollon attire lattention sur le dessin de
lescalier en vis, en se demandant si le noyau ne pouvait être creux et la rampe
hélicoïdale. Pour Quitterie Cazes, lescalier a été bâti en même temps que les
bâtiments adjacents, et pour assurer une liaison avec le grand bâtiment du tinel.
Maurice Scellès sétonne dune formule qui isole le tinel
dans un bâtiment à un seul niveau, et qui rappellerait les tours accompagnées
dune salle contenue dans un bâtiment distinct que lon trouvait au XIIe
siècle par exemple autour de Saint-Sernin. Quitterie Cazes explique que dans le cas du
collège de Moissac, la disposition des bâtiments est sans doute imposée par les
constructions préexistantes. Daniel Cazes rappelle que limportance de ces salles
est perceptible dans lactuel Musée Saint-Raymond et quil faut garder à
lesprit quelles accueillaient des foules nombreuses à loccasion de
certaines fêtes. Henri Gilles demande si le premier étage na pas été occupé par
un dortoir : Quitterie Cazes croit, à en juger daprès les percements, que
létage na été établi que plus tard, et elle imagine plutôt pour le XIIIe
siècle une grande salle sous charpente portée par des arcs diaphragmes. Maurice Scellès
évoque les demeures montpelliéraines où lon connaît des arcs diaphragmes dans
des bâtiments divisés en deux niveaux.
Quitterie Cazes ajoute que la date très tardive de la destruction du
collège lui donne lespoir den trouver un jour des photographies. Le
Président conclut que cette séduisante résurrection devrait enchanter le professeur
Léon Pressouyre.
Lordre du jour appelle lexamen des rapports pour le concours. Le Président indique que le prix de lannée est le prix Ourgaud, mais quil nous est possible de décerner un prix de la Société Archéologique et dutiliser le prix de Clausade 1999, que nous avions réservé lan dernier.
Bruno Tollon présente son rapport sur la thèse de Mlle Fabienne Sartre, Marc Arcis, un Toulousain sculpteur du roi (1652-1739) :
« Le 13 décembre 1999, Mademoiselle Fabienne Sartre a présenté à l'Université de Toulouse-Le Mirail sa thèse de doctorat en Histoire de l'Art sur Marc Arcis, un Toulousain sculpteur du roi (1652-1739), devant un jury composé de MM. Christian Michel, professeur d'Histoire de l'Art à l'Université de Paris X-Nanterre, rapporteur, Yves Bruand, professeur émérite à l'Université de Toulouse-Le Mirail, directeur de recherche de la candidate, Christian Taillard, professeur d'Histoire de l'Art à l'Université de Bordeaux III- Michel de Montaigne, président, et de moi-même, Bruno Tollon, professeur d'Histoire
M.S.A.M.F., t. LX, p. 261
de l'Art à l'Université de Toulouse-Le Mirail. Cette thèse a valu à Mlle Sartre la mention Très honorable avec les félicitations du jury.
Avec cette soutenance, Mlle Sartre terminait brillamment un cycle de recherches consacré à un domaine trop souvent laissé de côté par l'historiographie, l'art de la sculpture. En 1990, elle avait soutenu son mémoire de maîtrise sur le sculpteur Arthur Legoust, une des figures un peu mythiques de l'art toulousain, qu'elle avait su, grâce à un excellent catalogue faisant la part des uvres propres à l'artiste et celles revenant à son fils, à la fois débarrasser de sa légende et remettre à sa vraie place au cours d'une période de grand rayonnement pour les ateliers toulousains. Ce mémoire lui avait valu la mention Très bien. Elle avait ensuite orienté ses recherches vers Marc Arcis qui est avec Nicolas Bachelier et Arthur Legoust un des grands noms de la sculpture en Languedoc.
Marc Arcis est reconnu depuis le XVIIIe siècle comme un sculpteur de premier plan dont la carrière, d'une longueur exceptionnelle, apporte grâce à l'étude de Mlle Sartre, un éclairage très complet et à bien des égards très neuf sur les conditions de l'activité artistique dans un grand centre provincial et ses rapports avec la capitale.
Issu d'une famille d'artisans du Lauragais, et après un apprentissage auprès d'Ambroise Frédeau et de Gervais Drouet, Marc Arcis, âgé de vingt-deux ans, obtient des commandes publiques grâce à l'appui de Jean-Pierre Rivalz dont la position officielle et l'amitié lui seront d'un appui constant. La commande des bustes des Hommes illustres pour la galerie que ce dernier décorait en est un exemple. Arcis ne prend pas le chemin de Rome comme les artistes de la génération précédente : l'attraction de la capitale du royaume s'exerce désormais. Son installation à Paris est soutenue par les Capitouls qui voient d'un il favorable pour les projets de la Ville son intégration à l'équipe des sculpteurs qui travaillent à Versailles sous la direction de Girardon. Lié à Coysevox et à Carl van Loo, comme eux il voit sa candidature retenue à l'Académie royale de peinture et de sculpture. Il aurait pu s'engager dans une carrière parisienne avec quelques commandes privées importantes, mais l'occasion de diriger la confection d'une statue du souverain à Pau le ramène finalement en Languedoc. Après quelques années destinées à mener à bien l'exécution de la statue de Louis XIV à Pau, son retour définitif à Toulouse marque le début d'une seconde étape de sa carrière, de loin la plus longue avec plus de quarante ans d'un règne artistique partagé avec Antoine Rivalz sous l'il bienveillant de Gaspard de Fieubet, le tout puissant premier président, et de Dupuy des Grez, l'auteur du Traité sur la peinture. Travaux pour la ville, avec dès 1685 les modèles pour une statue équestre de Louis XIV jamais exécutée, des figures de pierre pour des parcs de châteaux dont celui de Laréole, et surtout la participation à la mise au goût du jour de grands sanctuaires : cathédrale de Tarbes, église abbatiale de Saint-Sernin avec un baldaquin somptueux, décor de la chapelle de la confrérie du Carmel pour Gabriel Vendage et des ornements pour celle des Pénitents Blancs et Noirs, l'autel de la cathédrale de Toulouse et les grandes statues de la façade de la cathédrale de Montauban. Il est l'artisan du rayonnement de ce " grand goût " du règne de Louis XIV qu'illustrent admirablement les bas-reliefs de l'opéra de Toulouse (actuel cinéma Utopia), ou les médaillons des Vertus des Pénitents Blancs. Son style rigoureux et élégant se transmet à Pierre Lucas, Louis Parant ou Pierre-François Hardy autant qu'à son fils et à son neveu qui prolongent ainsi le noble art. Pour l'inculquer aux apprentis, Arcis avait d'ailleurs uvré aux côtés d'Antoine Rivalz pour l'ouverture d'une école de dessin, l'Académie des Arts, véritable préface à l'Académie royale obtenue à Toulouse en 1750.
Avec Arcis, tout une page particulièrement brillante de l'art toulousain a pu revivre grâce à l'étude de Mlle Sartre. Son ouvrage volumineux (753 pages de texte dont un catalogue raisonné de 345 pages avec 75 numéros d'inventaire) est accompagné d'un très riche album d'illustrations. Ouvrage parfaitement documenté puisque Mlle Sartre a relu toutes les sources connues et s'est livrée à une exploration systématique des archives pour appuyer de nombreuses découvertes et éclairer bien des points obscurs. Les recherches approfondies dans les archives et les bibliothèques ont permis à Mlle Sartre de mettre au jour des textes originaux dont un choix pertinent a été transcrit, formant une soixantaine de pièces justificatives. On soulignera l'ampleur des dépouillements effectués où aucune série administrative susceptible de fournir des documents de première main n'a été négligée, même lorsque la consultation exhaustive exigeait des recherches longues et difficiles comme les registres notariaux.
L'étude de Mlle Sartre envisage tour à tour la biographie du sculpteur en insistant sur l'intérêt de son séjour à Paris, les raisons de son choix du retour dans le sud-ouest, avant de passer en revue, selon une démarche thématique, l'ensemble de son uvre. Enfin, la troisième partie s'attache à dresser un large panorama de la sculpture régionale aux XVIIe et XVIIIe siècles dans lequel Arcis prend place.
M.S.A.M.F., t. LX, p. 262
Mlle Sartre insiste avec raison sur l'importance qu'a eu pour l'artiste son passage dans les ateliers royaux de Versailles, son admission à l'Académie royale de peinture et sculpture et ses contacts parisiens. Son titre de sculpteur du roi a facilité sa carrière méridionale autant que ses attaches locales. L'obtention de nombreuses commandes officielles lui a permis de s'imposer et d'étendre son champ d'action à la clientèle noble et ecclésiastique. Il participe pratiquement à tous les grands chantiers de rénovation du décor intérieur des édifices religieux de Tarbes à Montauban avec naturellement un rôle privilégié à Toulouse, cur du catholicisme triomphant de l'époque. Les analyses des uvres (on pense en particulier au grand chantier à épisode du baldaquin de Saint-Sernin) à l'affaire de la statue équestre de Louis XIV, sont finement menées, s'appuyant sur une documentation bien exploitée et débouchant sur des perspectives d'ensemble démontrant une indéniable hauteur de vue. Au total, cette thèse, qui constitue un apport de premier plan, mérita les éloges du jury devant lequel Mlle Sartre soutint ses travaux. Il y a quelques mois, elle a d'ailleurs été remarquée à Paris par le jury du prix Nicole, qu'elle partage avec un chercheur parisien. La thèse de Mlle Sartre mérite donc tout naturellement d'être primée par la Société Archéologique du Midi de la France. »
Jean-Luc Boudartchouk donne lecture du rapport, pour sa plus grande partie rédigé par contre confrère Henri Molet, sur la thèse de Mme Pamela Marquez, Recentering the City : Urban Planning in Medieval Toulouse in the early Thirteenth Century :
« L'auteur, américaine, est étudiante de l'université du Colorado, à Denver. Elle a choisi dans le cadre de son doctorat de traiter une institution et un moment particulièrement important de l'histoire de Toulouse : l'essor et l'apogée du pouvoir municipal au XIIe siècle. Dans ce cadre, elle a cherché si, dans les actions menées et les résultats obtenus par les consuls dans les divers domaines, il était possible de trouver une cohérence politique qui dépasse l'événementiel et la soumission à ses impératifs. Autrement dit, l'administration municipale a-t-elle travaillé sur des projets à long terme, a-t-elle eu une vision de la ville ? Et si oui, celle-ci avait-elle commencé à s'inscrire dans le tissu urbain avant l'interruption majeure de la croisade albigeoise ?
L'organisation de la thèse répond aux critères classiques de ce type de travail : après une partie introductive historiographique, elle expose les sources utilisées et sa méthode. Le corps de son ouvrage se compose de cinq chapitres organisés autour des domaines suivants :- le " territoire " au sens anglo-saxon du terme : physique, économique, religieux, culturel et politique ;
- le pouvoir communal, son émergence et son évolution vers le consulat ; l'origine sociale de ses membres ;
- les pouvoirs comtal, communal et religieux et leurs interactions ;
- l'activité législative communale dans les domaines public et privé, les travaux et la mise en uvre des projets :ponts, voirie, places, marchés, maison de ville...
- l'espace urbain à la fin de cette période : les relations entre la cité et le bourg, la continuité du projet urbain et le déplacement du centre de gravité de la ville.La bibliographie est importante, près de 200 titres, et regroupe, outre des références anciennes, pratiquement tout ce qui a été publié sur la Toulouse médiévale entre 1980 et 1996. Elle comprend les découvertes archéologiques récentes concernant les églises Saint-Pierre-des-Cuisines et Saint-Pierre-Saint-Géraud et leur environnement (27 citations dans le texte) et les travaux récents, entre autres, de Mmes Cazes, Mousnier et Napoléone, de MM. Cabau, Catalo, Ourliac, Prin, Rocacher et Scellès. On regrettera seulement l'absence des travaux universitaires non publiés, absence compréhensible par ailleurs. Les références extérieures concernent essentiellement le midi méditerranéen (Italie : 18 titres, Languedoc occidental : 12 titres, Catalogne : 5 titres ; Provence : 3 titres).
L'intérêt de cette bibliographie est aussi de citer un nombre non négligeable de travaux d'origine anglo-saxonne, utilisés dans le texte, peu connus des chercheurs toulousains (31 titres, notamment les publications de Collins, Freeman, Lewis et Reyerson sur la France méridionale et le Languedoc en particulier, portant sur les législations urbaines pendant la période Xe-XIIIe siècles).
Le premier chapitre présente Toulouse dans les différents aspects de son environnement géographique, historique, social et économique au moment de la naissance de l'organisation
M.S.A.M.F., t. LX, p. 263
communale. Bien que chacun de ces aspects soit présenté successivement, le fond de cette étude montre leur influence réciproque et des liens sont constamment établis entre les différentes approches. Il s'agit là d'une tentative d'histoire globale, à un moment donné, que Mme Marquez a tenté et qui a le mérite de réunir dans un même ouvrage des domaines qui sont généralement traités séparément. Elle contraint toutefois Mme Marquez à un survol assez rapide de cet "état des lieux". Si elle utilise les dernières données archéologiques qui établissent quelques ponts entre lAntiquité et le début du Moyen Âge, à travers la persistance et l'environnement de sites religieux maintenant mieux connus, comme Saint-Pierre-des-Cuisines, la place de la Pierre et l'église Saint-Géraud et la naissance du Bourg autour de Saint-Sernin, elle utilise peu ou néglige deux faits importants qui marquent le début (1075-1115) de la période qu'elle traite : la crise de la réforme grégorienne à Toulouse et les deux intermèdes "aquitains". Ces deux crises qui ont vu successivement les pouvoirs, religieux puis seigneuriaux, en conflit de légitimité, demander le soutien des habitants, ont permis aux Toulousains, appelés au rôle d'arbitre, d'engager le processus qui conduira une génération plus tard à la reconnaissance d'un pouvoir citadin par le comte.
Dans le deuxième chapitre, où elle traite de l'émergence et du développement du pouvoir communal, elle décrit les différentes étapes qui conduiront du conseil commun, encore contrôlé par le pouvoir comtal, à une " république " signant des traités, obtenant la justice criminelle et le droit d'élire ses représentants sans intervention seigneuriale. Mme Marquez utilise largement le " livre des coutumes de Toulouse " et les travaux antérieurs de Limouzin-Lamothe, Gilles et Ourliac. Des comparaisons intéressantes sont faites avec les évolutions parallèles connues pour des villes italiennes (Lucques, Gênes, Palerme) ou plus proches (Montpellier, Narbonne). Dans ce chapitre, elle aborde un aspect rarement étudié, le rôle des pouvoirs lignagers à travers quelques grandes familles consulaires comme les Villeneuve, Castelnau, Roaix, Turre, Caraborda... Elle montre que la politique générale de la ville est souvent celle de quelques individus, chefs de lignage " bourgeois ", qui cherchent avant tout leur propre avantage. Le pouvoir toulousain est d'abord le pouvoir d'une oligarchie restreinte, dont les intérêts sont le plus souvent en accord avec ceux du comte. Elle note que les seules exceptions, avec l'apparition au conseil de représentants de la classe moyenne, correspondent à des situations de crise militaire, politique ou sociale aiguë. La classe moyenne sera définitivement écartée de l'exercice du pouvoir avec le traité de Paris (1229).
Le troisième chapitre analyse les rapports entre les différents pouvoirs. Mme Marquez s'efforce d'abord de définir les lieux et les points où s'exerce chacun des trois pouvoirs, comtal, ecclésiastique et des " notables " dont elle définit le sens dans la topographie de la ville. L'émergence du pouvoir consulaire s'est faite aux dépens des deux autres qui, jusque-là, se partageaient Toulouse. Les points qui lui semblent importants dans la genèse de ce partage sont :
- le fait que les comtes, à l'exception des deux derniers, n'étaient qu'occasionnellement présents à Toulouse. Leurs possessions propres y étaient réduites, limitées à la " Salvetat ", et leur intérêt reposait d'abord sur des droits fiscaux, dont ils cherchaient à se faire payer le revenu en argent. Les comtes avaient donc tout intérêt à se ménager la fidélité des habitants de la ville en déléguant leur autorité à une administration locale.
- les notables ne forment pas au départ un corps, ils sont installés de manière dispersée dans la ville et le bourg, et leurs activités sont de même assez disparates. Ils ne se retrouvent qu'en quelques occasions : sur l'exercice de monétaire, dans la participation aux moulins ou dans l'affermage de la fiscalité comtale. Il s'agit même souvent de destins individuels, du moins dans la première partie du XIIe siècle, comme ceux de Pons de Capdenier, de Vital Carbonnel, de Raymond Gautier. Leur puissance disparaît avec leur mort. La situation change après 1150, quand des familles de notables forment des lignages, s'allient entre elles et s'associent dans des projets financiers communs. La communauté d'intérêt les transforme alors en groupe de pression. Ils deviennent naturellement les interlocuteurs privilégiés du comte qui attend d'eux d'abord de l'argent.Dans son chapitre 4, Mme Marquez fait le tour des installations et projets où les consuls et, à travers eux, la classe entière des " notables ", a exercé son action à partir du moment, vers 1180, où ils ont obtenu le plein contrôle du gouvernement de la cité. Elle met surtout en évidence que cette action a été très forte dans tout ce qui relevait du domaine financier et commercial : moulins, libre navigation sur
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l'Ariège et la Garonne, suppression des péages, création de ponts, de marchés, statuts de métiers et fixations des mesures. Organiser et réglementer pour protéger l'intérêt commercial des Toulousains, tel est le sens principal des ordonnances prises. Si les consuls ont aussi d'autres sujets d'interventions, notamment dans l'exercice de la justice et bien sûr, dans la perception des impôts, il existe un secteur où, même s'ils agissent dans leur propre intérêt, leur action laisse apparaître un renouveau du sens du " bien public ". Elle cite les exemples de la mise à disposition à la communauté de la rive du ramier du Bazacle, de la réglementation sur la salubrité des rues et sur la distribution et l'écoulement des eaux, de la défense du sol des rues et places. Pour Mme Marquez, cette direction vers une reprise en compte de la res publica n'est sans doute pas sans lien avec le renouveau et la rediffusion du code de Justinien (le Digeste) chez les professionnels du droit.
Avec le chapitre 5, Mme Marquez aborde la mise en place et par écrit d'un droit coutumier toulousain. Celui-ci intervient dans un deuxième temps, quand les consuls, déjà forts d'une histoire ancienne, sentent la nécessité d'établir un code de jurisprudence. Mme Marquez détaille les principaux thèmes contenus dans le "livre des coutumes" : cérémonies officielles des consulats avec les règles d'élections et d'exercices, droit familial, sécurité des personnes, règles d'urbanisme... Elle montre que vers 1230 les consuls reprennent à leur compte les projets laissés par leurs prédécesseurs des années 1200-1210 : installation d'une maison commune à cheval sur la cité et le bourg, création d'une grande halle publique à la place de la Pierre, reprise et achèvement du pont du Bazacle. Il y a donc, pour elle, une continuité dans l'action, que tous les troubles, combats, succès et revers, n'ont fait que suspendre. Ce suivi sera renforcé et achevé par la fusion administrative et financière des deux parties de Toulouse en 1268. Sans doute aurait-elle pu ajouter que la maison commune, symbole du pouvoir citadin, a été placé, signe sans équivoque, aussi loin que possible des autres lieux de pouvoir (Château-narbonnais, Saint-Étienne, Saint-Sernin, La Daurade).
La conclusion est présentée sous forme de bilan, où Mme Marquez souligne le caractère particulier de l'évolution urbaine à Toulouse qui se démarque nettement de la situation " type " des républiques urbaines (italiennes). Plus généralement, Mme Marquez fait ressortir l'intérêt que présenterait, vu la richesse des fonds des archives urbaines, l'analyse des différences des choix, d'une cité à l'autre : "L'étude de ces processus, montre qu'à Toulouse, les responsables ont eu des objectifs définis, des ambitions propres influencées par les contraintes locales" (p. 216). Elle réintroduit le cas de Toulouse dans le contexte plus général de la période, qui voit pour la première fois depuis l'époque antique, la renaissance des institutions municipales et des projets d'aménagement urbain. Elle conclut enfin par une remarque personnelle : d'après elle, (et à l'opposé des cités d'Italie) c'est le cadre local de la cité qui est l'élément fondamental, presque exclusif, autour duquel se sont organisées et la politique, et l'activité du pouvoir communal toulousain.Il sagit donc dun travail dont la forme est pleinement satisfaisante, qu'il s'agisse du plan ou du propos général de l'auteur. La problématique est claire et intéressante. Cette vision " extérieure " de points d'histoire toulousaine apporte en outre quelques éléments nouveaux ou peu exploités ; surtout Mme Marquez se place dans une perspective d'étude comparative qui permet d'envisager différemment les implications de certains faits connus depuis longtemps. Concernant l'Antiquité et le début du Moyen Âge, elle utilise et maîtrise la bibliographie récente, dont elle retient l'essentiel pour son propos, en faisant dailleurs quelques remarques très judicieuses. Enfin la réflexion qu'elle esquisse sur le " poids " politique des différentes églises durant le premier Moyen Âge, mais aussi ses considérations sur la gestion du " domaine public " comme l'eau la Garonne sont riches et peuvent annoncer de nouvelles pistes de recherches. C'est un bon travail, clair, juste et synthétique, qui mériterait une traduction française. »
Le Président propose dattribuer le prix Ourgaud, doté dune somme de 2000 FF. et accompagné dune médaille dargent, à Mlle Fabienne Sartre, et le prix de la Société Archéologique du Midi de la France, doté de 1000 FF. et accompagné dune médaille de bronze, à Mme Pamela Marquez. On procède au vote : la proposition est adoptée.
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Le Président donne lecture du rapport de M. le professeur Robert Sablayrolles sur le mémoire de M. Philippe Buzon, Palmae argentae, les feuilles votives dans lEmpire romain :
« Monsieur Philippe Buzon a préparé sous ma direction et brillamment soutenu en 1999 un mémoire de D.E.A. sur les Palmae argentae, les feuilles votives dans lEmpire romain, mémoire pour lequel il a obtenu la mention Très Bien. Ce mémoire était la suite naturelle d'un travail de maîtrise sur les Mars pyrénéens, au cours duquel il avait été amené à s'intéresser au trésor d'Hagenbach. Cette série d'objets votifs en argent, d'origine indubitablement pyrénéenne, fut retrouvée dans le lit du Rhin, où avait sombré un chariot de pillards, probablement au IIIe siècle de notre ère.
Le mémoire de D.E.A. de Monsieur Buzon propose donc une synthèse sur les feuilles votives dans l'Empire romain, s'interrogeant sur le sens du terme antique, palma argenta, sur l'origine éventuelle de l'objet, sur sa symbolique et sur les divinités honorées de ce type d'offrande. Ce riche travail de synthèse, qui a nécessité en amont un énorme labeur d'investigation bibliographique, sert de toile de fond à une analyse serrée du trésor d'Hagenbach.
La chronologie des objets (et donc le terminus post quem de la date du pillage) est fixée de façon convaincante dans la première moitié du IIIe siècle de notre ère. L'étude épigraphique, qui témoigne des remarquables compétences de Monsieur Buzon en la matière, cerne la personnalité du deus Mars Augustus, dont il est à plusieurs reprises question dans les dédicaces, démontre le sens de son association à Jupiter et définit, par une analyse onomastique exhaustive et pertinente, la qualité juridique, l'origine géographique et la dominante culturelle des dédicants : des Aquitains encore en voie de latinisation au IIIe siècle de notre ère, chez qui se mêlaient étroitement adhésion aux valeurs du culte impérial et enracinement dans des traditions pré-indo-européennes.
Le remarquable mémoire de Monsieur Buzon est un véritable travail de chercheur, dans un domaine ardu et sur des documents encore peu connus malgré une première publication en Allemagne. Monsieur Buzon fait preuve dans cet ouvrage d'une parfaite maîtrise des compétences indispensables à qui s'intéresse à l'archéologie et à l'histoire antiques : latiniste, épigraphiste, archéologue, historien de l'art. Monsieur Buzon possède en outre, peut-être en raison de ses origines convènes, une excellente connaissance de la bibliographie et du milieu pyrénéens, qu'il sait replacer dans le cadre plus large de l'histoire des mentalités religieuses de l'empire romain. Bref, Monsieur Buzon est un véritable historien, habile dans le maniement des sources, sachant relier l'analyse pointue des données régionales aux grandes lignes de l'histoire religieuse de l'Antiquité. Ces qualités de chercheur, ce sens de l'histoire et cet attachement à ce que les Romains appelaient la petite patrie, un attachement qui n'empêche ni les visions larges ni la culture du Mousikos Anèr d'Irénée Marrou, font de Monsieur Buzon un candidat tout désigné pour un prix qui récompenserait un chercheur régional de talent, ouvert aux grands débats de l'histoire ancienne. »
Anne-Laure Napoléone donne lecture de son rapport sur le mémoire de Mlle Catherine Guiraud, Architecture civile du XIIe au XIVe siècle à Albi :
« Catherine Guiraud a rédigé sous la direction de Mme M. Pradalier-Schlumberger, professeur à l'Université de Toulouse-Le Mirail, un mémoire de Maîtrise en Histoire de l'Art et Archéologie du Moyen Âge intitulé Architecture civile du XIIe au XIVe siècle à Albi, soutenu en juin 1999. Son sujet de recherche s'inscrit dans l'ensemble désormais important des études urbaines effectuées autour d'analyses de bâtiments civils médiévaux. Ce travail est composé de deux volumes : un volume de texte de 138 pages augmenté d'une annexe de 26 planches et d'un volume d'illustrations de 234 planches parmi lesquelles figurent cartes, photographies, gravures et dessins anciens ainsi que des relevés archéologiques effectués par l'auteur.
Ce travail débute par une large présentation historique retraçant tout d'abord les étapes du peuplement du site depuis les périodes les plus anciennes, puis la formation de la ville, son développement et ses mutations au Moyen Âge mais également aux siècles suivants. Après avoir défini le cadre urbain dans le temps et dans l'espace, Catherine Guiraud présente dans sa deuxième partie onze monographies d'édifices correspondant aux principaux vestiges visibles aujourd'hui à Albi. Les quatre premières sont réservées aux maisons dites " romanes ", c'est-à-dire datables du XIIe ou du début
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du XIIIe siècle. Pour ces constructions anciennes parmi lesquelles deux ont été détruites, Catherine Guiraud constitue des dossiers précis et détaillés, débrouillant quelques erreurs répétées par certains auteurs ; elle effectue en outre la première analyse archéologique de ces édifices de pierre pourtant déjà connus depuis fort longtemps, du moins pour les trois premiers. La dernière étude porte sur les vestiges d'une fenêtre récemment découverte qui constitue sans doute le plus ancien témoignage de l'architecture civile de brique à Albi. Les sept autres monographies concernent des vestiges datables des XIIIe et XIVe siècles, façades portant les traces d'ouvertures aux rez-de-chaussée et aux étages pour lesquelles Catherine Guiraud effectue à chaque fois une étude détaillée accompagnée de nombreux relevés et de photographies. À l'occasion de travaux de rénovation, elle constitue un dossier complet sur la maison de la rue du Castelviel, édifice en pans de bois très remanié dont elle réussit à situer la construction avant 1400. Dans la conclusion générale, elle propose une synthèse sur la construction albigeoise au Moyen Âge, reliant en particulier les techniques d'édification en brique à celles du Gaillacois et du Toulousain.
Le mérite de Catherine Guiraud est d'avoir fait de ce sujet difficile une très bonne maîtrise : sujet difficile car les vestiges peu nombreux pouvaient s'avérer insuffisants pour ce travail universitaire ; le dossier solide sur les maisons romanes est de première importance pour la connaissance des demeures de cette époque. Il fallait également mener une enquête particulière sur les édifices disparus et traiter à la fois les constructions en pierre, en brique et surtout en pans de bois pour lesquels les études font cruellement défaut. Catherine Guiraud a montré dans ce travail ses capacités dans le domaine de la recherche de terrain. Sa grande sociabilité lui a permis de pénétrer sans difficulté dans tous les édifices qu'elle a étudiés, menant son étude systématique avec beaucoup de sérieux. Les monographies, correctement rédigées, qui s'organisent selon un même plan, montrent ses qualités de raisonnement. Le volume de planches est lui aussi révélateur. Pour tous les dossiers, les relevés ont été effectués systématiquement avec un souci du détail mettant en évidence ses compétences ; ceux-ci sont accompagnés de nombreuses photographies et, dans la plupart des cas, de dessins qui illustrent ses hypothèses de restitution. On peut regretter que l'analyse finale n'ait pas été d'avantage développée sur la base de l'extraordinaire matière mise au jour par les monographies. Cette maîtrise nous révèle en tout cas un patrimoine albigeois méconnu et une archéologue de grande qualité dont on attend les recherches futures. Ces recherches portent précisément sur la brique dans la vallée du Tarn. »
Puis elle présente son rapport sur le mémoire de Mlle Aurélie Fabre, Les maisons médiévales de Rodez du XIIe au XIVe siècle :
« Aurélie Fabre a effectué sa maîtrise en Histoire de l'Art et Archéologie du Moyen Âge sous la direction de Mme M. Pradalier-Schlumberger, professeur à l'Université de Toulouse-le Mirail sur le thème des maisons médiévales de Rodez. Son travail a été soutenu en septembre 1999. Il comprend un volume de texte de 96 pages augmenté de 32 pages d'annexe et un volume de 374 planches (photographies, plans, relevés, et documents anciens).
Aurélie Fabre développe son sujet en trois parties inégales : elle donne tout d'abord une présentation historique complète de la ville permettant de suivre ses mutations depuis sa naissance au Haut Empire jusqu'à la fin du Moyen Âge. La seconde partie, la plus importante, est constituée par d'importants dossiers contenant l'analyse archéologique de cinq édifices et elle achève enfin son travail par une étude de synthèse sur la construction civile médiévale à Rodez. Bien que très proche dans sa conception générale et dans son approche de la recherche effectuée sur la ville d'Albi, ce travail se distingue du précédent puisqu'il a dû s'adapter à un cadre urbain complètement différent. En effet, si à Albi l'architecture civile montre l'utilisation de divers matériaux (calcaire, brique et pan de bois), c'est le grès qui règne et qui seul est conservé à Rodez. À l'inverse du précédent travail, Aurélie Fabre dut tenir compte de l'abondance de traces et de vestiges de demeures médiévales qu'elle a cartographiés et systématiquement photographiés et décrits, de façon à donner une idée précise du patrimoine conservé et visible en cette fin de XXe siècle à Rodez. À partir de cet inventaire, cinq édifices ont été choisis pour leur état de conservation parmi lesquels se trouve le Musée Fenaille alors en cours de rénovation. Cet édifice a fait l'objet d'une étude détaillée concernant également les remaniements
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du XVIe siècle qui font sa réputation. L'étude archéologique est enrichie d'une documentation historique à laquelle s'ajoute une abondante illustration. L'étude d'Aurélie Fabre permet d'augmenter le petit corpus de maisons " romanes " conservées dans la région de deux nouveaux bâtiments. Retenons également ce grand édifice de la première moitié du XIVe siècle composé de plusieurs corps de bâtiment et d'une tour remarquablement conservée, appelé " Maison des Anglais ". Tout comme les demeures albigeoises du XIIe siècle, il connaît depuis longtemps une certaine réputation sans jamais avoir fait l'objet d'un véritable travail archéologique. L'étude qui lui est consacrée est un dossier solide abondamment documenté et bien que l'analyse archéologique n'ait pu être complète, elle rend à cet hôtel le prestige qui fut le sien.
Le mérite d'Aurélie Fabre est d'avoir su faire un excellent travail de recherche malgré les difficultés rencontrées pour visiter les édifices qu'elle avait choisi d'étudier. Il faut souligner l'abondante documentation réunie à l'occasion de ses investigations. Aurélie Fabre a bénéficié de la présence d'un fonds important qu'elle a su parfaitement exploiter. Ses qualités d'archéologue ne sont pas en reste : la rigueur de ses monographies et la qualité de ses relevés montrent sa maîtrise de l'étude monumentale. Il faut également rendre hommage à ses talents d'analyse : toutes ses hypothèses s'appuient sur les données des textes, de l'archéologie de sous-sol et de l'archéologie monumentale, lui permettant de construire de solides synthèses, le tout rédigé dans un style agréable. On peut regretter la surabondance de la documentation iconographique qui aurait pu, pour s'harmoniser avec la rigueur du texte, faire l'objet d'une sélection plus importante. Ce travail est de toute première importance pour la connaissance de la ville de Rodez et nous avons là une deuxième archéologue de talent qui a également l'intention de poursuivre dans cette voie. Elle travaille actuellement sur l'architecture urbaine de villages dans le Ruthénois. »
Le Président propose de reprendre le prix de Clausade réservé en 1999, et de le partager en trois, en attribuant à chacun des lauréats un chèque de 1000 FF. et une médaille de bronze. La proposition est acceptée.
SÉANCE PUBLIQUE DU 29 MARS 2000
Elle se tient dans la grande salle de l'Hôtel d'Assézat.
Allocution du Président.
Rapport sur le concours présenté par Étienne Hamon : Mlle Fabienne Sartre reçoit le prix Ourgaud ; le prix de la Société Archéologique du Midi de la France est attribué à Mme Pamela Marquez, dont l'éloignement excuse l'absence ; le prix de Clausade est remis conjointement à M. Philippe Buzon, Mlle Catherine Guiraud et Mlle Aurélie Fabre.
Conférence de Daniel Cazes, membre de la Société : Les sculptures de Chiragan : l'art et l'énigme.
SÉANCE DU 4 AVRIL 2000
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur
honoraire, Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour,
Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint,
Mmes Napoléone, Noé-Dufour, MM. Hermet, Nayrolles, Pradalier, membres titulaires, Mmes
Fronton-Wessel, Pujalte, Rousset, Stutz, MM. Bordes, Boudartchouk, Burroni, Molet,
Testard, membres correspondants.
Excusés : M. Tollon.
Le Secrétaire général donne lecture des
procès-verbaux des séances des 7 et 21 mars derniers, qui sont adoptés. Le Président
évoque la séance publique et la conférence au cours de laquelle Daniel Cazes nous a
encore une fois émerveillés avec les sculptures de Martres-Tolosane.
Le Président, le Directeur et Quitterie Cazes se sont dailleurs
retrouvés samedi dernier à Martres-Tolosane, pour une présentation publique des
premiers résultats de létude géophysique du site de Chiragan, en compagnie du
Maire
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de Martres, de M. Jean-Emmanuel Guilbaut du service régional de
larchéologie, de M. Bernard Pousthomis et de Mme Catherine Boccacino de la
société Hadès, et de M. Martinaud, géophysicien. Cette présentation a été
loccasion dexpliquer les opérations en cours et les projets qui pourraient
être développés dans les années à venir.
Par ailleurs, notre confrère Jean Catalo présentait hier soir, au
cours dune conférence, les résultats de la première tranche des fouilles
archéologiques au Palais de Justice de Toulouse.
Le Président rend compte de la correspondance
manuscrite. En accusant réception du dernier volume des Mémoires, M. Puel nous
écrit quil compte à nouveau attirer lattention du Secrétaire général de
la Ville de Toulouse sur le sort de « Dame Tholose ».
M. Paul Claracq poursuit ses recherches sur les meules et demande des
informations. Daniel Cazes indique que le Musée Saint-Raymond conserve une collection de
meules en basalte et il ajoute que le sujet a particulièrement intéressé M. Robert
Corbières avec lequel notre correspondant pourrait sans doute entrer en relation.
La parole est à Patrice Cabau pour des Notices du Marquis de Castellane sur une épitaphe paléochrétienne et une inscription médiévale trouvées à Toulouse en 1842 :
« Le hasard du commerce des livres anciens a fait parvenir en ma possession (1) un exemplaire du corpus épigraphique publié par le marquis Joseph Léonard de Castellane dEsparron (1761-1845), lun des fondateurs de la Société archéologique du Midi de la France et son premier président (1831-1845). Il sagit dun ouvrage recouvert de papier bleu-vert comprenant, ainsi que lannonce le titre doré sur une vignette dorsale de cuir brun (2), dune part les Inscriptions du Ve au XVIe siècle, recueillies principalement dans le Midi de la France (1838) (3), dautre part le Supplément aux inscriptions du Ve au XVIe siècle, recueillies principalement dans le Midi de la France (1841/1842) (4). Le volume a été constitué en deux temps : le recueil initial a reçu une première reliure, les tranches étant traitées à limitation du papier à la cuve ; une seconde reliure a été réalisée pour y associer le recueil additionnel, sans que les tranches soient uniformisées. À lintérieur, cet exemplaire comporte les particularités suivantes : pour certaines planches, quelques figures ont été enluminées de lavis dencres de diverses couleurs (5) ; au bas dune page a été collé un billet contenant la notice manuscrite dune épitaphe paléochrétienne (6) ; sont en outre inclus deux feuillets volants manuscrits dont lun porte la notice dune inscription médiévale, lautre le brouillon de la belle préface du Supplément (7). Selon toute vraisemblance, et comme lassure une note ancienne inscrite en tête de louvrage (8), ce volume est lexemplaire personnel de lauteur du corpus, que celui-ci a donc continué denrichir entre 1841 et 1845 (9).
Les deux nouveaux monuments épigraphiques recueillis par le marquis de Castellane sont présentés et étudiés selon les modalités du projet exposé dans le propos liminaire de son corpus : reproduction figurée (fac-simile lithographique) ; datation, transcription, notes explicatives et remarques diverses (paléographiques, linguistiques, historiques ), références bibliographiques, indications sur la provenance et le lieu de conservation (10).Ces deux inscriptions sont aujourdhui toujours conservées dans les collections publiques de Toulouse, la première au Musée Saint-Raymond, la seconde au Musée des Augustins. Dans la mesure où leur étude peut être précisée sur pièces, le principal intérêt des notices du marquis de Castellane est de nous renseigner dune part sur la date de leur dépôt au Musée de Toulouse, dautre part sur leur provenance à ce moment-là.
Épitaphe de Sedata, chrétienne au nom latin, décédée à lâge denviron cinquante ans (15)
HIC REQVI / ESCIT SEDATA / QVI VIXET / ANNVS / PLVS MINV / S L
Le support est une plaque de marbre blanc grisé de forme presque carrée (largeur : 0,33 m ; hauteur : 0, 35 m ; épaisseur : 0,05 m.), aujourdhui brisée en deux morceaux et dont langle inférieur droit a disparu. Linscription occupe la partie supérieure du champ. Un cadre comportant six lignes a été préalablement tracé. Le texte est disposé sur cinq lignes, dont la dernière ne comporte que deux signes. Les lettres, assez peu profondément gravées, sont relativement régulières ; certaines présentent des formes remarquables (A, L, M, Q). Formulaire et caractéristiques paléographiques induisent à proposer une datation comprise entre le troisième siècle et le septième. Cette épitaphe paléochrétienne fut découverte à Toulouse dans les années 1783-1785, avec dautres inscriptions funéraires ou fragments dinscriptions, dans l"ancien cimetière" qui environnait la chapelle Saint-Roch-du-Férétra, située au sud de la ville (16). Jean-François de Montégut (1726-1794), ancien conseiller au Parlement
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de Toulouse (1751-1771), lun des grands "antiquaires" toulousains du dix-huitième siècle, la présenta le 16 février 1786 à ses collègues de lAcadémie royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, et il en publia en 1788 un texte partiellement amendé (17). Contrairement à dautres inscriptions trouvées au quartier du Férétra, celle-ci nest pas répertoriée dans les catalogues du Musée de Toulouse imprimés entre 1795 et 1835, mais il se pourrait quelle soit mentionnée dans linventaire manuscrit achevé par Alexandre Du Mège (1780-1862), conservateur des Antiquités (1832-1862), au mois de novembre 1844 (18). En tout cas, elle se trouve inventoriée dans le catalogue préfacé en octobre 1864 par son successeur (1862-1892) Ernest Roschach (1837-1909) et édité lannée suivante (19). Une photographie publiée en juin 1936 la montre enchâssée dans un cadre de bois et accrochée au mur de la deuxième travée de la "Salle Gallo-Romaine", au rez-de-chaussée du bâtiment en façade sur la rue dAlsace-Lorraine (20). Transférée au Musée Saint-Raymond, ainsi que dautres monuments antiques, au début des années 1980, elle est exposée depuis 1999 dans la salle du sous-sol consacrée aux antiquités paléochrétiennes.
Inscription rappelant létablissement, par maître Bernard Étienne, notaire de Toulouse, et par ses frères Guillaume Pierre et Raymond, dune sépulture pour eux, leur famille et leur descendance, en 1307 (ou 1308*) (21)
: ISTA[M] : SEPVLTVRA[M] : FECERV[N]T / : FIERI : MAG[ISTE]R : B[ER]NARD(VS) : STEPHA / NI : NOTARI(VS) : THOL[OSE] : (ET) : G[VILLELM](VS) : PET[R](I) : (ET) : / RAMV[N]D(VS) : EI(VS) : FRATRES : PRO : SEIP / SIS : (ET) : EORV[M] : ORDINIO : (ET) : SVCCE / [S]SORIB(VS) : A[N]NO : D[OMI]NI : M° : CCC° : VII° :
Le support est une plaque de marbre gris de forme rectangulaire (largeur : 0,35 m ; hauteur : 0,27 m ; épaisseur : 0,06 / 0,08 m.). Linscription occupe la totalité du champ. Un cadre comportant douze lignes a été préalablement tracé. Le texte est disposé sur six lignes pleines. Une petite main tournée vers la droite le précède, marque fréquente dans les registres notariaux, mais pas dans les inscriptions lapidaires. Les lettres, soigneusement gravées, sont de petites dimensions et bien régulières (hauteur comprise entre 15 et 20 mm). Trois points superposés séparent les mots (deux points seulement entre la main et le premier mot). Les abréviations sont assez nombreuses : traits horizontaux, 7 et pontet suscrits, 9 pour us, ° pour les quantièmes, note tironienne, ressemblant à un 7, pour et. Des restes de mortier rendent la lecture parfois difficile. Pour le millésime ":M°:CCC°:VII°:", Joseph de Castellane a lu ":M°:CCC°:IIII°", Ferdinand de Guilhermy "1303", Ernest Roschach ":m:ccc:iiii." et Henri Rachou "MCCCIIII". Cette inscription nest pas mentionnée dans linventaire manuscrit achevé par Alexandre Du Mège en novembre 1844. Elle se voyait avant 1865 dans la galerie méridionale du grand cloître du Musée, dépourvue de numéro dordre (22). Elle se trouve répertoriée sous le n° 745 dans le catalogue préfacé par Ernest Roschach en octobre 1864 et imprimé en 1865 (23). Au début de lannée 1883, elle fut scellée, avec plus de cent autres monuments inscrits, dans la paroi de la galerie septentrionale du même cloître, formée par le mur sud de lancienne église des Augustins (24). Déposée dans la première quinzaine de février 1977, elle est présentée depuis le début des années 1980 dans la galerie dépigraphie médiévale aménagée à louest de la galerie occidentale du grand cloître (25).
Les notices du marquis de Castellane nous apprennent que la première inscription fut "tirée des débris de la cave de feu Mr de Montaigut, place des Carmes, [à] Toulouse, [en] 1842" et que la seconde provenait d"une cave de la maison de M. de Montaigu à Toulouse". La maison en question, située à peu près à langle actuellement formé par la place des Carmes et la rue de Languedoc, a été démolie en 1907 pour élargir lancienne rue du Vieux-Raisin (devenue rue de Languedoc). Propriété des Montégut depuis les années 1640, elle appartenait encore au début du dix-neuvième siècle à des membres de cette famille (26). Limmeuble donnait vers lEst sur la rue du Vieux-Raisin et faisait face à lHôtel du même nom, vers le Nord sur la rue du Crucifix, qui jadis longeait au Sud le couvent des Grands-Carmes rasé en 1809-1810 (27). La portion de bâtiment en façade du côté nord fut reconstruite vers le début des années 1840, au témoignage de Du Mège (28), et cest évidemment au cours des travaux préalables à cette réédification quapparurent les monuments tumulaires que le marquis de Castellane a ajoutés à son recueil. Ainsi ces inscriptions ont-elles très vraisemblablement fait partie de la riche collection dantiquités constituée par Jean-François de Montégut (29). Après la mort de celui-ci (20 avril 1794) (30), on demanda la mise sous scellés de son cabinet (16 juin) (31), puis inventaire fut dressé pour les pièces en métal telles que les médailles, monnaies, poids, statues (10 juillet et
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Épitaphe paléochrétienne
Inscription médiévale
"[fac-simile (11)] VII- siecle
hic requiescit Sedata
qui vixet annus plus
minus L
qui pour quæ. ?
vixet pour vixit
annus pour annos ou annis
portée au musée de toulouse
tirée des débris de la
cave de feu mr de montaigut
place des carmes toulouse 1842 (12)
A, pl. II, I A ligne 6
M 3 M Ligne 3
plus minus pl. V page 14
2 plus minus qui plus minus quæ" (13)"MCCCIIII
[fac-simile (14)]
istam Sepulturam fecerunt fieri magister bernardus Stephanus notarius
tholosanus petrus .. ramundus ejus fratres pro seipsis et eorum
ordinio .. anno domini m. ccc IIII
Les points après tholosanus remplacent des lettres effacées peut-être regius
Les points après pet remplacent des lettres effacées et signifient peut-être rus et
Les points après ordinio et les lettres T. sec. signifient peut-être in secula seculorum
Cette epitaphe vient dune cave de la maison de m. de montaigu. a toulouse
et est deposée au musée de toulouse"
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jours suivants) (32). Plus tard, à une date comprise entre 1820 et 1835, labbé de Montégut (+ 1857), vendit les collections de son grand-père, qui furent emportées à Paris (33). Sagissant des éléments lapidaires tels que des marbres sépulcraux, il est probable quils avaient été depuis longtemps relégués et oubliés dans la cave où on les découvrit en 1842.
En tout cas, les indications de provenance contenues dans les notices du marquis de Castellane font surgir deux séries de questions. En premier lieu, puisque Montégut était entré en possession de lépitaphe de Sedata, comment se fait-il que lon nait retrouvé aucune autre des sept inscriptions funéraires nouvelles quil avait présentées avec celle-ci à lAcadémie des Sciences en 1786 et quil a publiées en 1788 (34) ? Castellane a procuré en 1836 un fac-simile de lépitaphe de Rogodolfus, mais seulement daprès une "copie figurée par Lucas, sculpteur", à savoir François Lucas (1736-1813), dit Lucas aîné (35) ; sil na pas donné de reproduction lithographique pour celle dEugenius, ni pour celle de Mart[i]olus, il a précisé pourtant quelles étaient, comme la précédente, "dune écriture très-négligée" (36)... Ici se pose le problème du devenir des découvertes successives faites au quartier du Férétra à la fin du dix-huitième siècle. En second lieu, que valent les renseignements fournis par Roschach dans le catalogue du Musée édité en 1865, selon lesquels linscription relative à la sépulture de la famille de Bernard Étienne proviendrait de lancien couvent des Cordeliers de Toulouse et aurait été "donnée par le génie militaire" ? Les mêmes informations sont données dans ce catalogue pour un fragment de bas-relief (37), aujourdhui perdu, et la "Direction du Génie militaire à Toulouse" se trouve mentionnée dans la liste des donateurs figurant en fin douvrage (38). À la Révolution, le couvent des Cordeliers fut déclaré bien national et lon vendit par lot ses dépendances, bâtiments et jardins, entre juillet 1796 et janvier 1804 (39). En lan II, la grande église fut un moment affectée au Museum nouvellement créé (décembre 1793 - février 1794) (40) ; en lan VII (1798-1799), elle fut occupée par le Génie et convertie en magasins à fourrages (41), usage auquel elle servit jusquà lincendie fatal du 23 mars 1871. Trois inscriptions médiévales réputées provenir des Cordeliers ont été enregistrées dans les notices du Musée, la première en 1813 (42), depuis disparue, deux autres en 1818/1819, qui y sont encore (43). Pourquoi celle de Bernard Étienne, déposée en 1842, na-t-elle pas été inventoriée par Du Mège dans le manuscrit de 1844, et comment se fait-il que la mention dorigine alléguée par Roschach diffère de celle indiquée par Castellane ? La réponse est peut-être dans un autre catalogue rédigé par Du Mège en 1858, demeuré inédit, et de nos jours introuvable (44)... Voilà qui pose un autre problème : celui de lhistoire, très imparfaitement connue, des objets conservés dans les collections publiques de notre ville (45).NOTES : 1. Acquisition faite à Toulouse en 1999. 2. "DE CASTELLANE / / INSCRIPTIONS / DU VE AU XVIE / SIÈCLE / / SUPPLÉMENT". 3. Inscriptions du Ve au XVIe siècle, recueillies principalement dans le Midi de la France, Imprimerie de Lavergne, successeur de Vieusseux, Toulouse, 1838, 1-229 p., 1 f. blanc, 48 planches lithographiées hors-texte = tirage à part des Inscriptions du Ve au Xe siècle [ ], dans M.S.A.M.F., II (1834-1835), ibidem, 1836, p. 175-231 ; Inscriptions du XIe au XIIe siècle [ ], Inscriptions du XIIIe siècle [ ], Inscriptions du XIVe, XVe et XVIe siècles [ ], dans M.S.A.M.F., III (1836-1837), ibidem, 1837, p. 53-107, 193-236, 237-305. 4. Supplément aux inscriptions du Ve au XVIe siècle, recueillies principalement dans le Midi de la France, s.l.n.a. [1841-1842], 1-76 p., 13 planches lithographiées hors-texte = tirage à part du Supplément aux inscriptions du Ve au XVIe siècle [ ], dans M.S.A.M.F., IV (1840-1841), ut supra, 1841, p. 255-322. 5. Première partie, XVe siècle : planche I, n° 3 ; planche II, nos 1-4 ; planche III, n° 3. 6. Première partie, p. 29. 7. "Je réclame encore lindulgence pour ce supplément au recueil dinscriptions déjà publié dans ces mémoires. [ ] Le constater, cest aussi constater sa reconnaissance." Supplément [ ], p. 1 = 255. 8. "Exemplaire du Marquis de Castellane. Nous avons de sa main la preface de la 2me partie. [Suit un paraphe illisible.]" Note ancienne au crayon sur le recto du second feuillet de garde. 9. Joseph de Castellane, très affaibli à partir de 1841, mourut le vendredi 17 octobre 1845, à Toulouse, dans son Hôtel de la rue Croix-Baragnon, n° 10 ; ses obsèques eurent lieu le lendemain. 10. CASTELLANE, 1838, p. 4 = 1836, p. 176. 11. Les références relatives à la forme des lettres renvoient à la pl. II, VIe siècle, nos 1 et 3 (cf. p. 19, 20 = 191, 192). Celles qui concernent la formule plus minus correspondent à deux inscriptions citées à la p. 14 = 186, mais lindication "pl. V" ne mène à rien. 12. Hauteur : 5,5 cm ; largeur : 6,2 cm. 13. Les trois lignes qui précèdent sont encadrées de deux traits horizontaux et dun trait vertical à gauche. 14. Hauteur : 10,2 cm ; largeur : 14,2 cm. Linscription a été dabord dessinée au crayon, puis le dessin a été repassé à la plume. 15. Toulouse, Musée Saint-Raymond, inventaire : Ra 16 d. Bibliographie : MONTÉGUT 1788, n° 2, p. 295 SALVAN 1856, p. 61 ROSCHACH 1865, n° 16 d, p. 10 LE BLANT 1865, n° 603 ; planches, n° 486 HIRSCHFELD 1888, n° 5408, p. 629 SACAZE 1892, n° 42, p. 96 BARRY, LEBÈGUE 1892, n° 1502, p. 428 BATIFFOL 1902, p. 136 RACHOU 1912, n° 16 d, p. 12-13 DIEHL 1925/1931, n° 3126 A RACHOU 1936, n° 16 d, p. 508 LECLERCQ 1952, n° 12, c. 2472 LABROUSSE 1968, p. 467 (n. 76). 16. "A lextrêmité du faubourg Saint-Michel, du côté de la Garonne, il se trouve une étendue considérable de terrein divisé par la rue dite de lObservance, qui conduit au Couvent des Récollets. [ ] Dans cet espace est une contenance denviron vingt arpens en quarré, qui a servi anciennement de Cimetière ; au centre est une Chapelle dédiée à Saint Roch [ ]. Cette Chapelle étoit appellée anciennement, de Notre-Dame de Férétra. Férétra étoit le nom du terrein au milieu duquel elle est située." (MONTÉGUT 1782, p. 76-77). "Je lui ai déjà fait part [à lAcadémie] de plusieurs monumens intéressans qui ont été découverts dans cet espace voisin des Récollets, qui portoit le nom de Feretra, & que jai prouvé avoir servi de cimetiere, notamment sous le regne des premiers Empereurs. On y a trouvé depuis quelques fragmens dInscriptions Romaines [ ]." (MONTÉGUT 1784, p. 14). 17. "Je terminerai ce Mémoire, en mettant sous les yeux de lAcadémie
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quelques inscriptions, découvertes au même lieu [lancien cimetiere près la Chapelle St. Roch] [ ]. 2. HIC REQVI / ESCIT SEDATA / QVI VIXIT AN / NVS PLVS MINV / S. L." MONTÉGUT 1788, p. 295 ; cf. p. 294. 18. Les désignations dAlexandre Du Mège restent désespérément vagues : "Fragment dune autre inscription sépulcrale découverte à Toulouse." ; "Jai placé sous le même n°. les fragmens dinscriptions / chretiennes et de pierres tumulaires des premiers monumens chrétiens trouvés / trouvés [sic] à Toulouse. [ ]." DU MÈGE 1844, Description , p. 779 (addition dans la marge gauche) ; [802]. 19. "16. Marbres inscrits, découverts à lextrémité du fau- / bourg Saint-Michel (quartier de Saint-Roch). [ ] d. Stèle éclatée par langle droit inférieur. H. 0m 35. L. 0m 35. / HIC REQVI / ESCIT SEDATA / QVI VIXET AN / NVS PLVS MINV / S L " Hic requiescit Sedata quæ vixit annos plus minus quinquaginta. Ici repose Sedata qui a vécu cinquante ans, plus ou moins. " La grammaire nest pas mieux traitée que dans le texte qui précède : qui pour quæ ; vixet pour vixit ; annus pour annos. " Trouvée dans le cimetière Saint-Roch, daprès M. de Montégut. (Mém. de lAc. des Sc. ; t. III, p. 295.)" ROSCHACH 1865, p. 9, 10 = RACHOU 1912, p. 11, 12-13 = RACHOU 1936, p. 506, 508. 20. RACHOU 1936, p. 503 (au milieu de la photo, entre linscription de Vieille-Toulouse datant de 47 et un moulage de cette même inscription, qui masque la partie inférieure de lépitaphe de Sedata). 21. Toulouse, Musée des Augustins, inventaire : Ra 558 ; galerie dépigraphie médiévale : n° 47. Bibliographie : ROSCHACH 1865, n° 745, p. 267-268 GUILHERMY 1826/1873, f. 299 r° RACHOU 1912, n° 558, p. 238 RACHOU 1938, [n° 558], p. 562. Cette inscription ne figure pas dans le Corpus des inscriptions de la France médiévale publié par le CNRS (C.I.F.M. 1982), qui sarrête à la fin du treizième siècle (1300). 22. Toulouse, Musée dAntiquités, Grand cloître, Galerie méridionale, 7e division : "(n° 745) n° [blanc]. Pierre carrée ; un trait dencadrement ; lignes entre / deux traits ; une petite main montre le texte : (des Cordeliers) / ista : sepultura : fecert : fieri : magr : bnard9 : Stepha 1303/ ni : notari9 : thol : /. /. /. " GUILHERMY 1826/1873, f. 299 r° (daprès la transcription que Daniel Cazes a eu lamitié de me procurer). Le baron de Guilhermy a visité le Musée à diverses reprises, notamment entre 1835 et 1865, Description de Du Mège en mains, puis en 1865, cette fois-ci avec le Catalogue de Roschach, et encore en 1867 (cf. ibidem, f. 265 r°, 300 r°). 23. "COUVENT DES CORDELIERS. [ ] 745. BERNARD ÉTIENNE 1304. / Inscription gravée sur marbre. / Ista : sepultura : fecerunt : fieri : magr : Bnard. : Stephani notarius : / Thol. : et G : Pet : et : Ramund. : ejs : fratres : pro : se : ipsis : et : / eoru : ordinio : et successoribus : ano : Dni : m : ccc : iiii. / " Maître Bernard Etienne, notaire de Toulouse, et ses frères Guillau- / me Pierre et Raimond ont fait faire la présente sépulture pour eux- / mêmes, pour leur famille et leurs successeurs, lan du Seigneur 1304. " / Donnée par le génie militaire." ROSCHACH 1865, p. 264, 267-268. "COUVENT [DES] CORDELIERS [ ] 558. BERNARD ÉTIENNE (I304). / Inscription gravée sur marbre ; pierre. Haut. 0m27 ; / larg. 0m35. / ISTA SEPVLTVRA FECERVNT FIERI MAGR BNARD STEPHANI NOTARIVS THOL / ET G PET ET RAMVND EIS FRATRES PRO SE IPSIS ET EORV ORDINIO ET / SVCCESSORIBVS ANO DNI MCCCIIII / " Maître Bernard Étienne, notaire de Toulouse, et ses frères / Guillaume Pierre et Raimond ont fait faire la présente sépulture / pour eux-mêmes, pour leur famille et leurs successeurs, lan du / Seigneur I304. " / Donnée par le génie militaire. / (Cat. I865, n° 745.)" RACHOU 1912, p. 231, 238 = RACHOU 1938, p. 557, 562. 24. "M. le baron Desazars [de Montgailhard] dit quil a examiné récemment les travaux de restauration du Musée, et annonce que M. Roschach a commencé à disposer sur les parois du cloître les inscriptions de la riche collection épigraphique toulousaine." B.S.A.M.F., Toulouse, 1ère série, séances du 28 novembre 1882 au 20 mars 1883, p. 14 (6 mars 1883). 25. "TOULOUSE / COUVENT DES CORDELIERS [ ] / 47 Inscription rappelant létablissement par maître / BERNARDVS STEPHANI, notaire de Toulouse, / et par ses frères GVS PET[ ] et RAMVNDVS, / dune sépulture pour eux / et leur famille, en 1307 ou 1308. / Ra 558" (notice de Daniel Cazes et Patrice Cabau). 26. "RUE DU VIEUX-RAISIN. (Aujourdhui rue de Languedoc.) [ ] Toutes les maisons, entre la rue des Régans et la place des Carmes, ont été reconstruites dans les premières années de ce siècle. Sur les emplacements des immeubles actuels, on trouvait : [ ] Au n° 25 (ancien 37), ancien Hôtel de Vèsa, démoli en 1907, dont lélégante porte Renaissance, surmontée dun fronton avec les croissants de Diane, a été réédifié dans la cour de lancienne caserne de la Mission. [ ] vers 1640 Henri de Montagut (ou Montégut), docteur et avocat, capitoul en 1637-38, chef du Consistoire en 1651-52 et 1652-53 [ ] ; vers 1788 Jean-François de Montégut, membre de lAcadémie des sciences et conseiller au Parlement (1751-1771), et son fils, Raymond-André-Philibert de Montégut, conseiller en 1786. [ ] Après la Révolution, lhôtel fut restitué à la famille." CHALANDE 1919, n° 114, p. 231, 234, 235. 27. "Le couvent des Carmes était environné sur trois de ses faces, par la Rue de lArc des Carmes, par celle du Crucifix, que lon nommait aussi la Rue du Provençal, la troisième était celle de Notre-Dame de Mont-Carmel. " ; " La chapelle du Crucifix [ ] tenait au couvent des Grands-Carmes, et a donné son nom à la rue qui sétendait, au levant, vers la rue dAussargues, et à lopposite, du côté de celle de Pharaon. " DU MÈGE 1844, Institutions (I), p. 551 ; 152. 28. "Cest dans la maison placée à langle de la rue du Crucifix, et de celle dite du Vieux-Raisin, quexistait la maison de M. de Montégut, conseiller au parlement et victime de la révolution, ainsi que son fils. Le côté de cette maison, qui fait face à la place dite dOrléans, a été rebâtie [sic] depuis peu de temps. Celle [lire : Celui] qui se trouve dans la rue du Vieux-Raisin, ou de Bertrand [lire : Bernard] Parayré conserve encore sa petite porte, décorée de croissants [ ]." DU MÈGE 1846, p. 552 Cf. DU MÈGE 1844, Institutions (I), p. 134. Le retour de la nouvelle façade nord sur la rue du Vieux-Raisin fut porté à lalignement projeté pour cette voie. Cf. DIEUZAIDE, PRIN 1978, p. 14 (plan de Toulouse par Joseph Vitry oncle, 1848 : angle de la "Place des Carmes" et de la "Rue du Vieux Raisin") ; cliché n° 34 (photographie antérieure à 1907 : vue de langle prise du Nord ; cf. p. 170). 29. Sur ces collections, voir : BAOUR 1788 LAMOUZÈLE 1902, p. 65-66 DESAZARS DE MONTGAILHARD 1903, p. 248-249 SENTOU 1984, p. 376 30. Jean-François de Montégut fut guillotiné à Paris le 20 avril 1794, selon Alexandre Du Mège, Edmond Lamouzèle et Jean Sentou (DU MÈGE 1823, p. 79 Cf. DU MÈGE 1827, p. 200 Cf. DU MÈGE 1844, Institutions (III), p. 394 Cf. DU MÈGE 1858 (I-1), p. LXXX LAMOUZÈLE 1903, p. 65 SENTOU 1984, p. 376) ; selon Jules Chalande, il serait mort au début de 1794, avant son jugement (CHALANDE 1919, p. 235). 31. MESURET 1960, p. 101-102. 32. LAMOUZÈLE 1903, p. 65-66. 33. DU MÈGE 1835, p. 150 DU MÈGE 1858 (I-2), p. 157. 34. Épitaphes de Rodulfus ou Rogodolfus (MONTÉGUT 1788, n° 3, p. 295 HIRSCHFELD 1888, n° 5407, p. 629), de Mart[i]olus (MONTÉGUT 1788, n° 5, p. 295 HIRSCHFELD 1888, n° 5404, p. 629), de [S]abina (MONTÉGUT 1788, n° 9, p. 296 HIRSCHFELD 1888, n° 5391, p. 628), dun primigenius (MONTÉGUT 1788, n° 4, p. 295 HIRSCHFELD 1888, n° 297*, p. 29*), épitaphe précédée dun chrisme (MONTÉGUT 1788, n° 6, p. 295 HIRSCHFELD 1888, n° 5406, p. 629), fragment comportant neuf lignes (MONTÉGUT 1788, n° 8, p. 296 HIRSCHFELD 1888, n° 5409, p. 630). Lépitaphe dEugenius, découverte quelques années avant et publiée de façon fragmentaire (MONTÉGUT 1784, p. 34-35), la été à nouveau, de manière complète (MONTÉGUT 1784, p. [VII] MONTÉGUT 1788, n° 7, p. 296 HIRSCHFELD 1888, n° 5401, p. 629). 35. CASTELLANE 1836, p. 181 = 1838, p. 9, n° 6 ; Ve s., pl. II, n° 6. 36. CASTELLANE 1836, p. 185 = 1838, p. 13. Jean-François de Montégut dit bien que lépitaphe dEugenius "doit avoir été faite dans les derniers temps de lEmpire, à en juger par la forme des caractères" (MONTÉGUT 1784, p. 35), mais il ne donne aucune indication de cet ordre pour celle de Mart[i]olus. 37. "747. Fragment de bas-relief en pierre peinte : translation des restes dun saint. Donné par le génie militaire." ROSCHACH 1865, p. 268. Cette pièce ne paraît plus dans les catalogues de 1912 et 1938. 38. ROSCHACH
M.S.A.M.F., t. LX, p. 273
1865, p. 487. 39. MARTIN 1916, p. 360, 371, 375, 382, 383, 384. 40. MESURET 1968, p. 52, 53 41. DU MÈGE 1846, p. 614 MARTIN 1916, p. 585. 42. "183 bis Inscription placée autrefois au-dessus de la chapelle du saint Sépulcre dans léglise des Cordeliers." DU MÈGE 1813, p. 58. 43. Inscriptions de la fin du treizième siècle ou début du quatorzième commémorant la fondation de chapelles dédiées, lune à saint Jacques, lautre à saint Barthélémy. Toulouse, Musée des Augustins, inventaire : Ra 556-557 ; galerie dépigraphie médiévale : nos 45-46. Bibliographie sélective : DU MÈGE 1818/1819, nos 257, 264, p. 95 DU MEGE 1828, nos 359, 365, p. 114 DU MÈGE 1835, nos 602-603, p. 230 CASTELLANE 1837, p. 211, 212 ; XIIIe siècle, planches VIII (n° 5) et IX (n° 2) = CASTELLANE 1841/1842, p. 135, 136 ; idem DU MÈGE 1846, p. 613 ROSCHACH 1865, nos 741-742, p. 266 GUILHERMY 1826/1873, f. 292 v°, 298 v°, 324 r° RACHOU 1912, nos 556-557, p. 237 RACHOU 1938, p. 562 CARBONELL-LAMOTHE 1966, p. 96 C.I.F.M., 1982, nos 110-111, p. 148-149 ; planche LVIII, fig. 115-116. 44. "Musée archéologique de Toulouse, notice par M. Alexandre du Mège [ ]. 1858. 382 pages in-4°, 1890 numéros. (Manuscrit inédit, déposé aux archives de lhôtel-de-ville.)" ROSCHACH 1865, p. VII, n° 11 RACHOU 1912, p. XVIII, n° 11 ; cf. p. IX RACHOU 1938, p. 558. 45. Voici en quels termes Ernest Roschach, deux ou trois ans après sa nomination comme conservateur des antiquités du Musée de Toulouse, déplorait et expliquait cette méconnaissance : "Malheureusement, [l]es dépôts successifs [ ] ont été enregistrés avec la plus inexcusable négligence, et, faute dindications précises et de descriptions techniques, lidentité des monuments présente quelquefois de véritables problèmes." ; "Cette tâche [la rédaction dun catalogue précis] nous eût été rendue moins pénible si de regrettables négligences, des contradictions nombreuses, et surtout une extrême pénurie de documents, ne nous avaient suscité à chaque pas des obstacles inattendus." ROSCHACH 1865, p. II ; IV.
BIBLIOGRAPHIE : www.societes-savantes-toulouse.fr/samf/memoires/t_60/bul20003#bul03
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Photocopies au musée Saint-Raymond et au musée des Augustins.) 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Le Président remercie Patrice Cabau pour cette
relecture critique qui nous rappelle une nouvelle fois à ce doute terrifiant quil
faut toujours avoir devant les catalogues des XVIIIe et XIXe
siècles. Il dit comprendre le plaisir du bibliophile se retrouvant en présence de
lexemplaire ayant appartenu au marquis de Castellane, dont il rappelle
lactivité de dessinateur, antérieure à son intérêt pour les antiquités, mais
il avoue avoir eu quelques difficultés à suivre le cheminement des deux inscriptions.
Patrice Cabau confirme que la provenance de linscription de Sedata nest pas
remise en cause, mais quen revanche linscription médiévale de B. Stephanus
ne provient pas des Cordeliers.
Henri Molet signale quun B. Stephanus est mentionné en 1293,
dans un rôle de dettes anciennes, pour avoir prêté de largent à la
commune ; il habite le capitoulat de Saint-Rome.
Daniel Cazes dit quil a eu à plusieurs reprises loccasion
dinsister sur la rupture qui a eu lieu entre les dernières années de Du Mège et
la reprise de la conservation du Musée par Roschach. Dans les années 1850-1860, le
Musée de Toulouse est à létat dabandon ; on y constate des vols, des
dégradations, du vandalisme et la Société Archéologique sen plaint plusieurs
fois. Les catalogues sont édités jusquen 1835, puis la Ville en refuse sans cesse
la réédition. On se rappelle le conflit qui opposa Du Mège et le concierge du Musée,
lequel peignait de son propre chef des cartels sur les uvres. À partir de 1862,
Roschach essaie de retrouver les provenances des objets, et il faut bien dire quil
fait ce quil peut. Son catalogue contient de très nombreuses erreurs qui se
retrouvent bien sûr en chaîne dans les publications postérieures.
La parole est alors à Valérie Rousset pour une communication sur Deux maisons médiévales de Saint-Laurent-les-Tours, publiée dans ce volume (t. LX, 2000) de nos Mémoires.
Le Président remercie Valérie Rousset davoir
bien voulu accepter de faire bref, puis il senquiert du sort réservé à ces deux
maisons exceptionnelles mais en ruines. Valérie Rousset indique que la maison
« gothique » fait lobjet dun projet de restauration qui respecte
lédifice. Le bâtiment « roman » et en revanche trop mal conservé et
de plus incomplet puisque manque toute la partie arrière, dont les vestiges, pris sous
les remblais, exigeraient une fouille archéologique. A propos de la maison
« romane », qui lui paraît la plus intéressante, le Président demande si
les trous dencastrement qui apparaissent au niveau de létage ne sont pas des
trous de boulin. Après avoir indiqué quils sont dune dimension supérieure
aux trous de boulin, Valérie Rousset fait remarquer quils se trouvent au même
niveau que le plancher. Une discussion intervient alors entre Valérie Rousset, Olivier
Testard et Maurice Scellès sur la meilleure façon de restituer le plancher et sa
poutraison.
Répondant à Anne-Laure Napoléone, Valérie Rousset précise
quaucune trace de la distribution dorigine ne subsiste dans la maison
« romane », peut-être parce que lescalier se trouvait dans la partie
arrière détruite. Anne-Laure Napoléone ajoute que la fenêtre de Figeac invoquée pour
dater la maison de Saint-Laurent est cependant un peu plus tardive.
Annie Noé-Dufour attire lattention sur les portes de la maison
« gothique » et note que leur contemporanéité serait plutôt en faveur du
début du XVIe siècle, ce dont convient Valérie Rousset.
Répondant au Président, Valérie Rousset précise que la famille
indiquée par lhéraldique apparaît dans les années 1460. François Bordes ayant
demandé si lon disposait de sources historiques, elle signale les études
dEdmond Albe et de Jean Lartigaut, mais elle ajoute quaucun lien ne peut être
établi entre les textes et les bâtiments.
Jean Nayrolles et Henri Pradalier sétonnent de lemploi qui
est fait des catégories du « roman » et du « gothique ».
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Jean Nayrolles rappelle que la question du vocabulaire est importante
et que le recours à cette terminologie a déjà conduit à des impasses. Pour Henri
Pradalier, il est clair que les termes de « roman » et
« gothique » doivent être proscrits dans le cas dédifices de ce type
et il en appelle à une datation par siècle. Le Président note que, dans cette
architecture, seules les formes des baies peuvent éventuellement être qualifiées
stylistiquement. Maurice Scellès admet quil sagit dun emploi abusif des
notions de style, tout en faisant remarquer le caractère pratique de ces appellations
alors que la recherche nest pas assez avancée pour que soient proposées des
datations plus précises. Olivier Testard dit avoir recours à des notions de style alors
même quelles sont en décalage avec les datations connues. Daniel Cazes rappelle
que cette terminologie est une tradition spécifiquement française et que les
périodisations utilisées en Italie (par siècle) ou en Espagne (par exemple
« lart de la Reconquête ») sont mieux fondées.
Henri Molet et Maurice Scellès demandent des précisions sur les
« archères » de la première maison. Valérie Rousset montre quil
sagit plus probablement de fentes déclairage.
SÉANCE DU 11 AVRIL 2000
Présents : MM. Peyrusse, Président, Cazes, Directeur, Ahlsell de
Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire général,
Cabau, Secrétaire-adjoint, Mme Cazes, MM. labbé Baccrabère, Nayrolles, Pradalier,
Roquebert, le Père Montagnes, Mgr Rocacher, membres titulaires, Mmes Fronton-Wessel,
Pujalte, Tollon, MM. Bordes, Burroni, Hamon, Salvan-Guillotin, Testard, membres
correspondants.
Excusés : M. Coppolani, Directeur honoraire, M. Garland.
Le Secrétaire général donne lecture du
procès-verbal de la séance du 4 avril dernier, qui est adopté.
Le Président rend compte de la correspondance manuscrite. En nous
remerciant de lenvoi du dernier volume de nos Mémoires, le maire de
Toulouse, M. Dominique Baudis, nous écrit quil a en particulier prêté une grande
attention à larticle consacré à « Dame Tholose », pour laquelle il
avait déjà demandé en 1998 une expertise et des propositions pour la protéger. Il
saisit cette occasion pour la rappeler à lattention de ladministration
municipale et ne manquera pas de nous tenir informés.
Le Bibliothécaire-archiviste présente le bulletin de souscription pour le volume que les éditions Flohic consacrent au département de la Haute-Garonne. La présentation par canton et par commune du patrimoine des origines jusquaux années 1960 constitue un ensemble documentaire intéressant, en dépit de lacunes regrettables. Répondant à Quitterie Cazes, Louis Latour indique que les notices elles-mêmes ne sont pas signées mais que les auteurs sont mentionnés par canton. Certains membres expriment des réserves sur le contenu et les méthodes employées, illustrant leurs propos de quelques témoignages. Il faut croire que la fièvre patrimoniale qui sest emparée de notre société favorise les grandes « moulineries » de margoulins qui savent en profiter et produisent malgré tout une documentation parfois utile.
Le Directeur présente son rapport sur la candidature de Mme Nicole Andrieu-Hautreux. On procède au vote : Mme Nicole Andrieu-Hautreux est élue membre correspondant de notre Société.
Henri Pradalier informe la Compagnie quil a été sollicité par la Ville de Toulouse pour donner son avis sur des textes succincts destinés à des panneaux signalétiques présentant les monuments et lieux de la ville. Il demande aux membres présents de bien vouloir examiner la liste quil fait circuler et de lui faire part de leurs éventuelles observations. François Bordes, qui a été chargé du dossier et qui est donc lauteur de ces premiers textes, précise que les panneaux seront placés sur les monuments eux-mêmes ou sur le trottoir.
La parole est à Françoise Tollon pour une première communication sur Les fresques de Saint-Sulpice-sur-Lèze : état des lieux :
« Les peintures murales datables du XVe siècle de la seconde chapelle sud de léglise de Saint-Sulpice (Haute-Garonne) se trouvant dans un état de conservation critique, elles ont fait lobjet dune intervention durgence. Les travaux ont été réalisés au cours de lété 1999 sous la maîtrise duvre de la conservation régionale des Monuments Historiques de Midi-Pyrénées. Ils ont permis, outre la consolidation des peintures, de faire un état des lieux en prévision de leur conservation à plus long terme et enfin de redécouvrir une uvre dont la lisibilité était fortement altérée.
La scène de lEnfer a été placée, selon la tradition, sur le mur ouest de la chapelle, tandis que celle du Paradis est peinte sur le mur est. Le mur sud devait à lorigine être peint mais il est aujourdhui
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entièrement recouvert de béton. Les seules peintures encore en place sur ce mur sont celles de lébrasement de la fenêtre, qui représentent la résurrection des morts. Il faut également noter que des peintures sont encore en place sur la voûte et larc de la chapelle mais elles nont pas encore été mises au jour. Les scènes de lEnfer et du Paradis qui ont fait lobjet de cette intervention de conservation ne sont pas complètes puisque la partie basse des murs est et ouest, suite à la disparition des peintures, a été entièrement réenduite.
Pour la représentation de larrivée des âmes dans la Jérusalem Céleste, la ville nouvelle est représentée à droite par un mur fortifié qui comporte deux fenêtres par lesquelles on voit les visages des âmes qui sont déjà entrées. Devant une grande porte se tient saint Pierre, la clef dans la main gauche. Juste au-dessus de la construction, un personnage est entouré dun nuage ondulé ; il semble bénir de la main droite. Il pourrait sagir de la représentation du Christ, mais la couche picturale est très abrasée dans cette zone, notamment au niveau de sa tête. Entre le nuage et la Jérusalem céleste émergent des bustes dâmes avec les mains en prière.
Sur le côté gauche, une multitude dâmes se presse, debout ou à genoux, les mains en prière ; pratiquement toutes ont le visage tourné vers la Ville Céleste. Des anges viennent les chercher en les prenant par la main. Lensemble des âmes est représenté sur un fond noir (identique à celui de la gueule du Léviathan) et leurs corps nus sont encore léchés de flammes rouges : il sagit donc apparemment des âmes qui viennent du purgatoire.
La partie supérieure, très abrasée, évoque le ciel qui passe du blanc au bleu.
Sur le mur ouest la gueule du Léviathan se trouve à droite de la scène, pleine décailles ocres, et qui souvre sur un fond noir baigné de flammes rouge vif. Des diables, dont les coudes ou les genoux sont autant de bouches qui happent les damnés, torturent ou emmènent ceux-ci vers lEnfer. Les seules tortures sont celles de gueules danimaux imaginaires qui mangent les seins des damnés, dont quelques uns sont enchaînés. Un diable, à gauche, en porte de nombreux dans son panier tandis que dautres sont dans une charrette tirée par un animal monstrueux. En haut de la gueule du Léviathan se trouve le diable qui se veut certainement le plus effrayant de tous.La majeure partie des observations sur la technique mise en uvre évoque une peinture à fresque, avec, en premier lieu, le fait que la peinture soit directement posée sur le mortier, sans badigeon intermédiaire. Deux autres éléments concourent à lhypothèse dune technique à fresque :
- sur les deux scènes on voit nettement des pontates (qui avec les giornates sont caractéristiques dune peinture réalisée a fresco). Sil sagissait dune détrempe le mur aurait été enduit en une seule journée, compte tenu de sa faible surface.
- dans la partie basse de lEnfer, côté sud, une zone a été complètement baignée deau, et ce durant un temps relativement long : on peut voir la limite supérieure de cette partie « lessivée ». La couche picturale est altérée mais on voit toujours très bien le dessin préparatoire, les traits noirs du dessin définitif et certaines couleurs. Une peinture à la détrempe naurait pas résisté à un tel traitement.
Si les observations visuelles évoquent très fortement une technique à fresque (avec des reprises « à sec » bien sûr et des procédés « mixtes », par exemple pour les corps qui ont reçu un lait de chaux avant la pose des ombres et lumières ou des traits de visage... ), seule une recherche de liant par analyse pourrait le certifier. Une telle analyse, au demeurant très délicate, est malheureusement compromise par la présence de fixatifs qui ont été passés sur les peintures lors des restaurations précédentes.
Les couleurs utilisées sont des plus « classiques » : ocre rouge, ocre jaune, noir, pures ou mélangées à de la chaux pour les gris et les roses. Une exception, un rouge très vif (vermillon ?), notamment utilisé pour les flammes, qui a terni mais que lon a pu observer en dégageant les restes de badigeon de chaux. Ce rouge est également visible sur les bouches des monstres. Les dessins préparatoires ont été réalisés à locre rouge.
La fresque, technique noble de la peinture murale, a été pratiquée en France jusqu'à la période romane. S'impose ensuite la peinture à la détrempe sur un badigeon de chaux lui-même posé sur un mortier plus ou moins sec mais qui peut être antérieur à la peinture. Si les peintures de Saint-Sulpice sont bien, comme nous le pensons, à fresque, elles peuvent apparaître comme un anachronisme. Peut-être cette technique a-t-elle perduré dans certains ateliers car il arrive que l'on en rencontre dans les périodes tardives, comme celles de l'église d'Estarvielle dans les Pyrénées orientales, datables du milieu du XVIe siècle. Il nous faut pourtant remarquer qu'ici, la réalisation des peintures est, dans son ensemble, fruste et maladroite. Le mortier, très grossier, a été posé de manière malhabile. Le dessin lui-
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même est simple et gauche, malgré la volonté de mise en volume des personnages. On note également quelques repentirs, recouverts de lait de chaux. Ces observations nous incitent à penser que le peintre qui a réalisé cet ensemble nétait pas un « professionnel », un peu comme si quelquun avait pris des livres de recettes et des images et avait tenté de les adapter avec ses méconnaissances techniques.
Les peintures de lEnfer et du Paradis ont subi de nombreuses interventions. Les observations que nous avons pu faire sur lhistoire de ces peintures sont lacunaires dans la mesure où leur dégagement a fait disparaître certains indices. Nous avons cependant pu établir la chronologie qui suit.
Dans un premier temps des lacunes du mortier original et des joints entre les briques ont été réenduits avec un mortier brun. Ensuite, un badigeon de chaux blanc a été passé sur lensemble des peintures. Ce badigeon recouvrait le mortier sur la limite inférieure actuelle des peintures, ce qui signifie que les parties basses étaient déjà, en partie tout au moins, tombées. Ultérieurement, la partie inférieure des murs a été enduite dun mortier brun, très dur, certainement hydraulique. Enfin, lensemble a été recouvert dune couche de plâtre peint en ocre jaune.
Les peintures ont été redécouvertes en 1954. Dans les années suivantes elles ont été restaurées par M. Nicolas Greschny. Nous navons pas de document sur cette intervention, mais les observations visuelles indiquent quelles ont alors été dégagées et dépoussiérées. Les petites lacunes ont été enduites et remises en couleur avec une peinture synthétique, certainement vinylique. Lors de cette intervention, les fissures les plus larges, les plus grosses lacunes ainsi quune bande de 50 cm de haut environ sous la limite inférieure des peintures, ont été enduites avec mortier à base de ciment. Les plus grosses lacunes et les fissures ainsi enduites ont été lobjet de restitutions. Par contre, N. Greschny a été très respectueux, pour lépoque, de la peinture originale car sur lensemble des deux scènes on ne note que de très rares repeints sur la peinture originale. Le peintre a simplement réalisé quelques repiquages. Deux zones ont subi une retouche picturale plus lourde : la partie haute de lEnfer avec le diable central dont le visage et le bras droit ont été partiellement repeints. Mais il faut ajouter que N. Greschny a principalement posé sa retouche sur des badigeons calcités (quil na pas dégagés) et que ses repeints ont suivi des restes doriginal. Une autre zone a été assez largement reprise, sur la scène du Paradis, au niveau du visage du personnage qui représente certainement le Christ. Des zones calcitées en partie haute nont pas été dégagées.
En 1981, M. Pierre Bellin a réalisé une intervention de remise en état et de fixation des peintures. À sa demande, le L.R.M.H. a analysé des prélèvements : les efflorescences salines présentes sur les peintures étaient composées à 77 % de sulfate de calcium. Des tests réalisés avec de lacétone montrent que le voile blanc recouvrant la surface est en partie dû à la présence dun fixatif qui a été posé sur la surface des peintures et qui, en présence dune forte circulation deau, sest altéré. Nous ne pouvons dire cependant si cette fixation correspond à lintervention de M. Greschny ou à celle de M. Bellin.
Enfin certaines parties du support, comme les écailles de la gueule de lenfer, sont jonchées de coups de marteau. Nous ne savons pas si ces dégâts correspondent à une tentative de bûchage du mortier lorsque lon a posé la couche de plâtre ou sil sagit des traces du dégagement de la première restauration.Le support des deux scènes est en très mauvais état de conservation. Lorigine de cette altération est lhumidité. Tout dabord il y a eu de grosses infiltrations deau qui ont altéré les parties hautes. Par ailleurs des remontées capillaires importantes ont dans un premier temps fait chuter les parties basses des mortiers (sur 2,70 m. pour le mur est et 3,10 m. pour le mur ouest) ; les murs de briques, comme nous lavons dit, ont été réenduits à deux reprises, avec un mortier hydraulique pour le premier et un autre à base de ciment dans les années cinquante. La présence de tels matériaux a nui au mortier original encore en place : leau ne pouvant plus sévacuer dans les parties basses remontait jusquà la fresque où elle trouvait un passage pour sévaporer. Les conséquences de cette circulation deau sont les suivantes :
- décollement total du mortier original sur une hauteur de 50 à 80 cm tout le long de la limite inférieure, et poches de décollement dans les parties supérieures ;
- affaiblissement et décohésion du mortier ;
- nombreuses lacunes de mortier dont la plupart ont été bouchées et restaurées par M. N. Greschny ;
- lensemble de la couche picturale est recouvert dun voile blanc plus ou moins prononcé, tandis que des efflorescences salines se trouvent en partie inférieure des peintures.
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SAINT-SULPICE-SUR-LÈZE, PEINTURES MURALES.
Mur est : le Paradis.SAINT-SULPICE-SUR-LÈZE, PEINTURES MURALES.
Mur ouest : l'Enfer.
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Les prélèvements réalisés avec des bandelettes des laboratoires Merck ont montré que sur lensemble de la surface le voile blanc est principalement composé de nitrates tandis que les efflorescences salines des parties inférieures de la peinture sont principalement composées de sulfates. Il sagit très certainement de sulfates de calcium au vu de lhistoire de la chapelle. La présence de sulfates nest confirmée quen partie basse, à lexception dune zone sur le mur est (Paradis), située en partie haute, côté sud, où le mur a subi plus quailleurs les conséquences des infiltrations. On peut dailleurs observer les altérations typiques dues au sulfates, sous forme de petits cratères. La couche picturale est fortement altérée mais au regard de ce quelle a subi, elle a finalement bien résisté, ce qui nous conforte dans lidée quil sagit bel et bien dune fresque.
Le dégagement du badigeon de chaux qui recouvrait les peintures nayant pas été très soigné, la couche picturale était jonchée de restes de ce badigeon blanc, ce qui nuisait fortement à la lisibilité de luvre.
Dans les parties hautes, conséquence des infiltrations, ce badigeon sest calcité. Ces zones nont pratiquement pas été dégagées par M. Greschny. La fragilisation et la décohésion du mortier ont entraîné de multiples lacunes de la couche picturale qui présente une forte pulvérulence sur lensemble de sa surface. Les couleurs pures (noirs, ocres jaunes et rouges) étant les plus pulvérulentes, les couleurs mélangées avec de la chaux (les roses et les gris) étant un peu mieux conservées, bien que fragilisées. Quelque temps après le dégagement des mortiers en partie basse des murs des moisissures sont apparues sur les briques et sur la partie inférieure des peintures.Lintervention qui a été réalisée au cours de lété 1999 a consisté plutôt en une opération durgence. En effet une intervention de fond pour une sauvegarde à long terme des peintures nétait pas envisageable dans les conditions où celles-ci se trouvent actuellement.
La première urgence était de faire tomber tous les mortiers hydrauliques des parties basses (ce qui a été fait par la Mairie de Saint-Sulpice) et de consolider les parties inférieures des mortiers originaux encore en place qui, comme nous lavons vu, étaient décollés sur toute la longueur, sur une hauteur de 50 à 80 cm. Ces consolidations ont été effectuées avec des injections de coulis Torraca (chaux hydraulique, chamotte, Primal AC33), avec pose de cales sous pression pour maintenir les mortiers en place. Des solins ont au préalable été posés tout le long de la limite inférieure des peintures. Certaines zones, qui sonnaient creux mais ne correspondaient pas à de forts décollement de mortier, nont pu être consolidées.
Les zones où la décohésion du mortier conduisait, au-delà de la pulvérulence, à la perte de la surface, ont été consolidées avec du Primal AC33 à 20 % dans de leau. Les trous dinjection qui ont dû être ménagés dans le mortier original et les lacunes les plus profondes ont été mastiqués avec un mortier de chaux grasse et de sable.
Par ailleurs, il était nécessaire de traiter la couche picturale, fragilisée par les conditions hygrométriques auxquelles elle est soumise. Dans les conditions actuelles où se trouvent les peintures, le choix de la méthode était restreint : le refixage de la couche picturale a été fait avec du Paraloïd B72. Pour ce faire, lépiderme de la peinture devait être nettoyé. Les efflorescences salines et le voile blanc ont été éliminés avec des moyens mécaniques, scalpel et pinceaux doux ; les restes de badigeon qui jonchaient la peinture ont été dégagés au scalpel, les zones calcitées nayant pu être traitées dans le cadre de ce chantier ; la couche picturale et de la maçonnerie apparente en partie basse ont été traitées au nitrate déchonazole à 3 % (éthanol et alcool benzilique) ; lensemble de la couche picturale a été refixé avec une couche de Paraloïd B72 à 3,5 % dans du xylène.Comme nous lavons dit, lintervention dont il est question ici est une mesure durgence pour assurer la sauvegarde des peintures. La conservation à plus long terme de ces fresques impose denvisager une intervention plus lourde.
La principale source daltération de ces peintures est lhumidité. Le problème des infiltrations semble avoir été résolu puisque la toiture des chapelles sud a été revue. Le problème des remontées capillaires reste donc à régler, avant quun traitement de conservation efficace puisse être entrepris. Si lon parvient à stopper ou ralentir les remontées deau par le sol de la chapelle, il faudra ensuite attendre quelque temps (cela se compte en années) afin que toute lhumidité contenue dans les murs de la chapelle sévacue et que ceux-ci arrivent à un relatif équilibre avec le climat de léglise. Il faut noter que durant ce laps de temps, le mouvement dhumidité correspondra à un assèchement progressif des maçonneries, ce qui se traduira par la réapparition du voile de nitrates et des amas de sulfates.
M.S.A.M.F., t. LX, p. 279
Une fois le mur en « équilibre » avec le climat de léglise, on pourra alors envisager un traitement définitif pour les peintures. Il sagira alors déliminer les sels encore contenus dans le mortier par des séries de compresses deau déminéralisée, additionnée de carbonate dammonium pour le traitement des sulfates. Après quoi un traitement remédiant à la décohésion du mortier et à la pulvérulence de la couche picturale pourra être effectué, avec, de préférence, des consolidants minéraux.
Françoise TOLLON »
Le Président remercie Françoise Tollon pour cette
présentation accompagnée de très bonnes photographies de ces peintures que lon
voit bien mal sur place. Sil faut admettre le principe dune restauration tous
les vingt ans, pourquoi ne pas procéder à la dépose ? Françoise Tollon précise
que des travaux de drainage et de toiture ont été réalisés par la Mairie et
quune restauration globale est proposée, mais elle ajoute quelle est très
opposée à la pratique de la dépose en raison des altérations que subissent
inévitablement les peintures. Elle rappelle que la dépose nécessite denduire la
surface picturale de colle, qui pénètre dans lenduit, puis de la fixer sur un
nouveau support : les différents produits utilisés vieillissent mal. En outre, leur
conservation nécessite un climat strictement contrôlé quil est souvent plus
difficile dobtenir dans un musée quin situ.
Le Président demande sil faut considérer que les Italiens sont
déraisonnables. Françoise Tollon dit que nous admirons à juste titre nos confrères
italiens, mais que leurs pratiques ont, comme les nôtres, fluctué avec les modes. Elle
ajoute que parmi les restaurateurs, personne nest actuellement favorable à la
dépose.
Le Président remarque que le service des Monuments historiques
na que peu darchives concernant les restaurations des années 1980, ce que
confirme Françoise Tollon en indiquant que des dossiers complets sont désormais exigés
des restaurateurs. Elle souligne combien il est nécessaire de disposer de dossiers
fiables en particulier lorsquil faut avoir recours à des interventions répétées
au fil des années.
Daniel Cazes dit douter de la disparition totale de la technique de la
fresque aux XIIe et XIIIe siècles et
il évoque encore Villeneuve dAvignon, Narbonne et Béziers. Pour Françoise Tollon
seules des analyses techniques précises permettent de trancher, mais elle croit pouvoir
affirmer que les seules fresques connues en France après le XIIe
siècle sont des uvres dues à des artistes étrangers. Daniel Cazes rappelle que
c'était ce que lon disait pour le XIIe siècle
jusquà la découverte des fresques de Saint-Sernin. Olivier Testard rappelle
quune fresque comporte très souvent des compléments réalisés à la détrempe.
Le Président souligne la qualité extraordinaire de la représentation
de lEnfer et regrette que lédifice, inscrit sur la liste supplémentaire des
Monuments historiques, ne soit pas mieux mis en valeur par la commune. Comme il demande si
la peinture a été étudiée, Françoise Tollon dit que rien na été fait depuis
le recensement de Mesuret. Henri Pradalier dit quil est sûr que Michèle Fournié
s'est intéressée à la représentation du Purgatoire.
Françoise Tollon présente ensuite une seconde communication consacrée à la Restauration d'un cadre de l'église de Vielmur (Tarn) : questions autour d'une restauration :
« Dans le chur de léglise de Vielmur-sur-Agout (Tarn) se trouvent trois cadres en bois doré et argenté, datés du milieu du XVIIIe siècle et qui, compte tenu de leur état, sont lobjet dune campagne de conservation-restauration sous la maîtrise duvre de la conservation régionale des Monuments Historiques de Midi-Pyrénées. La première uvre traitée est le tableau représentant saint Benoît, côté sud du chur. La toile a été restaurée par le C.R.P.A. (Gaillac, Tarn) tandis que M. Jean-Michel Parrot (Venès, Tarn) sest occupé du support bois du cadre.
Le cadre na pas de forme angulaire et il est composé de feuilles de vigne, de grappes de raisin, de volutes ; dans la partie haute, deux visages danges émergent de nuages. Lensemble a été doré à la feuille dor à lexception des nuages qui sont recouverts de feuille dargent. De petits miroirs ont été placés dans des oves creusés dans la largeur du cadre. La forme des volumes principaux a été sculptée dans le bois dont lépaisseur varie entre quelques dizaines de centimètres et quelques millimètres.
Lensemble a été recouvert dune préparation très épaisse (1,5 - 2,5 mm) à base de colle de peau de lapin et de carbonate de calcium qui a été modelée de reliefs plus délicats. Lensemble des feuilles métalliques (or et argent) a été posé à leau. Que ce soit pour lor ou pour largent, lutilisation de bols diversement colorés ainsi quun traitement de finition différent (brunissage plus ou moins accentué) permettent de jouer tant sur la couleur que sur la brillance de la feuille. Les parties brillantes ont reçu un bol rouge et ont été bien brunies ; les parties plus mates ont été recouvertes dun bol ocre clair voire blanc, la feuille ayant été peu ou pas brunie.
M.S.A.M.F., t. LX, p. 280
Les différentes observations réalisées au cours dune restauration nous donnent des indices tant sur la fabrication de luvre que sur son histoire. On a pu ainsi noter quelques zones où la feuille dor a été posée directement sur le bois, notamment dans des lacunes de préparation. Nous ne pouvons cependant mettre en doute que la dorure est originale, compte tenu de sa grande qualité dexécution et de lhistoire du cadre. Nous pensons plutôt que ces lacunes ont été faites dans latelier de création du cadre alors quil était enduit de préparation (par exemple lors du maniement du cadre apprêté) et que les doreurs nont pas pris le soin de les boucher lors de la pose des feuilles métalliques.
Nous avons pu faire des analyses des différents composants de la couche picturale du cadre au microscope électronique à balayage. Ces analyses ont bien montré que la préparation originale était à base de carbonate de calcium. Un prélèvement effectué dans une zone dargent mat montre la présence du bol (kaolin ou silicate daluminium) posé sur la préparation. Comme nous navons pu déceler sur ce bol la présence de fer (sous forme de différents oxydes qui donnent aux bols leur couleur), nous avons constaté quil sagit bien dune assiette blanche pour les zones mates. Enfin, nous avons la confirmation de la présence dun vernis passé sur la feuille dargent (une feuille dargent était toujours vernie pour éviter son oxydation) tandis que nous navons rien trouvé de tel sur la feuille dor.
Les miroirs ont été réalisés avec de petites plaques de verre mercurisées. Une couche détain a été posée au préalable sur le verre pour permettre laccrochage du mercure.
Plus tard encore lensemble a été recouvert dune couche de bronzine dont le liant est principalement huileux. Cette intervention a repris lidée originale qui proposait une variante sur la couleur et la brillance des feuilles métalliques. On trouve donc sur la feuille dor lalternance dune bronzine jaune et dune autre orange tandis que les nuages ont été entièrement recouverts de la bronzine orange. Cette bronzine a été passée directement sur la dorure tandis que pour les nuages (feuille dargent), un apprêt a été posé au préalable. Cette préparation intermédiaire était à base de sulfate de calcium.
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La bronzine est une « mixture » à base de métaux et de résine ou dhuile destinée à imiter les feuilles métalliques. Les traités anciens donnent des recettes précises pour sa fabrication. Les éléments de base de cette bronzine sont le cuivre, le zinc et le fer (ce dernier en proportion infime). Seul le « bronze blanc », qui imite la feuille dargent, comporte de létain (96,46 %). Des alliages de ces métaux étaient ainsi fabriqués (différentes couleurs étant obtenues en fonction des proportions) puis réduits en poudre et enfin imprégnés dun liant.
Les analyses réalisées par le M.E.B. montrent que la bronzine jaune passée sur le cadre contient les trois éléments de base (cuivre, fer, zinc). La bronzine orange est principalement composée de cuivre et de zinc, alors que le fer, lorsquil apparaît, nest quà létat de trace, ce qui correspond aux recettes pour une bronzine orange. Une question persiste cependant : nous avons vu que normalement les métaux sont dabord fondus ensemble pour constituer un alliage qui est alors réduit en poudre. Or dans les différents échantillons analysés, on retrouve toujours la présence de cuivre mais le zinc est parfois absent. Selon les proportions de zinc et de cuivre laltération de lalliage est différente. Il semble quici laltération de cette bronzine est une corrosion par désincification du laiton initial, ce qui explique labsence occasionnelle du zinc.
La bronzine, du fait même de sa composition, sest oxydée, ce qui a provoqué un obscurcissement général, très nettement accentué dans la partie basse où la bronzine a été altérée sous leffet de la chaleur ; dans certaines zones localisées, le bois est brûlé en profondeur (jusquà 15 mm de profondeur environ). Ceci signifie que des bougies ont été placées suffisamment près de la partie basse du cadre pour engendrer de tels dégâts.Les feuilles métalliques sont bien conservées en pourcentage de surface : elles couvrent encore lensemble du cadre (hormis bien sûr au niveau des lacunes de préparation). Elles présentent par contre de nombreuses usures ainsi que des micro lacunes, notamment dans les parties mates qui ont été peu brunies. Ces mini-cratères peuvent être le résultat dun nettoyage à leau et à lalcali, méthode fréquemment utilisée par les doreurs. Dans lensemble, les feuilles métalliques sont très fragilisées. La couche de peinture à la détrempe qui les recouvrait était dans certaines zones amalgamée à de la crasse.
La majeure partie des altérations de la préparation sont dues à la conjonction de deux éléments : le mode de fabrication du cadre et les variations climatiques quil a subies. La préparation présente un large réseau de fissures et de nombreux soulèvements, notamment dans les parties où lépaisseur du bois est faible (le support est alors encore plus sensible aux variations hygrométriques). La préparation est par conséquent assez lacunaire, notamment dans les parties droite et inférieure.
Les relevés permettent dobserver que dans lensemble la majeure partie des lacunes sest faite récemment, cest-à-dire après le passage de la bronzine. Les raisons de cette altération « récente » peuvent être diverses : tout dabord et très logiquement, plus une uvre vieillit plus les altérations saggravent. Par ailleurs, daprès nos observations, nous savons quau moment où la bronzine a été passée, les soulèvements de préparation nont pas été lobjet de refixage et quil ont donc fini par chuter. Mais aussi le liant de la bronzine, lors de son « séchage », a pu exercer un fort pouvoir tirant sur la préparation et provoquer des soulèvements de lapprêt qui ont eux aussi fini par générer des lacunes.
Les nuages ont été fixés au reste du support par de gros clous en fer. En rouillant, ces clous ont augmenté de volume, provoquant ainsi le soulèvement puis la chute de la préparation qui les recouvrait.Avant même dentreprendre les travaux de conservation-restauration du cadre, nous avons dû définir une ligne de conduite, un choix dintervention, dont les arguments étaient tout à la fois historiques, esthétiques et financiers. Deux possibilités se présentaient à nous : soit on prenait le parti de conserver la bronzine, soit on décidait de dégager la couche de bronzine et celle de peinture à la détrempe pour retrouver les feuilles métalliques originales, et donc de se rapprocher de luvre telle quelle a été conçue. Il faut toutefois noter que cette seconde option, plus satisfaisante tant au niveau esthétique quau niveau historique, était deux fois plus onéreuse ; sans compter que la décision prise pour ce cadre devait être suivie pour son pendant (côté nord du chur) ainsi que pour le cadre central. À la suite dune réunion avec la mairie et le conservateur du patrimoine chargé du dossier, nous avons fait le choix de remettre au jour les feuilles dor et dargent.
Avant la dépose du cadre pour son acheminement en atelier, de petits facings ont été posés partout
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où les soulèvements de la préparation menaçaient de chuter. Ces facings sont constitués de non tissé de polyester (papier japon) mis en place avec du paraloïd B72 à 20 % dans lacétone.
Pour la conservation-restauration de la couche picturale, le cadre a tout dabord été dépoussiéré avec des pinceaux doux. Les soulèvements de préparation ont été refixés avec un PVA (acétate de polyvinyle) à 10 % dans de leau et mise sous pression des parties refixées pour permettre un bon collage. La bronzine a été dégagée avec un fort solvant de lhuile, du dyméthylformamide. La couche de peinture jaune à la détrempe a été éliminée à la salive : cette peinture navait que leau comme solvant. La dorure originale ne pouvant supporter un nettoyage à leau, nous avons dû, après bien des essais, nous résoudre à lutilisation de la salive pour le dégagement de cette couche. Pour les nuages, nous navons pas pu enlever complètement la peinture grise ou noire, les feuilles dargent étant trop fragiles. Nous lavons donc simplement « allégée ».
Les clous, que lon ne pouvait raisonnablement supprimer, ont été traités avec un anti-rouille. Les feuilles métalliques nettoyées ont reçu une couche de protection avec un Paraloïd B72 dilué à 5 % dans du xylène.
Les lacunes de préparation, où le bois est apparent, ont été décrassées à léthanol puis ont été réenduites dune préparation (colle de peau de lapin et blanc de Meudon) qui a ensuite été modelée.
Pour la retouche des lacunes ainsi préparées, nous avons dû à nouveau choisir entre deux options. À lheure actuelle, la déontologie, pour ce qui est des interventions de restauration à proprement parler, est la suivante : toute partie retouchée doit être facilement repérable de près tandis quà une certaine distance, lintervention doit passer inaperçue. En peinture murale, en sculpture, en peinture de chevalet parfois, on utilise la technique de la retouche à tratteggio, qui est réalisée avec des petits traits colorés. Concernant les uvres en bois dorés, ce type de retouche a été largement adopté dans les musées, notamment pour les uvres gothiques. La tendance actuelle est cependant, pour lensemble des uvres sculptées et polychromées (au sein des musées), de ne faire pratiquement aucune retouche colorée.
Pour les uvres classées « Monument Historique », qui englobent notamment les retables, il est vrai que la tendance est plutôt de redorer toutes les parties lacunaires et de les patiner pour quelles se fondent totalement dans luvre originale. Tant et si bien quà terme, après plusieurs interventions (une uvre étant régulièrement restaurée) il y a peu de chances, lorsque le travail est bien fait, de distinguer la part originale de la restauration. Nous avons choisi, pour le cadre exceptionnel de Vielmur, une solution que lon peut qualifier dintermédiaire.
Les lacunes de préparation mastiquées ont été retouchées à tratteggio avec de laquarelle. Ces retouches ont été recouvertes dune couche de paraloïd B 72 à 3 % ou à 8 % dans de lacétone en fonction de la brillance à obtenir. La volute et les grappes de raisins restituées en bois par M. Jean-Michel Parrot ont été traitées à la feuille dor sur bol (rouge et ocre) puis patinées à laquarelle. Nous avons ainsi pu lui rendre son esthétique tout en permettant, en sapprochant, de distinguer luvre originale des reprises dues à la restauration.Françoise TOLLON »
Le Président remercie Françoise Tollon de nous
avoir proposé ce très bel exemple de restauration qui lui paraît dune
sophistication extrême. Ce cadre est en effet fabuleux et lon peux se demander
sil ne fallait pas remettre également les miroirs qui lenrichissaient.
Françoise Tollon précise que lon en conserve quelques restes, et quil
sagit dun verre très fin qui ne se fabrique plus. Gabriel Burroni rappelle
quune loi de 1848 a interdit la fabrication des miroirs au mercure parce
quelle était trop dangereuse. Françoise Tollon ayant indiqué quil aurait
été trop cher de faire refaire les miroirs, Henri Pradalier se demande si Saint-Gobain
naurait pu apporter son concours en plaçant son mécénat dans le cadre de la
redécouverte dun vieux métier.
François Bordes demande si lon dispose dun bail à
besogne. Françoise Tollon répond que lon ne connaît aucun autre document
quun bout de papier journal daté de 1765, retrouvé sous un miroir. Jean Nayrolles
sétant interrogé sur la qualité du tableau, le Président note que lon a
des exemples au XVIIIe siècle de cadres coûtant cinq fois plus
cher que le tableau.
Guy Ahlsell de Toulza demande si la restauration de ce cadre magnifique
sinscrit dans un programme portant sur lensemble de labbaye et il
rappelle le triste état dans lequel se trouvaient la frise de blasons lors de la visite
quil y avait faite avec Dominique Watin-Grandchamp. Françoise Tollon dit
quelle ne peut répondre, mais quelle sait néanmoins que le collège quitte
les lieux, lédifice étant repris par la Mairie.
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Le Secrétaire général présente au nom de notre confrère Gilles Séraphin une découverte de peintures sur le tympan du portail gothique de la cathédrale de Cahors. Une observation attentive permet en effet de distinguer sur les côtés du tympan, où ils ont été protégés par la profondeur de la voussure, deux personnages très effacés mais dont il est néanmoins possible de définir les principaux traits. Tous les deux sont représentés barbus, nimbés et debout. Celui de gauche tient une sorte de luth dont il gratte les cordes de la main droite. Linstrument du personnage de droite nest pas identifiable, mais la position du doigt ne permet guère de douter quil joue également dun instrument à cordes. Un pied nu du personnage de gauche est nettement visible et lon distingue par endroits des restes des drapés des vêtements.
Maurice Scellès ajoute que Françoise Tollon lui a confirmé quun relevé permettrait sans aucun doute de préciser le dessin de ces deux personnages ainsi que les couleurs utilisées.
François Bordes évoque la thèse sur Le peintre Antoine Rivalz (1667-1735) que Valérie de Pous a tout récemment soutenue à lÉcole des Chartes, devant un jury auquel participait Alain Mérot. Il précise que lauteur a découvert un mois avant la soutenance des documents très prometteurs conservés à Rome. Le Président dit espérer
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que ce soit là loccasion dune exposition qui pourrait être présentée au Musée des Augustins. Un membre ajoute que le jury sest fait lécho des difficultés que létudiante aurait rencontrées auprès de certains milieux toulousains.
Louis Latour attire lattention de la Compagnie sur un récent article paru dans La Dépêche du Midi où, sous le prétexte de rendre compte dun ouvrage, lauteur publie sur une double page une carte et une liste des sites archéologiques du Midi de la France pouvant intéresser les chercheurs de trésors, et les profits qui peuvent en être escomptés. Malgré un avertissement mou sur le caractère illégal des prospections archéologiques sauvages, larticle est à lévidence une incitation à la chasse au trésor et au pillage des sites. L'auteur oublie de citer la loi du 18 décembre 1989 qui stipule que « nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d'objets métalliques, à l'effet de recherches de monuments et d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative », le contrevenant étant passible du Tribunal de Grande Instance ; et il se garde bien de rappeler qu'un objet archéologique séparé de son contexte perd la plus grande partie de son intérêt scientifique. La Compagnie se déclare scandalisée que La Dépêche du Midi se prête ainsi à un jeu qui ne peut que conduire à la dégradation des sites archéologiques et elle espère que le Ministère de la Culture se manifestera auprès de la rédaction du journal.
SÉANCE DU 2 MAI 2000
Présents : MM. Peyrusse, Président, Cazes, Directeur, Coppolani,
Directeur honoraire, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Mme Cazes, Napoléone, MM.
labbé Baccrabère, Blaquière, Gérard, Gilles, Hermet, Nayrolles, Pradalier, Prin,
Roquebert, Tollon, Mgr Rocacher, membres titulaires, M. Costa, membre libre, Mmes Andrieu,
Blanc-Rouquette, Pujalte, MM. Bordes, Burroni, Gillis, Testard, membres correspondants.
Excusé : M. Garland.
Le Président souhaite la bienvenue à Mme Nicole
Andrieu, nouvellement élue membre correspondant et qui prend séance ce soir, et à M.
Georges Costa, qui nous fait lamitié de venir tout spécialement à Toulouse pour
cette séance.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance
du 11 avril dernier qui est adopté après quelques corrections. À propos de
larticle de La Dépêche du Midi, Louis Latour indique quil a, en son
nom propre, adressé un courrier à ce sujet au Service régional de larchéologie,
lequel a transmis linformation à la Sous-direction de larchéologie en
demandant que le Ministère exerce le droit de réponse qui simpose. Il ajoute que
quelques jours après la parution de larticle, un « détectoriste »
sest présenté sur le site de Saint-Martin de Luffiac.
Le Président présente la correspondance manuscrite
qui comprend en particulier un courrier du Maire de Toulouse accompagnant le schéma
directeur de la ville.
Par ailleurs, notre bibliothèque senrichit de deux
ouvrages : LAubrac, Éditions du Beffroi, 1996, 48 p. (coll. Tourisme
et culture en Aveyron et en Lozère) ; Toulouse, sur les chemins de
Saint-Jacques. De saint Saturnin au Tour des Corps Saints, Genève-Milan : Skira,
1999, 287 p. Le Président souligne la belle qualité éditoriale de ce dernier ouvrage,
qui contraste avec labsence de cohérence que montre le choix des uvres
présentées dans lexposition à laquelle il sert de catalogue.
La parole est à Pierre Gérard pour une communication consacrée à des Variations sur un solier :
« On se souvient des observations faites, lors de ma communication du 16 décembre 1997, à propos du vocabulaire de lhabitation et de la fortification dans le Cartulaire de Saint-Sernin . Plusieurs questions visaient lacte de fondation du castelnau de Grisolles (1155-1156), spécialement le terme " solarium / solerium " employé à deux reprises dans le texte (1).
Que faut-il au juste entendre par " solarium " ?
La meilleure façon daborder cette question est de déchiffrer lune des plus anciennes inscriptions de la Gaule romaine conservée au Musée Saint-Raymond de Toulouse. Cette épigraphe, qui peut être datée de 47 avant notre ère, nous rappelle la construction, par un groupe dhommes libres et desclaves, dun ensemble cultuel dont les éléments sont énumérés : " [A]EDEM, BASIM ET SOLARI[UM] " Si laccord des traducteurs se fait sur le temple (AEDES) et sur le socle (BASIS) destiné peut-être à une statue ou à une inscription, les avis divergent sur le sens à donner au SOLARIUM. Les uns y voient une " horloge solaire " dont le socle aurait été le support. Les autres pensent au contraire
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à un " espace ouvert " devant le temple pour les cérémonies, rappelant que cette définition est attestée à Rome, en Italie, en Cisalpine, en Afrique proconsulaire et en Espagne (2).
Nous sommes là dans le domaine du latin classique, qui nous propose deux substantifs " solarium ".
1.- Le premier " solarium " est un dérivé de " sol ", le soleil, astre du jour, source de lumière et de chaleur, divinisé en la personne de Phoibos-Apollon. Ce mot désigne en premier lieu un " cadran solaire " (solarium horologium). On le trouve chez Varron (116-27 avant J.-C.), dans le De lingua latina [5,2,52], et chez Plaute (v. 254-184 avant J.-C.) daprès ce que nous apprennent les Noctes Atticae [3,3,35] dAulu Gelle (né vers 130). On le retrouve dans le Pro Quinctio [53] prononcé en 81 avant J.C. par Cicéron, qui évoque ainsi le cadran solaire du Forum romain.
Le " solarium " est aussi un " endroit exposé au soleil " : terre-plein, plate-forme, terrasse, balcon. On le rencontre avec ce sens chez Plaute, dans le Miles gloriosus [340, 378], ainsi que chez Suétone [v. 75-v. 160], dans les Vies des Douze Césars : Néron [16] et Claude [10].
2.- Le second " solarium " tire son origine de " solum " qui désigne tout ce qui est plat, que ce soit le fond de la mer ou dun fossé, ou encore un pavement (marmoreum solum), et par conséquent une assise, un fondement, le sol dun terrain (solum terrae). De là vient le nom de " solarium " donné à un impôt foncier dans le Digeste publié en 533 sous le règne de Justinien [30,1,39] et sans les Variae de Cassiodore au début du VIe siècle [5,30,6].
Daprès le F.E.W. (3), le premier des substantifs " solarium " aurait été formé à partir de ladjectif " solarius " (= solaire, exposé au soleil), avec les deux sens qui sont les siens depuis Plaute. Toutefois, par suite dune collision homonymique, ce mot a été pris pour un dérivé de " solum " (= sol, surface plane, aire) et a ainsi acquis une nouvelle signification, celle de " niveau ", de " plan horizontal ". Ce télescopage ne fait aucun doute quand nous constatons que lancien français et même lancien occitan " solier ", tous deux issus du premier " solarium ", désignent un " niveau " ou " étage " dans une maison.
Déjà, dans son lexique de la latinité, A. Forcellini (4) affirmait que le vocable " solarium " sétait dabord appliqué à un endroit inondé de soleil au sommet de la maison, telle une terrasse dallée faite pour se chauffer aux rayons de lastre du jour. Puis, lorsque sétait répandue la mode des toits couverts de tuiles, ce nom avait fini par désigner létage supérieur se développant sous la toiture. Mais le latin médiéval avait pour ainsi dire ignoré le sens originel de " toiture en terrasse " pour ne retenir que celui de " niveau de la maison situé sous le toit ". Le glossaire de Du Cange est à cet égard instructif, donnant la définition suivante : " domus contignatio vel cubiculum majus ac superius [tabulatum] " (5), cest-à-dire " étage supérieur ou vaste chambre haute de la maison [avec un plancher] ". Pour sa part, le lexique de Niermeyer propose le sens d" étage, chambre haute, grenier ", tout en ayant soin de rappeler que le latin classique donnait celui de " terrasse " (6).
Il sagit maintenant de nous reconnaître parmi les différentes définitions du substantif " solarium ", afin de pouvoir en donner lidée la plus juste à ceux qui auront en main des textes le mentionnant en toutes lettres. Que soient ici remerciés ceux de nos collègues Henri Gilles, Michel Roquebert, Bruno Tollon, Daniel Cazes, Maurice Scellès et Patrice Cabau dont les interventions ont été précieuses pour la suite de mon exposé.Comment ne pas commencer par le niveau ou étage supérieur, la chambre haute, lespace sous le toit ? Les exemples ne manquent pas. Le F.E.W. nous apprend (7) que le vocable " solarium " sest répandu dès avant 400 dans lespace germanique. Cette diffusion justifie lexistence de lancien bas-francique " solre " désignant la chambre haute sous le toit. De lépoque franque également nous avons une charte du roi Gontran, datée de 577, qui évoque un " solarium cum caminata " (8). Plus tardifs, les actes du concile de Metz de 888 condamnent (art. 8) la déplorable habitude prise par certains prêtres de célébrer la messe " in locis non consecratis, id est in solariis sive in cubiculis, propter infirmos vel longius iter ". Au XIIIe siècle encore, le Dialogus miraculorum de Christian dHeisterbach, publié entre 1219 et 1222, évoque une scène aperçue par un clerc : " de fenestra solarii ". Cest aussi le cas de la Chronica majora de Matthieu de Paris (mort en 1259/60), qui évoque un personnage " dormiens in solario quod ecclesiae et cmeterio imminebat ", ce denier exemple permettant de deviner la situation éminente du local en question.
Certains exemples suggèrent que " solarium " peut aussi désigner le " plafond " ou face inférieure du plancher séparant deux étages superposés, par opposition à la face supérieure dite " soculus ". Ainsi, dans le registre 41 du Trésor des Chartes, il est question de la maison des enfants de Salomon de Melgueil " in quibus sunt tres soculi et tres solarii " (charte n° 88 datée de 1309). De son côté, le registre
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44 mentionne un hôtel " in quo sunt septem stagia inter soculos et solerios " (charte n° 123 datée de 1308). Le sens de " plafond " est exprimé également en italien par le vocable " solaio ", comme nous pouvons le constater dans le Paradis de Dante (chant X, 130) où nous lisons : " Come per sostentar solaio o tetto, per mensola talvolta una figura si vede giunger la ginocchia in petto / Comme pour soutenir un plafond ou un toit, à la place dune console se voit quelquefois une figure joindre les genoux à la poitrine " Du plancher séparant deux étages à chaque étage pris séparément la différence sest atténuée progressivement au point quune charte de Saint-Victor de Marseille, datée de 1455, parle dune maison " de uno solario et medio " couverte de tuiles. Dans tous les cas que nous venons de citer, le substantif " solarium " est un dérivé de " solum " (= sol, fondement, base) qui a fini par être confondu avec le dérivé de " sol " (= soleil).
Le soleil est évidemment de la partie lorsquil sagit dun grenier ou dun fenil exposé à ses rayons, soit au-dessus de lhabitation ou des étables, soit dans un bâtiment spécial. Dans une charte du Cartulaire de Béziers datée de 1043 (n° 84 de lédition de J.-B. Rouquette), nous nous trouvons en présence dun manse " cum solario et cum ipsas mansiones ab ipsa curte et cum ipso orto que ad ipsum mansum pertinet " : il sagit dun ensemble comprenant vraisemblablement un grenier et des bâtiments dhabitation distribués autour dune cour, ainsi quun jardin. Cest dun autre grenier quil est question dans un acte du tribunal épiscopal dElne des environs de lan 1000 rappelant un don fait par le chanoine Auriol à ses confrères de la cathédrale (n° 158 du tome V de lHistoire générale de Languedoc, édition Privat) : " constituit alodem suum id est solario cum curte et clauso, et cum ipsa fexa de terra qui ibidem est ". Parfois, le " solarium " est assimilé à un cellier, comme il est dit dans les Gesta Aldrici episcopi Cenomanensis (édités par Baluze, Miscellanea, t. 8, p. 7) : " eisque suam domum, in qua manerent, et solarios sive cellaria et alia aedificia, quae as suum opus habebat, tradidit ".
Des précisions nous sont données par le registre dinquisition de Jacques Fournier (9). À Montaillou, village ariégeois, le " solarium " se développait au dessus du rez-de-chaussée (sotulum) réservé à lhabitation. On y accédait par un escalier (per scalare) dont la porte (hostium) donnait sur la cour (versus curtim), près du colombier (columbarium), ou souvrait dans le cellier (cellarium). Létage était occupé par une grande salle (aula solarii) éclairée au moins par une fenêtre (fenestra) et possédant un endroit pour faire du feu (ignis). On y conservait des victuailles comme des miches de pain (placentas) ou des ustensiles tel un pot détain (potum de stagno). Quoi quil en soit, le " solarium " semble avoir joué un rôle important durant la période cathare, servant aussi bien de salle pour les réunions que de cachette pour les fugitifs (10).
Le niveau supérieur peut faire saillie sur la rue. Dans ce cas, le vocable " solarium " désigne un balcon, une galerie ouverte, un lieu où lon jouit du soleil. Le sens de " balcon en encorbellement au-dessus du portail, adossé à la grande salle en pierre du premier étage " se dégage de larticle 157 des coutumes de Toulouse rédigées en 1286, où nous pouvons lire : " quod usus et consuetudo est Tholose quod, si aliquis juxta aulam lapideam ex parte carrerie solarium de novo edificare seu construere voluerit in quo solarium ante non erat, trabes cujus solarii exirent supra carreriam ultra unum palmum (224 mm), quod trabes illius solarii de novo edificati vel edificaturi non debent exire de portale nisi unum palmum " (11). Il sagit dune construction reposant sur des poutres dont lavancée sur la rue est strictement réglementée.
Du bâtiment passons au terrain à bâtir dénommé " solar " dans le Diccionario ideológico de la lengua española de Julio Casares (p. 778). Dans une charte du roi aragonais Sancho Ramirez, datée de 1090, il est question dun don portant sur " unum solarem, ut ipsi se adoptaverint, in quo possint facere bonas casas ad habitandum " (12). Par assimilation à " solar ", le substantif " solarium " a fini par prendre le sens de " terrain susceptible de servir dassise à un édifice nommé solarium ". Cest avec ce sens quil faut entendre le " solarium Rogerii Nigri quod est juxta domum Aldra " cité dans une charte de Guilhem V de Montpellier, datée de 1108. La même définition est à donner au " solarium Arnaldi de Scans " mentionné dans un dénombrement daoût 1156 (Cartulaire de Saint-Sernin, éd. de P. et T. Gérard, n° 500). Mais lexemple le plus éloquent est celui qui nous est donné par lacte de fondation du castelnau de Grisolles en 1155-1156. La partie principale de lenceinte habitée est répartie en trois terrains à bâtir réservés en propre aux pariers chargés dassurer la sécurité. Lun de ces terrains est un " solerium " appartenant à labbé de Saint-Sernin de Toulouse, " in quo fuerat solarium suum vetus ". Une distinction est faite entre la parcelle de terre (" solerium " dérivé de " solum ") et le bâtiment qui sy trouve (" solarium " dérivé de " sol "). Rien ne souligne mieux lintérêt de ce document (Cartulaire de Saint-Sernin, éd. de P. et T. Gérard, n° 106).
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Un autre sens est à étudier : celui de surface plane, horizontale, plus ou moins surélevée, telle quune tribune, une estrade ou une plate-forme. Ainsi, dans léglise Santa Chiara de Rimini, il y avait " quodam solarium pro choro, in quo more sanctimonialium horas diurnas et nocturnas dicerent ac missas ac alia divina officia, quae in ecclesia decantarentur, audirent " (13). Le solarium dont il est ici question ne peut être quune estrade dressée pour servir de chur aux moniales durant les offices.
Une dernière signification est suggérée par linventaire manuscrit du trésor du Siège apostolique rédigé en 1295 : " unam cassam argenti factam ad modum arche cum diversis imaginibus animalium et avium elevatis, et habet fundum seu solarium in medio, et de subtus in solario sunt tres cassete parve de argento, que extrahuntur de ipsa per partem anteriotrem cum tribus annulis " Le reliquaire dargent en forme darche mentionné dans linventaire comporte, sous le portique cintré, un espace surélevé compartimenté (solarium) où sont logés trois coffrets contenant les reliques. Le solarium du reliquaire est ainsi comparé à létage supérieur dune maison divisée en diverses pièces.La courte intervention que je viens de faire na pas dautre but que dappeler lattention sur le délicat problème posé par linterprétation des termes techniques se trouvant dans les documents que nous avons à étudier. Un simple vocable comme solarium peut avoir un sens variant selon le contexte où il est employé. Tout nous recommande la prudence en ce domaine. Nous pouvons néanmoins avoir recours à des ouvrages spécialisés, tel celui de V. Gay qui fait autorité : Glossaire archéologique du moyen-âge et de la renaissance, 2 vol. (Paris, 1882 et 1928).
Pierre GÉRARD »
1. Cartulaire de Saint-Sernin de Toulouse publié par Pierre et Thérèse GÉRARD, Toulouse, Amis des Archives de la Haute-Garonne, 1999, t. II, vol. 1, p. 663-667.
2. Voir Palladia Tolosa. Toulouse romaine, catalogue de lexposition organisée au Musée Saint-Raymond de Toulouse de novembre 1988 à mars 1989, Toulouse, décembre 1988, n° 5, p. 15, n. 3. Voir aussi Michel LABROUSSE, Toulouse antique , Paris, E. De Boccard, 1968, p. 211 et n. 713.
3. Walter von WARTBURG, Französisches Etymologisches Wôrterbuch..., t. 12 (Bâle, Zbinden Druck und Verlag A.G., 1966), p. 38.
4. Totius Latinitatis Lexicon opera et studio A. FORCELLINI lucubratum, Prati, éd. De Vit, 1856-1875).
5. Du CANGE, Glossarium mediae et infimae latinitatis , t. VII (Niort, L. Favre, 1886), p. 511.
6. J. F. NIERMEYER, Mediae latinitatis lexicon minus , Leiden-New York-Köln, E. J. Brill, 1993, p. 976.
7. Walter von WARTBURG, op. cit., p. 38.
8. Gallia christiana,t. IV, Instrumenta, col. 222.
9. Le Registre dInquisition de Jacques FOURNIER, évêque de Pamiers (1318-1325), ms n° 4030 de la Bibliothèque vaticane, édité par Jean DUVERNOY, Toulouse, 1965, 3 vol., avec les Corrections publiées en 1972.
10. Idem, p. 321, 494, 928, 934, 1085, 1132, 1133.
11. Henri GILLES, Les coutumes de Toulouse (1286) et leur premier commentaire (1296), Toulouse, Académie de Législation, 1969, titre De edificiis et bastimentis, art. 157, p. 148.
12. Citée dans lHistoria Pinnatensis, livre 3, chap. 9.
13. Voir Mgr V. GARAMPINELLE, Memoriales ecclesiastices della Beata Chiara da Rimimi (daprès une bulle de Grégoire XI).
Le Président remercie Pierre Gérard davoir
su nous présenter avec autant de limpidité les différentes acceptions du mot solarium.
Henri Gilles confirme que le terme est un vrai casse-tête quand on le
rencontre dans les coutumes méridionales, quil a beaucoup fréquentées, et
quil est toujours difficile à interpréter. Le même texte peut dailleurs
employer le mot solarium avec deux ou trois sens différents. Dans le cas des
coutumes de Toulouse le sens du texte situe bien le solarium en hauteur, sans que
lon puisse savoir cependant sil sagit de galeries ou détages
supérieurs. Michel Roquebert évoque à son tour les maisons de Montaillou où, avec une
quarantaine de mentions, le solarium est aussi bien un niveau dans lequel on rentre
directement par la porte ou auquel on accède par un escalier ; ce sont ici des
pièces dhabitation où lon mange et où lon dort et qui sont munies de
fenêtres. Maurice Scellès note que les mêmes sens multiples se rencontrent en Italie
comme le montre lexcellent glossaire établi par Amedeo Benati pour Bologne (I
portici di Bologna e ledilizia civile medievale, Bologne : Grafis Edizioni,
1990, p. 334-338).
Daniel Cazes rappelle que dans un contexte monastique, le mot a
fréquemment le sens dinfirmerie ou de galerie. Maurice Prin rappelle que Bernard
Guy mentionne, à propos du couvent des Jacobins de Toulouse, une galerie couverte
au-dessus de laquelle se trouve un solarium où se rendent les scribes pour
travailler.
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Louis Latour fait état dun belle maison à
colombage de Saint-Sulpice-sur-Lèze, qui possède un local contigu, dépourvu de hourdis,
que les gens du pays appellent « le solarium ». On ne sait cependant si
lappellation est ancienne.
Michel Roquebert se demande si les patronymes tels que Solar ou Soulier
ne pourraient dériver de solarium avec le sens de « ceux qui habitent
au-dessus », tandis que les Soutous pourraient correspondre à ceux qui sont
« au-dessous ».
Georges Costa présente une communication sur Luvre de Pierre Souffron au Pont Neuf à Toulouse, publiée dans ce volume (t. LX, 2000) de nos Mémoires.
Le Président remercie Georges Costa pour cette
évocation très vivante dun chantier dont les aléas ont peu à envier à nos
pratiques contemporaines. Jean Coppolani félicite Georges Costa de toutes les précisions
quil apporte à létude déjà ancienne de René Lotte, en faisant en outre
apparaître que Souffron intervient en fait très longtemps dans la construction du Pont
Neuf. Comme il souligne la nouveauté que représentait un pont sans maisons, Georges
Costa dit que Souffron a peut-être été influencé par le parti retenu pour le Pont Neuf
à Paris.
Louis Latour note que ladjudication remportée par Souffron
devait sans doute prévoir que les dégâts occasionnés par les crues éventuelles
seraient à la charge du soumissionnaire. Georges Costa le confirme en ajoutant quil
a cependant constaté que la commission avait toujours manifesté de la compréhension
devant les difficultés rencontrées par les entrepreneurs. Souffron a dailleurs
été obligé à contracter des emprunts considérables et na finalement reçu le
solde des sommes dues quen 1630. Louis Latour demande si les États du Languedoc ne
sétaient pas mis en tort en neffectuant pas le premier versement prévu par
le bail. Georges Costa précise que pour permettre la poursuite du chantier, la commission
du Pont Neuf a procédé à trois versements de 12 000 livres, mais que le règlement
définitif a achoppé sur lestimation des travaux ; trois expertises
successives ont été diligentées, ce qui explique que le reliquat nait été
soldé quen 1630.
Daniel Cazes dit avoir découvert un aspect méconnu du projet de
reconstruction du Pont Neuf, avec les canalisations hydrauliques que Souffron prévoyait
dintégrer à son ouvrage, ce qui supposait sans doute la remise en service de
laqueduc romain. Georges Costa et Jean Coppolani rappellent que René Lotte avait
signalé un bassin sur la rive droite et Georges Costa indique que ladduction
deau apparaît aussi dans les contrats concernant le projet de Lemercier. Michel
Roquebert fait remarquer quil y avait une difficulté à combiner le passage de
leau et un profil en dos dâne, et Olivier Testard note que cest
peut-être la raison qui a fait considérer que la première arche était trop haute. Le
Président ayant demandé si lon connaissait dautres exemples de
ponts-aqueducs, Daniel Cazes cite les projets de Tarragone et de Rome. Michel Roquebert
voudrait savoir si lon ne pouvait avoir recours à une pompe et Georges Costa
rappelle linstallation de celle de la Samaritaine à Paris.
Après avoir souligné que Georges Costa était
aujourdhui le meilleur connaisseur de Pierre Souffron, Bruno Tollon demande si
larchitecte a complètement abandonné Toulouse après ses déconvenues dans les
travaux du Pont Neuf, ou bien sil a continué à travailler pour la clientèle
privée. Georges Costa répond quil a poursuivi son activité à Toulouse et que
dailleurs il travaillait encore au Pont Neuf, sous la direction de Lemercier, dans
les années 1621-1622. Il lui paraît clair que Souffron a rêvé dêtre celui qui
achèverait le Pont Neuf de Toulouse.
Le Président demande si lon peut rêver de disposer de la
biographie de Souffron : Georges Costa proteste de la trop grande amabilité de Bruno
Tollon et avoue navancer que très lentement.
SÉANCE DU 16 MAI 2000
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur
honoraire, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Scellès,
Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Mmes Merlet-Bagnéris,
Pradalier-Schlumberger, MM. Lapart, Nayrolles, Pradalier, Prin, Roquebert, Tollon, membres
titulaires, Mmes Andrieu, Pujalte, MM. Bordes, Boudartchouk, Burroni, Ginesty, Hamon,
Manuel, Salvan-Guillotin, Testard, membres correspondants.
Excusés : M. Cazes, Directeur, Mmes Cazes, Napoléone.
Le Secrétaire général donne lecture du
procès-verbal de la séance du 2 mai 2000, qui est adopté.
Le Président rend compte de la correspondance manuscrite : M.
Laurent Macé, maître de conférences à lUniversité de Toulouse-Le Mirail nous
adresse sa candidature au titre de membre correspondant.
Deux dons viennent enrichir notre bibliothèque :
- de Jacques Lapart, son article « Têtes gallo-romaines en marbre récemment découvertes dans le Gers », extrait d'Aquitania, t. 15 (1997-1998), p. 229-344 ;
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- de François Bordes le coffret-catalogue de lexposition Cité Mémoires, qui est présentée aux Archives municipales de Toulouse.
Notre confrère fait une présentation des différentes manifestations qui accompagneront tout au long de lannée cette exposition. Le Président souligne la qualité de la mise en scène de cette exposition par ailleurs très « décoiffante ».
Après lavoir félicité pour sa toute récente élection à lUniversité de Paris IV-Sorbonne, félicitations quaccompagnent le regret de le voir nous quitter et lespoir de liens pas tout à fait rompus, le Président donne la parole à Étienne Hamon pour une communication consacrée aux Villages désertés de lAubrac :
« Les mas désertés de l'Aubrac médiéval : bilan provisoire d'une recherche collective
Problématique et méthodologie
Situé aux confins des départements de l'Aveyron, de la Lozère et du Cantal, l'Aubrac est formé par la plus méridionale des coulées volcaniques du Massif Central. Malgré un environnement naturel hostile à l'homme, ce plateau dont la partie centrale oscille entre 1100 et 1450 m d'altitude constitue un terrain de recherche privilégié pour l'archéologie extensive. La très faible densité humaine, le relief peu découpé, la modestie du couvert forestier et la prédominance de la prairie naturelle permettent de repérer aisément en prospection aérienne des vestiges d'habitat souvent bien conservés.
Le nombre élevé de structures inventoriées à ce jour offre ainsi du peuplement de l'Aubrac aux périodes anciennes un visage qui contraste singulièrement avec l'actuel, dont les textes nous assurent qu'il n'a que très peu évolué depuis la fin du Moyen Âge. Ces ruines parfois spectaculaires ont été signalées par les érudits dès le milieu du XIXe siècle (1), et n'ont depuis cessé d'être évoquées dans les ouvrages historiques, ethnologiques ou touristiques sur la région. Mais les rares investigations ayant donné des résultats exploitables ont porté jusqu'à présent sur les vestiges les plus faciles à interpréter, ceux de l'époque gallo-romaine. Ainsi la station d'Ad Silanum, mentionnée sur la Table de Peutinger sur le tracé de l'antique voie Lyon-Toulouse, et le fanum, des rives du lac de Saint-Andéol (2) ont-ils fait l'objet de rapides sondages dans les années 1950.
Pour les autres sites, de loin les plus nombreux, les incertitudes de datation n'ont été levées que très récemment. Car en dépit, parfois, de fouilles énergiques livrant un peu de mobilier (3), l'interprétation de ces ruines relevait invariablement du lieu commun : ces habitats étaient soit des « villages gaulois », soit des « villages de la peste ». L'un des apports essentiels du projet collectif de recherche lancé en 1994 pour étudier, dans leur diversité, les formes de l'habitat médiéval sur l'Aubrac (4) a donc été de mettre en évidence une densité inattendue de sites datables des XIe-XIIe siècles, chronologie dont l'hypothèse n'avait jamais été formulée auparavant.Le cadre géographique de ce projet est celui des domaines possédés sous l'Ancien Régime par l'hôpital d'Aubrac, monastère dont la fondation sur le site éponyme de la région dans les années 1120 livre en quantité suffisante les premiers documents permettant d'écrire l'histoire locale. Ces limites englobent une aire d'étendue significative environ 200 km2 puisque la seigneurie des chanoines réguliers s'étendait sur tout le sud du plateau, de part et d'autre de la forêt d'Aubrac. Mais dès les premières prospections, des incursions sont apparues nécessaires dans les fiefs limitrophes où l'on constate les mêmes manifestations archéologiques. Les fortes présomptions pour que les sites découverts soient antérieurs à l'installation des religieux justifiaient que les limites prédéfinies fussent dépassées (5).
Le mas et la maison de l'Aubrac médiéval
L'habitat temporaire
Au terme de six saisons de prospection, le bilan du volet du P.C.R. consacré à l'habitat déserté des sommets du plateau est particulièrement riche. Le plus grand nombre des vestiges relevés témoigne de structures temporaires qui se présentent sous la forme de cavités rectangulaires d'environ 10 m sur 5, limitées par des bourrelets de terre, parallèles à la pente et présentant une entrée sur le petit côté aval. Il n'est guère de montagne qui ne possède une ou plusieurs de ces dépressions, souvent regroupées en
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Le mas
Un autre type de vestiges retient davantage l'attention. Il s'agit de bâtiments distincts des précédents par leurs dispositions et leurs techniques de construction plus élaborées. L'analyse de l'ensemble des données les concernant invite à les interpréter comme des vestiges d'habitat permanent du Moyen Âge. Quinze sites de cette nature, parfois perturbés par des traces de mazucs, ont été repérés dans la zone du plateau située au-dessus de la courbe des 1100 m d'altitude et dans un rayon de 10 km autour du village de Nasbinals. Depuis 1999 l'un des sites de la montagne des Inguillens (Condom-d'Aubrac), Cantegal, fait l'objet d'une fouille programmée.
Les dispositions générales de ces ruines sont très changeantes quant au site, au type de regroupement et au plan d'ensemble. Certaines sont dans des vallons (Foun-Bello, les Places-Hautes) quand d'autres occupent des hauteurs (Le Barthas de Bor), des terrasses (la Baysse-Haute, la Bessière) ou des versants dominant de vastes étendues (Le Barthas de Montorzier, Cantegal). Les bâtiments sont par conséquent implantés soit sur des replats, soit perpendiculairement ou parallèlement à une pente légère. Les « villages » comportent un nombre de structures qui varie de l'unité à la trentaine. Toutes ces agglomérations sont ouvertes, sans schéma directeur apparent et s'organisent autour de voies de circulation et d'espaces communs peu structurés.La maison
Les bâtiments présentent des dispositions plus stables. La forme la plus caractéristique est rectangulaire allongée, de 7 à 9 m sur 15 à 20 m hors d'uvre comportant une ou deux entrées sur un grand côté. Ce type de bâtiment se rencontre régulièrement associé à des constructions de module plus trapu, séparées ou formant retour d'équerre, ou bien à des enclos.
Les techniques de construction se caractérisent par un usage systématique de la pierre. L'appareillage des murs est fonction de l'implantation de la maison et du matériau disponible sur place. En règle générale on a utilisé des blocs de pierre volcanique ou de granite affleurant à proximité ou prélevés lors du dégagement de l'humus et du nivellement du substrat géologique qui sert de niveau de circulation. La mise en uvre présente un moyen appareil de moellon, de module hétérogène, monté sur deux parements avec un blocage interne de terre et de cailloutis. La première assise est posée à même le substrat. Lorsque l'installation a nécessité un décaissement important du terrain, les murs soutenant la terre ont été montés sur un seul parement intérieur avec des blocs de grand module à la base. Au Barthas de Bor (= Le Peyrou), les constructeurs ont utilisé les prismes basaltiques du site, tronçonnés et mis en uvre sous forme de parpaings formant un étonnant appareil polygonal.
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MONTAGNE DE BOR (MARCHASTEL, LOZÈRE) : plan schématique des ruines du site du Barthas de Bor (alias le Peyrou).
Dessin Christine et Francis Dieulafait.Les murs devaient à peine dépasser les niveaux que certains bâtiments conservent encore, soit 1,5 m de haut. Ils portaient sans doute une charpente à deux pentes dont il n'a pu être observé aucun système d'assemblage ou d'ancrage au sol ou dans les maçonneries. La couverture faisait appel principalement à des matériaux périssables, mais les maisons du versant aveyronnais de l'Aubrac ont pu très tôt connaître la lauze associée au chaume de seigle ou aux plaques de gazon. Les fragments de schiste qui parsèment les niveaux d'abandon des maisons des Inguillens proviennent peut-être des carrières exploitées dès le XIIIe siècle à Condom-d'Aubrac, à 2 km de là.
Les rigueurs du climat ont encouragé la mise au point de dispositifs de protection contre les intempéries. Les portes, ouvertes à l'abri des vents dominants qui soufflent du nord et de l'ouest, sont précédées de murets qui dessinent une sorte d'entonnoir ou de coude en soutenant un amas de terre. De très rares et petites fenêtres pouvaient éclairer l'intérieur, mais elles n'ont laissé aucune trace.
La plupart de ces maisons longues étaient subdivisées en 2 ou 3 pièces par des cloisons légères en bois ou, en cas de dénivellation importante entre les parties amont et aval, par des murs de refend permettant de disposer de surfaces horizontales en enfilade (Places-Hautes ; Barthas). Ces pièces possédaient une ouverture indépendante vers l'extérieur tout en communiquant entre elles.L'étude des aménagements des sols et des formes des ouvertures fournit des indices pour identifier les fonctions des différents espaces. La façade principale des maisons est souvent percée de deux portes de dimensions distinctes séparées par un trumeau de quelques mètres : l'une, correspondant en général à la partie amont du bâtiment, est large d'1 m environ ; l'autre mesure autour d'1,5 m.
La première donne sur une pièce dont le sol en terre battue est parfois doté d'un caniveau aménagé avec des pierres de chant servant à drainer les eaux de ruissellement vers le seuil (les Places-Hautes). Un foyer occupe le centre de la pièce (Cantegal), duquel la fumée s'évacue par une cheminée sans doute en matériaux légers suspendue au toit. Des placards en pignon ou des banquettes constituent les seuls aménagements muraux. L'ensemble de ces données désignent la partie habitation de la maison,
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MONTAGNE DE BOR (MARCHASTEL, LOZÈRE) : détail d'un bâtiment du site du Barthas de Bor.
Cliché Étienne Hamon.MONTAGNE DES INGUILLENS (CONDOM-DAUBRAC, AVEYRON) : maison du site de Cantegal en cours de fouille.
Cliché Laurent Fau, juillet 1999.
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défendue contre l'intrusion des animaux par une porte étroite.
La porte la plus large ouvre sur une pièce de dimensions supérieures à la précédente dont le sol est soigneusement pavé. La rareté du mobilier de fouille milite contre une fonction résidentielle. L'aménagement du sol, comparable à celui des étables traditionnelles de l'Aubrac, nous oriente vers un usage pour la stabulation : le piétinement des animaux rend en effet indispensable un tel dallage. La découverte aux Places-Hautes de dents de jeunes bovins et la dimension de la porte viennent conforter cette interprétation.
MONTAGNE DES PLACES-HAUTES (NASBINALS, LOZÈRE) : plan des bâtiments de la ferme médiévale. Dessin Laurent Fau.
Conclusions
Cette enquête a mis en évidence un type relativement stable d'habitat dont l'unité de base est la maison mixte allongée où cohabitent les hommes et les animaux. On connaît cette disposition dans plusieurs régions de l'Europe médiévale où la nature du sol a favorisé l'élevage (Bretagne, îles britanniques) et la rigueur du climat le rapprochement des hommes et des bêtes ; mais les maisons de l'Aubrac se distinguent des autres par leurs grandes dimensions, par lemploi exclusif de pierre dans la construction des murs et par les aménagements liés aux spécificités du climat montagnard. L'Aubrac a pratiqué cette forme de construction jusqu'au XIXe siècle ; au fil du temps se sont ajoutés des ouvertures (fenêtres), un niveau supplémentaire et une couverture en lauze.
Ces unités d'exploitation forment des fermes isolées ou bien se groupent en hameaux comptant jusqu'à une dizaine de feux. Leur implantation tient compte de l'activité pastorale dominante qui privilégie la surveillance des troupeaux par rapport à l'agrément de l'exposition. Dans tous les cas, pourtant, la présence de cultures légumineuses et céréales fait peu de doute. Elle est ponctuellement attestée par l'existence de fours à pain individuels. Des annexes à la maison servent au stockage des outils ou des récoltes.
Les sondages effectués sur une dizaine de bâtiments répartis sur cinq sites (6) ont livré une céramique commune grossière à pâte sombre et un abondant mobilier métallique (lames de couteaux à soie, clous et fers à équidés) qui atteste de la relative opulence de ces habitants. Les techniques (cuisson réductrice et gros dégraissant) et les formes (fermées) peu caractérisées de la céramique a fortiori pour les fusaïoles d'instruments à filer ou à tisser , qui jadis orientaient les archéologues vers les périodes protohistoriques, interdisent une datation plus serrée que la fourchette XIe-XIIIe siècles. Cette incertitude a été partiellement levée par des analyses du radiocarbone d'échantillons de charbon de bois. Les datations obtenues révèlent, à chaque fois, un pic de probabilité de la dernière occupation autour des années 1100 (7).En mettant en évidence l'importance numérique des mas désertés du milieu du Moyen Âge sur l'Aubrac, le P.C.R. soulève plus d'interrogations qu'il n'en résout et bien des hypothèses attendent encore confirmation.
Il reste à affiner la datation précise de chacun de ces sites pour déterminer leur chronologie relative. Malgré leur appartenance commune aux XIe-XIIIe siècles, leur occupation n'a pas été nécessairement synchrone. Faute de textes, le contexte historique et les motivations de cette colonisation de zones réputées hostiles à l'homme nous échappent. On ne peut également qu'entrevoir,
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grâce à la palynologie, la physionomie d'un paysage composé de landes et de bois déjà clairsemés depuis les grands défrichements antiques.
L'archéologie suggère des durées d'occupation assez courtes pour n'avoir suscité aucun réaménagement significatif des structures. Labandon massif qui a suivi demeure pareillement inexpliqué en l'absence d'indices archéologiques de destruction violente ; il s'inscrit de surcroît dans un mouvement général de poussée démographique. Plutôt que d'incriminer les nouveaux maîtres du sol, les monastères, et leur appétit de terre, on peut penser que l'installation des moines a été facilitée par ces désertions. On observe en effet un décalage d'un siècle au moins entre les abandons et la mise en valeur du plateau par un système de granges monastiques puis d'estives ouvertes à la transhumance lointaine. La réorganisation de l'habitat s'est faite dans le cadre des seigneuries laïques, celle des barons de Peyre notamment, sans que les castra de la région comme Marchastel n'en profitent réellement.
Les recherches s'orienteraient donc vers un rééquilibrage spontané, peu de temps après une vague de colonisation imprudente, au profit de sites plus favorables climatiquement, rééquilibrage qui entraîna la disparition de l'église paroissiale de Saint-Andéol près du lac du même nom. Les plateaux de Haute-Auvergne semblent avoir connu des phénomènes comparables (8).
Les données disponibles font déjà apparaître, sur les hauteurs de l'Aubrac, un très fort coefficient de disparition. Une dizaine au moins de mas ont été désertés sur l'étendue de la seule commune de Nasbinals qui aujourd'hui ne compte pas davantage de hameaux, tous concentrés dans la zone la plus clémente du finage. Mais la liste des sites repérés est loin d'être close. La concordance entre les toponymes actuels des montagnes qui abritent de tels vestiges et certains lieux-dits énumérés dans les dénombrements du XIIIe siècle (Montorzier, la Bessière, la Baysse, Tournecoupe... ) permet d'espérer de nouvelles découvertes dans les zones correspondant à la quarantaine de toponymes qualifiés de « mas » dans les reconnaissances féodales de la fin du Moyen Âge qui perpétuent le souvenir de la conjoncture démographique du siècle de l'an Mil (9).Étienne HAMON »
1. Dr. PRUNIERES, « Notes sur quelques découvertes archéologiques faites dans les montagnes d'Aubrac (Lozère) », dans Revue archéologique du Midi de la France, vol. 11, n° 2, 14e livraison, 1867, p. 17-30 ; Louis de Malafosse. « Note sur les ruines présumées gauloises de l'Aubrac », dans Congrès scientifique de France, 40e cession (Rodez), t. II, 1874. p. 49-52.
2. Communes de Nasbinals et de Marchastel (Lozère).
3. Le docteur Prunières, op. cit. et L. MALAFOSSE, Le pays d'Aubrac et le plateau des lacs. Toulouse, 1901, p. 21, évoquent brièvement les « fouilles » qu'ils ont réalisées sur ces sites.
4. Lancé en 1994, le P.C.R. intitulé « Approches de l'habitat et de l'activité économique en moyenne montagne : les dépendances de la domerie d'Aubrac » associe des historiens, des archéologues, des historiens d'art et des chercheurs en paléo-environnement. Il est coordonné par Laurent Fau, ingénieur d'études au S.R.A. Midi-Pyrénées. Un premier bilan de ce P.C.R. a été dressé en 1997 : « Approches de l'habitat médiéval en moyenne montagne : le plateau de l'Aubrac », dans Ruralia H, actes du colloque tenu à Spa (Belgique) en septembre 1997, p. 126-139 (Pamatky archeologické - Supplementum 11, Prague, 1998). Une synthèse de ces recherches est en cours de publication.
5. Le champ d'étude se concentre sur les actuelles communes de Condom-d'Aubrac, Saint-Chély-d'Aubrac, Prades-d'Aubrac, Aurelle-Verlac, Recoules-d'Aubrac, Nasbinals, Marchastel, Malbouzon.
6. Le Barthas de Montorzier et les Places-Hautes (Nasbinals) ; Roc-Guiral et Cantegal (Les Inguillens, Condom-d'Aubrac) ; Tournecoupe (Prades-d'Aubrac).
7. Références des analyses pour Roc-Guiral et Cantegal : Ly-9043 ; Ly-8740 et Ly9592.
8. Un P.C.R. coordonné par Jean-Luc Boudartchouk est actuellement en cours pour étudier ce phénomène.
9. Voir par exemple un acte de 1266 publié par J.-L. RIGAL et P.-A. VERLAGUET dans Documents sur l'ancien Hôpital d'Aubrac, t. 1, Rodez, 1913-1917, p. 141-144.
Le Président remercie Étienne Hamon de nous avoir
présenté ces très étonnantes recherches sur un Aubrac densément peuplé en les
illustrant de photographies très éclairantes, et il senquiert de la durée du
programme en cours. Étienne Hamon indique que le P.C.R. (Programme Collectif de
Recherche) est né en 1994 et que depuis 1999 sont engagées des fouilles programmées
trisannuelles dont on espère quelles seront reconduites afin de pouvoir mener à
bien une fouille assez complète de lun de ces ensembles ; une publication
détape est prévue.
À la suite dune autre question du Président, Étienne Hamon
indique que loccupation a sans doute été intensive, mais que le sol très acide en
conserve très mal les traces. Les seuls vestiges organiques retrouvés sont quelques
fragments de charbon de bois et quelques ossements : il faudra étendre la fouille à
lextérieur des bâtiments.
Maurice Scellès ayant demandé si aucune indication sur les charpentes
navait été reconnue, Étienne Hamon rappelle que les sondages nont été
pratiqués que sur des surfaces très réduites et que les murs nont pour
linstant pas révélé de traces dancrage des pièces de bois.
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Jean Nayrolles demande à quel moment apparaissent
les grandes transhumances. Étienne Hamon indique que des transhumances de longue distance
entre le Quercy, le Bas-Languedoc et lAubrac sont connues à la fin du Moyen Âge,
ce qui expliquerait les habitats temporaires, mais on sait que la transhumance était
pratiquée au moins depuis lAntiquité. Les transhumances de la fin du Moyen Âge
sont organisées par les nouveaux propriétaires, et, sil est possible
dimaginer que les habitats de la période antérieure soient des habitats
temporaires bâtis en dur et accompagnés, par exemple, de bâtiments pour la fabrication
des fromages, comme cest le cas au XIXe siècle,
lhypothèse qui prévaut actuellement est celle de villages liés à une activité
agro-pastorale.
Jean Nayrolles évoque ensuite ses souvenirs de promeneur très
impressionné par la voie romaine conservée dans les forêts de lAubrac et son
effarement de lavoir vue quelques années plus tard complètement défoncée.
Étienne Hamon explique que le très bon état de la voie était dû au fait quelle
était toujours empruntée par les troupeaux qui, au contraire, se dispersaient sur les
plateaux. Il ajoute que les destructions sont le fait des engins qui les utilisent
aujourdhui : le collectif de recherche a demandé à lO.N.F. de placer
des rochers pour imposer aux engins le contournement des tronçons subsistants
sans
grand résultat, alors que Daniel Schaad, du Service régional de larchéologie, a
procédé a une coupe qui a parfaitement confirmé que la voie était romaine. Pour Jean
Nayrolles, le site mériterait dêtre classé.
[ Au moment de mettre sous presse, nous prenons connaissance d'un texte du XIIe siècle, tiré du livre des Miracles de Notre-Dame de Rocamadour, qui met en scène un paysan de l'Aubrac défendant contre des pillards sa chaumière, ses récoltes et ses bêtes :
« Bernard, de l'Hôpital d'Aubrac, au diocèse de Rodez, était assiégé dans sa petite demeure par des soldats et des chevaliers pillards qui voulaient lui prendre ses biens. Ces biens, il les avait acquis par son travail : la terre féconde lui donnait d'abondantes récoltes, ses bestiaux lui fournissaient la nourriture et le vêtement. Il ne cherchait à faire tort à personne et vivait simplement sur son petit domaine ; mais quand il se vit ainsi attaqué, il fit de son mieux pour se défendre et conserver son avoir. Alors, les bandits retirent du toit de chaume une grosse quantité de paille, l'entassent à la porte de l'humble demeure et y mettent le feu. La chaumière brûle, le paysan et sa petite famille sont déjà torturés par la chaleur et par la fumée, ses bêtes mugissent, se démènent, rompent leurs attaches. Voyant enfin qu'il lui est impossible de résister, car personne ne lui viendra en aide, il implore le secours de la Bienheureuse Vierge et fait vu d'apporter une maison de cire à son église de Rocamadour. Aussitôt, comme sur l'ordre de Notre-Dame, les bandits se retirent, sans avoir achevé leur méchante action, et le paysan put débarrasser des flammes son toit à demi brûlé. C'est ainsi qu'avec l'aide de sa Libératrice, il sauva sa cabane et tout ce qu'il possédait. »
Extrait de : Les miracles de Notre-Dame de Rocamadour au XIIe siècle, édité par Edmond Albe, Paris : 1907, réédition complétée par Jean Rocacher, Toulouse : Le Pérégrinateur, 1996, p. 189. ]
La parole est alors à Jacques Lapart pour une communication sur Le décor marmoréen de la villa de Séviac daprès des documents inédits, publiée dans ce volume (t. LX, 2000) de nos Mémoires.
Le Président remercie Jacques Lapart de nous avoir
ainsi montré que la villa de Séviac possédait comme les autres villae
romaines un important décor de marbre.
Henri Pradalier voudrait savoir à quelle période doivent être
assignés ces décors de marbre. Jacques Lapart indique que depuis une dizaine
dannées la tendance est de les dater des IVe-Ve
siècles, alors quils étaient datés plus tardivement jusque-là. Il faut
considérer que le décor de marbre accompagne les mosaïques que Catherine Balmelle situe
prudemment au plus tôt au IVe siècle, et personne
nhésite plus aujourdhui à dater du Ve siècle
certains de ces aménagements somptueux.
Au titre des questions diverses, Marc Salvan-Guillotin présente une nouvelle découverte de peintures murales dans léglise Saint-Martin dAntist (Hautes-Pyrénées) (1) :
« En 1990, la dépose du retable majeur du XVIIIe siècle de l'église d'Antist avait laissé apparaître un décor peint recouvrant le mur de l'abside (2). Datable des années 1560, cet ensemble fut restauré en 1995. Le cycle fut alors visible dans sa quasi-totalité, à l'exception des extrémités basses nord et sud occupées par des bancs de chur. Déposées au printemps 1998 afin d'être restaurées, ces boiseries ont enfin livré leurs secrets, pour peu de temps néanmoins : les obligations de la conservation ont
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poussé à les remettre en place, dissimulant à nouveau les peintures murales, qui ont toutefois été fixées. Cette "mise au jour éclair" a cependant permis une vision globale des peintures conservées à Antist, toute nouvelle découverte semblant exclue dans cette église, les enduits du reste de l'édifice et notamment ceux de la nef ayant été piquetés au XIXe siècle.
Le résultat de la dépose des bancs et boiseries placés contre le mur sud du chur s'est avéré assez décevant, aucun décor n'ayant été bien conservé : seules apparaissent quelques traces du compartimentage architecturé ocre jaune, déjà observé dans le reste du cycle, détruites sur de très importantes surfaces par de nombreuses reprises de maçonnerie au mortier de ciment.
Au contraire, le mur nord a livré trois nouveaux éléments qui s'inscrivent dans la continuité du registre inférieur déjà connu, à 1,30 m du sol. Ces trois importants fragments sont séparés les uns des autres par les mêmes moulures ocre jaune qui scandent le reste du cycle à ce niveau, finissant de lui donner son aspect de retable peint.
La première scène ainsi délimitée était déjà en partie connue, son extrémité est ayant été découverte dès la dépose du retable majeur. La présence supposée du manteau de la Vierge, ainsi qu'une partie de son trône laissaient alors présumer la représentation d'une Épiphanie, hypothèse qui se trouve à présent confirmée. Placée à droite, la Maesta a été détruite par une large fissure. Privés de la majeure partie de la figure, nous pouvons néanmoins l'imaginer tournée vers la gauche, vêtue d'un manteau immaculé jeté sur un habit ocre jaune (le départ d'une manche semble visible), présentant l'Enfant, également en grande partie disparu, aux Rois Mages lui faisant face. Ces derniers se détachent sur un fond clair et sont placés l'un à la suite de l'autre. Le premier est agenouillé aux pieds de la Vierge pour offrir un ciboire ocre jaune, pédiculé et à couvercle arrondi, tout en touchant de sa main gauche le pied de l'Enfant en signe de déférence. Ce personnage est très effacé, seules les couleurs brunes ayant bien résisté au temps. Le visage de profil, il semble doté d'une barbe et de cheveux bruns, vêtu d'un manteau désormais totalement décoloré et privé de tout pli, sous lequel il porte un habit sombre dont seules les manches ajustées apparaissent. Placé debout derrière lui et s'apprêtant à lui toucher l'épaule de la main droite, le second Mage présente lui aussi un ciboire ocre jaune au Sauveur. Sa silhouette est peu discernable, seuls quelques détails ayant bien survécu : le visage, encadré d'une barbe et de cheveux roux, est coiffé d'une couronne formée de pointes, tandis que sa tenue est des plus simples (un ample manteau noir couvre un habit dont seules les manches blanches apparaissent). Le dernier Roi, debout et placé de profil, prend sa suite, faisant un geste du bras gauche (pour désigner l'étoile qui les a guidés ?), et tenant un ciboire identique à ceux de ses compagnons. Son visage brun indique ses origines africaines, et il est vêtu de manière plus riche que les deux autres. Ses cheveux courts sont ceints d'une couronne identique à celle de son prédécesseur, le buste arbore les mêmes vêtements que le premier Mage, mais c'est surtout la riche étoffe de ses culottes bouffantes qui montre sa richesse : de même que les chausses, elles sont de couleur rouge, rehaussées de lignes grises entre lesquelles alternent de petites touches allongées grises et blanches placées de biais.Ce panneau, tout aussi conventionnel et maladroit que les autres, nous livre trois éléments pas ou peu pressentis dans notre étude précédente : cette scène, hormis celles du partage du manteau et de la Fuite en Égypte très lacunaire, est à proprement parler la seule où le mouvement l'emporte sur la représentation uniquement statique, et où l'anecdote prend le pas sur le symbole. Pour preuve, les gestes des Mages, l'un accroupi pour toucher le pied de l'Enfant, le second lui effleurant l'épaule, et le troisième faisant un large geste du bras gauche, introduisent une dynamique non encore entrevue dans ce cycle. L'autre élément qui caractérise la scène est le recours au profil. Déjà utilisé sur le pauvre quémandant le manteau de saint Martin, et bien que très mal maîtrisé, son utilisation nous laisse deviner un artiste parfois plus audacieux qu'il n'y paraît et qui se soucie de varier les positions de ses personnages. Enfin, l'habit du Mage africain permet de se faire une meilleure idée du chromatisme originel de l'uvre : les terres, si utilisées dans cette région à la fin du Moyen Âge, sont ici bien présentes, mais ce détail vestimentaire, alliant grisailles et rouges laisse imaginer une palette plus chatoyante qu'il n'y paraissait de prime abord.
Placé immédiatement à gauche de l'Épiphanie, et séparé d'elle par deux moulures, se trouve l'Ecce Homo. Le Sauveur, debout et de face, les poignets liés, est affublé du manteau et du roseau qu'il tient de sa main gauche. Curieusement, il n'est point doté de la couronne d'épines, sa tête légèrement
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Se retrouve ici le type de bâtiments qui apparaît à l'arrière du trône de la Vierge de l'Épiphanie, constructions figurées de manière totalement frontale et dont la palette très réduite (ocres, noir, blanc et grisailles) est en accord avec le reste du cycle. Nous sommes ici en présence de trois tours massives, dont la première, située à l'extrême gauche, est la plus détaillée. Entièrement peinte en grisailles, elle présente trois niveaux percés de petites baies séparés par des moulures ocres jaunes, et surmontés par un dôme placé à l'arrière de deux tourelles. Tuiles et pierres de taille sont indiquées par des lignes noires ou blanches qui animent la surface de façon régulière. Peut-être le peintre a-t-il voulu représenter là un clocher. Le second bâtiment semble placé en retrait et de profil, introduisant ainsi une légère profondeur de champ. Tout en présentant des caractéristiques générales identiques à celles du précédent (niveaux séparés par des moulures, détails indiqués au trait et de façon systématique), il s'en distingue par ses tonalités uniquement ocre jaune. Un quadrillage oblique au niveau supérieur semble également indiquer de grandes baies (ornées de vitraux ?), détail que nous trouvons également à mi-hauteur du bâtiment suivant. Ce dernier, plus vers la droite et au même plan que la première bâtisse, est quasiment identique à celle qui figure dans la scène de l'Épiphanie, présentant lui aussi des étages bien différenciés. Il est regrettable qu'il nous soit désormais impossible de deviner quelle était la scène figurant dans cet ultime compartiment : il semble en tout cas certain que celle-ci prenait place dans un cadre urbain auquel le peintre a tenté de donner de la profondeur, sans toutefois y parvenir de manière satisfaisante.
Ces trois nouveaux compartiments, figurant l'Épiphanie, l'Ecce homo et un décor urbain, s'inscrivent avec cohérence dans le reste du cycle. Évoquant eux aussi, du moins pour ce qui concerne les deux premiers, la vie de la Vierge et
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la Passion du Christ, ils donnent à penser que les éventuelles peintures disparues de la nef abordaient les mêmes thèmes, récurrents en cette région. Outre ceci, leur style, maladroit et rustique, permet de les attribuer à la main ayant uvré dans le reste de la composition.
Marc SALVAN-GUILLOTIN »
1. Cette note fait suite à un article récent : M. SALVAN-GUILLOTIN, « Les peintures murales d'Antist (Hautes-Pyrénées) », dans M.S.A.M.F., t. LVI, 1996, p. 121-128.
2. Le décor comporte les figurations suivantes : Crucifixion, Trinité verticale, Partage du manteau de saint Martin, saint Martin en pied, Assomption de la Vierge, figures en pied de sainte Catherine et de sainte Marie-Madeleine, Fuite en Égypte, fragment d'Épiphanie, armes du commanditaire, visage d'ange, lune, ainsi que divers fragments.
La discussion qui suit une question posée par Michèle Pradalier-Schlumberger conclut que les trames losangées figurées sur les architectures évoquent sans doute les hourdis des pans-de-bois.
Gabriel Burroni et Nicole Andrieu annoncent de nouvelles découvertes à Saint-Pierre-des-Chartreux de Toulouse :
TOULOUSE, SAINT-PIERRE-DES-CHARTREUX, signature de Bernat Cadet sur la voûte.
TOULOUSE, SAINT-PIERRE-DES-CHARTREUX, planche peinte retrouvée en remploi.
« Chargé par Bernard Voinchet, architecte en chef des Monuments historiques, d'un complément d'étude pour la restauration du dôme de Saint-Pierre-des-Chartreux, Gabriel Burroni a fait la découverte inattendue de planches peintes appartenant au lambris de la précédente voûte.
Cette voûte de bois, conçue comme la charpente du toit à l'impériale par Georges Allègre en 1610, avait été peinte à la détrempe par Jacques La Carrière en 1611. Simultanément, Jacques La Carrière avait reçu commande du tabernacle actuellement conservé dans l'église de Roquettes, où il a été déposé en 1780, quand les Chartreux ont décidé de renouveler le décor de leur sanctuaire.
La voûte lambrissée et les boiseries inférieures furent alors démontées et remployées dans le plancher créé au-dessus de la voûte, décorée de gypseries par Jean-Baptiste Julia. D'ailleurs, les signatures de six gypiers qui ont travaillé avec Julia et la date de 1781 restent visibles à plusieurs points de la voûte, révélés par le nettoyage récent.Jacques La Carrière, probablement né à Caen vers 1580, arrive à Toulouse dans les premières
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années du XVIIe siècle. Il est connu par quelques baux à besogne entre 1608 et 1615, alternant des commandes de tableaux et de sculpture. Seul le tabernacle des Chartreux aujourd'hui visible dans l'église de Roquettes, et dont les deux ailes ont été ajoutées vers 1650, témoigne des talents de Jacques La Carrière, sculpteur. Cette découverte va permettre, outre un essai de reconstitution de la voûte de 1610/1611, une meilleure approche des qualités de peintre de La Carrière dans la technique particulièrement exigeante de la détrempe.
Nicole ANDRIEU & Gabriel BURRONI »
Le Président remercie les intervenants et demande
des précisions sur les sujets représentés. Nicole Andrieu dit quil sagit de
grandes figures de saints et Gabriel Burroni ajoute que les planches peintes retrouvées
correspondent à 3 m2
environ ; des parties non peintes permettront peut-être de reconstituer la structure
du décor.
Nicole Andrieu rappelle que Robert Mesuret parlait de plafond
« à lEspagnole » en faisant référence à lartesonado, ce
qui ne manque pas dintriguer. Marc Salvan-Guillotin note que Robert Mesuret
utilisait fréquemment cette qualification pour les plafonds et Bruno Tollon cite à
lappui le plafond de la chapelle de la Visitation.
Jean Nayrolles fait remarquer à quel point la figure du saint
ressemble à Henri IV. Répondant à Bruno Tollon, Gabriel Burroni indique que les
personnages sont à peu près grandeur nature, en précisant que les planches sont
verticales alors que lon attendrait des planches horizontales dans le cas dune
voûte. Henri Pradalier demande sil faut imaginer que les parties courbes ont
disparu et Maurice Prin suggère que le décor puisse en fait provenir de la nef, ce que
Nicole Andrieu et Gabriel Burroni admettent tout à fait.
Le Président souligne le caractère spectaculaire de cette découverte
de toute première importance, et il félicite Gabriel Burroni sans qui ces planches
peintes auraient probablement fini à la décharge.
Jacques Lapart signale à la Compagnie deux plafonds peints
attribuables au XVIIe siècle quil connaît dans le Gers
et pour lesquels il dispose dune documentation quil communiquerait volontiers
à qui serait intéressé. Lun présente un grand décor de sibylles qui na
jamais été étudié, lautre est un plafond à la française entièrement peint
avec en particulier de petites scènes.
Françoise Merlet-Bagnéris ayant demandé si les deux plafonds
étaient encore visibles, Jacques Lapart précise que le premier a été remonté au
musée dAuch et que celui de Lectoure est resté en place mais quil est
aujourdhui à nouveau masqué par un faux-plafond.
SÉANCE DU 23 MAI 2000
Présents : MM. Peyrusse, Président, Cazes, Directeur, Ahlsell de
Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, M. Blaquière, Mgr Rocacher, membres
titulaires, Mmes Fronton-Wessel, Suau, Ugaglia, MM. Geneviève, Vayssières, membres
correspondants.
Excusée : Mme Pujalte.
Invitée : Mme Fabienne Carme.
En remerciant Daniel Cazes
et Évelyne Ugaglia de nous recevoir à loccasion de lexposition Les
arts du métal , le Président se félicite de voir notre Compagnie une nouvelle
fois accueillie au Musée Saint-Raymond dont lhistoire est pour une part celle de la
Société archéologique du Midi de la France. La personnalité dEdward Barry qui
sera nécessairement évoquée ce soir nous le rappellera.
Après que Daniel Cazes a présenté à la Compagnie le très beau
sarcophage paléochrétien prêté par le Musée archéologique national de Tarragone dans
le cadre du Printemps des Musées, la parole est à Évelyne Ugaglia pour Les
arts du métal, du chalcolithique à lépoque romaine. À lissue de la
visite, le Président remercie Évelyne Ugaglia davoir su si bien choisir parmi les
objets présentés pour brosser à grands traits les principaux aspects de cette très
riche exposition. Il relève quil est étonnant quun homme de lécrit
comme létait Edward Barry ait manifesté un tel intérêt pour lobjet, même
si le collectionneur na pas été, malheureusement pour nous, très attentif aux
lieux de découverte. Comme il senquiert de possibles faux, Évelyne Ugaglia indique
que la région de Naples en a produit au XIXe siècle, copies dobjets
authentiques ou imitations. La prudence est de toute façon de mise : une récente
étude a montré quun miroir du Musée Saint-Raymond, qui avait été considéré
comme faux, était en fait authentique.
M.S.A.M.F., t. LX, p. 300
Le Président demande si le fil est
rompu pour la plupart de ces uvres entassées au XIXe siècle. Évelyne
Ugaglia le confirme et elle ajoute que pour parvenir aujourdhui à les replacer dans
leur contexte, il faut en premier lieu préciser leur datation, et tâcher de les replacer
dans des séries en les comparant à dautres objets découverts en fouille. Pour que
ce jeu de rapprochements soit possible, il faut que les objets du musée soient connus :
leur publication en fait essentielle. Daniel Cazes renchérit en rappelant que la plus
grande partie de ces objets, qui navait pas été présentée depuis quatre-vingts
ans, devra retourner en réserve à la fin de lexposition, faute de place pour une
présentation permanente. Évelyne Ugaglia précise que les spécialistes qui les
découvrent actuellement sont époustouflés par la richesse de la collection. Un membre
note que lopinion toulousaine na pas encore compris, au XXe
siècle, quelle était lextraordinaire richesse des musées de la ville et que nous
avons à Toulouse des petits musées pour de très grosses collections alors que lon
construit partout en Europe de grands musées pour des collections souvent bien moins
importantes en qualité et en quantité. Daniel Cazes rappelle que cette exposition
présente aussi le résultat dun long travail de restauration des objets, essentiel
pour leur connaissance : cette politique entreprise par Mme Labrousse est poursuivie
par Évelyne Ugaglia qui, depuis que les conditions de bonne conservation sont assurées
dans le musée et les réserves, fait restaurer chaque année un certain nombre
dobjets grâce à des crédits accordés par la Mairie de Toulouse et le Ministère
de la Culture.
En remarquant que lon ne saurait se plaindre de la richesse de
nos musées, le Président souhaite que Toulouse parvienne un jour à prendre la mesure de
leurs collections. Après avoir remercié Évelyne Ugaglia et Daniel Cazes, il les
félicite pour le travail accompli et la qualité de la mise en scène de
lexposition.
SÉANCE DU 6 JUIN 2000
Présents : MM. Peyrusse, Président, M. Cazes, Directeur, Ahlsell
de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire
général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Mmes Cazes, Merlet-Bagnéris, Napoléone,
Pradalier-Schlumberger, MM. labbé Baccrabère, Pradalier, Mgr Rocacher, MM.
Roquebert, Tollon, membres titulaires, Mmes Blanc-Rouquette, Jimenez, Fronton-Wessel,
Pujalte, MM. Bordes, Burroni, Ginesty, Geneviève, Hamon, Molet, Testard, membres
correspondants.
Excusés : MM. Coppolani, Directeur honoraire, Garland, Boudartchouk.
Le Secrétaire général donne lecture du
procès-verbal de la séance du 16 mai, qui est adopté. Après avoir indiqué que le
rapport sur la candidature de M. Laurent Macé avait été confié à Nelly
Pousthomis-Dalle, le Président annonce que nous avons reçu deux nouvelles candidatures
au titre de membre correspondant. La première est celle de Mlle Fabienne Sartre : le
rapport est demandé à Bruno Tollon ; la seconde nous vient de M. Christophe
Balagna, dont le rapport est confié à Michèle Pradalier-Schlumberger. Notre Compagnie
examinera ces trois candidatures au cours de sa séance de rentrée.
Au nom de notre Société, le Président présente ses félicitations
à Marie-Luce Pujalte qui vient dêtre brillamment élue à lUniversité de
Poitiers.
La correspondance imprimée comprend une invitation à rencontrer M.
Paul Féron à loccasion de la parution de son livre sur Théodore Ozenne et le
programme du prochain congrès de la Fédération des Sociétés savantes et académiques
Pyrénées-Gascogne.
La parole est à Olivier Testard pour une communication sur La façade occidentale de la cathédrale de Toulouse, qui sera publiée dans le volume t. LXI (2001) de nos Mémoires.
Le Président remercie Olivier Testard de son
exposé, tout en avouant avoir été un peu gêné pour le suivre dans ses
démonstrations, peut-être parce quil nétait quun très indigent
auditeur. Les rapprochements opérés puisent dans un corpus très éclaté parcouru en
suivant les règles de lexégèse médiévale, mais, faute de représentations
sculptées ou peintes, la démonstration exige un acte de foi. Or, jusquà quel
point pouvait-on avoir à lesprit ces références quand on reprenait des
formes qui plaisaient ? Les roses « cisterciennes » nexpliquent-elles
pas la rose de Saint-Étienne ?
Olivier Testard convient que ses citations étaient nécessairement
partielles et quil ne peut assurer que les vitraux que pouvait contenir la rose
aient développé ce même thème. Il rappelle cependant que les offices étaient connus
par cur et que ces différents thèmes étaient alors des lieux communs. Une forme
pouvait certes être reprise parce quelle plaisait, mais il est probable que le
choix dune rose à huit quartiers plutôt quà douze nétait pas sans
sens. La fonction didactique de la façade de la cathédrale ne pourrait certes être
entièrement démontrée que si nous possédions
M.S.A.M.F., t. LX, p. 301
les sermons qui ont dû la commenter. Le Président admet que lon
est en présence dun ensemble de formes très certainement associées, mais il se
demande si on lui a effectivement donné ce sens précis.
Daniel Cazes souligne que dans la famille des roses à colonnettes,
celle de Saint-Étienne est exceptionnelle. Il rappelle que la cathédrale de Lérida, qui
possède trois roses de ce type mais aussi un chapiteau sur lequel est représentée une
rose, offre une piste intéressante pour leur interprétation : il semble bien que le
maître duvre dorigine italienne, qui intervient en 1203 et qui est
peut-être aussi sculpteur si lon suit Jacques Lacoste, conduise une véritable
réflexion sur ce thème. Daniel Cazes rejoint volontiers Olivier Testard lorsque celui-ci
évoque une représentation du mouvement de lunivers (des personnages actionnent la
roue sur le chapiteau de Lérida) et de son harmonie (évoquée aussi sur le chapiteau de
Lérida par un musicien). Faute dautres références locales, il a préféré, pour
sa part, sen tenir là. Il ajoute que la rose de la cathédrale de Toulouse a pu
recevoir des vitraux et donc être accompagnée dune iconographie dont nous ne
savons rien aujourdhui.
Mgr Rocacher rappelle que les roses pouvaient prendre des sens
différents et que celles dAmiens ou de Beauvais se réfèrent à la roue de la
fortune qui traduit une vision pessimiste du temps humain, bien éloignée du triomphe ou
de la glorification de lAgneau. Il ajoute que seule une partie très infime du
peuple qui fréquentait la cathédrale aurait été à même de comprendre la lecture
très savante que propose Olivier Testard et il se dit persuadé que les sermons de la
plupart des curés et des prédicateurs ne sélevaient pas si haut. Mgr Rocacher
sinterroge ensuite sur la signification du tympan de Beaulieu en Corrèze, si le
thème nest pas celui du Jugement dernier. Olivier Testard fait référence à la
démonstration de Peter Klein et Henri Pradalier précise que le moment du tympan de
Beaulieu se situe juste avant le Jugement. Olivier Testard convient que la plupart des
Toulousains, même de la classe la plus fortunée, naccédait pas à ce niveau de
savoir, mais il ajoute que ce nétait pas le cas de Foulque. Le programme était
certes très complexe, trop complexe peut-être pour être poursuivi jusquà son
terme. Olivier Testard pense néanmoins que pour lévêque Foulque, la construction
de la cathédrale a représenté un poème offert à Dieu. Il rappelle que les analyses
proposées pour nombre de portails romans montrent une semblable élévation de pensée.
Le Président et Henri Pradalier font remarquer que ces analyses se nourrissent dune
iconographie abondante.
Quitterie Cazes souhaiterait reprendre le début de
la démonstration en sattachant aux rôles respectifs de larchitecte et du
commanditaire. Si Foulque ne décide peut-être pas lui-même du dessin, on peut
néanmoins admettre que la composition de la façade se réfère à une culture quil
partage. Maurice Scellès remarque que les formes sont susceptibles
dinterprétations multiples et Michel Roquebert quelles se transmettent
indépendamment de leur signification. Olivier Testard et Quitterie Cazes sont
daccord pour considérer quil convient de prendre en compte
lexceptionnelle personnalité de Foulque dans les rapports quil a entretenus
avec larchitecte.
Pour Mgr Rocacher, Durand de Mende ne peut être pris comme référence
alors que ses positions doivent être considérées, même pour lépoque, comme à
la limite de lésotérisme. Patrice Cabau signale que si les textes des sermons
prononcés devant la façade de Saint-Étienne nous font défaut, nous conservons en
revanche ceux de sermons prononcés en 1229 dans léglise Saint-Jacques. Après
avoir rappelé quil avait le projet dune communication sur la date de la
reconstruction de la cathédrale de Toulouse, Patrice Cabau
donne lecture dune note préparée à cette intention :
« Un témoignage relatif à la reconstruction de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse dans la première moitié du XIIIe siècle
La seule source documentaire connue qui fasse explicitement état de travaux de construction à la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse pour la première moitié du treizième siècle est le procès-verbal dune enquête menée en 1247 par des commissaires nommés par le pape Innocent IV aux fins dinformer sur les uvres charitables, la pratique religieuse et les circonstances de la mort du comte Raymond "VI" (1156-1194-1222) (1). Plusieurs exemplaires de ce document ont existé :
acte conservé aux dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles dans les archives du Chapitre de Saint-Sernin de Toulouse, analysé par Guillaume de Catel en 1623 (2), inventorié par Claude Cresty en 1728-1730, passé aux Archives de la Haute-Garonne en 1866, cité par Jules de Lahondès en 1890 (3) ;
acte authentique dressé par Bernard Guillaume, notaire public de Toulouse, le 24 juillet 1247, dans la maison des chevaliers du Temple de Toulouse, conservé à la fin du dix-septième siècle dans les archives du couvent des Frères Prêcheurs de Toulouse, publié en 1693 par Jean-Jacques Percin sous le titre Inquisitio de Raymundo Comite Tolosano (4) ;
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acte authentique dressé par Paul, notaire public de Toulouse, le 24 juillet 1247, dans la maison des chevaliers du Temple de Toulouse, conservé dans les archives de lOrdre de Malte, au Grand-Prieuré de Toulouse, passé aux Archives de la Haute-Garonne, cité par Charles Molinier en 1880 (5).
Le premier des cent dix-neuf témoins interrogés par les commissaires enquêteurs fit sa déposition le 12 juillet 1247 ; cétait François de Mons (11..-1257), lun des plus anciens dignitaires du Chapitre cathédral (6) :
"Frère François, prêtre, archidiacre de Gimoès, chanoine régulier de la cathédrale de Toulouse, témoin juré, interrogé, déclara, au sujet des bienfaits accordés aux églises par le comte défunt, avoir vu et entendu que, quand on édifiait léglise Saint-Étienne, au temps de la guerre quil y eut entre le comte (de Toulouse) lui-même et le comte de Montfort, ceux qui édifiaient léglise avaient abandonné louvrage, par la crainte de quelques-uns, et que tout lédifice de léglise était mis en danger de ruine [ou menacé de destruction] sil nétait consolidé [ou terminé], ledit comte veilla à ce que le susdit ouvrage fût achevé. Il déclara aussi que le même comte restitua au même témoin seize bufs que des voleurs lui avaient pris. De plus, il déclara quil avait vu et entendu que, comme Toulouse était assiégée et que nul ne pouvait en sortir sans danger pour sa personne, le comte envoya son chapelain auprès de lévêque, qui était à ce siège, par le témoin lui-même, pour quil célébrât les offices divins avec ce même chapelain, et que, par lintermédiaire de ce dernier, il envoya des livres de théologie à maître Othon [qui était] à ce siège. Il vit aussi et entendit que le comte reçut à cette époque sous sa protection tous les clercs, tant les religieux que les autres, qui voulaient rester dans la cité de Toulouse. De plus, il vit et entendit que ledit comte accorda sa protection aux églises et à leurs biens, et quil fit publier à son de trompe à travers la cité que nul nosât semparer des clercs ni des églises, et il entendit dire à nombre de religieux, [qui venaient] de beaucoup dendroits, quils sestimaient comblés par le comte, et il était persuadé que, si celui-ci lavait toléré, on aurait fait beaucoup de mal aux religieux, aux églises et aux personnes ecclésiastiques. De plus, il déclara que ledit comte faisait beaucoup de dons aux monastères, et spécialement à celui de Grandselve et à celui de la maison de Pinel. [ ]" (7).
La question de savoir à quel moment, antérieur au décès de Raymond "VI" (5 juillet / 21 septembre 1222), la cathédrale de Toulouse était en construction, a été posée dès le dix-septième siècle. Dune lecture hâtive du témoignage précité, Guillaume de Catel (1560-1626) a conclu que lintervention du comte avait eu lieu "lors du siege de Tolose" (8). Selon Germain de Lafaille (1616-1711), ce fut "du tems du prémier siége", cest-à-dire entre le 16 et le 29 juin 1211 (9). Pour Jean-Jacques Percin (1633-1711), la nef de Saint-Étienne aurait été édifiée vers 1217 ou 1219, et elle était achevée dès cette dernière date (10). Quant à Joseph Vaissete (1685-1756), il estimait que le comte de Toulouse avait protégé cette construction "malgré la guerre quil avoit à soûtenir contre Amauri de Montfort", autrement dit dans les années 1218-1222 (11). De ces diverses conjectures, cest celle de Lafaille qui a prévalu, amplifiée notamment par les monographies dAuguste dAldéguier (1793-1866) (12) et de Jules de Lahondès (1830-1914) (13). Cette version des faits, réaffirmée par Philippe Wolff dans la première édition de son Histoire de Toulouse (14), a cependant été mise en doute par Marcel Durliat dans la refonte collective de cet ouvrage (15).
Comme on le voit par le texte de sa déposition, le chanoine François de Mons nassocie nullement linterruption et la reprise des travaux de la cathédrale à lun des trois sièges que Toulouse eut à soutenir entre 1211 et 1219. Il se réfère de façon générale à lépoque de la guerre entre Raymond "VI" et le "comte de Montfort", en qui il faut reconnaître Simon, tué sous les murs de Toulouse le 25 juin 1218, bien plutôt que son fils Amaury (16). Le siège dont il parle ensuite ne peut ainsi être le troisième, qui eut lieu du 17 juin au 1er août 1219. Il sagit vraisemblablement du deuxième, de beaucoup le plus long, puisquil dura de la fin de septembre ou du début doctobre 1217 au 25 juillet 1218. Pour Marcel Durliat, ce deuxième siège "semble davantage correspondre à latmosphère dramatique quévoque le document cité plus haut" (17). À supposer que le témoin ait suivi lordre chronologique pour lexposé des faits quil relate au début de sa déposition, lintervention du comte sur le chantier de la cathédrale pourrait être antérieure à octobre 1217.
Concernant cette intervention, la déposition de François de Mons, témoin oculaire, présuppose quil sest trouvé à Toulouse en même temps que Raymond "VI". La confrontation des itinéraires respectifs du comte et du chanoine entre le début de la croisade et la mort de Simon de Montfort, pour autant quon puisse les reconstituer, montre que leur présence simultanée dans la ville nest possible que pour les périodes suivantes : de septembre à décembre 1209, de février à juin 1210, de mi-août
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1210 à janvier 1211, de début février à mi-mai 1211, de début février à fin octobre 1215, enfin du 13 septembre 1217 au 25 juin 1218 (18).
On aura que noté la seconde moitié de juin 1211, époque du premier siège de Toulouse, est exclue. En effet, comme les autres chanoines de Toulouse, François de Mons avait quitté la ville, sur lordre de lévêque Foulque, dans la seconde quinzaine de mai 1211 (19) ; il ne put y rentrer quà la suite de la réconciliation des Toulousains à lunité de lÉglise, le 25 avril 1214, sans doute lors du retour de Foulque dans sa cité épiscopale, en janvier 1215 (20).
Reste à déterminer à quel moment ceux qui travaillaient à la construction de la cathédrale Saint-Étienne abandonnèrent leur ouvrage "par la crainte de quelques-uns". La date la plus vraisemblable est celle de la réapparition de Raymond "VI" à Toulouse, le 13 septembre 1217, après une absence de plus dun an et demi. Divers témoignages nous ont gardé mémoire de lévénement : "En lan 1217, le comte de Saint-Gilles recouvra Toulouse, la veille de la Sainte-Croix de septembre" (21) ; "En lan du Seigneur 1217, [ ] le comte de Toulouse [ ] passa les Pyrénées et fit son entrée dans Toulouse au mois de septembre, non par un pont, mais à gué sous le Bazacle. Ce qui, ayant été su dun petit nombre de gens, plut à certains et déplut à dautres, qui mesuraient lavenir au passé. Cela amena certains à se retirer au Château-Narbonnais avec les Français, dautres à se mettre de même dans la maison de lévêque, dans le cloître Saint-Étienne et dans le monastère Saint-Sernin" (22), etc. (23). Des Toulousains partisans de Simon de Montfort quittèrent la ville (24), tel le notaire Bernard de Pexiora, qui senfuit en laissant inachevée au milieu dune phrase la transcription dun acte de 1213 (25).
Eu égard à pareil contexte, le geste de Raymond "VI" faisant poursuivre les travaux de construction de la cathédrale Saint-Étienne peut sinscrire dans la politique dapaisement et dunion quil mena à Toulouse à partir du 13 septembre 1217 (26).Patrice CABAU »
NOTES : 1. Sur cette enquête, voir notamment, outre les sources citées ci-après : GUILLAUME DE PUYLAURENS, Cronica, chapitres XXXII, XLV = DUVERNOY 1976, p. 112, 180, 182 H.G.L.1 1737, p. 321-322, 323-324, 389, 456-457, 550, 593-594 H.G.L.2 1842, p. 300-301, 302-303, 381-382, 404, 86, 96-97 ; 1843, p. 67-68, 332-333 H.G.L.3 1879 (VI), p. 549-550, 551-552, 663, 788-789 ; 1879 (VII), p. 28, 109-110 ; 1879 (VIII), n° 403, c. 1236-1238 ; n° CIX, c. 1957-1958 ; n° CCCXLII, c. 1996-1997 MOLINIER 1885. 2. CATEL 1623, p. 316-318, 368-371 CATEL 1633, p. 163. "Ceste enqueste ma esté monstrée par Monsieur Vilette, Chanoine de sainct Sernin, homme docte & curieux, elle contient la déposition de cent six tesmoins. [...] Dans la mesme Enqueste on trouue [ ] que lors du siege de Tolose, les Architectes & Massons qui bastissoient lEglise de sainct Estienne de Tolose, ayant quitté leur besoigne, à cause du siege, & le Comte voyant que le bastiment estant ainsi imparfaict, estoit en danger de se gaster, il leur commanda de reprendre leur besoigne, & de lacheuer. Ie crois que ce que lon bastissoit pour lors, estoit la nef de lEglise, que son pere ou luy faisoient bastir [ ]." CATEL 1623, p. 317. "[ ] il est porté par lenqueste que Raimond le Ieune Comte de Tolose son fils fist faire de la vie & religion de son pere, comme ledit Raimond le Vieil commanda aux Architectes & maçons qui bastissoient lEglise sainct Estienne de continuër leur besogne, nonobstant que la ville de Tolose fut assiegée." CATEL 1633, p. 163. 3. LAHONDÈS 1890, p. [53], n. 1 (voir ci-dessous, n. 8). La référence indiquée par Jules de Lahondès ("Archives de Saint-Sernin, liasse LXXIX, n° XXI, titre 1."), reproduite notamment par Raymond Rey (REY 1929, p. 10, n. 1 REY 1930, p. 72, n. 1), Daniel Drocourt (DROCOURT 1974, p. 69, n. 13), et dont Yvette Carbonell-Lamothe a relevé les avatars (CARBONELL-LAMOTHE 1980, p. 107, 118, n. 22), est erronée. Cette cote ne correspond pas en effet au système de classement (n°, liasse, titre) adopté par Claude Cresty, "déchiffreur et archivaire" de Langeac, qui procéda du 31 mai 1728 au 15 mai 1730 à linventaire des archives du Chapitre de Saint-Sernin. Dans le dépôt conservé jusquen 1866 (DOUAIS 1887, p. III) au premier étage de la tour nord du massif occidental de la basilique, les "archives fermées [se trouvaient] contenues dans quatre grandes armoires à clef, divisées en 24 étagères portant autant de numéros [comprenant chacun] des sacs et des liasses qui renferment à leur tour des titres aussi numérotés" (SALVAN 1840, p. 365). Sous le "N° 21", "liasse 79", étaient répertoriés des "Titres divers, extraordinaires et sans suite" (SALVAN 1840, p. 382). Il faut ainsi probablement corriger : N° XXI, liasse LXXIX, titre 1er. 4. PERCIN 1693, p. 76-81 (voir ci-dessous, n. 8). "Refert D. de Catel hist. Comitum pag. 368. & 369. Inquisitionem super hoc negotio factam, cujus authenticum exemplar in nostris Archiviis est manuscriptum." (PERCIN 1693, p. 53) ; "Ex nss. mss. originali" (PERCIN 1693, p. 76). Les archives de lInquisition de Toulouse, transférées vers 1626 de lancienne maison de lInquisition (7, place du Parlement) au couvent principal des Dominicains (Jacobins), furent presque totalement dispersées avant 1790 (DOSSAT 1959, p. 30-31, 35-36). 5. "[...] un document conservé aux Archives de la Haute-Garonne (Ordre de Saint-Jean, Toulouse, liasse 1, n° 24) [...]. Cest le relevé, dressé à loccasion de lenquête dont parle Percin, des donations et des privilèges accordés de son vivant par le comte Raimond VI à un certain nombre déglises et de monastères. La pièce, écrite à Toulouse, le 24 juillet 1247, dans la maison de lOrdre du Temple, se termine par lindication suivante : Ego Paulus, publicus Tholose notarius, de mandato venerabilis patris G., Lodovensis episcopi, et fratris R. de Cantios, ordinis Predicatorum, et fratris G. de Briva, ordinis Fratrum Minorum, a domino papa delegatorum, etc." MOLINIER 1880, p. 194 (n.). 6. François de Mons : membre dune famille consulaire de Toulouse, possessionnée à Toulouse et en Lauragais (MUNDY 1985, p. 242-247) ; chanoine du Chapitre de Saint-Étienne, témoin dune donation faite par Gautier de Noé le jeudi 7 juillet ou vendredi 8 juillet 1205 (Archives de Saint-Étienne de Toulouse G.C.3 1785 = G.C.4 1874, Instrumenta Ecclesiæ Tolosanæ, n° XLI, c. 27-28 LEMASSON 1967, n° 139) ; lun des deux cellériers du Chapitre, témoin de la cession de léglise Saint-Romain de Toulouse faite par le prévôt Mascaron à saint Dominique en juillet 1216 (G.C.3 1785 = G.C.4 1874, Instrumenta Ecclesiæ
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Tolosanæ, n° XLII, c. 28 KOUDELKA 1966, n° 73, p. 68-69) ; chanoine, témoin dune transaction entre le Chapitre de Saint-Étienne et les chevaliers de la maison du Temple de Toulouse conclue le 23 juillet 1222 (Toulouse, A.D. Haute-Garonne, 4 G 224 [n° XXIII, liasse 2, titres 3 et 2] Toulouse, A.D. Haute-Garonne, 4 G 3, CRESTY 1734-1737 (II), f. 145 r°-v° DU BOURG 1883, p. 73 ["Arch. Toulouse, L. XXIII."] LAHONDÈS 1890, p. 150, 151, n. 1 ["Arch. de la H.-G., fonds de Saint-Etienne, n° XXII. l. 2, t. 2." : copie moderne défectueuse]) ; très vraisemblablement nommé, avec deux autres membres de sa famille, comme lun des six exécuteurs du testament dHugues Jean, ancien viguier comtal de Toulouse, le 28 mai 1235 (Paris, A.N.F., J 330, Toulouse, XXI, n° 25 = TEULET 1866, n° 2380, p. 290 MUNDY 1985, p. 245-246, n. 7) ; archidiacre de Gimoès, témoin de la confirmation par lévêque Raymond du Fauga dune série de donations à labbaye de Lacapelle, le jeudi 7 novembre 1247 (G.C.3 1785 = G.C.4 1874, Instrumenta Ecclesiæ Tolosanæ, n° LI, c. 36-38) ; chanoine, prieur dArtigat, décédé le 13 janvier 1257* et inhumé dans le cloître canonial de Saint-Étienne (Épitaphe : IDVS IANVARII OBIIT DOMPNVS FRANCISCVS DE MONTIBVS PRIOR ARTIGATI ET CANONICVS ISTIVS LOCI ANNO DOMINI M CC L VI. Toulouse, musée des Augustins, inventaire : Ra 526 C.I.F.M., 7, 1982, n° 79, p. 119-120 ; planche XLIII, n° 85 CAZES 1999, p. 168 ; fig. 113, p. 169. Registre obituaire : XIII. (kalendas februarii.) Eodem die obiit F. de Montibus, prior de Artigaco, canonicus. Paris, B.N.F., fonds latin, nouvelles acquisitions, manuscrit 3036, f. 105 v° [date décalée]). Dans la suite de sa déposition, François de Mons déclare quil avait accompagné Raymond "VI" jusquà Paris, sans doute à la fin de 1209 ou au début de 1210, mais quil nétait pas un de ses familiers ; sa sur avait été lhôtesse du comte (PERCIN 1693, p. 77). Quatre autres dignitaires du Chapitre de Saint-Étienne sont cités dans lenquête de 1247 : Pons de Toulouse, prêtre, prieur dArtigat, chanoine (témoin 2), Raymond, chanoine et prévôt (témoin 97), Guillaume de Toulouse, prêtre et operarius (témoin 98), Raymond, chanoine et archidiacre de Villelongue (témoin 99) ; leurs témoignages sont beaucoup plus brefs, voire inconsistants (PERCIN 1693, p. 78, 81). 7. "Franciscus sacerdos archidiaconus Limoensis [sic], canonicus regularis tholosane sedis, testis juratus, dixit... se vidisse et audisse, quod quando ecclesia Sti Stephani tholosanae sedis edificabatur tempore guerre que fuit inter ipsum comitem et comitem Montisfortis, et ipsi qui edificabantur [sic] ecclesiam dimisissent opus timore quorundam et tantum edificium esset ecclesie sub periculo ruine constitutum nisi consommaretur, dictus comes dedit operam ut predictum opus perficeretur". LAHONDÈS 1890, p. [53] (n. 1) (= REY 1930, p. 72, n. 1 GUÉBIN, LYON 1930, p. 315-316, n. CARBONELL-LAMOTHE 1980, p. 110). "Frater Franciscus Sacerdos Archidiaconus Gimomonensis [sic] Canonicus Regularis Tolosanæ Sedis. Testis Juratus requisitus, dixit super beneficiis collatis Ecclesiis à Comite quondam Tolosano, se vidisse & audivisse quod quando Ecclesia sa[n]cti Stephani ædificabatur, tempore guerræ quæ fuit inter ipsum Comitem & Comitem Montisfortis, [ ] & ipsi qui ædificabant Ecclesiam dimisissent opus timore quorumdam, & totum ædificium Ecclesiæ esset periculo ruinæ destructurum nisi confirmaretur : dictus Comes dedit operam ut prædictum opus perficeretur. Dixit etiam quod dictus Comes eidem testi reddidit I6. boves, quos quidam raptores ei abstulerant. Item dixit quod vidit & audivit quod cum Tolosa esset obsessa, et nullus posset exire sine periculo corporis, misit Comes Capellanum Episcopo Tolosano, qui erat in obsidione prædicta per ipsum testem, ut cum e[o]dem Capellano divina officia celebraret ; & per eundem misit idem Comes Libros Theologiæ, [ ] Magistro Otoni, in obsidione prædicta. Vidit etiam & audivit quod dictus Comes tunc temporis recepit sub securitatem omnes Clericos, tam Religiosos quàm alios, qui vellent remanere in civitate Tol[osæ]. Item vidit & audivit quod dictus Comes dedit securi[t]atem Ecclesiis & rebus earum & fecit tubicinari per civitatem quod nullus ausus esset Clericos invadere nec Ecclesias : Et audivit à multis Religiosis & de multis locis, quod habebant se multùm pro pacatis [ ] de ipso Comite. Et scit pro certo, quod si ipse tolerasset, multa mala essent facta Religiosis & Ecclesiis & Ecclesiasticis personis. Item dixit quod dictus Comes dabat multa Monasteriis, specialiter [ ] Grandissilvae, [ ] & Domi de Pinelli. [etc.]" [Les coupures correspondent à la suppression dappels de notes.] PERCIN 1693, p. 77 (= CARBONELL-LAMOTHE 1980, p. 110 Cf. DURLIAT, dans WOLFF 1974, p. 137 [traduction]). 8. CATEL 1623, p. 317 CATEL 1633, p. 163. Voir ci-dessus, n. 2. 9. "Il y est encore dit [dans lenquête] que du tems du prémier siége de Toulouse, les Maçons qui travailloient à la grande Nef de lEglise de Saint Estienne quil [Raymond] faisoit bâtir, aiant discontinüé le travail, il les y remit en disant, que les ouvrages qui regardoient la gloire de Dieu, ne devoient point être interrompus pour quelque cause que ce fût." LAFAILLE 1687, p. 127. 10. "Quando Ecclesia S. Stephani ædificabatur. Navis scilicet, seu Auditorium quod constructum est circà annum 1217. a Comite Raymundo. Locus autem ubi nunc chorus, instructus est post annum I272. a Bertrando de insula Iordanis Episcopo Tolosano." PERCIN 1693, p. 81 (n. A). "[ ] cum jam ab anno I2I9. perfecta fuisset navis seu auditorium Ecclesiae sancto Stephano dicatum [ ]." PERCIN 1693, p. 10. 11. "Ils [les témoins] déclarerent quil [Raymond VI] protégea, malgré la guerre quil avoit à soûtenir contre Amauri de Montfort, la nouvelle construction de la cathédrale de S. Etienne de Toulouse, de la nef de laquelle on le regardef comme le fondateur [...] f Catel comt. p. 3I7." H.G.L.1 1737, p. 323 = H.G.L.2 1842, p. 302 = H.G.L.3 1879 (VI), p. 552. 12. ALDÉGUIER 1834, p. 26-27 ; cf. p. 27-28, 122, 135, 136. 13. LAHONDÈS 1890, p. [53]-54 ; cf. p. 430-431. 14. WOLFF 1958, p. 93. 15. WOLFF 1974, p. 136-137. 16. La formule tempore guerre est utilisée dans le septième des douze articles présentés par Raymond "VII" aux commissaires enquêteurs : "7. Item [Comes Tolosanus] frequentabat Monasteria Religiosa ex devotione, & defendebat Ecclesias & Monasteria tempore guerræ, in personis, & rebus, intuitu pietatis" (PERCIN 1693, p. 76). François de Mons, premier témoin, est le seul à préciser : "tempore guerræ quæ fuit inter ipsum Comitem & Comitem Montisfortis" (PERCIN 1693, p. 77) ; les autres témoins (4, 8, 10, 26, 30, 31, 36, 58-59, 68, 76, 77, 83, 88, 95, 100, 104) emploient la formule générale, qui revient dix-sept fois dans la suite des dépositions (PERCIN 1693, p. 78-81). En 1220, Raymond "VI" parlait très précisément de la "guerre dAmaury et des croisés" : [ ] quicumque homines nostre ydiome, uidelicet de hac lingua nostra, siue sint milites uel alii, pro hac gerra presenti Amaldrici et cruce signatorum, ad hanc diem in qua hoc donum fuit factum, gerram faciebant uel fecerint deinde ipsi domino comiti et filio suo et Tolose [ ] (Toulouse, A.M., AA 1, n° 94 [29 juin et 1er septembre 1220] = LIMOUZIN-LAMOTHE 1932, p. 439-442), [ ] dum hec gerra Amaldrici et cruce signatorum durabit [ ] (Toulouse, A.M., AA 1, n° 95 [8 novembre 1220] = LIMOUZIN-LAMOTHE 1932, p. 442-443). 17. WOLFF 1974, p. 137. 18. Les très nombreuses références utiles excèdent le cadre nécessairement limité imparti à la présente note. 19. PIERRE DES VAUX-DE-CERNAY, Hystoria Albigensis, § 234 ; cf. § 221-222, 359, 473 = GUÉBIN, LYON 1926, p. 233 ; cf. p. 220-222 Cf. GUÉBIN, LYON 1930, p. 57, 166-168 GUÉBIN, MAISONNEUVE 1951, p. 97 ; cf. p. 91-92, 140, 182. 20. PIERRE DES VAUX-DE-CERNAY, Hystoria Albigensis, § 507, 549 = GUÉBIN, LYON 1930, p. 201, 241-242 GUÉBIN, MAISONNEUVE 1951, p. 195, 209 (§ 549 incomplètement traduit). 21. "Anno .M.CC.XVII. cobre R[amons], coms de sant Geli, Tolosa, la uespra de Sancta Croz de setembre." = "Anno (Domini) millesimo ducentesimo decimo septimo recuperauit Tolosam comes sancti Egidii." CHRONIQUEURS TOULOUSAINS = CABAU 1996, n° 46, p. 98. 22. Comes Tholose senior ueniens de Hyspania recuperauit Tholosam. Capitulum XXVIII. Igitur, anno Domini M°
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CC XVII, [ ] comes Tholose [ ] transiuit Pireneum et intrauit Tholosam mense septembris, non ponte, sed uado sub Vadaculo. Quod cum pauci scirent, quibusdam placuit, et quibusdam displicuit, qui futura preteritis compensabant. Vnde quidam uersus castrum Narbonense cum Gallicis se traxerunt, quidam se in domum episcopi et in claustro Sancti Stephani et in monasterio Sancti Saturnini pariter receperunt. Quos comes minis atque blandiciis ad se post dies aliquot reuocauit. GUILLAUME DE PUYLAURENS, Cronica, chapitre XXVIII = DUVERNOY 1976, p. 100. || BERNARD GUY, Flores cronicorum = [BERNARD GUY], Preclara Francorum facinora [ ] = CATEL 1623, p. 123. 23. PIERRE DES VAUX-DE-CERNAY, Hystoria Albygensis, § 600 = GUÉBIN, LYON 1930, p. 293-295 GUÉBIN, MAISONNEUVE 1951, p. 227. || TRADUCTEUR ANONYME, Histoire albigeoise, § 600 = GUÉBIN, LYON 1939, p. 186. || CONTINUATEUR ANONYME, Cansos, laisses 182-184 = MARTIN-CHABOT 1957, p. 272-286 (Illustration : Paris, B.N.F., fonds français, manuscrit 25425 [vers 1275], p. 148 [dessin à lencre noire avec la légende, disparue vers 1760 : Can lo comte cobret Toloza]. Reproductions : H.G.L.2 1842, planche face à la p. 142 [dessin gravé] ROQUEBERT 1986, planche face à la p. 20 [photo] ; p. 521 [commentaire] MARTIN-CHABOT 1931, p. XIX [légende] MARTIN-CHABOT 1957, planche IV, face à p. 216 [photo] ; p. 316 [commentaire]. || ADAPTATEUR ANONYME, Cansos (remaniement en prose du quinzième siècle) = H.G.L.1 1737, c. 84-86 = H.G.L.2 1842, p. 511-512 = H.G.L.3 1879 (VIII), c. 152-153. || "[ ] cùm Comes intraret ad recuperandum Tolosam exierunt & obviaverunt ei Moniales sanctæ Crucis [ ] & petierunt eleemosinam ab eo, dicentes se non habere quod comederent [ ]." Enquête sur Raymond "VI" de juillet 1247 (déposition de Jourdain de Copiac, ou de Sapiac, témoin 30) = PERCIN 1693, p. 79 Cf. GUÉBIN, LYON 1930, p. 294 (n.) || Enquête sur le mode de nomination des consuls de Toulouse, vers 1274 (Paris, A.N.F., JJ 305, n° 32 = MOLINIER 1882, nos 13, 14, 17, p. 37-39 = H.G.L.3 1885, nos 13, 14, 17, p. 166-167). || Actes de 1218 (voir ci-dessous, n. 24 et 25). Le dernier document qui mentionne Simon de Montfort comme comte de Toulouse est daté du 1er septembre 1217 ; le premier où Raymond "VI" réapparaît comme comte est du 23 septembre 1217 (Toulouse, A.D. Haute-Garonne, E 501 [1er septembre 1217, copie de décembre 1243] ; H Malte, Toulouse, 4, 206, 4e acte [23 septembre 1217] MUNDY 1954, p. 298, n. 50 Cf. GUÉBIN, LYON 1930, p. 294, n.). 24. [ ] quidam homines et mulieres illius urbis Tolose iamdiu inde cum Symone Montisfortis et pro eo exierant et quidam alii homines et mulieres in aduentu ipsius comitis, quando uillam Tolose recuperauit, et postea absque consilio, assensu et uoluntate ipsius et eorumdem consulum et contra eos ab eadem urbe exierant. [ ] [ ] qui sine consilio dicti domini comitis patris sui et eorumdem consulum ac contra eos similiter Tolosam exierant quando ipse dominus comes illam recuperauit [ ]. (Toulouse, A.D. Haute-Garonne, E 579 [copies authentiques de février 1224*] = H.G.L.3 1879 (VIII), n° 197 [I], c. 706-710 [mercredi 31 janvier 1218*] ; n° 197 [II], c. 710-711 [jeudi 7 juin 1218]). À lencontre de ces transfuges fut prononcée la liquidation judiciaire de leurs biens. 25. Bernardus [ ], qui de predicto negocio mandamentum ad faciendum cartam acceperat, quam non perfecerat, et quia post regressum domini Raimundi Tolosani comitis quem fecit in hac uilla Tolose predictus Bernardus [ ] ab hac uilla Tolose exiuit et diffugiuit, fuit cognitus a consulibus Tolosanis pro inimico domini Raimundi Tolosani comitis et tocius uille Tolose [ ]. (Toulouse, A.D. Haute-Garonne, H Malte, Toulouse, 1, 116 DU BOURG 1883, p. 37-38 ["Arch. Toulouse, L. II."] GUÉBIN, LYON 1930, p. 294, n. MUNDY 1954, p. 298, n. 48 MARTIN-CHABOT 1957, p. 277, n. 3 ROQUEBERT 1986, p. 66, 90). Lannée suivante, Guillaume de Saint-Pierre, notaire de la cité, dûment autorisé par les consuls, acheva la rédaction de lacte. 26. "[ ] certains se réfugièrent dans la maison de lévêque, dans le cloître Saint-Étienne ou dans le monastère Saint-Sernin, lesquels, par menaces et caresses, le comte fit revenir à lui quelques jours après." GUILLAUME DE PUYLAURENS, Cronica, chapitre XXVIII (voir ci-dessus, n. 22). Labbé de Saint-Sernin Jourdain et le prévôt de Saint-Étienne Mascaron livrèrent alors chacun son église, dont le faîte et le clocher furent mis en état de défense (CONTINUATEUR ANONYME, Cansos, laisse 183 = MARTIN-CHABOT 1957, p. 286). En novembre ou décembre, tenant conseil en léglise Saint-Sernin-du-Taur pour organiser la défense de Toulouse assiégée, Raymond "VI" se posait en serviteur de Dieu et en protecteur des maisons religieuses (CONTINUATEUR ANONYME, Cansos, laisse 191 = MARTIN-CHABOT 1961, p. 52).
BIBLIOGRAPHIE : www.societes-savantes-toulouse.asso.fr/samf/memoires/t_60/bul20004#bul04
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Le Président remercie Patrice Cabau de ces précisions qui viennent ainsi clore provisoirement la discussion.
Au titre des questions diverses, le Secrétaire général lit une note que nous communique notre consur Valérie Rousset sur La chapelle des Pénitents bleus à Luzech (Lot) :
« La chapelle des Pénitents est lun des principaux édifices du bourg castral de Luzech. Afin de mener le chantier de restauration dans le respect de lédifice, la municipalité a engagé en 1999, sur les conseils de Monsieur Yves Augeard, Architecte des Bâtiments de France, une étude préalable confiée à Madame Nathalie Prat, Architecte du Patrimoine, accompagnée dune étude des décors peints subsistant sur la façade orientale, confiée à Madame Sylvie Pontlévy, et dune étude archéologique (1).
Cest au contact direct de la carriera drecha de la ville que lon édifia, dans la première moitié du XIIIe siècle, lédifice qui fut attribué dans les dernières années du XVIe siècle à une confrérie de Pénitents bleus. La tradition historique désigne ici une chapelle initialement placée sous linvocation de saint Jacques et rattachée à un hôpital dont la localisation reste indéterminée. Une mention du pouillé Dumas au XVIIe siècle précise que ce sanctuaire servait alors aussi déglise paroissiale avant que lon érige dans le barry del balat, dans la première moitié du XIVe siècle, léglise Saint-Pierre.
La chapelle forme un bloc compact de plan rectangulaire dune surface au sol hors mur de 72 m². La nef unique composée de trois travées sachève à lest sur un chevet plat. Des voûtes sur croisées dogives épaulées à lextérieur par des contreforts plats, et enveloppant les angles côté rue, couvrent lensemble. Le transfert du chur dest en ouest succéda de peu à létablissement des Pénitents qui instaurèrent un portail
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et un nouveau clocher, côté rue. Lédifice est construit exclusivement en briques de forte épaisseur (l. : 32 cm, p. : 27 cm, e. : 6,5 cm). Lemploi de la brique nest cependant pas rare à Luzech qui a bénéficié depuis le Moyen Âge dune industrie tuilière active. En grand nombre, les demeures de la deuxième moitié du XIIIe siècle et du XIVe siècle présentent des appareils de briques de plus faible épaisseur (4,5 cm à 5 cm) associés, comme dans la ville de Cahors (2), à des moellons de calcaire. Cest sur la base du module des briques que lon a établi lépaisseur des contreforts et des ogives des voûtes. Lappareil est monté en lits réguliers soudés au mortier de chaux et de sable de rivière de forte granulométrie. Les joints de construction sont creux et biais afin de laisser une accroche suffisante au mortier de finition. Les élévations extérieures, qui conservent des séries de trous de boulin, sont traitées en joints de parement beurrés, lissés soigneusement pour affleurer au nu des briques. En revanche, à lintérieur et sur le contour des baies extérieures, les parements ont reçu un enduit uniforme, appliqué en fine couche destinée à recevoir un décor peint. Hormis le portail dentrée et le clocher rapportés à la fin du XVIe siècle ou au début du XVIIe siècle, la façade sur rue conserve ses dispositions initiales structurées autour dun grand arc reçu par les deux contreforts plats. Cette " ossature " assure ainsi lépaulement de la voûte ; elle répartissait également les charges dun clocher primitif. Le dégagement des trois fenêtres logées sous des voussures coiffées darcs en plein cintre a permis de découvrir leurs ouvertures, réduites à une fente de 10 cm de large encadrée dun large chanfrein. Pour pallier léclairage parcimonieusement diffusé par ces minces ouvertures, on a disposé au centre de la façade un oculus logé dans une voussure adoucie par une moulure en quart-de-rond. Lanalyse de la façade par Sylvie Pontlévy a montré que le parement jointoyé avait été initialement recouvert dun badigeon de chaux blanc (ce même badigeon est conservé par endroit sur la façade nord), sauf au contact des voussures et des encadrements extérieurs des baies qui ont reçu un décor de fausse briques ocre rouge sur fond laissé brut. Le principe nest pas isolé, et a été répertorié sur quelques demeures gothiques de Cahors (3). Plus surprenante et plus rare est la présence du badigeon blanc qui ne fut recouvert quà partir du XVIe ou XVIIe siècle. À lintérieur, le décor de briques gagne le contour des baies ; le revers de loculus concentre néanmoins les effets : une couronne de fausses briques ocre rouge borde lentière circonférence de louverture. Une frise soulignée de bandes ocres encercle lensemble ; elle est composée de cercles juxtaposés ajourés de pétales dont le tracé préparatoire à la pointe sèche et au compas affleure encore. Au nord, des sondages ont permis de révéler les vestiges de lancien portail dont larc légèrement brisé et aux arêtes vives apparaît sur le parement. Quelques traces retrouvées au-dessus témoignent de linstallation dun auvent destiné à protéger le passage des fidèles.
Au sud, une petite porte sur laquelle sont incisées deux croix mettait en contact le chur liturgique et lextérieur sans doute occupé par un cimetière. Labside et la nef sont couvertes de voûtes légèrement brisées, composées dogives portées par de puissants doubleaux retombant sur des pilastres. Leur section est celle des briques qui les constituent à lexception cependant des biseaux qui ont été taillés dans le calcaire sur une hauteur de 120 cm. Désolidarisées des voûtains dont elles renforcent simplement les arêtes, elles sont représentatives de linfluence quont exercé les modèles du gothique septentrional sur le Midi de la France à partir du dernier quart du XIIe siècle. Avec létablissement de la confrérie des Pénitents, le parti a été de transférer le chur à louest, dagrandir les fenêtres latérales et de créer à lest un nouveau portail. Quelques traces ténues évoquent les deux Pénitents peints alors sur la façade sur rue. Cest sir cette nouvelle organisation que le XIXe siècle a surenchéri en complétant lintérieur dun décor mural aux motifs néogothiques.
Les travaux de restauration de la façade orientale sont en cours dexécution. Ils concernent la consolidation des maçonneries, la restitution des joints de parement et des décors de fausses briques tels quils étaient au XIIIe siècle. La fixation des plaques denduit et des traces des peintures du XVIe ou XVIIe siècle permet dès à présent de préserver le témoignage de lintervention des Pénitents bleus.Valérie ROUSSET
1. Étude à paraître dans Bulletin de la Société des Études du Lot, 2000.
2. Scellès (Maurice), Cahors, ville et architecture civile au Moyen Âge, Paris : Éditions du Patrimoine, 1999 (Cahiers du Patrimoine n° 54), 253 p.
3. Scellès (Maurice), op. cit. »
Le Président remarque que les sondages réalisés dans cet édifice et la reprise de son étude sont tout à fait passionnants et contredisent tout ce qui a été écrit jusquà présent.
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LUZECH (LOT), CHAPELLE DES PÉNITENTS BLEUS, façade est. Relevé V. Rousset, 1999.
LUZECH (LOT), CHAPELLE DES PÉNITENTS BLEUS, vue de la nef. Cliché V. Rousset, 1999
LUZECH (LOT), CHAPELLE DES PÉNITENTS BLEUS, revers de la façade est :
loculus est entouré dun décor de fausses briques et de cercles à motifs géométriques. Cl. V. Rousset.
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Anne-Laure Napoléone et Maurice Scellès présentent une brève étude dun bâtiment rural médiéval aux Rivals, commune de Saint-Michel-de-Lanès (Aude) :
« La commune de Saint-Michel-de-Lanès se trouve aux confins occidentaux du département de lAude, à la limite de la Haute-Garonne, à une dizaine de kilomètres au sud-est de Villefranche-de-Lauragais. Le village est bâti au bord dun affluent de lHers ; le " château ", au sommet du village près de léglise, montre une haute élévation de moellons où subsiste une fenêtre géminée surmontée dun oculus. La ferme des Rivals est située sur les coteaux, à quelques kilomètres au sud.
Sa silhouette est aujourdhui celle de nombreuses fermes du Lauragais : un long bâtiment alignant sous le même toit maison dhabitation et dépendances. Côté sud, la façade principale de lhabitation présente sept travées dont les largeurs inégales trahissent la régularisation dun bâtiment ayant connu plusieurs modifications. Lélévation postérieure juxtapose sans ordre des ouvertures de formes et dépoques différentes : petites baies rectangulaires, fenêtres du XVIIIe siècles couvertes par des arcs segmentaires, porte néo-classique et grandes fenêtres, porte de remise
De lextérieur rien ne laisse deviner à première vue le bâtiment médiéval. Ce sont en fait quatre portes placées sur le refend longitudinal, qui avaient été dégagées par le précédent propriétaire, qui ont attiré lattention sur lédifice. Profitant de lopportunité quoffraient des travaux de réaménagement, les relevés en plan et en élévation ont pu être précisés grâce à quelques sondages réalisés dans les enduits modernes, sondages néanmoins limités pour lessentiel à la partie occidentale du bâtiment. Létude a été complétée par un examen des bois remployés dans la charpente moderne et par une analyse de dendrochronologie confiée à Béatrice Szepertyski.Le bâtiment est entièrement monté en moellons de calcaire et de grès très irréguliers, vaguement assisés, comme le "château". Les pierres de taille des chaînes et des encadrements des baies sont en calcaire clair de meilleure qualité.
En plan, la construction médiévale se distingue nettement des parties ajoutées par lépaisseur des murs, excepté dans la partie nord du mur oriental où des manques importants sont dus à limplantation de lescalier actuel. Il sagissait dun bâtiment de plan rectangulaire, daxe est-ouest, divisé en deux parties inégales par un mur de refend transversal dont la présence explique en particulier les deux portes jumelles de létage. Les murs latéraux se prolongent de près de quatre mètres au-delà de la façade sud qui était donc précédée dune galerie.
La façade sud présentait en rez-de-chaussée une grande porte couverte dun arc brisé, accolée au mur de refend, qui ouvrait sur la partie orientale du bâtiment. Une seconde porte, plus petite et couverte dun arc en plein cintre, était disposée au milieu de la partie occidentale. Les deux portes de létage, de largeur différente (0,70 m et 1 m), lune couverte dun arc segmentaire, lautre dun arc brisé, sont placées de part et dautre du mur de refend. Aucune autre ouverture na été reconnue dans cette élévation (1). Au sommet du mur, près de langle est, subsistent quelques plaques denduit dont le bord supérieur, conservé, coïncide avec le départ du rampant qui portait la toiture de la galerie.
Lélévation est, nous lavons indiqué, a presque entièrement disparu. Il nen subsiste que le mur de la galerie et, en rez-de-chaussée seulement, langle nord-est du bâtiment. Celui-ci présente un épaississement moderne qui a servi à masquer des canalisations, à un emplacement où se trouvaient déjà des écoulements (destinés à des latrines ou à un évier ?) aboutissant dans une fosse maçonnée et voûtée repérée lors des travaux récents, à lextérieur, contre le mur nord.
Lélévation ouest ne présentait, de façon certaine, aucune ouverture ni en rez-de-chaussée ni à létage. La maçonnerie reprise à létage correspond à une grande cheminée dont le coffre en encorbellement a été démoli. Les jambages (2) et la pierre du contre-cur, peut-être refait à une date inconnue, ont été retrouvés à lintérieur.
Une chaîne en pierre de taille marque langle nord-ouest du bâtiment médiéval. Sur lélévation nord, un petit jour rectangulaire, dont lencadrement est chanfreiné, appartient au premier état de la construction : il éclairait la pièce ouest du rez-de-chaussée. Lenlèvement dune partie de lenduit à létage a permis de mettre au jour plusieurs piédroits de fenêtre appartenant à des états successifs. Lun dentre eux doit être mis en relation avec un arc segmentaire visible dans le comble, que son tracé et son appareil permettent dattribuer à la construction du Moyen Âge. La pièce possédait donc au moins une fenêtre que sa faible largeur et la hauteur de lembrasure conduisent à imaginer en forme de lancette. La réfection de lenduit de la façade nord permettra peut-être un jour de préciser la disposition et la forme des autres ouvertures médiévales.
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SAINT-MICHEL-DE-LANÈS, LES RIVALS, vue axonométrique du bâtiment médiéval conservé dans la construction actuelle.
SAINT-MICHEL-DE-LANÈS, LES RIVALS, essai de restitution de létat dorigine du bâtiment médiéval,
vue axonométrique depuis le sud-ouest.
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SAINT-MICHEL-DE-LANÈS, LES RIVALS :
A. coupe de la sablière de la galerie ; B. sous-face et profil dun chevron.Dans les deux pièces du rez-de-chaussée, les plafonds anciens conservés sont entièrement en sapin : ils sont composés de poutres de 25 cm de retombée et de planches perpendiculaires ; les couvre-joints sont soulignés par un filet ocre jaune. Dans les murs nord et sud, les poutres reposent sur une muraillère. Cette structure est celle des plafonds antérieurs aux plafonds à la française et elle est connue dans de nombreux bâtiments des XIIIe et XIVe siècles. Lanalyse de dendrochronologie a cependant montré que tous les bois prélevés donnaient les années 1738-1754 alors que la muraillère était datée de 1392-1407 en intervalle minimum et de 1392-1422 en intervalle maximum. Il faut en conclure que les plafonds ont été refaits à lidentique au milieu du XVIIIe siècle.
La charpente, moderne, remployait plusieurs pièces de bois qui ont été déposées et analysées. Une poutre de forte section présentant à des espaces réguliers des groupes de trois mortaises pour un poteau et deux aisseliers correspond à la sablière haute de la galerie. Sa face supérieure est taillée en bâtière pour servir darrêt à lencoche pratiquée sur les chevrons, dont lextrémité est taillée en pointe de diamant. Sur les six exemplaires conservés, un a été daté de 1308-1326 et cinq de la fin du XVIe siècle ou du début du XVIIe, tandis que la poutre formant sablière a été datée de 1515-1530 : les chevrons taillés en pointe de diamant se rencontrant assez fréquemment dans des édifices postérieurs au XVe siècle, la date la plus haute peut correspondre à un bois de remploi. Sils confirment lexistence de la galerie et dans une certaine mesure sa structure, qui na probablement pas été grandement modifiée, les bois retrouvés ne permettent pas toutefois dassurer que leur mode dassemblage ait été utilisé avant le XVIe siècle.Le bâtiment médiéval des Rivals, quil faut donc dater de lextrême fin du XIVe siècle ou du tout début du XVe, avait environ dix-huit mètres de long, comprenait un étage et était précédé du côté sud par une galerie à deux niveaux fermée de chaque côté par une avancée du mur latéral, où se trouvait sans doute lescalier. Elle était portée par des piliers maçonnés ou des poteaux en rez-de-chaussée et des poteaux à létage, et était couverte par un toit en appentis ménageant sans doute une rupture avec la toiture principale. Comme au château de Bioule, les pièces ne prenaient pas le jour sous la galerie et cest sur lélévation nord, qui était donc lélévation principale, tournée vers la vallée, que se trouvaient les jours du rez-de-chaussée et les fenêtres de létage. Les deux pièces du rez-de-chaussée pouvaient servir de communs alors que la cheminée nous assure que létage était voué lhabitation.
La fonction du bâtiment nest toutefois pas connue : bâtiment dhabitation lié à une propriété agricole, " relais " pour les Hospitaliers ? Il pouvait en outre être accompagné de dépendances plus ou moins proches et peut-être construites en matériaux moins pérennes.A.-L. NAPOLÉONE & M. SCELLÈS
1. Les murs ont été observés en rez-de-chaussée sur la partie ouest, et des sondages réalisés à létage sur lensemble de lélévation. Le petit jour aménagé plus tard sur la partie orientale du rez-de-chaussée est en faveur dun mur aveugle à lorigine,
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et en outre un argument en faveur dune galerie. Des incertitudes subsistent néanmoins à létage où des petites fenêtres pouvaient éventuellement exister à lemplacement des percements modernes.
2. Au nu du mur et chanfreinés. »
Henri Pradalier complète cette présentation avec quelques notes historiques prises dans l'Histoire du Grand prieuré de Toulouse :
« Daprès Du Bourg, il y avait à lorigine (la date nest pas précisée), au Rival, un simple bâtiment dexploitation agricole (il ne donne pas sa source). On ne sait quand cela devint une commanderie, mais, plus tard, les Hospitaliers reçurent en fief des seigneurs de Saint-Michel, un local dans la ville, où résidèrent les commandeurs tant quexista la commanderie. Situé au sommet du village, près de léglise, il est encore appelé de nos jours "le château".
En 1144, une donation de peu dimportance à lhôpital de Rival permet de constater son existence.
En mars 1167, Bernard de Saint-Michel et Dame Ayceline donnent à lOrdre de Saint-Jean, à Guillaume, prieur de Saint-Gilles, avec leurs personnes, lhonneur quils possédaient dans le territoire de Saint-Jean de Caprescorjade. La donation est approuvée par Sicard de Laurac et sa femme Tiburge, qui promettent leur protection à lhôpital du Rival. Devenue veuve, Ayceline entra dans lordre de Saint-Jean qui lui confia la direction de la commanderie pour la remercier de ses bienfaits.
En mai 1175, Ysarn de Cominian donne à lHôpital tous les biens et les droits quil possédait à Saint-Michel de Lanès et à Saint-Félix de Valflour (aujourd'hui Belflou).
Guillaume de Castlar donne en 1185 le fief quil avait à Saint-Michel près de la route appelée del Bug et allant à lHôpital et à la recluse des Landes. Le donateur et ses frères jurent que loin de causer désormais des dommages à cette maison, à ses habitants, à ses récoltes, ils la prendraient sous leur protection et la défendraient de tout leur pouvoir.
Les Hospitaliers n'ont jamais joui daucun droit dans la commune de Saint-Michel de Lanès. En 1229, les habitants de Saint-Michel intentent un procès aux chevaliers de Saint-Jean, pour les obliger à participer à toutes les dépenses de la ville comme de simples particuliers. Foulque, évêque de Toulouse, qui était juge dans laffaire, trancha en faveur des Hospitaliers et maintint lOrdre dans ses privilèges et exemptions.
En 1266, les commandeurs du Rival ne prennent aucune part à la charte des communes octroyée aux habitants par Pons et Ycard de Saint-Michel et par leurs fils Bérenger, Guillaume et Gérard.
Peu après lérection du prieuré de Toulouse (1315), la commanderie du Rival est rattachée à celle de Caignac. »
Henri Pradalier ajoute qu'il existe une monographie manuscrite de Saint-Michel de Lanès, rédigée par labbé Corraze, déposée aux archives départementales de la Haute-Garonne.
Anne-Laure Napoléone attire lattention de la Compagnie sur les travaux qui seront bientôt réalisés dans le collège de Périgord et la Tour Mauran, et elle sinquiète du traitement qui sera appliqué aux bâtiments alors que seule la tour « romane » est classée Monument historique. Les quelques discussions quelle a pu avoir lont convaincue quil serait opportun que la Société Archéologique du Midi de la France intervienne auprès de la Direction régionale des Affaires culturelles. Le Président précise que les locaux sont destinés à lE.S.A.V.
Le Président remercie les membres de leur assiduité et leur participation à la vie de notre Société et prononce la clôture de lannée académique.
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