COMPTES RENDUS DES
SÉANCES DE L'ANNÉE ACADÉMIQUE
2012-2013
SÉANCE DU 2 OCTOBRE 2012
Présents :
MM. Cazes, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire-adjoint
Mmes Barber, Cazes, Fournié, Haruna-Czaplicki, Merlet-Bagnéris, Napoléone,
Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp, le Père Montagnes, MM. Boudartchouk,
Garland, Lassure, Le Pottier, Peyrusse, Surmonne, Testard, membres titulaires
Mmes Cassagnes-Brouquet, Vallée-Roche, Viers, MM. Darles, Macé, Molet, Péligry,
membres correspondants.
Excusés : Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Pradalier, Directeur,
Scellès, Secrétaire général, Mmes Queixalós, Lamazou-Duplan, Balty, MM.
Balty, Bordes.
Le Président déclare l’année académique ouverte. Il se réjouit du fait que
le programme des communications de l’année soit quasi-complet et annonce
qu’il ne reste de la place que pour quelques communications courtes ou brèves.
Le programme, dont il donne lecture, doit être diffusé rapidement parmi les
membres.
Le Président est heureux d’annoncer une très bonne nouvelle, celle de la
publication du tome LXIX de nos Mémoires dans le courant de l’été. Il remercie le comité de
lecture et le comité éditorial, tout particulièrement Anne-Laure Napoléone
qui coordonne l’ensemble.
Au
titre du courrier, il annonce ou rappelle les candidatures au titre de membre
correspondant de Mesdames Monique Gilles et Sandrine Victor. Par ailleurs, la
Société a déjà reçu, dès avant l’annonce du concours, la candidature
d’un étudiant de l’université de Toulouse-Le Mirail. Le concours verra, cette année,
décerner le prix de Champreux. Il demande que publicité soit faite de ce
concours.
Le Président lit aux membres la réponse du maire de Cahors à la lettre écrite
en juin à propos du devenir du Château du Roi à Cahors, prison récemment évacuée
en même temps que haut-lieu de l’architecture médiévale. Le maire remercie
la Société qui s’était inquiétée de son avenir, signale que le lieu est
propriété de l’État et qu’à ce jour, il n’a pas d’information. Il ne
pense pas que la Ville puisse supporter l’éventuelle restauration et
l’entretien d’un tel palais. Il suggère sur la Société se rapproche des
services de l’État concernés. Le Président propose de faire suite à la
suggestion du maire et propose d’écrire au préfet.
G.
Ahlsell de Toulza offre à la Société un opuscule consacré à l’Architecte
en chef des Monuments Historiques, Sylvain Stym-Popper, réalisé à
l’initiative de la DRAC Midi-Pyrénées.
Le Président rappelle que les publications reçues cet été sont en libre accès
dans la salle de lecture.
Puis il passe la parole à Patrice Cabau pour la communication du jour : Pierre de la Chapelle (v. 1240-1312) au service de l’Église.
[Résumé à insérer]
Le Président remercie Patrice Cabau pour cette biographie renouvelée de l’évêque
Pierre de la Chapelle, les précisions apportées sur la mise en place de
l’archevêché, les suggestions sur la part que P. de la Chapelle a pu avoir
dans les travaux de reconstruction du chœur de la cathédrale.
Marie
Vallée-Roche demande des précisions sur la référence d’un texte cité.
Michèle Pradalier-Schlumberger demande si la figuration de la clef de voûte de la chapelle
située au sud de celle d’axe peut être celle de saint Louis canonisé :
ce dernier n’a en effet pas de nimbe. Laurent Macé ajoute que l’on a récemment
découvert un sceau de Pézenas, dans lequel on voit les consuls de la ville
agenouillés devant saint Louis, qui est effectivement nimbé. Michèle Pradalier-Schlumberger
pense qu’il s’agit plutôt d’une image funéraire du roi, avec les anges,
mais avant sa canonisation la présence des anges rappelle celle que
l’on peut voir de façon habituelle, de part et d’autre d’un gisant. Cette
remarque a pour effet de faire remonter la chronologie de la construction de
cette chapelle. Pour Laurent Macé, les anges portent le trône : il
n’est pas encore aux cieux. Daniel Cazes relève qu’il s’agit d’un thème
iconographique rare, celui du trône enlevé par des anges il n’en
connaît pas d’autres, et Michèle Pradalier-Schlumberger non plus.
Revenant
à l’interprétation de Jules de Lahondès qui y voyait la représentation du
Christ-roi, Daniel Cazes pense qu’elle n’est pas viable : les anges ne
portent jamais le trône. Sophie Cassagnes-Brouquet ajoute que le Christ ne
tient jamais de sceptre. Michèle Pradalier-Schlumberger demande à Patrice Cabau comment saint Louis
canonisé est généralement représenté. Patrice Cabau répond qu’il n’a pas
mené l’enquête, mais que le sujet est à creuser.
Au titre des questions diverses, Jean-Luc Boudartchouk explique qu’il a été à Saint-Bertrand de Comminges, le 13 septembre, avec Patrice Cabau, à l’invitation de Jean-Luc Schenck. Il s’agissait de reprendre, en public, la discussion sur les fragments de table d’autel de la fin de l’Antiquité. Il a salué cette heureuse initiative de Jean-Luc Schenck, qui a été très appréciée du public, et qui a permis de rapprocher les points de vue : une publication commune est d’ailleurs envisagée.
SÉANCE DU 16 OCTOBRE 2012
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Guy Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-adjoint
Mmes Fournié, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp, MM. Bordes,
Lassure, Peyrusse, Surmonne, membres titulaires M. Péligry, membre
correspondant.
Excusés : Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste,
Mmes Balty, Barber, Bourin, Cazes, Friquart, Heng, Haruna-Czaplicki, Krispin,
Lamazou-Duplan, Queixalos, MM. Balty, Chabbert, Garrigou Grandchamp, Garland,
Tollon.
Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 5 juin 2012, qui est adopté. Puis le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 2 octobre dernier, établi par Quitterie Cazes, qui est adopté. En marge du dernier procès-verbal, Michèle Pradalier-Schlumberger souhaite préciser que le fait que saint Louis ait les pieds posés sur un lion ajoute à l’image funéraire.
Le Président confirme qu’il a bien écrit au préfet du Lot à propos du sort de la maison d’arrêt de Cahors, en rappelant que notre Société s’inquiétait du devenir de ce palais médiéval depuis maintenant 10 ans. Les locaux sont désormais vacants, ce qui laisse craindre des dégradations.
Michèle et Henri Pradalier offrent pour notre bibliothèque le beau volume : Musée Fenaille : guide du visiteur, Grand Rodez, Musée Fenaille, 2003, 246 p. Le Président les remercie tous deux au nom de notre Société.
La
correspondance comprend en particulier :
-
un courrier de la Mairie de Toulouse nous annonçant l’attribution d’une
subvention de 3000 €
-
une lettre de candidature au titre de membre correspondant adressée par M.
Nicolas Bru
-
une lettre de Madame Claire Rousseau accompagnant l’envoi de son mémoire de
Master II, qui complète son Master I primé au printemps par notre Société
-
de la part du Conseil général du Lot, la brochure sur l’église de
Saint-Pierre-Toirac, due à notre consœur Anaïs Charrier
-
un envoi de Stéphane Fargeot, Tentative d’établissement d’une
bibliographie générale. Lespugue, Montmaurin et sites voisins…, 2012, 69
p.
-
deux brochures de la collection Monuments historiques et objets d’art du
Languedoc-Roussillon, éditées par la D.R.A.C. de Languedoc-Roussillon :
Les monuments historiques et la pierre, 2012, 56 p. et La cathédrale
Saint-Michel de Carcassonne, 2012, 48 p.
L’ordre du jour appelle l’élection d’un membre correspondant. Michelle Fournié présente son rapport sur la candidature de Mme Monique Gilles. Le Président la remercie pour cette présentation précise et chaleureuse de la postulante. On procède au vote : Mme Monique Gilles est élue membre correspondant de notre Société.
Guy Ahlsell de Toulza donne des nouvelles de la santé de Bernadette Suau, qui se trouve maintenant dans les Landes. Elle sait que nous pensons à elle. Le Président se réjouit de ces nouvelles, souhaitant en notre nom à tous la meilleure santé possible à notre consœur.
Guy
Ahlsell de Toulza signale à l’attention de la Compagnie le débat suscité
par les projets d’aménagement de la maison Gaugiran à Cordes-sur-Ciel, dont
il a été informé par courriels. Il était en particulier prévu de déposer
une partie de la cloison en planches du rez-de-chaussée. La Mairie a finalement
décidé de remettre le projet à l’étude.
Maurice
Scellès indique qu’il a accompagné les Ateliers de l’école de Chaillot
qui se tenaient cette année à Cordes, pendant la première semaine
d’octobre, et qu’à cette occasion il a rencontré les membres de
l’Association du Vieux Cordes et l’adjoint au maire chargé de la Culture.
Il rappelle que la maison Gaugiran a fait l’objet d’analyses de
dendrochronologie, dont on a rendu compte ici même, en épargnant cependant la
cloison de planches, afin de ne pas l’endommager. Mais les inquiétudes de l’Association portent aussi sur la cour, qu’il est
prévu de couvrir par une verrière et de décaisser sans qu’aucune fouille
archéologique ne soit prévue. Un membre dit que le Service régional de l’archéologie est informé
et qu’un diagnostic archéologique devrait être réalisé.
La parole est à Louis Latour pour une communication sur Les céramiques sigillées gallo-romaines des sites d’Auterive (Haute-Garonne).
Le
Président remercie Louis Latour d’être venu nous expliquer ces découvertes
faites tout au long de sa vie. Notre confrère précise que ces céramiques
proviennent de plusieurs sites d’Auterive.
Relevant
le caractère presque industriel de ces productions, Dominique Watin-Grandchamp
se demande s’il faut imaginer une organisation des fabriques avec plusieurs
lieux de production ou bien le déplacement des potiers entre Montans et la
Graufesenque. Louis Latour dit que la réponse se trouve dans les musées, qui
conservent plusieurs milliers de vases. À Montans mais surtout à Millau ont été
retrouvés des comptes d’enfournements de commandes gravés sur des tessons.
On se demande donc quel était la signification des signatures : rendre à
chacun ses produits, mais peut-être aussi permettre la perception de taxes.
Pour sa part, Louis Latour donne sa faveur à la première hypothèse.
La parole est à Jean-Michel Lassure pour une communication sur Une matrice de sceau pour le décor de plats de Giroussens.
Le
Président remercie notre confrère de nous avoir présenté cette très intéressante
découverte, et d’avoir accepté de le faire au pied-levé pour compléter le
programme de cette séance.
Louis
Peyrusse fait observer que la dimension du sceau est donnée par les empreintes
portées par les céramiques.
Maurice
Scellès se demande quel pouvait être l’usage d’un tel sceau. Pour Louis
Peyrusse et Dominique Watin-Grandchamp, il s’agit sans doute d’une marque de
contrôle. Jean-Michel Lassure observe qu’on ne le trouve que sur des pièces
de 30 à 40 cm de diamètre, qui ne sont pas très fréquentes, et il souhaite
avoir l’avis de Guy Ahlsell de Toulza.
Celui-ci
se déclare très content de cette découverte, qui lui inspire plusieurs réflexions.
Seulement 5 % des pièces conservées portent des empreintes de sceau, et trois
de ces sceaux sont des sceaux publics : contrat d’Albigeois, armes de
France et armes de France et Navarre. Il ne peut être question d’un usage de
fantaisie quand il s’agit des armes du roi, et il faut donc penser que les pièces
portant de telles marques faisaient partie d’une vaisselle de montre destinée
à des officiers royaux. Dans le cas du sceau du contrat d’Albigeois, on peut
se demander si le commanditaire était d’Albi, ou s’il avait une maison de
campagne à laquelle ces pièces de vaisselle auraient été destinées. Il faut
en tout cas remarquer que le sceau du contrat d’Albigeois est le plus fréquent.
Quant aux sceaux aristocratiques, ils ne se distinguent pas des sceaux utilisés
pour la vaisselle d’étain.
Guy
Ahlsell de Toulza se dit sceptique sur l’identification du sceau de Robert,
qui ne blasonne pas du tout de cette manière. Il est en revanche d’accord sur
le fait qu’il s’agit d’un sceau en bois plutôt qu’en bronze.
François
Bordes voudrait savoir si l’on connaît d’autres centres de production
utilisant des empreintes de sceaux. Guy Ahlsell de Toulza précise que les plats
de Giroussens sont les seuls à intégrer les sceaux au décor, et qu’il
s’agit en outre d’une production très limitée dans le temps, les seules décennies
1670 et 1680, sur un siècle de production.
Jean-Michel
Lassure fait remarquer que le sceau du contrat d’Albigeois qui a été retrouvé
n’était plus en usage puisque son manche avait été coupé, et il ajoute
qu’un sceau est un objet personnel qui est détruit à la mort de son détenteur.
C’est ce qui pourrait expliquer que des sceaux en usage sous Henri IV aient pu
être réutilisés en tant que décors aussi tardivement. Guy Ahlsell de Toulza
objecte que l’on connaît des sceaux de notaires encore en usage longtemps après
la disparition de leur propriétaire, et il insiste sur le fait qu’on ne
pouvait certainement pas marquer impunément sa vaisselle aux armes royales.
Dominique
Watin-Grandchamp suppose qu’il devrait être possible de retrouver des
documents portant le sceau du contrat d’Albigeois : M. Matthieu Dessachy
en connaît peut-être. Il est en outre probable que les marques de juridiction
aient été enregistrées, comme l’étaient les poinçons d’orfèvres sur
les plaques d’insculpation.
Au titre des questions diverses, Henri Pradalier rapporte la découverte, signalée par la presse, d’une peinture murale romane à Ourjout, commune de Les-Bordes-sur-Lez en Ariège, et demande si quelqu’un peut lui apporter des précisions. Dominique Watin-Grandchamp et Maurice Scellès en ont entendu parler mais n’ont pas plus d’informations. Pour le Président, c’est une affaire à suivre.
François Bordes annonce l’acquisition par les Archives municipales de Toulouse de notes de Limouzin-Lamothe, dont les manuscrits originaux de sa thèse et de sa thèse complémentaire. Puis il signale l’acquisition par le Muséum d’histoire naturelle de Toulouse d’un très beau fonds de papiers d’Émile Cartailhac, retrouvé sous un escalier lors de travaux dans sa maison. Le fonds sera déposé aux Archives municipales pour être numérisé et mis en ligne rapidement. Le Président félicite François Bordes de cette acquisition, qui survient à point nommé alors qu’Émile Cartailhac est de plus en plus étudié.
Henri Pradalier indique que l’Académie des Jeux floraux a l’intention de célébrer le centenaire de la mort de Jules de Lahondès, célébration à laquelle notre Société devrait peut-être s’associer. Michèle Pradalier-Schlumberger ajoute que la famille conserve encore des archives. Louis Peyrusse note que Jules de Lahondès n’a pas marqué l’historiographie toulousaine d’un éclat particulièrement remarquable.
Jean-Michel Lassure signale que des fouilles subaquatiques ont été entreprises dans la Garonne, à Toulouse, et qu’elles ont en particulier permis de constater que subsistaient des maçonneries de quatre ou cinq piles de l’aqueduc.
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 2012
Présents :
MM. Cazes, Président, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ;
Mmes Barber, Fournié, Haruna-Czaplicki, Napoléone, Pousthomis-Dalle,
Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp, MM. Bordes, Catalo, le Père
Montagnes, MM. Peyrusse, Surmonne, Testard, Tollon, membres titulaires ;
Mmes Bossoutrot, Cassagnes-Brouquet, Czerniak, Lamazou-Duplan, MM. Chabbert, Péligry,
Rebière, membres correspondants.
Excusés :
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Pradalier, Directeur, Ahlsell de
Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-adjoint : Mmes Balty, Cazes,
Gilles, Heng, Queixalós, MM. Balty, Garrigou Grandchamp, Garland.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 16 octobre dernier, qui est adopté. Après avoir indiqué que nous avions dans nos archives un recueil d’héraldique établi par Jules de Lahondès, Patrice Cabau se demande si notre Société ne pourrait pas en envisager la publication à l’occasion de la commémoration du centenaire de sa mort. Le Président approuve la proposition en ajoutant que nous possédons également de nombreux dessins de Jules de Lahondès, qui ont souvent illustré des articles de nos Mémoires ou d’autres publications.
L’ordre du jour appelle
l’élection de membres correspondants. Louis Peyrusse donne lecture des
rapports qu’il a établis sur les candidatures de MM. Nicolas Bru et Nicolas
Buchaniec. Tous deux sont élus membres correspondants de notre Société.
Le Président se réjouit de
l’arrivée parmi nous de ces deux nouveaux membres.
Le Président évoque
ensuite le concours de l’année 2013, pour lequel nous avons déjà un
candidat, M. Raphaël Neuville, dont le travail porte sur l’artiste toulousain
Adrien Dax (1913-1979).
Cette candidature relance un
débat de fond, qui a déjà fait l’objet de discussions au cours de ces dernières
années mais qu’il était nécessaire de reprendre avant de juger et de
classer les travaux présentés au concours. Acceptons-nous des travaux portant
sur les périodes aussi proches, voire sur des artistes vivants ? Plus généralement,
quel est aujourd’hui le champ d’étude de notre Société ?
Les fondateurs de notre Société
ne se sont pas posé la question en ces termes : si lors de la séance de
fondation du 2 juin 1831, ce sont les monuments de l’Antiquité et du Moyen
Age qu’il s’agit d’étudier, les statuts déclarent que la Société Archéologique
« s’occupe du passé », principalement du Midi de la France. Les
statuts adoptés en 1885 énoncent que la Société « s’occupe des
monuments et des arts » dans le Midi de la France.
Le Président donne alors la
parole à Louis Peyrusse, spécialiste des XIXe et XXe siècles et bon
connaisseur de l’histoire de notre Société, à qui il a demandé de bien
vouloir nous exposer son point de vue.
Pour Louis Peyrusse, la
question posée en cache en effet une autre. Quels sont les domaines d’étude
de la Société Archéologique ? Le premier volume des Mémoires
parle des « monuments de nos pères », qui sont alors menacés :
ces monuments « archéologiques », au sens des années 1830,
constituent ce que l’on appelle aujourd’hui « le patrimoine »
dans son acception la plus générale. Les publications des débuts montrent une
grande ouverture d’esprit : le marquis de Castellane s’intéresse aux
manuscrits, à l’imprimerie toulousaine, à des poteries péruviennes…
d’Aldéguier publie une étude sur l’hôtel Mac-Carthy à Toulouse et rend
compte des travaux d’Hausman à Paris, Lami de Nozan traite de la peinture sur
verre au XIXe siècle… C’est dans les années 1880 que se manifeste une
forme de repli sur l’Antiquité, le Moyen Age et la Renaissance.
Évidemment, le champ du
patrimoine s’est considérablement élargi depuis, et dans cette évolution,
les sociétés savantes, départementales ou autres, sont en perte de vitesse.
Or le XXe siècle est celui qui a le plus construit, avec parfois une
obsolescence programmée. Peut-on refuser de prendre en compte ce siècle
historique ? Il convient plutôt de garder une ouverture très générale
et de ne pas injurier l’avenir. Nous ne sommes pas à Paris, et aucune autre
société savante ne prendra le relais si nous ne le faisons pas.
Quelle limite choisir ?
1945 est bien tôt. Alors 1965 ? Le plus simple serait sans doute de s’en
tenir à n’étudier que les œuvres d’artistes décédés.
Le Président remercie Louis Peyrusse de ce véritable plaidoyer pour l’ouverture, qui apporte des éléments précis à notre discussion.
Françoise Merlet-Bagnéris
craint une certaine incompréhension de la part du candidat au concours. Le Président
rappelle que c’est la raison pour laquelle le débat doit avoir lieu avant
l’examen des mémoires présentés au concours.
François Bordes serait
moins catégorique que Louis Peyrusse sur l’absence de relais en dehors de
notre Société, et il rappelle le champ d’action très large des Toulousains
de Toulouse. Louis Peyrusse fait observer que, toute révérence gardée, les
Toulousains de Toulouse se situent plus sur le terrain de la protection du
patrimoine que sur celui de l’étude, et il pense que la Société Archéologique
a une autorité morale un peu différente.
Pour Bernard Pousthomis, la
question de l’ancienneté du sujet traité est un faux problème, et une
notion très variable selon le sujet d’étude, et de citer l’exemple des
Antilles.
Roland Chabbert souligne que
la demande d’étude du patrimoine du XXe siècle est de plus en plus forte,
souvent parce qu’il s’agit d’un patrimoine en danger.
Maurice Scellès rappelle
les raisons de son opposition à l’élargissement du champ au XXe siècle,
telles qu’il a pu les exprimer lors des précédentes discussions. Il ne
s’agit pas d’un quelconque manque d’intérêt pour les réalisations
contemporaines. La préoccupation était celle de la cohérence de notre
publication, à laquelle on ne pouvait demander de pallier l’absence de revue
régionale dédiée au XXe siècle. Et ce n’est pas non plus dans nos Mémoires
qu’un lecteur serait venu chercher un article sur les céramiques de Picasso.
La question de la prise en compte de fouilles archéologiques sur des sites
contemporains ne se pose d’ailleurs pas dans les mêmes termes, en raison
surtout des méthodes d’étude mises en œuvre.
Daniel Cazes fait remarquer
que nous pourrions avoir le même problème avec l’arrivée parmi nous d’un
préhistorien, la préhistoire étant depuis longtemps exclue de fait de notre
champ d’étude.
Louis Peyrusse appelle à ne
pas injurier l’avenir, et à garder à l’esprit que si la Société Archéologique
du Midi de la France se porte bien, la Société Française d’Archéologie
voit baisser le nombre de ses membres. Pour Virginie Czerniak, il faut tenir
compte du fait que les étudiants sont désormais nombreux à se spécialiser en
art contemporain.
Répondant à une question
de Jean-Marc Stouffs, Dominique Watin-Grandchamp confirme que des œuvres ont déjà
été classées au titre des Monuments historiques du vivant de l’artiste.
Sophie Cassagnes-Brouquet rappelle que ce n’est d’ailleurs pas sans poser
quelques problèmes de droits. Louis Peyrusse fait observer que la mort fige
l’œuvre et crée une distance.
Après avoir constaté qu’il n’y a pas lieu pour l’heure de s’inquiéter d’un trop grand nombre d’articles consacrés au XXe siècle, le Président conclut la discussion en soumettant au vote de la compagnie une première proposition fixant la limite chronologique de notre champ d’étude aux œuvres des artistes décédés. La proposition est adoptée par 15 voix pour, 4 contre et 3 abstentions.
La parole est à Anne Bossoutrot pour la première communication du jour : L’église de Lavernose-Lacasse : découvertes à l’occasion de sa restauration.
Le Président remercie Anne
Bossoutrot de nous avoir présenté cette église quasi-inconnue de la
bibliographie, alors qu’il s’agit d’un édifice roman important, à trois
vaisseaux. Le volume de la nef est splendide. L’absence d’études surprend
d’autant plus que l’état de conservation est bon dans l’ensemble. Et les
travaux ont révélé de nombreux détails intéressants pour l’histoire de
l’édifice.
En réponse à une question
de Bernard Pousthomis, Anne Bossoutrot indique que la surélévation de
l’abside est actuellement inaccessible.
Patrice Cabau voudrait
savoir dans quel diocèse se trouve Lavernose. Sans doute dans le diocèse de
Toulouse, pour Jean-Louis Rebière, ce que croit également Daniel Cazes, en
tout cas pour le XIIe siècle.
Daniel Cazes note le nombre
considérable de remplois antiques dans les maçonneries, ce qui fait penser,
par exemple, à Mazères-sur-Salat. Y avait-il sur le site de Lavernose une villa
ou bien une église paléochrétienne ? Un ou deux fragments de sarcophage
apparaissent à la base de la façade. Tous ces remplois laissent imaginer tout
ce qu’une fouille archéologique pourrait révéler. La construction du XIIe
siècle est très proche de Saint-Sernin de Toulouse, par le recours à des matériaux
de remploi, par les formes, par le décor sculpté. Patrice Cabau remarque que
le contexte est très semblable à celui de Saint-Rustice, ce que pense aussi
Daniel Cazes.
Virginie Czerniak voudrait
savoir si quelqu’un est intervenu sur le vestige de peinture extérieur. Anne
Bossoutrot indique qu’elle a consulté Michèle Bellin, qui n’a pas pu
vraiment la renseigner. Virginie Czerniak cite d’autres exemples de décors
peints extérieurs, à Gluges par exemple, et Jean-Louis Rebière y ajoute
Rocamadour.
S’agissant des personnages
sous arcades de la voûte de la travée droite du chœur, Anne Bossoutrot pense
qu’il faudra être très attentif lors des travaux intérieurs.
Bernard Pousthomis voudrait
savoir si les couleurs des enduits extérieurs ont des fondements archéologiques.
Anne Bossoutrot dit qu’elle n’a pas repris le parti existant. Les enduits étaient
très dégradés. Les trois teintes retenues ne correspondent pas à une vérité
archéologique, ils ne visent qu’à différencier les trois parties de l’édifice.
La parole est à Jean-Louis Rebière pour la seconde communication de la séance : Le plafond peint de l’abbaye de Lagrasse : découvertes à l’occasion de sa restauration.
Le Président remercie
Jean-Louis Rebière pour cette communication très intéressante qui nous a
permis de découvrir tous ces vestiges de l’abbaye de Lagrasse, hélas !
si malmenée.
Répondant à une question
de Louis Peyrusse, Jean-Louis Rebière précise que le rapprochement des deux
parties de l’effigie sculptée a montré qu’il n’y avait pas de connexion
possible. Nelly Pousthomis-Dalle précise qu’en dépit de la différence de
patines, les deux morceaux appartiennent probablement à la même pièce, avec
une forte probabilité pour une représentation de l’abbé Roger. Elle
confirme par ailleurs que la chapelle basse n’était pas dédiée à
Marie-Madeleine.
On explique
comment l’ensemble de Lagrasse fonctionne encore comme une véritable abbaye,
avec le Conseil général comme abbé et les moines comme chanoines.
Au titre des questions
diverses, Maurice Scellès montre des photographies, communiquées par sa collègue
Sylvie Decottignies, des peintures découvertes cet été dans l’église
d’Ourjout, en Ariège, et sur lesquelles Henri Pradalier souhaitait avoir
des informations lors de notre dernière séance.
Jean-Marc Stouffs constate
que les photographies ne laissent pas de doute sur le fait que les peintures ont
déjà fait l’objet d’une intervention. Virginie Czerniak rappelle que les
peintures ont été découvertes alors que l’atelier Langlois travaillait à
la restauration du retable, retable dont on ne sait plus sur place où il se
trouve actuellement, rapporte Roland Chabbert. Virginie Czerniak pense que les
peintures ont fait l’objet d’un nettoyage et peut-être d’un traitement
sur le blanchiment. Elle s’étonne de l’absence de toute étude préalable,
et elle s’interroge sur la façon dont on traite les peintures monumentales en
général, au cas par cas semble-t-il. On a là une découverte majeure, et
l’on confie un ensemble absolument exceptionnel au restaurateur qui se trouve
sur place ? Si c’est un restaurateur qui est intervenu, on devrait en
tout cas avoir un rapport de restauration.
Anne Bossoutrot souligne la
difficulté du choix entre la mise en valeur des peintures et la remise en place
du retable. Il s’ensuit une rapide discussion sur les avantages et les inconvénients
de la conservation in situ.
Le Président veut rester
optimiste, et il se félicite que chacun d’entre nous soit désormais informé
du caractère exceptionnel de cette découverte.
SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 2012
Présents :
MM. Cazes, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général,
Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Barber, Cazes, Fournié,
Haruna-Czaplicki, Pradalier-Schlumberger, le Père Montagnes, le général
Garrigou Granchamp, MM. Bordes, Peyrusse, Surmonne, Tollon, membres titulaires ;
Mmes Cassagne-Brouquet, Gilles, Heng, Jaoul, Jiménez, MM. Buchaniec, Péligry,
membres correspondants.
Excusés : Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Pradalier, Directeur,
Latour, Bibliothécaire-Archiviste adjoint, Mmes Lamazou-Duplan, Vallée-Roche,
MM. Bru, Chabbert, Garland.
Invités : Mmes Deschaux, Péligry, M. González Fernandez.
Le
Président souhaite la bienvenue à deux membres correspondants récemment élus,
Mme Monique Gilles et M. Nicolas Buchaniec. Puis
Daniel Cazes accueille trois personnes invitées par notre confrère Christian Péligry,
conférencier du jour : Mme Jeanne Péligry, Mme Jocelyne Deschaux,
conservateur du Patrimoine écrit à la Bibliothèque d’Étude et du
Patrimoine de la Ville de Toulouse, M. Luís González Fernandez,
enseignant-chercheur à l’Université de Toulouse II-Le Mirail et spécialiste
de l’Espagne.
M. Cazes donne ensuite des nouvelles de Bernadette Suau et d’Henri Pradalier.
Parmi
la correspondance reçue par la Société, le Président relève :
-
une invitation de notre consœur Christine Aribaud à assister à la soutenance
de son Habilitation à Diriger des Recherches, « L’art malgré la règle.
Broderie et culture visuelle au Carmel (France, 1604-1791) », qui aura
lieu en Sorbonne le vendredi 23 novembre 2012 ;
-
une invitation au vernissage de l’exposition organisée à l’Espace-Bazacle :
« Germaine Chaumel : profession photographe », qui aura lieu le
vendredi 23 novembre 2012 ;
-
un courrier de M. le Préfet du Lot, qui répond à la lettre que la S.A.M.F.
lui avait adressée à propos du devenir de l’édifice jusqu’ici occupé par
la Maison d’arrêt de Cahors et libéré par l’État ; tout
administrative, la réponse préfectorale renvoie à France Domaine, Service dépendant
du Ministère des Finances.
À
propos de cet édifice, on rappelle qu’il s’agit d’un palais médiéval,
celui d’Arnaud de Via (dont la famille était alliée à celle de Jacques Duèze,
futur pape Jean XXII), dit plus tard château du roi, parce qu’il fut à
partir du XVe siècle siège de la sénéchaussée. Maurice Scellès
indique que la municipalité de Cahors a cessé de se positionner en acquéreur.
Michelle Fournié suggère que M. Patrice Foissac pourrait avoir des
informations, puis elle mentionne un projet cadurcien de colloque consacré à
Jean XXII. Pierre Garrigou Granchamp dit qu’il faudrait prendre contact avec
la Direction régionale des affaires culturelles, puisque le bâtiment est sous
protection réglementaire. Guy Ahlsell de Toulza s’étant enquis du niveau de
protection, Maurice Scellès précise que la tour est classée, mais pas le
logis accolé. Louis Peyrusse, après s’être déclaré « inquiet »,
d’autant plus que « le Préfet est sourd », préconise de prendre
contact avec France Domaine. Il est décidé d’adresser un courrier à ce
Service.
L’ordre du jour appelle une communication longue prononcée par Christian Péligry, intitulée La présence hispanique à Toulouse et dans le Midi toulousain, au cours de la première moitié du XVIIe siècle : quelques aspects.
Le Président remercie notre confrère pour ce « beau tableau » évoquant les relations intellectuelles et artistiques par-delà les Pyrénées à une époque de l’histoire de Toulouse qui reste relativement peu connue. Daniel Cazes note que si les rapports entre Las Tanossa et François Filhol ont laissé à Huesca des traces visibles, il ne s’en est pas conservé de souvenir à Toulouse. Quitterie Cazes indique avoir pu localiser la maison qu’occupait l’hebdomadier Filhol dans l’ancien enclos canonial de Saint-Étienne. Christian Péligry dit avoir beaucoup cherché pour connaître le devenir des raretés qu’il accumulait dans son cabinet, mais en vain. Daniel Cazes suggère la piste espagnole.
Au
titre des questions diverses, le Président signale deux articles parus dans La
Dépêche du Midi, relatant :
-
la pose de la première pierre d’un musée de la Préhistoire à Aurignac (11
novembre 2012) ;
-
la découverte d’un fragment basculé de l’enceinte antique de Toulouse, mis
au jour place Saint-Pierre (8 novembre 2012).
Concernant
le port Saint-Pierre, ancien port de Vidou ou Bidou, Daniel Cazes craint d’y
voir ressurgir le projet qui a été abandonné pour le port de la Daurade. François
Bordes signale que le projet de Joan Busquets pour la Daurade a finalement été
« aménagé » avec le souci de préserver le bien-être des
riverains, puis il indique que l’aspect ancien du port Saint-Pierre est connu
par une photographie datant des années 1860. M. Cazes mentionne un cliché
d’Ancely daté de 1880, puis il évoque le port tel qu’il fut modelé dans
la seconde moitié du XVIIIe siècle par l’ingénieur, architecte
et urbaniste Joseph-Marie de Saget, directeur des travaux publics de la Province
de Languedoc : un plan incliné en pente douce entre deux murs de digue latéraux.
La paroi de fond limitant vers l’ouest la place Saint-Pierre n’a été
introduite que vers le milieu du XIXe siècle, au moment de la
construction du premier pont Saint-Pierre et de la création de la place
actuelle.
Un
échange de vues s’engage au sujet de la relation de la ville avec son fleuve.
Louis Peyrusse rappelle que le passage de la Garonne dans Toulouse est inscrit
depuis 1942 à l’Inventaire des sites. On fait observer que la protection des
monuments comme celle des sites est une garantie de leur « meilleur
traitement », pas de leur conservation. M. Peyrusse est d’avis que la
Société prenne contact avec l’architecte catalan pour l’informer de
l’importance historique, monumentale et urbanistique du plan conçu par Saget
pour ordonnancer le front fluvial de Toulouse.
Guy
Ahlsell de Toulza s’émeut de la disparition des vestiges de la tour « Charlemagne »
et du morceau du rempart romain resté visible depuis la fin du XIXe
siècle dans le jardin du Capitole, actuel square Charles-de-Gaulle. Daniel
Cazes explique que la tour a été enterrée au motif officiel que « il
valait mieux la recouvrir, pour mieux la conserver » ; au reste, un
marquage au sol – très discret – en indique l’emplacement. M. Cazes
conclut que toutes les occasions sont ratées à Toulouse de reconnaître
l’enceinte antique comme le premier monument de la ville. En Espagne, à
Saragosse ou Barcelone, tous les éléments de la muraille urbaine sont préservés,
rendus accessibles, mis en valeur.
Michèle Heng annonce que le Journal des arts vient de publier dans son dernier numéro un dossier sur la situation du patrimoine à Toulouse : « un dossier au Kärcher » !
SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 2012
Présents :
MM. Cazes, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général,
Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Balty, Barber, Cazes, Haruna-Czaplicki,
Jaoul, Merlet-Bagnéris, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, MM. Garland,
Lassure, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, membres titulaires ; Mmes Balty,
Guiraud, Vallée-Roche, MM. Balty, Buchaniec, Capus, Laurière, Veyssière,
membres correspondants.
Excusés :
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Pradalier, Directeur, Latour, Bibliothécaire-adjoint ;
Mmes Queixalós, MM. Chabbert, Garrigou Grandchamp.
Invités :
MM. Daniel Bonhoure, d’Avignonet (Haute-Garonne), Jean Guénot, de la Société
des Études de Comminges, Michel Passelac, chercheur au C.N.R.S. (UMR 51-40,
Lattes).
Le Président souhaite la
bienvenue à nos invités qu’il présente à la Compagnie.
Puis il rend compte de la
correspondance.
Mme Geneviève Bessis,
encore récemment bibliothécaire à la Bibliothèque municipale de Toulouse,
nous propose sa candidature au titre de membre correspondant. Celle-ci sera
examinée dès ce soir par le Bureau.
Avec l’invitation à sa séance
publique annuelle, l’Académie de législation nous adresse un DVD des
communications sur l’Europe et le droit qui ont été présentées au cours de
ses séances du premier semestre 2012.
Le Président a par ailleurs
écrit à la directrice de France Domaine à Cahors pour lui demander des
informations complémentaires sur la mise en vente de la maison d’arrêt,
ancien palais de Via classé Monument historique, et en particulier sur les
garanties que l’on peut avoir quant à la conservation du monument et de
l’ensemble du site archéologique.
Le Président a également
adressé un courrier à M. Joan Busquet, architecte-urbaniste, au sujet du
projet de réaménagement du port Saint-Pierre. Depuis notre dernière séance, La
Dépêche du Midi a publié un article illustré par une image de synthèse
qui permet de mieux voir le projet, mais pas de savoir ce qu’il adviendra véritablement
des murs de Saget.
Deux dons viennent enrichir
notre bibliothèque :
- Voyages pittoresques et
romantiques du baron Taylor dans l’ancienne France, Languedoc (tome I),
Toulouse, Albi, lithographies choisies et commentées par Louis Peyrusse,
Nouvelles éditions Loubatières, 2012, 96 p. (don de l’auteur) ;
- Livre de raison ou main
courante et arretés des comptes de Mons. M. Jean François de Tournier,
seigneur direct de Barriac habitant de Pampelonne en Albigeois, manuscrit,
non paginé, 1720-1750 environ, avec de nombreuses pièces volantes (don de
Maurice Scellès).
Louis Peyrusse propose
d’informer nos collègues de l’Université qui travaillent sur ce type de
documents, ce que Maurice Scellès accepte bien volontiers.
Au nom de la Société, le
Président remercie les deux donateurs.
La parole est à Emmanuel Garland pour une communication courte sur Les vestiges gallo-romains d’Esbareich en Barousse :
La Barousse est une modeste vallée glacière de 171 km2 qui s’étend sur une vingtaine de kilomètres au sud de Saint-Bertrand-de-Comminges, l’ancienne cité des Convènes. La plaine de Saint-Bertrand en constitue son débouché naturel. De part sa morphologie, la Barousse offre assez peu de terres cultivables (au regard des terres situées en plaine) mais est propice à l’élevage. Sa population fut toujours modeste. Du fait de sa proximité avec l’ancienne cité des Convènes, il n’est pas surprenant de trouver de nombreux vestiges antiques dans toute la vallée, et donc à Esbareich1, village de 74 habitants, qui est sis dans sa partie sud, à 12 km de la cité épiscopale du Comminges. La plupart des vestiges antiques du Comminges furent inventoriés en leur temps par Julien Sacaze et sont bien connus2. Ils datent essentiellement de l’antiquité tardive. Un des ensembles les plus remarquables est celui du Mont Sacon, qui a fait l’objet d’une étude approfondie, publiée en 20053. À Esbareich même, on peut encore voir plusieurs fragments de stèles funéraires, en dépôt dans l’église paroissiale ou dans l’ancien cimetière4. Ce dernier est situé à quelque distance au sud du village actuel ; c’était là que se trouvait le village primitif, avec son église romane, avant qu’il ne migre vers le nord, en contrebas. Si bien qu’au XIXe siècle, l’édification d’une nouvelle église paroissiale au cœur de la nouvelle agglomération fut décidée. Lors de sa construction (qui dût s’achever en 1862 si on en croit la date gravée sur le linteau du portail de l’église actuelle) on remploya sous la tour-clocher, à l’intérieur, le portail de l’ancienne église romane. À l’extérieur, on inséra au-dessus du nouveau portail une tête antique. Le village conserve deux autres fragments de statues antiques : un torse, conservé dans la sacristie de l’église, et la partie basse d’une statue, encastrée dans la fontaine du village. La tête mesure environ 28,3 cm de haut ; le torse 42 cm, et le fragment inférieur 53 cm. Ce sont ces trois fragments que nous voulons décrire ici.
La tête (figures 1, 2 et 3) se présente frontalement, de face. Son état de conservation est excellent. Le visage dessine un ovale. Les traits sont particulièrement lisses et réguliers, voire stylisés, ce qui confère une certaine sévérité au visage et plaide pour une représentation d’un empereur ou d’un haut dignitaire, mais n’en facilite pas l’identification. La coiffure est composée d’une trentaine de mèches régulières, disposées en stries parallèles, qui dégagent les oreilles5. Elle est arrêtée par un bandeau lisse qui découpe un plan oblique. Le cou est cylindrique, et semble avoir été taillé pour pouvoir s’insérer dans un buste séparé.
Le torse (figures 4 et 5) : découpé dans un bloc parallélépipédique aux angles adoucis qui lui donnent une section ovoïde, il est sculpté sur environ 240°. Sa face postérieure est restée brute. C’est le torse d’un personnage debout, vêtu d’une toge dont un rabat vient reposer sur le bras gauche (ce dernier, qui devait s’avancer en avant de la statue, manque). Seul le départ en subsiste. Tout comme manque le bras droit, qui semble avoir été rabattu sur le devant du torse et tenir le pli transversal (?). Si les lacunes sont trop nombreuses pour qu’on puisse davantage préciser l’attitude du personnage, on constate une débauche de plis fins et souples, tantôt parallèles, tantôt convergents, tantôt amortis en boucles (sous le bras droit), qui dénotent une sculpture de qualité aux antipodes de la froideur du traitement de la tête.
Le troisième fragment (figure 5) figure la partie inférieure d’un personnage assis, de face, jambes écartées, dont les pieds reposent sur un bandeau arrondi. Son vêtement forme trois couches superposées : à une longue robe au plissé tombant strictement symétrique se superpose un deuxième tissu aux plis obliques qui deviennent concentriques au niveau des genoux. Au-dessus, un troisième pan, strictement vertical cette fois-ci, souligne l’entre-jambes et vient mourir en un dégradé de plis.
Bien que l’on soit tenté de rapprocher ces trois fragments en marbre de Saint-Béat6 de dimensions comparables, tout suggère qu’ils appartinrent à trois ensembles différents. Par delà le fait qu’ils ont connu des vicissitudes variées, et que l’état de conservation du torse et de la partie inférieure est nettement moins bon que celui du visage, il est clair qu’on ne peut les rapprocher : le torse correspond à une représentation debout, la partie inférieure à une statue assise. Certes les différences de style sont mineures entre ces deux parties, mais elles n’en sont pas moins réelles, et ce n’est probablement pas le même ciseau qui les a sculptées. Quant au traitement du visage, nous avons déjà souligné sa singularité.
Emmanuel Garland
1. Hautes-Pyrénées, canton de Mauléon-Barousse.
2. Les ouvrages et communications de Julien Sacaze sont trop nombreux pour être tous cités ici, outre ses Inscriptions antiques des Pyrénées, Toulouse 1892, ouvrage fondamental mais qui n’aborde pas directement la représentation humaine antique.
3. Jean-Luc Schenck-David, « L’archéologie des trois sanctuaires des Pyrénées centrales, contribution à l’étude des religions antiques de la cité des Convènes », éd. du Musée archéologique départemental de Saint-Bertrand-de-Comminges, 2005, en particulier p. 81-91.
4. Voir la description des principaux vestiges dans Robert Sablayrolles (dir.), Guide archéologique de Midi-Pyrénées, 1000 av. J.-C. - 1000 ap. J.-C., éd. Fédération Aquitania, Bordeaux, 2010, p. 489-490.
5. C’est un procédé que l’on retrouve sur un certain nombre de représentations impériales, en particulier à l’époque de Constantin Le Grand. Mais sur la tête d’Esbareich, les mèches sont particulièrement sèches.
6. Cela n’a rien de surprenant quand on sait que les carrières marbrières de Saint-Béat sont à moins de 20 kilomètres d’Esbareich (17 km en suivant la Garonne et la route, un peu moins par les sentes ; à peine 10 km à vol d’oiseau).
Le Président remercie
Emmanuel Garland pour cette présentation brève mais vraiment passionnante, qui
nous révèle en particulier une tête véritablement impressionnante et très
peu connue. La relation entre les trois morceaux n’est pas évidente, mais le
montage montre assurément que la tête doit être étudiée à part.
Pour Jean Balty, les deux
parties du corps ne vont pas non plus ensemble. Le morceau du bas appartient à
un personnage assis, l’autre à un personnage debout. La statue assise était
vraisemblablement une statue funéraire. Quant à la tête, le bandeau est
bizarre : n’est-ce pas une couronne ? ou bien retombe-t-il à
l’arrière ? S’il s’agit d’un bandeau, cela ne peut être que le
bandeau d’un prêtre, mais Jean Balty ajoute qu’il n’en connaît pas dans
la partie occidentale de l’Empire. Cette tête très stylisée est intéressante,
mais quelle datation lui attribuer ? Emmanuel Garland se demande si le
moulage a été réalisé après dépose de la tête, ce que pense Jean Guénot
qui connaît le nom de celui qui a fait le moulage et essaiera d’en savoir un
peu plus.
Louis Peyrusse pense qu’il
faudrait mettre ces sculptures à l’abri, et le Président abonde dans ce
sens, tout en rappelant que c’est le cas de nombreuses œuvres antiques de ces
vallées et que le service des Monuments historiques est plutôt favorable à la
conservation in situ. Louis Peyrusse et Guy Ahlsell de Toulza remarquent que la
tête si facile à déposer peut être tout aussi facilement volée.
La parole est à Pascal Capus pour une communication sur Une nouvelle acquisition au musée Saint-Raymond : une statue de Jupiter provenant d’Avignonet.
Le Président se félicite
de cette belle acquisition du Musée Saint-Raymond et remercie Pascal Capus pour
son étude si attentive de cette œuvre, réapparue un siècle après sa découverte
et qui revient ainsi au pays. C’est une sculpture qui a en plus le mérite
d’être quasi-complète. A propos du cou, qui paraît un peu court, ne peut-on
envisager qu’une partie ait disparu, ce que pourrait révéler la restauration ?
Pascal Capus dit s’être demandé si la tête ne pouvait avoir été fixée
par un tenon, que le coup de bêche donné au moment de la découverte aurait
fait disparaître. La question se pose au moment de la restauration de détacher
ou non la tête, car le collage est très bien fait même s’il est ancien.
Comme Guy Ahlsell de Toulza
demande si le nez est authentique, Pascal Capus dit qu’il peut s’agir d’un
morceau brisé et recollé ou d’un ajout. La pierre est en effet la même,
mais pas la patine. C’est un point qu’il faudra examiner avec le
restaurateur.
Guy Ahlsell de Toulza fait
remarquer que l’on ne peut pas considérer comme disparue la tête de Jupiter
de Béziers. Pour Jean Balty, il s’agit cependant d’un véritable scandale.
Cette tête, qui est une pièce extraordinaire puisqu’il s’agit de la tête
de la statue de culte du capitole de Béziers, a été exposée à Narbonne vers
1995. Elle est donc sortie de France depuis moins de quinze ans, sans doute sans
avoir été présentée à sa sortie du territoire. Guy Ahlsell de Toulza
rappelle qu’il y a des recours possibles contre le vendeur et contre
l’acheteur, mais il vrai que si la pièce est passée par la Suisse, tout est
possible. Pour Emmanuel Garland, la seule possibilité de la récupérer dépend
du fait qu’elle soit entrée illégalement ou non aux États-Unis. Pascal
Capus indique qu’un suivi est en cours de la part du Musée du Louvre. En réponse
à une question de Guy Ahlsell de Toulza, il précise que la tête de Jupiter a
été mise en vente par Sotheby’s en 2007. Guy Ahlsell de Toulza note qu’il
semble que personne n’ait songé à interroger le propriétaire vendeur.
Michel Passelac félicite
Pascal Capus pour son exposé très complet. Quant au site, on ne sait pas ce
que c’est. Y a-t-il place dans cette vallée pour deux sanctuaires ?
Michel Passelac ne le croit pas, et si le site de Marvial est celui d’une villa,
il peine à imaginer que la statue de Jupiter soit celle d’un culte
domestique. Il pense plutôt qu’elle pourrait provenir du petit temple
rectangulaire découvert à Montferrand, hypothèse que Jean Balty juge très
bonne. Jean Balty remarque que le fait que la statue reproduise un type
iconographique romain classique est particulièrement intéressant. Il ajoute
que Pascal Capus a réussi à réunir une documentation très intéressante
autour de cette statue.
Le Président remercie à
nouveau Pascal Capus et Messieurs Bonhoure et Passelac.
Au titre des questions diverses, Guy Ahlsell de Toulza annonce qu’un ami lui a communiqué la copie d’une lettre du marquis de Castellane, mise en vente sur e.bay : La lettre, datée du 1er septembre 1828 est adressée à Alexandre Du Mège, qui se trouve alors à Martres-Tolosane :
Texte de la lettre
Louis Peyrusse rappelle que Castellane est à ce moment-là en quelque sorte le « directeur des affaires culturelles » de la municipalité légitimiste. Le Président ajoute que Du Mège s’occupe alors d’obtenir des antiques de Valcabrère en échange de tableaux du musée de Toulouse.
Guy Ahlsell de Toulza évoque ensuite les travaux de l’immeuble du Père Léon.
Texte à insérer
Guy Ahlsell de Toulza
conclut sa présentation en constatant que l’on a construit à l’angle de la
rue des Changes et de la place Esquirol un hôtel « formule 1 »
digne de l’aéroport de Blagnac.
Quelques immeubles plus
loin, dans l’impasse Saint-Géraud, on a blanchi les encadrements des fenêtres
du futur Mac’Do, comme au XIXe siècle, et aussi les arcades inférieures que
la pluie « dé-blanchira » : tout a été cassé à l’intérieur,
mais on a quand même assez soigneusement restauré la façade, du moins en
comparaison avec le Père Léon.
Rue des Changes une autre
maison présente en façade un décor de stucs moulurés et un faux-appareillage
de pierre des années 1840, tout à fait intéressant. Le rez-de-chaussée a été
muré, et on ne sait pas ce qu’il en adviendra.
Le Président remercie Guy Ahlsell de Toulza pour ces images et commentaires en forme de chronique du patrimoine toulousain. Pour Louis Peyrusse, le Père Léon est le pire, mais il relève que le pire a aussi été atteint par l’immeuble de l’enseigne Darty, avec un comble d’incohérence : car on aurait pu croire que la paroi de verre du pan-de-bois vidé de son hourdis avait pour fonction de laisser passer la lumière, or une cloison est en fait placée derrière.
VISITE DU 11 DÉCEMBRE 2012
Présents : MM. Cazes, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Barber, Fournié, Merlet-Bagnéris, le Père Montagnes, M. Surmonne, membres titulaires ; Mmes Heng, Lamazou-Duplan, M. Péligry, membres correspondants.
Notre
petit groupe, limité pour des raisons de sécurité, est accueilli à 17h à
la Bibliothèque d’Étude et du Patrimoine de la Ville de Toulouse, rue de Périgord,
par Mme Isabelle Bonafé, pour la visite de l’exposition Sur les traces du Toulouse disparu...,
visible depuis le 16 octobre et jusqu’au 15 décembre.
Les
sections de l’exposition proposent, à travers une sélection de documents
variés (manuscrits, imprimés, plans, gravures, photographies, cartes postales,
objets...), un parcours à la recherche du Toulouse disparu, ou qui a failli
disparaître.
Sont
successivement abordés l’historiographie toulousaine (XVe-XVIIe
siècles), les institutions de Toulouse (comtes, capitouls, Parlement),
les facteurs de destruction de la ville (l’eau, le feu, les hommes), sa
relation avec son fleuve, les loisirs et les sports, les transports (tramway
hippomobile, puis électrique), le patrimoine monumental, les activités économiques,
le « Castel Gesta » ou Château des Verrières...
L’exposition « physique » se double d’une exposition « virtuelle » accessible sur le site Internet de la Bibliothèsque (www.bibliothèque.toulouse.fr).
Cette manifestation est l’occasion de rendre hommage au Toulousain Eugène Lapierre (1834-1923), qui consacra son existence au service de sa ville. Archiviste-adjoint du département en 1859, archiviste du Parlement en 1866, bibliothécaire de la Ville de 1882 à 1892, il fut membre de l’Académie de Législation, de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres ; la Société archéologique le reçut comme membre « résidant » le 14 janvier 1873. Parmi ses nombreux écrits, il faut signaler sa contribution au Vieux Toulouse disparu, recueil de dessins d’Ange Ferdinand Mazzoli accompagné de notes historiques et archéologiques, qui fut publié de 1882 à 1885.
La visite donne lieu à d’intéressants échanges de vues entre Mme Bonafé et les membres de la Société.
SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 2012
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Scellès, Secrétaire général,
Cabau, Secrétaire-adjoint, Mmes Barber, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone,
Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp, le Père Montagnes, MM. Peyrusse,
Surmonne, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Balty,
Cassagne-Brouquet, Vallée-Roche, MM. Balty, Péligry, membres
correspondants.
Excusés :
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mmes
Cazes, Heng, Queixalòs, MM. Garland, Garrigou Grandchamp.
Invités :
le Professeur André Gailhego et son épouse, Mme Marie-Emmanuelle Demoulin.
Le
Président donne la parole au Secrétaire-adjoint
pour la lecture du procès-verbal de la réunion du 20 novembre 2012, qui est
adopté.
Daniel
Cazes rend compte brièvement de la visite faite la semaine précédente par une
dizaine de membres de la Société à la Bibliothèque d’Étude et du
Patrimoine de la Ville de Toulouse, rue de Périgord. L’exposition « Sur
les traces du Toulouse disparu... » a été l’occasion de revoir et de découvrir
nombre de souvenirs bien connus ou moins connus : ouvrages manuscrits et
imprimés, dessins, gravures, photographies, objets divers... Nous garderons de
cette visite, aimablement conduite par Mme Isabelle Bonafé, un excellent
souvenir. M. Cazes offre à la Société un exemplaire du fascicule édité pour
cette manifestation.
Le
Président présente à la Compagnie deux dons qui viennent enrichir les fonds
de notre bibliothèque :
-
de la part de Mme Annie Paillat, responsable du Service bibliographique et
documentaire du Museum d’Histoire naturelle de Toulouse, deux séries de
volumes publiés à la fin du XIXe siècle par l’Académie romaine,
qui complètent heureuseument la collection de la S.A.M.F. : Academia
dei Lincei, 2e série (1875-1877), 3e série
(1877-1881) ;
-
de notre confrère Louis Peyrusse, deux magnifiques dessins aquarellés de l’église
de Venerque : le premier, daté du 29 avril 1858, est un relevé précis et
archéologiquement très précieux du chevet, dû à l’architecte Jacques-Jean
Esquié ; le second, daté de mars 1887, est un projet pour la restauration
de la façade occidentale conçu par Pierre-Joseph Esquié, le créateur de la
basilique de Pibrac.
De
vifs applaudissements saluent les donateurs.
Le Président annonce une triste nouvelle : le décès de Marie-Christine Lafforgue, qui vient de disparaître, à l’âge de 62 ans. Cette élue, Vice-Présidente du Conseil général de la Haute-Garonne, s’intéressait vraiment à l’archéologie, et on la voyait toujours présente aux séances publiques de notre Société
M. Cazes fait le point sur la correspondance manuscrite. Il constate que les courriers adressé par la S.A.M.F. à l’agence France-Domaine au sujet de l’ancien palais de Via à Cahors et à M. Joan Busquets à propos du réaménagement des quais et des anciens ports de la Garonne, à la Daurade et à Saint-Pierre, sont à ce jour demeurés sans réponse. La Société a reçu deux lettres de candidature au titre de membre correspondant émanées de Mme Émilie Nadal et de M. Luís González Fernández, qui seront examinées par le Bureau. Un courrier de la Société des Études du Comminges nous informe de la numérisation de la Revue de Comminges. Une invitation du Maire de Narbonne nous fait part de l’inauguration, qui a eu lieu samedi dernier 15 décembre, d’une stèle érigée à la mémoire de l’archevêque Charles Le Goux de la Berchère (1647-1703-1719).
L’ordre du jour appelant l’élection de deux membres correspondants, la parole est aux rapporteurs : Henri Pradalier pour Mme Sandrine Victor, Christian Péligry pour Mme Geneviève Beyssies. Les rapports entendus, il est procédé au vote. Les deux candidates sont élues membres correspondants de notre Société.
Bruno Tollon intervient pour une communication longue intitulée Les sculptures à l’antique du château de Bournazel (Aveyron).
[Résumé à insérer.]
Daniel
Cazes remercie Bruno Tollon pour cette conférence captivante, qui a eu le mérite
de mettre l’architecture et le programme sculpté de ce « beau château »
– expression employée en 1552 – en relation avec la carrière militaire de
son commanditaire. Iconographie et plastique font soupçonner l’intervention
d’un grand schulpteur, mais l’identité de cet artiste reste un mystère.
Jean
Balty relève que l’ensemble de ces sculptures apparaît, à la date de 1545
inscrite sur une frise, comme assez hétéroclite, et il y voit, davantage
qu’une volonté d’imiter l’antique, l’amorce du style baroque. S’intéressant
aux bustes qui surgissent obliquement d’un fronton, il note que ce type de
composition existe dans l’Antiquité avec les imagines clypeatae, les médaillons à personnages de la basilica
Æmiliana de Rome restaurée à l’époque de Sylla. Quant aux vêtements,
ils évoquent ceux de bustes à l’antique plutôt tardifs, notamment ceux exécutés
par Le Bernin. La représentation de Jupiter Amon, qui se trouvait
originairement au forum d’Auguste, est particulièrement intriguante : où
le sculpteur en avait-il vu le modèle ? Il y a par ailleurs dans bien des
cas lieu de supposer la disparition, depuis le XVIe siècle,
d’originaux ou de copies antiques.
Daniel
Cazes rappelle que la connaissance des forums impériaux est relativement récente,
et que rien n’en était visible avant Mussolini. Louis Peyrusse signale que
les murs de la ville de Narbonne, pétris de sculptures en remploi, ont pu
servir de source d’inspiration.
Henri
Pradalier évoquant pour l’origine de l’imago
clypeata les modèles de la Grèce hellénistique, Jean Balty précise
que ce motif apparaît en 100 avant notre ère sur le monument de Mithridate à
Délos.
La
discussion porte ensuite sur les sculptures emblématiques : les bustes féminins,
qui renvoient à l’iconographie de Penthésilée, reine des Amazones qui périt
devant Troie en combattant contre les fils d’Achille ; la Fortune, figure
associée au bon capitaine dans les traités militaires du XVIe siècle.
Louis
Peyrusse demande ce qu’il faut aujourd’hui penser de l’hypothèse, déjà
ancienne, selon laquelle le décor sculpté de Bournazel aurait correspondu à
un programme élaboré dans le cercle savant de Georges d’Armagnac et de
Guillaume Philandrier.
Bruno
Tollon dit que cette hypothèse est à abandonner, étant donné que les
horizons intellectuels n’étaient pas les mêmes à Rodez et à Bournazel. En
réalité, il n’y a pas eu pour le décor sculpté du château de Bournazel de
programme iconographique cohérent, construit selon une doctrine, porteur d’un
sens à décrypter, mais seulement une accumulation de références.
Au titre des questions diverses, Patrice Cabau présente deux clichés de la maison la plus ancienne du quartier Matabiau, assez récemment démolie. Bâtie dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, cette modeste construction à un étage se situait à l’intersection de chemins devenus les actuelles rues Claire-Pauilhac (n° [16]) et Job (n° 1). Sa façade principale bordait le côté nord de la rue Job ; composée de trois travées (n° 1), elle se prolongeait vers l’est par deux travées similaires appartenant à la façade d’une seconde maison (n° 3). L’ordonnance unitaire d’origine avait disparu par suite de l’ajout d’un étage surélevant la seconde maison. La première se signalait par sa situation, le traitement de son angle passant de l’arrondi au rez-de-chaussée au droit à l’étage (avec pour transition un motif en sommet d’accolade ou en bec renversé dont il subsiste quelques exemples à Toulouse), sa toiture largement débordante, et un aspect quasi hors du temps. Cette maison et ses voisines ont il y a peu laissé place à une construction d’aujourd’hui, bien médiocre de conception et de réalisation. P. Cabau exhorte les membres de la Société à prendre le plus de photographies qu’ils pourront d’une ville qui se transforme de plus en plus vite, « évolue » en se détruisant et en se banalisant.
L’ordre du jour étant épuisé, le Président souhaite à la Compagnie une bonne fin d’année et lève la séance à 19h15.
SÉANCE DU 8 JANVIER 2013
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint Mmes Cazes,
Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp,
MM. Garrigou Grandchamp, Peyrusse, Surmonne, membres titulaires ; Mmes
Bessis, Cassagnes-Brouquet, Charrier, Friquart, Victor, MM. Buchaniec, Chabbert,
Mattalia, Molet, Péligry, Séraphin, membres correspondants.
Excusés :
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour, Bibliothécaire-adjoint
Mmes Barber, Fournié, Joy, Krispin, Lamazou-Duplan, MM. Bordes, Garland,
Lapart, le Père Montagnes.
Le Président ouvre la séance en souhaitant à tous une très bonne année 2013, féconde en travaux scientifiques aussi bien au sein de la Société Archéologique qu’ailleurs.
L’année 2012 s’est malheureusement achevée avec la grande douleur d’apprendre le décès à 92 ans, le 22 décembre, du professeur Henri Gilles :
Professeur
émérite de l’Université des sciences sociales de Toulouse, Henri Gilles était
l’un de nos plus anciens membres.
Il avait en effet été élu membre correspondant en 1965, puis membre titulaire
en 1970, soit quarante-huit années de présence au sein de notre Société.
Sa fidélité
à cette dernière fut exemplaire. Tant que sa santé le lui a permis, il est très
souvent venu assister à nos séances et, nous le savons tous, cela était un
grand plaisir pour lui. Ses interventions étaient toujours savantes,
pertinentes et remarquées. Elles engendraient le plus grand respect pour cet
authentique humaniste.
Ancien élève
de l’École nationale des chartes, il était un historien rigoureux, qui
faisait sans cesse preuve d’une grande finesse d’analyse et d’interprétation.
Nous prendrons seulement pour exemple l’admirable communication qu’il avait
ici prononcée sur les « Etudes », premières salles de cours médiévales
de l’Université de Toulouse. Elle fut, pour ceux qui l’ont entendue, un modèle
de méthode historique, les certitudes y étant toujours clairement distinguées
des hypothèses, ces dernières n’étant énoncées que pour être immédiatement
critiquées avec les meilleurs arguments.
Nous ne
parlerons pas dans cette salle de son enseignement, ce que seuls ses collègues,
professeurs et maîtres de conférence, ou ses anciens étudiants de
l’Université des sciences sociales sauraient faire avec exactitude.
Rappelons
son incontournable thèse sur Les États de Languedoc au XVe siècle,
publiée en 1965, sous les auspices de la Faculté des lettres de Toulouse, dans
la collection Bibliothèque méridionale, éditée par Édouard Privat.
Évoquons
aussi son grand attachement aux sessions annuelles d’histoire médiévale du
Midi de Fanjeaux, et à la publication des communications correspondantes, dans
l’impressionnante collection des Cahiers de Fanjeaux. Il y a beaucoup
écrit, par exemple sur :
L’enseignement
du droit en Languedoc au XIIIe siècle (Cahier n° 5)
La lex
peregrinorum (Cahier n° 15)
Le rôle de
l’Université de Toulouse dans l’effacement du catharisme, avec le P.
Vicaire (Cahier n° 20)
Les juristes
languedociens au service de la papauté (Cahier n° 26)
Les moines
juristes / Les professeurs de droit canonique à l’Université de
Toulouse au XIVème siècle (Cahier n° 29)
La cathédrale
dans les textes canoniques médiévaux (Cahier n° 30)
Les moines
à l’Université : l’exemple toulousain au XIVe siècle (Cahier n°
44)
Après Élie Griffe et Henri Blaquière, il était devenu, dès le début des années 70 du XXe siècle, le président du comité d’organisation et de publication de ces sessions, jusqu’à ce que lui succède, très récemment, dans cette fonction notre chère consœur Michelle Fournié. Cette dernière a représenté à la fois ce comité et notre Société aux obsèques d’Henri Gilles, qui ont eu lieu à Toulouse et à Moissac le 27 décembre 2012.
En terminant, je ne puis qu’ajouter mon émotion face à la disparition de ce grand professeur toulousain, dont l’excellence scientifique et académique, l’urbanité, l’extrême politesse, l’amabilité et les chaleureux sentiments, souvent cachés derrière une parfaite discrétion, m’ont toujours touché. Je crois pouvoir dire que c’est aussi le cas pour beaucoup d’entre nous, ici présents, ou qui ont bien connu Henri Gilles.
Daniel Cazes
À la demande du Président, la Compagnie honore la mémoire de notre confrère disparu en observant une minute de silence.
Le Président souhaite la bienvenue à Geneviève Bessis et Sandrine Victor, récemment élues membres correspondants de notre Société et que nous avons le grand plaisir d’accueillir ce soir pour leur première séance.
Le Secrétaire général donne lecture des procès-verbaux des séances des 6 novembre et 4 décembre 2012, qui sont adoptés.
Le Président rend compte de
la correspondance.
Après avoir donné lecture
du courrier du directeur de la Fondation Bemberg, qui annonce en particulier que
la porte donnant sur le grand escalier de l’Hôtel sera ouverte à partir de
16 h 45 et jusqu’à la fin de notre séance, le Président fait le récit de
son expérience du jour : s’étant présenté à la Fondation Bemberg à
16 h 45, il y a été fort mal accueilli, et, le temps passant, il a finalement
dû renoncer. Louis Peyrusse constate que la porte donnant sur le grand escalier
a été ouverte entre temps. Le Président souligne qu’il s’agit d’une
question importante, qui met en jeu notre sécurité : il est impératif
que nous ayons deux issues quand nous sommes en séance.
Par courrier électronique,
Diane Joy nous signale la mise en vente à Paris de dessins de Jean-Camille
Formigé représentant entre autres l’abbatiale de Conques et Saint-Sauveur de
Figeac. Maurice Scellès essaiera de se procurer le catalogue de la vente.
Plusieurs dons viennent
enrichir notre bibliothèque.
De Louis Latour : la
collection, depuis 1986, des actes des congrès nationaux de la S.F.E.G.A.G.
(Société française d’étude de la céramique antique en Gaule), ainsi
qu’une vingtaine de livres et brochures.
De Pierre Garrigou Granchamp :
- Bernard Fournioux, Les
notaires ayant exercé en Périgord-Quercy-Limousin aux XIIIe-XVe
siècles, s.l.n.d., 382 p.
- L’archéologie
d’une cathédrale : Notre-Dame de Tournai, Jumet, Imprimerie
provinciale du Hainaut, 2012, 23 p.
- La demeure médiévale
à Paris, Somogy éditions d’art – Archives nationales, 2012, 296 p.
De Maurice Scellès :
- Archives départementales
du Tarn, De la Ligurie au Languedoc. Le notaire à l’étude, Albi, Un
Autre Reg’art, 2012, 160 p.
Au nom de notre Société, le Président remercie les donateurs.
L’ordre du jour appelle
l’élection de deux membres correspondants. Sophie Cassagnes-Brouquet donne
lecture de son rapport sur la candidature de M. Luis González-Fernández et
Henri Pradalier sur celle de Mme Émilie Nadal.
On procède au vote :
M. Luis González-Fernández et Mme Émilie Nadal sont élus membres
correspondants de notre Société.
La parole est à Anaïs Charrier pour une communication sur l’église de Saint-Pierre-Toirac.
Le Président remercie Anaïs
Charrier pour cette analyse extrêmement précise de cette église tellement étrange
par son architecture et son décor sculpté.
Henri Pradalier relève
qu’une place importante est accordée à Conques, trop importante lui
semble-t-il alors que certains chapiteaux se rattachent plutôt à Saint-Sauveur
de Figeac, et en particulier ceux à décor d’entrelacs et de palmettes. Les
chapiteaux à personnages lui rappellent les productions les plus récentes de
Conques, d’un style très médiocre. Henri Pradalier ajoute que le retour à
l’archaïsme que manifesteraient les chapiteaux de Saint-Pierre-Toirac est intéressant :
Alain Erlande-Brandenbourg a noté qu’un prix-fait du XVe siècle
commandait de reprendre des modèles du XIIIe siècle.
Quitterie Cazes souligne
l’intérêt que présente également la formule de la tour d’escalier hors-œuvre,
proche de celle de Conques où l’escalier mène cependant aux tribunes tandis
qu’il conduit au clocher à Saint-Pierre-Toirac. À l’échelle d’un petit
édifice, la volonté de monumentaliser la tour d’escalier est évidente.
Gilles Séraphin cite plusieurs exemples similaires, dont Aujols dans le Lot,
relevant qu’ils sont particulièrement nombreux dans les architectures
tardives, et que le phénomène se retrouve aussi avec les tours hors-œuvre des
donjons.
Louis Peyrusse se déclare
ébloui par la démonstration de notre consœur, en même temps que tout à fait
incompétent pour juger de sa pertinence. Une construction sur vingt ans est en
tout cas une hypothèse beaucoup plus satisfaisante que le puzzle qui était
proposé jusque-là. Quant au décor sculpté, comment peut-on être sûr d’être
en présence d’un tel archaïsme aussi tard ? Peut-on tout à fait
exclure la possibilité d’œuvres remployées ? Pour Anaïs Charrier,
c’est complètement impensable en raison de la parfaite homogénéité de
l’ensemble, auquel appartiennent aussi les chapiteaux « pliés »
des angles du chœur. Louis Peyrusse note qu’une datation aussi tardive pose néanmoins
problème. Pour Henri Pradalier, c’est l’absence de bons sculpteurs qui doit
être invoquée.
Gilles Séraphin attire
l’attention sur l’autre curiosité que représente la manière particulière
de traiter l’abaque en plaçant le dé médian au-dessus d’une baguette.
Dominique Watin-Grandchamp rappelle aussi les dispositions très particulières
de la fenêtre axiale, qui suscitent une discussion au cours de laquelle Anaïs
Charrier et Gilles Séraphin citent les exemples de Mauriac et d’Ydes où des
défoncements sont également pratiqués pour accueillir des colonnettes.
Concernant la mixité des
matériaux, Henri Pradalier remarque qu’elle ne fait pas problème, et
qu’elle dépend en effet des approvisionnements : l’abbatiale de
Conques en donne un bon exemple. Mais les différences d’appareil sous les
arcs d’applique de l’abside relèvent-elles d’un choix ? Pour Anaïs
Charrier, elles dépendent aussi des matériaux disponibles sur le chantier.
Saint-Pierre-Toirac donne également l’impression à Dominique
Watin-Grandchamp que l’on a construit avec ce que l’on avait à disposition.
Henri Pradalier rappelle qu’il est possible que les maçonneries aient été
recouvertes par des enduits extérieurs à faux-appareil, comme à
Caunes-Minervois et à Notre-Dame-la-Grande à Poitiers. Anaïs Charrier indique
que des vestiges d’enduit et de badigeon ont également été observés à
Saint-Pierre-Toirac.
SÉANCE DU 22 JANVIER 2013
Présents :
MM. Cazes, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général,
Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Barber, Cazes, Fournié,
Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone, MM. Bordes, Catalo, Garrigou Grandchamp, Le
Pottier, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Surmonne, Tollon, membres titulaires ;
Mmes Balty, Bessis, Bossoutrot, Heng, Jiménez, Krispin, Queixalós, Vallée-Roche,
Victor, MM. Balty, Buchaniec, Bru, Péligry, Rebière, Stouffs, membres
correspondants.
Excusés :
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Pradalier, Directeur, Latour, Bibliothécaire-adjoint ;
Mmes Lamazou-Duplan, Pradalier-Schlumberger, MM. Chabbert, Garland, Geneviève.
Le
Président souhaite la bienvenue à Nicolas Bru, qui nous avons le plaisir
d’accueillir ce soir pour sa première séance.
Puis il rend compte de la correspondance.
Luis González
Fernández nous adresse ses remerciements après son élection au titre
de membre correspondant de notre Société.
La
Bibliothèque Robert-Etienne, du Centre Ausonius du CNRS, propose un échange de
publications.
Le
Maire de Toulouse nous informe qu’il a immédiatement transmis la lettre que
nous avons adressée à M. Joan Busquets par l’intermédiaire des services de
la Ville.
Un
courrier du Directeur de la Fondation Bemberg concerne notre malentendu sur
l’utilisation du grand escalier de l’Hôtel d’Assézat, dont les portes,
d’après la convention, doivent rester ouvertes pendant la durée de nos séances.
La porte d’accès à l’escalier depuis notre salle des séances est en effet
ouverte ce soir, mais la Fondation veut nous obliger à passer par son accueil,
un point qui devra être revu.
Le
Président fait le point sur les travaux présentés au concours, qu’il fait
circuler parmi l’assemblée après une brève présentation de chacun. Ce sont
donc neuf mémoires, au moins, qui nous sont adressés, et dont il sera nécessaire
de répartir l’examen sur deux séances : le 19 février et le 12 mars.
En
réponse à une question de Pierre Garrigou Grandchamp, Daniel Cazes précise
que les prix n’ont pas de spécification, et que leur montant est identique.
Les travaux doivent concerner le Midi de la France au sens large, de
l’Aquitaine à la Provence et jusqu’au Cantal, depuis la préhistoire
jusqu’au XXe siècle.
Quitterie
Cazes pense que le nombre de mémoires à examiner impose de s’accorder sur
des critères qui permettent de les comparer, et elle propose d’en retenir
quatre :
-
l’originalité du travail
-
la méthodologie
-
la qualité de l’écriture
-
la maîtrise du sujet
Il
faudrait convenir d’un barème, et peut-être ajouter d’autres critères. Louis
Peyrusse juge la proposition excellente.
Michèle
Heng ayant évoqué la question d’un travail de type familial, le Président
confirme que ce type de travail n’est pas éligible à un prix, mais qu’il
peut éventuellement recevoir une médaille d’encouragement. Maurice Scellès
se déclare également sceptique quant à la possibilité de comparer sur les mêmes
critères des thèses et des mémoires de master. Pierre Garrigou Grandchamp
demande s’il ne serait envisageable, puisque nous avons deux prix à décerner
cette année, de les répartir entre thèses et masters. Le Trésorier rappelle
qu’il est toujours possible d’ajouter un prix spécial de la Société Archéologique,
accompagné d’un chèque ou d’une médaille. Le Président propose de
reprendre la discussion après l’examen des premiers travaux, le 19 février.
Conformément à l’ordre du jour, la Compagnie se constitue en Assemblée générale.
Le
Président donne lecture du rapport moral pour l’année 2012.
Le
Trésorier présente le bilan financier. À côté des comptes de 2012 figurent
ceux de 2011 afin de faciliter les comparaisons poste par poste, conformément
à la demande exprimée par François Bordes l’année dernière.
Le
rapport moral et le bilan financier sont adoptés et quitus est donné au Trésorier pour sa bonne gestion.
On procède alors aux élections statutaires. Aucun autre candidat ne s’étant déclaré, Henri Pradalier, Guy Ahlsell de Toulza et Patrice Cabau sont réélus respectivement Directeur, Trésorier et Secrétaire-adjoint.
La parole est à Jean-Louis Rebière pour une communication courte intitulée : Le tombeau des corps saints de Saint-Denis : une réplique à la cathédrale Saint-Étienne de Cahors.
Le
Président remercie Jean-Louis Rebière pour cette communication qui nous a fait
connaître un monument que nous ne regardons pas le plus souvent.
Concernant
la Sainte Coiffe de Cahors, Michelle Fournié voudrait savoir s’il existe un
projet d’expertise du tissu lui-même. S’il est sûr que le suaire de
Cadouin est un tissu fatimide, on ne sait pas en revanche si l’identification
est fiable pour Cahors, où la relique n’est pas attestée de façon sûre
avant le début du XVe siècle. Jean-Louis Rebière rappelle que c’est
Champollion (mais lequel ?) qui aurait examiné le tissu, puis il ajoute
qu’à défaut de connaître la nature exacte de la relique, il faut constater
qu’elle a fait beaucoup construire. Nicolas Bru indique que le clergé a
demandé une expertise, il y a de cela quelques années, mais qu’aucun résultat
n’a été communiqué ; il ne pense pas que nos collègues de la D.R.A.C.
en soient mieux informés.
SÉANCE DU 5 FÉVRIER 2013
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Andrieu,
Barber, Merlet-Bagnéris, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, le Père
Montagnes, MM. Le Pottier, Peyrusse, Surmonne, Testard, Tollon, membres
titulaires ; Mmes Agudo, Beyssies, Escard-Bugat, Friquart, Lamazou-Duplan,
Nadal, Vallée-Roche ; MM. Buchaniec, Chabbert, Péligry, Stouffs, membres
correspondants.
Excusés : Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour, Bibliothécaire-Archiviste
adjoint, Mmes Cazes, Czerniak, Fournié, Jaoul, Queixalos, Victor, MM. Garland,
Garrigou-Grandchamp, Lapart.
Invités : Mme Charlotte Riou, M. Patrice Caillaud.
Le
Président ouvre la séance à 17h00. Au nom de la Compagnie, il accueille Mme
Émilie Nadal, récemment élue au titre de membre correspondant.
Les Secrétaires
donnent lecture des comptes rendus de séances précédentes : le Secrétaire-adjoint
pour celle du 18 décembre 2012, le Secrétaire général pour celle du 8
janvier 2013 ; ces deux procès-verbaux sont adoptés à l’unanimité.
Le
Président procède au dépouillement de la correspondance manuscrite. Outre les
vœux de plusieurs personnalités et divers programmes d’activités, la Société
a reçu :
-
une réponse de France Domaine, Service de l’État désormais en charge du
devenir de l’ancienne prison de Cahors (ancien Palais de Via), laquelle
s’inscrit dans une logique tout administrative et suscite diverses
interrogations. On craint notamment pour l’entretien et l’intégrité d’un
bâtiment maintenant sans affectation ; plusieurs membres évoquent les
pillages commis à Toulouse en temps de déshérence : Hôtels de
l’ancien quartier Saint-Georges, Palais des Grâces de la rue Valade, Hôpital
de la Grave... ;
-
la copie du vœu présenté par le groupe « Toulouse pour tous »
lors du Conseil municipal du 25 janvier 2013, qui souhaite que les substructions
de l’ancienne Tour Charlemagne du Capitole, récemment enfouies à 1,5 m sous
la surface du sol, soient de nouveau exposées au public ; à ce propos,
Daniel Cazes fait la critique d’un article fort confus portant sur les
vestiges de l’enceinte romaine de Toulouse (square du Capitole et rue Labéda)
paru dans la Dépêche du Midi du
15 janvier 2013 (édition de Toulouse, p. 19) ;
-
une lettre de notre consœur Virginie Czerniak annonçant un séminaire organisé
le 8 février à l’Institut d’études méridionales et consacré à la
peinture médiévale : « La notion d’inventaire en France et à
l’étranger : problématiques et méthodologies » ;
-
un courrier de l’Inrap touchant l’association de la S.A.M.F. aux « Journées
de l’Archéologie 2013 », qui auront lieu les 7, 8 et 9 juin ;
-
une lettre de René Souriac, Président de la Société des Études du
Comminges, concernant le 61e congrès de la Fédération historique
de Midi-Pyrénées, qui se tiendra à Muret du 13 au 15 septembre ;
La parole est à Maurice Scellès et à Daniel Cazes pour une communication consacrée à L’ancien réfectoire des Augustins de Toulouse.
Le
Directeur assume momentanément la présidence de la séance. Henri Pradalier
remercie les deux intervenants pour une « communication remarquable »,
qui lui a rappelé « les temps glorieux de notre jeunesse ». Après
avoir relevé la lourde responsabilité d’Ernest Roschach († 1909), alors
conservateur du musée de Toulouse, dans la disparition d’un important édifice
médiéval de notre ville, il sollicite les questions de la Compagnie.
Louis
Peyrusse s’intéresse au bloc de pierre sculpté retrouvé à la base du mur
ouest du réfectoire. Daniel Cazes suppose qu’il s’agit d’un élément
ayant appartenu à la chaire du lecteur. Michèle Pradalier-Schlumberger se
demande si les « chapelles » situées le long du mur de la galerie
occidentale du cloître, encadrées par des contreforts, et que Roschach décrit
comme ornées de peintures, n’étaient pas des enfeux. M. Cazes répond que
cela est possible, mais qu’on n’a aucune indication formelle en ce sens.
Myriam Escard-Bugat voudrait savoir si les tableaux dont il a été question
pour les locaux établis au-dessus du réfectoire dataient du XVIIe
ou du XVIIIe siècle. M. Cazes indique le XVIIe, puis il
évoque le beau décor des aménagements (bibliothèque, corridor...) réalisés
à cette époque, dont il rappelle qu’elle fut le second âge d’or du
couvent des Grands Augustins de Toulouse. Jean-Marc Stouffs s’enquiert de la
localisation de l’enduit mural repéré pendant la fouille. M. Cazes précise
qu’il s’agissait du mur occidental du réfectoire, portant à l’extérieur
un enduit de couleur ocre jaune, dépourvu de décor.
La parole est à Roland Chabbert et à Patrice Caillaud pour une communication sur Les peintures murales du chœur de la cathédrale d’Albi et les projets de sa restauration.
Le
Président remercie d’abord M. Caillaud, qui est l’architecte en charge de
la restauration de l’ancien chœur des chanoines de la cathédrale Sainte-Cécile
d’Albi, de nous avoir présenté son projet, expliqué sa démarche et exposé
ses interrogations. Daniel Cazes juge ensuite cette intervention « très
intéressante », puis il fait appel aux réactions qu’elle ne devrait
pas manquer pas de provoquer dans l’auditoire.
Louis
Peyrusse commence par souligner le fait que, dans les comptes pour les travaux
de restauration de Sainte-Cécile au XIXe siècle, l’ensemble des dépenses
de sculpture et de peinture reste faible, voire très faible ; peut-être
pourrait-on faire l’hypothèse que les frais de peinture étaient financés
par la fabrique. M. Peyrusse aborde le problème du vernis « vireur »
appliqué sur les panneaux, alternativement peints en rouge et en vert (ou bleu)
et décorés de rinceaux, qui surmontent les boiseries des stalles ; il
pose la question de la nature de ce vernis, et celle de la date de la mise en œuvre
de cette technique. Jean-Marc Stouffs précise que si l’analyse montrait
qu’il s’agit du vernis appelé « Damart », la vernissure serait
indubitablement à mettre au compte des travaux du XIXe siècle. M.
Stouffs fait par ailleurs observer que l’identification « lapis-lazuli »
portée par l’une des fiches présentant l’étude des composants picturaux
ne lui paraît pas pertinente. Le lapis-lazuli, pigment très onéreux importé
d’Asie, à utiliser sur fond noir, est en effet fréquemment confondu avec la
lazurite ; pour mettre en évidence l’emploi de ce pigment très rare, il
faut, non pas procéder à une analyse chimique, mais recourir à un examen de
la diffraction des rayons X.
Henri
Pradalier demande s’il existe des vues anciennes de la partie supérieure du décor
de pierre sculptée montrant si le fond comportait, comme aujourd’hui, deux
registres peints en vert et en rouge. Les relevés aquarellés réalisés par
Denuelle sont évoqués. Louis Peyrusse mentionne un tableau de Dauzats conservé
au Musée Paul-Dupuy. M. Caillaud dit qu’on y voit un fond rouge. Il reconnaît
nettement alors que sa conception de l’aspect originel du décor sculpté,
essentiellement monochrome à la façon d’une grisaille, repose, en
l’absence de preuve textuelle ou scientifique, sur une conviction
d’architecte, une « intuition esthétique ». M. Pradalier déclare
que les problèmes qui se rencontrent ici sont les mêmes que ceux posés par la
« dérestauration » des monuments, et M. Stouffs aborde les
questions de la déontologie de la restauration, de la nécessaire cohérence
entre les approches technique, historique et esthétique.
Henri
Pradalier veut savoir ce que le projet de restauration prévoit pour les
stalles. M. Caillau indique que celles-ci doivent rehaussées au niveau qui était
le leur antérieurement aux modifications du XIXe siècle, mais que
le sol du chœur demeurera inchangé. En réponse à une nouvelle question de M.
Pradalier, M. Caillau précise que les stalles, fortement reprises au XIXe siècle,
comprennent un certain nombre d’éléments anciens.
SÉANCE DU 19 FÉVRIER 2013
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Barber,
Cazes, Fournié, Haruna-Czaplicki, Napoléone, Pradalier-Schlumberger,
MM. Bordes, Boudartchouk, Catalo, Garland, Garrigou Grandchamp, Lassure, Le
Pottier, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Roquebert, Testard, Tollon, membres
titulaires ; Mmes Cassagnes-Brouquet, Friquart, Heng, Krispin, Nadal, Vallée-Roche,
MM. Buchaniec, Péligry, Stouffs, membres correspondants.
Excusés :
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour, Bibliothécaire-adjoint ;
Mmes Balty, Heng, Lamazou-Duplan, Victor, MM. Balty, Chabbert, Surmonne.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 22 janvier, qui est adopté.
Notre
bibliothèque s’enrichit d’une acquisition :
Évelyne
Thomas, Vocabulaire illustré de
l'ornement par le décor de l'architecture et des autres arts, Éditions
Eyrolles, 2012, 288 p.
Et
de dons :
-
Bonie Effros, Uncovering the Germanic
Past. Merovingian Archaeology in France 1830-1914, Oxford University Press,
2012, 427 p. (envoi de l’éditeur) ;
-
Bonie Effros, « Casimir Barrière-Flavy and the (Re)Discovery of Visigoths
in Southwest France », dans Geschichtsvorstellungen.
Bilder, Texte und Begriffe aus dem Mittelalter. Festschrift für Hans-Werner
Goetz, édité par Steffen Patzold, Anja Rathmann-Lutz und Volker Scior, Köln-Weimar-Wien :
Böhlau, 2012, p. 559-576 (photocopie) ;
-
Rita Lejeune et Jacques Stiennon. La Légende
de Roland dans l'art du Moyen Âge, Bruxelles, Éditions de l'Arcade, 1966,
2 vol., 412 et 408 p. (don de Louis Peyrusse).
Le
Président présente le don exceptionnel que fait à notre Société notre confrère
Maurice Prin. C’est tout d’abord une sculpture de la Renaissance : un
culot portant un ange aux ailes éployées, que Maurice Prin croit pouvoir
attribuer à Michel Colin. Il provient probablement de la chapelle
Saint-Pierre-de-Vérone de l’église des Jacobins. Maurice Prin l’a retrouvé
dans les années 1950, tout à fait par hasard, dans un camion de terres et de
gravats évacués par les entreprises travaillant à la restauration de l’église.
Ce
sont ensuite cinq grands dessins, qui sont présentés à la Compagnie sur la
table de la salle des séances :
-
Projet pour la façade occidentale du Capitole de Toulouse, dessin sur papier,
collé sur toile ; 86,5 cm x 29 cm ; vers 1676, attribué par Bruno
Tollon à Jean-Pierre Rivalz. Il a été acquis en 1960 à la vente de
l’ancienne collection Rozès de Brousse.
-
Projet de décor architectural pour la Salle des Illustres du Capitole, dessin
sur papier, 99 cm x 50 cm ; XVIIIe siècle. Acquis en 1960 à la
vente de l’ancienne collection Rozès de Brousse.
-
Projet de décor architectural intérieur pour la salle des Illustres du
Capitole, dessin sur papier ; 51,5 cm x 33,5 cm ; XVIIIe siècle.
Acquis en 1960 à la vente de l’ancienne collection Rozès de Brousse.
-
Projet pour l’escalier du Capitole, dessin sur papier ; 58 cm x 37 cm ;
1780, Jacques Pascal Virebent.
-
Projet de façade de théâtre, dessin sur papier collé sur papier bleu ;
63 cm x 49,5 cm. Jacques Pascal Virebent, non daté.
Louis Peyrusse pense que les projets attribués à la Salle des Illustres sont plus probablement des projets pour une salle de bal ou une salle du trône et qu’ils datent de la Restauration. Daniel Cazes compte sur les modernistes de notre Compagnie pour étudier et publier ces dessins.
Bruno Tollon ayant rappelé que notre confrère avait le relevé de la façade ancienne du Capitole, le Président se propose d’interroger à ce propos Maurice Prin, auquel il renouvellera les remerciements de notre Société.
Au
titre de la correspondance, le Président indique que notre courrier à M. Joan
Busquets est resté sans réponse. Le projet de l’architecte catalan serait
d’ailleurs peut-être remis en cause.
Le
Président annonce par ailleurs que, selon la presse, un accord aurait été
trouvé entre la Mairie et la famille de Jean Dieuzaide dont le fonds pourrait
rejoindre les collections du Musée des Abattoirs. Ce serait là une bonne
nouvelle pour Toulouse.
La parole est à Bruno Tollon pour une Lecture de la façade de la Dalbade à Toulouse.
Le
Président remercie Bruno Tollon pour cette relecture du portail de la Dalbade,
qui est incontestablement un chef-d’œuvre de la Renaissance à Toulouse.
Daniel Cazes a été très intéressé par le motif du candélabre, et il
s’est demandé s’il n’avait pas été mis à la mode par la galerie des
candélabres du Vatican. Il note aussi que le candélabre qui est à l’origine
un élément de mobilier devient ensuite un motif architectural. Quitterie Cazes
fait cependant observer que des candélabres apparaissent dans la peinture
romaine où ils sont utilisés comme décor d’architecture. Bruno Tollon est
intéressé par ce regard différent de celui des spécialistes de la
Renaissance qui ne remontent pas au-delà de la Chartreuse de Pavie.
Le
Président fait appel aux suggestions pour les initiales T.M. Louis Peyrusse
fait remarquer que pour une œuvre des années 1530, le portail de la Dalbade
n’offre que peu d’invention. On a en fait deux mondes différents si on le
compare à ce que fait Bachelier pour l’Hôtel de Bagis. Le portail de la
Dalbade est presque exclusivement décoratif. Pour Bruno Tollon, on aurait là
un exemple de ce que peut donner un courant stylistique qui ne parvient pas à
s’arrêter, ou encore une illustration de ce que l’on pourrait qualifier
d’art « alimentaire » face à un art « d’avant-garde ».
Le
Président demande si l’on a des informations sur le programme statuaire
d’origine, et il évoque les statuettes disparues lors de la dernière
restauration du portail, ajoutant que le curé avait récupéré l’une
d’elles, qui était entreposée dans la sacristie. Guy Ahlsell de Toulza dit
que les photographies anciennes et les gravures montrent des niches vides, et
qu’elles ont peut-être été retirées parce qu’on les pensait du XIXe
siècle. Quant au cartouche avec l’inscription D.O.M., il lui paraît suspect.
Pour Bruno Tollon, on peut hésiter entre un motif repris ou complètement créé.
Quant au programme iconographique de l’ensemble, Bruno Tollon rappelle qu’au
XIXe siècle un curé de la paroisse a fait des recherches
importantes sans rien trouver ; la statuaire de grand format est identifiée
mais sur les autres, les textes sont muets.
Pierre
Garrigou Grandchamp est surpris par le traitement des maçonneries autour du
portail, qui donne l’impression d’un écorché. Faut-il imaginer un enduit
à faux-appareil ? Bruno Tollon répond que c’est un débat, et il évoque
l’exemple de la restauration de l’Hôtel d’Assézat. Un architecte en chef
des Monuments historiques, devenu inspecteur général, a fait peindre la pierre
en brique et maquillé la brique en pierre, en raison d’une totale méconnaissance
des traditions toulousaine et italienne. C’est pour cela qu’avait été réalisée
une exposition sur la brique à Toulouse, que l’on n’a sans doute pas assez
fait connaître. Bruno Tollon rappelle que l’on demandait au maître d’œuvre
des joints saillants ou plats au mortier franc, aboutissant à un jeu de
quadrillage. Pour ce qui est de la façade de la Dalbade, il faut en outre
garder à l’esprit le problème d’interprétation que pose la gravure de
Chapuis, où la maçonnerie de brique est remplacée par de la pierre de taille.
La parole est à Patrice Cabau pour une communication courte sur les Mutations de propriété dans le moulon du Taur à Toulouse.
Le
Président remercie Patrice Cabau pour cette étude très précise qui nous fait
comprendre la topographie de cet îlot et son évolution. Est-il possible de
situer la chapelle dans l’hôtel ? Patrice Cabau dit que ce serait
apparemment le troisième ouvroir, sur la rue du Taur.
Sophie
Cassagnes Brouquet demande si le Bernard Scribani ne pourrait être Bernard
« l’écrivain ». Patrice Cabau ne le pense pas : ce serait
tout à fait possible au XIIIe siècle, mais au XIVe siècle
le prénom est plus probablement suivi du patronyme.
Michelle
Fournié explique comment s’est fait le travail à partir de son enquête sur
le saint Suaire de Cadouin. Après être parvenue à positionner les différents
hôtels, elle restait néanmoins inquiète et elle s’est tournée vers Patrice
Cabau, qu’elle tient à remercier. Elle a ainsi pris connaissance des échanges
des années 1360, et a alors engagé notre confrère à suivre l’évolution de
l’îlot sur toutes ces années. Il s’avère que l’on pourrait prolonger
encore un peu l’enquête, jusque dans les années 1430. Un autre point a
retenu son attention : si l’hôtel avait été attribué à l’abbaye de
Cadouin pour qu’elle y établisse un monastère, la promesse n’a pas été
suivie d’une donation, ce qui se comprend puisque le projet a capoté. Les capitouls n’ont donc pas été parjures.
De
son côté Patrice Cabau a l’espoir de pouvoir remonter dans son analyse de
l’îlot jusqu’au début du XIVe siècle, vers 1300 si c’est
bien la date que l’on peut retenir pour la façade de l’église du Taur, ce
que confirme Michèle Pradalier.
Au titre des questions diverses, Marie Vallée-Roche présente rapidement l’Association des journalistes du patrimoine (A.J.P.), qui pourrait être un relais intéressant pour faire connaître nos préoccupations et se faire l’écho des alertes concernant le patrimoine. L’association, qui a son siège à Paris, regrette d’ailleurs de ne compter que très peu de journalistes de la presse régionale. La cotisation annuelle pour une association est de 100 €. Le Président juge l’information tout à fait intéressante et considère que la possibilité d’une adhésion de notre Société devra être examinée.
François Bordes indique qu’il a été contacté par le service interministériel des archives de France à propos de la vente des archives du château de Castelnau-d’Estrétefonds. Il signale plus particulièrement des documents concernant Dominique Bachelier, que Bruno Tollon pense cependant d'un intérêt limité, ne s'agissant, semble-t-il, que de copies de documents publiés par ailleurs.
SÉANCE DU 12 MARS 2013
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Cazes,
Fournié, Haruna-Czaplicki, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, MM. Bordes,
Catalo, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Surmonne, Testard, Tollon, membres
titulaires ; Mme Cassagnes-Brouquet, M. Gonzalez, membres correspondants.
Excusés : Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Latour, Bibliothécaire-adjoint
; Mmes Balty, Barber, Bessis, Lamazou-Duplan, Queixalós, MM. Balty, Garland, Péligry.
Le
Président souhaite la bienvenue à Luis Gonzales-Fernandez, récemment élu
membre correspondant, qu’il est très heureux d’accueillir ce soir parmi
nous pour sa première séance.
Le
Secrétaire général donne lecture du procès-verbal du 19 février dernier,
qui est adopté après une correction demandée par Bruno Tollon. (La discussion
porte sur le prix et l’intérêt des archives de Castelnau-d’Estrétefonds.)
Le
Président incite les membres de notre Société à venir assister à la séance
publique nombreux et accompagnés si possible, car il est important de faire
publiquement la démonstration de notre dynamisme. Il rappelle que si les
membres de la Société Archéologique ne reçoivent pas d’invitation, c’est
parce qu’ils sont la puissance invitante ; l’information leur est donnée
par la convocation aux séances.
Le
programme de la prochaine séance ordinaire est modifié : la communication
de Jean-Luc Boudartchouk sur La Haute Auvergne durant le Bas-Empire et l’époque mérovingienne
est reportée à l’automne et nous entendrons une communication d’Hiromi
Haruna-Czaplicki intitulée Notes sur des Bibles enluminées dans le Sud-Ouest de la France au début
du XIVe siècle.
Au
titre de la correspondance, il faut noter que nous n’avons pas de réponse aux
courriers que nous avons adressés au Directeur régional des Affaires
culturelles, l’un d’eux étant désormais sans objet puisque des camions ont
emporté les vestiges du bâtiment wisigothique mis au jour sur le site de l’Université des Sciences sociales.
Le
vice-président du Conseil général du Lot, M. Gérard Amigues, nous adresse
une très intéressante brochure réalisée par le service du patrimoine
historique : Le patrimoine industriel. Terres cuites en Bouriane. Poteries et
tuileries-briqueteries…, C.G. du Lot, 2013, 27 p.
Un
nouvel échange de publications est mis en place avec le Museu nacional arqueològic
de Tarragona.
M.
Gauthier Langlois nous adresse une invitation à venir entendre deux conférences
qu’il prononcera à la Société des Etudes de l’Aude, la première sur Les
petits monastères des Corbières : un encadrement religieux dense (IXe-XIIIe
siècles), la seconde sur Une représentation du vicomte de Trencavel sur une
fresque de la conquête de Valence (XIIIe siècle).
On
nous signale enfin l’ouverture de la souscription pour Opéra, politique et
droit, un volume de mélanges offert à Mme Marie-Bernadette Bruguière.
L’ordre du jour appelle l’examen des travaux présentés au concours : nous avons neuf candidats pour deux prix Le Président rappelle les critères retenus pour le classement : l’originalité du travail, la méthodologie, la qualité de l’écriture, la maîtrise du sujet, chacun étant noté sur 5 points.
François Bordes présente son rapport sur le mémoire de Master 1 de Mme Lise Pérez, Études économiques sur les moulins du Bazacle de 1469-1470 : les différentes stratégies de gouvernances mises en œuvre pour assurer une viabilité financière de la structure de l’honneur du Bazacle.
Maurice Scellès rend compte de l’envoi de Mme Ludivine Thomas-Gasc, un opuscule consacré au Musée de zoologie de Saint-Paul-sur-Save, petit musée privé créé en 1921 par son arrière-grand-père, Jean Thomas. Cet opuscule n’est en rien une étude répondant aux critères du concours de notre Société. Il offre cependant l’intérêt d’attirer l’attention sur un type d’objet particulier, qui peut être, à juste titre, considéré comme un élément du patrimoine culturel régional. Avec la question de son devenir se pose celle de la place de ces petits musées, privés ou public, en tant qu’outils pédagogiques et structures de conservation, qui devrait être aussi envisagée dans le cadre des politiques d’aménagement du territoire. Pour Guy Ahlsell de Toulza, l’avenir d’un tel musée ne peut être envisagé aujourd’hui que dans le cadre d’un réseau et avec la tutelle d’un établissement de référence.
Louis Peyrusse donne lecture du rapport de M. Nicolas Valdeyron sur la thèse de Mme Lise Aurière, L'art mobilier magdalénien, du support au décor. Les choix technologiques et leurs implications dans l'élaboration des objets en matières osseuses. L'étude de cas dans la vallée de l'Aveyron : Les gisements de Plantade, Lafaye, Montastruc et Courbet, sous la direction de M. Michel Barbaza et de Mme Carole Fritz, Université de Toulouse-Le Mirail, 2012, 550 p.
Rapport à insérer
Quitterie Cazes présente son rapport sur le mémoire de master 1 de Mme Marie-Pierre Bonettti, La sculpture architecturale de l’abbaye Saint-Gilles-du-Gard (30). Archéologie, méthodologie, inventaire, sous la direction d’A. Hartamm-Virnich, Université d’Aix-Marseille, 2012, 4 vol.
Rapport à insérer
Sophie Cassagnes-Brouquet rend compte du mémoire de Master 1 présenté par Mme Violaine Sol, La représentation des pontifes dans les manuscrits prophétiques médiévaux. L’exemple du Liber prophetarum papalium, XIVe siècle, Archives municipales de Lunel (Hérault), sous la direction de Mme Géraldine Mallet et de M. Simone Piazza, Université Paul-Valéry, Montpellier III, 2012.
Anne-Laure Napoléone rend compte du mémoire de master 2 présenté par Mme Léa Gérardin, Les maisons en pan-de-bois de Montricoux (Tarn-et-Garonne), sous la direction de Nelly Pousthomis, Université Toulouse II - Le Mirail, septembre 2012, vol.1 Texte : 121 p., vol.2 Annexes et figures : 160 p., vol.3 Plans, relevés et croquis : 19 p.
Rapport à insérer
Michelle Fournié présente son rapport sur la thèse de Mme Estelle Martinazzo, La réforme catholique dans le diocèse de Toulouse (1590-1710), sous la direction de M. Serge Brunet, Université Paul-Valéry, Montpellier, 2012, 2 vol.
Rapport à insérer
Bruno Tollon présente son rapport sur le mémoire de master de Mme Aurélia Cohendy, Bernard Nalot (1508/09-1550). Un peintre toulousain de la Renaissance méridionale, sous la direction de M. Pascal Julien, Université de Toulouse-Le Mirail, t. 1, 142 p., t. 2. 125 p.
Puis il donne lecture de son rapport sur les deux mémoires de master présentés par M. Raphaël Neuville, Adrien Dax ami du hasard, t. 1 207 p., t. 2 147 p., et Création artistique et science chez Adrien Dax, t. 1 142 p., t. 2 58 p., Université de Toulouse-Le Mirail.
Rapport à insérer
Le
Président remercie les rapporteurs et fait le bilan des notes attribuées. Après
une brève discussion, il est décidé de décerner :
-
le prix de Clausade à M. Raphaël Neuville
-
le prix de Champreux à Mme Marie-Pierre Bonetti
-
une médaille d’argent à Mmes Lise Aurière, Léa Gérardin et Estelle
Martinazzo.
Au titre des questions diverses, Maurice Scellès donne des informations sur les journées d’étude sur La maison médiévale en Aveyron, qui se tiendront à Rodez les 11-13 juillet prochains. Faisant suite à celles organisées par notre Société à Toulouse en 2001 puis à Cahors en 2006, elles seront suivies de la publication d’un volume hors-série de nos Mémoires.
Pour faire suite au débat engagé lors de la séance du 5 février, Louis Peyrusse présente la photographie d’un tableau de Dauzats, de 1833, montrant une vue intérieure du chœur de la cathédrale d’Albi. On y distingue bien des couleurs appliquées sur toute la hauteur de la clôture, ce qui prouve au moins qu’il s’agit de peintures anciennes, et va à l’encontre de l’architecture en grisaille rêvée par certains. Ce document devrait en tout cas obliger M. Patrice Caillaud à beaucoup de retenue. |
SÉANCE PUBLIQUE DU 24 MARS 2013
Elle se tient dans la salle Clémence-Isaure, salle des séances publiques de l'Hôtel d'Assézat.
Allocution du Président :
Mesdames, Messieurs,
Chaque année, lorsque l’hiver cède sa place au printemps, temps des projets, de la renaissance de la vie sur le terreau des bilans d’un passé défunt, période souvent choisie comme début de l’an dans nombre de séquences de l’histoire, la Société archéologique du Midi de la France tient séance publique. Afin d’accueillir le nombreux public que vous êtes et qui l’honore en s’intéressant à son activité, elle se transporte du deuxième étage de ce bel Hôtel d’Assézat, où elle se réunit habituellement tous les quinze jours, dans sa grande salle d’honneur, sous ce vénérable plafond de la Renaissance. Une salle dite Clémence-Isaure depuis que la célèbre statue de marbre blanc aux trois-quarts médiévale de la bienfaitrice et inspiratrice des poètes et littérateurs de l’Académie des Jeux Floraux y a été érigée en bonne place, et préside en fait toutes les assemblées ici réunies. Mais aujourd’hui dame Clémence s’en est allée, pour une cure de jouvence, en l’atelier de restauration des musées de la Ville, nous laissant seuls face à vous.
L’an passé, nous avions évoqué les origines de notre Société, fondée en 1831, reconnue d’utilité publique en 1850. Rappelons simplement ses buts, tels qu’ils furent exprimés dans ses statuts et par ses fondateurs : « l’étude des monuments des arts et de ceux de l’histoire, particulièrement dans le midi de la France », et aussi recueillir, conserver, faire connaître et publier ceux-ci. Chacun saisit l’utilité de cette ambitieuse mission à plusieurs facettes. Que cette connaissance, et surtout les objets qui la fondent, permettent à l’homme sans cesse renouvelé, inventeur, producteur et consommateur d’une multitude de choses, de se situer, d’exercer un regard critique et autocritique à l’aune de l’histoire de son espèce. Au-delà de son aide à la spéculation de l’intelligence élaboratrice et utilisatrice de l’histoire, cette action favorise la sensibilité et le goût artistiques. Voilà les raisons pour lesquelles, depuis presque deux siècles, notre Société se réunit, publie et collecte des textes, objets archéologiques et œuvres d’art.
Certes, elle possède encore une riche collection et les terrains sur lesquels s’élevait l’exceptionnelle villa romaine de Chiragan, à Martres-Tolosane. Mais elle a donné ou cédé à la puissance publique, après les avoir souvent sauvés de la destruction, du vandalisme, d’une urbanisation aveugle, du lucratifcommerce des antiquités, ses terrains et musées de Saint-Bertrand-de-Comminges, et quantité de documents, livres, pièces archéologiques provenant de tout le Midi. Ces derniers comptent aujourd’hui parmi les plus remarquables des archives, bibliothèques et musées de notre ville, voire d’autres villes du Midi. Nous poursuivons cette collecte, qui augmente nos archives, bibliothèque et collection. Elle est alimentée plus par les dons que font certains de nos membres, et aussi des personnes et institutions extérieures, que par les achats, qui requièrent des sommes d’argent de plus en plus élevées. Cependant, il arrive que nous achetions. Cette année, nous devons remercier bien vivement de nombreux donateurs : Gérard Pradalié, Raymond Laurière, Guy Ahlsell de Toulza, Michèle et Henri Pradalier, Yves Bruand, Claire Rousseau, Stéphane Fargeot, Louis Peyrusse, Maurice Scellès, Maurice Prin, conservateur honoraire des Jacobins, qui, entre autres œuvres et notamment de précieuxrelevés de peintures murales et dessins anciens, a offert le projet du XVIIe siècle pour la construction de la façade du Capitole dont nous projetons ici la photographie, mais aussi le conseil général du Lot, le Darmouth College, le musée Paul-Dupuy, le Museu nacional arqueologic de Tarragona. Et j’en oublie probablement.
Parlons maintenant de la chose la plus importante : les travaux de nos membres. Certes, ils ne se développent pas qu’au sein de notre Société, chacun agissant d’abord dans le cadre de sa profession ou de sa propre ligne d’investigation. Cependant, tous les membres sont d’accord pour porter devant le regard des autres les fruits de leur travail et le soumettre aux questions, aux critiques constructives. Et encore plus lorsque les articles qui en découlent, promis à nos Mémoires, sont examinés par notre comité de lecture et d’impression, interne, et de notre comité scientifique, externe. Le cycle recherche-rédaction-communication-échange-correction-publication nous enrichit tous, auteurs, auditeurs, lecteurs. Et ce, nous l’avons dit maintes fois, parce que, venus d’horizons et de formations variés (enseignement, université, recherche, monuments, musées, archéologie, architecture, archives, bibliothèques, restauration des monuments, œuvres d’art et objets archéologiques, la liste n’étant pas exhaustive), nous acceptons de nous regrouper et constituer ainsi la structure vivante de notre Société. Là est son trésor : faire dialoguer des femmes et des hommes dont les métiers ontérigé des corps de doctrine, certes valables, mais parfois trop fermés. Notre compagnie académique tend vers le décloisonnement, si souvent réclamé dans notre monde du XXIe siècle, où l’activité est très spécialisée. Mais sans que chacun n’ait, en entrant parmi nous, à renier les règles exigeantes de sa propre méthode, le corpus de ses connaissances, son expérience face au texte, à l’objet, à l’œuvre d’art.
Quel bilan tirer des vingt-quatre communications présentées par nos membres depuis la séance publique du 18 mars 2012 ? Si onze d’entre elles ont une relation plus ou moins directe avec Toulouse, les autres en ont avec les départements de la Haute-Garonne, du Gers, des Hautes-Pyrénées, du Lot, du Tarn, du Cantal, de l’Aveyron, de l’Hérault, de l’Aude, et aussi l’Espagne. Par rapport à l’année précédente, un petit rééquilibrage s’est opéré entre les trois grands domaines de l’Antiquité, du Moyen Âge et des Temps modernes, la Préhistoire et la période contemporaine n’ayant suscité aucune communication. L’Antiquité en a généré quatre, le Moyen Âge treize, les Temps modernes sept. Le Moyen Âge demeure prédominant.Pour l’Antiquité, romaine, les communications ont été les suivantes. Le 3 avril 2012, Jean-Luc Boudartchouk et l’auteur de ce rapport reprirent tout le dossier du sarcophage antique tardif d’Arpajon-sur-Cère et de la nécropole d’Arepagone. Le 16 octobre, Louis Latour nous fit connaître les céramiques sigillées d’Auterive. Le 4 décembre, deux communications attirèrent notre attention sur des sculptures antiques peu connues de notre région. Emmanuel Garland nous permit d’admirer deux morceaux d’un énigmatique personnage splendidement drapé et une curieuse tête, conservés à Esbareich, dans la vallée de la Barousse. Pascal Capus nous apprit la bonne nouvelle de l’acquisition, par le musée Saint-Raymond, d’une statue de Jupiter provenant d’Avignonet, dont il actualisa l’étude.
Pour le Moyen Âge, les sujets furent d’une grande diversité. Le 20 mars 2012, Hiromi Haruna-Czaplicki nous fit part de ses observations sur les bibles enluminées confectionnées dans le sud-ouest de la France vers 1300, et Maurice Scellès reprit l’étude de l’église de Venerque, à la suite des recherches qu’il amenées sur ce passionnant édifice avec Diane Joy. Le 24 avril, Vincent Geneviève et Guillaume Sarah intéressèrent grandement les membres présents en analysant les monnaies du médaillier carolingien du musée Paul-Dupuy. Au cours de la même séance, Éric Tranier, Florence Journot et Jean-Luc Boudartchouk nous firent part de leurs travaux sur le tombeau de saint Majan à Villeneuve l’Argentière. Le 15 mai, Jean Catalo et Vincent Geneviève nous informèrent des résultats des sondages archéologiques des allées Jules-Guesde à Toulouse, décelant un habitat des XIVe et XVe siècles dont les vestiges créent de nouveaux questionnements. Le 5 juin, avant les vacances, ce fut un grand plaisir d’écouter Sophie Cassagnes-Brouquet sur le métier de peintre à Toulouse à la fin du Moyen Âge, qui regroupait les peintres et verriers, les verriers et les enlumineurs. L’importance de ses découvertes, au cours de longs dépouillements d’archives, attisa la curiosité de l’auditoire et suscita d’abondants échanges. Le 2 octobre, Patrice Cabau nous conduisit sur les traces de Pierre de la Chapelle (v. 1240-1312), évêque de Toulouse autour de 1300. Le 6 novembre, Anne Bossoutrot nous fit connaître une église quasiment ignorée des spécialistes de l’art roman, celle de Lavernose-Lacasse, à l’occasion de sa restauration extérieure. Ce même jour, Jean-Louis Rebière étudia, également en raison de sa restauration, un très beau plafond peint médiéval de l’abbaye de Lagrasse. Le 8 janvier 2013, c’est Anaïs Charrier qui nous donna une étude remarquable de l’église de Saint-Pierre-Toirac. Le 5 février, Maurice Scellès et celui qui vous parle reprirent l’analyse architecturale de l’ancien réfectoire des Augustins de Toulouse, stupidement détruit en 1868, pour évoquer la découverte archéologique en 1980 de la partie inférieure de son mur occidental. Ce même jour, Roland Chabbert et Patrice Caillaud nous firent part, avec leurs interrogations sur les partis à prendre, des projets de restauration du magnifique chœur de la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi. Enfin, le 19 février, Patrice Cabau parvint à éclaircir une question complexe de mutations de propriété dans le moulon du Taur, à Toulouse.
Notre goût prononcé pour le Moyen Âge généra, en plus, beaucoup d’intérêt pour deux visites d’expositions et pour la conférence de la séance publique. Cette dernière, le 18 mars 2012, fut donnée par Nicolas Bru, Maurice Scellès et Gilles Séraphin, dans cette salle, sur les églisesmédiévales du Lot. La première visite eut lieu le 12 mai, au musée national du château de Pau, sous la direction savante et chaleureuse de Paul Mironneau, directeur de l’établissement, dans l’exposition « Gaston Fébus, Prince Soleil (1331-1391) », dont il fut l’un des commissaires. Les membres qui firent spécialement le voyage de Pau pour voir les pièces exceptionnelles présentées et entendre le propos du conservateur quittèrent les lieux enchantés. La deuxième visite, le 22 mai, fut pour la non moins remarquable exposition organisée par le musée Paul-Dupuy autour de l’exceptionnel parement d’autel brodé des Cordeliers de Toulouse. Nous y fûmes agréablement accueillis par Jean Penent, conservateur en chef du musée, dont on regrettera le départ récent de cet établissement (qui se trouve depuis trois mois sans conservateur), et Marie-Pierre Chaumet-Sarkissian, l’une des commissaires. De nombreuses questions furent soulevées, notamment par Michelle Fournié, ou Guy Ahlsell de Toulza, qui apporta des compléments d’information sur le fameux diptyque de Rabastens.
Les Temps modernes nous réservaient aussi quelques riches heures. Le 29 mai, Christian Darles et Jean-Michel Lassure s’attachèrent à une étude originale, à la fois historique, architecturale et ethnographique, du hameau gersois de Naudin-L’Isle-Bouzon, dans ses différentes phases de construction et d’aménagement, du XVIe au milieu du XXe siècle. Le 5 juin, Laure Krispin évoqua les plafonds peints du XVIIe siècle découverts en 2011 au n° 7 de la rue de la Dalbade, à Toulouse. Le 16 octobre, Jean-Michel Lassure se pencha sur une matrice de sceau utilisée au XVIIe siècle pour le décor des plats de Giroussens. Le 20 novembre fut aussi un jour faste, avec la remarquable communication de Christian Péligry sur quelques aspects de la présence hispanique à Toulouse et dans le Midi toulousain au cours de la première moitié du XVIIe siècle. Le 18 décembre, Bruno Tollon focalisa nos regards sur les étonnantes et belles sculptures à l’antique du château de Bournazel. Le 22 janvier 2013, c’est à l’étude d’une étonnante réplique du XIXe siècle, pour la chapelle d’axe de la cathédrale de Cahors, du tombeau des Corps-Saints de Saint-Denis, que Jean-Louis Rebière s’appliqua. Le 19 février, Bruno Tollon nous proposa sa nouvelle lecture de la splendide façade de l’église de la Dalbade à Toulouse et nous fit ainsi partager sa connaissance approfondie de l’art de la Renaissance dans cette ville.
Une visite de l’exposition « Sur les traces du Toulouse disparu », à la Bibliothèque d’étude et du Patrimoine de la rue de Périgord à Toulouse, sous la houlette de son commissaire Isabelle Bonafé, constitua une séance supplémentaire sur les Temps modernes. En effet, elle montrait quantité de livres et de documents, pour l’essentiel du XVIe au XXe siècle, imprimés ou inédits, sur lesquels se fonde une grande partie de ce que nous savons sur les monuments détruits de Toulouse.La vigilance,l’information et les compétences de notre Société nourrirent aussi nombre de questions diverses, sur l’actualité de la recherche et la sauvegarde du patrimoine, cette dernière étant aussi l’une des missions assignées par nos fondateurs. Beaucoup de questions sont ainsi parvenues jusqu’à nous, dont nous ne relaterons ici qu’une partie.
Les grands travaux du centre de Toulouse nous ont alerté sur de nombreux points.
L’enfouissement, sous le square De Gaulle, de la base de la tour Charlemagne et de la courtine attenante, alors que l’on avait promis et attendait une meilleure mise en valeur de ces vestiges antiques, nous a surpris. Il est vrai que cette pauvre enceinte romaine de Toulouse n’a jamais eu et n’a toujours pas de chance, de Simon de Montfort à nos jours. Mais ce n’est pas une raison pour continuer à se lamenter, invoquant une sorte de fatalité qu’entraînerait ipso facto la croissance de la ville, et à ne rien faire. Il s’agit là des restes archéologiques d’une œuvre d’architecture admirable, conçue sous le Haut Empire pour ceindre et couronner à la fois Palladia Tolosa, dont on sait aujourd’hui la place éminente dans l’ancienne province de Narbonnaise. Elle est encore présente en plusieurs endroits de notre ville. Pourquoi ne pas concevoir un plan d’ensemble pour sa protection, sa conservation et sa mise en valeur ? D’autres villes en Europe, qui ont connu ou connaissent le même développement que Toulouse, entourent au contraire ces témoins de leurs origines d’une piété filiale. Elles saisissent l’occasion de leur existence pour rendre l’histoire présente dans l’espace public et affirmer leur identité.
Le réaménagement des quais et digues du XVIIIe siècle, avec les places et ports de la Daurade et Saint-Pierre, ne semblent guère tenir compte de toutes les données historiques et archéologiques. Nous l’avons, après en avoir parlé en séance et dans le seul désir d’un vrai dialogue, écrit à l’urbaniste Joan Busquets.
Le traitement des façades anciennes, du XVIIe au XIXe siècle, du côté nord de la place Esquirol, et l’incroyable destinée de l’immeuble du « Père Léon », nous ont été racontés par Guy Ahlsell de Toulza. Les résultats ne sont pas glorieux et c’est finalement le restaurant Mac Donald qui a le mieux respecté sa façade, au milieu des emprises disgracieuses en aluminium faux-bronze et verre de commerces sur la voie publique. Ces derniers se sont empressés d’occuper l’espace où, il y a une vingtaine d’années, il fut refusé de mettre en valeur l’emplacement et les restes du Capitole antique. Un guide de notre ville récemment édité évite de parler de la place Esquirol, ce que l’on comprend vu la façon dont elle est traitée depuis longtemps. Là était pourtant le centre civique et religieux, de la ville antique, umbilicus de l’actuelle : rien ne le signale au passant et au touriste.
Vestiges d'un grand bâtiment wisigothique mis au jour sur le site de l'Ecole d'économie de l'Université de Toulouse-I Capitole, avant destruction. Que dire de la destruction, il y a quelques jours à peine, des vestiges d’un très important monument du Ve siècle dans l’emprise du chantier de construction de l’Ecole d’économie de l’Université de Toulouse-I Capitole ? Alors que l’on en a conservé d’autres parties.
Et que penser des travaux en cours dans l’ensemble conventuel des Jacobins, qui préoccupent beaucoup notre confrère Maurice Prin, dont on sait l’attachement au lieu, auquel il a consacré sa vie. Quelle est leur cohérence avec le grand projet lancé au milieu du XXe siècle par Sylvain Stym-Popper et la création d’un accès du public par la rue Pargaminières, voie que l’on est en train de réaménager fort justement pour les piétons ?Heureusement, il y a aussi des bonnes nouvelles : l’entreprise de fouilles subaquatiques dans le lit de la Garonne, au centre historique de la ville, que nous appelions de nos vœux depuis longtemps, et qui est suivie par l’un de nos confrères, Jean-Michel Lassure ; la création du Service archéologique de Toulouse-Métropole, dont on attend beaucoup, en termes de recherche certes, mais aussi de conservation ; l’aménagement muséographique en cours de la crypte archéologique du Palais de Justice, sur l’emplacement de la porte romaine méridionale de Tolosa et du château Narbonnais retrouvés par notre confrère Jean Catalo et son équipe ;des acquisitions judicieuses faites par les musées, la bibliothèque d’étude et du patrimoine et les archives de la Ville de Toulouse (les papiers de Raymond Limouzin-Lamothe et d’Émile Cartailhac notamment).
Hors de Toulouse, beaucoup d’inquiétudes aussi.
À Saint-Lizier, le maire, Étienne Dedieu, nous rend compte régulièrement des atteintes portées au patrimoine archéologique et monumental de sa ville, particulièrement dans l’ancien palais des évêques, où, malgré tout, on se réjouira de l’ouverture d’un musée départemental longtemps désiré.
À Cordes, plusieurs d’entre nous ont regretté la tournure prise par le projet d’aménagement de la maison Gaugiran.
Au château de Bonrepos-Riquet, Guy Ahlsell de Toulza conteste l’interprétation d’installations hydrauliques que l’on veut préparatoires à la création du Canal de Languedoc.
A Cahors, l'ancienne maison d'arrêt installée dans le palais de Via, du début du XIVe siècle, est à vendre. À Cahors, c’est le sort du palais médiéval de Via qui nous attriste. Ancienne prison, l’Etat vient de le mettre en vente par l’intermédiaire de France-Domaine, et l’on semble ignorer sa valeur historique, archéologique et architecturale, en le laissant dans de bien mauvaises conditions de conservation. Une affaire à suivre de près, en appelant de tous nos vœux une issue favorable pour cet imposant monument que beaucoup aimeraient pouvoir visiter et dont nous serions fiers qu’il retrouve, comme on sait le faire en Italie, toute sa valeur dans notre riche patrimoine méridional.
Au bord du Rhône, l’extension du musée de l’Arles antique, construit par l’architecte Henri Ciriani, porte atteinte à l’œuvre de ce dernier, nous interrogeant sur la place que nous saurons donner aux créations architecturales les plus remarquables du XXe siècle.
Mais la grande et bonne nouvelle de l’année est celle de la découverte du très bel ensemble de peintures murales du XIIe siècle de l’abside de l’église romane d’Ourjout, dans un paysage enchanteur de la vallée du Lez, en Ariège. Plusieurs historiens de l’art catalans se sont précipités pour venir les voir, tant il est vrai qu’il s’agit d’un événement. Notre Société souhaite pour cette église et ses peintures des travaux d’étude, de restauration, conservation et mise en valeur de haut niveau.
Nous nous sommes également réjouis de la pose de la première pierre du musée-forum de l’Aurignacien, à Aurignac bien sûr, et du projet d’un grand musée archéologique à Narbonne, qui soit digne de la capitale de l’ancienne Narbonnaise. Narbonne qui semble enfin, à l’instar de Montpellier, se lancer dans d’ambitieux projets pour ses musées. La mairie va libérer pour cela les locaux qu’elle a jusqu’à ce jour occupés dans le magnifique palais des Archevêques, que notre directeur Henri Pradalier connaît si bien. Notre Société ne peut que soutenir de telles politiques patrimoniales, sachant ce qu’elles apporteront en termes d’urbanisme, de conservation, d’éducation, d’économie touristique et culturelle.Évoquons maintenant plus rapidement la vie quotidienne et administrative de notre Société, non point parce qu’elle occupe moins de temps. Au contraire, il faut souligner l’importance de celui que lui donnent tous les membres du Bureau et associés. Nous leur manifestons toute notre gratitude.
À partir du printemps, malheureusement, Bernadette Suau n’a plus pu, pour des raisons de santé, assumer son rôle à la bibliothèque et aux archives. Ayons une pensée pour elle, en espérant sa guérison et son retour parmi nous. Jacques Surmonne a généreusement accepté de la remplacer, toujours aidé de Georges Cugullière, Michèle Pradalier-Schlumberger et Lisa Barber. D’autres bénévoles se joignent aussi à eux, membres de la Société ou bénévoles extérieurs, tels Simo Lalhou, pour la manutention des livres, et Rédouan El Ouali pour l’informatique. Cette équipe fait beaucoup et régulièrement : tenue de la bibliothèque et des archives, accueil des chercheurs, échanges et envois de publications.
Le secrétaire général, Maurice Scellès, et son adjoint, Patrice Cabau, rédigent toujours avec précision les procès-verbaux de nos séances, publiés dans nos Mémoires. Notre confrère Louis Latour leur prête main forte en se chargeant de l’envoi des convocations aux séances et de la correspondance liée à celles-ci. Maurice Scellès a suivi la convention de numérisation de nos publications, signée avec la Bibliothèque nationale de France. Il a aussi préparé, avec Pierre Garrigou Grandchamp et Anne-Laure Napoléone, les journées d’étude sur la maison médiévale qui auront lieu les 11 et 12 juillet prochains en Aveyron. L’édition de nos Mémoires rattrape son retard puisque ce sont deux volumes qui ont été mis au point : le tome 69 de l’année 2009, que vous pourrez acquérir au fond de cette salle, et le tome 70 de l’année 2010, qui paraîtra en mai prochain. Il s’agit d’un énorme travail, coordonné par Anne-Laure Napoleone et Jean-Luc Boudartchouk, auquel d’autres membres apportent leur aide : Maurice Scellès toujours, dont on sait le travail au service de ces mémoires, mais aussi Henri Pradalier, notre directeur, et tous ceux qui relisent, corrigent, aident d’une façon ou d’une autre.
Et que dire de l’action de notre trésorier, Guy Ahlsell de Toulza ? Nous le félicitons une nouvelle fois pour sa longue vie réussie de grand argentier de notre compagnie, aux prises avec les encaissements de cotisation, parfois douloureux, les non moins sensibles paiements de factures, les dossiers de demande de subvention. Remercions ici la Mairie de Toulouse pour celle qu’elle nous accorde.La vie de notre Société c’est aussi d’apprendre avec tristesse que l’un de ses membres est arrivé au terme de la sienne. Le 22 décembre 2012 nous avons ainsi perdu le professeur Henri Gilles, professeur émérite de l’Université des sciences sociales de Toulouse. Il était l’un de nos plus anciens confrères, ayant été élu membre correspondant en 1965, puis membre titulaire en 1970 : soit quarante-huit années de présence au sein de notre Société.
Sa fidélité à cette dernière fut exemplaire. Tant que sa santé le lui permit, il assista souvent à nos séances et cela était un grand plaisir pour lui. Ses interventions étaient savantes, pertinentes et remarquées. Elles engendraient le plus grand respect pour cet authentique humaniste.
Ancien élève de l’Ecole nationale des chartes, il était un historien rigoureux, qui faisait sans cesse preuve d’une grande finesse d’analyse et d’interprétation. Prenons simplement pour exemple les deux admirables communications faites lors de nos séances sur les maîtres des œuvres royaux de la sénéchaussée de Toulouse au moyen-âge (publication dans M.S.A.M.F., XLII, 1978) et sur les « Études », premières salles de cours médiévales de l’Université de Toulouse. Elles furent , pour ceux qui les ont entendues, un modèle de méthode historique, les certitudes y étant toujours clairement distinguées des hypothèses, ces dernières n’étant énoncées que pour être immédiatement critiquées avec les meilleurs arguments.
Rappelons son incontournable thèse sur Les Etats de Languedoc au XVe siècle, publiée en 1965. Evoquons aussi son attachement aux sessions annuelles d’histoire médiévale du Midi tenues à Fanjeaux, et à la publication des communications correspondantes, dans l’impressionnante collection des Cahiers de Fanjeaux. Il y a lui-même beaucoup écrit, surtout sur l’histoire du droit au Moyen Âge. Il était devenu, dès le début des années soixante-dix du XXe siècle, le président du comité d’organisation et de publication de ces sessions, jusqu’à ce que lui succède, récemment, dans cette fonction notre consœur Michelle Fournié.
Notre émotion fut forte lors de la disparition de ce grand professeur toulousain, dont l’excellence scientifique et académique, l’urbanité, et aussi l’extrême politesse, l’amabilité et les chaleureux sentiments, souvent cachés derrière une parfaite discrétion, nous ont toujours touché.La vie académique cependant continue et le renouvellement s’est poursuivi, avec l’élection de neuf membres correspondants : mesdames Diane Joy, Inocencia Queixalós, Monique Gilles, Geneviève Bessis, Sandrine Victor, Émilie Nadal ; messieurs Nicolas Bru, Nicolas Buchaniec et Luis González Fernández.
Notons qu’une cotisation spéciale réduite à l’intention des étudiants a été décidée pour favoriser leur entrée parmi nous. Notre Société ne saurait en effet poursuivre ses missions sans que les jeunes générations formées dans les domaines indiqués au début de cette allocution ne l’intègrent. C’est l’un de nos soucis, avec, aussi, la volonté de tourner la page des siècles lorsque ceux-ci s’achèvent et entrent dans l’histoire. C’est pourquoi il a été décidé, le 6 novembre 2012, de recevoir dans le cadre du concours organisé chaque année des travaux portant sur l’archéologie et l’art du XXe siècle, à la seule condition que les artistes et créateurs en question soient décédés. Au concours 2013 ont été présentés de nombreux travaux. Même s’il en est parfois qui n’entrent pas dans notre champ de compétence, ils ont le mérite de nous faire connaître certains aspects méconnus du patrimoine de notre région. Cette année, c’est le cas du Musée de zoologie de Saint-Paul-sur-Save, créé en 1921 par le zoologue, médecin et explorateur toulousain Jean Thomas (1890-1932). Son fils, le docteur Pierre Thomas, qui est bien connu à Toulouse et veille sur une belle demeure où sont conservés d’admirables éléments architecturaux de l’ancien Hôtel de Pins, un chef-d’œuvre de la Renaissance, et sa petite-fille Ludivine Thomas-Gasc, qui a réalisé un album sur ce musée, veulent le consolider et le promouvoir, notamment à des fins éducatives. Notre Société leur apporte tous ses encouragements. Nous sommes vraiment très heureux, cette année, du succès de ce concours. Ainsi, retrouve-t-il pleinement sa vocation initiale : faire converger vers notre Société des travaux inédits de notre spécialité portant sur l’ensemble du Midi de la France. Et contribue-t-il à défendre nos disciplines et à les maintenir dans un monde qui génère tant de nouvelles activités.Avant de céder la parole à notre confrère Louis Peyrusse pour le rapport sur ce concours, permettez-moi de vous remercier de votre bienveillante attention.
Rapport sur le concours :
Le prix Gustave-de-Clausade est décerné à
Monsieur
Raphaël Neuville.
Le prix de Champreux est décerné à
Madame Marie-Pierre Bonetti.
Une médaille d'argent est décernée à
Madame Estelle Martinazzo, à Madame
Lise Aurière et à Madame Léa Gerardin.
|
Conférence de Pierre Garrigou Granchamp :
Habiter au Moyen Âge : maisons, hôtels, palais du Midi de la France
Ci-contre : Détail des peintures de la salle de la tour d'Arlet, à Caussade. |
SÉANCE DU 26 MARS 2013
Présents :
MM. Cazes, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire-adjoint ;
Mmes Fournié, Haruna-Czaplicki, Napoléone, membres titulaires ; Mmes
Balty, Bessis, Nadal, Queixalòs, MM. Balty, Buchaniec, Péligry, membres
correspondants.
Excusés :
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Pradalier, Directeur, Scellès, Secrétaire
général, Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mmes Cazes,
Lamazou-Duplan, Pradalier-Schlumberger, Victor, MM. Boudartchouk, Garland, González
Fernández, Peyrusse, Surmonne.
Invité :
M. Shun Nakayama.
Le
Président ouvre la séance à 17h00 et rend compte de la correspondance
manuscrite. Le Président du Conseil régional, M. Martin Malvy, et M.
l’Inspecteur d’Académie nous prient d’excuser leur absence à la séance
publique annuelle de la S.A.M.F.
Celle-ci
s’est tenue dimanche 24 mars dans la salle Clémence-Isaure de l’Hôtel
d’Assézat. La manifestation ayant connu un beau succès d’affluence, le Trésorier
adresse au Président de vives félicitations, et celui-ci manifeste sa
reconnaissance envers tous ceux qui l’ont aidé à l’organiser : Louis
Latour, Maurice Scellès, Guy Ahlsell de Toulza, Louis Peyrusse, les rapporteurs
du concours, et bien sûr Pierre Garrigou Grandchamp, qui a prononcé une
magistrale conférence sur les maisons médiévales.
Poursuivant
le dépouillement du courrier, le Président signale la réponse favorable faite
le 15 mars par le Directeur de la Fondation Bemberg à la question de
l’ouverture des issues de l’Hôtel d’Assézat pendant la tenue de nos séances.
La
lettre adressée au Directeur régional des Affaires culturelles, à propos
notamment des vestiges apparus, fouillés et détruits sur le chantier de la
future École d’économie de Toulouse, n’a pas reçu de réponse.
Plusieurs
membres interviennent pour dénoncer un scandale archéologique : l’angle
nord-ouest d’un monument majeur du Ve
siècle – peut-être un mausolée royal wisigothique – vient de disparaître,
alors que l’on a voilà quelques années assuré la conservation et
l’accessibilité des substructions de la façade sud du même édifice, situées
sous l’École de danse jouxtant Saint-Pierre-des-Cuisines ; quelle incohérence !
Il faut maintenant poser publiquement le problème de l’absence à Toulouse de
politique archéologique raisonnée et responsable. Guy Alhsell de Toulza et Jean-Charles Balty sont d’avis de faire
connaître le dossier par des articles à publier dans L’Auta,
Midi-Pyrénées Patrimoine, Archéologia...
Daniel Cazes transmet à la Compagnie une invitation du docteur Pierre Thomas et de Ludivine Thomas-Gasc à visiter, le 31 mars prochain, le Musée zoologique créé en 1921 à Saint-Paul-sur-Save par Jean Thomas (1890-1932).
La parole est à Hiromi Haruna-Czaplicki, qui a accepté de remplacer Jean-Luc Boudartchouk, empêché ; sa communication est intitulée Notes sur les Bibles enluminées dans le sud-ouest de la France au début du XIVe siècle.
Daniel
Cazes remercie notre consœur pour sa présentation de manuscrits magnifiques,
sa réflexion sur la transmission des livres au Moyen Âge, ses comparaisons
iconographiques et stylistiques. Au cours de l’exposé, la miniature figurant
le sein d’Abraham a évoqué pour lui les peintures murales des chapelles du
chœur de l’église des Jacobins, et il suggère un élargissement de la
recherche aux programmes picturaux réalisés à Toulouse aux alentours de 1300.
Mme Haruna-Czaplicki indique que cette piste a été explorée par Pascale de
Lajartre, qui a rapproché le décor peint de l’église des Frères Prêcheurs
des miniatures du manuscrit 103 de la Bibliothèque municipale de Toulouse.
Michelle
Fournié signale un autre rapprochement, à opérer avec les Frères mineurs :
le commanditaire de la Bible de Stuttgart appartient au même milieu franciscain que celui du parement d’autel des Cordeliers
de Toulouse conservé au Musée Paul-Dupuy. Émilie Nadal propose un nouveau
parallèle iconographique en se référant à une lettre historiée du manuscrit
latin 3264, exécuté pour Jean Tissendier, religieux du couvent franciscain de
Toulouse devenu évêque de Lodève en 1322, puis de Rieux en 1324. Hiromi
Haruna-Czaplicki la remercie de cette information.
SÉANCE DU 2 AVRIL 2013
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Cazes,
Fournié, Haruna-Czaplicki, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, MM.
Boudartchouk, le Père Montagnes, MM. Surmonne, Testard, membres titulaires ;
Mmes Nadal, Vallée-Roche, MM. Buchaniec, Mattalia, Péligry, membres
correspondants.
Excusés : Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour, Bibliothécaire-adjoint ;
Mmes Bessis, Lamazou-Duplan, Victor, Queixalós, MM. Chabbert, Garland.
Le
Président annonce qu’en raison d’un empêchement, notre confrère
Christophe Balagna a dû renoncer à présenter ce soir ses Nouvelles
précisions sur la construction de l’église de Poucharramet (Haute-Garonne).
Le
Secrétaire général et le Secrétaire adjoint n’ayant pu achever les procès-verbaux
des séances précédentes, le Président passe au point suivant de l’ordre du
jour et rend compte de la correspondance.
Avec
une nouvelle lettre, le Directeur de la Fondation Bemberg exprime ses regrets
pour les difficultés rencontrées pour les ouvertures des portes lors de notre
dernière séance, dues à une visite privée et à un mauvais passage de relais
entre les gardiens. Le Président a cependant noté une fois de plus que la
porte de notre salle des séances n’était pas ouverte à 17 h : elle ne
l’a été qu’après qu’il est intervenu. C’est irritant, même s’il
est clair que le problème tient à un vice de départ avec le choix
architectural qui a été fait en refusant le sas fixe qui était proposé.
La
Fondation Bemberg a par ailleurs laissé un message téléphonique au Président,
demandant si notre Société accepterait de lui louer sa salle des séances. Guy Ahlsell de
Toulza explique que la Fondation se trouve dans une logique de financiarisation,
en louant ses
espaces ou en organisant des réceptions et en suscitant des demandes qu’il
lui faut satisfaire. C’est ainsi qu’elle loue déjà la salle Clémence-Isaure
à l’Union des Académies et Sociétés savantes de l’Hôtel d’Assézat. Henri
Pradalier et Maurice Scellès se déclarent tout à fait opposés à la location
de notre salle des séances, qui est notre lieu de travail et un espace privé.
Il faut sans doute rappeler que la justification sociale de notre Société
tient au travail qu’elle accomplit et qu’elle met à la disposition du public.
Par ailleurs nous n’avons toujours pas reçu de réponse de la D.R.A.C. à nos courriers.
La parole est à Marie Vallée-Roche pour une communication sur Les graffiti carolingiens de la table d’autel de Minerve (Hérault).
Le
Président félicite Marie Vallée-Roche et la remercie de cet exposé tout à
fait passionnant, qui a le mérite supplémentaire d’être objectif et très
clair alors que le sujet fait le plus souvent l’objet d’approches assez
confuses. Les monuments présentés sont très émouvants, faisant apparaître
des personnages importants, dont nombre sont d’origine wisigothe. Le Président
remercie encore Marie Vallée-Roche d’avoir soulevé la question de la
sauvegarde de ces monuments qui sont aussi des documents précieux : on se
félicite de la mesure de protection qui a été prise à Minerve.
Maurice
Scellès demande si la présence des graffiti, réalisés par les personnes
elles-mêmes, tient à leur fonction ou bien s’il s’agit de sacraliser les
signatures apposées sur les actes. Marie Vallée-Roche répond que dans le
cadre de la procédure wisigothique, le graffiti sur l’autel sacralise le témoignage,
le recours à l’intercesseur renforçant le lien entre les hommes. Par la
suite, l’inscription des noms sur l’autel ne répond plus forcément à une
pratique juridique. Et ailleurs les pratiques sont autres : à Valognes,
dans le Cotentin, les noms d’un évêque et d’un prêtre correspondent à la
consécration de l’autel.
Henri
Pradalier ayant évoqué les graffitis de l’autel de Saint-Michel de Cuxa,
Marie Vallée-Roche ajoute que l’on trouve aussi des noms de femmes, ce qui
serait contraire aux textes théologiques mais pas à une procédure publique.
Henri Pradalier le confirme avec un exemple plus tardif : à Sant Pere de
Burgal, la figure de la comtesse de Pallars est peinte dans l’abside en raison
de sa fonction civile. Pour en revenir à la chapelle de Pomers, il est
vraisemblable que la table d’autel ait été retrouvée par le moine.
Comme
Henri Pradalier note que le maintien des pratiques juridiques wisigothiques
s’explique par le fait que Narbonne n’est prise qu’en 751, Marie Vallée-Roche
y ajoute l’arrivée de réfugiés arrivant de Catalogne.
Répondant
à une question d’Oliver Testard, elle précise que les graffitis mentionnent
les noms des boni homines, des missi
et des témoins de l’accusation.
Comme
Henri Pradalier se demande si le Rusticus de la table d’autel est bien l’évêque
du Ve siècle, car la table pourrait être plutôt du IXe
siècle, Marie Vallée-Roche précise qu’il n’y a pas d’autre évêque de
ce nom à Narbonne. Pour Daniel Cazes, l’inscription paraît bien être du
Ve siècle. Marie Vallée-Roche rappelle que l’on assiste avec
Charles Le Chauve à une tentative de réorganisation, et que c’est à cette
époque qu’apparaît en Aquitaine le terme de ministerium,
qui pourrait correspondre à une reprise en main du territoire. On note aussi la
présence d’un ou plusieurs Salomon, des Francs originaires de Bourgogne.
Patrice Cabau y ajoute la présence d’un Salomon évêque de Toulouse au
milieu du IXe siècle. Marie Vallée-Roche dit que l’on connaît
plusieurs évêques de ce nom à cette époque, mais s’agit-il du même ?
Il s’agit en tout cas de personnages très proches du pouvoir carolingien.
Émilie
Nadal demande s’il faut penser que des signatures étaient apposées sur les
autels sous forme de graffitis à chaque grand procès. Marie Vallée-Roche
rappelle que d’une part le plaid a été conservé parce qu’il s’agit
d’une grande abbaye, et que d’autre part l’on a affaire à une procédure
wisigothique, qui n’est plus appliquée 50 ans plus tard, même si l’on
continue à faire allusion à la loi wisigothe.
Au
titre des questions diverses, Marie Vallée-Roche présente l’Association
des Journalistes du Patrimoine (A.J.P.), en s’appuyant en
particulier sur le site Internet de l’association. Elle souligne que
l’association se propose d’être une boîte aux lettres entre les personnes
et les associations informées et les journalistes susceptibles de se saisir de
l’information et de la porter à la connaissance du public. Elle conclut sa présentation
en proposant que notre Société adhère à l’A.J.P.
Le
Président pense que le sujet mérite discussion, sur l’intérêt d’adhérer
mais surtout sur les moyens de défendre le patrimoine en faisant connaître les
dossiers que nous instruisons.
Maurice
Scellès dit avoir consulté le site de l’A.J.P. et avoir été un peu déçu
par la présentation des actions menées par l’association. En outre, un
article sur la politique du patrimoine en Espagne lui a paru bien inconsistant.
Il pense cependant que nous ne pouvons pas ne pas adhérer à l’A.J.P, alors
que cela fait des années que nous cherchons, sans succès, le moyen d’alerter
l’opinion sur les dossiers que nous défendons. Il sera toujours possible de
ne pas renouveler notre adhésion, s’il s’avérait que le relais n’était
pas efficace.
Le
Président considère que pour une part très importante, la défense du
patrimoine impose des dossiers très solides. L’information constituée par
les journalistes locaux est à l’évidence insuffisante, or nous sommes à même
de fournir des informations plus consistantes et de qualité. Quitterie Cazes
dit qu’il serait intéressant de commencer avec le palais de Via à Cahors.
Guy
Ahlsell de Toulza rappelle qu’il y avait autrefois des associations, comme
l’association de sauvegarde des paysages, et des revues, comme la revue Sites
et monuments, qui étaient très actifs. L’association Momus
et sa revue pourraient aussi être un relais. Pour Maurice Scellès, Momus n’a plus grand-chose à voir aujourd’hui avec ce
qu’elle était il y a dix ans de cela.
Le
Président pense qu’il faut faire appel à tous si l’on veut défendre le
patrimoine.
Comme
Émilie Nadal demande si l’on a pensé à mettre les dossiers en ligne sur
Internet, Maurice Scellès rappelle les conditions dans lesquelles notre site
Internet a été créé, et qui sont encore celles de son fonctionnement actuel :
une seule personne s’en occupe… et les bonnes volontés seraient les
bienvenues. Puis il rappelle qu’une refonte est prévue dans le courant de
l’année 2013, avec des évolutions techniques qui permettront peut-être
d’autres modes de fonctionnement. Il faudra en reparler.
Patrice Cabau donne ensuite des informations sur l’étude qu’il mène sur les écus armoriés de la tour médiévale de l’abbaye de Vielmur-sur-Agout, dans le Tarn, en relation avec Mélanie Chaillou, de la société Hadès, et Laurent Macé. Après avoir rappelé les dispositions principales du bâtiment, il s’attache plus particulièrement aux nombreuses questions soulevées par la frise d’écus de la salle haute. Une discussion s’ensuit dans laquelle intervient Guy Ahlsell de Toulza. Quitterie Cazes propose de consulter le travail de Térence Le Deschault de Monredon sur le décor civil du XIIe au XIVe siècle. Le Président demande aux intervenants de bien vouloir nous tenir au courant de l’évolution de leurs réflexions, en accompagnant leur présentation d'images qui nous ont fait défaut cette fois-ci.
Avant de clore la séance, le Président renouvelle son appel à communication pour la prochaine année académique, en demandant aux membres de lui faire parvenir leurs propositions sans tarder.
SÉANCE DU 16 AVRIL 2013
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Barber,
Cazes, Haruna-Czaplicki, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, le Père Montagnes,
le général Garrigou Granchamp, MM. Bordes, Le Pottier, Peyrusse, Surmonne,
Testard, membres titulaires ; Mmes Bossoutrot, Heng, Jaoul, Nadal, MM. González
Fernández, Rebière, membres correspondants.
Excusés :
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour, Bibliothécaire-Archiviste
adjoint, Mmes Andrieu, Balty, Cassagnes-Brouquet, Lamazou-Duplan, Queixalòs,
Victor, MM. Balty, Garland.
Le Président ouvre la séance à 17h00 et commence par le dépouillement de la correspondance manuscrite.
La
Société a reçu :
-
un appel à communication pour le 61e congrès de la Fédération
historique de Midi-Pyrénées, organisé sous la responsabilité de la Société
du Patrimoine du Muretain et de la Société des Études du Comminges, qui se
tiendra à Muret (Haute-Garonne) les 13, 14 et 15 septembre 2013 sur le thème
« Le temps de la bataille de Muret (12 septembre 1213) » ;
-
une invitation de M. Jacques Bascou, maire de Narbonne, qui nous annonce
l’inauguration des salles rénovées du Musée d’Art et d’Histoire, dans
l’ancien Palais des Archevêques de Narbonne ;
-
un courrier de la municipalité de Monpazier (Dordogne), qui souhaiterait
diffuser les publications de la S.A.M.F.
Le Président relève que la lettre qu’il a envoyée au Directeur régional des Affaires culturelles au sujet des questions patrimoniales qui nous préoccupent dans la Région Midi-Pyrénées demeure toujours sans réponse.
Le
Président présente ensuite plusieurs ouvrages qui viennent d’enrichir notre
bibliothèque et qui sont dus à la générosité de nos confrères.
De
la part de Pierre Garrigou Grandchamp :
-
Emmanuel Moureau, Un marchand au Moyen Âge.
Regards sur la vie quotidienne au XIVe siècle : les
comptes de Barthélemy Bonis (1345-1365), La Louve éditions, 2012, 175 p. ;
-
Guy Meirion-Jones (dir.), La demeure
seigneuriale dans l’espace Plantagenêt. Salles, chambres et tours,
Presses universitaires de Rennes, 2013, 485 p. ;
De
la part de Luís González Fernández :
-
Michèle Éclache, Demeures toulousaines du XVIIe
siècle : sources d’archives (1600-1630 environ), collection « Méridiennes »,
Université de Toulouse-Le Mirail, 2006, 338 p. ;
-
Habitats et peuplement dans les Pyrénées au
Moyen Âge et à l’époque moderne, textes recueillis et édités
par Jean-Pierre Barraqué et Philippe Sénac, travaux du groupe RESOPYR III,
collection « Méridiennes », Université de Toulouse-Le Mirail,
2009, 382 p. ;
-
Philippe Dillmann, Liliane Pérez, Catherine Verna, L’acier
en Europe avant Bessemer, série « Histoire et techniques »,
collection « Méridiennes », CNRS - Université de Toulouse-Le
Mirail, 2011, 530 p.
Daniel Cazes remercie chaleureusement les donateurs.
La parole est à Jean-Louis Rebière pour une communication intitulée Le Parlement de Toulouse aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Le
Président remercie notre confrère de nous avoir guidé à travers le dédale
de l’ancien Parlement de Toulouse, composé de bâtiments de toutes les époques,
continuellements détruits et reconstruits : dans un tel contexte, la
sauvegarde de la Grand-Chambre paraît tenir du miracle. Daniel Cazes déclare
avoir été impressionné par la coupe de l’élévation de la tour de
l’Aigle qui apparaît sur le plan dressé par Subsol en 1811 – document
qu’il ne connaissait pas – : à la base de cette tour de l’enceinte
romaine se trouvent deux salles superposées à coupoles de brique, identiques
à celles qui existent toujours dans la tour voisine des Hauts-Murats. M. Cazes
demande à Jean-louis Rebière s’il a trouvé des indications concernant
l’arc de triomphe du Château-Narbonnais, arc fantôme dont les archéologues
n’ont lors de leurs fouilles trouvé aucune trace. M. Rebière répond qu’il
n’a pas eu plus de chance. Le Président fait appel aux questions de la
Compagnie.
Guy
Ahlsell de Toulza voudrait savoir si les escaliers menant au baldaquin étaient
couverts. Jean-Louis Rebière dit avoir envisagé cette hypothèse, qu’il a
abandonnée après diverses combinaisons concernant les colonnes figurées sur
les plans : « Ça ne marche pas ! ». Interrogé au sujet
des nombreuses latrines, M. Rebière évoque l’existence de fosses et les
mouvements des charettes emportant les vidanges. Lisa Barber s’intéresse au
mobilier des Chambres ; celui-ci consistait en sièges, bancs, dossiers,
marchepieds, tables, tapisseries (défraîchies), draps (bleus)... Louis
Peyrusse s’enquiert de la restauration prévue pour les locaux anciens du
Palais de Justice, dont l’état actuel est celui du XIXe siècle. Jean-Louis Rebière déclare
qu’un retour à un état médiéval ou classique étant inenvisageable – les
vestiges sont trop ténus, et la Grand-Chambre est protégée au titre des
Monuments historiques depuis le 8
novembre 1999 –, c’est le parti d’une rénovation du décor Deuxième
République-Second Empire qui a été retenu.
Le Secrétaire général, enfin parvenu jusqu’à nous, peut donner lecture du procès-verbal de la séance du 12 mars 2013, qui est adopté à la suite de quelques propositions d’amendements.
Au
titre des questions diverses, deux de nos confrères font une présentation
rapide de peintures murales du Moyen Âge :
-
Patrice Cabau, Le décor
peint de la salle haute de la tour dite des Lautrec à Vielmur (Tarn) :
l’état des peintures justifie une étude préalable à une intervention
prochaine ;
-
Henri Pradalier, Le décor
peint du chœur de l’église d’Ourjout (Ariège) : la découverte
de ces peintures est un événement pour l’Histoire de l’art de nos régions ;
plutôt que d’« art catalan », il vaudra désormais mieux parler
de « style pyrénéen ».
SÉANCE DU 7 MAI 2013
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Scellès, Secrétaire général,
Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Cazes, Haruna-Czaplicki, Jaoul,
Merlet-Bagnéris, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, MM. Le Pottier, le Père
Montagnes, MM. Peyrusse, Testard, membres titulaires ; Mmes de Barrau,
Bessis, MM. Péligry, Pousthomis, membres correspondants.
Excusés :
M. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M.
Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Barber, Cassagnes-Brouquet,
Lamazou-Duplan, Victor, Queixalós, MM. Chabbert, Garrigou Grandchamp, Garland,
Tollon.
Le Président annonce à la Compagnie le décès d’André Hermet :
C'est
avec tristesse que nous avons appris le décès récent de l'un de nos membres,
André Hermet, dont les obsèques ont eu lieu le 23 avril dernier à Toulouse.
La nouvelle de sa mort nous a été transmise par Guy Ahlsell de Toulza, qui la
tenait lui-même de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de
Toulouse, dont André Hermet était aussi membre. De notre Société il avait été
élu membre correspondant en 1988, était devenu membre titulaire en 1994, puis
membre libre à partir de 2005.
Nous
n'avions plus le plaisir de le compter parmi nous lors de nos séances depuis
assez longtemps, son âge, m'avait-il dit, l'empêchant d'y venir aussi fréquemment
qu'il l'avait fait précédemment. Mais il ne manquait aucune de nos séances
publiques, sauf la dernière, où son absence m'avait étonné, et restait un très
fidèle lecteur de nos Mémoires,
dont il félicitait souvent la Société d'en maintenir et améliorer sans cesse
l'édition. Il faut dire qu'il était profondément attaché à l'histoire de
Toulouse et de notre région, et particulièrement à tout ce qui se publiait
les concernant. Chaque sortie de presse de l'un de nos Mémoires
était pour lui un événement dont il se réjouissait. Bibliophile averti, il
avait réuni dans sa bibliothèque tout ce qu'il avait pu trouver de livres,
revues, tirés-à-part, journaux, prospectus concernant Toulouse, sans la
moindre limitation des divers champs thématiques. Tout l'intéressait de la vie
de la société toulousaine, son ancienne profession de statisticien à l'INSEE
lui ayant appris l'alchimie complexe de notre organisation sociale et le poids
de chacun des paramètres la régissant. Ce métier lui avait donné le sens de
la précision et de la rigueur, celles des chiffres, mais sans lui enlever la
sensibilité à ce qui fait la richesse, la créativité, l'originalité
parfois, et la chaleur de la vie de ses concitoyens. Ainsi avait-il pu rédiger,
avec la collaboration de Marie-Louise Prévot et une préface de Pierre Salies,
une Bibliographie de l'histoire de Toulouse en plusieurs tomes,
publiés en 1989, qui reste un instrument de travail irremplaçable.
Il
aimait aussi écrire cette histoire de Toulouse, surtout celle, plus
biographique et qui était son domaine préféré, des Toulousains ou
personnages importants ayant marqué leur séjour ou passage dans la capitale du
Languedoc. Ces écrits, extrêmement nombreux, on les trouvera surtout dans L'Auta, bulletin mensuel de l'Association des Toulousains de
Toulouse et Amis du Vieux-Toulouse dont il fut longtemps le vice-président,
directeur de la publication, avant d'en devenir, jusqu'à sa mort, vice-président
honoraire.
André
Hermet nous laisse le souvenir d'un homme qui a pleinement vécu sa passion du
livre, de l'histoire et de notre ville. Discret, affable, aimant la conversation
savante, fidèle aux institutions auxquelles il a généreusement donné
beaucoup son temps et de son savoir, il a disparu derrière sa silhouette
paisible et familière. Mais, pour tous ceux qui l'ont apprécié, elle
continuera à se profiler sur les murs tant aimés des plus anciens quartiers de
Toulouse.
Pour remercier André Hermet de son authentique humanisme et en sa mémoire, le Président invite l’assemblée à se lever et observer un temps de silence.
Le Secrétaire général et le Secrétaire-adjoint donnent lecture des procès-verbaux des séances des 2 et 16 avril, qui sont adoptés après quelques corrections.
Le
Président rend compte de la correspondance.
Notre
consœur Agnès Marin, trop éloignée de Toulouse depuis plusieurs années pour
pouvoir participer à nos travaux, nous demande d’accepter sa démission. Nous
prenons acte de sa décision, que nous comprenons, en la regrettant. Il arrive
assez souvent que des membres jeunes démissionnent, ce qui est inquiétant pour
l’avenir de notre Société. Henri Pradalier veut être rassurant en rappelant
que certains reviennent parfois quelques années plus tard.
Le
Président de l’association des Amis du Vieux Caussade et de son Pays, M.
Christophe Sahuc, nous communique copie du courrier adressé au préfet de Région
pour demander que soit réalisées des fouilles archéologiques sur le site du
château de Caussade. Pour compléter la présentation, Maurice Scellès fait un
bref rappel de l’action de l’association et des étapes successives de la
remise au jour des vestiges du château.
Louis
Peyrusse pense que notre Société doit appuyer la demande de l’association
des Amis du Vieux Caussade. Bernard Pousthomis ayant évoqué l’hypothèse de
micro-pieux, Maurice Scellès rappelle que les forages et leur espacement équivalent
de fait à une destruction du site.
Le
Président se déclare toujours sensible à l’étude et l’aménagement
d’un site archéologique, que l’on soit au centre de Toulouse ou à
Caussade. Nous avons en France des institutions chargées de l’étude et de la
conservation des sites historiques et archéologiques, mais on se demande pourquoi ? On s’attendrait à ce qu’elles se prononcent sur le fait que
l’on est en présence ou non d’un tel lieu. Bernard Pousthomis y voit la
conséquence de la segmentation des services, avec d’un côté la conservation
des Monuments historiques, de l’autre le service de l’archéologie.
Daniel
Cazes rappelle en outre que l’argument du monument incomplet ne peut être invoqué :
si l’on avait considéré à Rome que les morceaux du forum n’avaient pas
d’intérêt, le site serait aujourd’hui entièrement bâti.
Ayant
recueilli l’avis de la Compagnie, le Président annonce qu’il enverra une
lettre de soutien à la demande présentée par l’association des Amis du
Vieux Caussade.
Le
Président donne ensuite lecture du courrier de son président, par
lequel la Société des Lettres de l’Aveyron nous annonce son retrait de
l’organisation des journées d’études sur la maison médiévale en Aveyron.
Il dit avoir été très surpris par le ton de la lettre.
Après
avoir rappelé que ces journées font suite à celles organisées par notre Société
à Toulouse en 2001 et à Cahors en 2006, Maurice Scellès dit que c’est tout
naturellement que des contacts ont été pris avec la Société des Lettres de
l’Aveyron en 2011, alors que le projet se mettait en place. Il est vite apparu
que celle-ci avait une conception assez différente du projet, envisageant un évènement
avec un certain éclat plutôt que de simples journées de travail, et que son
mode de fonctionnement était complexe : ces difficultés pouvaient être
cependant surmontées. À partir du mois de novembre, les relations sont
devenues plus délicates et, surtout, nous n’avons obtenu aucune confirmation
des subventions demandées.
Le
Président confirme que l’on en était encore là fin février, malgré
une rencontre au début du mois. Afin de ne pas compromettre la tenue de ces
journées, il a donc été décidé d’établir un budget à la baisse et un
programme réduit à deux jours, et d’en informer la S.L.A.
L’ordre du jour appelle l’élection de membres titulaires. Sur proposition du Bureau, Sophie Cassagnes-Brouquet, Jean-Marc Stouffs et Jean-Charles Balty sont élus membres titulaires.
La parole est à Caroline de Barrau et Bernard Pousthomis pour une communication intitulée : Saint-Salvi d’Albi : découverte et étude d’une statue médiévale.
Le
Président remercie Caroline de Barrau et Bernard Pousthomis, sans oublier Françoise
Tollon, pour cet exposé très complet qui nous apprend beaucoup sur cette œuvre.
Cette découverte lui a rappelé celle faite en 1977 au Musée des Augustins,
qui avait soulevé les mêmes questions quant à l’enfouissement : après
les guerres de Religion ? ou bien au XIXe siècle ? Les
statues mutilées retrouvées aux Augustins avaient été protégées par du
sable, sans doute parce que l’on avait considéré qu’elles avaient un
caractère sacré, alors que dans le cas de Saint-Salvi, on a l’impression
que la statue a été abandonnée. Bernard Pousthomis en convient tout en remarquant
qu’elle n’a cependant pas été jetée.
En
remarquant que la statue de Saint-Salvi n’est pas à proprement parler une
ronde-bosse, puisque son revers est plat, le Président note que cette économie
de moyens s’accorde avec la médiocre qualité de la pierre et une qualité
artistique très moyenne.
Quant
au choix du maintien de la statue sur place, il avoue ne pas en avoir bien
compris les raisons : une fois dégagée de la maçonnerie, la statue se
trouve soumise aux variations d’atmosphère de la chapelle, ce qui peut poser
des problèmes. Bernard Pousthomis indique qu’elle se trouve dans une
chapelle, en milieu clos et dans un coffre hermétique. Françoise Tollon elle-même
a préféré qu’elle soit maintenue sur place.
Michèle
Pradalier juge la statue très intéressante, mais difficile à situer. Elle y
voit l’expression d’un art très local, pour lequel il n’est pas question
de faire appel à des comparaisons avec des œuvres parisiennes. Elle y voit une
œuvre du début du XIVe siècle, qui conserve des traits de l’art du siècle
précédent : les larges ondulations de la chevelure, les plis en becs ou
les plis qui ne sont pas encore véritablement en cornet. Quant à l’étroitesse
des épaules, elle est propre à la sculpture languedocienne. Pour Daniel Cazes
et Henri Pradalier, les comparaisons stylistiques sont en effet difficiles quand
il s’agit d’œuvre qui ne sont pas d’une grande qualité artistique.
Louis
Peyrusse rappelle que l’on a d’autres exemples de statues enfouies de la
sorte. Il pense que la statue de Saint-Salvi a fait l’objet d’un « enterrement
liturgique », ce qui exclurait qu’il s’agisse d’une conséquence de
la Révolution. Les cassures montrent qu’elle est tombée, mais des révolutionnaires
auraient frappé la couronne ou auraient décapité la statue.
Henri
Pradalier demande de quand date l’arc surbaissé en brique de la niche.
Bernard Pousthomis le pense du XVe siècle, quand on a réduit l’armoire.
Quitterie Cazes fait remarquer que l’arrière-voussure ne serait pas visible
s’il s’agissait d’un placard. La discussion se poursuit avec des
interventions d’Henri Pradalier, d’Anne-Laure Napoléone et d’Oliver
Testard pour savoir s’il ne s’agissait pas plutôt d’un passage entre
l’absidiole sud et le chœur, ou d’une porte. Bernard Pousthomis dit qu’il
réexaminera la question.
Jean
Le Pottier signale qu’il y avait près de Saint-Salvi une église
Sainte-Martiane, qui a été démolie. En retenant comme hypothèse possible que
la statue puisse en provenir, Caroline de Barrau indique que nous n’avons
cependant aucune information sur son mobilier.
Quitterie
Cazes ayant attiré son attention sur le petit col du manteau de la statue,
Caroline de Barrau dit ne pas avoir d’autre exemple qui lui vienne immédiatement
à l’esprit et qu’elle fera la recherche.
Au titre des questions diverses, le Président évoque la vente Szapiro, dont Émilie Nadal lui a communiqué le catalogue. Il s’agit d’une collection extraordinaire, parmi laquelle il a repéré le lot 332 correspondant à un rapport établi par un membre de l’Académie des Sciences, Bernard-Antoine Tajan, au moment des découvertes de Du Mège à Martres-Tolosane ; la mise à prix est à 70 €. Jean Le Pottier annonce qu’il assistera à la vente et Guy Ahlsell de Toulza qu’il interviendra par téléphone.
SÉANCE DU 21 MAI 2013
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Scellès, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Cazes,
Haruna-Czaplicki, Fournié, Jaoul, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, MM.
Bordes, Boudartchouk, Peyrusse, Stouffs, Surmonne, Testard, membres titulaires ;
Mmes Bossoutrot, Fraïsse, Nadal, MM. Corrochano, Garland, Macé, Rebière,
membres correspondants.
Excusés :
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour, Bibliothécaire-adjoint ;
Mmes Barber, Charrier, Lamazou-Duplan, Queixalós, MM. Chabbert, Garrigou
Grandchamp, Georges, González Fernández, Péligry, Séraphin, Tollon.
Le
Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 7 mai
dernier, qui est adopté après deux précisions demandées
par Henri Pradalier.
En
marge du procès-verbal François Bordes annonce que les Archives municipales
ont racheté l’ensemble de la bibliothèque d’André Hermet, qui comprend
quelques unica.
Le
Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 26 mars
2013. Concernant les rapports entre l’INRAP et le SRA, Quitterie Cazes pense
que notre Société ne peut les présenter de cette manière. Pour Jean-Luc
Boudartchouk, il faut considérer que les deux institutions ont parfois de
vigoureuses discussions. Une brève discussion s’ensuit et le procès-verbal
est adopté à l’unanimité.
Le Président présente à la Compagnie les nouveaux dons faits à notre Société par Maurice Prin, dans le souci de préserver des documents précieux.
Ce
sont tout d’abord le dessin de l’aile neuve, construite en 1575, de
l’ancien Capitole de Toulouse, telle qu’elle était après 1671 (dessin sur
papier, encore et lavis ; H. 23,1 cm, L. 64,1 cm ; XVIIe ou
XVIIIe siècle), et un projet d’aménagement et de décor pour le
Capitole de Toulouse, par Pascal Virebent (dessin sur papier, encre et lavis).
Les deux dessins ont été achetés au marché aux puces, l’« Inquet »
de Saint-Sernin, dans la seconde moitié du XXe siècle.
Ce
sont encore deux relevés de grande taille, réalisés et mis en couleur par
Maurice Prin, de peintures de l’église des Augustins, alors qu’elles étaient
en meilleur état qu’aujourd’hui. Michèle Pradalier-Schlumberger signale
que Françoise Garelli, auteur d’un mémoire de maîtrise dans les années
1990, a réalisé une couverture photographique très complète de ces peintures
grâce aux services techniques de la Ville de Toulouse. Jean-Marc Stouffs, qui
en a lui-même fait des photographies l’an dernier, indique qu’elles ont été
restaurées et que l’une d’entre elles est dans un état catastrophique.
Il faut aussi signaler que Jacques Surmonne a acquis pour notre bibliothèque l’ouvrage réalisé par les étudiants du Master 2 de Cahors, La crosse et l’autel. Huit siècles d’art sacré à la cathédrale de Cahors.
Le Président rend compte de sa rencontre avec M. Pierre Thomas, qui souhaiterait publier la correspondance de Jean Thomas, quand celui-ci se trouvait en mission scientifique en Afrique équatoriale dans les années 1920, correspondance qui présente, à n’en pas douter, un grand intérêt. C’est un domaine qui relèverait plutôt des compétences de l’Académie des Sciences ou du Museum. Henri Pradalier croit savoir que l’Université de Toulouse-Le Mirail développe des projets de recherche sur l’Afrique et Quitterie Cazes ajoute que l’U.M.R. 5608 TRACES comprend en effet un pôle « Afrique » assez important.
La
correspondance comprend une lettre de Jean-Charles Balty, qui remercie notre
Compagnie de l’avoir élu membre titulaire.
La
Région Languedoc-Roussillon lance une large concertation avec appel à
contribution pour l’élaboration du futur Schéma Régional de Développement
économique.
Nous
avons également reçu une lettre du Président de l’association du Centre
européen de Conques, dont Daniel Cazes donne lecture. Les
propos sont identiques à ceux de la Société des Lettres de l’Aveyron, et
les réponses à faire les mêmes. Maurice Scellès pense que cela ne gênera
pas beaucoup l’organisation des journées d’étude en Aveyron, mais considère
cependant que tout cela est bien dommage.
Le
Président indique par ailleurs qu’il à répondu au président des Amis du
Vieux Caussade pour lui exprimer le soutien de notre Société en faveur de
fouilles archéologiques sur le site du château.
Mais
nous n’avons toujours pas de réponses aux courriers que nous avons adressés
à la D.R.A.C.
La parole est à Quitterie Cazes et Chantal Fraïsse pour une communication consacrée aux Données archéologiques sur l’abbaye de Moissac (Xe-XIe siècles). Nous devons excuser l’absence de notre confrère Patrice Georges, réquisitionné par la gendarmerie, et celle de Mme Heike Hansen, retenue à Aix-en-Provence.
Le
Président remercie les deux oratrices pour cette communication qui fait avancer
les connaissances sur cette très grande abbaye et il dit avoir été très
impressionné par l’importance du travail réalisé. Une première question
lui vient : pourquoi installer une abbaye dans un marécage ? Henri
Pradalier demande à son tour s’il faut imaginer un glissement de terrain
important sous lequel pourraient se trouver des vestiges antérieurs à
l’installation de l’abbaye. Quitterie Cazes et Jean-Luc Boudartchouk précisent
que la vase de marais atteint déjà un niveau très profond.
Henri
Pradalier relève que les différentes fouilles ont eu lieu surtout en périphérie
du site même de l’abbaye, excepté celles faites dans l’abside. Quitterie
Cazes répond qu’il reste à reprendre l’analyse des fouilles de l’église,
mais qu’il ne semble pas a priori qu’il faille en attendre des vestiges très
anciens. Pour Henri Pradalier, il faut toujours être attentif aux traditions
qui peuvent contenir une part de vérité. Puis il s’intéresse à l’arc du
mur est du cloître, qui correspondrait à un axe de circulation passant par le
lavabo. Pour Quitterie Cazes, cette porte correspond à un mur antérieur au cloître :
le bâtiment aurait été détruit par Ansquitil pour établir la galerie, mais
ce n’est là qu’une hypothèse.
Henri
Pradalier demande si la chapelle dont on vient de fouiller les vestiges faisait le lien entre la salle capitulaire et
l’infirmerie. Chantal Fraïsse rappelle que c’est une disposition qui existe
dans les monastères clunisiens, peut-être liée à la liturgie des morts.
Quitterie Cazes fait remarquer qu’à Cluny, l’abbé Odilon a été enterré
dans la chapelle : peut-on imaginer que ce soit aussi le cas d’Ansquitil
à Moissac ?
Le
Président serait quant à lui plus prudent quant à une assimilation trop
rapide entre banquette et chapitre, alors qu’une banquette est aussi un aménagement
lié à l’infirmerie.
Maurice
Scellès note par ailleurs que la banquette est en brique alors que les murs de
la chapelle sont construits en pierre de taille, ce qui pourrait indiquer
qu’ils ne sont pas contemporains. Quitterie Cazes objecte que le premier
niveau de sol vient buter contre la banquette.
Le
Président demandant quelle sera la suite des événements, Jean-Luc
Boudartchouk indique que le site a été protégé dans l’attente d’une décision.
Maurice Scellès voudrait savoir ce qu’il faut penser des rumeurs selon
lesquelles la mairie de Moissac aurait fait le choix de recouvrir les vestiges.
Chantal Fraïsse assure que le maire de Moissac se félicite de cette découverte.
Quitterie Cazes rappelle que les fouilles ont été réalisées en raison d’un
projet de requalification de l’espace, et il est pour elle évident qu’il
faut conserver les vestiges de la chapelle dans un aménagement archéologique
de l’ensemble. Notre Société pourrait peut-être écrire dans ce sens au
Directeur régional des Affaires culturelles.
En
réponse à une question d’Henri Pradalier, Jean-Luc Boudartchouk confirme que
la plaque de marbre retrouvée dans la chapelle a été déposée. Puis le Président
demande si l’on a connaissance d’un « cloître » de
l’infirmerie. Chantal Fraïsse répond que les textes évoquent « des
cloîtres », sans que l’on puisse faire la part entre une aire entourée
de galeries et de simples galeries reliant les bâtiments.
Jean-Marc
Stouffs voudrait encore savoir ce que sont ces nombreux fragments bleu-vert
retrouvés lors des fouilles. Quitterie Cazes n’en sait rien de plus pour le
moment.
Au titre des questions diverses, le Président signale un article paru dans La Dépêche du Midi, qui annonce un grand plan pour la cathédrale de Toulouse, pour les années 2014-2020. Six années paraissent bien peu quand on pense à la durée des chantiers des Monuments historiques et alors qu’il y a tant à faire, aussi bien sur l’édifice lui-même que sur le mobilier.
SÉANCE DU 4 JUIN 2013
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Bagnéris,
Barber, Cassagnes-Brouquet, Cazes, Fournié, Haruna-Czaplicki, Napoléone,
Lamazou-Duplan, Pradalier-Schlumberger, MM. Boudartchouk, Peyrusse, Surmonne,
Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Bessis, Heng, Jiménez, Queixalós,
MM. Buchaniec, Chabbert, González Fernández, Péligry, membres correspondants.
Excusés :
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour, Bibliothécaire-Archiviste
adjoint, Mmes Balty, Nadal, MM. Balty, Garrigou Grandchamp, Garland.
Le
Président ouvre à 17h00 la dernière séance de l’année académique
2012-2013.
Le
Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 21 mai,
qui est adopté, avec une addition demandée par Henri Pradalier : le jour
des morts est une invention clunisienne.
Daniel
Cazes rend compte du courrier reçu par la Société. La
correspondance manuscrite comprend notamment :
-
la réponse faite le 31 mai par M. Philippe Cros à la lettre qui lui avait été
adressée le 22 au sujet d’un blocage de la circulation par le grand escalier
de l’Hôtel d’Assézat ; le Directeur de la Fondation Bemberg explique
les raisons de ce dysfonctionnement et prie la Compagnie de l’en excuser ;
-
un courriel de Mme Jocelyne Deschaux, qui nous signale un ouvrage récemment
paru : Jacqueline et Jean Faure, Les
Sicard, relieurs-doreurs à Toulouse au XVIIIe siècle :
histoire et fleurons, Toulouse, Amis des Archives de la
Haute-Garonne, 2013.
La
correspondance imprimée comporte plusieurs dépliants annonçant des colloques :
-
« Bastides et abbayes », 4e colloque de « la
Bastide de Puybrun » en Quercy, Puybrun, 8 juin 2013 ;
-
« Autour des manuscrits de l’abbaye de Cadouin », Périgueux,
20-21 juin 2013 ;
-
« Héritages arabo-islamiques dans l’Europe méditerranéenne »,
colloque international organisé par l’Inrap, Marseille, 11-14 septembre 2013.
Le
Président présente ensuite deux volumes offerts pour notre bibliothèque par
deux de nos confrères, qu’il remercie :
-
Roland Chabbert : Geoffroy Bès, Claire Fournier, Antoine Ginesty, Audrey
Marchello-Nizia, Bruno Tollon, Samuel Vannier, Jérôme Zanusso, Bonrepos,
château et jardins des Riquet, collection « Patrimoine
Midi-Pyrénées », Région Midi-Pyrénées, 2013, 109 p. ;
-
Véronique Lamazou-Duplan : Véronique Lamazou-Duplan, Eloísa Ramírez
Vaquero (dir.), Les Cartulaires médiévaux.
Ecrire et conserver la mémoire du pouvoir, le pouvoir de la mémoire – Los
Cartularios medievales. Escribir y conservar la memoria del poder, el poder de
la memoria, collection « Cultures, Arts et Sociétés »,
3, Presses de l’Université de Pau et des pays de l’Adour, 2013, 215 p.
La parole est à Michèle Heng pour une communication consacrée à Un conventionnel toulousain inhumé à la chapelle royale de Dreux : Jacques-Marie Rouzet (Toulouse, 1743 - Ivry, 1820).
Daniel
Cazes remercie notre consœur pour sa présentation abondamment documentée et
très vivante, qui a fait revivre une foule de personnages célèbres, ou moins
connus, tel ce conventionnel d’origine toulousaine devenu l’ami de la
duchesse d’Orléans. Il note que la chapelle royale de Dreux est un monument
d’un grand intérêt, à la fois du point de vue de l’histoire et de celui
de l’histoire de l’Art.
Louis
Peyrusse rappelle les règles en usage au XIXe siècle en matière
testamentaire, ainsi que la pratique assez habituelle de l’inhumation des
serviteurs fidèles dans les tombeaux des familles princières. Henri Pradalier
relève que, sous le règne de Louis-Philippe, la dépouille de Charles X, mort
en exil, ne fut pas transférée à Saint-Denis. Sophie Cassagnes-Brouquet fait
remarquer à ce propos que la monarchie nouvelle avait rompu avec certaines
traditions : le roi n’était plus « roi de France », mais
« roi des Français »...
Le Secrétaire général informe la Compagnie que le colloque sur La maison médiévale en Aveyron, initialement programmé pour se tenir à Rodez, aura lieu finalement à Toulouse, dans l’Hôtel d’Assézat, les 11 et 12 juillet prochains. Le Président remercie Maurice Scellès et Pierre Garrigou Granchamp d’avoir « sauvé » ces journées d’étude, dont l’organisation a paru à plusieurs moments fort compromise.
La parution des Mémoires de l’année 2010 est annoncée pour la rentrée académique, et Anne-Laure Napoléone indique le bon avancement du volume 2012.
Christian
Péligry analyse les informations parues dans la presse concernant le projet du
futur bâtiment de l’Institut des Études Politiques de Toulouse, qui devrait
être construit près du Bazacle et être achevé pour le mois de septembre
2015. L’aspect de cet édifice, qui juxtapose deux « caissons »
rectangulaires évoquant des radiateurs, ne s’intègre pas du tout à
l’environnement architectural des quais de la Garonne conçu au XVIIIe
siècle par Joseph-Marie de Saget. Par ailleurs, ce projet pose la question du
devenir de l’œuvre monumentale du maître-verrier Henri Guérin, réalisée
dans les locaux naguère occupée par E.D.F. Quel est le statut de ces vitraux ?
Bénéficient-ils d’une protection ? M. Péligry ayant demandé que la
S.A.M.F. émette un vœu pour la conservation du site dans son état actuel, la
Société se déclare favorable à une prise de position publique contre le
projet présenté.
M.
Cazes redit que la façade de Toulouse sur la Garonne lui paraît de plus en
plus menacée et qu’il y urgence à surveiller l’ensemble des opérations
menées ou prévues tout le long de la traversée de la ville par le fleuve. On
doit par exemple déplorer l'attique récemment réalisé à
l’angle de la place Saint-Pierre et du quai du même nom selon le projet de
l’architecte Letellier, « très laid » lorsqu’il
est vu depuis la rive gauche de la Garonne, en raison de sa couleur claire.
M.
Scellès incrimine le parti pris contemporain systématique de ne jamais achever
les projets anciens interrompus et de produire au contraire des « gestes
architecturaux ».
Guy Ahlsell de Toulza annonce avoir acquis pour la Société, lors d’une vente aux enchères publiques, les sept feuillets concernant les fouilles de Martres-Tolosane en 1827, dont il a été question lors d'une précédente séance. Geneviève Bessis donne des précisions sur la vente des papiers de feu M. Szapiro.
Avant de prononcer la clôture de l’année académique qui se termine, le Président se félicite que le programme pour l’année 2013-2014 soit d’ores et déjà complètement établi, puis invite les membres la Compagnie à partager une collation.
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