COMPTES RENDUS DES
SÉANCES DE L'ANNÉE ACADÉMIQUE
2013-2014
SÉANCE DU 15 OCTOBRE 2013
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Scellès, Secrétaire général,
Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Andrieu, Cassagnes-Brouquet, Cazes,
Fournié, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Merlet-Bagnéris, Napoléone,
Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp, le Père Montagnes, MM. Lassure, Le
Pottier, Peyrusse, Surmonne, Stouffs, Testard, membres titulaires ; Mmes
Bossoutrot, Czerniak, Friquart, Heng, Nadal, Queixalós, MM. Chabbert, González-Fernández,
Mattalia, Péligry, Rebière, membres correspondants.
Excusés :
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Mmes de
Barrau, Bessis, Lamazou-Duplan, Balty, Victor, MM. Balty, Bordes, Garrigou
Grandchamp, Garland, Lapart.
Invitée :
Mme Valérie Gaudard, conservateur du patrimoine à la D.R.A.C. de Midi-Pyrénées.
Le Président se réjouit que nous soyons aussi nombreux pour cette séance de rentrée, ce qui exprime bien la satisfaction que nous avons à nous retrouver, et il déclare ouverte l’année académique 2013-2014. Ses pensées vont cependant aussi vers Bernadette Suau, dont la santé ne s’améliore malheureusement pas.
Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 4 juin dernier, qui est adopté à l’unanimité.
À la demande de Michelle Fournié, le Secrétaire général donne des précisions sur l’état d’avancement du tome LXXI de nos Mémoires : cinq articles sont composés et les épreuves en seront prochainement envoyées aux auteurs et on achève en ce moment la relecture des autres ; le volume devrait être prêt à la fin de l’année pour être imprimé au début 2014, et en tout cas avant la séance publique du mois de mars.
Le
Président rend compte de la correspondance reçue, qui comprend :
-
un envoi de la société HADÈS : Léa Gérardin, Château
de Scopont, Maurens-Scopont, Tarn, Rapport final d’opération,
septembre 2013, 2 volumes : texte, 64 p., illustrations, 187 p. ;
-
l’annonce de la subvention de 3000 € qui nous est accordée par la Ville de
Toulouse ;
-
une lettre de M. Jean-Luc Moudenc, ancien maire de Toulouse, à propos du
financement du « Minotaure » ;
-
l’annonce de la conférence sur Les fortifications villageoises à la fin du
Moyen Âge, que fera Mme Anaïs Comet, doctorante et chargée de
mission d’inventaire au Conseil général du Gers, le 20 octobre prochain à
Flaran ;
-
la carte touristique des retables baroques du Lot, éditée par le service du
patrimoine du Conseil général ;
-
le bon de souscription aux Chroniques calmontaises d’Anne Berdeil ;
-
l’annonce du colloque Signé Fébus : Marques personnelles, écritures et pouvoir autour de Gaston III, comte
de Foix, dit Fébus, qui se tiendra à Pau les 17 et 18 octobre
prochains ;
-
l’annonce du colloque Sedes sapientiae. Vierges noires, organisé par notre consœur
Sophie Cassagnes-Brouquet et qui se tiendra les 19 et 20 octobre prochains à
Rocamadour ;
-
et un grand nombre d’invitations et d’annonces diverses qui nous sont
parvenues pendant l’été.
Le
Président signale par ailleurs que l’Association du Salon du livre de
Mirepoix a décidé de primer site Internet de la Société Archéologique du
Midi de la France. Pour recevoir le prix, le 7 juillet, notre Société était
représentée par Lisa Barber. Maurice Scellès explique que ce n’est ni
l’esthétique du site ni sa technologie qui ont retenu l’attention de
l’association, mais la richesse et la qualité des informations mises en
ligne.
Le
Président y voit une confirmation de l’intérêt des questions diverses de
nos séances, qui permettent d’échanger nombre d’informations mais aussi de
les enregistrer pour le futur. Le Secrétaire général abonde dans ce sens, en
demandant cependant que les interventions fassent si possible l’objet de notes
écrites transmises au secrétaire de séance, de manière à faciliter son
travail et à améliorer la qualité des comptes rendus.
La parole est à Virginie Czerniak pour une communication sur Les peintures d’Ourjout récemment découvertes.
Le
Président remercie Virginie Czerniak de nous avoir présenté une nouvelle fois
cette découverte tout à fait extraordinaire dans notre région, et d’avoir
montré les relations étroites qui existent entre les peintures d’Ourjout et
les peintures catalanes.
Puis
après avoir souhaité la bienvenue à Mme Valérie Gaudard, qui nous a
rejoints, il la remercie pour son travail en faveur de la conservation de ces
peintures.
Quitterie
Cazes demande si l’animal bizarre peut représenter le signe du capricorne, et
Louis Peyrusse si l’ordre des signes zodiacaux est respecté. Virginie
Czerniak indique que l’ordre des signes du zodiaque a beaucoup varié, et
surtout au Moyen Âge. Henri Pradalier rappelle que c’est avec Zénon de Vérone
que l’on a commencé à moraliser le zodiaque païen. Aucun parallèle n’a
cependant jamais été établi avec les douze apôtres. Virginie Czerniak dit
qu’elle n’a rien trouvé non plus dans ce sens. Puis elle dit avoir été
frappée par l’utilisation de l’écriture dans les peintures d’Ourjout, les
lettres disposées sans ordre laissant penser que le peintre ne savait pas écrire.
Quitterie Cazes ne partage pas cette conclusion, et se réfère au cloître de
Moissac où le jeu avec les lettres semblent plutôt produire une surabondance
de sens. Dominique Watin-Grandchamp note que la présence d’un tilde, à Ourjout, indiquerait que le peintre connaissait au contraire la graphie.
Sophie
Cassagnes-Brouquet fait remarquer qu’un C se trouve à côté du signe
zodiacal qui n’a pas été identifié, et qu’il faut sans doute poursuivre
la recherche.
Le
Président s’intéresse à ce que l’on ne voit pas aujourd’hui, sur le
cul-de-four de l’abside. Et comme il s’interroge sur le vocable, Virginie
Czerniak précise que l’église est dédiée à saint Pierre. Mais on ne sait
pas depuis quand, ajoute Henri Pradalier avant de souligner les différences de
styles entre les peintures d’Ourjout et celles du maître de Pedret. Puis il
rappelle que ces peintures que l’on dit « catalanes »
appartiennent à un ensemble qu’il faudrait en fait qualifier de pyrénéen.
La parole est à Henri Pradalier pour la seconde communication du jour : À propos de Pantasaron.
Le
Président remercie Henri Pradalier pour cette communication très vivante sur
un thème si rare et mystérieux.
En
réponse à une question de Jean-Louis Rebière, Henri Pradalier rappelle que
c’est dès les Ve-VIe siècles que l’on réduit le nombre des archanges, en
réaction à la gnose qui les multiplie. Les capitulaires de Charlemagne le
limitent à trois.
Sophie
Cassagnes-Brouquet fait remarquer qu’il n’existe aucune iconographie des
archanges dans le monde juif, à cette époque-là précise-t-elle, Henri
Pradalier ayant évoqué les peintures bien antérieures de Doura Europos.
Interrogé
par Quitterie Cazes, Henri Pradalier rappelle que les canons de la messe sont
lus tous les jours dans le rite antérieur à Vatican II, et que ce sont les
textes qui ont le moins changé depuis le Moyen Âge. Puisque l’on
s’accorde, reprend-elle, pour considérer que les choix iconographiques sont
le fait des commanditaires, comment expliquer que des saints milanais se
trouvent dans les peintures du maître de Pedret ? Henri Pradalier explique
qu’avant la venue du maître de Pedret, la peinture catalane montre une réelle
pauvreté tant dans son iconographie que dans son style. Le Maître de Pedret apporte avec lui une culture nouvelle en
accord avec les clercs qui, depuis l’abbé Oliba, cherchent à introduire en
Catalogne la liturgie romaine et donc ses modèles stylistiques et
iconographiques. Il semble bien que pour la peinture ce soit l’effet du seul
Maître de Pedret.
D’après
Henri Pradalier, il n’est pas exclu que les sources de l’art de ce peintre
soient à chercher auprès des moines chassés d’Anatolie et réfugiés dans
les parties byzantines de la péninsule italienne après la défaite infligée
aux Byzantins par les Turcs à Mantzikert (1071). On remarquera à ce propos les
concordances chronologiques, l’activité du Maître de Pedret en Catalogne étant
placée traditionnellement entre les années 1075-1080 et 1117.
Sophie
Cassagnes-Brouquet ayant demandé si l’on connaissait des représentations de
Pentasaron dans l’art byzantin, Virginie Czerniak dit que les recherches
entreprises dans cette direction ont été vaines.
Au titre des questions diverses, le Président rend compte de deux visites faites récemment sur des chantiers archéologiques en compagnie de Jean-Michel Lassure.
Sur le site de l’Université de Toulouse-Le Mirail, le service archéologique de Toulouse métropole a réalisé une série de sondages pour essayer de préciser le tracé du canal de l’aqueduc. Une discussion improvisée avec Pierre Pisani, Christian Darles et Jean-Marie Pailler, rencontrés sur place, a porté sur l’intérêt de profiter de ces découvertes pour mettre en valeur le monument antique.
Ce
qui s’est passé quai Saint-Pierre est moins glorieux.
Notre
Société s’est préoccupée l’an dernier des projets d’aménagement
touchant le port Saint-Pierre, attirant l’attention sur l’intérêt archéologique
du site et en particulier sur le mur de digue du XVIIIe siècle. M. Joan Busquets
a répondu qu’il partageait notre point de vue sur le port du XVIIIe siècle.
Mais les éléments archéologiques ? Dans n’importe quelle ville du
monde, on considèrerait le site du port Saint-Pierre comme un site majeur. Or
nous avons pu constater hier que le site avait été décaissé sur trois à
quatre mètres, sans autre forme de procès, et vérifier que l’on avait là
des vestiges en grand nombre et un matériel archéologique considérable.
Nous
avons enfin la réponse à toutes les questions que nous avions posées :
il n’y a plus de site archéologique sous le port Saint-Pierre ! Et nous
risquons d’être les seuls à témoigner de cet évènement.
Le Président rappelle que cela fait deux
ans que l’on parle de ce projet : il y a de quoi se demander comment sont
données les autorisations de travaux. Le Président cite un contre-exemple, en
Espagne une fois de plus : le réaménagement d’un marché à Barcelone,
le marché de Born, a
permis la fouille d’un site de 8000 m2 où tout a été conservé
et sur lequel a été aménagé un espace muséographique.
Patrice Cabau signale par ailleurs que le 26 juillet dernier, le creusement d’une tranchée à l’angle des rues des Cuves-Saint-Sernin et Adolphe-Félix-Gatien-Arnoult a fait apparaître des substructions médiévales en blocage de galets liés au mortier de chaux, avec assises de brique (photo). Ces fondements sont ceux d’un mur d’environ 1,70 m d’épaisseur, approximativement orienté nord-sud ; contre la face est de ce mur était venu s’appuyer un mur bâti de briques. La construction en galets paraît avoir appartenu au côté est de la porte septentrionale de l’enclos canonial de Saint-Sernin. |
Le Président remercie Patrice Cabau.
SÉANCE DU 5 NOVEMBRE 2013
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Fournié,
Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, le Père Montagnes,
le général Garrigou Grandchamp, MM. Balty, Lassure, Peyrusse, Surmonne,
Testard, membres titulaires ; Mmes Balty, Bessis, Nadal, Vallée-Roche,
Viers, M. Péligry, membres correspondants.
Excusés :
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour, Bibliothécaire-Archiviste
adjoint, Mmes Cazes, Heng, Queixalós, Victor, M. Garland.
Le Président donne la parole au Secrétaire général pour la lecture du procès-verbal de la séance du 11 octobre 2013, qui est adopté.
Daniel Cazes se réjouit de la sortie de presse du tome LXX (2010) des Mémoires de la S.A.M.F. et adresse ses félicitations à tous ceux qui ont contribué à cette parution : les auteurs, les relecteurs, les coordinateurs (Anne-Laure Napoléone et Maurice Scellès). Le retard pris dans la publication de nos Mémoires est en voie d’être rattrapé : M. Scellès annonce que le volume LXXI (2011) sera prêt pour la séance publique du 23 mars 2014, Mme Napoléone s’occupe activement du volume LXXII (2012) ; il serait utile qu’une équipe de secours commence à préparer le volume LXXIII (2013).
Le Président rend compte de la dernière réunion du Bureau, qui a conclu au besoin d’aide grandissant que nécessite le fonctionnement de notre Société : gestion de la bibliothèque, des archives, du secrétariat... Il faudrait seconder Louis Latour pour l’envoi des convocations, penser notamment à signaler les changements d’adresse postale ou électronique. Le Secrétaire général demande que des bonnes volontés se manifestent pour prendre en charge, une fois sur trois, la rédaction des procès-verbaux de séance.
M.
Cazes présente plusieurs ouvrages offerts à notre bibliothèque par
Jacques
Surmonne :
-
Anne Berdeil, Chroniques calmontaises,
Toulouse, édition de l’auteur, 2013, 276 p. ;
Pierre
Garrigou Grandchamp :
-
Paola Galetti, Uomini e case nel Medioevo tra
Occidente e Oriente, « Biblioteca Laterza Universale »,
555, Rome et Bari, Editori Laterza, 2011, 260 p. ;
-
Clément Alix, Frédéric Épaud (dir.), La
Construction en pan de bois au Moyen Âge et à la Renaissance,
collection « Renaissance », Presses universitaires François-Rabelais,
Presses universitaires de Rennes, 2013, 449 p. ;
Henri
Pradalier :
-
Yves Comte, Michèle François, Phares du
Languedoc-Roussillon. « Éclairer la mer / Signaler la terre »,
collection DUO, « Patrimoine protégé », Montpellier, DRAC
Languedoc-Roussillon, 2013, 80 p. ;
-
Hélène Palouzié et autres, La cathédrale
de Montpellier. Présentation historique, architecturale et littéraire,
collection DUO, « Patrimoine protégé », Montpellier, DRAC
Languedoc-Roussillon, 2013, 80 p.
Henri Pradalier et Michèle Pradalier-Schlumberger donnent également un fonds documentaire fort intéressant, consistant en quarante-six cartons de mémoires ou thèses soutenus à l’université de Toulouse II-Le Mirail. M. Pradalier précise que ces travaux appartiennent, cinq ans après leur soutenance, au domaine public, puis il note que leur qualité est très inégale.
Le Président remercie nos confrères donateurs. Il donne ensuite l’état de la correspondance, qui comprend, outre diverses invitations, le programme du cycle de conférences organisé par la Société française d’archéologie pour 2013-2014. Puis il annonce avoir reçu deux candidatures au titre de membre correspondant de notre Société, émanées de M. Jean Penent, conservateur en cehf honoraire des musées Paul-Dupuy et Georges-Labit, et de Mme Estelle Galbois, maître de conférences en histoire de l’art hellénistique à l’université de Toulouse II-Le Mirail ; agréées par le Bureau, ces candidatures seront soumises au vote lors de la prochaine séance. Enfin, il donne des nouvelles de Nicolas Buchaniec, appelé par ses nouvelles fonctions dans l’Éducation nationale à s’établir à Vichy, et qui néanmoins souhaite demeurer notre confrère.
La parole est à Émilie Nadal pour une communication consacrée à La maîtrise du temps. Calendrier et comput dans le pontifical de Narbonne.
Le
Président remercie notre consœur pour sa présentation d’un sujet peu connu.
Même si beaucoup d’entre nous ont aperçu le pontifical au musée de
Narbonne, on ne se doute pas des richesses que recèle ce manuscrit, que l’on
voit toujours ouvert aux mêmes feuillets. Daniel Cazes dit que la question du
pouvoir sur le temps est passionnante et signale que l’on perçoit dans
l’Europe du XIVe siècle, notamment en Italie, une compétition
pour la réalisation d’horloges de plus en plus perfectionnées et précises.
Michèle
Pradalier-Schlumberger, après avoir déclaré que la soutenance de la thèse
d’Émilie Nadal était très attendue, souligne l’intérêt de sa
communication et la pertinence du rapprochement entre les pontificaux exécutés
en 1350 pour Pierre de La Jugie et un peu avant 1360 pour Pierre de
Saint-Martial. Michèle Pradalier-Schlumberger indique que, dans l’étude du manuscrit de
Narbonne qu’elle avait faite avec Yvette Carbonell, elles avaient délibérément
laissé de côté la question du comput. Elle continue de s’interroger sur
l’interprétation que l’on peut faire du feuillet initial, qui montre deux
personnages agenouillés symétriques, peut-être une double représentation de
Pierre de La Jugie, avant et après son accession au siège métropolitain de
Narbonne : à gauche, moine ; à droite, archevêque.
Émilie
Nadal dit avoir tenté diverses combinaisons explicatives, sans parvenir à
aucune conviction. Michelle Fournié et Michèle Pradalier-Schlumberger
rappellent que, devenu archevêque, Pierre de La Jugie est resté très proche
du monde bénédictin.
Henri
Pradalier fait observer que les couleurs visibles sur le globe tenu par le
Christ, qui figure la mer, la terre et le ciel, correspondent aux émaux des
deux écus aux armes du prélat : il pourrait y avoir là un jeu
chromatique.
Michelle
Fournié relève l’ajout dans le calendrier de fêtes de saints assez récemment
canonisés, tel Louis d’Anjou. Elle demande si le calendrier donne les fêtes
des saints honorés dans l’ancienne province ecclésiastique de Narbonne, démembrée
en 1317, à quoi Émilie Nadal répond que l’on peut se reporter à l’index
qu’elle a établi. Michelle Fournié constate ensuite que le remaniement de
l’hagiographie de saint Paul « Serge », considéré comme le
premier évêque de Narbonne, a été achevé par Guillaume Hulard pendant
l’archiépiscopat de Pierre de La Jugie.
Patrice
Cabau avoue être resté perplexe devant le titre de la communication porté sur
la convocation : « La maîtrise du temps dans le Pontifical de Narbonne,
manuscrit enluminé de 1350 ». D’une part, la notion, très moderne ou
contemporaine, de « maîtrise du temps » lui est apparue comme plutôt
anachronique pour l’époque médiévale, d’autre part, le temps n’a aucune
place dans le pontifical de Guillaume Durand qui a servi de modèle pour les
pontificaux de Pierre de La Jugie et de Pierre de Saint-Martial. Par ailleurs,
lors de la projection, la désorganisation des premiers feuillets du manuscrit
de Narbonne ne lui a pas permis de se rendre compte clairement si les tables de
comput et le calendrier étaient un hors-d’œuvre ou une partie intégrante du
corps du pontifical. Émilie Nadal montre que les éléments relatifs au temps,
précédés dans l’ordre originel du manuscrit par une déclaration liminaire
de l’archevêque exposant l’économie de son ouvrage, appartiennent bien à
une adaptation spécifiquement narbonnaise du pontifical mis au point par
Guillaume Durand. Patrice Cabau en conclut que l’archevêque de Narbonne a fait
preuve dans son adjonction chronologique des mêmes qualités didactiques qui
ont assuré le succès de l’œuvre de l’évêque de Mende.
Émilie
Nadal, Patrice Cabau et Henri Pradalier s’accordent à remarquer
l’innovation introduite dans la division de la journée, non plus en douze
heures, mais en vingt-quatre, ce qui suggère que, à partir du XIVe
siècle, le temps ecclésiastique a tendu à rejoindre le temps civil.
Hiromi
Haruna-Cazplicki se dit « très reconnaissante » envers Émilie
Nadal pour son étude du manuscrit de Narbonne. Elle souligne notamment l’intérêt
de l’analyse des miniatures des mois et du zodiaque, dans lequel, à la représentation
première d’une licorne, est venue se substituer la figuration du capricorne.
Elle relève en outre la technicité des instruments de comput et signale
qu’un Psautier de Toulouse confectionné une vingtaine d’années avant le
pontifical de Pierre de la Jugie contient des éléments de comput.
Henri Pradalier voudrait savoir à quel jour le pontifical de Narbonne marque le début
de l’année. Émilie Nadal indique le 1er janvier, mais elle signale
que la date du début de l’année variait d’une institution à l’autre et
que, à côté de celui de la Circoncision, bien d’autres styles étaient
employés parallèlement.
Le
Président conclut l’échange de vues en constatant que la longueur de la
discussion a assez témoigné de l’intérêt suscité par la communication.
Au
titre des questions diverses, Daniel Cazes donne des informations concernant le
chantier en cours au port Saint-Pierre. Lors de sa dernière séance, la
Compagnie s’est émue de l’absence de fouilles. Pourtant le S.R.A. de
Midi-Pyrénées avait prescrit un diagnostic, puis un protocole de chantier
incluant une fouille, ce qui n’a pas été, dans un premier temps, respecté
par le maître d’ouvrage. La Société se réjouit d’apprendre que,
finalement, une fouille d’urgence a été menée en quelques jours. Une journée
« portes ouvertes » a même pu être organisée le samedi 26 octobre
pour montrer au public les résultats de cette recherche archéologique. Le
journal Voix du Midi en a rendu
compte dans son édition du 31 octobre, en illustrant son propos de sept
photographies qui garderont la mémoire des vestiges découverts, en attendant
ce que publieront à leur tour les archéologues qui ont mené cette opération
« express » : cinq jours. Ce journal nous apprend en effet que
les vestiges ont été réenfouis dès le soir du 26 octobre pour permettre la
continuation des travaux d’aménagement décidés par la Ville de Toulouse et
confiés à l’urbaniste Joan Busquets. Ont été mis au jour, d’une part,
une section du rempart de Tolosa
romaine, et, d’autre part, les installations d’un atelier de tannerie qui a
fonctionné aux XVIIe et XVIIIe siècles, avec plusieurs
cuves circulaires ou rectangulaires destinées au tannage des peaux. Il aurait
été intéressant de signaler ces vestiges dans l’aménagement projeté,
voire de mettre en valeur ce qui reste du rempart du Ier siècle –
celui-ci, à l’encontre de ce qu’on imaginait, semblerait former à son extrémité
vers la Garonne un angle à partir duquel il longerait le fleuve. Une fois de
plus, il est clair que l’archéologie a dû se contenter d’un temps très
court octroyé par l’aménageur, et qui n’avait pas fait partie intégrante
du projet.
Louis
Peyrusse évoque dans le même sens le cas récent des découvertes faite à
l’abbaye Saint-Pierre de Moissac, où les fouilleurs n’ont pu disposer que
de bien peu de temps.
Marie Vallée-Roche intervient à propos des informations à communiquer à l’Association des journalistes du patrimoine qu’elle nous a présentée l’année dernière (séance du 19 février 2013) ; il s’agit d’abord de s’acquitter de la cotisation, et ensuite de désigner une personne servant de relais.
Guy
Ahlsell de Toulza présente les dessins de l’ancien Capitole et d’un projet
de Virebent dont Maurice Prin a dernièrement fait don à la Société (séance
du 21 mai 2013), qui viennent tout juste d’être restaurés.
Puis il rend
compte de la réunion du Bureau de l’Union des six Académies et Sociétés
savantes de l’Hôtel d’Assézat, qui a eu lieu hier 4 novembre et à
laquelle il a participé avec Patrice Cabau. Le Bureau de
l’Union a entériné l’acquisition d’une tapisserie de Marc
Saint-Saëns,
« Le Verseau », destinée à prendre place dans la salle Clémence-Isaure.
SÉANCE DU 19 NOVEMBRE 2013
Présents :
MM. Cazes, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général,
Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Andrieu, Fournié, Haruna-Czaplicki,
Jaoul, Lamazou-Duplan, Napoléone, Watin-Grandchamp, MM. Balty, Bordes, Garland,
MM. Peyrusse, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Balty, Bessis,
Czerniak, Friquart, Heng, Jiménez, Joy, Queixalós, MM. Bru, Chabbert,
Mattalia, Péligry, membres correspondants.
Excusés : Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Pradalier, Directeur,
Mmes de Barrau, Galés, Pradalier-Schlumberger, Victor, MM. Garrigou Grandchamp,
Tollon.
Christian
Péligry devant nous quitter avant la fin de la séance, le Président lui donne
la parole pour le rapport sur la candidature de M. Jean Penent au titre de
membre correspondant de notre Société.
Jean
Balty présente ensuite son rapport sur la candidature présentée par Mme
Estelle Galbois.
On
procède au vote : M. Jean Penent et Mme Estelle
Galbois sont élus membres correspondants de notre Société.
Le
Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 5 novembre,
qui est adopté.
En
marge du procès-verbal, le Président corrige son information sur le tracé du
rempart antique sur l’emplacement du port Saint-Pierre : la photographie
publiée donnait l’impression d’un mur faisant retour, mais Pierre Pisani
lui a précisé qu’il s’agissait du résultat d’un basculement ; la
muraille antique arrivait droit sur la berge, sans que l’on sache comment elle
s’achevait, ni comment elle s’articulait au rempart du Bas-Empire.
Le
Président indique par ailleurs qu’à l’occasion de travaux projetés dans
le lycée Pierre-de-Fermat, la Région Midi-Pyrénées a demandé un diagnostic
archéologique, réalisé par le service Archéologie de Toulouse Métropole (La
Dépêche du Midi, 7 novembre 2013). Les vestiges d’une tour du
rempart antique, déjà vue par Sylvain Stym-Popper, fait l’objet d’une
reprise d’analyse et d’un relevé précis.
Le
Président rend compte de la correspondance reçue : Mme Maria Alessandra
Bilotta nous adresse sa candidature au titre de membre correspondant de notre
Société. Le rapport est confié à Michelle Fournié.
En
demandant à la Compagnie d’excuser son désistement pour la communication de
ce soir, Michelle Fournié explique qu’elle s’emploie, avec Daniel Le Blévec,
à rattraper le retard pris par la publication des Cahiers de Fanjeaux, dont
elle est heureuse d’offrir les volumes 45 et 46.
La parole est à Nicolas Bru pour une communication courte sur de Nouveaux éléments sur le tableau de l’Adoration des bergers de la cathédrale de Cahors, attribué à Jacques Blanchard.
Le
Président remercie Nicolas Bru pour cette passionnante enquête historique,
iconographique et formelle, qu’il lui a fallu mettre en forme dans un temps très
restreint pour nous la présenter ce soir.
En
demandant à revoir la gravure de l’Adoration des Mages, signée de Blanchard,
Maurice Scellès remarque que c’est bien un linge sur lequel est posé
l’enfant, et non un pan du manteau de la Vierge. Concernant l’attribution du
tableau à la cathédrale, il invite à la prudence, sachant que nombre d’œuvres
ont été déplacées à la Révolution, et que les couvents supprimés en étaient
largement pourvus. Dominique Watin-Grandchamp rappelle aussi que certains
tableaux appartenaient en propre aux évêques, qui arrivaient éventuellement
avec leur collection, et étaient parfois donnés à la cathédrale au moment de
leur décès. D’éventuels liens entre l’évêque et la famille seigneuriale
de Grézels pourraient fournir d’autres pistes de recherche.
Pour
Louis Peyrusse, la question de l’actualité des catalogues d’artistes est
particulièrement intéressante. Il avoue ne pas bien comprendre les réticences
du professeur Jacques Thuillier : sans doute tenaient-elles pour beaucoup
au visage de la Vierge. En tout cas, la messe est dite : le tableau de
Cahors est un Blanchard, à moins de supposer une œuvre d’atelier.
Guy
Ahlsell de Toulza renchérit dans ce sens en soulignant la similitude des
visages de la Vierge sur l’œuvre de Cahors et du tableau de l’Assomption
conservé à Cognac, et le même traitement des robes. Il ajoute que si l’on
présentait aujourd’hui le tableau de Cahors et la copie de Grézels à
Jacques Thuillier, il reviendrait sans doute sur son jugement.
Jean
Balty voudrait savoir s’il est possible de déterminer le moment de la découpe
du tableau de la cathédrale : est-ce à la Révolution ? Pour Guy
Ahlsell de Toulza, le cadre indiquerait plutôt le règne de Charles X. Nicolas
Bru indique que la restauration du tableau a permis d’observer la présence de
plusieurs couches de repeint. Comme Nicole Andrieu fait remarquer que le tableau
de Cahors a pu être intégré à un retable, Nicolas Bru reste réservé sur ce
point. Le cintre de la partie haute laisse entendre que c’était le cas pour
celui de Grézels, mais il peut s’agir d’une adaptation. Guy Ahlsell de
Toulza note que la partie supérieure du tableau pourrait en effet ne pas
exister, et que le bord pourrait être droit sans que l’œuvre en soit altérée.
La parole est à Roland Chabbert et Maurice Scellès pour un exposé en forme d’introduction à un débat : L’inventaire général du patrimoine culturel en 2013 : un luxe ou une nécessité ?
Daniel
Cazes remercie les deux intervenants pour leur présentation, à l’évidence
fort utile, de l’évolution de l’Inventaire depuis son lancement par André
Malraux et André Chastel.
Il
ouvre ensuite l’échange de vues avec la question, souvent posées par des
interlocuteurs étrangers, de la division tripartite, spécifiquement française,
entre les Services des Monuments historiques, de l’Archéologie et de
l’Inventaire, qui peut apparaître dans les autres pays d’Europe comme une
curiosité. Malgré tout le travail, admirable, accompli dans le domaine de
l’inventaire, les termes utilisés en France ne lui semblent pas d’une
lisibilité bien claire. Ainsi, les notions de « connaissance du
Patrimoine », de « Patrimoine culturel » ne sont-elles pas
forcément comprises ailleurs, en dehors des circuits des Administrations, et
cela alors même que le concept de « bien culturel » a émergé dans
la conscience des citoyens. Par exemple, la lecture de la Carte archéologique, éditée
département par département, amène à s’interroger sur des découpages
assez arbitraires dans le temps (époques de l’Histoire : quand finit
l’Antiquité, quand commence le Moyen Âge, pourquoi accorde-t-on plus
d'importance à l'une ou à l'autre de ces périodes ?...) et dans l’espace
(au-dessus et au-dessous du niveau du sol).
Maurice
Scellès reconnaît que ces limites manquent de clarté, et il espère que ces
clivages entre les Services finiront par s’effacer avec l’avancement du
travail, grâce aux nécessaires collaborations. Puis il note que la fracture
peut être due à des raisons techniques : par exemple, les bases de données
utilisées par l’Inventaire général, qui permettent de traiter des objets
extrêmement divers, ne sont cependant pas du tout adaptées au traitement de
sites archéologiques. Le problème n’est plus alors tellement la saisie des
données avec les mêmes instruments qu’une restitution au moyen d’un même
outil. Un projet tel que l’Atlas du Patrimoine devrait ainsi permettre de
regrouper les données des Monuments historiques, celles de l’Inventaire et
celles de l’Archéologie.
Par
ailleurs, Maurice Scellès avoue que, si la mission d’inventaire lui paraît
être d’une très grande importance, la notion de Service de l’Inventaire
lui semble être beaucoup moins essentielle. Il s’adresse alors à Mme Jaoul,
qui a eu la charge de transférer ce Service de l’État vers la Région. Martine
Jaoul rappelle que l’intégration à l’organigramme de la Région s’est
accompagné un changement d’appellation, le Service de l’Inventaire devenant
Service de la Connaissance du Patrimoine. Pour répondre à la question de
l’utilité de l’inventaire, elle souligne fortement le fait que, par le déploiement
de ses chercheurs, la mission du Service permet une présence scientifique sur
le terrain. Sans l’Inventaire, et aussi bien sûr l’Archéologie, les
collectivités n’auraient pas l’occasion de rencontrer des spécialistes, ce
qui lui apparaît, en tant qu’ethnologue, comme absolument fondamental pour créer
des liens humains.
Aux
yeux de Maurice Scellès, cette relation est tout à fait cruciale dans le
domaine des partenariats. Si l’action au niveau régional peut fonctionner
pour la connaissance, l’ancrage au niveau local est nécessaire pour le
montage des actions opérationnelles. Par exemple, la gestion de crédits pour
la restauration des objets mobiliers ou des églises n’est guère possible
qu’à l’échelon départemental, où l’on peut parvenir à une bonne
connaissance de l’ensemble des édifices et des objets qui puisse servir de
base à une véritable politique. On peut ensuite parler des niveaux opérationnels
en termes d’urbanisme : la ville de Cahors fait actuellement l’objet
d’une double opération de révision du secteur sauvegardé et d’inventaire
à la parcelle, et c’est assurément la mission de connaissance menée par le
Service dont la Ville de Cahors s’est dotée qui peut avoir un impact réel
sur le traitement du bâti. Pour Maurice Scellès, la présence continue des
Services patrimoniaux au niveau local est essentielle pour la sensibilisation
des habitants et des élus, car elle conduit à la prise de conscience de la
valeur du Patrimoine et à sa prise en compte dans les projets des collectivités ;
elle est essentielle aussi pour la sauvegarde, et donc pour la connaissance :
un bout de mur préservé pourra toujours être l’objet de nouvelles études.
Roland Chabbert constate la diversité des situations dans les diverses Régions, pourtant toutes pourvues d’un Service d’Inventaire, et fait état d’une certaine disparité des moyens et des niveaux de traitement. Cela risque à terme de poser le problème de la cohérence du corpus en cours de constitution. Pour l’instant, la méthode reste la même partout, mais il faut craindre que les Services des différentes Régions ne mettent au point des outils qui leur seront propres, dans certains cas en collaboration avec des universités qui ont leurs propres manières de travailler. L’autre risque est que chaque Région s’enferme dans une vision exclusive de son Patrimoine, alors qu’un Patrimoine régional ne prend véritablement sa valeur que par rapport à ceux des Régions voisines et du reste du territoire national. Ce risque n’est peut-être pas encore assez pris en compte par les Services, ni par les élus.
Louis
Peyrusse se souvient que l’Inventaire avait connu un bien mauvais départ en
Midi-Pyrénées, en raison notamment d’une série d’oppositions, avec
diverses institutions (Monuments historiques, Université, Sociétés
savantes...) et entre personnes... On ne peut que se féliciter d’une évolution
qui, de 1974 à 2013, a été très positive. Il manque encore certains outils
cependant, notamment des vocabulaires : si l’on dispose du Vocabulaire
de l’Architecture de Pérouse de Montclos, on est toujours en
attente du Vocabulaire de l’Ornement
(qui devrait être publié en 2014). Du point de vue de Louis Peyrusse, la régionalisation
peut présenter un danger : que l’inventaire se réduise à un catalogue ;
il conviendra de garder à l’esprit qu’un inventaire est un ensemble qui
doit faire sens.
Maurice
Scellès abonde en ce sens. Il s’agit ainsi de savoir si la préoccupation est
actuellement toujours de faire un Inventaire général du patrimoine culturel,
ou si l’on procède, au moyen de bases de données permettant d’enregistrer
à peu près tous les objets, à une collection hétéroclite juxtaposant des œuvres
très diverses ainsi que des informations ou études de qualité fort inégale.
La question du sens est fondamentale, et l’aventure de l’inventaire du
patrimoine artistique, monumental, industriel, culturel de façon générale,
représente bien un enjeu intellectuel. L’inventaire peut paraître fractionné,
certes, mais la matière première accumulée peut toujours à certain moment
prendre sens par des études spécifiques. Le débat sur la mission de
l’Inventaire (Service de recherche ou de documentation ?) est un faux débat :
la qualité de la documentation dépend étroitement des mouvements de la
recherche et de la personnalité des chercheurs. Le vice fondamental de la
conception des années 1960 a été que l’on imaginait un inventaire sans
chercheurs. Il y avait quelque aberration intellectuelle dans le fait de penser
qu’en élaborant des principes d’étude scientifique, des méthodes supposées
immuables et définitives, on fournirait des outils objectifs d’analyse de la
réalité permettant de se dispenser du jugement des personnes. Aujourd’hui,
à la différence des publications sur le papier, le système documentaire
permet d’actualiser et de compléter en permanence l’information et par là
de faire évoluer le regard.
Guy
Ahlsell de Toulza souhaite connaître l’état et l’organisation actuels du
Service du patrimoine de la Région Midi-Pyrénées, à Toulouse et dans les départements. Roland
Chabbert indique qu’il comprend douze personnes, dont six chercheurs et six
agents administratifs ou techniques, auxquels s’ajoutent les quarante
chercheurs employées par les vingt territoires qui ont conclu un partenariat
avec la Région : deux à Toulouse, quatre en pays du Quercy, un à Rodez,
etc. Les partenariats prennent la forme de programmes annuels conjointement élaborés,
en fonction de centres d’intérêt variables (par exemple à Montauban, ville
d’Art et d’Histoire, où l’on souhaitait organiser des visites guidées
dans un quartier, un programme de recherche sur ce quartier a été mis sur pied
pour que la documentation serve à monter une exposition), ou de projets sur
trois ou quatre années (par exemple le grand projet sur la viticulture dans le
Gaillacois, qui aboutira à une publication dans les Cahiers
du Patrimoine en 2014). Il faut souligner qu’en Midi-Pyrénées, le
Service de la Région et les services partenaires travaillent sur un pied d’égalité,
ce qui explique le succès...
Guy
Ahlsell de Toulza, à partir d’exemples pris dans le Tarn, se demande quelle
est la cohérence globale des diverses réalisations :
-
Lavaur, avec l’inventaire, par une personne seule, des maisons médiévales,
suivi de visites et de conférences ;
-
une publication sur la viticulture à Gaillac, où se déploie un véritable lobbying
pour la promotion du vignoble gaillacois, et cela en vue de l’obtention d’un
label « Pays d’Art et d’Histoire », alors qu’il n’y a aucune
infrastructure, ni aucun intérêt réel des élus pour le patrimoine ;
-
Albi, rien, alors que la ville figure dans la liste du Patrimoine mondial.
Roland
Chabbert explique ces disparités par une différence d’échelles et
d’enjeux en fonction des collectivités : à Lavaur, la personne est intégrée
au personnel de la Ville ; dans le Gaillacois, la mission est confiée au
Conseil général.
Le Président adresse ses félicitations à Yoan Mattalia qui vient de soutenir brillamment, vendredi 8 novembre, sa thèse de doctorat sur Les établissements des ordres religieux militaires aux XIIe-XIIIe siècles dans les diocèses de Cahors, Rodez et Albi. Approche archéologique et historique.
SÉANCE DU 3 DÉCEMBRE 2013
Présents :
MM. Cazes, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général,
Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Haruna-Czaplicki, Napoléone, M. Catalo,
le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Le Pottier, Surmonne, membres titulaires ;
Mmes Bessis, Galbois, Nadal, Vallée-Roche, MM. Chabbert, Péligry, Penent,
membres correspondants.
Excusés : M. Pradalier, Directeur, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste,
M. Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Balty, de Barrau, Cazes, Heng,
Lamazou-Duplan, Pradalier-Schlumberger, Queixalós, Victor, MM. Balty, Bordes,
Chabbert, Garland, Garrigou Grandchamp, Georges, Tollon.
Le
Président souhaite la bienvenue à Estelle Galbois et Jean Penent, récemment
élus membres correspondants de notre Société et qui prennent séance ce soir.
Nous espérons les voir souvent parmi nous et plus encore les entendre.
Le
Secrétaire général n’ayant pu en achever la rédaction, la lecture du procès-verbal
de la dernière séance est reportée.
Le
Président rappelle le rendez-vous du 14 janvier prochain au Musée des
Augustins pour la visite de l’exposition Trésors enluminés – De Toulouse à Sumatra, qui nous sera
présentée par Mme Charlotte Riou.
La parole est à Geneviève Bessis pour une communication sur Deux imprimeurs toulousains concurrents : Jacques Colomiès (1526-1568) et Guyon Boudeville (1541-1562) :
La grammaire latine d'Antonio de Nebrija connut quatre éditions toulousaines : Nicolas Vieillard, 1537, Jacques Colomiès, 1538 et 1541 et enfin Guyon Boudeville, 1545. Grand succès de librairie pendant le XVIe siècle, ce manuel indispensable pour les étudiants fut l'objet d'une concurrence acharnée particulièrement entre les deux plus grands imprimeurs de la Renaissance toulousaine, Jacques Colomiès et Guyon Boudeville.
Le
Président remercie notre consœur de nous avoir fait découvrir l’imprimerie
qui se pratiquait dans le deuxième quart du XVIe
siècle, non seulement à Toulouse, mais également à Lyon. Au terme de cet
exposé vraiment très intéressant, il se pose la question des raisons
auxquelles tient la différence de qualité des gravures, très sensible entre
les impressions réalisées dans l’une et l’autre ville. Geneviève Bessis
élargit le constat des différences de qualité des gravures : celles de
Toulouse sont inférieures à celles de Lyon, qui sont elles-mêmes très en
dessous de celles de Venise – elle aurait pu nous montrer un exemple
d’impression vénitienne pour la grammaire latine d’Antonio de Nebrija dont
elle a étudié les avatars. Puis, répondant à Maurice Scellès, curieux lui
aussi de connaître les raisons de la médiocrité des gravures toulousaines,
elle dit que celles qu’elle a examinées font voir que les bois étaient très
usés par des tirages multipliés, qui allaient d’après les contrats jusqu’à
1 500 exemplaires ; par ailleurs, le travail sur les matrices des
gravures toulousaines paraît avoir été plus grossier qu’ailleurs, où les
traits sont moins épais.
Daniel
Cazes pose la question de l’origine des graveurs. Ils étaient probablement
toulousains ; Geneviève Bessis note à ce propos que les gravures sont dans leur
très grande majorité anonymes, sauf dans le cas d’une, signée « Claude
Lamberti », qui figure dans un ouvrage imprimé chez Guyon Boudeville,
cette quasi exception constituant d’ailleurs une énigme. Jean Penent rappelle
que l’exposition que Robert Mesuret avait organisée sur le thème des
graveurs toulousains des XVIe
et XVIIe
siècles avait montré que leur style était fort médiocre.
Le
Père Montagnes fait observer qu’il a manqué lors de la projection des
gravures une indication permettant d’apprécier leur qualité : leurs
dimensions. Mme Bessis corrige cette omission en indiquant que les volumes étudiés
sont de format grand in-quarto, soit environ 28 cm de hauteur.
Jean
Catalo demande si l’on a idée du prix d’un exemplaire de l’ouvrage présenté,
au XVIe
siècle. « Aucune idée » déclare Geneviève Bessis, qui ajoute que les
seuls indices que l’on ait au sujet des coûts d’impression sont les
conditions des contrats passés avec Colomiès et Boudeville, où il est stipulé
que l’imprimeur est payé à la page, avec un tarif différent pour les pages
en noir et celles en noir et rouge. Par ailleurs, ces contrats montrent que les
libraires ont la main sur l’exclusivité de la vente des livres, placés dans
un dépôt dont ils détiennent la clef ; la réimpression des ouvrages est
prohibée pour une période de trois ans.
Pour
répondre à une remarque de Jean Penent, Geneviève Bessis montre que Jacques Colomiès
et Guyon Boudeville sont constamment en concurrence. Ils sont en effet les deux
meilleurs imprimeurs de Toulouse, et les plus productifs : plus de 145
ouvrages pour Boudeville, plus de 200 pour Colomiès. C’est Colomiès qui
sortira vainqueur de cette rivalité : Guyon Boudeville pendu en 1562 pour
hérésie, il acquiert son matériel mis aux enchères par ordre des capitouls,
qu’il ajoute à ses propres moyens d’impression, lesquels comprenaient ceux
qu’il avait déjà récupérés de Jean Faur et de Jean Grandjean. Du reste,
il faut remarquer que les imprimeurs de Toulouse étaient mis en compétition
avec ceux de Lyon, notamment par les professeurs de droit de l’Université
toulousaine. Le médecin Augier Ferrier faisait lui aussi travailler tour à
tour les imprimeurs des deux villes.
Geneviève
Bessis tient à faire observer qu’il s’est dit beaucoup d’inexactitudes
sur le compte de Guyon Boudeville. Celui-ci n’a ainsi pas exclusivement
travaillé pour des protestants (son adhésion à la Réforme ne s’est faite
que sur le tard), et son horizon intellectuel ne se limitait pas à l’aspect
religieux. Ce nonobstant, Jean Penent rappelle qu'on doit à Colomiès d'avoir
imprimé le protestant lectourois Pey de Garros.
Christian
Péligry exprime le très grand plaisir qu’il a eu de suivre l’exposé de
Geneviève Bessis, qui a « très habilement » présenté les deux
imprimeurs à travers un ouvrage dont ils se sont disputé l’impression. Il
confirme la prépondérance acquise par Colomiès, dont la production représente
finalement plus de 20 % des livres imprimés à Toulouse au XVIe
siècle.
Guy
Ahlsell de Toulza voudrait avoir un aperçu des modes de fonctionnement des
ateliers d’imprimerie, peut-être connus à partir des contrats,
d’inventaires... Geneviève Bessis dit qu’il y aurait sans doute à sujet des
indications à tirer du dépouillement des registres du notaire Bernard Dalet.
Tout ce qu’elle peut dire, c’est que les imprimeurs ont travaillé « en
famille » : Colomiès avait pris comme apprenti l’un de ses neveux,
nommé Gilet ; Boudeville travaillait avec sa femme et sa fille ; le rôle
des épouses des imprimeurs, entreprenantes, cultivées, est à souligner.
Maurice
Scellès s’enquiert du délai requis pour l’impression de la grammaire
latine d’Antonio de Nebrija. Geneviève Bessis indique une durée d’un an, pour
210 feuillets, prévue dans un contrat. Elle ajoute que, comme l’atelier réalisait
une dizaine d’ouvrages par an, on doit supposer qu’il disposait de plusieurs
presses. M. de Toulza fournit une illustration concrète des progrès de
l’imprimerie en signalant qu’aujourd’hui l’impression d’un peu plus de
500 exemplaires des Mémoires
annuels de la S.A.M.F. dure cinq minutes.
Louis
Peyrusse revient sur la « médiocrité calamiteuse » des gravures
sur bois des impressions toulousaines. Pour lui, la question est avant tout
d’ordre économique. Pour des ouvrages de large diffusion, par exemple une
grammaire latine que les étudiants devaient pouvoir se payer, et pour lesquels
il fallait pouvoir pratiquer des prix inférieurs à ceux de la concurrence
lyonnaise, les bois gravés utilisés pour les illustrer devaient être achetés
à bas prix. En revanche, pour des livres plus prestigieux, les images étaient
de meilleure qualité : ainsi l’Histoire
Tolosaine d’Antoine Noguier imprimée par Guyon Boudeville a-t-elle
été spécialement illustrée avec une planche signée par Géraud Agret, gravée
d’après un dessin de Servais Cornouaille.
Patrice
Cabau indique une piste qui pourrait peut-être aider à l’identification du
mystérieux Jérôme Sanguin (Sanguinus),
de Vendôme, qui figure parmi les collaborateurs de l’équipe internationale
chargée d’établir la première édition toulousaine de la grammaire de
Nebrija imprimée par Nicolas Vieillard en 1537 : son nom évoque celui
d’Antoine Sanguin, seigneur de Meudon, qui fut, entre autres, archevêque de
Toulouse de 1550 à 1559.
Christian Péligry fait le constat que l’histoire de l’imprimerie à Toulouse est un champ de recherche encore largement ouvert, et il encourage Geneviève Bessis à poursuivre son exploration. En ce sens, Jean Le Pottier propose les moyens de numérisation dont les Archives départementales disposent pour faciliter l’accès aux sources nécessaires : registres notariaux...
Au
titre des questions diverses, Guy Ahlsell de Toulza annonce qu’il a envoyé la
demande d’adhésion de notre Société à l’Association des journalistes du
patrimoine, et qu’il attend une réponse. Christian Péligry signale que le
courrier qu’il a adressé à cette association est également resté sans réponse
pour l’instant.
Guy
Ahlsell de Toulza dit encore avoir eu la tristesse de recevoir l’annonce de la
dissolution de l’association Momus, qui a tenu une place importante dans la défense
du patrimoine. Ce rôle est désormais surtout assumé au niveau national par La Tribune de l’Art, et nous serons attentifs à ce que
fera l’Association des journalistes du patrimoine.
Plusieurs
conférences sont à signaler :
-
celle de Mme Luce Barlangue sur Marc Saint-Saëns à l’Académie des Sciences
le 17 décembre ;
-
celle sur Jean Thomas au Muséum ;
-
celle que fera Daniel Cazes aux Archives départementales de la Haute-Garonne le
19 décembre : Histoire des musées : l’exemple de Toulouse.
Louis Peyrusse signale l’avis de décès, paru dans le journal Le Monde, de Jehan de Malafosse, membre de notre Société depuis 1956, devenu membre libre.
Au nom de notre Compagnie, le Président félicite Émilie Nadal qui a brillamment soutenu sa thèse de doctorat : notre consœur est chaleureusement applaudie par l’assemblée. Le Président lui donne la parole pour une rapide présentation de la page Facebook qu’elle se propose de consacrer aux activités de notre Société. La question mérite d’être examinée plus longuement au cours d’une prochaine séance.
Le Président fait part des dernières informations sur les travaux du port Saint-Pierre. Il rappelle que la fouille express a été suivie d’une non moins expéditive journée porte ouverte. Et il est certain que l’autre partie du port Saint-Pierre n’a pas fait l’objet d’une fouille archéologique. Micro-pieux, béton… tout va très vite… et on voit pourquoi. Il est clair que l’archéologie n’a jamais été intégrée au projet, et que l’on nous mène en bateau. Les Sociétés savantes et les associations ne se fatiguent-elles pas en vain ? Ou bien ne sont-elles pas assez nombreuses à faire entendre leur voix ? Le quartier Saint-Pierre est l’un des secteurs les plus intéressants de Toulouse à avoir fait l’objet d’aménagements depuis deux ou trois ans : la manière dont il a été traité fait douter de l’utilité des lois sur l’archéologie et les monuments historiques. Tout semble possible aujourd’hui, sans aucune contrainte. Mais, comme le fait observer Guy Ahlsell de Toulza, sauf pour les particuliers. Et pas dans toutes les villes.
SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 2013
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Fournié, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone,
Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp, le Père Montagnes, le général
Garrigou Grandchamp, MM. Balty, Boudartchouk, Lassure,
Peyrusse, Surmonne, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Balty,
Bessis, Queixalós, Nadal, Vallée-Roche, MM. Gardes, Le Pottier, Macé, Molet,
Péligry, Penent, membres correspondants.
Excusés :
MM. Scellès, Secrétaire général, Latour, Bibliothécaire-Archiviste adjoint ;
Mmes Andrieu, Cazes, Galbois, Lamazou-Duplan, Rebière, MM. Bru, Garland, Rebière.
Invitée :
Mme Roberta Bevilacqua (M. Aurélien Pierre est excusé).
Le Président ouvre la séance à 17 h. Il annonce la triste nouvelle du décès de Bernadette Suau, Bibliothécaire-Archiviste de notre Société, qui s’est éteinte après de longues souffrances physiques et morales le 8 décembre dernier. Il prononce l’éloge de notre consœur disparue [Texte à insérer.], puis demande à la Compagnie de rendre hommage à sa mémoire en observant quelques instants de silence.
Daniel
Cazes rappelle qu’une visite de la Société est prévue mardi 14 janvier
2014, à partir de 16 h, au Musée des Augustins, où se trouve présentée une
exposition sur des « Trésors enluminés. – De Toulouse à Sumatra ».
Le
Président rend compte du courrier reçu : diverses invitations, ainsi que
le programme des conférences d’Histoire de l’Art organisées par la
Direction de la Culture et du
Patrimoine de la Ville de Narbonne pour 2013-2014. Il présente ensuite deux
dons faits à la Société :
-
de notre consœur l’Académie de Législation : Les séances de l’Académie de Législation. Économie et droit. Année
académique 2012-2013, DVD, Toulouse, 2013 ;
-
de notre confère Roland Chabbert : Bernard
Bachelot 1930-2011, collection « Patrimoines Midi-Pyrénées -
Archives d’Architectes », Toulouse, Conseil régional Midi-Pyrénées,
2013, 128 p.
La Compagnie entend le rapport de Michelle Fournié sur la candidature de Maria Alessandra Bilotta au titre de membre correspondant. Il est procédé au scrutin. Mme Bilotta est élue membre correspondant de notre Société.
Mme Fournié fait ensuite circuler le dernier volume des « Cahiers de Fanjeaux » (n° 46), récemment paru : La réforme « grégorienne » dans le Midi (milieu XIe-début XIIIe siècle), Toulouse, Privat, 2013, 680 p.
La parole est à Jean-Luc Boudartchouk pour une communication longue consacrée à La Haute Auvergne durant le Bas-Empire et l’époque mérovingienne.
Le
Président remercie notre confrère de nous avoir présenté une région qui
reste fort mal connue, notamment pour la période étudiée. Il demande si
l’on a d’autres informations sur la vie érémitique à cette époque.
Jean-Luc Boudartchouk dit que le dossier comporte des données anciennes dont on
peut être certain, mais que certains éléments ont dû être brouillés ou
oblitérés par la seconde vague d’érémitisme, aux XIe
et XIIe
siècles. L’une des indications sûres concerne l’ermite Caluppa,
dont Grégoire de Tours témoigne qu’il était ravitaillé par un moine au
moyen d’un panier.
Pierre
Garrigou Grandchamp s’interroge sur le sens à donner au jet de pièces :
s’agit-il de la persistance d’une coutume païenne, d’une pratique
relevant de l’exorcisme ? M. Boudartchouk répond que l’interprétation
du fait constaté reste problématique : il y bien eu sur les sites de
sanctuaires abandonnés ou détruits projection de pièces de monnaie ou de
menus objets métalliques, mais on ne saurait en dire plus. Les pratiques de la
religion populaire sont très peu connues ; il n’y a rien à ce sujet
dans les actes des conciles du temps. Dominique Watin-Grandchamp signale
l’existence, jusqu’au XVIe
siècle, de telles pratiques, expliquées par une « peur des vieux dieux ».
Henri Molet se demande quelle peut être au fond la signification des jets de
monnaie que l’on fait de nos jours dans les fontaines de Rome, Paris...
Le
général Garrigou Grandchamp relève que les apports de la toponymie n’ont pas
été exploités. Jean-Luc Boudartchouk dit qu’il a évacué ce type de données,
dont l’étude exige les compétences d’un linguiste professionnel. Par
ailleurs, le stock des toponymes anciens est à évaluer avec méthode,
notamment du fait que l’absence de strates toponymiques peut correspondre à
des périodes de rupture de l’occupation du sol.
Marie
Vallée-Roche s’enquiert de la date de l’occupation de la région à l’époque
wisigothique. M. Boudartchouk répond que l’intégration de l’Auvergne est
un fait avéré à la fin du Ve
siècle, mais que la chronologie reste difficile à préciser puisque la
datation que l’on assigne traditionnellement aux lettres de Sidoine
Apollinaire est en réalité bien mal établie. Pour terminer, il ajoute qu’il
nous a « fait grâce » de l’examen des questions relatives à l’évangélisation
de la Haute-Auvergne.
Au titre des questions diverses, Philippe Gardes présente un exposé sur Le rempart gaulois de Vieille-Toulouse : nouvelles données archéologiques. Daniel Cazes remercie M. Gardes de nous avoir réservé la primeur d’informations qui paraissent bien clore définitivement le débat qui durait depuis plus deux deux siècles quant à l’emplacement de la première Tolosa. Bruno Tollon ayant demandé des précisions sur la photographie aérienne qui a été projetée, Philippe Gardes commente cette vue en montrant le tracé de plusieurs fossés qui appartenaient au dispositif de défense de l’ancienne ville.
Émilie Nadal se propose de nous faire découvrir la nouvelle page Internet dédiée aux activités de la S.A.M.F., mais un problème de connexion fait reporter son intervention à une séance ultérieure.
Le Trésorier fait le point sur le paiement de la cotisation pour 2013 : 27 membres, sur 108 à ce jour, ne l’ont pas encore acquittée. Guy Ahlsell de Toulza se dit préoccupé du déficit de recettes qui en résulte, d’autant plus que les frais de publication de la Société connaissent actuellement une hausse sensible.
L’ordre du jour étant épuisé, le Président lève la séance à 19 h, non sans avoir souhaité à tous les présents une bonne fin d’année.
SÉANCE DU 7 JANVIER 2014
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Mmes Andrieu, Cassagnes-Brouquet, Cazes, Fournié,
Haruna-Czaplicki, Jaoul, Merlet-Bagnéris, Napoléone, Pradalier-Schlumberger,
MM. Balty, Bordes, Lassure, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Surmonne, Tollon,
membres titulaires ; Mmes de Barrau, Balty, Bessis, Escart-Bugat, Friquart,
Galbois, Nadal, Vallée-Roche, MM. Chabbert, Péligry, Penent, membres
correspondants.
Excusés :
M. Cabau, Secrétaire-adjoint, Mmes de Barrau, Galés, Lamazou-Duplan, Victor,
MM. Boudartchouk, Garland, Garrigou Grandchamp, Le Pottier.
Invitée :
Mme Gaëlle Prost, chargée d’inventaire de la Ville de Lectoure.
Au
nom du Bureau, le Président présente
à la Compagnie ses meilleurs vœux pour 2014, souhaitant qu’elle nous offre
de nous réunir plus souvent et plus nombreux encore pour partager travaux et
discussions. Enrichir les questions diverses lui paraît toujours aussi
important : dans un monde où l’information est foisonnante mais tout
aussi cloisonnée, le rôle de notre Société est de favoriser l’échange et
le partage des informations correspondant à nos centres d’intérêt.
Après
avoir rappelé que la cotisation devait être réglée au cours du premier
semestre de l’année, le Président souhaite que l’on prépare dès
maintenant la prochaine année académique et il demande à ceux qui auraient
des projets de communication de bien vouloir en faire part au Bureau.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 19 novembre, qui est adopté.
Le
Président rend compte de la correspondance reçue.
L’Inrap
propose que notre Société s’associe aux Journées nationales de l’archéologie,
les 6-8 juin 2014 : il conviendra d’y réfléchir.
Madame
Christelle Blondeau demande des informations sur une miniature représentant
sainte Catherine, léguée à notre Société en 1929 par l'archiviste de la
Haute-Garonne Félix Pasquier. Le Président indique qu’après une première
enquête, il ne semble pas que cette miniature fasse encore partie de nos
collections conservées à l’Hôtel d’Assézat : il est possible
qu’elle fasse partie des œuvres déposées dans les musées de Toulouse ou à
la bibliothèque municipale.
Par
ailleurs nous avons trois candidats pour le concours, dont deux nous ont fait
parvenir leurs travaux :
-
Marjorie Guillin, « L’anéantissement des arts en province ? ».
L’Académie royale de peinture, sculpture et architecture de Toulouse au XVIIIe
siècle (1751-1793), thèse de doctorat sous la direction de Pascal
Julien et de Fabienne Sartre-Ricci, Université de Toulouse-Le Mirail.
-
Marie-Pierre Bonetti, Contributions de l’étude de la sculpture architecturale à
l’histoire monumentale de l’abbaye de Saint-Gilles-du-Gard (30). Bases de
données, analyse archéologique et nouvelles technologies, master 2
sous la direction du professeur Andreas Hartmann-Virnich, 2012-2013, Université
d’Aix-Marseille.
La parole est à Roland Chabbert et Gaëlle Prost pour une communication sur Les problèmes d’identification et de datation d’un plafond peint récemment découvert à Lectoure.
Le
Président remercie Roland Chabbert et Gaëlle Prost de nous avoir fait connaître
cette découverte qui soulève bien des questions.
Guy
Ahlsell de Toulza précise quelques points de l’iconographie, rappelant que
les gravures publiées dans les années 1550 et qui ont pour thème l’amour,
dramatique ou heureux, ont fait l’objet de nombreuses rééditions.
Concernant
le remploi des poutres, Louis Peyrusse pense que leur longueur tient simplement
au fait qu’elles étaient disponibles. Guy Ahlsell de Toulza donne l’exemple
du 10 rue Croix-Baragnon à Toulouse où l’on a remployé les poutres de l’Hôtel
Saint-Jory. Maurice Scellès fait cependant observer qu’à Lectoure, les
poutres remployées ne sont pas placées perpendiculairement au mur de façade,
ce qui laisserait supposer qu’elles ont été disposées de manière à ce que
la plus grande partie de leur décor soit visible dans la nouvelle construction.
Pour
Louis Peyrusse, seuls les médaillons d’empereurs sont repeints sur le décor
antérieur. Tout le reste lui paraît réalisé par une équipe de peintres spécialisés
chacun dans son domaine. Le fait que les cadres des tableaux mordent légèrement
sur les décors végétaux correspond à une telle organisation du travail.
C’est aussi l’impression de Guy Ahlsell de Toulza, qui note que le
personnage en habit qui apparaît de dos dans l’une des scènes détonne
cependant un peu. Il ajoute, pour le regretter, que l’on dispose de peu d’études
complètes d’ensembles semblables.
Louis
Peyrusse s’interrogeant sur l’identification de la bataille de Jarnac,
Roland Chabbert précise qu’il ne s’agit que d’une hypothèse de travail.
Bruno
Tollon fait remarquer que le matériel qui a fourni les modèles aux peintres
est très ancien. Les masques sont par exemple issus des décors de
Fontainebleau. Il note par ailleurs que les scènes de bataille ne semblent pas
à leur place parmi les scènes de chasse. Bruno Tollon s’intéresse aussi aux
clous observés sur les encadrements de quelques scènes, et qui étaient sans
doute destinés à fixer des toiles peintes. Louis Peyrusse remarque que pour
l’une des scènes, la toile paraît n’avoir été appliquée que dans la
moitié supérieure.
À
propos des Métamorphoses d’Ovide, Jean-Charles Balty signale les décors
d’un château des environs de Lyon, publiés dans un ouvrage paru à
l’occasion du bimillénaire de la ville : Guy Ahlsell de Toulza précise
que cet ensemble de boiseries constituant tout un cabinet est conservé au Musée
de Lyon.
La parole est à Bruno Tollon pour une communication intitulée : Entrées royales à Toulouse et témoignages durables des décors pour accueillir les souverains.
Le
Président remercie notre confrère de nous avoir fait partager sa connaissance
extrêmement précise de ces œuvres, en nous rappelant quel ensemble de
sculptures magnifiques conserve l’Hôtel du Vieux-Raisin, malheureusement en
bien mauvais état. Merci encore de nous avoir montré la cheminée de l’Hôtel
Molinier, qui ne peut être facilement vue.
Quitterie
Cazes s’étonnant des mutilations subies par les sphinges de la cour Henri IV
à la Révolution, Bruno Tollon précise que ce sont les couronnes fermées qui
se trouvaient au-dessus des colonnes qui ont été soigneusement supprimées.
Au titre des questions diverses, Jacques Surmonne évoque l’inquiétude manifestée par la Société des Études du Lot à propos des découvertes archéologiques occasionnées par le chantier d’un hôtel au n° 113 rue André-Breton à Cahors. Il tâchera d’en savoir plus sur les découvertes et sur le devenir du site.
Nicole Andrieu rend compte du sauvetage du trésor de l’église de Saint-Béat, après les inondations de l’été 2013.
Le trésor de Saint-Béat après des crues catastrophiques.
Les 18 et 19 juin dernier, la Garonne grossie par une brutale fonte des neiges associée à des fortes pluies, dévastait la ville de Saint-Béat. D’innombrables maisons, commerces, équipements étaient sinistrés ; l’église romane classée MH était envahie par 80 cm d’eau et de boue, et 60 cm dans l’ancienne sacristie transformée à la fin des années 1990 en trésor pour présenter une soixantaine d’objets d’art.
Le 22 juin la conservation des objets d’art de Haute-Garonne et le Bouclier bleu procédaient au transfert des objets de bois polychrome ou doré vers l’antenne des archives départementales de Saint-Gaudens. Des restaurateurs pouvaient alors intervenir pour des premiers soins d’urgence, des constats d’état et des devis, pendant que les objets séchaient doucement. Début août, le Musée Massey de Tarbes a pris le relais, non seulement pour transférer tous ces objets dans ses réserves sécurisées et climatisées, mais pour réaliser à partir de décembre une exposition des objets majeurs de façon à attirer d’éventuels donateurs. Une enveloppe importante accordée par la Fondation du Patrimoine va permettre de restaurer une dizaine d’objets et grâce à l’exposition de Tarbes, la délégation Hautes-Pyrénées de la Fondation du Patrimoine va elle-aussi contribuer à cette opération. Trois panneaux de retable ont par ailleurs participé au Concours organisé chaque année par l’atelier Arc-Nucléart, de Grenoble, spécialisé dans le traitement des bois gorgés d’eau, et vont être traités et restaurés gratuitement.Nicole Andrieu
Conservateur des objets d’art
de Haute-Garonne
Le Président remercie Nicole Andrieu et félicite tous ceux qui ont participé à ce sauvetage.
VISITE du 14 janvier 2014
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Mmes Cazes, Heng, Fournié, Napoléone,
Pousthomis-Dalle, Pradalier-Schlumberger, M. Boudartchouk, le Père Montagnes,
MM. Peyrusse, Surmonne, membres titulaires ; Mmes Bessis, Galbois, Jiménez,
Queixalós, M. Péligry, membres correspondants.
Excusés : M. Cabau, Secrétaire-adjoint, Mmes Haruna-Czaplicki, Jaoul,
Nadal, Victor, M. Le Pottier.
La Compagnie se retrouve au Musée des Augustins, pour la visite de l’exposition Trésors enluminés, de Toulouse à Sumatra.
Le
Président remercie Mme Charlotte Riou, conservatrice au musée des Augustins,
d’avoir accepté de nous accueillir et surtout de nous présenter cette
exposition ce soir.
Mme
Charlotte Riou rappelle le projet à l’origine de cette exposition un peu
particulière, qui résulte d’un travail collectif. Le point de départ a été
le souhait de réaliser l’inventaire des feuillets de manuscrits conservés
dans les musées, avec trois régions pilotes : Nord-Pas-de-Calais, Centre
et Midi-Pyrénées, et en collaboration avec les Universités. Il s’est vite
avéré que les feuillets de manuscrits étaient très peu nombreux dans les
collections des musées de Midi-Pyrénées et il a paru intéressant d’étendre
l’inventaire en premier lieu à la Région Languedoc-Roussillon, puis aux
fonds conservés par les sociétés savantes et aux pièces qui pouvaient encore
être conservées dans les églises.
A l’issue de la visite, au cours de laquelle Mme Charlotte Riou présente chacune des œuvres et répond aux nombreuses questions qui lui sont posées, le Président la félicite pour cette exposition très réussie et il la remercie, au nom de notre Société, en lui remettant les deux derniers volumes de nos Mémoires.
SÉANCE DU 21 JANVIER 2014
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Andrieu,
Cassagnes-Brouquet, Fournié, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone,
Pradalier-Schlumberger, MM. Garrigou Grandchamp, Balty, Bordes, Boudartchouk, Le
Pottier, Peyrusse, Tollon, membres titulaires ; Mmes Balty, Bessis,
Bossoutrot, Heng, Jiménez, Queixalós, Nadal, Vallée-Roche, MM. Molet, Péligry,
Penent, Rebière, Veyssière, membres correspondants.
Excusés : MM. Latour, Bibliothécaire-adjoint ;
Mmes Andrieu, Cazes, Friquart, Galbois, Lamazou-Duplan, Victor, MM. Garland, Surmonne.
Le Secrétaire-adjoint donne lecture des procès-verbaux des 3 et 17 décembre 2013, qui sont adoptés.
Le
Président rend compte de la correspondance, qui comprend principalement deux
nouveaux travaux présentés au concours :
-
Marie-Germaine Beaux, Les entreprises en céramique des Fouque et Arnou en Midi toulousain au
XIXe siècle. Innovation, rayonnement, sous la direction
de Jean-Michel Minovez, Université de Toulouse-Le Mirail, 2012, 2 vol.
-
Stéphane Piques, La céramique dans le territoire industriel de Martres-Tolosane,
sous la direction de Jean-Michel Minovez, Université de Toulouse-Le Mirail,
2012, 2 vol.
À propos de l’exposition Trésors enluminés, de Toulouse à Sumatra, le Président signale l’article du Journal des arts (n° 405, 17-30 janvier 2014, p. 12) qui rend compte des expositions d’Angers, de Lille et de Toulouse.
L’ordre du jour appelle l’élection de deux membres titulaires. Sur proposition du Bureau, Marie Vallée-Roche et Christian Péligry sont élus membres titulaires.
La Compagnie se constitue en assemblée générale.
Le
Président présente le rapport moral pour l’année 2013.
Le
Trésorier présente le rapport financier. Le Directeur donne ensuite lecture du
rapport sur la bibliothèque établi par Jacques Surmonne, qui ne pouvait être
parmi nous ce soir.
Maurice
Scellès demande des précisions sur l’évolution des dépenses, puis il
rappelle que l’hébergement de notre site Internet s’ajoutera aux coûts
fixes pour les prochaines années.
Les rapports sont adoptés à l’unanimité des membres présents et quitus est donné au Trésorier pour sa bonne gestion.
Les
élections statutaires concernent cette année les postes de Président, de Secrétaire
général et de Bibliothécaire-Archiviste. Le Président explique que le poste
de bibliothécaire-archiviste a suscité bien des interrogations et des
discussions. La fonction d’archiviste puis de Bibliothécaire-archiviste a évolué
depuis la fondation de notre Société, et les tâches se sont beaucoup
diversifiées depuis une vingtaine d’années. La fonction ne peut plus être occupée
par une seule personne : Jacques Surmonne, Michèle Pradalier-Schlumberger
et Georges Cugullière apportent déjà leur concours. Geneviève Bessis s’est
engagée à consacrer une après-midi par semaine à la bibliothèque
et Henri Molet s’est proposé pour prendre en charge les archives, et en
particulier classer les archives du XXe siècle. Enfin, Christian Péligry a
accepté de se présenter au poste de Bibliothécaire-Archiviste.
On
procède au vote : Daniel Cazes, Maurice Scellès, Christian Péligry sont
respectivement réélus et élu Président, Secrétaire général et Bibliothécaire-Archiviste.
Le Président remercie l’assemblée de sa confiance qui nous engage tous à faire de notre mieux pour continuer dans cette bonne voie.
La parole est à Jean-Louis Rebière pour une communication intitulée La cathédrale Saint-Étienne de Toulouse : le transept de Jean d’Orléans.
Le
Président remercie Jean-Louis Rebière et il le félicite d’avoir réussi à
nous guider à travers ce sujet complexe, sur lequel on se casse souvent le nez.
L’inachèvement du transept de Jean d’Orléans nous rappelle que Toulouse
n’a jamais été capable de mener à son terme le très grand projet de
Bertrand de L’Isle. Une consolation toutefois : c’est que qui a permis
que soit conservée la nef « raymondine ».
Nicole
Andrieu signale que la porte qui nous a été montrée est celle du lieu de réunion
de la confrérie du Montement. Et comme Henri Pradalier évoque l’étude de
Françoise Bagnéris, publiée dans les Mélanges
offerts à Marcel Durliat, Nicole Andrieu précise qu’il s’agit
d’une étude essentiellement historique.
SÉANCE DU 4 FÉVRIER 2014
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Andrieu,
Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone, Watin-Grandchamp, MM. Boudartchouk,
Lassure, le Père Montagnes, MM. Surmonne, Testard, membres titulaires ;
Mmes Bessis, Queixalós, Vallée-Roche, MM. Darles, Penent, Stouffs, membres
correspondants.
Excusés :
MM. Péligry, Bibliothécaire-Archiviste, Latour, Bibliothécaire-Archiviste
adjoint ; Mmes Balty, Bossoutrot, Cazes, Fournié, Lamazou-Duplan, Nadal,
Pradalier-Schlumberger, Victor, MM. Balty, Bordes, Chabbert, Garland, Garrigou
Grandchamp, Georges, Rebière.
Le
Président ouvre la séance à 17 heures. Daniel Cazes commence par faire état
de la publication, dans le Bulletin
des Amis des Archives départementales de la Haute-Garonne, d’une notice à la
mémoire de Bernadette Suau, disparue le 8 décembre 2013, qui dirigea cette
institution avant de devenir la Bibliothécaire-Archiviste de notre Société.
Puis
il donne la parole au Secrétaire général pour le procès-verbal de la séance
du 7 janvier 2014 et le compte rendu de la visite du 14 janvier, qui sont adoptés.
Le
Président indique ensuite la teneur du courrier reçu par la Société :
-
une lettre de candidature au titre de membre correspondant émanée de M.
Jean-Louis Auger, conservateur en chef des musées de Castres, à examiner en
Bureau ;
-
un courrier des Archives départementales de la Haute-Garonne relatif au Conseil
d’administration de la Fédération historique de Midi-Pyrénées réuni le 25
janvier et qui annonce l’organisation de journées d’étude sur la Première
Guerre mondiale (à tenir en mai 2014 dans le Tarn-et-Garonne) ainsi que d’un
congrès sur les Pyrénées (à tenir en juin 2015) ;
-
des invitations à plusieurs manifestations culturelles organisées par la
municipalité de Narbonne.
M.
Cazes donne pour terminer diverses informations repérées sur Internet et dans
la presse :
-
les avatars du projet de bâtiment pour l’Institut d’études politiques
continuent de susciter des contestations ;
-
un projet d’aménagement proposé pour la place Saint-Sernin provoque des pétitions ;
-
un diplômé de l’Université de Toulouse 2-Le Mirail, M. Matthieu Soler, est
à l’origine d’une série de manifestations destinées à célébrer le
bimillénaire de la ville de Toulouse, commémoration pour laquelle Jean-Marie
Pailler doit prononcer une conférence inaugurale.
Christian
Darles intervient pour dire que cette entreprise, dont lui-même et J.-M.
Pailler ont eu l’initiative, aboutira avec la publication d’un ouvrage édité
par Midi-Pyrénées Patrimoine.
Dans la perspective de la séance publique du 23 mars 2014, la Société aborde l’examen des travaux présentés pour le concours de l’année académique 2013-2014. C’est le prix Ourgaud qu’il s’agit de décerner cette année. Quatre travaux ont été reçus et trois rapporteurs nommés. Aujourd’hui, Jean-Michel Lassure rend compte des thèses de Mme Beaux-Laffon et de M. Stéphane Piques ; lors de la séance prochaine, Louis Peyrusse présentera celui de Mme Majorie Guillin et Jean Le Pottier celui de Mme Chloé Bonnet.
La
Compagnie entend les deux rapports de M. Lassure sur les ouvrages soumis au
concours par :
-
Marie-Germaine Beaux-Laffon, Les entreprises
en céramique des Fouque et Arnoux en Midi toulousain au XIXe siècle,
innovation, rayonnement, thèse pour le doctorat d’Histoire préparée à
l’Université de Toulouse 2-Le Mirail et soutenue en septembre 2012, 2 volumes
(texte : 514 p. ; annexes : 130 p.) ;
-
Stéphane Piques, La céramique dans le
territoire industriel de Martres-Tolosane depuis le XVIe siècle,
thèse pour le doctorat d’Histoire préparée à l’Université de Toulouse
2-Le Mirail et soutenue le 28 septembre 2012, 2 volumes (texte : 402 p. ;
annexes : 159 p.).
La discussion qui suit fait apparaître les mérites respectifs des deux travaux et de leurs auteurs. Daniel Cazes peut témoigner de l’enquête de terrain considérable menée pendant des années par Stéphane Piques, travail dont M. Jean Courtade, ancien maire de Martres-Tolosane, avait compris tout l’intérêt. Guy Ahlsell de Toulza évoque la lente agonie d’une activité qui, il y a quelque vingt ans, se maintenait encore ici, alors que la production de faïence avait disparu partout ailleurs (les faïenceries de Martres sous-traitaient alors pour celles de Moustiers).
Le Président remercie M. Lassure et renvoie au 18 février pour la suite des rapports.
La
parole est de nouveau à Jean-Michel Lassure pour une communication consacrée
à des Découvertes récentes
dans le Gers et la Haute-Garonne.
Notre
confrère présente les résultats de ses investigations sur plusieurs sites,
successivement : Recherches sur la
Garonne, à Lestelle-de-Saint-Martory, Carbonne et Toulouse (Haute-Garonne) ;
La restauration des peintures murales de la
chapelle de la Vierge à Mont-d’Astarac (Gers) ; Découvertes
de vestiges de fours de potiers à Cox (Haute-Garonne).
M.
Cazes félicite M. Lassure pour ses exposés, qui nous montrent une fois de plus
sa grande curiosité. Les sites, connus ou moins connus, la diversité des
sujets provoquent l’interrogation ou l’étonnement. C’est le cas notamment
pour l’aqueduc et le pont de Toulouse romaine, pour le complexe de La Tourasse
à Carbonne, pour l’origine catalane des premiers potiers de Cox.
nbsp;
La
lecture des peintures de Mont-d’Astarac – dont Dominique Watin-Grandchamp
signale qu’elles ont été l’objet d’une couverture photographique réalisée
pour la DRAC par Jean-François Peiré – pose de multiples questions. Henri
Pradalier déchiffre les éléments de l’iconographie : le personnage
portant une sorte de mitre ou de tiare est le vieillard Simon, figuré lors de
la Présentation de Jésus au Temple ; les deux oiseaux dans un panier représentent
l’offrande de deux colombes faite par les plus pauvres, laquelle est un rappel
du Sacrifice d’Abraham ; la scène dans laquelle apparaît un personnage
tenant une épée se rapporte au Massacre des Innocents ; quant à la
peinture, du reste très effacée, qui donnerait à voir un Couronnement de la
Vierge par deux anges « entre Jésus et Dieu le Père (?!) », elle
laisse plutôt perplexe.
Guy
Ahlsell de Toulza se déclare très impressionné par l’importance des
ouvrages réalisés dans le lit de la Garonne, pour lesquels il a fallu enfoncer
dans la marne, certainement à l’aide de « moutons », des quantités
de pieux ferrés à leur extrémité, remuer des masses énormes de gros
galets...
Jean-Luc
Boudartchouk communique une information brève concernant la Mise
au jour d’une partie de l’abbaye Saint-Géraud d’Aurillac (Cantal)
2013-2014.
M.
Cazes remercie l’intervenant et lui demande s’il existe des plans anciens
montrant les dispositions du monastère. M. Boudartchouk répond par la négative,
en expliquant que la démolition des bâtiments eut lieu avant la Révolution,
puis il signale que « tout est en place sous le niveau d’arasement du
XVIIe siècle » ; il note enfin qu’« on se
dirigerait vers une préservation »
SÉANCE DU 18 FÉVRIER 2014
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry,
Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ;
Mmes Andrieu, Cazes, Fournié, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone,
Pradalier-Schlumberger, MM. Bordes, Garrigou Grandchamp, Le Pottier, le Père
Montagnes, MM. Peyrusse, Surmonne, Stouffs, Testard, Tollon, membres titulaires ;
Mmes Bessis, Heng, Vallée-Roche, M. Penent, membres correspondants.
Excusés : MM. Latour, Bibliothécaire-adjoint ;
Mmes Balty, Heng, Lamazou-Duplan, Queixalós, MM. Balty, Chabbert, Garland,
Georges.
Invitées : Mmes Marianne Miguet, bibliothécaire
à la Bibliothèque municipale de Toulouse, Magali Vène, conservateur
responsable du fonds patrimonial de la Bibliothèque municipale de Toulouse,
Marielle Mouranche, conservateur des fonds anciens. SICD, Bibliothèque
universitaire de l’Arsenal de Toulouse, Jeanne Péligry.
Le
Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 21
janvier 2014, qui est adopté.
Le
Président signale à l’attention de la Compagnie l’annonce de la reprise
des travaux de la Société de Médecine, Chirurgie et Pharmacie de Toulouse,
lors d’une première conférence qui se tiendra à l’Hôtel d’Assézat le
20 février.
Louis
Latour nous annonce qu’il a récupéré tout un carton de documentation
photographique de l’abbé Georges Baccrabère, qui rejoindra les archives de
notre Société.
Le
projet de journée foraine, prévue pour le 24 mai, se précise : à
Venerque, nous visiterions l’église sous la conduite de Diane Joy et Maurice
Scellès, et Louis Latour nous présenterait le fonds documentaire qu’il a
donné à la Ville ; à Mazères, la présentation du musée d’Ardouin
serait faite par Jean-Luc Boudartchouk. Les contacts sont pris mais il nous faut
attendre les réponses. Maurice Scellès propose que nous décernions une médaille
d’argent à la Ville de Venerque, pour avoir accueilli le fonds documentaire
de Louis Latour. La proposition est adoptée à l’unanimité.
L’ordre du jour appelle la suite de la présentation des rapports sur le concours.
Jean Le Pottier donne lecture de son rapport sur le travail présenté par Mme Chloé Bonnet, Jean de Bernuy, les moulins du Bazacle et l’espace urbain : stratégies et réseaux à Toulouse, 1500-1555, mémoire de master 2, Université de Toulouse II-Le Mirail, juin 2013.
Louis Peyrusse présente son rapport sur le mémoire présenté par Marjorie Guillin, « L’anéantissement des arts en province ? ». L’Académie royale de peinture, sculpture et architecture de Toulouse au XVIIIe siècle (1751-1793), thèse de doctorat sous la direction de Pascal Julien et de Fabienne Sartre-Ricci, Université de Toulouse-Le Mirail.
Jean Penent signale que se trouvent dans les réserves du Musée Paul-Dupuy trois à cinq mètres-cubes de documents, études et dessins provenant de l’École des Beaux-Arts, dont une petite partie seulement a été nettoyée et restaurée. Que deviendra ce fonds ? Il faut espérer que personne ne pensera à s’en débarrasser, mais il est sans doute du rôle de la Société Archéologique du Midi de la France d’y être attentif.
Le Président résume les conclusions des rapports sur les quatre travaux présentés au concours, dont trois seraient éligibles à un prix. À l’issue de la discussion, le Président propose d’attribuer le prix Ourgaud, doté de 1000 € à Mme Marjorie Guillin, et deux prix spéciaux de la Société Archéologique du Midi de la France, dotés chacun de 500 €, à Mme Marie-Germaine Baux et M. Stéphane Piques. La proposition est adoptée.
La parole est à Christian Péligry pour la première communication du jour : Saint François de Paule ou Thomas Illyricus ? Nouveau regard sur une gravure toulousaine du XVIe siècle.
Le
Président remercie Christian Péligry pour cette communication au cours de
laquelle il a évoqué avec beaucoup de finesse les deux figures de saint François
de Paule et de Thomas Illyricus, parvenant à des conclusions tout à fait
convaincantes. Quant au bas-relief du Musée des Augustins, il est déposé en réserve,
étant en effet aujourd’hui difficilement présentable : il avait été
encastré dans le mur du cloître, ce qui a provoqué sa dégradation par la
maladie de la pierre.
Guy
Ahlsell de Toulza s’intéresse à la partie supérieure de la gravure, qui est
rognée : les deux figures principales sont celles de saint Michel et de
saint François.
Henri
Pradalier reconnaît aussi dans le costume du prédicateur celui d’un
cordelier. Il se demande comment des prédicateurs pouvaient se faire entendre
de milliers de personnes, en extérieur, sans les microphones dont nous
disposons aujourd’hui. Michelle Fournié rappelle que les récits de ces prêches
usent de stéréotypes comme « la foule innombrable », « des
heures durant ». Pour les prêches de saint Vincent Ferrier, il est admis
que des assistants servaient de relais dans la foule, et d’interprètes si nécessaire.
Les enquêtes révèlent d’ailleurs que si on se rappelle que le prêche était
très bien, on se souvient peu de son contenu. Olivier Testard fait remarquer
que la technique des relais est utilisée jusqu’au début du XXe siècle, et
qu’à une époque où la rhétorique a une place très importante, la compréhension
du prêche est facilitée par les formules et la gestuelle qui l’accompagne.
Christian Péligry ajoute qu’il y a parfois des personnes qui prennent des
notes pendant le prêche en vue de l’édition.
François
Bordes indique que les informations dont on dispose sur le prêche de Thomas
Illyricus à Toulouse montrent qu’il y avait un gradin pour les officiels, et
que les hommes et les femmes étaient séparés. Curieusement, les comptes de la
dépense occasionnée sont de l’année 1521, alors que le prêche a eu lieu en
1519.
Bruno
Tollon voudrait avoir des précisions sur les armoiries et les initiales qui les
accompagnent, et si les chapelets multiples sont fréquents dans
l’iconographie. Sur le premier point, Christian Péligry se déclare très intéressé
par une éventuelle identification, qu’il n’a pas pour sa part ; quant
aux chapelets, ils se multiplient en effet avec la dévotion au rosaire développée
par les dominicains.
La parole est à Geneviève Bessis pour une communication courte intitulée Recherches sur Jacques Mégret (1905-1967) :
Jacques Mégret, bibliographe parisien se réfugia à Toulouse de 1942 à 1944. Il inventoria et décrivit les impressions des XVe et XVIe siècles conservées à la bibliothèque de Toulouse et dans la région. Il fut élu membre correspondant de la Société Archéologique du Midi de la France le 29 mai 1945 notamment en raison de deux études importantes sur la Renaissance toulousaine, Guiraut Agret, graveur toulousain (Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, tome V, 1944) et surtout Guyon Boudeville, imprimeur toulousain (Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, tome VI, 1945).
Le
Président remercie Geneviève Bessis d’avoir évoqué pour nous la figure
d’un ancien membre correspondant de notre Société, dans l’atmosphère du
milieu du XXe siècle.
Christian
Péligry remercie à son tour Geneviève Bessis pour cet hommage ainsi rendu à
Jacques Mégret, qui, sans cela, ne serait qu’un nom dans la bibliographie. Il
y a été d’autant plus sensible qu’il a eu à consulter les fiches
manuscrites de Jacques Mégret, d’abord à la Bibliothèque municipale de
Toulouse, puis à la Bibliothèque Mazarine.
Au
titre des questions diverses, Louis Peyrusse donne des informations sur le site
archéologique du 113 rue André-Breton à Cahors qui fait l’objet d’un
article dans le dernier Bulletin de la Société des Études du Lot. Ce sont
quelque 4000 m2, situés non loin du pont Valentré, qui ont fait l’objet de
sondages d’évaluation à l’occasion du projet de construction d’un hôtel.
Les archéologues de l’Inrap ont mis au jour des thermes ou un nymphée, révélant
ainsi un site majeur de la ville antique de Cahors qui aurait justifié une
fouille complète, demandée par la Société des Études du Lot. Le débat est
devenu conflictuel et la négociation qui a en résulté a abouti à une
construction sur micro-pieux avec réseaux suspendus, devant épargner une
partie des vestiges reconnus et permettre, en principe, des fouilles dans les
années à venir, une fois le bâtiment construit. Pour Quitterie Cazes, c’est
malheureusement une technique qui est préconisée par le Service régional de
l’archéologie.
Louis
Peyrusse s’étonne aussi de la violence des attaques de la part des politiques
dont a fait l’objet la Société des Études du Lot.
Il
est décidé d’adresser une lettre de soutien au président de la Société
des Études du Lot, Patrice Foissac, avec copie au maire de Cahors.
Le
Président signale l’article très intéressant de Laurent Olivier, qui
analyse la pratique de l’archéologie officielle et la manière dont elle
contribue en fait à lever la contrainte archéologique. On voit bien comment
les collectivités territoriales sont embarquées dans cette affaire malgré
elles.
Pierre
Garrigou Grandchamp observe que l’archéologie concentre ses moyens et que
c’est le plus souvent en ville qu’est faite la part du feu. Puis il
s’inquiète du sort du palais de Via à Cahors, mais personne n’est en
mesure d’apporter de nouvelles informations.
Le Président évoque ensuite la pétition concernant la place Saint-Sernin, qui s’inscrit dans les dérives des débats de la campagne électorale, avec un nouveau projet de parking souterrain. La création de tels parkings à proximité des monuments majeurs de notre vieille Europe a pourtant été dénoncée dès 1930 en Italie. On est en droit de se demander s’il n’y a pas à l’origine de la pétition un groupe de personnes souhaitant acheter de places de stationnement.
Une autre nouvelle incroyable est la fermeture pour plus de trois mois de la salle des sculptures romanes du Musée des Augustins, pour laisser libre champ aux interventions de Jorge Pardo, dans le cadre du festival international d’art à Toulouse. Quitterie Cazes pense qu’il serait nécessaire que nous prenions le temps d’un débat approfondi, pour rappeler peut-être quelques principes fondamentaux. On convient que le débat devra avoir lieu après les élections municipales.
François Bordes apporte une note d’optimisme en annonçant que l’on est en train de sauver le dernier kiosque de l’architecte Jean Montariol (1892-1966).
SÉANCE DU 25 MARS 2014
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Péligry, Bibliothécaire-Archiviste ;
Mmes Cazes, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone, Pradalier-Schlumberger,
Watin-Grandchamp, MM. Balty, Garland, Le Pottier, le Père Montagnes, MM.
Peyrusse, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Balty, Bessis, Galés,
Galbois, Gilles, Nadal, Pousthomis-Dalle, MM. Gonzalez Fernandez, Mattalia,
membres correspondants.
Excusés
: M. Latour, Bibliothécaire-Archiviste adjoint, Mmes Andrieu, Heng, Queixalós,
MM. Garrigou Grandchamp, Prin.
Le Président ouvre la séance en remerciant les membres de la Compagnie d’avoir été aussi nombreux à assister à la séance publique annuelle de la S.A.M.F., qui s’est tenue à l’Hôtel d’Assézat le dimanche 23 mars. Il adresse ses plus vifs remerciements à Henri Pradalier, dont la conférence passionnante sur la peinture romane pyrénéenne a replacé dans une perspective très large la découverte récente du décor de l’église d’Ourjout. La séance publique a été un réel succès, l’affluence étant telle que bien des personnes ont dû rester debout au fond de la salle Clémence-Isaure. Daniel Cazes se réjouit que les trois candidats primés au concours aient exprimé le souhait de devenir membres de notre Société. Le Président fait état des lettres d’excuse que lui ont adressé diverses personnalités qui n’ont pu assister à la manifestation.
Le
Secrétaire-adjoint procède à la lecture du procès-verbal de la séance du 4
février, puis le Secrétaire général à la lecture de celui du 18 février ; les deux comptes rendus sont adoptés.
Le
Président rend compte du courrier reçu.
La
correspondance manuscrite comporte :
-
une lettre de M. Patrice Foissac, Président de la Société des Études du Lot,
qui remercie notre Société de la solidarité qu’elle vient de lui manifester ;
-
une lettre de M. Michel Duviel, maire de Venerque, dont notre Société vient de
distinguer l’action par une médaille d’argent ;
-
une demande de prêt émanée des Toulousains de Toulouse et du Musée du Vieux
Toulouse relative à un plan ancien de la ville appartenant à la S.A.M.F. et
que celle-ci confié en dépôt au Musée Paul-Dupuy ;
-
un courriel de notre confrère Luis Gonzalez Fernandez annonçant la sortie
prochaine d’un ouvrage édité par l’Université Toulouse 2-Le Mirail :
Michel Taillefer, Études sur la sociabilité
à Toulouse et dans le Midi toulousain de l’Ancien Régime à la Révolution,
collection « Méridiennes », Toulouse, Presses uiversitaires du
Mirail, 2014, 410 p.
Le
Président présente en avant-première ce volume, dont un exemplaire nous est
offert par M. Gonzalez Fernandez, lequel est vivement remercié.
La
correspondance imprimée comprend notamment :
-
le programme d’activités de la Bibliothèque municipale de Toulouse, intitulé
« Manifesta » pour les mois de mars et avril ;
-
le programme des Journées romanes de Cuxa, dont la XLVIe édition,
organisée du 7 au 12 juillet, aura pour thème « Le cloître roman ».
Daniel Cazes fait circuler un ouvrage destiné à notre bibliothèque : François Malrain, Geertrui Blancquaert, Thierry Lorho (dir.), L’habitat rural du second âge du Fer. Rythme de création et d’abandon au nord de la Loire, collection « Recherches archéologiques », 7, Paris, CNRS Éditions - Inrap, 2013, 264 p.
Jean Le Pottier intervient pour signaler que les Amis des Archives de la Haute-Garonne organisent le samedi 5 avril prochain une visite sur le site de l’ancienne abbaye de Grandselve et dans ses environs, sortie à laquelle il convie les membres de la S.A.M.F. désireux d’y prendre part.
La parole est à Quitterie Cazes pour un exposé qui doit constituer le point de départ d’un échange de vues. La question proposée au débat est double : Quelle datation pour Gilabertus ? Quel portail pour la façade de la salle capitulaire de Saint-Étienne de Toulouse ?
Le
Président remercie Quitterie Cazes pour son intervention. Louis Peyrusse ouvre
la discussion. Ébloui par la démonstration, il souligne qu’il n’a pas
d’opposition de principe à rapprocher Gilabertus
des sculpteurs de Saint Sernin, mais selon lui les arguments évoqués en faveur
de cette proximité sont des éléments secondaires (comme le motif du bâton
avalé par un lion) par rapport à l’esthétique générale d’une sculpture
dont la grâce reste rattachée à l’atelier de la Daurade. La question de
l’activité de Gilabertus
avant ou après la Daurade lui paraît de peu d’importance. Dans la mesure où
les ateliers partagent le même état d’esprit, la relation de corrélation ou
de causalité entre les deux ne peut être tranchée. Quitterie Cazes insiste
sur le fait que l’art de Gilabertus
traduit les valeurs de la courtoisie naissante avec une nouvelle manière d’être
en société (elle cite notamment le travail de Lyne Limouse, et de Pierre Bec
sur des manuels de courtoisie qui apparaissent dès le milieu du XIIe
siècle). Quant à la question de la datation, si l’on prend pour acquis que
les huit reliefs ont été conçus comme un ensemble, elle pense que les réponses
pourraient surtout être trouvées en datant le travail du troisième artiste,
qui dans sa manière de concevoir les vêtements, les gestes ou les mains se
distingue de Gilabertus.
Emmanuel
Garland intervient pour rappeler qu’il faut aussi prendre en compte
l’iconographie des reliefs pour reconstituer leur position à l’entrée de
la salle capitulaire. En effet, selon lui, les reliefs doubles de Pierre-Paul et
Jacques-Jean, représentent les apôtres les plus importants, et devraient de ce
fait se trouver à l’entrée de la salle capitulaire et non dans les baies latérales.
Il ajoute que les apôtres sculptés par Gilabertus
sont les apôtres secondaires, ce qui laisse supposer que Gilabertus
est intervenu après le « troisième sculpteur ». Pour Quitterie
Cazes cette dernière hypothèse se heurte à l’idée selon laquelle la
nouveauté de conception de l’ensemble (en particulier la disposition des
personnages dans le ressaut de l’arc) ne pourrait être le fait que d’un
artiste de grand talent. Mais, comme le souligne Emmanuel Garland, d’une part
de jeunes artistes très doués pouvaient éventuellement prendre le pas sur le
maître initial d’un chantier ; et d’autre part l’idée de la
composition a pu être empruntée ailleurs.
Henri
Pradalier est d’accord avec Louis Peyrusse pour noter les divergences entre la
sculpture de Gilabertus et celle
de Saint-Sernin. Il suggère ensuite que les reliefs de Saint-Étienne ont pu être
réalisés par deux sculpteurs, et non trois. Ce deuxième sculpteur aurait
commencé par les apôtres Jacques et Jean, qui sont marqués par le style de
Saint-Sernin, avant de sculpter Pierre et Paul, qui représentent une forme de
synthèse entre l’art de Saint-Sernin et les nouveautés transmises par Gilabertus. En revanche selon lui, le fait de souligner
l’influence de la sculpture de la Porte Miègeville (qu’il propose de dater
plutôt de 1096) sur les reliefs, ne permet pas d’affirmer une datation proche
de celle-ci, les sculpteurs de Saint-Étienne ayant pu s’en inspirer, dix ou
vingt ans plus tard. Enfin, si Gilabertus
est intervenu avant l’atelier de la Daurade, il reste la question centrale de
sa formation et de ses influences, car rien à Toulouse n’annonce son art. M.
Pradalier évoque enfin la piste de l’art gothique septentrional, et en
particulier le portail sculpté d’Étampes. L’apaisement des figures de Gilabertus
lui rappelle l’art des statues-colonnes, mais Quitterie Cazes précise
qu’elle n’a pas constaté de relations entre ces deux portails. Henri
Pradalier termine en notant que le sculpteur de la Porte Miégeville est pour sa
part clairement influencé par l’art de Bernard Gilduin.
Daniel
Cazes remarque que la datation de la porte Miègeville suscite encore des
doutes. Selon lui, les figures de saint Pierre et de saint Jacques qui encadrent
le tympan du portail ne peuvent avoir été conçues avant les plaques des
piliers de Moissac car elles s’en inspirent (en particulier pour saint
Jacques), la différence étant que l’on met en volume le modèle en très bas
relief de Moissac.
Henri
Pradalier reconnait que le cloître de Moissac est bien terminé en 1100, mais
se demande combien de temps il a fallu pour le terminer. Selon Maurice Scellès,
l’exécution du cloître, en comptant huit sculpteurs au travail, a pu être
menée à bien en une année. M. Pradalier réplique toutefois que le chantier a
pu s’étaler sur plusieurs années pour des raisons financières. Ce n’est
pas le cas à Moissac répond Maurice Scellès, car le projet d’ensemble est
cohérent et a pu matériellement être réalisé dans un temps très court.
Ainsi l’analyse des détails secondaires de la sculpture montre des artistes
qui travaillent côte à côte, partagent des motifs, et n’ont pas le temps de
faire évoluer leur style. Henri Pradalier reste sceptique. M. Scellès
argumente en lui exposant que l’inscription dans le cloître dit bien que
l’abbé a fait faire le cloître en 1100, ce qui impliquerait non seulement sa
conception mais aussi sa réalisation. Toutefois, M. Pradalier remarque que
l’expression factum
est, signifie que le cloître a été « parfait » en
1100, et qu’il aurait donc pu être commencé avant. À l’appui de Maurice
Scellès, Emmanuel Garland remarque que la constitution du mur-bahut de Moissac
a dû prendre autant de temps que la sculpture des chapiteaux, et qu’il faut
imaginer un travail par couches horizontales successives, ce que souligne
Quitterie Cazes. Une fois le projet mûri par le commanditaire, il n’était guère
besoin de beaucoup de temps pour creuser la tranchée, monter le mur-bahut et
sculpter l’ensemble.
Maurice
Scellès cite le cas de la maison de Saint-Antonin-Noble-Val dont la datation
aux alentours de 1150 est bien attestée, grâce à l’identification de
Justinien parmi les sculptures, en relation avec un acte de ces années-là.
Selon lui, le groupe d’Adam et Ève de la façade présente la même structure
que les reliefs de Gilabertus,
avec un bloc attaqué par les angles, tandis que c’est un arbre qui cette fois
occupe la place de la colonne, les frondaisons formant une voûte au-dessus du
couple. La figure de Justinien est très hiératique, néanmoins la
sophistication de son vêtement est proche de celle des sculpteurs qui
travaillent avec Gilabertus (plissés, décor de perles), tout comme le traitement
des chevelures et la structure des visages. Cela ne prouve pas que les reliefs
de Saint-Étienne dateraient de 1150, mais pose la question de ce qui s’est
produit dans l’intervalle entre les sculptures de Saint-Antonin et celles de Gilabertus,
si ces dernières sont datées du tout début du XIIe siècle comme
le propose Quitterie Cazes dans sa communication.
Daniel
Cazes précise que d’après la chronologie de la construction de Saint-Étienne,
les galeries du cloître, dont les baies de la salle capitulaire sont
probablement contemporaines, sont très
anciennes. Quant à leur emplacement, il lui est difficile d’imaginer que les
statues doubles étaient placées de manière frontale car cette disposition
n’apparaît pas ailleurs (sauf dans le système de façade avec architrave de
Saint-Gilles du Gard, mais on ne peut guère imaginer la même configuration
pour Saint-Étienne). Dans la mesure où on avait très probablement douze apôtres,
seule la proposition de Quitterie Cazes permet de les répartir tout en évitant
la position frontale.
Dominique
Watin-Grandchamp souligne que Gilabertus
est un artiste qui se promeut et s’auto-congratule. Dans la mesure où il est
le seul à signer, il faut le considérer comme un maître appelé, dont la réputation
était déjà consacrée. Mais Emmanuel Garland rappelle que des avatars peuvent
intervenir en cours de chantier, la mort d’un des sculpteurs étant possible.
Quitterie Cazes note que les deux seuls sculpteurs dont nous possédons les
signatures à Toulouse, sont ceux qui ont révolutionné la sculpture : Gilabertus
et Bernard Gelduin (Bernardus Gelduinus).
Pour elle, il ne s’agit pas là d’autopromotion, mais bien d’une
manifestation de reconnaissance de la part des chanoines qui constatent la
qualité de ces deux artistes. À une question de Dominique Watin-Grandchamp,
Quitterie Cazes répond qu’elle n’a pas trouvé de « Gilabertus »
dans les actes des chanoines. Emmanuel Garland remarque que le sculpteur Gislebertus
à Autun, porte une variante du même nom.
Mme
Watin-Grandchamp se demande si le traitement du dais pris dans l’angle du bloc
ne doit pas être comparé avec les premières statues-colonnes des débuts du
gothique. Mais Quitterie Cazes réfute cette idée. Léon Pressouyre a bien démontré
qu’il y a une différence majeure entre un personnage placé dans le ressaut,
et un personnage-colonne (l’un est dedans quand l’autre est dehors). Henri
Pradalier fait d’ailleurs remarquer qu’aux ébrasements de Moissac, les
personnages sont taillés dans des couvercles de sarcophage, attaqués dans le même
sens. Quant à la signature il y voit la marque d’une pratique originaire
d’Italie, car si l’on en trouve une dizaine en France, il y en a bien plus
Italie au même moment. Se peut-il que Gilabertus
soit un artiste venu d’Italie ?
Nelly
Pousthomis note que les questions de style et les comparaisons entre sculpteurs
pouvaient donner lieu à des appréciations différentes pour les contemporains,
et qu’il n’y a pas forcément un écart de temps important entre la
sculpture de Moissac et celle de Saint-Sernin. Il faut de plus relativiser notre
propre jugement sur les œuvres. Quant aux sculpteurs que nous qualifions de très
talentueux, nous sommes forcés de reconnaître que nous ignorons tout de leurs
œuvres antérieures. Maurice Scellès abonde en ce sens. Selon lui, chaque
fragment retrouvé montre que de nombreux ensembles sculptés ont été détruits
et perdus, ce qui nous empêche d’accéder aux œuvres de formation des
artistes ; de plus, ceux que nous appelons « maîtres » en les
jugeant plus doués, n’étaient pas forcément maîtres sur le chantier. Comme
le remarque Dominique Watin-Grandchamp, il n’était pas impossible à un jeune
de prendre le pas sur le « maître » initial.
Patrice
Cabau prend ensuite la parole pour présenter rapidement une étude des
inscriptions gravées sur les reliefs de Saint-Étienne, connues en partie par
des reproductions antérieures à leur disparition accidentelle, qu’il faut
placer entre 1864 et 1890. Il prend l’exemple de l’inscription subsistante
du relief d’André, ANDREAS | APLS,
qui présente une capitale « abâtardie » (notamment avec le D orné
de deux « bouclettes ») et un espacement des lettres un peu aléatoire.
Par comparaison, les bas-reliefs de Moissac montrent des lettres très régulières
et de grande qualité. C’est aussi le cas à Saint-Sernin, où les
inscriptions de la table d’autel signée par Bernardus
Gelduinus et de la plaque du chérubin au rond-point du chœur sont
en capitales romaines, régulières malgré quelques variations. Dans son
catalogue publié en 1865, Ernest Roschach a transcrit les inscriptions gravées
sur les reliefs des apôtres André et Thomas, ainsi que les deux signatures
disparues de Gilabertus. La plus
longue, celle de la figure d’André, est présentée sur trois lignes :
« VIR Ñ INCERTVS / ME CELAVIT GIL / ABERTVS ».
Cet hexamètre léonin, signalé par Alexandre Du Mège à partir de 1817, paraît
authentique ; il faut rappeler que vir
non incertus ne signifie pas « homme qui n’est pas inconnu »,
mais « homme qui n’est pas incertain », c’est-à-dire « dont
la main est sûre », ou encore « expert en son art ». Joseph
de Castellane a procuré en 1834-1835 un « fac
simile » lithographique de cette signature, mais il en a
rationalisé la disposition sur une seule ligne ; il faudrait savoir
comment Ferdinand de Guilhermy l’a reproduite. Au vu des vestiges et des relevés,
Patrice Cabau est d’avis que les inscriptions des reliefs de saint Thomas et
de saint André dataient bien de la première moitié du XIIe siècle,
sans cependant que ces éléments épigraphiques puissent permettre d’affiner
la datation des œuvres sculptées. Il note que le graveur qui a réalisé ces
inscriptions était peu doué, et qu’il ne s’agissait peut-être pas de Gilabertus
lui-même.
Pour
finir, Guy Ahlsell de Toulza remarque que les anciennes présentations des
reliefs au Musée des Augustins, en dépit de leur caractère hypothétique,
avaient le mérite de restituer l’idée d’ensemble de l’œuvre, tandis que
la présentation actuelle met surtout en valeur deux éléments centraux. Daniel
Cazes approuve, regrettant que le support métallique réalisé dans les années
1980 par l’architecte Pierre Debeaux ait été détruit, pour être remplacé
par la disposition actuelle, qu’il juge peu convaincante.
SÉANCE DU 1er AVRIL 2014
Présents
: MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ;
Mmes Andrieu, Cazes, Haruna-Czaplicki, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, Vallée-Roche,
Watin-Grandchamp, MM. Bordes, Boudartchouk, Garrigou Grandchamp, Peyrusse,
Surmonne, membres titulaires ; Mmes Bessis, Gilles, MM. Gardes, Laurière,
Molet, Penent, membres correspondants.
Excusés
: MM. Péligry,
Bibliothécaire-archiviste, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Balty, Heng, Jaoul, Lamazou-Duplan,
Nadal, Queixalós, MM. Balty, Garland, Tollon.
Le Président rend compte de la correspondance. A côté de diverses invitations, nous avons reçu un courrier très aimable de l’ancien maire de Martres-Tolosane regrettant de ne pas pouvoir assister à la séance publique de notre Société. Daniel Cazes rappelle que c’est avec Jean Courtade que nous avions essayé de lancer l’aménagement du site de la villa romaine de Chiragan, qui n’a malheureusement été réalisé qu’en partie. Il faudrait achever la clôture et sans doute relancer l’échange de terrains avec E.D.F., qui avait été envisagé.
Le Président évoque ensuite le retard pris par l’impression du volume 2012, t. LXXII, de nos Mémoires. Le B.A.T. a été donné en décembre, mais l’imprimeur n’a pas encore reçu sa nouvelle machine, ce qui est bien regrettable.
L’ordre du jour appelle l’élection d’un membre correspondant. Daniel Cazes présente son rapport sur la candidature de M. Jean-Louis Augé. On procède au vote : M. Jean-Louis Augé est élu membre correspondant de notre Société.
La parole est à Henri Molet pour une communication sur Le rempart de Garonne à Toulouse.
Le
Président remercie Henri Molet pour cette communication qui complète très
bien celle du 8 novembre 2011 et apporte une argumentation totalement
convaincante quant à l’existence de ce mur de Garonne dans l’Antiquité. On
comprend bien que toute question sur la chronologie est impossible, mais on peut
s’interroger sur la fonction exacte de ce mur : mur de clôture de la
ville ou également digue contre les crues du fleuve ? Sur le site de
l’Institut catholique, le mur présente des contreforts intérieurs comme, par
exemple, à Mérida. Henri Molet précise que le mur ne suit pas la crête de la
berge : il est fondé à mi-pente, permettant une circulation à sa base,
qui est cependant atteinte par les plus grandes crues. Il protège la rive des
sapes permanentes de la Garonne, qui peuvent être parfois très importantes.
Aux XVIe et XVIIe siècles, des pans entiers
s’effondrent dans la rivière, et après la crue de 1737, la sape atteint près
de 30 m devant la Viguerie. Le mur avait donc bien une fonction de protection
contre la Garonne. Quant à la chronologie, Henri Molet dit avoir le sentiment
que le mur de Garonne se situe dans la continuité de la construction de
l’enceinte du Ier siècle.
En
réponse à une question d’Henri Pradalier sur la présence éventuelle de
tours, Henri Molet dit en soupçonner l’existence, celle de l’Hôtel Mazuyer
étant presque sûre. Faisant référence à l’article de Bernadette Suau,
Dominique Watin-Grandchamp rappelle que la présence de la tour est confirmée
par un procès-verbal de visite. La muraille apparaît systématiquement dans
les archives de l’Ordre de Malte, et il serait sans doute possible de caler
sur un plan les structures épaisses d’environ 2,30 m encore en place dans les
terrasses des jardins. Henri Molet en convient volontiers.
Le
Président félicite Henri Molet pour ce remarquable travail de longue haleine,
qui produit à l’évidence des résultats très intéressants.
La parole est à Jean-Luc Boudartchouk et Philippe Gardes pour des compléments sur Les lacs sacrés de Toulouse et Vieille-Toulouse.
Le
Président les remercie tous deux pour ces compléments d’information, qui
apportent un peu plus de certitude encore sur l’emplacement de la Toulouse
gauloise.
Maurice
Scellès voudrait connaître les arguments de ceux qui refusent encore de voir
dans Vieille-Toulouse la Toulouse gauloise. Philippe Gardes rappelle le poids
considérable de la thèse de Michel Labrousse dans l’historiographie
toulousaine de la seconde moitié du siècle dernier. A des arguments qui
paraissaient alors insuffisants s’ajoutait le problème du transfert du nom de
la ville, dont on avait certes quelques exemples mais peu fréquents. En réponse
à une question de Quitterie Cazes, Henri Molet précise que la première
mention connue de l’appellation de Vieille-Toulouse est de 1168.
Jean-Luc
Boudartchouk rappelle que le débat existait à Toulouse depuis le XVIIe
siècle, mais qu’il s’est cristallisé entre Michel Labrousse et Georges
Fouet, dont les thèses étaient totalement inconciliables. Les chercheurs en
conservent la mémoire encore aujourd’hui. Philippe Gardes précise que la
question ne fait pas problème en dehors de Toulouse. Quitterie Cazes se
souvient pourtant que Michel Labrousse concluait que la réponse dépendrait des
découvertes archéologiques. Pour Jean-Luc Boudartchouk, on disposait à l’époque
d’éléments de connaissance déjà significatifs mais dont les interprétations
ont été faussées ; il considère cependant que les enjeux ont de fait en
grande partie disparu avec leurs auteurs. Quant aux lacs, il faut conclure que
la légende doit beaucoup aux lieux communs sur les Gaulois et au récit du
pillage de « l’or de Toulouse ».
Au titre des questions diverses, Patrice Cabau propose une notule Sur le nom de Gilabertus :
Lors de notre dernière séance, dans la discussion sur Gilabertus, il a été dit que le nom du sculpteur n’était pas très répandu dans notre région, et j’ai alors manifesté mon dissentiment par un geste appuyé de dénégation. On peut constater en effet que cet anthroponyme d’origine germanique (de gisel : hampe de flèche ou gisal : otage, et de behrt : brillant, illustre), loin certes de connaître la diffusion des Willelmus, Raimundus, Bernardus, Arnaldus, Geraldus, etc., fut tout de même relativement fréquent dans le Midi à partir de l’époque carolingienne. Un dépouillement rapide de plusieurs recueils de textes (Preuves de l’Histoire générale de Languedoc, Chartes originales conservées en France, chartes de Moisssac, Lagrasse, Lézat, Saint-Antoine de Toulouse, Bonnefont, Saint-Sernin, Capdenier, Toulouse, Saisimentum comitatus Tolosani...) m’a fourni quelque deux cents occurrences montrant que le nom Gilabertus fut assez souvent porté au cours des IXe-XIIIe siècles dans une aire correspondant notamment aux actuels départements de l’Aveyron, du Tarn, de Tarn-et-Garonne, de la Haute-Garonne, de l’Ariège, de l’Aude, de l’Hérault et des Pyrénées-Orientales. Il y apparaît sous des formes diverses : Agilbertus, Gilabert, Gilabertus, Gilbertus, Gillabertus, Gislabert, Gislabertus, Guilabert, Guilabertus, Guilabestus, Guilhabertus, Guillabertus, Guillibertus, Ginabertus, Quilabertus, Wilabertus... ; Gilaberta au féminin (Giselbertus et Gislebertus sont des formes plus septentrionales). Ce nom devint transgénérationnel dans plusieurs familles de notre région : Saint-Paul, Laurac, Montaut, Péchabou, les Guilabert de Toulouse... Dans ces conditions, il n’est pas impossible que le sculpteur « à la main sûre » qui signa ses œuvres dans le cloître de la cathédrale de Toulouse ait été originaire de cette ville.
Patrice Cabau.
SÉANCE DU 15 AVRIL 2014
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Scellès, Secrétaire général,
Cabau, Secrétaire-adjoint, Péligry, Bibliothécaire-Archiviste, Mme Nadal,
Secrétaire de séance ; Mmes Cazes, Fournié, Haruna-Czaplicki, Napoléone,
Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp, MM. Catalo, Lassure, Testard, membres
titulaires ; Mmes Bessis, Éclache, MM. Chabbert, Mattalia, Penent, membres
correspondants.
Excusés :
MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Balty,
Bossoutrot, Heng, Jaoul, Queixalós, MM. Balty, Garland, Garrigou Grandchamp,
Rebière, Surmonne.
Le Président ouvre la séance à 17 heures et annonce un changement dans le programme du jour. Jean-Louis Rebière et Anne Bossoutrot ayant été avertis il y a trois heures d’une visite à conduire à Ourjout (Ariège) pour y présenter les peintures murales récemment découvertes, ils ne pourront assurer la communication prévue sur l’église de Saint-Ybars. Ils seront remplacés par une intervention au pied levé de Jean Catalo et Quitterie Cazes, qui ont accepté d’exposer une partie des résultats des fouilles réalisées sur le site de l’école d’économie de Toulouse (Université Toulouse 1-Capitole).
Le
Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 25 mars
2014. Quitterie Cazes apporte une rectification à ce qu’elle avait dit dans
le débat qui avait suivi sa communication : il ne s’agissait pas d’un Gilabertus,
mais d’un Bernardus Gelduinus, dont elle avait
trouvé mention pour le Val-de-Loire. Henri Pradalier ajoute que Saint-Caprais
d’Agen aurait également dû être mentionné lors des discussions, tout comme
il aurait fallu évoquer plus longuement Saint-Gilles-du-Gard. Quant à
l’adjectif « italien » qui revient à deux reprises dans le compte
rendu, au sujet de Gilabertus et
de la pratique de la signature, il note qu’il faut le modifier par « originaire
d’Italie ». Après enregistrement de ces précisions, le procès-verbal
est adopté à l’unanimité.
Le
Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 1er
avril 2014, qui est adopté. Puis il indique qu’Émilie Nadal, qui s’est
proposée pour aider à la rédaction des procès-verbaux, assure le secrétariat
de la séance.
Le
Président présente plusieurs ouvrages donnés à la Société :
-
Odile Foucaud et Emmanuel Moureau, Germain
Olivier (1869-1942), collection Patrimoines
Midi-Pyrénées. Archives d’architectes, Toulouse, Conseil Régional
de Midi-Pyrénées, 2014, 116 p. ;
-
Marion Fourcayran, L’église Saint-Ebons, Sarrancolin, coll.
Patrimoines Midi-Pyrénées, Toulouse, Conseil Régional de Midi-Pyrénées,
2014, 128 p. ;
-
Mélanie Chaillou et autres, Tour des Lautrec",
Vielmur-sur-Agout (Tarn), Rapport Final d’Opération Archéologique,
HADES, février 2014, multigraphié, 2 vol., 435 et 168 p.
Le Président de la Région Languedoc-Roussillon, Christian Bourquin, a adressé à la Société une plaquette présentant le schéma de développement économique de la Région.
Au titre de la correspondance manuscrite, le Président de la Société du patrimoine muretain, M. Christophe Marquez, nous invite à la conférence intitulée « Pierre Paul Riquet : un portrait intime », qui sera prononcée par Mme Mireille Oblin-Brière, le 16 avril 2014 à 20h30, au théâtre municipal de Muret.
Il n’y a toujours aucune réponse de la DRAC Midi-Pyrénées aux divers courriers envoyés par notre Société depuis plus de trois ans, pas plus qu’il n’y a eu de retour de la part du Président de l’Union des Académies et Sociétés savantes de l’Hôtel d’Assézat concernant les sorties de sécurité de la salle Clémence-Isaure. Le Président insiste sur le fait que la convention qui lie la Fondation aux différentes Académies est très claire sur l’obligation qu’a la Fondation de laisser libre l’accès par le grand escalier.
La parole est à Jean Catalo et Quitterie Cazes pour une communication sur Le bâtiment wisigothique du site de l’école d’économie (Université Toulouse 1-Capitole). Cette présentation a déjà été faite lors du colloque international d’archéologie mérovingienne tenu à Toulouse en 2013.
Le
Président remercie les intervenants pour leur communication. Les conclusions de
leur travail constituent une découverte extraordinaire, qui vient compléter
celle du palais royal wisigothique. À ce titre, on ne peut que regretter, à
nouveau, la destruction des vestiges de ce monument, comme partie d’un même
ensemble. Il faut désormais souhaiter que des recherches géophysiques soient
entreprises dans l’allée des Tilleuls, et garder une grande vigilance quant
au devenir des substructions qui doivent y être encore conservés.
Dominique
Watin-Grandchamp s’interroge sur les traces d’enduits laissant le milieu des
pierres apparentes et qui sont visibles sur une des photos. Quitterie Cazes répond
qu’il s’agit d’un enduit de liaison rabattu sur la pierre et découpée à
la truelle pour dessiner un rectangle plus régulier. À la suite d’une
question de Maurice Scellès, elle signale qu’elle n’en connaît pas
d’autre exemple. Jean Catalo précise que l’enduit et le système de
fondation sont rigoureusement identiques entre les deux sites évoqués, et
qu’on ne les trouve dans aucun autre monument toulousain quelle que soit la période
considérée. Quitterie Cazes ajoute que la méthode employée utilise d’énormes
quantités de mortiers dans les fondations (4 à 5 cm de mortier pour 4 à 5 cm
de briques). Maurice Scellès se demande si des briques sont choisies pour la
partie externe des arases, ce que confirment les deux intervenants. Il demande
également si les remblais ont été ajoutés dans un second temps. Jean Catalo
lui répond que le bâtiment a été conçu comme un socle : l’espace intérieur
de la galerie a été rempli progressivement de remblais qui ont permis d’exhausser son sol par rapport au
sol extérieur au monument ; cet effet de socle renforce le caractère
monumental de l’ensemble,
mais le parement est identique à l’extérieur et à l’intérieur (même si
ce dernier ne se voit pas).
Henri
Pradalier revient sur l’usage du bâtiment. Il se demande si le mausolée de
Théodoric à Ravenne comporte lui aussi un portique, ce que confirme Quitterie
Cazes. Henri Pradalier ajoute que si le contexte de construction du bâtiment
est bien lié au règne d’Euric, il faut rappeler que celui-ci est alors
fortement impliqué dans la persécution contre les nicéens. Mais Mme Cazes
nuance ce point de vue, remarquant que Sidoine Apollinaire avait d’abord
considéré Euric comme l’ « honneur des Goths », avant de
changer d’avis pour des raisons politiques. Quant à l’église
Saint-Pierre-des-Cuisines, elle était probablement nicéenne au moment de sa
construction, puis elle est devenue arienne sous les Wisigoths, avant de
redevenir nicéenne après leur départ.
Jean
Catalo rappelle qu’à la différence du palais wisigothique de l’hôpital
Larrey, qui avait été arasé immédiatement, ce probable mausolée a dû
exister de manière visible au moins jusqu’au XIIe siècle,
puisqu’à cette date ont été réalisés des aménagements tenant compte des
murs wisigothiques. Il faut donc penser un devenir différent pour chacun des
deux monuments.
Henri
Pradalier revient sur la destination de l’ouvrage. Il demande d’abord si le
mausolée présente une forme spécifique aux Goths ariens. Quitterie Cazes répond
que le mausolée prend pour référence les mausolées impériaux de la fin de
l’Antiquité, sans considération religieuse. Quant à la destination de l’édifice,
elle souligne qu’il n’est pas coupé par des murs de refend : il ne
s’agit donc pas d’une maison, ce qui l’a conduite à proposer
d’identifier un temple ou un mausolée. Henri Pradalier lui demande pourquoi
il ne peut s’agir d’une basilique. Pour Quitterie Cazes, il s’agit surtout
d’un problème de dimensions(comment
couvrir un tel espace central ?) et de disposition (ne pas oublier qu’en 1995 a été repéré côté est le départ d’une galerie). Henri Pradalier propose
le cas d’une basilique à trois vaisseaux. Quitterie Cazes note qu’il
ne reste rien en élévation, et qu’il faudrait donc élargir les
fouilles pour voir ce qui reste « au milieu » des vestiges de murs déjà
dégagés.
Daniel
Cazes demande si les archives ont pu fournir quelques données. Quitterie Cazes
répond que le plan Saget, du milieu
du XVIIIe siècle, montre la disposition en U de bâtiments qui
pourraient correspondre aux galeries ouest, sud et est. D’autre part, dans l’enceinte de l’Arsenal militaire, se
trouvait un bâtiment qui paraît au même emplacement que la galerie orientale
du mausolée du Ve siècle. Ce bâtiment, démoli en 1880, avait été
au XVIIe siècle le réfectoire du couvent des Chartreux, et il réutilisait
lui-même le collège de Moissac édifié à la fin du XIIIe siècle.
Jean Catalo indique qu’on a ajouté des contreforts sur certains murs venant
fermer l’angle nord-ouest, ce dernier ayant du former une tour, partie d’une
maison qu’on peut suivre jusqu’à la fin du XIVe s. Il existe
aussi, de l’autre côté de la rue, la mention de maisons en pierre (aule
lapidee) qui sont les seules du secteur.
Au
titre des questions diverses, Émilie Nadal présente le fonctionnement de la
nouvelle page Facebook de la Société.
Le
Président la remercie en soulignant l’utilité de ce genre de moyen de
communication qui, comme le site Internet de notre Société ou le relais que
peut constituer l’Association des journalistes du patrimoine, nous permet de
nous faire connaître et de mieux faire connaître les causes que nous défendons.
Cela suppose bien sûr, en premier lieu, que les membres de notre Société
aient le souci d’apporter les informations, et ensuite un travail de rédaction
rigoureux. En réponse à Jean Catalo, Émilie Nadal précise que c’est le
statut de la page qui permet sa consultation sans inscription sur Facebook.
« Bientôt un compte Twitter ? »
demande Quitterie Cazes. Émilie Nadal dit moins bien connaître Twitter,
qui lui paraît cependant présenter moins de possibilités que Facebook,
mais qui est peut-être plus efficace pour la diffusion des alertes.
On évoque ensuite le repérage d’une poutre peinte
signalée
par Quitterie Cazes et Adeline Béat, dans l’ancien Hôtel de la Mammye, situé
au 31 rue de la Dalbade à Toulouse. Dans le cadre de travaux de réhabilitation,
l’Hôtel, qui est protégé au titre des Monuments historiques pour ses
galeries sur cour, a été soumis à un contrôle scientifique et technique
conventionnel. Il est situé dans le secteur sauvegardé de Toulouse (un secteur
délimité, comme le précise Maurice Scellès, mais dont le règlement n’a
toujours pas été adopté).
Les travaux actuellement menés dans l’Hôtel sont suivis par une architecte
du patrimoine, mais il semble souhaitable que des moyens complémentaires soient
mis en place pour prendre en compte et enregistrer les découvertes lors de
travaux dans le centre ancien de la ville. Le plafond présente un décor peint
héraldique médiéval qui pourrait être lié au contexte politique local. Il
est possible d’y reconnaître les armes de Cardaillac,
les armes de la ville de Toulouse et les armes de France. Étant donné le mode
de composition du décor peint, ce décor pourrait être contemporain de celui
d’un plafond daté de 1384 et situé à Metz, 12 rue des Clercs. Quant aux
armes de Cardaillac, il pourrait s’agir de celles du futur évêque Jean de
Cardaillac, qui avait des relations étroites avec les rois de France (ainsi
Charles V lui avait offert son bréviaire), et qui est connu pour avoir su
ramener la fidélité de la Guyenne et du Quercy au roi de France, notamment par
ses nombreux prêches dans la cathédrale de Cahors. Les travaux de rénovation ont également mis en évidence
des éléments architecturaux dont l’étude pourrait se révéler précieuse
pour la connaissance du rempart en bord de Garonne. Dans la
maison voisine, des éléments de remplage du XIVe siècle, utilisés
en bordure de parcelle proviendraient, selon leur propriétaire, de la
chapelle détruite du cimetière de la Dalbade, une information qui étonne
Daniel Cazes, qui avait toujours entendu dire que les fragments venaient du
couvent des Carmes.
Le
Président note que nous avons là un aperçu des nombreux vestiges encore à découvrir et protéger,
puisque c’est le hasard qui a permis de connaître ces éléments. Il remarque
que les chantiers se multiplient actuellement dans le centre de Toulouse, ce qui
peut conduire à d’irrémédiables pertes. Il cite ainsi les actuels travaux
de renduit de la tour capitulaire dite de Pierre Bruni, qui n’ont donné lieu
à aucune étude archéologique. Il se rappelle également comment, un jour
qu’il faisait visiter le collège de Foix, il s’était aperçu que les Sœurs
de la Compassion brûlaient, pour faire bouillir leur lessive, des sections de
poutres peintes aux armoiries du cardinal Pierre de Foix.
Michelle
Fournié indique à Dominique Watin-Grandchamp que Mathieu Desachy a réalisé
une notice biographique très complète sur Jean de Cardaillac et ses armoiries,
dans le cadre des Fasti. Henri
Pradalier remarque que le blason des Cardaillac peut être lu différemment
selon le sens des lectures des poutres.
Patrice
Cabau précise que le lion représenté ici est un lion passant, puis il s’intéresse
à la question des armoiries de Jean de Cardaillac. Après avoir rappelé le
blasonnement donné en 1656 par les frères de Sainte-Marthe dans leur Gallia
Christiana : « CARDAILLAC, de gueules au Lyon d’argent armé, lampassé, & couronné
d’or, à l’orle de treize
besans aussi d’argent. », il fait voir plusieurs figurations
des armes du patriarche d’Alexandrie, qui fut de 1378 à 1390
l’administrateur perpétuel de l’archevêché de Toulouse. Sur deux de ses sceaux apparaît un
lion accompagné, non d’un orle, mais d’une bordure chargée tantôt de
douze, tantôt de quatorze besants. Le manuscrit 460 de la Bibliothèque
municipale de Toulouse, qui appartint au patriarche, puis à un personnage qui
parle de lui comme de son dominus,
contient un croquis à la plume montrant un écu incliné timbré d’un heaume
à cimier qui porte un lion accompagné de onze besants mis en orle ; il
s’agit évidemment d’armes reproduites d’après le sceau d’un chevalier
de la maison de Cardaillac, et non pas de celles de l’archevêque. En
revanche, le manuscrit 57 de la même Bibliothèque, confectionné vers 1379 et
dédié au prélat, s’orne en frontispice d’un écu enluminé D’or
au léopard rampant d’azur couronné, armé et lampassé de gueules, à la
bordure d’azur orlée de huit besants d’or, chacun chargé d’un tourteau
de gueules. M. Cabau hésite à attribuer à un Cardaillac les
armoiries de la maison de la rue de la Dalbade. On peut supposer que plusieurs
personnes à Toulouse avaient pour armes un lion environné de besants. Ainsi,
un lion d’or sur champ de gueules avec bordure de sable besantée d’or paraît
sur les écus des membres de la famille d’Auribail ; Jules Lahondès
s’y est laissé tromper en croyant reconnaître les armes de Cardaillac dans
l’une des chapelles de l’église du Taur.
SÉANCE DU 13 MAI 2014
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Cabau, Secrétaire-adjoint, Péligry, Bibliothécaire-Archiviste ; Mmes
Cazes, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone, Pradalier-Schlumberger,
Watin-Grandchamp, MM. Balty, Bordes, Catalo, le général Garrigou Grandchamp,
le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Pousthomis, Surmonne, Testard, membres
titulaires ; Mmes Andrieu, Balty, Bessis, Bossoutrot, Czerniak,
Lamazou-Duplan, Nadal, Queixalós, MM. González Fernández, Rebière, Stouffs,
membres correspondants.
Excusés
: M. Scellès, Secrétaire général, qui ne pourra arriver qu’en fin de séance,
M. Latour, Bibliothécaire-Archiviste adjoint, Mmes Barber, Cassagnes-Brouquet,
Fournié, Heng, MM. Boudartchouk, Bru, Garland, Penent.
Invité :
M. Gérard Amigues.
Le Président ouvre la séance à 17 heures et accueille notre invité, M. Gérard Amigues, vice-président du Conseil général du Lot, chargé de la Culture et du Patrimoine.
La parole est au Secrétaire-adjoint pour la lecture du procès-verbal de la séance du 15 avril 2014, établi par Émilie Nadal, qui est adopté après amendements. En marge de ce compte rendu, Patrice Cabau tient à faire une mise au point à propos de l’archevêque de Toulouse qui, au temps de la guerre dite de Cent Ans, rallia au roi de France une soixantaine de villes du Quercy et des pays voisins : sur la foi d’une interprétation erronée d’un passage un peu confus des Chroniques de Jean Froissart, on répète communément que c’était Jean de Cardaillac (1378-1390) ; comme l’ont depuis longtemps expliqué Étienne Baluze (1693) et Joseph Vaissete (1742), il s’agissait en réalité de son prédécesseur Geoffroy de Vayroles (1361-1377).
Le
Président présente deux ouvrages offerts par Pierre Garrigou Grandchamp,
qu’il remercie d’enrichir régulièrement la bibliothèque de la Société :
-
Louis Fargier, Villemagne l’Argentière.
Son passé - son abbaye - sa communauté - ses mines - ses monuments historiques,
Lodève, 1987, 144 p. ;
-
Jean Lartigaud, Puy-l’Évêque au Moyen
Age. Le castrum et la châtellenie (XIIIe-XIVe s.),
éditions du Roc de Bourzac, Bayac, 1991, 208 p.
Daniel Cazes procède au dépouillement de la correspondance. Divers imprimés présentent les programmes des activités proposées par la Ville de Narbonne, la Bibliothèque de Toulouse... Lisa Barber, désormais fixée en Grande-Bretagne, nous annonce par e-mail son intention de renoncer à sa place de membre titulaire de notre Société ; la Compagnie convient d’attribuer à notre consœur la qualité de membre libre. Marie Vallée-Roche nous fait savoir par un courriel qu’elle a découvert fortuitement à Minerve (Hérault) un « tronc-reliquaire » du Ve siècle qu’elle a le projet de nous présenter prochainement.
Le Président donne la parole à Virginie Czerniak et Véronique Lamazou-Duplan pour une communication concernant Une toile peinte médiévale inédite.
M.
Cazes remercie les deux intervenantes pour leur présentation, qu’il qualifie
de « magnifique ». L’union de leurs compétences a permis d’éclairer
un aspect peu connu de la création artistique à la fin du Moyen Âge. La
communication ne devrait pas manquer de provoquer de multiples questions ou
observations.
Jean-Louis
Rebière signale que la technique de la peinture sur toile a notamment été
utilisée dans la confection des bannières ; il cite les exemples,
italiens, qui lui viennent à l’esprit.
Le
Père Montagnes indique, d’après un fichier des Archives départementales du
Vaucluse, qu’au XVe siècle des toiles peintes furent vendues par
le prieur du couvent des Dominicains d’Aix-en-Provence.
Guy
Ahlsell de Toulza s’enquiert du niveau de prix de la toile lors de sa mise aux
enchères publiques organisées à Paris par la maison Hagutte. Après avoir
annoncé la somme de 30 000 à 35 000 €, Virginie Czerniak précise
que la pièce n’a pas trouvé d’acquéreur. Cette œuvre pêche par le défaut
de documentation et elle ne présente guère d’intérêt que pour un musée,
ou un médiéviste argenté.
M.
de Toulza rappelle ensuite que les toiles peintes ont existé dès l’Antiquité,
mais qu’elles ont toujours tendu à disparaître assez vite, en raison de leur
fragilité et de leur caractère éphémère. Combien de toiles décoratives,
passée la circonstance qui avait provoqué leur réalisation ou devenues hors
de mode, ont servi d’emballages, avant de finir par être brûlées, jetées... !
Ce n’est qu’à partir de la fin du Moyen Âge que le souvenir des toiles
utilisées dans le décor privé s’est conservé, avec l’enregistrement par
les notaires des inventaires après décès. Véronique Lamazou-Duplan abonde en
ce sens et cite des remplois comme moyens d’enrobage, de calage...
Jean
Catalo dit avoir du mal à se convaincre du caractère banal de ces œuvres dans
la sphère privée, puis il s’interroge sur la possibilité de définir des
aires de répartition : toiles peintes dans le Midi, tapisseries plus au
Nord. Mme Lamazou-Duplan répond que son enquête demeure pour l’instant bien
fragmentaire et que seule la multiplication des exemples pourrait permettre
d’appréhender une telle géographie. Après avoir renvoyé aux recherches menés
par Sophie Cassagnes-Brouquet, à compléter par des investigations dans la région
des Flandres et les pays germaniques, elle note que l’absence de toiles
peintes dans les intérieurs de la ville de Dijon a été pour elle un sujet de
surprise.
Quitterie
Cazes, s’excusant de poser une question peut-être « naïve »,
demande si le style de la peinture pourrait mettre sur la piste de la région
d’origine de la toile présentée ; pour elle, les visages évoquent plutôt
la manière du Nord. Virginie Czerniak et Véronique Lamazou-Duplan disent
qu’en effet les hommes d’armes ont une allure allemande ou suisse, puis
elles déclarent être à la recherche d’une gravure réalisée dans cette
zone, dont le peintre aurait pu s’inspirer.
Louis
Peyrusse voudrait savoir quel était le mode d’accrochage des toiles peintes.
Les inventaires ne le précisent pas ; elles n’étaient pas montées sur
châssis, et l’on peut imaginer un système de plaquage contre les murs
analogue à celui des tapisseries.
Luis
González Fernández signale l’utilisation très fréquente de la toile peinte
dans le monde du théâtre : aux XVIe et XVIIe siècles
notamment, les inventaires des compagnies mentionnent des décors peints sur
toile ainsi que des costumes peints. Véronique Lamazou-Duplan observe que
l’utilisation théâtrale des toiles peintes est également connue pour le
Moyen Âge.
Daniel
Cazes se souvient des toiles peintes qu’il a admirées lors d’une visite au
Musée cathédral de Gênes, et il souhaite que la pièce présentée ce soir
prenne le chemin d’un musée.
M.
Gérard Amigues intervient pour remercier
Virginie Czerniak et Véronique Lamazou-Duplan, et donner quelques informations
complémentaires sur sa provenance et son devenir. Elle lui été offerte par la
veuve d’un ami, retiré dans le Lot, lequel la tenait de sa tante, galeriste
à Paris.
Le
Président remercie chaleureusement M. Amigues de son témoignage.
Au titre des questions diverses, François Bordes annonce que la miniature des annales capitulaires figurant l’entrée du roi Charles VII à Toulouse en 1442 sera présentée dans la grande exposition sur le voyage organisée à Paris, au Musée de Cluny, au mois d’octobre prochain.
Pierre Garrigou Grandchamp montre des photographies de la halle de Grenade-sur-Garonne, construite à la fin du XIIIe siècle, qui vient d’être restaurée. Dominique Watin-Grandchamp et Nicole Andrieu donnent des précisions sur cette opération, menée par M. Bernard Voinchet, Architecte en chef des Monuments historiques, et en vue de laquelle a été réalisée une « grosse » étude préalable.
Le
général Garrigou Grandchamp aborde ensuite la question de l’avenir toujours
incertain de l’ancien palais de Via à
Cahors. Rappel est fait des divers courriers que la S.A.M.F. a adressés
à ce sujet, et pour lesquels elle n’a reçu au mieux que des réponses de
forme, purement administratives. Dominique Watin-Grandchamp a proposé le
classement de l’édifice, inscrit en totalité, et elle a obtenu une
proposition de classement parmi les Monuments historiques, à laquelle il manque
toujours l’accord du propriétaire – en l’occurrence l’État !
Pierre
Garrigou Grandchamp est d’avis que la Société archéologique du Midi de la
France demande que soit entreprise une étude complète et véritable de ce
monument médiéval très important. Quitterie Cazes note que cette demande
posera le sempiternel problème du financement de l’étude et des délais nécessaires
à sa réalisation.
Maurice
Scellès s’associe pleinement à la démarche et propose de lui donner toute
la publicité souhaitable en affichant une notice illustrée sur la page Facebook
de la Société et en transmettant les éléments du dossier à l’Association
des journalistes du Patrimoine. On suggère en outre d’adresser un courrier à
la Ville de Cahors, qui peut agir sur l’Administration centrale. Il devient
urgent d’agir, car un bâtiment désaffecté et non entretenu se dégrade
rapidement.
Daniel
Cazes regrette le désengagement de l’État en matière de Patrimoine qu’il
faut constater en France et qui apparaît ailleurs en Europe comme une
singularité.
Le
projet de demande d’étude
recueille l’adhésion de l’ensemble de la Compagnie.
SÉANCE DU 27 MAI 2014
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry,
Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ;
Mmes Cassagnes-Brouquet, Cazes, Haruna-Czaplicki, Merlet-Bagnéris, Napoléone,
Vallée-Roche, Watin-Grandchamp, MM. Bordes, Garland, Garrigou Grandchamp,
Lassure, le Père Montagnes, MM. Surmonne, Stouffs, Testard, membres titulaires ;
Mmes Bessis, Bossoutrot, Czerniak, Nadal, Queixalós, MM. Mattalia, Penent, Rebière,
membres correspondants.
Excusés : MM. Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Balty,
Barber, Bessis, Fournié, Friquart, Krispin, Lamazou-Duplan,
Pradalier-Schlumberger, MM. Balty, Chabbert, González Fernández.
Le
Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 13 mai, qui
est adopté.
En
complément, le Président indique qu’il a adressé un courrier au Directeur régional
des Affaires culturelles sur les questions du devenir du palais de Via à Cahors
et de la restauration de la Halle de Grenade. Concernant le palais de Via,
Maurice Scellès rappelle que la discussion a fait apparaître que si la Ville
de Cahors n’avait pas les moyens d’acheter l’édifice, la Mairie pouvait
en revanche faire pression sur les services de l’État pour que soit réalisées
les études nécessaires, afin de garantir au mieux la conservation et la mise
en valeur future d’un monument insigne du patrimoine cadurcien. Le
Président adressera donc le dossier établi par Pierre Garrigou Grandchamp au Maire de Cahors et à M. Gérard Amigues, Vice-président du
Conseil général du Lot, avec copie à la Direction régionale des Affaires
culturelles.
Le
Président rend compte de la dernière réunion du Bureau.
Il
fait circuler dans l’assemblée le programme de l’année académique
2014-2015 en proposant à ceux qui souhaitent présenter une communication de
s’inscrire pour les quelques places encore disponibles.
Le
Bureau a décidé de proposer à notre consœur Lisa Barber qui, résidant désormais
en Angleterre, a souhaité laisser sa place de membre titulaire, de redevenir
membre correspondant, statut qui convient parfaitement à nos membres éloignés
de Toulouse.
Le
Bureau a de nouveau fait le point sur l’impression de nos Mémoires.
A partir des dernières informations obtenues, Guy Ahlsell de Toulza explique
que le volume 2011 devrait être livré dans la première semaine de juillet et
que le volume 2012 devrait être imprimé en septembre. Maurice Scellès espère
que les engagements seront cette fois-ci respectés. Le Président regrette ces
retards, dont l’importance porte atteinte à notre crédibilité, tant vis-à
vis des membres de notre Société que de notre public.
La correspondance comprend plusieurs annonces de colloques et de manifestations diverses, et une offre de don de M. Jacques Canali, qui a pu acquérir un lot de photographies de l’abbé Georges Baccrabère. Ce fonds, qui demande à être inventorié, comprend en particulier des clichés du musée de l’Institut catholique avant sa transformation, qui seront précieux pour en faire l’histoire. On y remarque également des photographies rapportées des voyages de l’abbé Baccrabère autour de la Méditerranée : le Président rappelle que notre confrère pilotait des avions, et qu’il entretenait de très bonnes relations avec d’autres pilotes, ce qui lui permettait de faire des allers-retours dans la journée, et de « gagner plus de temps encore en évitant les formalités douanières », ajoutait l’abbé. Le Président remerciera M. Jacques Canali au nom de notre Société.
A
propos de l’inauguration de la Foire Internationale d’Art de Toulouse
(F.I.A.T.), le Président invite les membres de la Société à rendre visite à
la nouvelle présentation de la collection de sculpture romane du Musée
des Augustins, due à Jorge Pardo. La question mérite à l’évidence
un débat auquel notre Société se doit de participer.
L’artiste
affirme avoir voulu mieux faire connaître la collection de sculptures romanes
en améliorant une présentation défaillante et usée d’un point de vue esthétique.
Aucune intention didactique dans cette nouvelle présentation qui conserve la
disposition en trois ensembles qui sont désormais différenciés par des lampes
suspendues de couleurs différentes, pour mieux les éclairer. L’un des soucis
majeurs exprimés par l’artiste a été de poser un acte militant contre
l’impossible neutralité du musée, et l’un de ses objectifs : « faire
surgir les œuvres comme autant d’écrans de télévision ».
Puis le Président rend compte d’une récente visite au couvent des Jacobins, dont les travaux durent depuis maintenant des années. La porte de la grande sacristie a été murée et l’on a fait disparaître la modification en y reproduisant le décor de fausses coupes de pierre du mur de la chapelle. C’est ainsi qu’en 2014, on fait disparaître la restauration pensée et réalisée par Sylvain Stym-Popper. Un trou béant sur le cloître semble être destiné à la nouvelle porte, qui n’existait pas bien sûr à l’origine.
La parole est à Emmanuel Garland pour une communication À propos des peintures murales de Saint-Pierre d’Ourjout : le thème de la représentation des saints aux absides des églises romanes.
Le
Président remercie l’intervenant pour l’intérêt de sa présentation qui
nous a permis de faire le tour des cycles de peintures pyrénéens, et de
proposer de nouvelles comparaisons avec les peintures nouvellement découvertes
d’Ourjout.
Henri
Pradalier approuve l’interprétation d’Emmanuel Garland considérant que la
liturgie romaine permet en effet d’expliquer la présence de Pierre et Paul,
ou d’Abel et Caïn dans le décor des absides. Il rappelle qu’à la fin du
XIIe siècle, Rome impose sa liturgie à l’Espagne au dépend de la
liturgie mozarabe. Les présences renouvelées de Pierre et Paul traduisent
cette volonté d’imposer l’autorité de Rome. Quant à André, sa présence
pourrait être lié à un vieux souvenir venu de Byzance, depuis l’Italie. En
effet, saint Pierre étant l’apôtre de Rome, les Byzantins ont fait de son frère,
André, l’évangélisateur de Constantinople. Dans la mesure où les peintres
qui sont à l’œuvre dans les Pyrénées viennent d’Italie, ils importent
avec eux André, mais aussi des saints propres à l’iconographie lombarde,
comme les saints milanais que sont Ambroise, Gervais et Protais. Emmanuel
Garland précise que dans le texte Libera nos,
les saints nommés sont bien Marie, Pierre, Paul et André ; qui sont aussi
les plus représentés. Il confirme également que le sacrifice d’Abel
n’apparaît pas dans la liturgie mozarabe, d’où ses très rares occurrences
dans les représentations du XIe siècle.
Henri
Pradalier revient ensuite sur la question de la Vierge portant la coupe. Il précise
que les rayons représentés au dessus de la coupe, image du sang du Christ,
sont aussi rapprochés de la parole de Dieu : Ego
sum lux mundi, dont les mots apparaissent notamment sur le livre du
Christ de Taüll. Il évoque aussi une allusion possible à la Grande Prostituée
de Babylone qui dans les manuscrits mozarabes est aussi représentée avec une
coupe. L’iconographie de la Vierge à la coupe, serait ainsi une manière
d’opposer la Prostituée à la coupe, figure de l’idolâtrie, et la Vierge
à la coupe, image de l’Église. Notons aussi qu’à ce moment là, c’est
Cordoue qui est considéré comme la figure de la Babylone évoquée dans le
texte de l’Apocalypse. Sur ce point, Emmanuel Garland note que dans les
nombreuses Crucifixions du XIe, ont ne vois pas le sang du Christ
recueilli, alors même que ce thème apparaît à l’époque carolingienne. Il
se demande pourquoi le sujet apparaît dans les absides, à travers la Vierge à
la coupe, et non dans les Crucifixions proprement dites.
Quitterie
Cazes remercie l’intervenant pour son analyse en série très éclairante. Il
n’y aurait donc pas de modèle iconographique, mais une traduction textuelle
de la liturgie propre à chaque édifice. Elle souligne l’intelligence des
programmes iconographiques, sans doute lié au rôle important de l’évêque,
mais aussi à la présence d’un clergé sans doute nettement moins ignare que
ce qu’on a pu le supposer pour ces petites églises. Elle insiste sur la très
grande diffusion de la pensée de la Réforme grégorienne jusque dans les plus
petits villages pyrénéens.
Virginie
Czerniak approuve elle aussi l’interprétation qui tend à considérer la
peinture comme la mise en image de la liturgie, et précise que de nombreux
autres exemples du même type existent dans d’autres contextes ; comme
par exemple dans l’église Saint-Gilles de Montoire, où l’on a mis en image
le mystère de la Transsubstantiation. Toutefois elle rappelle que le programme
d’Ourjout est incomplet, avec 3 figures manquantes, peut-on vraiment être sûr
de l’absence de la Vierge ? Emmanuel Garland répond qu’il y a de
fortes présomptions, car dans les autres cas la Vierge occupe toujours une
place d’honneur juste en dessous du Christ, sauf à Estaon où un Baptême du
Christ occupe le registre médian de l’abside.
Henri
Pradalier avoue avoir été frappé par la rareté des collèges apostoliques
représentés sous des arcatures. Il souligne la proximité entre Santa Maria de
Taüll et Ourjout, puisque dans les deux cas on retrouve aussi un registre inférieur
orné de médaillons avec des animaux. On peut donc aussi supposer que le cul de
four d’Ourjout était orné d’une Vierge en majesté.
A
la demande de Sophie Cassagnes-Brouquet, Emmanuel Garland précise que l’église
est dédiée à Saint-Pierre, au moins depuis le XIIIe siècle. Il
pouvait s’agir d’un prieuré, étant donné sa disposition, avec un chœur
très profond pour une toute petite nef.
Jean-Louis
Rebière note la bizarrerie des colonnes qui lui rappelle l’église de
Saint-Lizier. Il demande si l’ordre toujours observé pour les apôtres,
Pierre, Paul, André, Jacques et Jean, correspond à une forme de préséance.
Emmanuel Garland explique qu’il s’agit effectivement de l’ordre dans
lequel Jésus les appelle (en dehors de Paul). Mais il ajoute que Jacques ou
Jean sont rarement identifiables avec certitude, en l’absence d’attributs
caractéristiques. Henri Pradalier note aussi que ce sont les plus mentionnés
dans les Évangiles.
En
réponse à la remarque de Quitterie Cazes concernant la très grande diffusion
de la réforme liturgique, Henri Pradalier déplore ensuite la perte des
ensembles peints qui devaient orner à la même époque les cathédrales et les
grands monastères de la région pyrénéenne, soulignant que les petites vallées,
souvent très peuplées, devaient être en contact étroit avec ces grands édifices.
Virginie Czerniak observe qu’on trouve aussi en dehors des Pyrénées le même
type d’ensembles picturaux qui, en dépit de leur situation dans des endroits
forts isolés (dans le Quercy par exemple), n’en présentent pas moins des
programmes à haute teneur dogmatique. Emmanuel Garland avoue qu’il avait été
surpris au début de ses travaux par la très grande orthodoxie qui caractérise
le discours peint ou sculpté du XIIe siècle, orthodoxie que l’on
ne trouve plus au XIIIe siècle.
Pierre
Garrigou Grandchamp demande s’il y a eu des recherches systématiques sur la
collation de toutes ces églises, pour faire ressortir l’éventuelle relation
entre l’orthodoxie du message et l’autorité d’un évêque par exemple.
Emmanuel Garland répond que ces programmes peints peuvent appartenir à presque
tous les types d’églises (paroissiales, abbatiales, collégiales, cathédrales)
en dehors des chapelles castrales, dont trop peu sont préservées pour en tirer
des conclusions. Le message était le même et il était de toute façon diffusé
des évêques aux abbés.
Enfin
Quitterie Cazes demande à l’intervenant s’il a pu réaliser une
cartographie des regroupements iconographiques. Emmanuel Garland répond qu’il
a effectivement constaté une concentration des sites autour du Val d’Aran et
Val de Boi jusqu’en Andorre. Mais il n’a pas souhaité établir de
recoupement iconographique, car les points singuliers de l’iconographie présentent
des occurrences en nombre trop faibles pour être significatifs.
Après avoir remercié une dernière fois l’intervenant pour sa présentation riche en réactions, le Président donne la parole à Marie Vallée-roche qui présente au titre des questions diverses, La découverte fortuite d’un tronc-reliquaire paléochrétien.
Suite
à des travaux dans sa maison de famille, un ancien presbytère du XVIIe
siècle, l’intervenante a découvert une pierre ronde engagée dans le mur, à
1,10 m
de hauteur. Une fois désengagée, la pierre octogonale s’est avérée être
un octogone percé d’un trou, mesurant en tout
29 cm
de diamètre, pour
28 cm
de haut, 11 à
13 cm
de large et
10,5 cm
de profondeur. Un décor primitif apparaît sur le rebord saillant de la
pierre, haut de
5 cm
et saillant d’environ
4 mm, orné de deux trous par face. L’objet est en marbre. Le marbre ayant été
exploité dans les environs de Minerve et dans le Languedoc depuis l’Antiquité,
la comparaison avec une palette des marbres locaux, et l’intervention d’un
spécialiste du sujet, a permis de déterminer que le marbre avait pu être
extrait de deux carrières en surface, d’exploitation ancienne, situées à 10
ou
13 km
de Minerve.
L’objet
est probablement un pied d’autel, le trou sur la face supérieure étant le loculus destiné
à recevoir des reliques. Deux formes sont connues dans la région : le
cippe à l’antique (de forme rectangulaire), et le tronc-reliquaire. Les
nombreux cippes reliquaires de la région de Minerve ne sont toutefois pas tous
des supports d’autel. C’est le cas du cippe du Terral à Ouveillhan, qui
possède un loculus de 9 cm de diamètre, pour 1, 30m de hauteur d’ensemble et qu’on suppose destiné
uniquement à la vénération des reliques. En revanche les troncs reliquaires
sont a priori tous des supports d’autel. Dans un dépôt lapidaire privé à
Gléon (Villesèque, Aude), Marie Vallée-Roche a ainsi pu repérer un tronc
reliquaire octogonal associé à un sanctuaire de l’époque wisigothique.
Si
le tronc-reliquaire trouvé dans le mur était bien un pied d’autel, il faut
le rapprocher de l’autel paléochrétien de Minerve, qui se trouve juste à côté.
En 1630 les frères de Sainte-Marthe recueillent les témoignages de gens
du pays selon lesquels l’autel était autrefois porté par 3 piliers.
Cependant en 1883, d’après la restitution de Rohaut de Fleury, Camille Lebrun
dessine un autel avec seulement 2 supports, sans tenir compte de l’enquête
des siècles précédents. Tandis qu’en 1928, Philippe Helena imagine que la
colonne de marbre servant de bénitier à l’entrée de l’église était en
fait le support primitif. Mais cette colonne mesure 1,10 m de haut ce qui parait tout simplement trop haut pour un pied d’autel.
En
1974, lors des travaux de rénovation de l’église, on a trouvé un fragment
d’une autre colonne de marbre dans un mur, portant des graffitis contemporains
de ceux de l’autel. Or cette colonne est du même marbre que le
tronc-reliquaire récemment découvert, même si pour ce dernier, le marbre
n’est pas poli. Leur diamètre n’est pas parfaitement identique, quoique
proche. Le tronc reliquaire pourrait donc appartenir au même ensemble que
l’autel. Il en aurait été le support central, portant les reliques, et
encadré par deux colonnes d’un diamètre semblable. En 1582, Minerve est prise par le capitaine Bacon à la tête d’un
corps expéditionnaire de Huguenots. On peut supposer qu’à ce moment là les
supports d’autel ont été brisés. En 1596, on restaure l’église, et on
consacre la chapelle nord, dans les murs de laquelle on a justement découvert
le fragment de colonne. On peut penser que le presbytère a été reconstruit au
début du XVIIe siècle en y insérant le morceau de
tronc-reliquaire. On ne pouvait jeter au rebut les débris de supports d’autel
à cause de leur ancienne proximité avec les reliques disparues.
Ces
cippes et pieds reliquaires sont peu connus. Le recensement actuel de la DRAC
les concernant est encore très incomplet, et ils sont souvent dépourvus de
protection (le cas du dépôt lapidaire privé de Gléon l’atteste). Ils sont
pourtant les témoins d’une culture qui s’est épanouie en Septimanie et
dans le nord de l’Espagne du Ve au XIe siècle. Le cippe
reliquaire le plus anciennement connu dans la région remonte à 455 (l’autel
de Minerve est daté de 456), et on abandonne leur usage au XIe siècle,
pour adopter le reliquaire directement inclus dans la table d’autel. Ces
objets montrent l’importance de l’influence wisigothique, et le rôle des
reliques dans la vie sociale en particulier au travers de la pratique du serment
sur les reliques. Ils mériteraient donc une étude plus approfondie.
Le Président remercie l’intervenante pour son exposé, et s’enquiert du terme « tronc » utilisé pour décrire l’objet, ne pourrait-on pas plutôt parler de « pied reliquaire » ? Marie Vallée-Roche précise qu’elle s’appuie sur la typologie mise en place par Pierre Dourthe qui distingue le cippe rectangulaire, du pied reliquaire en forme de fût ou de tronc. Virginie Czerniak mentionne l’existence des graffitis de l’autel de Saint-Pierre de Moissac, que l’intervenante connaît.
La
parole est ensuite donnée à Guy Ahlsell de Toulza pour la présentation
d’une « épopée non lyrique » autour de la vente d’une superbe statuette en argent chez
Sotheby’s le 13 mai dernier.
La statuette, dans un état
remarquable, mesure 37 cm de haut. Elle représente Cérès sur un piédestal, où l’on peut voir gravé :
« Prix décerné par les négociants de la bourse de Toulouse à
l’occasion du sacre de Louis XVI, 1775 », ainsi que le nom de l’orfèvre
qui en est l’auteur : Vinsac (1742-1781, maître en 1773) un des
meilleurs artistes toulousains de son temps, gendre de Louis II Samson. Pierre
Barthès, dans ses "Heures perdues" relate comment cette statuette
d'argent, prix de la Chambre du Commerce, est décernée en septembre 1776 lors
d’une assemblée extraordinaire de l’Académie des Sciences de Toulouse après
avoir été portée avec pompe et grand cortège dans les rues de Toulouse. L’œuvre
est attribuée à l’auteur d’un ouvrage composé sur l’agriculture et le
commerce. Le texte décrit même la Cérès d’argent avec ses attributs, le
tout d’une valeur de plus de 800 livres.
Prévenue
par Sotheby’s, la Ville de Toulouse refuse d’abord l’achat faute de crédits
pour cette acquisition, ce budget ayant été dépensé entre autres pour
l’installation de J. Pardo dans la salle des sculptures romanes du musée des
Augustins. Le lundi 12 mai, veille de la vente, et suite à l’insistance de la
communauté scientifique, la ville trouve enfin 20 000 euros et envoie le conservateur du musée Paul-Dupuy enchérir à la vente du
lendemain. Malheureusement l’œuvre est adjugée le 13 mai pour 22 000 euros
plus les frais. Tout semble alors perdu.
L’œuvre
est désormais entre les mains d'un grand collectionneur passionné
d’art français du XVIIIe et XIXe, qui destine la pièce
au musée des Beaux-Arts de Montréal. En désespoir de cause, le conservateur
du musée Paul-Dupuy et le baron Joseph de Cassagne décident de joindre le
nouvel acquéreur. Celui-ci accepte de céder son acquisition, mais en demande désormais 50 000 euros.
Dans l’enthousiasme, Joseph de Cassagne, accepte la transaction en ajoutant
aux 20 000 euros de la ville, 30 000 euros de sa part. Dans son esprit, il espérait
que la ville pourrait augmenter sa participation, mais devant le refus renouvelé
de la municipalité d’apporter plus que les 20 000 euros prévus, il espère
aujourd’hui recevoir l’aide de tous ceux qui souhaiteront lui apporter
davantage que de la reconnaissance pour cet enrichissement de notre patrimoine.
La pièce devrait, si tout
se termine bien, rejoindre le musée Paul Dupuy.
Le
nom de l’heureux récipiendaire de l’œuvre en 1776 est connu, il s’agit
du bien nommé Guillaume-François Le Trosne, juriste et économiste français,
figure importante de la pensée des Physiocrates. L’ouvrage récompensé
devait être édité en 1779 sous le titre "De
l’administration provinciale et de la réforme de l’impôt". Mais, comme en 1780 devait se tenir une réunion du clergé
à Paris, le garde des Sceaux craignit que ce livre ne les indisposât, car il
suggérait notamment d’imposer les biens des ecclésiastiques. Pour éviter le
bruit et le scandale, le livre est saisi, bien que
Necker, pourtant peu réputé pour ses sympathies
physiocratiques, en ait favorisé la publication. Le travail de Le Trosne passe
à la trappe et il ne reste que cette magnifique statuette pour commémorer son
œuvre.
Le
Président remercie Guy Ahlsell de Toulza pour les détails de cette histoire
rocambolesque. Jean Penent s’avoue
surpris de constater que le budget d’acquisition de la ville de Toulouse ait
pu être employé pour autre chose que ce à quoi il est dédié. Il constate
que l’indécision municipale a conduit à devoir payer 50 000 euros une œuvre
initialement mise à prix à 8 000 euros et vendue à 22 000 euros. Guy Ahlsell
de Toulza précise que la préemption par l'État a été demandé trop tard, la
veille de la vente, alors que le délai normalement requis est de 48 h. Avec la préemption,
le musée aurait pu acquérir ce chef-d'œuvre pour 12 000 euros avec les
frais...! Mauvaise stratégie et les ponts des 1er et 8 mai en sont
aussi la cause.
François Bordes signale aussi la mise en vente dans 15 jours de 4 négatifs papiers ciré de la mission héliographique des Monuments Historiques, chacun estimé entre 4 000 et 6 000 euros. L’un d’eux est une vue des toits de Toulouse et du clocher de St Sernin. Guy Ahlsell de Toulza évoque également la vente à venir de six épreuves sur papier albuminé, d'après négatifs verre au collodion, montrant les ponts de chemins de fer autour de Toulouse en 1875, dont les ponts d'Empalot et de Lacroix-Falgarde.
SÉANCE DU 3 JUIN 2014
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry,
Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ;
Mmes Cassagnes-Brouquet, Cazes, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone,
Pradalier-Schlumberger, Vallée-Roche, Watin-Grandchamp, MM. Bordes, Catalo,
Lassure, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Surmonne, Stouffs, Tollon, membres
titulaires ; Mmes Bossoutrot, Heng, Nadal, Queixalós, Viers, MM.
Corrochano, Mattalia, Penent, Rebière, membres correspondants.
Excusés :
MM. Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Balty, Bessis, Bilotta,
Lamazou-Duplan, Merlet-Bagnéris, MM. Balty, Bru, Garland, Garrigou Grandchamp.
Invité :
M. Georges Cugulière ; M. Didier Buffarot, du service du patrimoine de la
Ville de Figeac.
Émilie Nadal donne lecture du procès-verbal de la séance du 27 mai, qui est adopté.
Le Président rend compte de la correspondance reçue.
Lisa
Barber, qui avait exprimé le souhait de devenir membre libre et à laquelle
nous avions proposé de devenir membre correspondant, nous écrit que son avenir
est désormais en Angleterre et qu’elle n’aura plus la possibilité de
poursuivre des recherches sur le Midi de la France. Cette période est pour elle
révolue, mais elle n’oubliera jamais l’histoire de l’art et de
l’architecture de cette région de la France, ni la vie de notre excellente
Société.
Sur
proposition du Bureau, Lisa Barber est élue membre libre à l’unanimité des
membres présents.
Le Président demande à la Compagnie d’excuser tout particulièrement l’absence de Louis Latour, qui s’était proposé d’être parmi nous pour la séance de clôture de l’année académique. Daniel Cazes rappelle le travail très important accompli par Louis Latour tout au long de ces nombreuses années, et le travail qu’il accomplit encore pour notre Société puisque c’est lui qui se charge de l’envoi des convocations.
Le Président rappelle l’événement très important de la toute récente inauguration du Musée Soulages à Rodez. Il s’agit là d’une réalisation exemplaire, qui peut se comparer aux plus grandes réalisations en France et à l’étranger.
Nous
avons par ailleurs reçu deux invitations correspondant à des prêts pour des
expositions :
-
« Évocation de la Bataille de Toulouse - 10 avril 1814 », au Musée
du Vieux Toulouse ;
-
« Élie, Edmond, Félix et Cie. 2014 centenaire de la mort d’Élie
Rossignol », du 7 juin au 21 septembre 2014, Archéo-site de Montans.
Toujours
aucune réponse aux courriers que nous avons adressés à la D.R.A.C.
Quant au palais de Via de Cahors, Maurice Scellès pense qu’il est souhaitable de relayer l’information sur la page Facebook qu’anime Émilie Nadal, et de saisir l’A.J.P., ce qui nous permettrait en outre de tester l’efficacité de l’association. Le Président adressera copie du dossier à la Société des Études du Lot.
La parole est à Jean-Louis Rebière et Anne Bossoutrot pour une communication sur L’église de Saint-Ybars : études et découvertes.
Le
Président remercie Jean-Louis Rebière et Anne Bossoutrot pour ce remarquable
travail de bilan sur une église où peu de monde porte ses pas. Or l’édifice
est très riche, et c’est aussi un très bon sujet de réflexion sur les
techniques et la déontologie de la restauration, et sur tout ce que l’on ne
doit pas faire. Daniel Cazes ajoute que la magnifique statue de saint Pierre évoque
bien en effet l’atelier de Rieux.
En
réponse à une remarque d’Henri Pradalier, Jean-Louis Rebière indique que
l’abbaye Saint-Pierre de Lézat possède une importante relique de saint
Antoine, que la notice des Monuments historiques dit provenir de Boulbonne. Sans
doute la conséquence des dispersions dues à la Révolution, dit Henri
Pradalier. Jean-Louis Rebière juge aussi les stalles trop belles, mais il est
bien difficile de savoir si les chanoines de Saint-Ybars n’avaient pas la
possibilité de passer commande à des artistes qui avaient travaillé pour de
grandes abbayes.
Jean-Louis Rebière, Anne Bossoutrot et Anne-Laure Napoléone présentent les Derniers travaux de réaménagement de la maison dite « de la Monnaie » à Figeac.
Le
Président les remercie et se félicite de cette connaissance toujours plus précise
de cet édifice, dont on est toujours étonné de voir comment il s’est
constitué.
Didier
Buffarot donne quelques précisions sur les interventions successives des
restaurateurs sur les peintures. La seconde a été très rapide et le manque de
temps n’a pas permis d’analyse un peu fine, ce qui est à l’origine
d’erreurs d’interprétation. Quant aux vestiges de peinture qui subsistaient
sur la cheminée, ils sont devenus presque illisibles en raison de la reprise
des joints.
N’ayant
pas abordé la question de la chronologie au cours de son exposé, Anne-Laure
Napoléone précise qu’elle ne croit pas que les peintures puissent être postérieures
à la seconde moitié du XIIIe siècle. Puis, en réponse à une question de
Maurice Scellès, Didier Buffarot dit n’être pas sûr que la tête et
l’aile appartiennent à la même figure, ni qu’elles soient contemporaines.
D’autres plumes apparaissent à gauche, mais pas de tête. Jean-Marc Stouffs
demande si la stratigraphie des couches picturales a été établie. Didier
Buffarot dit avoir tenté des photographies en lumière rasante, mais sans résultat.
Jean-Louis Rebière rappelle qu’il s’agissait d’un travail très rapide
avec un petit budget, limité à un simple dépoussiérage.
Didier
Buffarot ajoute qu’il a récemment communiqué à Anne-Laure Napoléone une
photographie d’un décor de faux-appareil trouvé dans une autre maison de
Figeac.
Au titre des questions diverses, Émilie Nadal signale la réapparition d’un fragment d’un pontifical catalan du milieu du XIVe siècle, mis en vente par ArtCurial le 13 mai dernier, et qui a été acquis pour 163000 €. Les 22 feuillets sont ornés chacun d’une miniature de format rectangulaire occupant toute la largeur de la page, illustrant certains textes peu courants du cérémonial liturgique. Notre consœur a donné l’information sur la page Facebook de notre Société. Le Président remercie Émilie Nadal pour tout ce travail.
Avant
de revenir sur la nouvelle mise en scène de Jorge Pardo au Musée des Augustins,
le Président fait un rapide historique de la présentation des sculptures
romanes au cours du dernier quart du XXe siècle et au début du XXIe
siècle, une mise en perspective nécessaire pour comprendre comment on en est
arrivé là.
Au
cours des années 1970, la présentation de la collection a connu plusieurs
changements, mais toujours provisoires. Dans le cadre du projet de rénovation
du musée des années 1976-1981, il avait été envisagé une présentation dans
l’église des Augustins, avant que ne soit retenue la présentation définitive
dans la salle du rez-de-chaussée de l’aile Darcy, mise en place en 1981. Le
parti retenu a été celui d’une présentation en grands cercles correspondant
aux différents ensembles pour les chapiteaux, et des regroupements des
sculptures des portails qui laissaient ouverts les débats sur les dispositions
d’origine. Dans le même esprit, les fléaux auto-tendus imaginés par
l’architecte Pierre Debeaux permettaient de placer les chapiteaux romans à
une hauteur convenable sans reproduire les colonnettes. La mezzanine, détachée
des murs du bâtiment afin de conserver la perception d’ensemble de la salle
du XIXe siècle, devait initialement accueillir une réserve visitable, ce qui
était un projet très intéressant. Elle a finalement été dévolue aux
sarcophages de la fin de l’Antiquité. Cette mezzanine avait un avantage :
celui de disposer d’une grille portant des spots pour éclairer les
sculptures. La présentation pouvait sans doute être contestée, mais pas l’éclairage.
Peu
après le départ de Denis Milhau en 1995, on a détruit toute cette présentation
qui avait à peine 14 ans et qui avait été réalisée avec des matériaux
nobles : acier Corten pour les supports et dallage en marbre des Pyrénées.
On a supprimé la mezzanine et tout le système d’éclairage, ainsi que les
supports de Pierre Debeaux tout en conservant la disposition des ensembles de
chapiteaux, et couvert le sol d’une moquette. On pouvait trouver cette
nouvelle présentation bien triste, et c’est peut-être la raison qui à
pousser à demander à Jorge Pardo de la revoir. L’artiste a conçu un nouveau
pavement et une mise en couleur, optant pour une intervention uniquement esthétique,
en affirmant vouloir lutter contre une prétendue neutralité de la présentation
des œuvres dans un musée. Commandée dans le cadre d’un festival d’art
contemporain, la présentation de Jorge Pardo serait maintenue au moins pendant
trois ans. Elle a coûté fort cher, et on aurait pu souhaiter qu’elle soit
mise au service d’une nouvelle muséographie, et peut-être accompagnée d’éléments
didactiques car il semble bien que les visiteurs soient toujours aussi perdus au
milieu de ces ensembles de sculptures.
Louis
Peyrusse demande si une collection qui est un tel joyau doit être le prétexte
à une intervention contemporaine. La forêt de luminaires installée par Jorge
Pardo, certes un peu tapageuse, pourrait ne pas paraître absurde, mais
l’artiste se sert de la collection sans la servir. Daniel Cazes rappelle que
l’éclairage des œuvres est fondamental pour qui a la charge d’un musée.
Quitterie
Cazes relève que la présentation n’enregistre pas du tout les progrès de la
connaissance, et qu’elle banalise les œuvres et les chefs-d’œuvre de la
collection. En fait il y a nul besoin des chapiteaux pour faire ça. Et il y a
au final quelque chose de très grave, et c’est l’idée sous-jacente que
l’on n’a pas besoin de ces œuvres dans les musées. Il faut préciser que
c’est quelque chose qui a été imposé aux conservateurs.
Guy
Ahlsell de Toulza engage chacun à se rendre au Musée des Augustins pour se
faire sa propre opinion. Pour sa part, quand il est entré dans la salle, il a
été choqué par la disposition des lustres laissant visibles les ampoules dont
la lumière est gênante. La couleur pourrait être amusante, mais c’est quand
même un amusement à plusieurs centaines de milliers d’euros.
Le Président clôt l’année académique en souhaitant à tous de bonnes vacances, évidemment studieuses, et il invite la Compagnie à se retrouver autour du verre de l’amitié.
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