COMPTES RENDUS DES
SÉANCES DE L'ANNÉE ACADÉMIQUE
2014-2015
Lire les comptes rendus les discussions sur Saint-Sernin
SÉANCE DU 14 OCTOBRE 2014
Présents : MM.
Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Scellès, Secrétaire général, Cabau,
Secrétaire-Adjoint ; Mmes Andrieu, Cazes, Haruna-Czaplicki, Napoléone,
Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp, MM. Catalo, Lassure, Peyrusse,
Testard, Tollon, le Père Montagnes, Stouffs, membres titulaires ; Mmes
Bossoutrot, Gilles, Nadal, Queixalós, MM. Chabbert, Mattalia, Penent, Rebière,
membres correspondants.
Excusés : MM.
Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-adjoint, Peligry,
Bibliothécaire-Archiviste, Mmes Lamazou-Duplan, Heng, MM. Bordes, Garland,
Garrigou Grandchamp, González, Surmonne.
Le Président souhaite la bienvenue à l’assemblée pour ce début de nouvelle année académique. Il souligne que le programme de l’année s’est révélé très dense et de ce fait délicat à mettre en place, d’autant plus que peu de nos membres acceptent d’intervenir avant le mois de novembre. Le Président a ensuite la tristesse de nous faire part du décès le 18 septembre dernier de M. Maurice Greslé-Bouignol, membre de notre société.
Il
signale les candidatures de deux candidats aux postes de membres correspondants,
Jean-Pierre Suzzoni et Stéphane Piques, pour lesquels des rapporteurs devront
être nommés.
Au
titre de la correspondance, la Société a reçu une réponse du cabinet du
Ministère de la Culture concernant la sauvegarde de l’ancien palais de Via à
Cahors. Dans le courrier est joint une note de Pierre Sicard, représentant de
la DRAC dans le Lot, qui salue l’intérêt de notre société pour le palais
et précise que les services de l’Etat ont lancé une consultation sur le
sujet. La Société reconnaît là un premier résultat qui vient récompenser
les nombreuses démarches entreprises en ce sens. Le Président se félicite également
de l’abandon par la Mairie de Toulouse du projet de construction de
l’Institut d’Études politiques. Prévu au niveau du Bazacle, le bâtiment,
haut de plusieurs étages, était contraire au respect de la façade ancienne de
notre ville sur la Garonne.
La
Société a également obtenu une réponse favorable de la Mairie de Toulouse
pour sa demande de subventions, et se voit attribuer 3000 euros au titre du
fonctionnement.
Nous avons reçu le nouvel opus du Master professionnel patrimoine de Cahors : C’est l’hôpital qui [ne] se fout [pas] de la charité. Les hôpitaux de Cahors entre assistance et médecine, XIe-XXe siècle, Toulouse, Université Toulouse II-Le Mirail, 2014. Plusieurs programmes nous ont été transmis, notamment sur la tenue d’un cycle de conférences intitulé « les châteaux du Moyen Âge » prévu en 2014-2015 à l’espace Clément Marot à Cahors, ainsi qu’un appel à communications du 140e congrès des sociétés historiques et scientifiques prévu à Reims sur le thème « Réseau et société » (CTHS).
La parole est donnée à nos deux conférenciers Anne Bossoutrot et Jean-Louis Rebière pour une première communication sur « L’église Saint-Pierre d’Ourjout (Ariège) Études et découvertes ».
Le
Président remercie les intervenants pour leur présentation complète et précise,
qui nous permet de suivre pas à pas les phrases de redécouvertes et de
restauration du très bel ensemble d’Ourjout. A la question de savoir si des
fouilles archéologiques ont été prévues dans l’édifice ou sur ses abords,
les intervenants répondent que celles-ci devraient être menées dans un second
temps. Le Président précise que la concentration de marbre dans les parties
basses de l’église pourrait être le signe d’un édifice antique antérieur,
d’autant plus que cette vallée est très peuplée dès l’Antiquité. Il
s’interroge sur l’origine du marbre en question. M. Rebière lui répond
qu’il s’agit d’un marbre issu de carrières proches, à
1,5 km
du site. Jean-Marc
Stouffs demande quelques éclaircissements sur l’analyse de la technique
picturale. Il souligne que la présence de caséine n’est pas incompatible
avec la technique de la fresque. Concernant une goutte de peinture blanche
entourée de couleur qu’avaient relevé les intervenants, il précise qu’il
pourrait en fait s’agit d’un grumeau révélateur d’une technique de
fresques à la chaux (la couleur y est mélangée avec la chaux, ici visible en
blanc).
Henri
Pradalier se demande si le fragment d’inscription sous la main du Christ ne
pourrait pas être le début de l’inscription abrégée d’Ecclesia,
indiquant de part et d’autres de la Crucifixion les représentations de
l’Église et de la Synagogue. Concernant les petits motifs de perles blanches
sur les vêtements, il signale qu’il s‘agit d’une manière courante de
suggérer un décor de fleurs sur les habits (comme à Saint-Pierre d’Urgel
sur les apôtres). Au sujet du décor présent sur les ébrasements de la fenêtre
d’axe, il précise que des motifs en stuc à peu près similaire existent à
Tavèrnoles. Il revient sur l’expression « peintures pyrénéennes »
qui doit désormais remplacer celle de « peinture catalane » ;
puisqu’en effet le style déployé à Ourjout est bien propre à une région
pyrénéenne nord-sud, très différent de ce qu’on peut trouver dans l’est
de la Catalogne par exemple.
M.
Rebière indique que les similitudes de traitement entre les colonnes de
l’entrée du chœur et celles de Saint-Lizier peuvent aussi être dues au lien
administratif qui devait exister entre les deux édifices. M. Pradalier confirme
qu’on trouve effectivement le même type d’interprétation appauvrie de la
sculpture de Saint-Sernin à Saint-Lizier. Il insiste également sur le fait que
l’artiste d’Ourjout connaît le Maître de Maderuelo, actif à Taül. Au
sujet du zodiaque, il rappelle l’existence du même thème au portail de
l’agneau de Saint-Isidore de León et renvoie à l’article de Serafín
Moralejo sur la moralisation et la christianisation de ce thème qui doit être
considéré en lien avec la lutte contre l’Islam.
Pour
Dominique Watin-Grandchamp, le personnage chauve avec des rameaux qui sortent
des oreilles ne paraît guère pouvoir être rapproché de la Vierge, mais M.
Rebière avoue que s’est la seule hypothèse qui lui paraît possible au
regard des quelques lettres de l’inscription encore lisible. Maurice Scellès
s’interroge sur une inscription gothique qu’il a cru pouvoir apercevoir au
bas de la voûte de l’abside. Anne Bossoutrot répond qu’elle avait également
cru y voir du texte, mais l’ensemble est illisible dans le détail et pourrait
tout aussi bien être une forme de décor.
Les deux intervenants, Anne Bossoutrot et Jean-Louis Rebière, reprennent à nouveau la parole pour une communication courte sur le « Château Jeune de Bruniquel : les salons du XVIIIe siècle ».
Suite
à leur intervention, plusieurs membres de notre société s’indignent de l’état
actuel de délabrement des dits salons, qui appartiennent à un édifice classé.
Mme Bossoutrot donne d’autres exemples d’édifices classés aux monuments
historiques présentant le même état de décrépitude, comme le château de la
Salvetat Saint-Gilles. M. Rebière précise que des plafonds peints du XVIIe siècle
également en danger se trouvent aussi dans le château à côté du château
jeune de Bruniquel. Cette communication suscite un vif débat dans l’assemblée.
M.
Scellès constate que cet exemple traduit l’absence de politique générale en
matière de restauration. Selon lui, la DRAC finance les travaux à la demande
des propriétaires, au coup par coup, mais sans vue d’ensemble, alors qu’il
faudrait déterminer au préalable des crédits d’intervention, en particulier
pour les cas urgents comme celui-ci. Il renvoie aux expériences fructueuses
mises en place dans le Lot, qui semble montrer que le cadre départemental est
plus approprié que le cadre régional pour gérer l’ensemble du patrimoine.
Enfin il insiste sur le fait que la baisse de moyens dans le domaine de la
culture n’exonère pas l’État de sa responsabilité vis-à-vis d’édifices
protégés au titre des monuments historiques.
M.
Stouffs relève que certains édifices nécessitent aujourd’hui des
interventions mineures, de l’ordre de l’entretien, qui ne sont pourtant pas
réalisées faute d’une grande lourdeur administrative. Il évoque le bas
d’un panneau peint qu’il a lui-même restauré à Bioule et qui est
actuellement en train de s’altérer faute de joints étanches à l’extérieur.
Il donne aussi le cas de Nogaro, où des infiltrations d’eau apparaissent sur
les peintures romanes restaurées de l’absidiole sud.
Louis
Peyrusse souligne que le problème vient souvent du fait qu’il s’agit de
propriétaires publics qui n’ont ni les moyens ni parfois le désir,
d’entretenir leur patrimoine. Dominique Watin-Grandchamp note elle aussi que
les élus des communes propriétaires sont souvent peu intéressée par ce type
de problèmes et réticents à y engager des moyens.
Le Président invite les intervenants à renouveler les présentations de ce type en nous montrant d’autres cas problématiques au cours des questions diverses à venir. Émilie Nadal propose de répercuter ces exemples sur la page Facebook.
SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 2014
Présents : MM.
Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry,
Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ;
Mmes Fournié, Haruna-Czaplicki, Merlet-Bagnéris, Napoléone,
Pousthomis, Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp, MM. Balty, Bordes, Catalo,
Geneviève, Julien, Peyrusse, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes
Balty, Bessis, Friquart, Nadal, Queixalós, Charrier, Viers, MM. Mattalia, Séraphin,
membres correspondants.
Excusés : Mmes
Heng, Jaoul, Lamazou-Duplan, MM. Chabbert, Garland, Garrigou Grandchamp, Penent.
Le
Président signale, pour commencer, que la journée foraine initialement prévue
à Venerque et à Mazères le samedi 15 novembre prochain sera finalement réduite
à une matinée consacrée à la visite de l’église puis à la remise au
maire d’une médaille pour son action en faveur du patrimoine.
La
fondation Bemberg invite la Société à venir voir le tableau de Nicolas
Tournier qui vient tout récemment d’entrer dans leur collection.
Notre confrère, Emmanuel Garland, nous écrit au sujet de la salle capitulaire de l’abbaye de Bonnefont, que la communauté de communes aurait entrepris de remonter. Françoise Merlet-Bagnéris témoigne qu’en août dernier, elle avait vu des échafaudages sur le site, mais Nelly Pousthomis nous informe qu’après avoir été alerté, le SRA lui a confirmé que les travaux avaient été arrêtés par la CRMH. On précise que la communauté de communes s’était fondée sur une étude ancienne de M. Voinchet, ancien architecte en chef des Monuments historiques, qui a poursuivi son travail avec la communauté de communes ; et qu’au moment de l’arrêt des travaux ils avaient déjà commencé à remonter le mur-bahut de la salle capitulaire.
On signale encore la parution du catalogue de l’hôtel des ventes Saint-Georges à Toulouse, et une invitation à la présentation public d’Anaïs Comet intitulée « Patrimoines en bastide » à l’abbaye de Flaran le 16 novembre prochain (Conseil Général du Gers).
Le Président donne la parole à Guy Ahlsell de Toulza pour un hommage funèbre à la mémoire de M. Maurice Greslé-Bouignol (1920-2014).
« Maurice
Greslé-Bouignol, originaire de Bourgogne, archiviste paléographe, est nommé
archiviste en chef du Tarn le 1er septembre 1946 et prend ses fonctions le
1er octobre suivant. C'est grâce à lui que le bâtiment des Archives, rue
du général Giraud, construit à une époque où le service n'avait que
2500 mètres linéaires d'archives, voit le jour. Durant presque 40 ans, Maurice Greslé-Bouignol
assure l'aménagement définitif des locaux, la gestion des collections, les
travaux de tri et de classement, les publications d'inventaires, les inspections
communales, ainsi que la publication d'un guide des archives doté d'une
bibliographie très étoffée démontrant sa connaissance des fonds d'archives
et sa pratique de l'archivistique. Il participe à de nombreuses activités
scientifiques et culturelles, y compris sur le plan international. Comme ses prédécesseurs,
Maurice Greslé-Bouignol a poursuivi les travaux d’inventaire des archives.
Ainsi, les inventaires des séries M et V ont été publiés sous sa direction
et les travaux de classement des sous-séries 2 O et 3 P, des archives
notariales et de l'hôpital d'Albi ont été entrepris. Mais sa grande œuvre au
sein des Archives départementales du Tarn restera la publication du Guide
des Archives du Tarn en 1978.
Il
est également conservateur des Antiquités et Objets d'Art et à ce titre, il
fait les propositions de classement, de restauration et d'inventaire, et est
amené à donner un avis scientifique, notamment pour les problèmes archéologiques.
Maurice
Greslé-Bouignol a une intense activité scientifique. En tant que directeur des
Archives départementales du Tarn, il est membre de droit, ou expert
scientifique, de diverses commissions. Il adhère à de nombreuses sociétés
savantes ou culturelles, telle que la Société des Sciences, Arts et
Belles-Lettres du Tarn dont il est le secrétaire. Il collabore à la Revue
du Tarn, écrit la chronique bibliographique des périodiques du Tarn pour
la Revue d'Histoire de l'église de France. Il est membre du bureau de
la Fédération des Sociétés Savantes de Languedoc-Pyrénées-Gascogne, secrétaire
de la Fédération des Sociétés Intellectuelles du Tarn (FSIT). Il est membre
correspondant de la Société des études du Lot, de la Société archéologique
du Midi, appartient au Comité d'histoire économique de la Révolution française
et au Comité des travaux historiques et scientifiques.
Archiviste
et érudit local, il a su faire de son service un centre de recherches et de
renseignements très apprécié des lecteurs, du simple généalogiste amateur
à l'historien, sans oublier les services administratifs. Après une longue
carrière, Maurice Greslé-Bouignol fait valoir ses droits à la retraite le 1er
mars 1985 et passe la main à son successeur, Jean Le Pottier, qui prend ses
fonctions le 1er juin de la même année. Il rédige pendant sa
retraite Les Tarnais célèbres, paru
en 2003. Il décède le 18 septembre 2014. Ses funérailles ont eu lieu à la
cathédrale Sainte-Cécile d'Albi. »
Guy
Ahlsell de Toulza nous parle ensuite de la vente
Bacquié-Fonade qui s’est tenue chez Rémy Fournier il y a quelques
semaines. Marius Bacquié-Fonade (1854-1910), fondateur de l’association des
« Toulousains de Toulouse » et du Musée du Vieux-Toulouse, avait
amassé quantité de documents intéressant l’histoire de la ville, et fait de
nombreuses copies d’ouvrages rares ou uniques. Sur les 140 lots du catalogue,
le bibliothécaire et le président de la Société, en collaboration avec François
Bordes et la Bibliothèque municipale, se sont entendus pour acquérir les pièces
susceptibles d’être le plus utile aux chercheurs.
Ont
été acquis par la Société la copie par Bacquié-Fonade de l’unique
exemplaire de Laroche Flavin (1552-1627) sur les Antiquitez
Singularitez… de la ville de Toulouse, des guides de Toulouse et de la
Haute-Garonne du XIXe siècle et du début du XXe siècle,
le Toulouse monumentale et pittoresque de
C. Paul et J.-M. Cayla, et l’édition complète des 60 gravures de Mazzoli,
deux rares recueils historiques édités par A. Abadie en 1862 (Le trésor des pièces toulousains et Recueil des pièces historiques relatives aux guerres de religion de
Toulouse), une notice sur le couvent des Jacobins parue en 1865, un grand
plan de Toulouse dressé en 1848 par Vitry dans lequel se trouve pour la première
fois le parcellaire antérieur au grands travaux des années 50-60, et enfin
l’Histoire des peuples et des États pyrénéens
de J. Cenac-Moncaut paru en 1873, pour un budget total de 1290 euros. Le président
regrette que les Toulousains de Toulouse n’aient pas pu ou pas voulu saisir
l’occasion de cette vente qui concerne la collection de leur fondateur. M.
Ahlsell de Toulza précise que les Toulousains de Toulouse lui ont indiqué
avoir d’autres priorités (« des toitures à réparer et pas des livres
à acheter »).
Deux rapporteurs, Henri Pradalier et Jean Catalo, sont ensuite entendus sur les candidatures respectives de Jean-Pierre Suzonni et Stéphanes Piques. Les deux candidats sont élus au titre de membres correspondants.
Émilie Nadal donne lecture du procès-verbal de la séance du 14 octobre 2014, qui est adopté. Gilles Séraphin signale que le château de Bioule va faire l’objet de travaux d’aménagement visant à adapter les salles médiévales de ses étages en salles de classe, alors même que ce projet a été jugé inadéquat par l’architecte en chef. Il regrette que l’édifice soit forcé de s’adapter à un programme prédéterminé, quand il devrait être, au contraire, le point de départ de toute réflexion.
Le Président lui donne alors la parole pour une communication sur « La place de l’église et du clocher-porche de Saint-Pierre de Moissac dans l’histoire de l’architecture en Aquitaine ».
Des
premières interventions surgissent en cours de présentation. À la question de
Dominique Watin-Grandchamp sur la place du massif d’autel dit carolingien de
Moissac, l’intervenant répond qu’il ne l’a pas encore pris en considération,
puisque celui-ci est dans le chœur de l’église, et qu’il s’est pour
l’instant resserré sur l’église du XIe siècle. Il précise
qu’à terme, il faudra « scanner » l’ensemble, non seulement de
l’église, mais aussi la totalité de l’abbaye.
Louis
Peyrusse retient de cette dissection complexe de l’édifice qu’il faudrait
en déduire que le portail de 1130 a été plaqué sur un porche daté des environs de 1170. Il s’interroge sur le
verrou intellectuel que constitue la datation du portail, et qui ne peut être
levé à moins de vouloir réécrire toute l’histoire de la sculpture romane
en France et en Espagne. Gilles Séraphin reconnaît que par commodité il a
pour l’instant écarté le tympan du reste de son étude du porche. Il
souligne toutefois que des problèmes de datation identiques ont surgi à
Souillac entre les reliefs sculptés et l’église, à Beaulieu, où le portail
de 1135-1140 se situe dans un massif daté de 1180-1190, ou encore à Bourges où
l’on remploie des portails de 1160 dans des porches de 1220-1230, autant
d’indices qui semblent indiquer que le remploi des beaux portails sculptés
serait plus fréquent qu’on ne le suppose. Henri Pradalier demande s’il
n’est pas possible d’imaginer que l’ensemble du rez-de-chaussée du porche
date de 1130. Gilles Séraphin répond qu’on peut effectivement proposer
plusieurs hypothèses : le rez-de-chaussée pourrait dater entièrement de
1130, ou bien de 1170-1180, ou encore il s’agirait d’un patchwork des deux.
Il insiste sur le fait que les remplois sont parfois indétectables.
Henri
Pradalier rappelle que les remplois dont nous sommes certains sont parfois
aberrants. C’est le cas à Souillac, où les sculptures initialement prévues
pour l’extérieur sur des ébrasements, ont été placées à l’intérieur
dans un pseudo-tympan. C’est aussi le
cas à Saint-Jacques de Compostelle, où le portail des Orfèvres est un exemple
de remploi désordonné au programme devenu illisible. Si le portail de Moissac
est un remploi, il s’agit alors d’un exemple de remploi parfait. Maurice
Scellès souligne qu’actuellement on ne considère comme remplois que les
remplois visibles, alors même qu’il existe sûrement des remplois invisibles,
par définition indécelables. Henri Pradalier reste dubitatif, évoquant le cas
de ces tympans qu’on pensait « baladeurs », à Conques ou à
Cahors, ce qui a été ensuite invalidé. Par ailleurs, le changement des goûts
et de la dévotion entre 1130 et 1160 rendrait impossible selon lui le fait de réutiliser
un programme sculpté ancien pour un nouveau projet ; ainsi les sculptures
réemployées du Portail des Orfèvres étaient au départ prévues pour un
autre portail contemporain. Gilles Séraphin comprend tout à fait ces
objections, mais avoue qu’il ne peut concilier ce point de vue avec ce qu’il
a constaté sur place. Maurice Scellès fait observer que les chapiteaux du cloître
de Moissac sont un exemple de remplois réussis, puisque qu’ils ont été
remis en place avec cohérence près de deux siècles plus tard. Mais il
souligne qu’il est difficile de stocker et de déplacer de la sculpture sans
qu’elle n’en porte aucune trace.
Dominique
Watin-Grandchamp rappelle que dans la chapelle de Lemboulari,
récemment mise au jour, on a trouvé des marques de tâcherons correspondant à
celles du premier étage du porche. Elle cite les recherches de Christian Sapin
et Quitterie Cazes, selon lesquels Moissac aurait été prévu, avec son plan et
son élévation, de manière précoce, dans l’esprit de Cluny. Gilles Séraphin
insiste toutefois sur la discordance entre le rez-de-chaussée et le premier étage
du porche.
Michèle
Fournié demande si la période considérée (1160-1170) était favorable à des
campagnes de construction. Gilles Séraphin répond que les opérations
militaires y furent relativement courtes, et contrebalancées par le mécénat
actif des Plantagenêt, notamment en faveur des monastères.
L’intervenant
termine ensuite sa communication. Le Président remercie Gilles Séraphin pour
cette présentation détaillée et revient sur l’énorme problème
chronologique qu’elle soulève. M. Pradalier remarque qu’une solution au
problème serait de considérer Moissac comme étant, en 1130, à la source de
toutes les solutions ensuite adoptées dans l’architecture du Limousin. Gilles
Séraphin rappelle que c’était là une des conclusions de la thèse d’Évelyne
Proust concernant les sources de la sculpture du Bas Limousin ; mais il
constate néanmoins que ce modèle supposé se serait alors seulement
diffusé en Limousin et non dans la région de Moissac même. Il lui semble que
le modèle est plutôt venu du Limousin vers Moissac, pour éventuellement
retourner en Limousin ensuite. Henri Pradalier observe toutefois que Moissac est
bien l’édifice relais de Cluny dans le sud-ouest, tandis qu’au sud Toulouse
a sa propre zone d’influence. Moissac, monastère phare, a pu fertiliser sur
bien des plans (files de coupoles, sculpture) de nombreux édifices venus juste
après.
Henri
Pradalier revient aussi sur les reliefs de saint Pierre et d’Isaïe à
l’entrée du porche. Certes ils ne sont pas tout à fait à la même hauteur,
mais ils n’en sont pas moins placés là de manière très cohérente avec le
reste du programme sculpté. Pierre est placé en face de Paul (sur le trumeau),
et tous deux sont les saints patrons du monastère, tandis qu’Isaïe, est
disposé face à Jérémie, et à côté de l’Annonciation dont il est le
prophète. Daniel Cazes demande ce qu’il en est désormais de la date des plus
anciennes églises à file de coupole, serait-elles finalement antérieures à
celle de Saint-Front de Périgueux datée par les textes de 1125 ? Gilles Séraphin
répond qu’en plus des files de coupoles, le détail des modénatures est le même
à Souillac et à Cahors, or la file de coupoles prévue à Moissac est très
proche de celle de Cahors, tandis que celle de Cahors est à rapprocher de celle
de Saint-Étienne-de-la-Cité à Périgueux. En fait, selon lui, la chronologie
des églises à files de coupoles est en train de s’effondrer vers un
rajeunissement généralisé. Dans ce cadre, peut-être faut-il considérer que
l’architecture du Limousin a également été datée de manière trop tardive.
Au
titre des questions diverses Françoise Merlet-Bagnéris- présente ses recherches
sur l’histoire de l’École des Beaux-Arts de Toulouse du XVIIIe
au XXe siècle, un travail commandé en 2012 par Yves Robert,
directeur de l’École des Beaux-Arts. Le but de ce travail a été
d’apporter des informations sur l’évolution de l’enseignement, le type
d’étudiants, le contexte économique ou encore les bâtiments de l’École
pendant trois siècles. Françoise Merlet-Bagnéris fait passer une liste qui énumère
les nombreux changements de noms de l’école au cours des siècles, ainsi
qu’une reproduction de la une d’un journal de 1863, date à laquelle l’École
a reçu le prix de la meilleure École de France, l’année même du Salon des
Refusés. Cette recherche a été accomplie en particulier grâce à l’aide
d’Anne Jourdain, documentaliste du fonds ancien de l’École des Beaux-Arts.
Un des aspects majeurs de ce travail est de retrouver les anciennes méthodes de
dessin, également révélatrices du conflit entre les tenants d’un idéal du
dessin (incarné par Ingres), et ceux qui plus tard, promeuvent un enseignement
professionnel. Un conflit qui existait encore à l’École des Beaux-Arts dans
les années 1975-1980. Alors même que l’enseignement de l’art ancien a
disparu aujourd’hui aux Beaux-Arts, ce travail est aussi une manière de
renouer avec des méthodes sinon vouées à disparaître.
Le Président salue ce travail en cours, et encourage l’aboutissement de
recherches qui sont étroitement liés à l’histoire des Musées de la ville
et de notre Société.
SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 2014
Présents : MM.
Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry,
Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ;
Mmes Cassagnes-Brouquet, Fournié, Haruna-Czaplicki, Napoléone,
Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp, MM. Garrigou Grandchamp, Lassure, le Père
Montagnes, MM. Surmonne, Stouffs, Testard, membres titulaires ; Mmes
Bessis, Félix, Vallée-Roche, MM. Chabbert, Penent, Piques, Suzzoni, membres
correspondants.
Excusés : Mmes
Cazes, Heng, Lamazou-Duplan, Nadal, Queixalós, MM. Bordes, Garland.
Le
Président souhaite la bienvenue à Jean-Pierre Suzzoni et Stéphane Piques, récemment
élus membres de notre Société et qui prennent séance ce soir.
Le
Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 3 juin
2014 et de celui du 4 novembre dernier, rédigé par Émilie Nadal, qui sont
adoptés après quelques corrections de détail.
Notre
bibliothèque s’enrichit de deux dons :
-
Jean Mesqui, Césarée maritime. Ville
fortifiée du Proche-Orient, Paris, Picard, 2014, 376 p. (don de Pierre
Garrigou Grandchamp) ;
-
À Toulouse, numéro hors série,
novembre 2014 : Trésors du
patrimoine. L’histoire de la ville racontée aux Toulousains (don de Guy
Ahlsell de Toulza).
Le
Président signale à l’attention de la Compagnie la Conférence-débat La cristallographie, une clef pour les œuvres d’art ?,
organisée par l’Université Paul-Sabatier et l’Académie des Sciences et
animée par Guy Ahlsell de Toulza, qui aura lieu à l’Hôtel d’Assézat le
19 novembre.
Il
rappelle que notre confrère Laurent Macé soutiendra le 22 novembre prochain,
à la Bibliothèque d’Études Méridionales, son Habilitation à Diriger des
Recherches de Laurent Macé, sous le titre Auctoritas
et memoria. Étude sur les représentations et les pratiques sigillaires au sein
de la maison Raimondine (XIIe-XIIIe siècles).
Le
Président donne lecture de la lettre que nous a adressée le D.R.A.C. de
Midi-Pyrénées concernant l’étude dont va faire l’objet le palais de Via
à Cahors, ancienne maison d’arrêt, lettre qui reprend en grande partie les
termes de celle de l’architecte des Bâtiments de France reçue à la fin de
l’été. Le Président émet cependant un doute sur l’affirmation initiale,
selon laquelle la DRAC se serait préoccupée du devenir de l’édifice dès
son délaissement par l’administration pénitentiaire.
Pierre
Garrigou Grandchamp indique que la journaliste qui avait pris contact avec lui a
finalement mis en réserve le sujet, qui n’a pas été retenu dans l’immédiat.
Maurice Scellès rapporte que la page Facebook sur le palais médiéval
« à vendre » a été consultée mille fois, alors que celle du château
de Bruniquel ne l’a été qu’une quarantaine de fois. Le titre y est sans
doute pour quelque chose, mais cela confirme, pense-t-il, l’intérêt
d’utiliser les moyens de communication que met à disposition l’internet.
La parole est à Jean-Michel Lassure pour une communication sur Un four de carreaux de terre cuite fouillé en 1995 rue Labéda à Toulouse.
Le
Président remercie Jean-Michel Lassure de nous avoir fait part de cette découverte
jusqu’à présent inédite, et il s’étonne que des carreaux de ce type
n’aient pas été trouvés dans d’autres fouilles. Jean-Michel Lassure
suppose que c’est en raison du peu d’intérêt que l’on portait à ces
carreaux, d’une moindre qualité qu’ailleurs. Ils étaient probablement glaçurés
à l’origine, mais ils ne présentent néanmoins qu’un décor très simple,
réalisé au moule.
En
ce qui concerne les travaux du Théâtre de la rue Labéda, le Président
rappelle que c’est l’une de ces fouilles où Toulouse avait l’occasion de
conserver des vestiges archéologiques. Mais qu’a-t-on fait ? On a tronçonné
la courtine et disposé deux de ces tronçons sur le square Charles-de-Gaulle,
qui ont d’ailleurs disparu lors du dernier réaménagement de celui-ci, sans
que l’on sache ce qu’ils sont devenus. Quant à la base de la tour, elle a
été conservée au sous-sol, mais restaurée d’une façon abominable pour
n’être plus qu’un élément de design dans le hall d’entrée du théâtre.
Jean-Michel
Lassure précise que si le four a été installé dans la tour, c’est qu’il
pouvait profiter des murs existants et que le potier disposait en outre
d’assez de place pour son activité. Ce quartier n’a jamais été véritablement
bâti, sauf au IVe siècle, et l’installation des potiers à cet
endroit a été facilitée par la présence d’argile sur place ; Pierre
Salies a mentionné des accords passés par des potiers pour se procurer du
bois. Vincent Geneviève croit se souvenir que deux fosses d’extraction
d’argile ont été retrouvées lors des fouilles : Jean-Michel Lassure
dit qu’il lui faudra revoir les rapports et les minutes des fouilles, et il
ajoute que des fosses d’extraction ayant servi de dépotoirs à des potiers
ont également été mises au jour dans le quartier Saint-Georges. Puis il
souligne combien il est paradoxal que l’on connaisse mieux les productions de
Cox et de Giroussens que celles de Toulouse pour la période moderne.
Patrice
Cabau fait remarquer que le vocabulaire héraldique ne paraît pas approprié
pour décrire le « lion » assez vague qui orne les carreaux, ce dont
convient Jean-Michel Lassure.
Maurice Scellès présente une communication brève sur Le château de Fiches, à Verniolle (Ariège).
Le
Président remercie notre confrère pour la présentation de son enquête sur
cet édifice fort peu connu, dans lequel subsistent deux plafonds à la française
peints, dont le premier était attribué à la fin du XVIe siècle ou
au début du XVIIe siècle mais qu’il convient de dater à nouveau
: après 1630.
Guy
Ahlsell de Toulza intervient à propos de l’architecture du château et de son
plan. Il demande s’il y a des traces archéologiques de l’échauguette
restituée à droite de l’élévation nord. M. Scellès répond que la partie
supérieure du bâtiment a été ici reconstruite ; l’existence d’une
échauguette se déduit par symétrie avec celle de gauche, ainsi que de la présence
d’un mur en retour au-delà duquel le mur de façade a été postérieurement
prolongé. Pour M. de Toulza, le plan du rez-de-chaussée évoque celui du château
de Saint-Geniès-Bellevue, qui montre des dispositions comparables pour
l’articulation du vestibule et de la cage d’escalier ; le rejet de
l’escalier en situation latérale correspond un parti adopté à partir du
second quart du XVIIe siècle. Dominique Watin-Grandchamp, Guy de
Toulza et Maurice Scellès commentent ensuite le plan du château de Fiches, qui
apparaît comme un ensemble assez composite. M. Scellès précise que la
documentation sur cet édifice est bien rare, et que l’acte de l’acquisition
de Fiches par Jean de Robert à la fin du XVIe siècle, que semblait
connaître notre consœur Jeanne Bayle, n’a pu être consulté.
S’agissant
des peintures du premier plafond, M. de Toulza estime qu’elles sont « plutôt
du XVIIe siècle » et il note la qualité inégale de la
figuration des animaux. Il fait l’hypothèse que les modèles pouvaient avoir
été fournis par des ouvrages consultés dans la bibliothèque du propriétaire,
alors que M. Scellès pense plutôt à des modèles connus ou bien possédés
par les peintres. Il semble bien à Guy Ahlsell de Toulza que le chiffre peint
en bleu peut se lire « AR ». Maurice Scellès dit que cela pourrait
correspondre à un membre de la famille de Robert, mais la lecture ne lui paraît
pas assez assurée.
Sollicité
par M. Scellès, Jean-Marc Stouffs indique que les oiseaux du premier plafond
ont été en partie repeints au XIXe siècle, lors d’une
restauration provoquée par un dégât des eaux, puis il signale que le chien et
le loup sont d’une deuxième main et que lapin et la chouette ont été ajoutés
ultérieurement.
Au titre des questions diverses, Jean-Marc Stouffs présente la restauration du décor des planches provenant d’un plafond médiéval de Lagrasse, dans l’Aude, achetées par la municipalité et désormais présentées au public avec d’autres planches peintes provenant de l’hôtel des Carcassonne à Montpellier. Jean-Marc Stouffs engage vivement les membres de la Compagnie à se rendre à Lagrasse pour y voir ces décors.
SÉANCE DU 2 DECEMBRE 2014
Présents : MM. Cazes, Président,
Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry, Bibliothécaire-archiviste, Scellès,
Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes
Cassagnes-Brouquet, Fournié, Haruna-Czaplicki, Napoléone, Watin-Grandchamp,
MM. Balty, Boudartchouk, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes
Balty, Bossoutrot, Éclache, Queixalós, Vallée-Roche, MM. Macé, Piques, Rebière,
Suzzoni, membres correspondants.
Excusés : MM. Pradalier,
Directeur, Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mmes Bessis, Cazes, Heng,
Lamazou-Duplan, Nadal, Pradalier-Schlumberger, MM. Bordes, Garland, Garrigou
Grandchamp, Penent.
Invités : Mmes Caille et
Berto, de Lombez, Noémie Ollier, Justine Vincent, documentaliste à l’INRAP,
M. Éric Tranier.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 18 novembre, qui est adopté.
La
correspondance comprend l’invitation par le Président du Conseil général du
Lot à la présentation, le 8 décembre, de l’ouvrage Donjons et châteaux du Moyen Âge dans le Lot.
Le
Président fait circuler le dépliant, communiqué par Inocencia Queixalós, de
l’exposition Le Midi antique.
Photographie et monuments historiques (1840-1880), organisée par le musée
départemental Arles antique.
Il
fait également circuler le nouveau dépliant de présentation de l’ensemble
conventuel des Jacobins. Curieusement, on y reconnaît en dernière page une
photographie du cloître… des Augustins ! Le plus important est cependant
l’aller voir la nouvelle présentation de l’église, laquelle a coûté 3,2
millions d’euros. Le Président dit avoir été pour sa part très déçu par
l’éclairage. Le plus dommage est que pour masquer les lampes, on a aussi
masqué la partie basse des fenêtres magnifiquement restaurées par Sylvain
Stym-Popper.
Le
Président signale encore l’inauguration de l’exposition du Musée
Paul-Dupuy, Traits secrets. Le portrait,
pour laquelle notre Société a prêté une héliogravure représentant Paul
Sabatier.
La parole est à Jean-Luc Boudartchouk et Éric Tranier pour une communication consacrée à Saint-Majan de Lombez.
Le
Président remercie Jean-Luc Boudartchouk et toute l’équipe qui s’est
attachée à cette histoire passablement compliquée, avec beaucoup de sens
critique. Il a le sentiment que c’est finalement l’archéologie qui pourrait
apporter des éléments sur la réalité de ce saint et sur la chronologie.
Après
avoir rappelé qu’il n’a pas été trouvé grand-chose sur la Lombez
antique, Dominique Watin-Grandchamp demande s’il n’existe pas de carte plus
ancienne que le plan cadastral « napoléonien ». Éric Tranier
indique que l’on ne dispose pas de carte ancienne mais que l’on a des
compoix.
Dominique
Watin-Grandchamp relève que le chemin qui monte à chapelle témoigne d’une
fréquentation qui a persisté, et elle se demande si le site ne pourrait être
à l’origine une villa, et si le
sarcophage de la cathédrale de Lombez ne pourrait en provenir. Jean-Luc
Boudartchouk ne le croit pas, alors que le sarcophage semble toujours avoir été
dans la cathédrale et que ceux de Saint-Majan proviennent du site lui-même.
Répondant
à une question de Michelle Fournié, Jean-Luc Boudartchouk dit que l’on ne
trouve pas de sites appelés Saint-Majan en dehors du Biterrois et de Lombez.
Puis à Laurent Macé, il répond qu’il n’y a pas de lien direct entre la
Gascogne et la forêt de Bouconne, en ajoutant qu’il est intéressant de noter
que les noms gascons sont mal orthographiés dans le texte de la Vie de saint Majan.
Patrice
Cabau dit qu’il s’est intéressé à saint Majan, parfois qualifié d’évêque,
lorsqu’il travaillait à établir la liste épiscopale de Toulouse. Le dossier
hagiographique lui était apparu bien problématique, notamment par suite de la
complication introduite par les Bollandistes qui ont confondu le saint méridional
Majan et le saint breton Méhen (Acta Sanctorum Iunii IV 1707 et BHL
5944-5946). Il est d’accord avec J.-L. Boudartchouk pour les distinguer complètement.
Pour autant, son interprétation des documents relatifs à saint Majan de Lombez
diffère un peu de celle présentée par son confrère. Les pièces utiles qui
nous sont parvenues ont été copiées dans les années 1670 par Claude
Estiennot de la Serrée. Il s’agit d’abord d’un texte tiré d’un
manuscrit de l’abbaye d’Eysses, au diocèse d’Agen, publié très
partiellement en 1733 par Joseph Vaissete et Claude Devic parmi les preuves de
leur Histoire générale de Languedoc, sous un titre qui en marque
clairement l’organisation : Extrait de la vie, de la translation &
des miracles de S. Majan, confesseur ; le schéma ternaire n’apparaît
guère dans les notices un peu confuses des Bollandistes (BHL 5945-5946).
La date de composition de l’état final de cette pièce peut-être située
autour de l’an mil, étant donné que l’auteur y fait le récit d’un
miracle dont il déclare avoir été le contemporain et qui met en scène le
vicomte de Béziers et d’Agde Guillaume, lequel vivait vers 982-990. Il
s’agit ensuite d’un acte de donation tiré des archives de l’abbaye de
Saint-Thibéry, au diocèse d’Agde, dont Jean Mabillon a publié en 1680 et
1704 quelques très brefs passages. Les Bénédictins continuateurs de la Gallia
Christiana l’ont intégralement édité en 1785, ainsi qu’Émile Mabille
en 1875 dans les notes additionnelles de la troisième édition de l’Histoire
générale de Languedoc. Dom Mabillon le datait de 793, dom Vaissete et dom
Devic de 810, leurs confrères mauristes de 790 ; dès 1872, Mabille a dénoncé
un faux. Cette charte supposée, émanée d’un prétendu « Raimundus
Raphinel, gratia Dei dux Aquitanorum », contient cependant des éléments
fiables concernant le lieu de Lombez cédé à Saint-Thibéry : locum
qui appellatur Lumbers, situm in territorio Tolosano, super rivulum Savæ, in
quo est ecclesia consecrata in honore genitricis Dei Mariæ, & oratorium non
longe positum, in quo requiescit Christi confessor Majanus ; elle paraît
avoir été fabriquée au XIIe siècle, peut-être aux alentours de
1125, date à laquelle l’abbé de Lombez Arnaud fit donation à Saint-Étienne
de Toulouse de l’église Sainte-Marie de Lombez, cum suis pertinentiis.
Pour terminer, P. Cabau signale que deux manuscrits peuvent fournir des
informations quant au culte de saint Majan dans le diocèse de Béziers :
ce sont un missel du XIVe siècle, et un bréviaire du XVe
dont le Propre contient des leçons tirées de la Vie du saint
(B.N.F., fonds latin, mss. N.A. 297 et 1059).
Jean-Luc
Boudartchouk observe que l’intérêt se porte sur saint Majan vers 890, alors
que ce n’est plus le cas en 1125. La Vie
du saint est entièrement reforgée, mais en conservant un fond ancien. Patrice
Cabau ajoute qu’il est beaucoup plus clair maintenant que les questions sur
les deux traditions hagiographiques doivent être traitées au plan régional.
Le Président donne à nouveau la parole à Jean-Luc Boudartchouk pour une communication brève sur la Bataille du Mont des Couleuvres.
Le
Président remercie notre confrère de nous avoir révélé ce site « historique »
puisque mentionné par un texte, et qui mériterait de faire l’objet de
fouilles archéologiques. Le morceau de sculpture est en tout cas splendide.
Comme
Dominique Watin-Grandchamp relève que le texte fait mention de marbre, Jean-Luc
Boudartchouk précise qu’en fait de marbre, il s’agit de calcaire jaune et
qui n’a pas été exploité sur le site lui-même. L’hypothèse la plus
vraisemblable pour ce site proche de la route est celle d’un petit sanctuaire.
Dominique Watin-Grandchamp suppose alors que les témoins voient en fait les
ruines et les marbres dont subsiste le fragment de vasque : Jean-Luc
Boudartchouk pense que le texte rapporte en effet un témoignage vécu.
Marie
Vallée-Roche signale la présence de pierre marbrière dans une zone assez
proche du site.
Au titre des questions diverses, Dominique Watin-Grandchamp présente le résultat de ses recherches iconographiques sur les peintures d’un enfeu de l’Hôtel Saint-Jean de Malte.
Le
Président la remercie de nous avoir fait partager cette recherche tout à fait
passionnante. Sophie Cassagnes-Brouquet ne croit pas qu’il soit nécessaire
d’imaginer un commanditaire connaissant le grec, alors que les hospitaliers
sont tout à fait susceptibles d’être à l’origine de l’iconographie
orientale du saint Christophe. Dominique Watin-Grandchamp s’interroge néanmoins
sur la culture de Pierre de Toulouse qui lui semble avoir fait de l’enfeu une
affaire très personnelle. Laurent Macé remarque que l’iconographie grecque
fait de saint Christophe un saint guerrier, ce qui le cas ni à Toulouse ni à
Panjas. Nelly Pousthomis-Dalle souligne que l’hypothèse proposée est en tout
cas beaucoup plus convaincante que les précédentes, et qu’il est intéressant
que le diable foulé aux pieds puisse être une évocation des errements de
Pierre de Toulouse. Dominique Watin-Grandchamp rappelle la vocation de prosélyte
de saint Christophe, qui aboie et convertit.
Laurent
Macé demande quelles sont les autres représentations connues de ce type et de
quelle époque datent les peintures de Panjas (Gers). Dominique Watin-Grandchamp
répond que le repérage n’a pas vraiment été fait pour le domaine français ;
quant aux peintures de Panjas, elles sont dites du milieu du XIIIe siècle.
Michelle
Fournié note que Jacques de Voragine a ignoré le saint Christophe cynocéphale,
et qu’il serait intéressant de savoir si des légendiers de la région
avaient conservé ce caractère.
SÉANCE DU 16 DECEMBRE 2014
Présents : MM. Cazes, Président,
Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire-adjoint ;
Mmes Andrieu, Cazes, Fournié, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone,
Pradalier-Schlumberger, Vallée-Roche, MM. Peyrusse, Surmonne, Testard, membres
titulaires ; Mmes Lamazou-Duplan, Queixalós, MM. Laurière, Macé,
Mattalia, membres correspondants.
Excusés : M. Scellès,
Secrétaire général, Mmes Balty, Bessis, Friquart, le Père Montagnes, le général
Garrigou Grandchamp, MM. Balty, Bordes, Piques, Suzzoni.
Invitée : Mme Mélanie
Chaillou.
Le
Président ouvre la séance à 17 heures. Il fait d’abord circuler les
diverses invitations reçues par la Société, puis il présente quatre ouvrages
récemment parus qui lui ont été offerts pour sa bibliothèque :
-
Véronique Lamazou-Duplan (dir.), Signé Fébus, comte de Foix, prince de Béarn.
Marques personnelles, écrits et pouvoir autour de Gaston Fébus, Pau,
Université de Pau et des Pays de l’Adour, Paris, Somogy, 2014, 224 p. ;
-
Nelly Blaya, Nicolas Bru, Le mobilier des églises du Moyen Âge dans le Lot,
collection « Patrimoine Midi-Pyrénées », [Toulouse], C.R.M.P.,
2014, 124 p. ;
-
Gilles Séraphin [et autres], Donjons & châteaux du Moyen Âge dans le
Lot, collection « Archives de Pierre », Portet-sur-Garonne, Éditions
Midi-Pyrénéennes, 2014, 384 p. ;
-
L’empire de la couleur de Pompéi au sud des Gaules, catalogue
d’exposition (15 novembre 2014-22 mars 2015), Toulouse, Musée Saint-Raymond,
2014.
Henri
Pradalier fait don de cinq livrets de la série « Monuments historiques et
objets d’art du Languedoc-Roussillon » édités par la Direction des
Affaires culturelles de cette Région.
Le
Président remercie vivement auteurs et donateurs de contribuer à
l’enrichissement de l’un de nos instruments de travail essentiels.
Il
annonce ensuite que notre confrère Laurent Macé vient d’accepter
d’illustrer la prochaine séance publique annuelle de la S.AM.F. avec une conférence
ayant pour thème « Les comtes de Toulouse au miroir de leurs sceaux ».
Enfin,
Daniel Cazes commente les informations concernant les orientations de la
politique culturelle municipale contenues dans le dernier numéro du magazine
publié par la Ville de Toulouse (à Toulouse, n° 36, décembre
2014-janvier 2015).
La parole est à Patrice Cabau pour sa communication portant sur Le décor héraldique de la « tour des Lautrec » à Vielmur-sur-Agoût (Tarn).
M. Cazes remercie l’intervenant et constate que l’étude de ce décor, découvert en 1992 par nos collègues Dominique Watin-Grandchamp et Guy Ahlsell de Toulza, s’est approfondie au fur à mesure de ses présentations successives. Désormais, la datation du remaniement de la construction médiévale coïncidant avec l’exécution du décor mural peint orné d’une frise d’écus armoriés s’établit autour de 1300. Pour le détail des analyses archéologique et héraldique, Patrice Cabau renvoie au rapport publié cette année, dont un exemplaire a été offert à la Société par l’entreprise d’investigation archéologique Hadès, chargée d’étude par la DRAC de Midi-Pyrénées. Laurent Macé intervient pour signaler qu’il donnera prochainement des précisions sur la crotz ramondenca utilisée par certains membres de la famille des vicomtes de Lautrec.
La parole est à Nicole Andrieu pour sa communication intitulée Château de Montlaur. Panneaux de cuirs dorés.
Photographies : Conseil général de la Haute-Garonne / archives départementales / Bruno Venzac et Guy Jungblut.
M.
Cazes remercie l’intervenante et qualifie de « splendides » ces pièces
de cuir peint et doré, qui sont peu connues en France, à la différence de
l’Espagne et de l’Italie. Il demande s’il existe un inventaire de ce type
d’œuvre. Mme Andrieu dit qu’il n’y en pas. Elle signale que ces panneaux,
généralement dénommés « cuirs de Cordoue », subsistent en nombre
dans nos régions, et elle cite l’exemple d’une église du sud de
l’Aveyron, Notre-Dame d’Orient, dans laquelle tous les devants d’autels
sont en cuir orné. À une question de Mélanie Chaillou l’interrogeant sur le
mode originel de présentation, Nicole Andrieu répond que les pièces de cuir
étaient tendues sur des châssis, comme les toiles, pratique assurant aération
et donc bonne condition de conservation. Louis Peyrusse s’étant enquis de
l’articulation entre panneaux de cuir et boiseries au château de Montlaur,
Mme Andrieu déclare qu’on ne peut rien dire à ce sujet, étant donné que la
provenance exacte des pièces de cuir qui se trouvent dans ce château demeure
inconnue.
Guy
Ahlsell de Toulza intervient pour préciser qu’il a existé deux types de
cuirs bien distincts : d’une part des cuirs estampés à chaud façon
Cordoue ou Mâlines, à décor floral ; d’autre part des cuirs peints
historiés, à l’iconographie de tenture, à la manière des tapisseries de
cuir d’Écouen. Concernant le second type, Louis Peyrusse évoque les
peintures sur soieries ; s’agissant du premier, Martine Jaoul mentionne
les reliures estampées des livres du XVe ou du XVIe siècle.
Au titre des questions diverses, un échange de vues s’engage quant au souhait, exprimé par plusieurs membres, de présenter la Société archéologique du Midi de la France au nouveau maire de Toulouse. Le Président conclut en demandant à la Compagnie si elle est d’accord pour qu’une délégation rencontre M. Moudenc. La proposition ayant reçu l’assentiment unanime, Daniel Cazes dit qu’il va rédiger le courrier sollicitant cette entrevue.
SÉANCE DU 6 JANVIER 2015
Présents : MM. Cazes, Président,
Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry, Bibliothécaire-archiviste,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes
Cassagnes-Brouquet, Cazes, Fournié, Jaoul, Napoléone, Pradalier-Schlumberger,
MM. Balty, Catalo, Garland, Garrigou Grandchamp, Lassure, Peyrusse, Surmonne,
Testard, membres titulaires ; Mmes Balty, Bessis, Queixalós,
MM. Capus, Darles, Mattalia, Penent, Piques, Suzonni, Veyssière, membres
correspondants.
Excusés : M. Latour,
Bibliothécaire-adjoint, Mmes Haruna-Czaplicki, Heng, Lamazou-Duplan,
Merlet-Bagnéris, Nadal.
Le Président ouvre la séance en souhaitant à tous une très bonne année 2015, riche de réalisations personnelles et aussi de nombreuses interventions et communications qui font le plaisir et l’intérêt de la vie de notre Société. Il est d’ailleurs déjà possible de s’inscrire dans le programme de l’année 2015-2016.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal du 2 décembre dernier, qui est adopté.
Le
Président rend compte de la correspondance. Outre diverses invitations, nous
avons reçu une lettre de candidature au titre de membre correspondant de notre
Société de M. Pierre Pisani, chef du Service archéologique de Toulouse Métropole,
qui sera examinée par le Bureau.
Pour
le concours, la seule candidature à nous être parvenue est celle de M. Shun
Nakayama, auteur d’une thèse sur l’histoire de notre Société sous la IIIe
République, candidature qui ne peut cependant pas être retenue puisque M. Shun
Nakayama a déjà été primé par notre Société.
Nous
sommes en attente de la réponse à notre demande de rendez-vous avec le Maire
de Toulouse.
Le Président signale l’article que La Dépêche du Midi a consacré au sauvetage d’un chef-d’œuvre en péril, le Château des Verrières. En précisant que les travaux sont en cours depuis une bonne année, Maurice Scellès se reproche de ne pas avoir pensé à en informer la Société, alors qu’il passe régulièrement, en voisin, devant le chantier. Louis Peyrusse souligne que la restauration ne concerne que l’aspect extérieur de l’édifice. Henri Pradalier rappelle que lors du réaménagement de l’Hôtel d’Assézat pour l’installation de la Fondation Bemberg, nous avions demandé à occuper les Château des Verrières, ce qui n’a pas été accepté : notre Société aurait conservé les peintures de Bénézet.
À signaler également l’acquisition pour notre bibliothèque, due à la diligence de Jacques Surmonne : La grande généralité de Montauban – Quercy, Rouergue, Gascogne, pays de Foix – sous Louis XIV…, 2 tomes, édition critique et étude par Patrick Ferté, Éditions du CTHS, 2014.
La parole est à Frédéric Veyssière pour une communication sur de Nouvelles données archéologiques sur la carrière de marbre Grand-Antique d’Aubert (Ariège).
Le
Président remercie Frédéric Veyssière d’avoir attiré notre attention sur
ce site, à l’occasion, hélas ! de la reprise d’exploitation de la
carrière. Il dit s’être toujours étonné que ce site tout à fait
extraordinaire, et qui a beaucoup de charme, soit à ce point méconnu.
Sommes-nous donc aussi peu intéressés par notre patrimoine antique ?
Comment n’a-t-on jamais eu l’idée à Aubert de protéger et de mettre en
valeur ce site comme on le fait dans toute l’Europe ? Des mesures de
protection sont-elles envisagées, au moins sur le front de taille, alors que
l’exploitation va reprendre ? Y a-t-il une prise de conscience locale ?
Frédéric
Veyssière indique que la carrière appartient aujourd’hui à une société de
carriers de Carrare : le marbre sera exploité en petits blocs, leur
dimension étant limitée par le passage obligé par le pont sur la Lèze, qui
seront traités en Italie pour fabriquer des objets mobiliers. Frédéric Veyssière
souligne que le site est aussi un patrimoine naturel exceptionnel, car il
s’agit d’une formation géologique rare. Les contacts qu’il a eus sur
place ne lui ont pas révélé d’intérêt particulier pour la carrière, ce
que regrette le Président en rappelant qu’à l’étranger, de nombreuses
personnes s’intéressent au grand antique d’Aubert, l’une des grandes
carrières de marbre de l’Antiquité. Daniel Cazes rappelle que la question de
la diffusion du marbre noir Grand Antique d'Aubert dans le monde romain
finissant (IVe-Ve siècle) a beaucoup intéressé deux chercheurs de l'Université
autonome de Barcelone, le professeur d'archéologie et d'histoire de l'art
romain Isabel Rodà et le géologue Aureli Alvàrez, qui ont montré que ce matériau
très apprécié s'est largement répandu et est parvenu jusqu'en Grèce
En
réponse à une question de Pierre Garrigou Grandchamp, Frédéric Veyssière
donne des précisions sur la zone d’exploitation prévue, où les fouilles
n’ont d’ailleurs révélé que du marbre noir en surface mais qui peut-être
se révèlera être de la brèche lors de son traitement en Italie.
Maurice
Scellès indique qu’il y a une quinzaine d’années, les derniers carriers
français de Caunes-Minervois envoyaient leurs blocs de marbre en Italie où ils
étaient sciés en plaques qui revenaient ensuite en France.
Comme
Guy Ahlsell de Toulza dit avoir été toujours très étonné de la précision
avec laquelle les Romains étaient capables d’identifier des gisements de
marbre, Frédéric Veyssière indique que le pont repose sur un affleurement de
grand antique, qui était donc repérable dans le lit de la rivière. Des
prospections réalisées par l’Université ont par ailleurs signalé quelques
traces d’exploitation au bord de la Lèze, mais le grand antique ne peut être
présent qu’en un point précis, parce qu’il résulte d’un évènement
particulier, un éboulis à l’origine de la formation de la brèche qui le
caractérise.
Maurice
Scellès voudrait savoir si tout le marbre réputé être du grand antique
d’Aubert peut effectivement provenir de cette carrière. Frédéric Veyssière
pense qu’il est difficile d’évaluer le volume exploité dans l’Antiquité,
d’autant qu’il existe peut-être quelques brèches de ce type dans les
Alpes. Le grand antique d’Aubert est cependant très reconnaissable. Pour Jean
Balty, il faudrait disposer d’un inventaire sérieux des éléments fabriqués
avec ce marbre et retrouvés sur les sites archéologiques. Daniel Cazes dit
que, s’il s’agit bien du même marbre, ce sont surtout des colonnes qui
auraient été produites, et plutôt à la fin de l’Antiquité ; on en
connaît dans des églises, y compris en Grèce. La question de son exploitation
sous le Haut-Empire est posée.
Jean
Catalo donne l’exemple d’assez nombreux éléments de placage en grand
antique d’Aubert, retrouvés dans les fouilles de l’École d’économie à
Toulouse. En regard du volume que l’on peut imaginer, la carrière paraît
bien petite, d’autant que son aspect actuel résulte de l’exploitation
moderne. Frédéric Veyssière répond que la carrière se trouvant plusieurs mètres
au-dessus de la Lèze, il faut peut-être imaginer que d’autres exploitations
ont été possibles au bord de la rivière. Pour Quitterie Cazes, un inventaire
des lieux où a été retrouvé du grand antique d’Aubert serait sans aucun
doute très intéressant. Les morceaux mis au jour à Toulouse semblent avoir
appartenu à des monuments de grand prix, et l’on pourrait avoir à la fin de
l’Antiquité une exploitation réduite mais destinée à des édifices de
prestige. Jean Balty dit que c’était là le sens de sa question : à
l’échelle de l’Empire, l’exploitation paraît bien limitée, mais elle
pourrait se comprendre à une période tardive.
Comme
Maurice Scellès remarque que la pile présente un appareil qui ne surprendrait
pas un médiéviste, Frédéric Veyssière confirme qu’il s’agit bien
d’une pile romaine, de 2,70 m de côté, en maçonnerie pleine et offrant une
niche sur un côté.
Au titre des questions diverses, Guy Ahlsell de Toulza propose une série de photographies prises il y a environ un an, pendant les travaux réalisés à l’Hôtel du Vieux-Raisin.
Il
conclut sa présentation en insistant sur la place très importante qui est
celle des sculptures de l’Hôtel dans l’art de la Renaissance à Toulouse.
Certaines ont déjà été remplacées et d’autres sont dans un état
alarmant, au point qu’il faut se demander s’il ne faudrait pas les déposer
dans un musée pour en assurer la conservation.
Le
Président le remercie de nous avoir fait faire cette visite qui nous a permis
d’avoir une idée plus précise de ce très célèbre hôtel de Toulouse, et
d’une partie de ses intérieurs. On constate une absence complète de
continuité dans les travaux qui montrent qu’il n’y a pas de plan
d’ensemble. Il semble que nous ne soyons pas capables de mettre en place des
programmes cohérents.
SÉANCE DU 20 JANVIER 2015
Présents : MM.
Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry,
Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ;
Mmes Andrieu, Haruna-Czaplicki, Fournié, Jaoul, Lamazou-Duplan,
Merlet-Bagnéris, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, Vallée-Roche, MM. Catalo,
Garrigou Grandchamp, Geneviève, Lassure, le Père Montagnes, MM. Peyrusse,
Stouffs, Surmonne, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes
Bessis, Czerniak, Nadal, Jiménez, Viers, MM. Darles, Macé, Mattalia, Penent,
Piques, Suzzoni, membres correspondants.
Excusés : M.
Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mmes Balty, Heng, Queixalós, Watin-Grandchamp,
MM. Balty, Bordes, Boudartchouk, Garland.
Invité : M.
Georges Cugulière.
Le Secrétaire général donne lecture des deux procès verbaux des séances précédentes qui sont adoptés après de petites corrections. Le Président rappelle que les procès-verbaux sont mis en ligne au fur et à mesure de leur validation sur le site internet de la Société. Maurice Scellès précise qu’il faut distinguer le procès-verbal de séance de la version mise en ligne qui est une préparation à la publication. Il invite les intervenants à consulter ces procès-verbaux s’ils souhaitent enrichir les informations qui y apparaissent. Le Président ajoute que les procès-verbaux mis en ligne mettent en jeu la crédibilité extérieure de la société, et qu’il faut donc veiller à leur caractère exact. Il rappelle donc aux membres qui n’auraient pu être présents pour la relecture, qu’il leur faut penser à les vérifier en ligne, pour signaler d’éventuelles corrections ou pour faire ajouter une photographie qui viendrait illustrer leur propos.
Concernant le courrier reçu le Président cite l’invitation de M. Christophe Marquez, président de la Société du Patrimoine du Muretain à venir entendre la conférence de F. Bordes, sur l’Histoire de la photographie toulousaine le 19 janvier 2015. Il précise qu’il n’a pas encore reçu de réponse quant à la proposition de la Société de rencontrer le maire de Toulouse, dans le cadre du classement possible de la ville au titre du patrimoine mondial de l’UNESCO. Il rappelle que la cotisation annuelle doit être réglée impérativement dans le premier trimestre de l’année. Enfin il invite tout un chacun à diffuser à nouveau l’appel à candidature pour le concours qui se termine fin janvier, et qui n’a toujours pas reçu de réponse.
Le Président ouvre ensuite l’Assemblée générale. Il commence par la lecture du rapport moral de la Société pour l’année civile 2014 :
Comme chaque année, depuis 1832, le troisième mardi de janvier, votre président doit se plier à l’exercice du rapport dit moral sur les activités de l’année précédente. Dit moral parce qu’il rend compte du respect de nos règles de conduite, définies par nos statuts, d’une part, et d’autre part met l’accent sur ce que nous avons bien ou mal fait ensemble au cours de l’année 2014. Les circonstances atténuantes étant connues, rassurez-vous, le jugement sera moins manichéen.
Notre activité, ce sont avant tout les communications. Le programme en fut dense en 2014 : pas moins de vingt-cinq exposés. Par rapport aux dernières années, un plus grand équilibre s’est établi entre l’Antiquité (cinq sujets), le Moyen Âge (dix) et les Temps Modernes (dix encore). Ces travaux ont concerné sept départements : l’Ariège, le Gers, la Haute-Garonne, l’Hérault, le Lot, le Tarn et le Tarn-et-Garonne.
À ces communications présentées lors de nos séances ordinaires, n’omettons pas d’ajouter la belle conférence donnée par notre directeur, Henri Pradalier, sur les peintures romanes des Pyrénées, devant une salle archi-comble, lors de notre séance publique. Ni la visite du fonds patrimonial de la basse vallée de l’Ariège, à Venerque, sous la direction de notre confrère Louis Latour, et celle, le même jour, de l’église du lieu, sous la conduite de Maurice Scellès et Diane Joy. Enfin, rappelons la visite faite, au musée des Augustins, avec Charlotte Riou, conservateur de ses sculptures, de la splendide exposition « Trésors enluminés, de Toulouse à Sumatra ».
Un grand sujet de satisfaction est la multiplication en 2014 des questions diverses. Elle prouve que notre Société est un lieu d’information et d’échange sur ce qui advient dans notre Midi en matière de Patrimoine. Des questions importantes, souvent inédites, ont été abordées par nombre d’entre nous, de façon détaillée ou brièvement. Nous ne pouvons tout rappeler, mais avons ainsi beaucoup appris sur la découverte d’un tronc-reliquaire paléochrétien à Minerve, les fouilles de Saint-Géraud d’Aurillac, une cuve baptismale sculptée de Miers (Lot), le remontage de la façade de la salle capitulaire de l’abbaye de Bonnefont, le curieux saint Christophe cynocéphale peint sur un enfeu de Saint-Jean de Jérusalem à Toulouse, le devenir du Palais de Via à Cahors, la restauration de la halle de Grenade, un splendide plafond peint médiéval de Montpellier, la réapparition en vente d’un fragment de pontifical catalan du milieu du XIVe siècle, les découvertes de l’ Hôtel de la Mamye à Toulouse, une statuette de Cérès en argent créée en 1775 par l’orfèvre Vinsac, l’histoire de l’ École des beaux-arts de Toulouse, avant de nous pencher ensemble, avec un humour inévitable, sur d’anciennes photographies de la présentation de nos musées archéologiques de Saint-Bertrand-de-Comminges.Plusieurs de ces questions ont suscité l’émoi de notre Société, à propos des mauvaises procédures de traitement, de restauration, voire d’abandon de certains monuments ou ensembles muséaux : Bonnefont, Bruniquel, la chapelle de l’Emboulari à Moissac ; à Toulouse : les Jacobins, les sculptures romanes des Augustins, Saint-Sernin et ses abords, les hôtels de la Renaissance, le Quai Saint-Pierre, le monument wisigothique de l’ École d’économie, l’avenir du fonds Jean-Dieuzaide ; à Cahors, le site archéologique de la rue André-Breton et le Palais de Via. Pour obtenir la prise en compte de l’intérêt patrimonial de ce dernier, notre secrétaire général Maurice Scellès et Pierre Garrigou-Grandchamp ont établi un rapport que nous avons joint aux courriers adressés au ministre de la Culture, à la DRAC de Midi-Pyrénées, à l’architecte des bâtiments de France, au maire de Cahors, au président du Conseil général du Lot. Il est permis de croire que notre intervention n’a pas été inutile, puisqu’il nous a été assuré en retour que l’on allait enfin diligenter une étude de cet important palais médiéval.
La Société s’est réjouie par ailleurs de l’extension du musée de l’Arles antique, de la restauration et de l’entretien du portail et du cloître romans de Saint-Trophime dans cette ville, de l’ouverture du musée Soulages et de la donation faite par ce peintre à la Ville de Rodez, des mesures de sauvegarde prises pour le trésor de l’église de Saint-Béat, de l’acquisition d’un portrait de Nicolas Tournier par la Fondation Bemberg…
Lors de notre séance du 16 décembre, il a été décidé qu’une délégation de notre société irait rencontrer le maire de Toulouse pour faire le point sur le patrimoine monumental, muséal et archéologique de cette ville en pleine expansion, et lui proposer expertise et aide éventuelle de notre Société, pour que ce patrimoine bénéficie de plus d’égards et de projets dignes de ce nom. L’ambition de Toulouse étant de demander son classement au Patrimoine mondial de l’UNESCO, il est temps de se préoccuper du triste état de nombreux monuments, de l’extension des musées, de la sauvegarde et la mise en valeur des vestiges archéologiques.Sans doute faudra-t-il entreprendre cette démarche auprès d’autres communes et responsables patrimoniaux du Midi de la France, pour que notre compagnie renoue pleinement avec ses pratiques, statutaires rappelons-le, du XIXe siècle, qui ont été fructueuses pour la conservation de biens archéologiques et artistiques. Mais ne sous-estimons pas le travail et l’implication que cela demande à tous nos membres, et restons sereins face aux difficultés d’une telle action. Nos prédécesseurs ont connu, certes, des succès, mais aussi de nombreux échecs face à l’indifférence, à l’inculture, aux méandres insondables de la politique et de la bureaucratie.
lire la suiteLes collections de notre bibliothèque, de nos archives se sont enrichies, notamment grâce à de nombreux membres qui se sont ainsi honorés, sous la vigilance et la haute compétence de Christian Péligry, qui vous fera rapport après moi, et de tous ceux qui l’aident avec un grand dévouement : Jacques Surmonne, Michèle Pradalier-Schlumberger, Geneviève Bessis, Georges Gugullière. Tout cela, c’est bien sûr du travail : rangement, remise en état, reliure, catalogage, échanges, accueil des lecteurs et chercheurs, prêts, et nous les remercions tous bien vivement. La même gratitude est due à Louis Latour, notre ancien bibliothécaire, qui envoie les convocations, recueille les excuses des membres, assure un lien amical avec tous.
Les autres membres de l’actuel Bureau et ceux qui les aident la méritent aussi : Maurice Scellès et Patrice Cabau, nos secrétaires, qui, manquant de temps pour établir, corriger, mettre en ligne sur notre site Internet nos procès-verbaux de séance ou d’autres informations, ont reçu le renfort apprécié d’Émilie Nadal, qui fait vivre la page Facebook de notre Société ; Guy Ahlsell de Toulza, notre irremplaçable trésorier, qui fait tant d’autres choses ; Henri Pradalier, enfin, l’un de nos présidents honoraires, toujours de bon conseil, qui procède à d’utiles relectures et corrections des textes de nos Mémoires. Il faut dire qu’à ce travail a activement collaboré un autre de nos présidents honoraires, Louis Peyrusse. Cela est normal, dira-t-on, puisque, chez nous, les anciens présidents n’ont pas de droit à la retraite. J’en veux encore pour preuve la présence hebdomadaire de Michèle Pradalier-Schlumberger, qui s’occupe des échanges et envois des Mémoires.
Revenons sur le travail de mise en forme et de publication de nos Mémoires, qui est considérable. Un grand merci à Anne-Laure Napoléone, qui, secondée par Jean-Luc Boudartchouk et Maurice Scellès, accomplit, dirige, coordonne cette tâche essentielle. Grâce à eux, le tome LXI a paru à l’automne, et le tome suivant est sous presse.Concernant l’état de ses membres, notre Société a déploré le décès, le 18 septembre 2014, de Maurice Greslé-Bouignol, directeur honoraire des Archives du Tarn de 1946 à 1985. Trois nouveaux membres correspondants ont été élus : Jean-Louis Augé, Jean-Pierre Suzzoni et Stéphane Piques. Marie Vallée-Roche et Christian Péligry ont été élus membres titulaires, et Lisa Barber membre libre, à sa demande, car elle réside de nouveau en Angleterre. Enfin, lors de l’assemblée générale de janvier 2014, Christian Péligry a été élu bibliothécaire-archiviste, Maurice Scellès et votre serviteur ont été réélus secrétaire général et président.
Quelques mots pour le concours de 2014. Stéphane Piques, pour sa thèse sur « La céramique dans le territoire industriel de Martres-Tolosane » et Marie-Germaine Beaux-Laffont pour la sienne sur « Les entreprises en céramique des Fouque et Arnoux en Midi toulousain au XIXe siècle », ont reçu un prix spécial de notre Société. Le prix Ourgaud a été attribué à Marjorie Guillin, pour sa thèse, intitulée « L’anéantissement des arts en province ? L’Académie royale de peinture, sculpture et architecture de Toulouse au XVIIIe siècle (1751-1793) ». Les lauréats ont reçu leur prix et une médaille d’argent lors de notre séance publique du 23 mars. Ce concours, en couronnant des travaux novateurs, nous ouvre vers l’avenir, et encore plus lorsque certains des chercheurs couronnés rejoignent ensuite nos rangs, comme ce fut le cas de Stéphane Piques. Par ailleurs, lors de sa journée foraine du 15 novembre, notre Société a remis au maire de Venerque, monsieur Michel Duviel, en présence de madame Hélène Breton, ancien maire de cette commune et vice-présidente honoraire du Conseil régional, sa médaille d’argent, pour saluer l’action de cette municipalité en faveur du Patrimoine.
En ce premier mois de la nouvelle année 2015, nous sommes cent dix pour soutenir et faire vivre notre société, un chiffre dont seraient fiers nos fondateurs. Il montre que nous servons encore à quelque chose, au milieu d’institutions patrimoniales publiques et privées qui se sont multipliées et étoffées depuis le milieu du XXe siècle, et dont on aurait pu croire qu’elles remettraient en cause notre existence. Sans doute notre utilité publique, reconnue en 1850, se trouve-t-elle dans la diversité de nos formations, de nos approches méthodologiques, de nos sensibilités et, surtout, dans notre volonté commune de les confronter, les associer, avec le plaisir de se retrouver régulièrement dans cette salle. Ainsi, pensons-nous pouvoir toujours jouer un rôle, autre, largement ouvert sur tout et vers tous, dans nos disciplines et la prise de conscience patrimoniale. Mais un rôle indépendant, comme nos statuts le requièrent, des pouvoirs et doctrines en vigueur, sans nécessairement les combattre de façon unilatérale et stérile.
Daniel CAZES
Des applaudissements nourris de la salle concluent la lecture du rapport moral.
Le
Bibliothécaire-archiviste, Christian Péligry, lit son rapport sur la vie de la
bibliothèque. Quitterie Cazes remercie M. Péligry pour son état précis et
peu connu de la bibliothèque. Patrice Cabau relève aussi, dans le rapport, la
nécessité d’améliorer les outils informatiques pour les bibliothécaires.
Le
Trésorier, Guy Ahlsell de Toulza, lit le bilan financier de l’année 2014.
Après l’avoir remercié pour la clarté de ce rapport, le Président souligne
effectivement que le bilan financier doit être nuancé par la prise en compte
des mémoires en retard de publication et du nécessaire renouvellement du matériel
informatique. Pierre Garrigou Grandchamp se demande si la Société ne devrait pas
penser à utiliser ses fonds pour l’enrichissement de ses collections
patrimoniales. Le Trésorier précise que ce fut déjà le cas par le passé, et
encore cette année avec l’acquisition de nombreux ouvrages anciens. Virginie
Czerniak en profite pour rappeler que la toile peinte du XVe siècle
dont elle avait parlé a été remise en vente chez Agut, toujours sans succès
pour le moment. Les rapports de l’Assemblée générale sont adoptés à
l’unanimité.
On procède ensuite aux élections du directeur, du trésorier et du secrétaire adjoint. Il s’agit en fait de réélections puisque se représentent aux mêmes postes : Henri Pradalier, directeur, Guy Ahlsell de Toulza, trésorier, et Patrice Cabau, secrétaire adjoint. Louis Peyrusse remercie très profondément les membres du bureau pour leur travail mais souligne combien il lui paraît important de laisser la place à la nouvelle génération. Le Président invite tous les membres, sinon à se présenter au Bureau, au moins à s’impliquer dans la vie de la Société, comme ont pu le faire Émilie Nadal ou Geneviève Bessis. Il reconnaît d’ailleurs avoir conscience du problème de représentation du Bureau en termes de parité.
Le Président donne maintenant la parole à Nicole Andrieu pour une communication courte sur « le « Suaire de saint Exupère » de la basilique Saint-Sernin de Toulouse » :
Le « suaire de Saint-Exupère », habituellement conservé à Saint-Sernin, était exposé jusqu’au 19 janvier au Musée du Louvre dans le cadre de l’exposition Le Maroc médiéval. Magnifique exposition qui a le mérite de relancer la recherche sur cette pièce textile, qui depuis sa redécouverte au milieu du 19e siècle, a suscité une très importante littérature, sans qu’il soit possible de retrouver l’origine exacte de cette étoffe ni les circonstances de son arrivée à Toulouse. Il n’est pas question ici de répondre à ces questions, mais de proposer un accord sur sa dénomination.
Tout est venu de deux faits précis : il y a quelques mois, au moment où le dossier de demande de prêt est parvenu à la DRAC, la conservatrice qui en était chargée ne trouvait pas sur la base Palissy la fiche de ce textile ; il y figurait bien mais sous la dénomination « pièce de tissu », terme lié au seul matériau, qui lui avait été attribué en 1897 quand il a été classé parmi les Monuments Historique. Plus récemment, en octobre dernier, quand le catalogue de l’exposition a été publié, la notice de cette « pièce de tissu » y figure sous la dénomination de « chasuble ».
En faisant un petit historique de la redécouverte de ce textile, on constate en effet une certaine incohérence dans sa dénomination. Entre 1897 et 2015, cette pièce de tissu a été successivement nommée : « chasuble », « tissu aux paons affrontés », « chape du roi du roi Robert », « suaire de saint Exupère », « pièce de tissu », « étoffe », etc.Ce dont l’on peut être sûr, c’est qu’il est lié aux reliques de Saint-Exupère : dans les archives de Saint-Sernin, un texte de 18461 est présenté comme une copie d’un texte de 1582, rappelant la profanation des reliques en 1581, par arrachage de toutes les pièces d’argent qui ornaient le reliquaire. Les bailes de la confrérie décident alors de réparer ce reliquaire et commencent par ouvrir le coffre : « les saintes reliques sont trouvées en 2 paquets couverts d’un certain drap de soie antique ou damas vert à figures à ramages et petits oisillons rouge et bleu et autres diverses couleurs ; ledit damas cousu et replié sembla à plusieurs avoir autrefois servi de chasuble à chanter la messe ».
En 1582, les bailes de la confrérie identifient le tissu de soie, mais comme un damas, alors qu’il s’agit d’un samit2 ; ils n’affirment pas qu’il s’agit d’une ancienne chasuble, mais disent avec prudence que certains d’entre eux le pensent. Fallait-il prendre cela comme une certitude ?
En 1852, ce tissu de soie est présenté à la Société française d’archéologie et c’est le début de l’histoire…Arcisse de Caumont, Charles de Linas publient cette découverte, en reprenant le terme de « chasuble ».
En 1872, Viollet-le-Duc parle de ce textile dans son Dictionnaire raisonné du mobilier français3 : il le date correctement – XIIe siècle –, l’identifie bien comme un samit, d’origine orientale, mais il reprend à son compte la dénomination « chasuble ».
Au XXe siècle, les choses se compliquent encore. Au début des années 1960, Georges Costa, alors inspecteur des MH, s’intéresse à ce textile et décide de faire coudre les deux morceaux principaux et 4 fragments épars pour en faire une sorte de chape. Cette décision entraîne une nouvelle dénomination, « Chape du roi Robert », liée cette fois à sa provenance supposée, la Sicile, en rapprochant les motifs figurés des décors de mosaïque de la chapelle palatine de Palerme.
Cliché J.-F. Peiré, DRAC de Midi-Pyrénées.Ce sont deux chercheurs du CIETA4 à Lyon, Dorothy Shepherd et Gabriel Vial en 1964, alors que ladite « chape » leur était confiée pour étude qui ont démontré que ce textile était d’origine hispano-mauresque, en le rapprochant d’autres pièces textiles similaires. Pourtant dans cet article, les deux chercheurs soulignent les erreurs de montage des reconstitutions précédentes.
Il faut rappeler qu’à l’origine, il y avait 9 fragments, désignés en 1852, lors d’un inventaire des reliques, comme « des lambeaux de soie ». 3 de ces lambeaux ont été prélevés dans les années 1892-1894 par le marchand Stanislas Baron, qui travaillait beaucoup avec le Musée de Cluny, d’où le fragment qui y est conservé ; mais il a vendu un autre fragment en 1894 au Victoria and Albert Museum de Londres, et le troisième est conservé au Bargello de Florence – ces 3 fragments étaient exposés au Louvre avec la pièce maîtresse.
Il reste donc à Toulouse 6 fragments qui sont restés dans l’état, jusqu’à l’intervention de Georges Costa au début des années 1960. Dans la notice qu’il a consacré à ce textile en 19905, G. Costa emploie la dénomination : « Tissu hispano-mauresque à décors de paons affrontés » et il précise bien qu’il a « paru indispensable de rassembler les deux grands morceaux et les 4 autres fragments, pour éviter leur dispersion, et pour assurer leur présentation cohérente suivant la forme du vêtement liturgique qu’ils avaient jadis constitué. » Vêtement liturgique, pourquoi pas, mais chape plutôt que chasuble, car ce qu’il en reste ne permet pas de reconstituer une chasuble, telles qu’elles pouvaient se présenter aux XIIe-XIIIe siècles. Les chasubles étant alors composées de deux triangles agrémentés de bandes décoratives, appelées « orfrois », alors que la chape est un demi-cercle, lui-même pourvu d’orfrois.
Dorothy Shepherd et Gabriel Vial avaient fait une étude très détaillée et très technique des pièces qu’ils avaient devant eux en 1964. Ils avaient remarqué que les deux grandes pièces ont été tissées à la suite l’une de l’autre et qu’elles constituaient à l’origine un seul tissu. Puis cette pièce unique a été coupée en deux. Mais la réunion des deux pièces montre des défauts. Et ils pensent que si chasuble il y a eu, il n’en reste qu’une partie, et cette partie restante a été utilisée pour envelopper les reliques.
Pour revenir au point départ, les bailes de la confrérie en 1582 ne sont pas unanimes pour désigner une chasuble, et pouvaient-ils imaginer que ce textile où sont tissés en caractères coufiques les mots « Suprême bénédiction», venait de l’Espagne maure ? N’était-il pas naturel que certains d’entre eux pensent immédiatement à une ancienne chasuble ? Mais encore une fois rien ne permet de l’affirmer, et la seule certitude, pour le moment, est qu’il a servi à envelopper les reliques de saint Exupère depuis le XIIIe siècle, comme il est précisé dans ce document de 1846, recopiant celui de 1582, où il était dit avoir été trouvé un parchemin de 1258 le confirmant.Il serait donc souhaitable que ce vénérable tissu garde sa dénomination « pièce de tissu » en ajoutant peut-être « dite suaire de saint Exupère » avant que les recherches en cours ne permettent de confirmer – ou d’infirmer – la dénomination de chasuble ou de chape.
Nicole ANDRIEU
Notes :
1. Archives de Saint-Sernin.
2. Samit : tissu de soie complexe.
3. E. Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carolingienne à la Renaissance, Paris, 1872, t. 3, p. 360.
4. Bulletin de liaison du CIETA, Janvier 1965, n° 21, p. 19 à 32.
5. G. Costa, dans Trésors et métamorphoses, exposition Toulouse-Paris, 1989-1990, p. 202-204.
Le
Président remercie l’intervenante pour cette présentation qui fait connaître
un objet, à la fois parmi les plus précieux de Toulouse, et en même temps
parmi les moins connus du fait de sa fragilité. Toujours conservé dans le
chapier de la chapelle Saint-Pierre à Saint-Sernin, ce tissu a considérablement
souffert depuis le XIXe siècle, période où il s’est vu exposé
dans la crypte à la lumière du jour, causant la perte irrémédiable d’une
grande partie de ses pigments. L’exposition du Louvre sur le Maroc médiéval
en expose plusieurs fragments, mais le morceau du Victoria & Albert Museum
est clairement le plus beau d’entre tous grâce à des normes de conservation
dès le départ plus rigoureuses. Les connaissances sur ce tissu ont considérablement
évolué. Alors qu’on le croyait venu de Sicile, puis de Cordoue, les
chercheurs espagnols pensent désormais qu’il s’agirait d’une production
espagnole datée de la 1ère moitié du XIIe, attribuable à un
atelier d’Almería.
Nicole
Andrieu précise que lorsque la demande de prêt est parvenue, les responsables
avaient émis un avis très défavorables, du fait de son extrême fragilité.
Dans la vitrine du Louvre, il a ainsi été placé directement dans le caisson
fabriqué pour son transport. Par ailleurs, un programme d’étude aurait été
proposé pour voir comment il sera possible de traiter ce textile, et comment le
conserver au mieux. Le président rappelle que lors de la grande exposition de 1992 sur
l’Art Islamique à l’Alhambra, ce « suaire » était une pièce
majeure de l’événement, particulièrement bien mis en valeur et vers
laquelle convergeaient tous les visiteurs. De fait le suaire à lui tout seul mériterait
la mise en place d’un Musée de l’œuvre de Saint-Sernin.
Guy
Ahlsell de Toulza demande comment le morceau du Victoria & Albert Museum
pourrait s’intégrer dans l’état actuel. Nicole Andrieu répond que l’état
actuel ne doit pas être pris en compte puisqu’il s’agit d’un montage
artificiel effectué par G. Costa dans les années 60 pour éviter la
dispersion des fragments, comme cela a été montré par les travaux de Dorothy
Sheperd et Gabriel Vial.
Quitterie
Cazes remercie Nicole Andrieu pour la reprise de ce dossier palpitant. Elle
demande à l’intervenante si la forme de la coupe, ainsi que l’ourlet du
« suaire » peuvent apporter des éléments de datation, et s’il
existe des équivalents de tissu au mètre du même type et non découpé. Mme
Andrieu renvoie aux travaux de D. Sheperd et G. Vial. La largeur exacte du tissu
initial du « suaire », tel qu’ils ont pu la reconstituer, est
identique à la largeur des métiers utilisés pour ces tissus Al-Andalus. Quant
à la datation de l’ourlet, il faut attendre de plus amples recherches.
Louis
Peyrusse demande si une dé-restauration du travail de G. Costa a été envisagée,
mais Nicole Andrieu répond que le tissu est trop fragile et ancien pour cela.
La seule restauration admise a été de placer une doublure beige, plus neutre,
au lieu de la doublure noire qui avait été ajoutée au tissu à une date indéterminée.
Quitterie
Cazes s’interroge sur le moment de la dispersion du suaire au cours du XIXe
siècle. Le tissu a-t-il été découpé et volé ou bien vendu par le clergé ?
Nicole Andrieu répond qu’il n’y a pas de détail sur la transaction
initiale, mais que le Victoria & Albert Museum est sur ce point beaucoup
plus transparent que le Musée de Cluny, en précisant à qui et combien ils ont
acheté le fragment. Dans les deux cas, les fragments ont été achetés à
Stanislas Baron à la fin du XIXe siècle. Nicole Andrieu répond que
les trois fragments en question étaient peut-être déjà sous forme de
morceaux. Daniel Cazes précise qu’il n’a jamais pu en savoir plus sur la
teneur des échanges entre Saint Sernin et ce marchand.
Le Président invite la Compagnie à se retrouver dans la salle de lecture, autour du verre de l’amitié et de quelques galettes.
SÉANCE DU 3 FEVRIER 2015
Présents : MM.
Cazes, Président, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint,
Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry, Bibliothécaire-Archiviste ; Mmes
Cazes, Fournié, Jaoul, Napoléone, MM. Boudartchouk, Peyrusse, Surmonne,
Testard, membres titulaires ; Mmes Bessis, Cassagnes-Brouquet, Joy, M.
Mattalia, membres correspondants.
Excusés : M. Pradalier, Directeur, Latour, Bibliothécaire-Archiviste
adjoint ; Mmes Andrieu, Balty, Bossoutrot, Lamazou-Duplan,
Pradalier-Schlumberger, Queixalós ; MM. Balty, Chabbert, Garland, Garrigou
Grandchamp, Geneviève, Lassure, Penent, Rebière, Roquebert, Tollon.
Le Président ouvre la séance à 17 heures et commence par rappeler la date de la prochaine séance publique de notre Société, qui se tiendra le dimanche 22 mars 2015 à 16 heures dans la salle Clémence-Isaure de l’Hôtel d’Assézat. Après avoir déclaré que la présence des membres de la Compagnie était très vivement souhaitée, Daniel Cazes demande que tous se mobilisent en communiquant les noms et adresses des personnes à inviter, en diffusant cartons et affichettes...
Le
Président fait état de la correspondance manuscrite, qui comprend notamment :
-
la réponse du maire de Toulouse, datée du 9 janvier 2015, à notre courrier du
17 décembre 2014 sollicitant la réception d’une délégation de la S.A.M.F. ;
-
les bons vœux adressés par notre consœur la Société des Études du
Comminges ;
-
une lettre de candidature au titre de membre correspondant émanée de M.
Christian Landes, dont la demande sera examinée par le Bureau.
Le
Président fait le point sur le concours, pour lequel deux travaux ont été
communiqués :
-
Angeline Bonnet, Le mobilier du château de Reynerie : une commande de
Guillaume Dubarry à la fin du XVIIIe siècle, mémoire de Master
1 soutenu en juin 2014 à l’Université Toulouse – Jean-Jaurès, 177 p. ;
-
Eneko Hiriart, Pratiques économiques et monétaires entre l’Èbre et la
Charente (Ve s. - Ier s. a. C.), thèse de doctorat en
archéologie soutenue le 17 septembre 2014 à l’Université
Bordeaux-Montaigne, trois volumes (I, texte, 576 p. ; II, planches de
figures, 129 p. ; III, catalogue des monnaies à la croix, 87 p.).
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 20 janvier dernier, rédigé par Émilie Nadal, qui est adopté à la suite de diverses remarques.
La parole est à Sophie Cassagnes-Brouquet pour une communication intitulée Riches et puissants. La domination d’un groupe artistique au sein d’une société urbaine : les orfèvres de Toulouse à la fin du Moyen Âge.
[Résumé à insérer.]
Le
Président remercie notre consœur pour une évocation riche et dense du milieu
des orfèvres toulousains du XVe siècle. Les apports de son travail
sont considérables tant pour les noms des artisans ou artistes que pour leurs
œuvres, les commanditaires, les contrats... Daniel Cazes pose la question de ce
que l’on sait pour les époques plus anciennes, qui ont produit les châsses
de Grandselve, de Saint-Sernin, la Vierge de Roncevaux.
Sophie
Cassagnes-Brouquet répond qu’on se heurte concernant ces ouvrages à un problème
de documentation. Le poinçon ne fait son apparition à Toulouse qu’à partir
du statut du métier rédigé en 1466. Avant le XVe siècle, il ne se
trouve quasiment rien dans les sources écrites. Le métier d’argentier ou
d’orfèvre, considéré comme « le vrai métier supérieur », a
produit des quantités d’objets très variés, comme le montre la consultation
de la base Palissy. Il y a là matière à une grande exposition, qui montrerait la richesse de ces productions, plus grande que ne le
laissent supposer les commandes ; ce projet serait nécessairement le résultat
d’une recherche collective. Il existe peu d’études sur les régions françaises
et sur la nôtre en particulier.
Maurice
Scellès signale qu’il serait aisé de compléter les inventaires généraux
par des contacts avec les conservateurs des antiquités et objets d’art
(C.A.O.A.). Quitterie
Cazes note que l’on retrouve dans le domaine de l’orfèvrerie le problème
des pièces recensées, mais non étudiées.
Louis
Peyrusse suggère que l’institution des Jeux floraux peut fournir des éléments
pour le XIVe siècle et les suivants. Il s’enquiert ensuite des
titres requis pour les métaux, en-dessous desquels les pièces insuffisamment
titrées devaient être brisées. Mme Cassagnes-Brouquet indique les normes de
10 sterlins pour l’argent et de 18 carats pour l’or.
Michelle
Fournié note que les commandes enregistrées dans les archives des notaires ont
pu donner lieu à des mentions dans d’autres types de sources, tels les
testaments, les comptes des confréries. Mme Cassagnes-Brouquet dit qu’il lui
reste à dépouiller cette documentation.
Une
question de Mme Fournié concernant les mentions de « cristal » et
de « verre » utilisés dans la confection des reliquaires donne lieu
à un échange de vues entre elle, Sophie Cassagnes-Brouquet, Louis Peyrusse et
Maurice Scellès. Il en ressort que ces termes peuvent être synonymes.
Guy
Ahlsell de Toulza intervient en citant l’exemple d’une croix réalisée à
Toulouse au XVIe siècle dont les quatre segments sont constitués de
barres de cristal de roche, puis il demande des explications sur le graphique
chronologique projeté pendant la communication. Mme Cassagnes-Brouquet précise
que les numéros portés horizontalement correspondent à ceux des décennies.
Quitterie
Cazes signale que la commande de la châsse de saint Jacques en 1492 [1494] fait
logiquement suite à la « découverte » de reliques de l’apôtre
dans l’église Saint-Jacques de Toulouse en 1491. De même, la commande de la
châsse de saint Éloi vers 1466/1487 devrait être en relation avec la
contruction de la chapelle placée sous son invocation dans l’église des
Jacobins. Daniel Cazes dit qu’il faudra consulter à ce sujet le dernier
ouvrage de Maurice Prin.
Mme
Cazes ayant fait observer que les commanditaires fournissent souvent des modèles,
Sophie Cassagnes-Brouquet déclare que ces mentions sont « transtemporelles ».
Guy
Ahlsell de Toulza note que les dessins allemands, notamment ceux d’Albrecht Dürer,
ont souvent servi de référence, puis il compare le quartier des argentiers
toulousains (autour de l’actuelle rue Gambetta) au grand bazar d’Istamboul,
où le regroupement des activités leur procure une plus grande sécurité. Mme
Cassagnes-Brouquet abonde en ce sens : la concentration géographique des
argentiers correspondait à une mesure nécessaire d’auto-protection ; de
plus, ainsi qu’elle a pu le constater pour Londres, dont elle a pu bien étudier
le cas, le métier s’était localisé près du pouvoir, ici municipal, non
loin de la Maison commune (devenue le Capitole).
De
son enquête à Toulouse, il ressort notamment que la profession y était
particulièrement unie : beaucoup d’entraide, de liens d’amitié – ce
qui bien sûr n’excluait pas quelques procès. Sophie Cassagnes-Brouquet
termine en précisant qu’elle est parvenue à établir des tableaux de prix,
que le paiement de la main-d’œuvre se faisait sur la base du marc d’argent
travaillé, et que la zone de chalandise des argentaires toulousains s’étendait
dans des limites assez nettes, dessinées par les aires d’influence
respectives des orfèvres de Montpellier et de Bordeaux.
Au
titre des questions diverses sont abordés les problèmes relatifs au réaménagement
de la place Saint-Sernin. La réorganisation de l’espace entourant un monument
emblématique de Toulouse, envisagée depuis longtemps, vient de connaître un
regain d’actualité avec un projet de la nouvelle municipalité. La presse
locale s’en est fait l’écho : articles parus dans la Dépêche du
Midi du 6 novembre 2014 et dans la Voix du Midi quelques jours plus
tard. Les opérations impliquées par le remodelage de ce site majeur emportent
nécessairement des conséquences archéologiques qui n’ont pas été appréciées
justement, ou simplement pas prises en compte.
Rappel
est fait des institutions publiques compétentes en l’espèce :
l’Institut national de la Recherche archéologique préventive n’est pas
habilité à agir à Toulouse ; le Service régional de l’Archéologie
est seul fondé à y intervenir. Maurice Scellès précise que, sur le plan de
la procédure, la Direction régionale des Affaires culturelles n’agira que
sur la base du dossier soumis par l’aménageur : en clair, la Ville de
Toulouse devra consulter le S.R.A. pour obtenir son avis. Quitterie Cazes
remarque qu’il s’agit là d’une démarche toute théorique, qui pose dans
le cas précis un problème d’articulation avec une autre Administration,
celle des Monuments historiques, laquelle dépend également de la DRAC.
Louis
Peyrusse note que le projet signé par l’architecte urbaniste catalan Joan
Busquets, qui comporte une évocation de l’emplacement de l’ancien cloître
roman par des créations d’art contemporain, « fait la part du feu ».Plusieurs
interventions dénoncent alors l’absence d’étude historique véritable menée
préalablement au projet présenté. Daniel
Cazes signale que M. Busquets est intervenu de manière exemplaire à Barcelone
en remodelant le quartier du marché du Born : le site a été fouillé intégralement,
les vestiges du sous-sol conservés et restitués en surface par un marquage au
sol. Le site de Saint-Sernin mérite un tel traitement.
M.
Cazes rapporte ensuite qu’il a participé récemment à une réunion des
Services de la Ville au cours de laquelle il est intervenu pour dire toute
l’importance de Saint-Sernin, tout l’enjeu que constituent le monument et
son site. M. Joan Busquets, exceptionnellement présent, s’est montré
particulièrement intéressé par ces explications, desquelles il a
manifestement beaucoup appris. L’architecte catalan a dit à notre Président
qu’il était disposé à revoir son projet en tenant compte des éléments
dont il n’avait jusque-là pas eu connaissance.
Maurice Scellès est d’avis que notre Société prenne publiquement position en adoptant une motion, à élaborer pour l’une de nos prochaines réunions.
SÉANCE DU 24 FEVRIER 2015
Présents : MM.
Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry, Bibliothécaire-archiviste,
Scellès, Secrétaire général ; Mmes Haruna-Czaplicki,
Labrousse, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp, MM. Peyrusse,
Stouffs, Surmonne, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes
Bessis, Félix, Jiménez, Queixalós, Ugaglia, MM. Capus, Macé, Mattalia,
Penent, membres correspondants.
Excusés : MM. Cazes, Président, Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour,
Bibliothécaire-adjoint, Mme Lamazou-Duplan, MM. Garland, Garrigou Grandchamp,
Gonzáles Fernández.
Invités : Mmes Prissyla Deschaumet, Noémie Dubruel, Valérie Dumoulin,
Claire Navarro, Axelle Saury, MM. Dominique Alsina, Félix, Jean-Pierre Suau.
La Compagnie se retrouve au Musée Saint-Raymond pour la visite de l’exposition L'Empire de la couleur. De Pompéi au sud des Gaules. Elle y est accueillie par Évelyne Ugaglia, conservatrice en chef du musée. Il nous faut excuser Mme Alexandra Dardenay, qui ne pouvait être à Toulouse ce soir, et c’est Pascal Capus, co-commissaire de l’exposition qui conduira la visite.
Évelyne Ugaglia rappelle les origines du projet qui a abouti à cet évènement unique, sur un sujet jamais vraiment traité. L’exposition, qui met en scène une réflexion scientifique très élaborée, a bénéficié de prêts exceptionnels du Musée du Louvre et du Musée de Naples et rassemble un ensemble tout aussi exceptionnel d’œuvres du sud de la France.
L’exposition est introduite par un panneau peint par deux restauratrices, Mmes Aude Aussilloux et Maud Mulliez. Mme Aude Aussilloux détaille pour la Compagnie les conditions et les apports de cette réalisation expérimentale et des sept mois de recherches et d’essais qui l’on précédée. Les questions portent sur les pontate, les pigments, la peinture à fresque…
Pascal Capus présente ensuite chacune des œuvres des différentes sections de l’exposition, en rappelant le contexte de leur découverte et en situant chacune d’elles par rapport aux modes successives que connaissent les décors muraux ainsi que dans les relations entre l’Italie et le sud de la Gaule.
Le Directeur remercie Pascal Capus de nous avoir présenté avec beaucoup de brio et de clarté cette exposition magnifique.
SÉANCE DU 3 MARS 2015
Présents : MM.
Cazes, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry, Bibliothécaire-archiviste,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes
Haruna-Czaplicki, Fournié, Napoléone, Pradalier-Schlumberger,
Watin-Grandchamp, MM. Bordes, Boudartchouk, Garland, Garrigou Grandchamp, Geneviève,
le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Testard, membres titulaires ; Mmes
Bessis, Nadal, MM. Macé, Penent, Suzzoni, membres correspondants.
Excusés : MM.
Pradalier, Directeur, Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mmes Cazes,
Lamazou-Duplan, Queixalós, MM. Chabbert, González Fernández, Surmonne.
Avant de débuter, le Président rappelle à tous que la séance publique du dimanche 22 mars n’empêche pas la tenue des séances normales, les mardis 17 et 31 mars. Il invite chacun à diffuser autour de lui les documents qui font la publicité de la séance publique.
Au
titre du courrier reçu, le Président signale une lettre du président de
l’Association des Amis de l’Hôtel d’Assézat, qui célèbre ses vingt ans
d’existence.
L’INRAP
nous propose de nous associer aux Journées nationales de l’archéologie, qui
auront lieu cette année les 19-21 juin. Nous avions souhaité y participer
l’année dernière, mais le délai était trop court, et c’est encore le
cas. Pour l’année prochaine, il faudrait l’inscrire à notre programme dès
le début de l’année académique.
Parmi
les invitations, il fait plus particulièrement retenir la tenue d’un cycle de conférences sur
l’histoire de Toulouse, organisée par le laboratoire TRACES dans les locaux
de la DRAC entre le 11 mars et le 20 mai.
Le
Président indique par ailleurs que l’adjoint au maire de Toulouse, M. Francis
Grass, lui a confirmé avoir prix bonne note de notre demande de rendez-vous, il
y a de cela trois semaines.
L’ordre
du jour appelle la présentation des rapports pour le concours, qui n’a
recueilli cette année que deux participations.
Maurice
Scellès rend compte du mémoire présenté par Mme Angeline Bonnet, consacré
au mobilier du château de Reynerie (fin du XVIIIe siècle) et réalisé à
l’Université de Toulouse Jean-Jaurès sous la direction de Pascal Julien.
Vincent Geneviève donne lecture de son rapport sur la thèse de doctorat d’archéologie d’Eneko Hiriart :
Eneko Hiriart a soutenu le 17 septembre 2014, à l’Université Bordeaux Montaigne, une thèse de doctorat en archéologie intitulée « Pratiques économiques et monétaires entre l’Ebre et la Charente (Ve s. – Ier s. a.C.) » sous la direction de Katherine Gruel et Francis Tassaux. C’est ce travail magistral, salué par la mention très honorable avec les félicitations du jury, que l’auteur propose cette année pour le prix Gustave de Clausade.
Depuis les travaux de Richard Boudet et son décès brutal en 1992, aucune étude actualisée d’une telle ampleur consacrée à la numismatique celtique n’avait vu le jour dans le Sud Ouest de la France. Face à l’importance du cadre géographique et à la quantité de matériel disponible – et sans compter la difficulté du sujet à traiter ! – se lancer dans une telle entreprise était osé, voire presque téméraire pour un jeune doctorant. Mais Eneko Hiriart a réussi à dépasser ces obstacles et repousser ces limites.
Conscient que la monnaie constitue une manifestation parmi d’autres des sociétés passées, il sollicite les sources historiques, littéraires, économiques, ethnologiques, métallographiques, épigraphiques ou encore archéologiques avec justesse pour mieux développer son sujet. Fort d’un corpus constitué de plus de 80 000 monnaies de sites et de trésors, toutes référencées dans deux bases de données numismatiques et archéologiques, Eneko Hiriart analyse les prémices du monnayage depuis le Ve siècle av. J.-C., puis son apparition, en dehors des Cités grecques dès le IIIe siècle et la circulation monétaire tant dans le Sud Ouest de la Gaule que dans le Nord Est de la péninsule Ibérique. Son étude se poursuit jusqu’à la conquête césarienne et la réforme monétaire d’Auguste annonçant enfin le passage de la monnaie celtique à la monnaie romaine.
À la qualité de l’écriture l’auteur associe celle de l’illustration. De nombreuses cartes en couleur, d’une grande précision, agrémentent la rédaction ainsi que de multiples restitutions graphiques, de portraits ou d’hypothèses sur la fabrication monétaire, toutes de sa main et réalisées avec talent.
Et comme si ce travail ne suffisait pas, Eneko Hiriart a profité de cette étude magistrale pour affiner et proposer un nouveau classement des monnayages d’argent à la croix. L’exercice est ambitieux car il vient s’ajouter à plusieurs tentatives de même type déjà publiées mais qui s’avèrent toujours incomplètes ou insatisfaisantes. Si de telles initiatives provoquent rarement l’unanimité, il convient maintenant aux numismates régionaux d’éprouver au fur et à mesure des découvertes à venir cette nouvelle proposition pour en apprécier la pertinence et le fondement. L’avis du professeur Labrousse sur ce sujet aurait été des plus intéressants.À n’en pas douter, cette thèse constitue déjà un ouvrage de référence, tant pour le numismate que pour l’historien, et qui sera certainement publié sous peu, du moins elle le doit et nous l’espérons vivement ! La qualité générale de ce travail mérite largement d’être récompensée par le prix Gustave de Clausade, pour soutenir un peu plus l’engagement et les efforts de ce jeune chercheur qui fera assurément encore parler de lui dans les années à venir.
Vincent GENEVIÈVE
En
réponse au Président, Vincent Geneviève confirme qu’il s’agit d’un
travail tout à fait considérable, sérieux et rigoureux. La recension et
l’analyse des monnaies représentent déjà une somme considérable, et
l’auteur propose en outre un classement des monnaies à la croix. Répondant
à une question de Louis Peyrusse, Vincent Geneviève dit que la circulation des
monnaies d’or, d’argent et de bronze, qui est en effet étudiée sur les
deux zones de diffusion, montre une réflexion juste et une parfaite maîtrise
du sujet. S’il n’y a pas de bouleversement des connaissances, la thèse
apporte par exemple des confirmations sur la circulation des monnaies d’or au
sud et au nord de la Garonne et affine les origines.
En
constatant l’importance numérique du corpus, Pierre Garrigou Grandchamp
demande si l’ensemble fera l’objet d’une base de données accessible à
tous. Pour Vincent Geneviève la question de la diffusion de l’ensemble du
corpus pourrait trouver une solution lors de la publication, peut-être sous la
forme d’un CD joint. L’auteur continuera sans doute à enrichir sa base de
données. En fait, il existe de multiples bases de données constituées par les
chercheurs mais pas de base de données nationale.
La discussion est facilement conclue par l’attribution du prix Gustave de Clausade, accompagné d’un chèque de 1000 € et d’une médaille d’argent, à M. Eneko Hiriart.
La parole est à Hiromi Haruna-Czaplicki pour Quelques observations sur la représentation du Christ mort dans l’enluminure toulousaine aux alentours de 1400.
Le Président remercie notre consœur pour cette communication très suggestive par toutes les comparaisons proposées, y compris avec la sculpture.
Laurent
Macé remarque que le collier de corail peut évoquer la passion du Christ mais
qu’il a aussi les vertus d’un talisman pour protéger l’enfant, ce dont
convient Hiromi Haruna-Czaplicki. Pour Emmanuel Garland, les deux significations
se sont nourries l’une l’autre. Le collier de corail de la Vierge est une
constante tout au long du Moyen Âge.
Emmanuel
Garland voudrait revenir sur quelques points de l’iconographie. Dans la scène
de la Nativité, la servante témoigne de la virginité de Marie, et elle est
souvent reconnue comme sainte. Les étoiles sur le voile de Marie, qui se
trouvent sur toutes les icônes byzantines, représentent la puissance de
l’Esprit. Quant à la Crucifixion entre les deux larrons, elle existe dans la
région, à travers des groupes en bois par exemple, avec des représentations
du même type, les bras des larrons attachés derrière la croix. Plus on avance
dans le temps, et plus les valeurs méditative et narrative de la scène se mêlent.
Hiromi Haruna-Czaplicki partage ce point de vue, puis elle reprend comme exemple
une enluminure dont la valeur est d’abord narrative.
François
Bordes propose d’augmenter le corpus déjà très important de notre consœur
et il montre une enluminure de l’Évangile d'un registre matricule des notaires, du milieu du XIVe
siècle, qu’Hiromi Haruna-Czaplicki juge en effet assez proche. Dominique
Watin-Grandchamp pense qu’il faut y ajouter une peinture du début du XVe
siècle, située au-dessus d’une sépulture à l’Hôtel Saint-Jean,
malheureusement très abîmée mais intéressante.
Patrice
Cabau s’interroge sur l’origine de l’attribution de la commande du Christ
en croix des Jacobins au cardinal Gaudin, mort avant 1350, si l’œuvre est datée
des environs de 1385. Hiromi Haruna-Czaplicki rappelle que l’attribution est
due à Jules de Lahondès, et Daniel Cazes évoque des publications récentes
qui montrent qu’il n’y a pas d’accord sur la datation de l’œuvre.
La parole est à Émilie Nadal pour une communication sur des Fragments d’un manuscrit toulousain inédit.
Le
Président remercie Émilie Nadal pour cette belle communication qui nous a
permis d’apprécier la qualité du travail du miniaturiste, et il la félicite
de sa contribution inédite et particulièrement complète.
En
réponse à une question de Laurent Macé, Émilie Nadal précise que les
feuillets appartenant à Guy Ahlsell de Toulza proviennent du Temporal.
Guy
Ahlsell de Toulza raconte que ces enluminures, qu’il tient de ses arrière-grands-parents,
étaient présentées dans un grand cadre, ayant été auparavant collées dans
un album. Il les a fait restaurer en feuillets indépendants, tels qu’ils ont
circulé parmi les membres qui ont ainsi pu les examiner pendant la
communication d’Émilie Nadal. Guy Ahlsell de Toulza dit avoir été très
surpris en apprenant qu’ils provenaient d’un manuscrit conservé au
Fiztwilliam Museum de Cambridge, et il pense qu’ils y retourneront à terme,
car il est toujours dommage de dépecer une telle œuvre.
Michelle
Fournié déclare avoir été passionnée par les deux communications, qui lui
confirment l’intérêt du futur colloque de Fanjeaux, consacré cette année
aux manuscrits enluminés. Nos connaissances continuent à s’enrichir grâce
à nos deux consœurs. Michelle Fournié fait ensuite observer que Germier ne
figure pas toujours dans les calendriers toulousains, et que sa présence nous
orienterait vers le quartier de la Dalbade où ses reliques étaient conservées ;
en revanche, le corps de saint Papoul était à Saint-Sernin. Quant à Antoine
de Lonhy, on sait depuis l’étude de Philippe Lorentz que son séjour à Toulouse est
assez court, de deux ans environ ; il apparaît probablement dans la
comptabilité de Saint-Sernin où l’on a relevé un nom un peu bizarre, que
Michelle Fournié croit être celui de Lonhy. On aurait donc des artistes
influencés par Lonhy, ce que pense en effet Émilie Nadal.
Patrice
Cabau remarque la présence, dans le Sanctoral, de saint Vincent Ferrier, dont
la canonisation intervient dans les années 1455-1460. Or le calendrier est
remanié et à peu près fixé quand l’archevêque Bernard du Rosier réorganise
la liturgie : il pourrait être intéressant de croiser les informations.
L’intérêt
que Laurent Macé porte aux armoiries où figurent des tuyaux d’orgues, et qui
sont probablement celles du commanditaire, provoque une discussion à laquelle
participent plusieurs membres. Patrice Cabau rappelle que Bernard du Rosier a
fait construire dans sa cathédrale des orgues extraordinaires, et que l’on
peut donc considérer que les armoiries du manuscrit sont dans l’ambiance du
temps. Guy Ahlsell de Toulza fait remarquer que si nous avons un bail pour la
construction de ces orgues, le mot employé pour désigner les tuyaux y figure
peut-être et qu’il pourrait nous éclairer sur le nom du commanditaire si ses
armoiries sont des armes parlantes.
Au
titre des questions diverses, Jean-Luc Boudartchouk présente à la Compagnie deux
fibules ansées wisigothes, appartenant à la collection de M. Neveu, à
Caussade.
Le
Président remercie Jean-Luc Boudartchouk et confirme qu’il s’agit là de pièces
extraordinaires en raison de leur rareté et de leur remarquable état de
conservation.
SÉANCE DU 17 MARS 2015
Présents : MM.
Pradalier, Directeur, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint,
Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry, Bibliothécaire-Archiviste ; Mmes
Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone, Vallée-Roche, MM. Balty, Garland, Lassure,
le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Surmonne, Testard, membres titulaires ;
Mmes Balty, MM. Corochano, Mattalia, Stouffs, membres correspondants.
Excusés : MM.
Cazes, Président, Latour, Bibliothécaire-Archiviste adjoint ; Mmes
Bessis, Cazes, Fournié, Pradalier-Schlumberger ; MM. Bordes, Boudartchouk,
Chabbert, Garrigou Grandchamp, Penent, Tollon.
Le
Directeur ouvre la séance à 17 heures et prie la Compagnie d’excuser
l’absence du Président, empêché.
La
parole est au Secrétaire-adjoint pour la lecture du procès-verbal de la séance
du 3 février, puis au Secrétaire général pour la lecture de celui de la séance
du 3 mars. Les deux comptes rendus sont adoptés, le premier ayant été amendé
grâce à une proposition de Guy Ahlsell de Toulza.
Maurice Scellès présente et fait circuler deux volumes constitués par l’archivage, pour les années 2006-2009 et 2010-2012, des procès-verbaux des séances, de divers documents annexes et d’informations de gestion interne non publiées.
Henri
Pradalier relève dans la correspondance adressée à la Société :
-
une lettre du Maire de Toulouse nous invitant, mardi 19 mars à 18 heures,
square Charles-de-Gaulle, à une cérémonie dédiée à la mémoire des
victimes des « journées » des 11, 15 et 19 mars 2012 ;
-
une invitation des Amis des Archives de la Haute-Garonne à une conférence que
notre consœur Geneviève Bessis prononcera mardi 24 mars à 17h30, dans la
salle de lecture des Archives départementales, sur le thème « Quand
l’esprit de la Renaissance soufflait sur Toulouse... » – une évocation
de la vie et de l’œuvre des humanistes toulousains Jean de Pins, Jean de
Coras et Matthieu de Chalvet ;
-
le programme des manifestations destinées à fêter le huitième centenaire de
l’Ordre des Frères Prêcheurs (1215-2015). Celles-ci ont déjà commencé à
Toulouse avec, en janvier et mars, des cérémonies religieuses préludant à
« un mois de mai dominicain » (exposition, cycle de conférences,
spectacles, concert, célébrations solennelles) ; elles se poursuivront
jusqu’à la fin de l’année jubilaire par d’autres manifestations organisées
dans d’autres hauts lieux de l’histoire de saint Dominique et de son Ordre :
Fanjeaux, Prouille (Aude), Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var).
La parole est à Mme Vallée-Roche pour la communication du jour, intitulée Le relevé des graffitis de l’autel de Minerve (Hérault) et ses enseignements.
[Résumé à insérer.]
Henri
Pradalier remercie l’intervenante de nous avoir très pédagogiquement présenté
une recherche ardue à mener, difficile à exposer, puis il fait appel aux réactions
et questions de la Compagnie.
Louis
Peyrusse se demande si le terme de « graffitis » est bien pertinent
dans le cas d’inscriptions qui ont manifestement exigé un travail de gravure.
Marie Vallée-Roche dit que ce mot est depuis longtemps employé pour désigner
les inscriptions successivement ajoutées sur les tables d’autel. Dans ce cas,
il serait injustifié de lui associer une quelconque connotation péjorative.
Bien au contraire, les « graffitis » d’autels doivent être considérés
comme une source écrite d’un intérêt exceptionnel. Leur étude méthodique,
qui commence à peine, se révèle déjà pleine d’enseignements. Emmanuel
Garland confirme qu’en l’espèce le terme graffiti est largement répandu,
et qu’à défaut d’être techniquement exact il n’en correspond pas moins
à un consensus de dénomination. Du reste, demande Mme Vallée-Roche, par quel
autre mot pourrait-on le remplacer ?
M.
Peyrusse pose ensuite la question de savoir qui incisait le marbre. Marie Vallée-Roche
et ses collègues espagnols se le sont demandé. Leur opinion est que ce sont
les témoins eux-mêmes qui ont été les scripteurs : les écritures sont
très différentes, d’un style très personnel et paraissent autographes. M.
Garland fait observer par exemple que le nom « Oliba » est toujours
gravé de la même manière. Mme Vallée-Roche fait une remarque identique à
propos de « Salamon », inscrit dans le marbre à Minerve, dans le grès
à San Feliu d’Amont. Revenant sur l’inscription « Oliba »,
Henri Pradalier relève sa similitude avec la signature écrite de sa main que
l’on trouve sur des documents en parchemin. Louis Peyrusse hasarde alors
l’hypothèse selon laquelle les témoins auraient pu tracer à l’encre ou à
la peinture une signature qu’un lapicide aurait ensuite gravée.
Henri
Pradalier pose un problème inhérent au contexte historique. Après s’être
fait confirmer que Charles le Chauve était bien mort en 877, il s’étonne de
la persistance de la culture wisigothique à l’époque carolingienne. Mme Vallée-Roche
dit que le maintien de cette culture s’est étendu sur trois générations au
moins. Les nouveaux maîtres carolingiens se sont servi de cadres wisigoths très
bien formés, tel le Salamon dont elle a esquissé la carrière, de saïon à
comte. M. Pradalier l’interroge ensuite au sujet de l’Espagne mozarabe.
Marie Vallée-Roche déclare que l’étude épigraphique du Nord-Ouest de la péninsule
n’a pas encore été réalisée de manière systématique.
Emmanuel
Garland s’enquiert du nombre des graffitis que l’autel de Minerve comporte
pour le plaid de 873. Mme Vallée-Roche en recense une douzaine. M. Garland
s’intéresse ensuite à la signification du serment sur l’autel, c’est-à-dire
sur des reliques (cf. les martyrs sous l’autel dont il est question dans
l’Apocalypse et que figurent plusieurs manuscrits illustrés du Beatus) ;
pour lui, ce n’est pas tant le saint qui importe que la « sacralité de
la relique ».
Le Directeur donne lecture du projet de motion relative au réaménagement de la place Saint-Sernin, préparé en vue de l’élaboration collective du texte définitif à adopter par la Société.
Au titre des questions diverses, Marie Vallée-Roche présente l’édition 2015 de l’« Annuaire de l’Association des Journalistes du Patrimoine », qui vient de paraître.
SÉANCE DU 31 MARS 2015
Présents : MM.
Pradalier, Directeur, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint,
Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry, Bibliothécaire-Archiviste ; M.
Prin, membre honoraire ; Mmes Cazes, Haruna-Czaplicki, Napoléone,
Pradalier-Schlumberger, MM. Bordes, Boudartchouk, Garrigou Grandchamp, Lassure,
le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Surmonne, Testard, membres titulaires ;
Mmes Félix, Friquart, Gilles, Queixalós, membres correspondants.
Excusés : MM.
Cazes, Président, Latour, Bibliothécaire-Archiviste adjoint ; Mmes Balty,
Bessis, Fournié, Lamazou-Duplan ; MM. Balty, Chabbert, Penent, Tollon.
Invité : M.
Marc Comelongue.
Le Directeur ouvre la séance et donne la parole au Secrétaire général pour la lecture du procès-verbal de la séance du 24 février dernier, puis au Secrétaire-adjoint pour la séance du 17 mars. Les deux procès-verbaux sont adoptés.
La correspondance manuscrite comprend une lettre du sénateur Jean-Claude Requier, demandant d’excuser son absence à notre séance publique. Par ailleurs, la conservation du Musée Saint-Raymond sollicite, pour une exposition, le prêt d’un album de photographies conservé dans nos archives.
Louise-Emmanuelle Friquart offre à la Société son ouvrage L’art du souvenir. Les monuments commémoratifs de la guerre 1914-1918 à Toulouse, Coll. Patrimoines Midi-Pyrénées, Éd. Ville de Toulouse – Région Midi-Pyrénées, 2014, 128 p. Le Directeur la remercie au nom de notre Compagnie.
Le Directeur donne ensuite lecture de la motion relative à l’aménagement de la place Saint-Sernin, qui sera envoyée au maire de Toulouse :
Motion adoptée par la Société Archéologique du Midi de la France dans sa séance du 17 mars 2015
La Société archéologique du Midi de la France se réjouit du projet de la Mairie de Toulouse, sur proposition de son premier magistrat, monsieur Jean-Luc Moudenc, de réaménager complètement les places saint-Raymond et Saint-Sernin, et, de ce fait, de mettre dignement en valeur la célèbre église romane de renommée internationale qui s'y trouve. Monument majeur de la ville restauré des années 1960 à 1990 sous la direction des architectes Sylvain Stym-Popper et Yves Boiret, il est classé par l’UNESCO, depuis 1998, au patrimoine mondial de l’humanité. Un tel projet, qui mettra la ville de Toulouse sous le regard et au diapason des plus grandes villes françaises et étrangères en matière de politique patrimoniale, honore la nouvelle municipalité.
La Société archéologique affirme qu'il est du plus haut intérêt pour Toulouse, notre pays et l'ensemble de l’Union européenne, de faire précéder l'élaboration et l'adoption de tout projet urbain autour de cet édifice de fouilles archéologiques. Seules ces dernières permettront de révéler, sauvegarder, présenter tout vestige significatif de l'histoire, de l'art, des constructions et aménagements qui se sont succédé en ce haut-lieu de Toulouse depuis l'Antiquité, et dont les découvertes réalisées dans le sous-sol du Musée Saint-Raymond ont déjà révélé au public l’extraordinaire richesse.
L’expérience montre que ce type d’investigations, loin de figer la créativité des concepteurs, est susceptible de nourrir la qualité et l’originalité du résultat.Autour du foyer culturel européen que fut Saint-Sernin, elles permettront de consolider l’identité de notre ville par son enracinement dans son histoire pluriséculaire qui s’étend de l’Antiquité aux satellites. Il faut rappeler que l’église conserve des cartes du ciel peintes au XIIIe siècle sur ses murs.
Pour mettre en œuvre un projet cohérent sur l’ensemble du site, la Ville a la chance de maîtriser l’espace public et d’être propriétaire des monuments de premier plan qui l’environnent :
- le Musée Saint-Raymond, dont le site archéologique serait le prolongement naturel,
- l’Hôtel Dubarry qui attend depuis longtemps son ouverture au public,
- la basilique Saint-Sernin qui nécessite des travaux urgents à réaliser au massif occidental et dans l’enfeu des comtes de Toulouse, dans la suite logique de la politique de valorisation du patrimoine toulousain brillamment amorcée par l’atelier de restauration de la Ville lors de l’exemplaire réhabilitation de la porte Miègeville.
Dans le cadre de ce grand dessein, il ne serait guère concevable de ne pas mettre en valeur les espaces et vestiges de l'ancienne abbaye de Saint-Sernin, organisés autour d'un des plus grands cloîtres romans connus en Europe, et de ne pas reprendre la réflexion sur un musée de l'œuvre à construire sur le terrain disponible au débouché de la rue Gatien-Arnoult.Forte de son savoir-faire et de la somme des connaissances dont elle est dépositaire, la Société archéologique du Midi de la France est à votre disposition pour accompagner la Mairie de Toulouse dans cette tâche exaltante qui confirmerait notre ville à la place de capitale culturelle et économique qu’elle est en droit d’occuper naturellement.
La
délégation composée d’Henri Pradalier, Guy Ahlsell de Toulza et Maurice
Scellès a par ailleurs été reçue le 21 mars par M. Francis Grass, adjoint au
maire en charge de la culture. Nous avons trouvé un interlocuteur aimable et
attentif auquel nous avons expliqué la composition de notre Société, ses compétences
et notre souhait d’apporter notre collaboration à la Ville de Toulouse en étant
consultés en amont des projets sur les questions touchant le patrimoine et
l’archéologie. Nous lui avons annoncé la motion concernant l’aménagement
de la place Saint-Sernin. M. Grass nous a appris que la Mairie réfléchissait
à la mise en place d’un service du patrimoine historique et nous a invités
à prendre contact avec Mme Hélène Kemplaire.
Il est
précisé que Mme Kemplaire est actuellement chargée du dossier de
candidature à la labellisation par l’UNESCO, et l'on confirme que la Direction
des affaires culturelles de la Ville a mis à l’étude une restructuration de
ses services en fonction des propositions du Maire en faveur de la valorisation
du patrimoine.
Guy Ahlsell de Toulza annonce qu’en raison du nombre important d’auditeurs, les conférences du cycle Les mercredis de l’archéologie seront désormais données dans la salle Clémence-Isaure de l’Hôtel d’Assézat, notre Société étant de ce fait directement associée à l’évènement.
L’ordre du jour appelle l’élection d'un membre correspondant. La parole est à Michèle Pradalier-Schlumberger pour son rapport sur la candidature de M. Bernard Sournia. On procède au vote : M. Bernard Sournia est élu membre correspondant de notre Société.
La parole est à Maurice Prin pour une communication sur Le couvent des Grands Carmes à Toulouse.
Maurice Prin rappelle les principaux évènements qui ont marqué l’installation des Carmes à Toulouse et l’histoire du couvent, puis il commente une série de documents, gravures, plans, dessins et photographies qui permettent de connaître les bâtiments.
Le
Directeur remercie Maurice Prin pour cette communication qui lui a rappelé des
souvenirs et nous a fait découvrir des relevés faits sur place au moment de la
démolition du marché.
Maurice
Scellès évoque le château de Castelfranc à Montredon-Labessonnié (Tarn), qu’étudie Adeline Béa, où se
trouveraient remployés des chapiteaux provenant des Grands Carmes de Toulouse. France
Félix se rappelle avoir arpenté avec Maurice Prin toute la campagne
toulousaine, à la recherche de chapiteaux dispersés en de nombreux endroits.
Maurice Prin raconte la découverte rocambolesque de Maurens-Scopont. France Félix
tient à le remercier pour l’aide qu’il a toujours apportée à tous les étudiants
qui l’ont sollicité.
Guy
Ahlsell de Toulza évoque l’occupation de Maurens-Scopon par le marquis de
Castellane et annonce qu’il se propose de revenir l’année prochaine sur la
saga des Castellane. Concernant les œuvres remployées, il rappelle que la cathédrale
de Lavaur comptait deux cloîtres ; en revanche il pense que le cloître
des franciscains de Rabastens était en bois. Pour Maurice Scellès,
l’identification précise des pierres permettrait peut-être de distinguer les
provenances.
A propos de la vue de Toulouse publiée en 1515 dans l’ouvrage de Nicolas Bertrand, François Bordes annonce que pour le cinquième centenaire, une exposition sera organisée aux Jacobins autour de cinq siècles de cartographie. A cette occasion, le plan de Saget sera entièrement numérisé et mis en ligne ; il précise que le plan est usé, et que la numérisation sera réalisée dans l’état où il est, l’avis des restaurateurs consultés étant que sa restauration n’apporterait rien à sa valeur documentaire.
SÉANCE DU 7 AVRIL 2015
Présents : MM.
Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès,
Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Péligry, Bibliothécaire-Archiviste ;
Mmes Cazes, Fournié, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone,
Pradalier-Schlumberger, Vallée-Roche, Watin-Grandchamp, MM. Bordes,
Boudartchouk, Garland, Garrigou Grandchamp, Geneviève, le Père Montagnes, MM.
Peyrusse, Testard, membres titulaires ; Mmes Bilotta, Nadal, Queixalós,
MM. Capus, Laurière, Mattalia, Penent, Suzzoni, membres correspondants.
Excusés : M.
Latour, Bibliothécaire-Archiviste adjoint ; Mmes Balty, Bessis,
Cassagnes-Brouquet, Lamazou-Duplan ; MM. Balty, Chabbert, Surmonne, Tollon.
Invitée : Mme
Alison Stones.
À l’invitation de Michelle Fournié, la Société a le plaisir d’accueillir Mme Alison Stones, professeur émérite de l’université de Pittsburgh, organisatrice du prochain colloque de Fanjeaux en juillet 2015.
Suite à la lecture du procès-verbal de la séance du 31 mars, François Bordes précise « l’ensemble conventuel des Jacobins » a changé de nom pour devenir le « Couvent des Jacobins ». Le Président note qu’il s’agit de marquer la différence entre l’église des Jacobins, qui est affectée au culte, et les autres bâtiments qui sont sous la responsabilité de la Mairie. Le procès-verbal est ensuite adopté.
Nous avons reçu de la part de Direction de la Culture et du Patrimoine de la Région Midi Pyrénées, une nouvelle publication sur les Hôtels de la noblesse et de la bourgeoisie à Montauban, par Sarah Gerber. Il faut également signaler le programme des prochaines journées romanes de Saint-Michel de Cuxa du 6 au 11 juillet 2015 sur la Peinture murale à l’époque romane.
La parole est à Raymond Laurière pour une communication sur « Les églises à angles arrondis du Rouergue : actualisation et perspective de recherche ».
Le
Président remercie l’intervenant pour cette promenade parmi des églises à
angles arrondis encore bien étranges. Tout en reconnaissant la dimension esthétique
de ces édifices, il se demande s’il ne s’agit pas là d’une conséquence
liée aux contraintes techniques de construction, pour éviter d’utiliser les
pierres de taille nécessaires aux chaînages d’angle. M. Laurière pense
qu’il pourrait s’agir d’une mode liée à une période déterminée
puisqu’il ne connaît pas d’exemples d’églises postérieures à 1050. Il
ajoute que certains édifices ont été commencés avec un angle rond, pour être
plus tard poursuivi selon un angle droit. Il s’étonne toutefois de trouver
des exemples parfois très éloigné de l’Aveyron, vers Bordeaux ou Mirepoix,
et souligne que selon les édifices la stéréotomie peut être brute ou très
soignée.
Emmanuel
Garland pense que l’expression « effet de mode » est peu
pertinente, et préfère renvoyer à l’étude des usages, des fonctions et de
la liturgie associée à de telle église ou chapelle. Il avoue être surpris
par ce phénomène, mais rappelle que l’art wisigothique n’a jamais créé
des édifices d’une telle hauteur, même dans les monuments à deux étages
connus dans les Asturies. Il se demande si la datation proposée pour les
monuments est vraiment sûre. Raymond Laurière répond que la plupart des églises
ont été construites avant l’an mil, mais que la comparaison avec le monde
wisigothique à laquelle il a fait appel, ne se rapporte pas à l’élévation.
Selon lui, l’héritage wisigothique est fort dans cette région de manière générale,
et on y connaît également une tradition encore plus ancienne de la forme
arrondie, des dolmens jusqu’à certains édifices des XVIIIe et XIXe
siècles.
Jean-Luc
Boudartchouk s’avoue perplexe au sujet de l’hypothèse sur le legs
culturel wisigothique, car ce legs n’existe pas dans cette région pour le Ve
siècle. En fait les sépultures dites « wisigothique » sont mérovingiennes
et remontent, au plus tôt, au VIIe siècle. Pour lui, même les détails
architecturaux dits « wisigothiques » appartiennent en fait au répertoire de l’architecture du haut Moyen Âge.
Quant à la toponymie qui serait wisigothique, elle doit être prise avec grande
précaution. M. Laurière lui répond qu’il a été trouvé auprès de
plusieurs églises à angles arrondis des sépultures dites wisigothiques. Et
l’église même de Toulongergues a été construite près de sépultures du Ve
siècle. Il n’affirme pas que ces églises à angles arrondis sont liées au
legs wisigothique, mais formule ce point comme une hypothèse de travail.
Jean-Michel
Lassure précise qu’en Espagne, on ne parle désormais plus d’édifice
wisigothique, le terme ayant été remplacé par celui de « tardo-romain ».
Après
avoir fait remarquer que l’église d’Espédaillac résulte de deux campagnes
de construction bien distinctes, Maurice Scellès signale qu’une nouvelle église
du même type a récemment été identifiée dans l’est du département du
Lot. Par ailleurs il rappelle que l’angle arrondi a été très utilisé dans
les édifices reconstruits après la guerre de Cent ans, peut-être d’abord
pour les raisons techniques exposés précédemment (absence de pierre de
taille), avant que cela ne devienne une « mode » par la suite. Le
choix technique devient donc un choix esthétique. Il reconnaît toutefois que
les reconstructions à angles arrondis après la guerre de Cent ans concernent
effectivement plutôt les édifices civils que les églises.
Le Président remercie une dernière fois le conférencier, et donne la parole à Maria Alessandra Bilotta pour une communication sur La production de manuscrits juridiques enluminés dans le Midi de la France au XIVe siècle : sept années de recherche et de découvertes entre la France méridionale, l’Italie et la péninsule Ibérique.
Le
Président remercie l’intervenante pour s’être déplacée jusqu’à nous,
et pour cette étude très précise qui a permis de découvrir de véritables
merveilles. Dominique Watin-Grandchamp s’interroge sur la composition des
ateliers évoqués (comment sont-ils composés ? une ou plusieurs mains ?),
et demande ce qu’il en est de l’étude sur la composition des pigments
employés par les divers ateliers. Maria Alessandra Bilotta précise qu’on
connaît plusieurs exemples où des artistes différents travaillent ensemble.
Quant au terme d’ateliers, il permet de parler d’un style relativement homogène
dans lequel on discerne toutefois des différences. Par ailleurs, il faut se
souvenir qu’il existe toute une hiérarchie dans la réalisation de
l’enluminure, des initiales aux encadrements. Quant à l’étude des
pigments, les historiens de l’art doivent recourir à d’autres spécialistes ;
normalement un atelier utilise une même gamme chromatique, mais selon les déplacements,
il pouvait également changer de pigments. Le professeur Alison Stones précise
que l’analyse des pigments par des spécialistes devrait à terme apporter de
nombreux éléments lorsqu’un corpus suffisamment développé aura été mis
en place.
Michelle
Fournié demande si l’on a des renseignements sur le prix des livres. Elle
aimerait que soient mis en commun les prix éventuels des ouvrages du XIVe
siècle (qui apparaissent en particulier dans les testaments), pour unifier les
compétences d’histoire et d’histoire de l’art. Elle signale le cas d’un
texte du XVe siècle, parlant du pillage de la bibliothèque d’un
abbé de Cadouin alors à Toulouse, et dans lequel il est question d’un Décret
dont on donne le prix. Elle se demande si la seule mention de ce prix pourrait
permettre de déterminer si le manuscrit était enluminé ou pas. Maria
Alessandra Bilotta lui répond que le prix des manuscrits dépend des milieux et
des situations. On a par ailleurs de nombreuses informations sur la commande de
manuscrits pour la Curie pontificale et pour la Cour de Naples. Hiromi
Haruna-Czaplicki rappelle que dans l’étude de Marie-Henriette Jullien de
Pommerol et Jacques Monfrin sur Les
Bibliothèques ecclésiastiques des prélats, on trouve notamment des
renseignements sur le prix des manuscrits juridiques.
Jean-Luc
Boudartchouk précise que pour le mot VULPIANUS, la confusion entre le U et le O
était courante en latin commun, et ne peut donc pas être considérée comme
une erreur du copiste.
L'ordre du jour appelle l'élection d'un membre correspondant. Le rapport sur la candidature de M. Pierre Pisani entendu, il est procédé au vote : M. Pierre Pisani est élu membre correspondant de notre Société.
SÉANCE DU 28 AVRIL 2015
Présents : MM.
Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Scellès, Secrétaire général, Cabau,
Secrétaire-adjoint, Péligry, Bibliothécaire-Archiviste ; Mmes Fournié,
Haruna-Czaplicki, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, Vallée-Roche, MM. Bordes,
Boudartchouk, Lassure, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Surmonne, Testard,
membres titulaires ; Mmes Bessis, MM. Bru, Darles, Molet, Penent, Sournia,
Suzzoni, membres correspondants.
Excusés : MM.
Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-Archiviste adjoint ;
Mmes Andrieu, Balty, Cassagnes-Brouquet, Cazes, Lamazou-Duplan, Nadal, Queixalós ;
MM. Augé, Balty, Chabbert, Garland, Garrigou Grandchamp, Pisani, Tollon.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 7 avril, qui est adopté après correction.
Le Président souhaite la bienvenue à Bernard Sournia, tout récemment élu membre de notre Société et qui prend séance ce soir. Il l’engage à une participation très active à nos séances et profite de cette occasion pour rappeler à tous de lui faire part des communications à inscrire au programme de la prochaine année académique.
Puis
le Président rend compte de la correspondance manuscrite, parmi laquelle
figurent :
-
l’invitation à l’inauguration, le 14 avril dans la cour Henri IV du
Capitole, du buste de Dominique Baudis, œuvre en bronze de Madeleine Tézenas
de Montcel ;
-
une lettre de Mme Anette Laigneau, vice-présidente du SMEAT, nous invitant à
une réunion à propos de la révision du SCOT de la grande agglomération
toulousaine ;
-
le programme du 51e colloque de Fanjeaux : Culture religieuse méridionale.
Les manuscrits et leur contexte artistique, 29 juin – 2 juillet 2015.
La parole est à Michelle Fournié pour une communication sur La paroisse du Taur : Vital du Four et les chanoinesses de Saint-Sernin.
Le
Président remercie Michelle Fournié pour cette communication comme
d’habitude passionnante, que nous ne regrettons pas d’avoir attendue même
si la richesse foisonnante du sujet nous imposera d’attendre encore un an pour
tout savoir des chanoinesses de Saint-Sernin. Il est en tout cas très intéressant
de voir revivre cette paroisse du Taur au cœur de la vie religieuse de
Toulouse.
Parmi
les nombreux points qui l’intéressent, Henri Molet retient tout d’abord la
question du cimetière de Villeneuve, mentionné en 1232 et qui n’est pas dit
« cimetière du Taur » mais « des citoyens du bourg ».
Entre 1230 et 1280, plusieurs établissements hospitaliers et religieux
s’installent pour un temps dans ce secteur, et ils ne peuvent le faire
qu’avec l’autorisation de Saint-Sernin. Puis ce secteur est complètement
arasé dans la première moitié du XIVe siècle, laissé vacant puis occupé
par un quartier d’habitation qui est lui-même détruit en 1348 pour la
construction de la grande enceinte du bourg. Dans ces années-là, on ne parle
plus du dîmaire de Saint-Sernin mais de celui du Taur, ce qui situerait la création
de la paroisse et de son dîmaire à la fin du XIIIe siècle. Michelle Fournié
note que cela correspondrait donc aux déclarations des témoins au procès de
1475.
Henri
Molet poursuit son évocation de l’évolution du secteur avec l’installation
vers 1170 à proximité de la récente enceinte du Bourg d’une léproserie
placée sous le patronage de Saint-Etienne, ce dont s’étonne Michelle Fournié
qui avait cru comprendre que la séparation des dîmaires de Saint-Sernin et de
Saint-Etienne était assez claire. Henri Molet précise qu’il y a cependant un
problème de délimitation à cet endroit, correspondant à l’actuel quartier
Saint-Aubin. Il ajoute que la porte de Villeneuve est murée pendant plus d’un
siècle, de 1345 jusque vers 1500.
Revenant
sur la date de création de la paroisse du Taur, Patrice Cabau rappelle que le
maillage paroissial s’esquisse au début du XIIIe siècle. Par ailleurs, un réexamen
conduit à situer vers 1255 le document daté par Teulet autour de 1235, mais un
autre document des Layettes du Trésor des chartes, daté de 1235, mentionne bien un paroissien du Taur. Puis il rappelle que Saint-Sernin a
depuis longtemps reçu le privilège de la maîtrise de son territoire, sur
lequel aucun établissement religieux ne peut s’implanter sans son
autorisation. Michelle Fournié constate avec intérêt qu’elle garde ce
privilège sur la paroisse du Taur.
Jean-Luc Boudartchouk ayant rejoint la Compagnie, la parole lui est donnée pour son rapport sur la candidature de M. Christian Landes au titre de membre correspondant. On procède au vote : M. Christian Landes est élu membre correspondant de notre Société
Au titre des questions diverses, Jean Michel-Lassure annonce la Découverte de peintures murales dans l’église Notre-Dame-de-Pitié de Bouloc (Haute-Garonne), en demandant à la Compagnie d’excuser l’absence de Nicole Andrieu, finalement retenue par une réunion :
Les
peintures murales dont il est question ont été découvertes lors du démontage
pour restauration de retable du maître-autel.
L’église
de Bouloc a été reconstruite au début du XVIe siècle, puis incendiée par
les protestants en 1570. Une visite archiépiscopale constate en 1596 son état
de délabrement qui dure jusque vers 1620.
Le
retable du maître-autel, daté du XVIIe siècle, est classé Monument
historique mais pas l’église.
Les
vestiges de peinture monumentale sont actuellement peu lisibles à l’exception
d’un médaillon d’assez belle qualité, et la question de leur étude et de
leur conservation se pose.
Olivier
Testard remarque que le mur ne paraît pas si humide, et que la remise en place
du retable se fera nécessairement en laissant un espace de ventilation à
l’arrière, ce qui doit permettre de conserver les peintures.
Le
Président regrette qu’aucun programme d’ensemble n’ait été prévu avant
la dépose, alors que de telles découvertes sont assez fréquentes. Il a ainsi
appris par L’Auta que des peintures
avaient été découvertes dans l’église Saint-Nicolas, à Toulouse, sans
d’ailleurs que la découverte ait fait l’objet de plus d’information.
C’est en tout cas une affaire à suivre à Bouloc. Nicolas Bru rappelle que
c’est le rôle des services de l’État d’accompagner le maître
d’ouvrage lors de telles déposes, et il confirme qu’un retable n’est
jamais remis en place contre le mur. Le temps nécessaire à la restauration du
retable laisse par ailleurs le temps de consolider les peintures.
Patrice Cabau propose une brève communication sur Une clef d’arc sculptée aux armes du cardinal Vital du Four à Toulouse.
En
le remerciant de nous avoir fait connaître cette clef armoriée inédite, le Président
s’émerveille que notre confrère ait pu l’identifier depuis la rue d’où
elle est à peine visible. Il se rappelle qu’en effectuant le récolement des
sculptures du Musée des Augustins, il s’était rendu compte que cinq clefs de
voûte habituellement attribuées à l’église des Cordeliers avaient une
origine au moins incertaine. Or les procès-verbaux des séances de notre Société
indiquaient que l’église des cordeliers et le couvent des chanoinesses de
Saint-Sernin avait été détruits la même année, en 1873, et que la Société
Archéologique s’en était émue et avait mis en place une commission chargée
de récupérer les pièces intéressantes des deux édifices. La commission
constate cependant bientôt que les clefs de voûte des Cordeliers ont disparu,
d’autres étant sans doute déjà passés par là.
Or
quatre des clefs de voûte conservées aux Augustins sont des clefs simples, la
cinquième est à huit branches, ce qui semble bien correspondre au voûtement
de l’église des chanoinesses ; en outre, les analyses du Laboratoire de
Recherche des Musées de France y ont révélé des traces de polychromie, mais
aucune trace d’incendie. La clef de voûte de l’abside porte une représentation
du Christ avec la cordelière des franciscains, les autres des représentations
de saint François, d’un cardinal et d’un évêque.
Michelle
Fournié confirme que les chanoinesses de Saint-Sernin étaient placées sous la
direction spirituelle des franciscains. Louis Peyrusse observe que l’on peut
se féliciter de la récupération par Victor Gesta de la clef d’arc aux armes
du cardinal Vital du Four.
Le Président annonce que le Bureau a mis en place deux commissions : l’une est chargée de la question des fouilles archéologiques et de l’aménagement de la place Saint-Sernin, l’autre, sous la houlette de Guy Ahlsell de Toulza, d’élaborer un plan d’étude et de mise en valeur des Hôtels toulousains. Le Président convie tous les membres intéressés à y participer.
SÉANCE DU 5 MAI 2015
Présents : MM.
Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès,
Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Péligry, Bibliothécaire-Archiviste ;
Mmes Cazes, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, MM.
Garland, Geneviève, Peyrusse, Stouffs, Surmonne, Testard, membres titulaires ;
Mme Viers, M. Suzzoni, membres correspondants.
Excusés : Mmes Balty, Bessis, Fournié, Queixalós, M. Balty, le général
Garrigou Grandchamp.
Le
Président ouvre la séance à 17 heures. Il commence par annoncer que la Société
a reçu une invitation à l’inauguration de l’exposition « La faïence
et la terre cuite vernissée d’Auvillar », présentée à l’abbaye de
Belleperche (82700, Cordes-Tolosannes) du 2 mai au 30 septembre. Puis il fait
circuler un prospectus et un ouvrage communiqués par notre consœur Michelle
Fournié :
-
le programme du 51e colloque de Fanjeaux qui se tiendra du 29 juin au
2 juillet, sous la présidence de Mme Alison Stones (Université de Pittsburg),
et se consacrera à la question de la « Culture religieuse méridionale.
Les manuscrits et leur contexte artistique » ;
-
un recueil de travaux préparé par Jean-Louis Biget : Inquisition et
société en pays d’oc (XIIIe et XIVe siècles),
« Collection d’histoire religieuse du Languedoc au Moyen Âge », n°
2, Toulouse, éditions Privat, 2014, 520 p.
Daniel Cazes donne ensuite des informations concernant les deux commissions récemment constituées au sein de la S.A.M.F. La première, chargée d’étudier le projet de réaménagement des places Saint-Raymond et Saint-Sernin, s’est déjà réunie et a commencé à travailler. La seconde, « pilotée » par Guy Ahlsell de Toulza, se propose d’étudier les Hôtels anciens de Toulouse, sous les aspects de leur histoire et de leur état actuel, de la restauration de ce patrimoine et de son accessibilité au public – les guides touristiques continuent de recommander la visite de ces Hôtels, alors qu’on ne peut plus guère les voir, puisqu’ils sont pour la plupart fermés !
M. Cazes indique enfin le stade auquel est parvenue l’élaboration du programme des séances à prévoir pour la prochaine année académique. Le nombre des demandes de communications étant en hausse d’année en année, le calendrier est établi désormais en fonction des seules vacances universitaires. Pour les quinze séances programmées en 2015-2016, il y a déjà une quinzaine de propositions, en majorité pour des communications longues. Il est opportunément rappelé qu’une communication « brève » ne doit pas dépasser vingt minutes, qu’une « courte » ne doit pas excéder une demi-heure, qu’une « longue » peut durer de trois-quarts d’heure à une heure.
La parole est à Emmanuel Garland pour une communication longue intitulée Le deuxième Âge roman dans le Val d’Aran.
[Résumé à insérer.]
Le
Président remercie notre confrère de nous faire partager, par la série de ses
communications consacrées au Val d’Aran, sa connaissance de ce petit pays des
Pyrénées, qui fut au Moyen Âge exposé à des influences venues
successivement du Nord, puis du Sud. Longtemps tourné vers le Comminges,
l’Aran bascula autour du XIIIe siècle vers des horizons méridionaux,
cela en dépit des difficultés climatiques bloquant les communications avec le
Sud pendant une bonne partie de l’année. S’agissant de la sculpture, la présentation
d’Emmanuel Garland a bien montré l’appartenance culturelle du Val d’Aran
à la Gaule méridionale, depuis l’époque antique (auges cinéraires)
jusqu’aux âges romans (modillons, chapiteaux, linteaux, tympans), ainsi que
la nette différence de qualité entre les ouvrages des tailleurs de pierre et
les œuvres des sculpteurs sur bois. M. Cazes termine par une question d’ordre
linguistique : quelle est au juste la langue de ce pays, où se mêlent
espagnol, catalan et gascon ? M. Garland répond que la langue officielle
du Val d’Aran, qui est depuis 1996 en Catalogne une entité autonome, est
l’aranais. Henri Pradalier se souvient avoir été amené à conclure, lors
d’un voyage effectué dans les années 1970, à une prédominance des éléments
gascons ; ainsi Salardú est-il prononcé « Salardu ». Emmanuel
Garland rappelle que l’Aran fut jusqu’à la Révolution compris dans le diocèse
de Comminges.
Henri Pradalier se déclare « ravi » de la vue d’ensemble que les
communications de M. Garland procurent sur le Val d’Aran. Ce qui ressort de
l’architecture et de la sculpture aranaises du second âge roman, c’est leur
« modestie ». Sur le plan structurel, il y inadéquation chronique
des supports aux voûtes, à la différence de ce que l’on peut observer pour
l’église de Saint-Béat. Sur le plan du décor, certaines sculptures, comme
les Christs de Bossòst et de Vilac, sont d’une « maladresse à pleurer ».
Emmanuel Garland abonde dans le même sens et qualifie de « bégaiement »
la répétition, au long des deux âges romans, des mêmes motifs décoratifs.
Il tente alors d’expliquer la « modestie » par l’appauvrissement
du pays, qui se vide au XIIe siècle : après la prise de
Saragosse, en 1118, une partie de la population de la montagne descend vers l’Èbre ;
la construction d’églises nouvelles s’arrête. L’échange de vues donne
à Emmanuel Garland l’occasion d’apporter une information inédite : l’église
« San Juan de Tredòs », connue seulement pour avoir été ornée
jadis d’une peinture romane actuellement conservée aux Cloisters,
n’a jamais existé ; elle fut « inventée » au moment du
transfert (illicite) à New-York de cette peinture, laquelle provient en réalité
de Santa Maria de Cap d’Aran.
Quitterie
Cazes remercie Emmanuel Garland pour nous avoir présenté un « beau
panorama ». Certains des édifices du Val d’Aran incitent à mettre en
question la distinction classique entre roman et gothique. La dichotomie n’est
par exemple pas opératoire dans le cas de Sant Esteve de Betren. Pour cette église,
comme pour celle de Salardú, la taille très quadrangulaire de la pierre est
l’indice d’une date postérieure au XIIe siècle. Henri Pradalier
confirme ce point de vue en faisant observer qu’à Betren, comme ailleurs,
l’association d’un chevet triple et d’une nef unique correspond à une
conception d’ensemble que l’on doit placer au XIIIe siècle.
Au
titre des questions diverses, il est fait état d’un article paru le 19 avril
dans La Dépêche du Midi et signé par Sylvie Roux, qui tourne autour de
« trésors » chimériques que les travaux prévus place Saint-Sernin
pourraient faire découvrir, sans toutefois donner aucune idée précise de ce
que l’on doit s’attendre à trouver sur ce site historique. Ce papier
fournit un exemple consternant de dévoiement des vraies questions. Désinformation
ou incompréhension ? Quitterie Cazes, que la journaliste a consultée,
penche pour la seconde explication.
Une
discussion s’engage entre plusieurs membres à propos des investigations archéologiques à mener sur ce
site. Il en résulte que la Ville de Toulouse, qui n’aurait pas l’intention
d’engager de fouilles, rechercherait la caution des Services de l’État,
lesquels s’en tiendraient à des prescriptions minimales. On en resterait donc
à du « préventif ». On relève que ce scénario
devient classique à Toulouse.
Guy Ahlsell de Toulza intervient pour signaler qu’il vient de faire entrer dans nos collections une série d’ouvrages, usuels ou régionaux notamment, provenant de la bibliothèque de Lise Enjalbert, décédée il y a peu. Daniel Cazes évoque brièvement le souvenir de cette très aimable personne, qui s’intéressait beaucoup au passé et au patrimoine de notre ville, et qui a étudié notamment ses anciens hôpitaux.
SÉANCE DU 19 MAI 2015
Présents : MM.
Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès,
Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Péligry, Bibliothécaire-Archiviste ;
Mmes Cassagnes-Brouquet, Cazes, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone,
Pradalier-Schlumberger, Vallée-Roche, M. Lassure, le Père Montagnes, MM.
Peyrusse, Surmonne, Testard, Tollon membres titulaires ; Mme Joy, MM. Macé,
Penent, Sournia, Suzzoni, membres correspondants.
Excusés : MM.
Latour, Bibliothécaire-Archiviste adjoint ; Mmes Andrieu, Balty, Bessis,
Bossoutrot, Fournié, Lamazou-Duplan, Nadal, Queixalós ; MM. Balty,
Chabbert, Bordes, Garland, Garrigou Grandchamp, Penent, Rebière.
Le Président demande à la Compagnie d’excuser l’absence de Jean-Louis Rebière et d’Anne Bossoutrot, dont la communication sur Les remparts de Carcassonne : mythe et réalités est donc reportée et sera remplacée par des interventions proposées par Quitterie Cazes, Maurice Scellès et Guy Ahlsell de Toulza.
Le
Secrétaire général puis le Secrétaire-adjoint donnent lecture des procès-verbaux
des séances du 18 avril et du 5 mai, qui sont adoptés.
Le
Président annonce que notre confrère Maurice Prin sera fait officier des Arts
et Lettres le 4 juin aux Jacobins : la date et le lieu ont été
soigneusement choisis, puisque ce sont ceux de l’inauguration des derniers réaménagements
du Couvent des Jacobins, contre lesquels Maurice Prin a bataillé pendant des
années, mais que sa présence semblera cautionner.
Le
Président rend compte de la correspondance reçue, qui compte plusieurs
invitations. Mais c’est la réponse du Maire de Toulouse qui retient notre
attention.
Cette
réponse est bien la réponse attendue. Le premier constat est qu’il y a à
Toulouse une grande confusion entre fouille et diagnostic archéologique.
Le
Président dit avoir en effet appris très récemment qu’un diagnostic archéologique
serait réalisé sur la place Saint-Sernin en juin, et que c’est la DRAC qui décidera
de l’ampleur du chantier. Il se dit persuadé qu’il n’y aura pas de
fouilles et que nous aurons à nous battre pour convaincre. La commission chargée
du projet de Saint-Sernin a commencé à travailler : on a
avancé sur les plans et sur l’organisation du
chantier, la réflexion sur le musée de l’œuvre se précise… Il est clair
que la Ville n’a pas vraiment de projet, mais seulement un aménagement de la
place où serait suggéré l’emplacement du cloître…
Maurice
Scellès pense qu’il est important, dans le débat qui s’ouvre, de
clarifier, pour les Toulousains et leurs élus, les différents rôles. La DRAC
ne donne de prescription de fouilles qu’en fonction des résultats du
diagnostic archéologique et du projet qui lui est présenté. La décision de
fouiller la place Saint-Sernin appartient à la Mairie de Toulouse et la DRAC
aurait alors à se prononcer sur les conditions de la réalisation du projet
d’ensemble proposé par la Ville. Maurice Scellès pense qu’il faut
poursuivre le dialogue avec la Ville en adressant un nouveau courrier au Maire,
afin de lever les ambiguïtés. Alors que Quitterie Cazes s’interroge sur
l’intérêt d’un nouveau courrier dès maintenant, Henri Pradalier rappelle
que la décision de restaurer le portail Miégeville a été en son temps prise
par la Ville, contre l’avis de la DRAC, tandis que l’on s’abrite
aujourd’hui derrière l’avis attendu. Pour Olivier Testard les dossiers que
nous constituons doivent aider la Mairie à s’emparer de sa politique
patrimoniale, et Guy Ahlsell de Toulza se déclare en faveur d’un courrier. Le
Président conclut la discussion en annonçant qu’il fera le courrier au
Maire.
La parole est à Quitterie Cazes pour une communication A propos du relief de saint Jacques de la porte Miégeville, à Saint-Sernin de Toulouse.
Le
Président remercie Quitterie Cazes pour cette communication qui contribue à
faire avancer notre compréhension de la figure de saint Jacques, sur laquelle
il avoue s’être cassé la tête, ayant trouvé l’affaire très compliquée
par des propositions contradictoires. Cette nouvelle hypothèse lui paraît
beaucoup plus satisfaisante pour l’analyse de l’ensemble du programme sculpté
de la porte.
En
réponse à une question d’Henri Pradalier, Quitterie Cazes rappelle que si
l’on retient l’identification de Montan pour le relief placé sous la figure
de saint Jacques, ce sont les lions de Cybèle que chevauchent les deux prophétesses
prêtresses de la déesse. Henri Pradalier revient sur l’autre hypothèse
d’une représentation d’Abraham et de Sarah et Agar, figures de l’Église
et de la Synagogue, qui ferait écho à la question du salut des juifs auxquels
les textes cités par Quitterie Cazes font d’ailleurs allusion. Celle-ci
rappelle qu’Olivier Testard a bien démontré que l’Église n’avait aucun
intérêt à afficher ses propres travers et qu’il faut écarter l’hypothèse
d’une représentation du nicolaïsme. À travers un modèle antique, celui de
Montan, c’est l’hérétique quel qu’il soit qui est dénoncé, les
chanoines de Saint-Sernin s’arrogeant d’ailleurs peut-être le droit de dire
ce qui est bien et ce qui est hérétique.
Emmanuel
Garland rappelle que Montan apparaît dans les écrits des Pères de l’Église
et que les représentations de Simon le Magicien doivent beaucoup aux évangiles
apocryphes. Daniel Cazes ajoute que Montan est un personnage historique, ayant vécu
sous Antonin le Pieux, qui se prenait pour l’Esprit et imposait les mains.
Sophie Cassagnes-Brouquet note que le fait que la représentation fasse appel à
des textes moins connus que la Bible explique qu’elle soit restée méconnue.
Pour
Emmanuel Garland, notre compréhension de ces œuvres rencontre une difficulté
majeure qui tient au mode de raisonnement, bien différent de celui que nous
connaissons aujourd’hui. Le mode analogique rend difficile la perception immédiate
de l’ensemble du programme. Emmanuel Garland fait par ailleurs observer que
les apôtres du linteau ne peuvent être les témoins de l’Ascension, puisque
Jean et la Vierge en sont absents.
La
démonstration de Quitterie Cazes paraît à Louis Peyrusse extrêmement
brillante. On l’a constaté pour la Renaissance, les bonnes sources sont à
chercher dans les sermons et dans de tels programmes, la sculpture est une pédagogie.
La
discussion se poursuit, que le Président conclut en soulignant que bien des
points restent à éclaircir et que le débat n’est certes pas clos.
Au titre des questions diverses, le Président fait circuler le catalogue franco-espagnol de l’exposition organisée en 1908 pour commémorer le centenaire des sièges de Saragosse, publié en 1910 par la Commission royale du centenaire des sièges de 1808-1809 sous le titre L’exposition rétrospective d’art – 1908. L’ouvrage est offert à notre Société par Maurice Scellès, lequel attire l’attention sur les remarquables notices d’œuvre dues à Émile Bertaux.
Guy
Ahlsell de Toulza propose à la Compagnie un aperçu de l’Hôtel de
Tournié-Bassary,
dont les travaux sont toujours en cours.
Le
Président le remercie de ces informations précieuses, qui nous montrent à
quelle vitesse ce patrimoine change de mains, avec des projets plus ou moins
bien ou mal maîtrisés. Daniel Cazes souligne l’admirable qualité de la
sculpture, qui lui avait paru proche de celle du collège Saint-Raymond. Pour
avoir visité l’hôtel il y a quelques années, il se souvient du grand tinel
et de sa cheminée, dont la division par une cloison était alors en cours, et
d’une rampe d’escalier en ferronnerie tout à fait remarquable. En réponse
à une question de Bruno Tollon, il précise que l’escalier se trouve à
gauche en entrant dans la cour à partir de la rue de la Madeleine.
Maurice Scellès présente la maquette qui pourrait être celle de notre nouveau site Internet. Louis Peyrusse pense que l’Hôtel d’Assézat doit figurer dans la page d’accueil. La discussion fait apparaître qu’il serait possible d’avoir une page d’actualités, à la condition que les membres fournissent un résumé accompagné de photographies le jour même de leur communication en séance. La Compagnie s’accorde sur le principe et le Secrétaire général veut bien croire que l’habitude se prendra effectivement.
SÉANCE DU 2 JUIN 2015
Présents : MM.
Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès,
Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Péligry, Bibliothécaire-Archiviste ;
Mmes Andrieu, Fournié, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Merlet-Bagnéris, Napoléone,
Pradalier-Schlumberger, Vallée-Roche, Watin-Grandchamp, MM. Bordes, Lassure, le
Père Montagnes, MM. Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Heng,
Nadal, Queixalós, MM. Macé, Molet, Penent, Sournia, Suzzoni, membres
correspondants.
Excusés : MM.
Latour, Bibliothécaire-Archiviste adjoint ; Mmes Balty, Bessis,
Bossoutrot, Cazes, Lamazou-Duplan ; MM. Balty, Chabbert, Garland, Garrigou
Grandchamp, Rebière.
Invités : M. le
professeur Thomas Falmagne, conservateur à la Bibliothèque Nationale du
Luxembourg, M. Georges Cugulière.
Le Président salue la présence parmi nous du professeur Thomas Falmagne et le remercie pour le don de sa publication intitulée Les Cisterciens et leurs bibliothèques, publiée à Troyes en 2012. Après lecture, le procès verbal de la séance précédente est adopté.
Au titre du courrier, le Président se félicite d’abord de l’arrivée des premiers exemplaires du dernier volume des Mémoires de la Société. Il signale ensuite à l’attention des bibliothécaires une lettre d'un correspondant qui recherche des informations au sujet d’un membre de sa famille qui reçut jadis une médaille de la part de la société. Dans un autre courrier, les Archives municipales font part de leur souhait de pouvoir emprunter des documents originaux du géographe Jean Coppolani, dans le cadre d’une exposition à venir au couvent des Jacobins, sur les Représentations de Toulouse.
Le Président lit ensuite le courrier qu’il a adressé le 22 mai dernier au Maire de Toulouse concernant l’aménagement des places Saint-Raymond et Saint-Sernin :
Monsieur le Maire,
Lors de notre dernière séance ordinaire, j’ai lu aux membres réunis de la Société archéologique du Midi de la France votre aimable lettre du 27 avril dernier, dans laquelle vous accusez réception de notre offre de partenariat concernant le futur aménagement des places Saint-Raymond et Saint-Sernin. La motion votée par notre Société reflète en effet notre préoccupation face aux éléments du projet de réaménagement, strictement lié à la voie publique, actuellement connu. Notre Société pense en effet qu’un tel lieu et un tel monument méritent un projet d’une plus grande envergure, à la mesure de ce patrimoine exceptionnel. Un projet qui prenne en compte une fouille archéologique programmée la plus complète possible de l’ensemble du site affecté par les travaux, l’achèvement de la restauration et la valorisation de Saint-Sernin (en se posant bien les questions de la protection du monument, déjà insuffisante aujourd’hui avec les grilles existantes), la construction d’un indispensable musée de l’œuvre, la conservation et la présentation au public des vestiges archéologiques intéressants.
C’est pourquoi notre Société a mis en place en son sein une commission spéciale, formée d’un architecte du patrimoine, d’archéologues, d’historiens, d’historiens de l’art et de conservateurs, pour mener à bien une réflexion sur toutes ces questions, à intégrer dans le cadre d’un projet global qui ne laissera de côté aucun des éléments constituant aujourd’hui le grand site de Saint-Sernin. Lorsque cette commission aura suffisamment travaillé, elle ne manquera pas de faire part de cette réflexion, comme vous le souhaitez, à Madame Annette Laigneau, Adjointe au Maire chargée de l’urbanisme réglementaire et de la mise en valeur du patrimoine toulousain. Vous savez que je l’ai déjà longuement rencontrée le 13 mars dernier pour lui expliquer mon point de vue sur le projet Saint-Sernin.
Vous nous faites part de votre souhait d’un diagnostic archéologique, qui sera établi par le Service archéologique de la Métropole. Espérons qu’à la suite de celui-ci, la DRAC de Midi-Pyrénées reconnaîtra enfin l’importance capitale de l’ensemble de ce site archéologique, qui est déjà largement connue, et depuis longtemps, par des spécialistes du monde entier. Lors de la discussion qui a suivi la lecture de votre lettre, la plupart des membres de notre Société se sont étonnés du fait que l’intérêt international du site de Saint-Sernin ne soit pas une évidence. Ils ont aussi fait remarquer que la Mairie de Toulouse est propriétaire de la basilique, du musée Saint-Raymond, de l’Hôtel Dubarry, et de tout l’espace public des places actuelles, et que, détenant ainsi l’ensemble, elle a la rare opportunité d’engendrer là un projet de dimension européenne. Ce dernier, élaboré avec les moyens intellectuels nécessaires, puis réalisé selon un plan directeur, conférerait à Toulouse le rang qu’elle mérite et un atout maître pour sa candidature au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Il serait, de plus, susceptible de recevoir des subventions de toutes les institutions publiques françaises et une aide conséquente de l’Europe, comme cela est le cas dans de nombreux projets similaires. L’initiative, selon tous nos membres, devrait revenir à la Ville, dans le cadre de la politique patrimoniale ambitieuse que vous avez, Monsieur le Maire, annoncée. La Société estime que cela ne saurait être fait au coup par coup et en fonction d’avis administratifs qui peuvent être fort aléatoires.
Vous ayant ainsi fait savoir l’opinion, sur l’ensemble du site unique de Saint-Sernin de Toulouse, de notre Société, qui est de par ses statuts soucieuse de la préservation, la connaissance et la mise en valeur des éminents biens archéologiques et artistiques de Toulouse, je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, l’expression de ma considération très distinguée et celle de mon meilleur souvenir.
Il est proposé de constituer dès à présent un dossier sur le sujet, comprenant la publication intégrale de notre correspondance avec les autorités. La proposition de mettre en ligne les courriers échangés est approuvée par tous.
Parmi les événements à venir, le Président signale ensuite la prochaine exposition du Musée du Vieux Toulouse, intitulée « Trésors cachés : le Musée du Vieux-Toulouse se dévoile », du 15 juin au 17 octobre ; ainsi qu’une conférence de Magali Vène, le jeudi 11 Juin, aux Archives départementales, sur « François Ier, pouvoir et image ». Le 62e congrès de la Fédération historique de Pyrénées, qui aura lieu à Bagnères de Bigorre, les 12-14 juin portera quant à lui sur les « Pays pyrénéens et l’environnement ». Le Conseil général organise également une exposition sur l’œuvre de Marc Saint-Saëns, au château de La Réole. Le catalogue en est donné à la société. A cette occasion, Michèle Heng rappelle qu’elle avait fait sa thèse sur cet artiste toulousain, qui n’était donc pas si « oublié » que peut le laisser penser le titre du catalogue. Elle se propose d’ailleurs de revenir ultérieurement sur cet artiste dans les Mémoires de la Société. Guy Ahlsell de Toulza rappelle que l’entrée de l’exposition, ainsi que le catalogue, sont gratuits, et prévient qu’il s’agira peut-être d’une des dernières grandes expositions d’art toulousain ancien, avant un probable retour de l’art contemporain.
Maurice Scellès annonce enfin le don à la Société du projet de publication inachevé de Marie-Thérèse Blanc-Rouquette, sur Quatre siècles d’imprimerie à Toulouse. Il remercie Maxence Fabiani, des éditions Loubatières, qui a permis ce don, qui devrait être très utile aux chercheurs à venir sur ce sujet.
François Bordes prend ensuite la parole pour présenter une communication courte sur Des enluminures au service des archivistes. Il conclut en présentant la page Facebook animée par Maria Alessandra Bilotta intitulée Southern France illuminated juridical manuscript production, qui permet de diffuser et de valoriser les questions liées aux manuscrits juridiques enluminés du Midi de la France.
Le
Président le remercie pour sa présentation. François Bordes précise que
l’exposition en cours sur Sienne, aux
origines de la Renaissance, au Musée des Beaux-Arts de Rouen ne propose que
peu d’exemple de la peinture civile, en dehors de la reproduction de la
peinture du Bon Gouvernement. Maurice Scellès trouve un peu excessive
l’expression de « codification archivistique » relative aux
dessins étudiées. Pour lui, les images des couvertures permettent seulement
d’identifier le capitoulat concerné dans l’ouvrage, mais pas au-delà. François
Bordes ajoute qu’en général on trouve aussi le nom du capitoulat en occitan
et l’année. Quant aux couvertures siennoises, les registres de la Biccherna
et de la gabelle devaient être conservés séparément, donc elles ne portent
pas de signes distinctifs. On pourrait parler, à défaut de codification
archivistique, au moins d’aides ou d’outils pour les archivistes. Puisque le
système utilisé en général recourait plutôt aux lettres (caisse A) ou aux
numéros.
Dominique
Watin-Grandchamp demande s’il existe un lien entre les saints représentés et
la période de l’année considérée, mais François Bordes répond qu’il
s’agit uniquement de représentation des capitoulats, topographiques donc, et
non chronologiques. Il ajoute que la tranche des livres ne porte pas
d’informations, ce qui pose la question de leur rangement. Laurent Macé
signale le cas des archives récemment retrouvées à Clermont-Ferrand, et qui
était ordonné selon un système de classement suivant les lettres A-V-E
M-A-R-I-A. François Bordes ajoute que le cas est fréquent, les mots formant en
général l’expression AVE MARIA ou PATER NOSTER. Thomas Falmagne propose de
considérer que ces documents d’archives ont pu être conservés à plat,
puisque c’était également le cas des manuscrits. Il se demande si les
copistes ne sont pas les auteurs de ces représentations. François Bordes répond
qu’il n’y a pas dans les comptes toulousains de traces relatives au paiement
de ce genre de travaux, alors qu’on trouve des mentions pour la peinture du
Livre des Histoires, ou les fresques des murs de la Maison commune. Il rappelle
aussi qu’il n’y avait alors pas d’office de peintre officiel de la Maison
commune.
Thomas
Falmagne demande si Toulouse possède encore des documents civils du même type
enluminés. François Bordes répond qu’en dehors des Cartulaires de la Ville
et des fameuses Annales, peu de
documents enluminés sont conservés. Maurice Scellès s’étonne alors de
trouver des représentations enluminées de ce type, sur de simples registres de
taille. François Bordes souligne qu’il s’agit d’ailleurs d’un document
financier, tout comme le sont les registres siennois du même type. Il conclue
enfin en précisant que les reliures originales de ces documents ont toutes été
perdues, avant même l’époque de Roschach, puisque ce dernier ne les
mentionne pas (même si il faut reconnaître qu’il ne mentionne pas non plus
les fragments enluminés qui viennent d’être évoqués).
Enfin,
Laurent Macé demande si d’autres exemples sont connus en dehors du cas
siennois, en particulier du côté de la Catalogne ou de l’Aragon, qui ont mis
très tôt en place un système fiscal demandant le recours à ce type de
registre. François Bordes reconnaît qu’il y en a peut-être ailleurs, même
si l’exemple le plus connu est le cas siennois.
Après ces discussions, quelques remarques supplémentaires sont faites concernant la vie de la Société. Guy Ahlsell de Toulza annonce d’abord qu’il a acquis des cadres pour disposer les deux relevés de peintures de Maurice Prin qui ornent la salle de séance. Maurice Scellès revient ensuite sur le site de la Société archéologique : il sera entièrement remodelé pendant l’été, avec notamment une page d’accueil fonctionnant sur un fil d’actualité, en miroir de la page Facebook de la Société. Il rappelle à tous les intervenants à venir qu’il faudrait transmettre des images le jour même de leur communication pour pouvoir illustrer les procès-verbaux de séance. Il remercie enfin Émilie Nadal pour son travail d’animation de la page Facebook, qui compte désormais presque 400 abonnés.
Laurent Macé précise pour ceux qui étaient présents lors de la séance publique, que le membre de l’équipe municipale qui avait promis certaines mesures suite à sa présentation, et qui avait pour cela été chaudement applaudi, n’a depuis jamais repris contact.
Le Président termine en évoquant la prochaine année académique. Le calendrier de cette dernière a été fixé à 16 séances dont une séance publique. Il remercie l’assemblée pour cette année passionnante et passionnée, et pour la richesse des débats en cours. Il note d’ailleurs que la question de l’aménagement de la place Saint-Sernin devra continuer à nous occuper même pendant l’été.
Il prononce ensuite la clôture de l’année académique et invite la Compagnie à partager le verre de l'amitié.
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