Société Archéologique  du Midi de la France
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Année académique 2013-2014

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COMPTES RENDUS DES
SÉANCES DE L'ANNÉE ACADÉMIQUE
2013-2014


 

SÉANCE DU 15 OCTOBRE 2013

Présents : MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Andrieu, Cassagnes-Brouquet, Cazes, Fournié, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Merlet-Bagnéris, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp, le Père Montagnes, MM. Lassure, Le Pottier, Peyrusse, Surmonne, Stouffs, Testard, membres titulaires ; Mmes Bossoutrot, Czerniak, Friquart, Heng, Nadal, Queixalós, MM. Chabbert, González-Fernández, Mattalia, Péligry, Rebière, membres correspondants.
Excusés : Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Mmes de Barrau, Bessis, Lamazou-Duplan, Balty, Victor, MM. Balty, Bordes, Garrigou Grandchamp, Garland, Lapart.
Invitée : Mme Valérie Gaudard, conservateur du patrimoine à la D.R.A.C. de Midi-Pyrénées.

Le Président se réjouit que nous soyons aussi nombreux pour cette séance de rentrée, ce qui exprime bien la satisfaction que nous avons à nous retrouver, et il déclare ouverte l’année académique 2013-2014. Ses pensées vont cependant aussi vers Bernadette Suau, dont la santé ne s’améliore malheureusement pas.

Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 4 juin dernier, qui est adopté à l’unanimité.

À la demande de Michelle Fournié, le Secrétaire général donne des précisions sur l’état d’avancement du tome LXXI de nos Mémoires : cinq articles sont composés et les épreuves en seront prochainement envoyées aux auteurs et on achève en ce moment la relecture des autres ; le volume devrait être prêt à la fin de l’année pour être imprimé au début 2014, et en tout cas avant la séance publique du mois de mars.

Le Président rend compte de la correspondance reçue, qui comprend :
            - un envoi de la société HADÈS : Léa Gérardin, Château de Scopont, Maurens-Scopont, Tarn, Rapport final d’opération, septembre 2013, 2 volumes : texte, 64 p., illustrations, 187 p. ;
            - l’annonce de la subvention de 3000 € qui nous est accordée par la Ville de Toulouse ;
            - une lettre de M. Jean-Luc Moudenc, ancien maire de Toulouse, à propos du financement du « Minotaure » ;
            - l’annonce de la conférence sur Les fortifications villageoises à la fin du Moyen Âge, que fera Mme Anaïs Comet, doctorante et chargée de mission d’inventaire au Conseil général du Gers, le 20 octobre prochain à Flaran ;
            - la carte touristique des retables baroques du Lot, éditée par le service du patrimoine du Conseil général ;
            - le bon de souscription aux Chroniques calmontaises d’Anne Berdeil ;
            - l’annonce du colloque Signé Fébus : Marques personnelles, écritures et pouvoir autour de Gaston III, comte de Foix, dit Fébus, qui se tiendra à Pau les 17 et 18 octobre prochains ;
            - l’annonce du colloque Sedes sapientiae. Vierges noires, organisé par notre consœur Sophie Cassagnes-Brouquet et qui se tiendra les 19 et 20 octobre prochains à Rocamadour ;
            - et un grand nombre d’invitations et d’annonces diverses qui nous sont parvenues pendant l’été.

Le Président signale par ailleurs que l’Association du Salon du livre de Mirepoix a décidé de primer site Internet de la Société Archéologique du Midi de la France. Pour recevoir le prix, le 7 juillet, notre Société était représentée par Lisa Barber. Maurice Scellès explique que ce n’est ni l’esthétique du site ni sa technologie qui ont retenu l’attention de l’association, mais la richesse et la qualité des informations mises en ligne.
            Le Président y voit une confirmation de l’intérêt des questions diverses de nos séances, qui permettent d’échanger nombre d’informations mais aussi de les enregistrer pour le futur. Le Secrétaire général abonde dans ce sens, en demandant cependant que les interventions fassent si possible l’objet de notes écrites transmises au secrétaire de séance, de manière à faciliter son travail et à améliorer la qualité des comptes rendus.

La parole est à Virginie Czerniak pour une communication sur Les peintures d’Ourjout récemment découvertes.

Le Président remercie Virginie Czerniak de nous avoir présenté une nouvelle fois cette découverte tout à fait extraordinaire dans notre région, et d’avoir montré les relations étroites qui existent entre les peintures d’Ourjout et les peintures catalanes.
            Puis après avoir souhaité la bienvenue à Mme Valérie Gaudard, qui nous a rejoints, il la remercie pour son travail en faveur de la conservation de ces peintures.
            Quitterie Cazes demande si l’animal bizarre peut représenter le signe du capricorne, et Louis Peyrusse si l’ordre des signes zodiacaux est respecté. Virginie Czerniak indique que l’ordre des signes du zodiaque a beaucoup varié, et surtout au Moyen Âge. Henri Pradalier rappelle que c’est avec Zénon de Vérone que l’on a commencé à moraliser le zodiaque païen. Aucun parallèle n’a cependant jamais été établi avec les douze apôtres. Virginie Czerniak dit qu’elle n’a rien trouvé non plus dans ce sens. Puis elle dit avoir été frappée par l’utilisation de l’écriture dans les peintures d’Ourjout, les lettres disposées sans ordre laissant penser que le peintre ne savait pas écrire. Quitterie Cazes ne partage pas cette conclusion, et se réfère au cloître de Moissac où le jeu avec les lettres semblent plutôt produire une surabondance de sens. Dominique Watin-Grandchamp note que la présence d’un tilde, à Ourjout, indiquerait que le peintre connaissait au contraire la graphie.
            Sophie Cassagnes-Brouquet fait remarquer qu’un C se trouve à côté du signe zodiacal qui n’a pas été identifié, et qu’il faut sans doute poursuivre la recherche.
            Le Président s’intéresse à ce que l’on ne voit pas aujourd’hui, sur le cul-de-four de l’abside. Et comme il s’interroge sur le vocable, Virginie Czerniak précise que l’église est dédiée à saint Pierre. Mais on ne sait pas depuis quand, ajoute Henri Pradalier avant de souligner les différences de styles entre les peintures d’Ourjout et celles du maître de Pedret. Puis il rappelle que ces peintures que l’on dit « catalanes » appartiennent à un ensemble qu’il faudrait en fait qualifier de pyrénéen.

La parole est à Henri Pradalier pour la seconde communication du jour : À propos de Pantasaron.

Le Président remercie Henri Pradalier pour cette communication très vivante sur un thème si rare et mystérieux.
            En réponse à une question de Jean-Louis Rebière, Henri Pradalier rappelle que c’est dès les Ve-VIe siècles que l’on réduit le nombre des archanges, en réaction à la gnose qui les multiplie. Les capitulaires de Charlemagne le limitent à trois.
            Sophie Cassagnes-Brouquet fait remarquer qu’il n’existe aucune iconographie des archanges dans le monde juif, à cette époque-là précise-t-elle, Henri Pradalier ayant évoqué les peintures bien antérieures de Doura Europos.
            Interrogé par Quitterie Cazes, Henri Pradalier rappelle que les canons de la messe sont lus tous les jours dans le rite antérieur à Vatican II, et que ce sont les textes qui ont le moins changé depuis le Moyen Âge. Puisque l’on s’accorde, reprend-elle, pour considérer que les choix iconographiques sont le fait des commanditaires, comment expliquer que des saints milanais se trouvent dans les peintures du maître de Pedret ? Henri Pradalier explique qu’avant la venue du maître de Pedret, la peinture catalane montre une réelle pauvreté tant dans son iconographie que dans son style. Le Maître de Pedret apporte avec lui une culture nouvelle en accord avec les clercs qui, depuis l’abbé Oliba, cherchent à introduire en Catalogne la liturgie romaine et donc ses modèles stylistiques et iconographiques. Il semble bien que pour la peinture ce soit l’effet du seul Maître de Pedret.
            D’après Henri Pradalier, il n’est pas exclu que les sources de l’art de ce peintre soient à chercher auprès des moines chassés d’Anatolie et réfugiés dans les parties byzantines de la péninsule italienne après la défaite infligée aux Byzantins par les Turcs à Mantzikert (1071). On remarquera à ce propos les concordances chronologiques, l’activité du Maître de Pedret en Catalogne étant placée traditionnellement entre les années 1075-1080 et 1117.
            Sophie Cassagnes-Brouquet ayant demandé si l’on connaissait des représentations de Pentasaron dans l’art byzantin, Virginie Czerniak dit que les recherches entreprises dans cette direction ont été vaines.

Au titre des questions diverses, le Président rend compte de deux visites faites récemment sur des chantiers archéologiques en compagnie de Jean-Michel Lassure.

Sur le site de l’Université de Toulouse-Le Mirail, le service archéologique de Toulouse métropole a réalisé une série de sondages pour essayer de préciser le tracé du canal de l’aqueduc. Une discussion improvisée avec Pierre Pisani, Christian Darles et Jean-Marie Pailler, rencontrés sur place, a porté sur l’intérêt de profiter de ces découvertes pour mettre en valeur le monument antique.

Ce qui s’est passé quai Saint-Pierre est moins glorieux.
            Notre Société s’est préoccupée l’an dernier des projets d’aménagement touchant le port Saint-Pierre, attirant l’attention sur l’intérêt archéologique du site et en particulier sur le mur de digue du XVIIIe siècle. M. Joan Busquets a répondu qu’il partageait notre point de vue sur le port du XVIIIe siècle. Mais les éléments archéologiques ? Dans n’importe quelle ville du monde, on considèrerait le site du port Saint-Pierre comme un site majeur. Or nous avons pu constater hier que le site avait été décaissé sur trois à quatre mètres, sans autre forme de procès, et vérifier que l’on avait là des vestiges en grand nombre et un matériel archéologique considérable.
            Nous avons enfin la réponse à toutes les questions que nous avions posées : il n’y a plus de site archéologique sous le port Saint-Pierre ! Et nous risquons d’être les seuls à témoigner de cet évènement.
            Le Président rappelle que cela fait deux ans que l’on parle de ce projet : il y a de quoi se demander comment sont données les autorisations de travaux. Le Président cite un contre-exemple, en Espagne une fois de plus : le réaménagement d’un marché à Barcelone, le marché de Born, a permis la fouille d’un site de 8000 m2 où tout a été conservé et sur lequel a été aménagé un espace muséographique.

Patrice Cabau signale par ailleurs que le 26 juillet dernier, le creusement d’une tranchée à l’angle des rues des Cuves-Saint-Sernin et Adolphe-Félix-Gatien-Arnoult a fait apparaître des substructions médiévales en blocage de galets liés au mortier de chaux, avec assises de brique (photo). Ces fondements sont ceux d’un mur d’environ 1,70 m d’épaisseur, approximativement orienté nord-sud ; contre la face est de ce mur était venu s’appuyer un mur bâti de briques. La construction en galets paraît avoir appartenu au côté est de la porte septentrionale de l’enclos canonial de Saint-Sernin.

Le Président remercie Patrice Cabau.

 

SÉANCE DU 5 NOVEMBRE 2013

Présents : MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Fournié, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, le Père Montagnes, le général Garrigou Grandchamp, MM. Balty, Lassure, Peyrusse, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Balty, Bessis, Nadal, Vallée-Roche, Viers, M. Péligry, membres correspondants.
Excusés : Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour, Bibliothécaire-Archiviste adjoint, Mmes Cazes, Heng, Queixalós, Victor, M. Garland.

Le Président donne la parole au Secrétaire général pour la lecture du procès-verbal de la séance du 11 octobre 2013, qui est adopté.

Daniel Cazes se réjouit de la sortie de presse du tome LXX (2010) des Mémoires de la S.A.M.F. et adresse ses félicitations à tous ceux qui ont contribué à cette parution : les auteurs, les relecteurs, les coordinateurs (Anne-Laure Napoléone et Maurice Scellès). Le retard pris dans la publication de nos Mémoires est en voie d’être rattrapé : M. Scellès annonce que le volume LXXI (2011) sera prêt pour la séance publique du 23 mars 2014, Mme Napoléone s’occupe activement du volume LXXII (2012) ; il serait utile qu’une équipe de secours commence à préparer le volume LXXIII (2013).

Le Président rend compte de la dernière réunion du Bureau, qui a conclu au besoin d’aide grandissant que nécessite le fonctionnement de notre Société : gestion de la bibliothèque, des archives, du secrétariat... Il faudrait seconder Louis Latour pour l’envoi des convocations, penser notamment à signaler les changements d’adresse postale ou électronique. Le Secrétaire général demande que des bonnes volontés se manifestent pour prendre en charge, une fois sur trois, la rédaction des procès-verbaux de séance.

M. Cazes présente plusieurs ouvrages offerts à notre bibliothèque par
            Jacques Surmonne :
            - Anne Berdeil, Chroniques calmontaises, Toulouse, édition de l’auteur, 2013, 276 p. ;
            Pierre Garrigou Grandchamp :
            - Paola Galetti, Uomini e case nel Medioevo tra Occidente e Oriente, « Biblioteca Laterza Universale », 555, Rome et Bari, Editori Laterza, 2011, 260 p. ;
            - Clément Alix, Frédéric Épaud (dir.), La Construction en pan de bois au Moyen Âge et à la Renaissance, collection « Renaissance », Presses universitaires François-Rabelais, Presses universitaires de Rennes, 2013, 449 p. ;
            Henri Pradalier :
            - Yves Comte, Michèle François, Phares du Languedoc-Roussillon. « Éclairer la mer / Signaler la terre », collection DUO, « Patrimoine protégé », Montpellier, DRAC Languedoc-Roussillon, 2013, 80 p. ;
            - Hélène Palouzié et autres, La cathédrale de Montpellier. Présentation historique, architecturale et littéraire, collection DUO, « Patrimoine protégé », Montpellier, DRAC Languedoc-Roussillon, 2013, 80 p.

Henri Pradalier et Michèle Pradalier-Schlumberger donnent également un fonds documentaire fort intéressant, consistant en quarante-six cartons de mémoires ou thèses soutenus à l’université de Toulouse II-Le Mirail. M. Pradalier précise que ces travaux appartiennent, cinq ans après leur soutenance, au domaine public, puis il note que leur qualité est très inégale.

Le Président remercie nos confrères donateurs. Il donne ensuite l’état de la correspondance, qui comprend, outre diverses invitations, le programme du cycle de conférences organisé par la Société française d’archéologie pour 2013-2014. Puis il annonce avoir reçu deux candidatures au titre de membre correspondant de notre Société, émanées de M. Jean Penent, conservateur en cehf honoraire des musées Paul-Dupuy et Georges-Labit, et de Mme Estelle Galbois, maître de conférences en histoire de l’art hellénistique à l’université de Toulouse II-Le Mirail ; agréées par le Bureau, ces candidatures seront soumises au vote lors de la prochaine séance. Enfin, il donne des nouvelles de Nicolas Buchaniec, appelé par ses nouvelles fonctions dans l’Éducation nationale à s’établir à Vichy, et qui néanmoins souhaite demeurer notre confrère.

La parole est à Émilie Nadal pour une communication consacrée à La maîtrise du temps. Calendrier et comput dans le pontifical de Narbonne.

Le Président remercie notre consœur pour sa présentation d’un sujet peu connu. Même si beaucoup d’entre nous ont aperçu le pontifical au musée de Narbonne, on ne se doute pas des richesses que recèle ce manuscrit, que l’on voit toujours ouvert aux mêmes feuillets. Daniel Cazes dit que la question du pouvoir sur le temps est passionnante et signale que l’on perçoit dans l’Europe du XIVe siècle, notamment en Italie, une compétition pour la réalisation d’horloges de plus en plus perfectionnées et précises.
            Michèle Pradalier-Schlumberger, après avoir déclaré que la soutenance de la thèse d’Émilie Nadal était très attendue, souligne l’intérêt de sa communication et la pertinence du rapprochement entre les pontificaux exécutés en 1350 pour Pierre de La Jugie et un peu avant 1360 pour Pierre de Saint-Martial. Michèle Pradalier-Schlumberger indique que, dans l’étude du manuscrit de Narbonne qu’elle avait faite avec Yvette Carbonell, elles avaient délibérément laissé de côté la question du comput. Elle continue de s’interroger sur l’interprétation que l’on peut faire du feuillet initial, qui montre deux personnages agenouillés symétriques, peut-être une double représentation de Pierre de La Jugie, avant et après son accession au siège métropolitain de Narbonne : à gauche, moine ; à droite, archevêque.
            Émilie Nadal dit avoir tenté diverses combinaisons explicatives, sans parvenir à aucune conviction. Michelle Fournié et Michèle Pradalier-Schlumberger rappellent que, devenu archevêque, Pierre de La Jugie est resté très proche du monde bénédictin.
            Henri Pradalier fait observer que les couleurs visibles sur le globe tenu par le Christ, qui figure la mer, la terre et le ciel, correspondent aux émaux des deux écus aux armes du prélat : il pourrait y avoir là un jeu chromatique.
            Michelle Fournié relève l’ajout dans le calendrier de fêtes de saints assez récemment canonisés, tel Louis d’Anjou. Elle demande si le calendrier donne les fêtes des saints honorés dans l’ancienne province ecclésiastique de Narbonne, démembrée en 1317, à quoi Émilie Nadal répond que l’on peut se reporter à l’index qu’elle a établi. Michelle Fournié constate ensuite que le remaniement de l’hagiographie de saint Paul « Serge », considéré comme le premier évêque de Narbonne, a été achevé par Guillaume Hulard pendant l’archiépiscopat de Pierre de La Jugie.
            Patrice Cabau avoue être resté perplexe devant le titre de la communication porté sur la convocation : « La maîtrise du temps dans le Pontifical de Narbonne, manuscrit enluminé de 1350 ». D’une part, la notion, très moderne ou contemporaine, de « maîtrise du temps » lui est apparue comme plutôt anachronique pour l’époque médiévale, d’autre part, le temps n’a aucune place dans le pontifical de Guillaume Durand qui a servi de modèle pour les pontificaux de Pierre de La Jugie et de Pierre de Saint-Martial. Par ailleurs, lors de la projection, la désorganisation des premiers feuillets du manuscrit de Narbonne ne lui a pas permis de se rendre compte clairement si les tables de comput et le calendrier étaient un hors-d’œuvre ou une partie intégrante du corps du pontifical. Émilie Nadal montre que les éléments relatifs au temps, précédés dans l’ordre originel du manuscrit par une déclaration liminaire de l’archevêque exposant l’économie de son ouvrage, appartiennent bien à une adaptation spécifiquement narbonnaise du pontifical mis au point par Guillaume Durand. Patrice Cabau en conclut que l’archevêque de Narbonne a fait preuve dans son adjonction chronologique des mêmes qualités didactiques qui ont assuré le succès de l’œuvre de l’évêque de Mende.
            Émilie Nadal, Patrice Cabau et Henri Pradalier s’accordent à remarquer l’innovation introduite dans la division de la journée, non plus en douze heures, mais en vingt-quatre, ce qui suggère que, à partir du XIVe siècle, le temps ecclésiastique a tendu à rejoindre le temps civil.
            Hiromi Haruna-Cazplicki se dit « très reconnaissante » envers Émilie Nadal pour son étude du manuscrit de Narbonne. Elle souligne notamment l’intérêt de l’analyse des miniatures des mois et du zodiaque, dans lequel, à la représentation première d’une licorne, est venue se substituer la figuration du capricorne. Elle relève en outre la technicité des instruments de comput et signale qu’un Psautier de Toulouse confectionné une vingtaine d’années avant le pontifical de Pierre de la Jugie contient des éléments de comput.
            Henri Pradalier voudrait savoir à quel jour le pontifical de Narbonne marque le début de l’année. Émilie Nadal indique le 1er janvier, mais elle signale que la date du début de l’année variait d’une institution à l’autre et que, à côté de celui de la Circoncision, bien d’autres styles étaient employés parallèlement.
            Le Président conclut l’échange de vues en constatant que la longueur de la discussion a assez témoigné de l’intérêt suscité par la communication.

Au titre des questions diverses, Daniel Cazes donne des informations concernant le chantier en cours au port Saint-Pierre. Lors de sa dernière séance, la Compagnie s’est émue de l’absence de fouilles. Pourtant le S.R.A. de Midi-Pyrénées avait prescrit un diagnostic, puis un protocole de chantier incluant une fouille, ce qui n’a pas été, dans un premier temps, respecté par le maître d’ouvrage. La Société se réjouit d’apprendre que, finalement, une fouille d’urgence a été menée en quelques jours. Une journée « portes ouvertes » a même pu être organisée le samedi 26 octobre pour montrer au public les résultats de cette recherche archéologique. Le journal Voix du Midi en a rendu compte dans son édition du 31 octobre, en illustrant son propos de sept photographies qui garderont la mémoire des vestiges découverts, en attendant ce que publieront à leur tour les archéologues qui ont mené cette opération « express » : cinq jours. Ce journal nous apprend en effet que les vestiges ont été réenfouis dès le soir du 26 octobre pour permettre la continuation des travaux d’aménagement décidés par la Ville de Toulouse et confiés à l’urbaniste Joan Busquets. Ont été mis au jour, d’une part, une section du rempart de Tolosa romaine, et, d’autre part, les installations d’un atelier de tannerie qui a fonctionné aux XVIIe et XVIIIe siècles, avec plusieurs cuves circulaires ou rectangulaires destinées au tannage des peaux. Il aurait été intéressant de signaler ces vestiges dans l’aménagement projeté, voire de mettre en valeur ce qui reste du rempart du Ier siècle – celui-ci, à l’encontre de ce qu’on imaginait, semblerait former à son extrémité vers la Garonne un angle à partir duquel il longerait le fleuve. Une fois de plus, il est clair que l’archéologie a dû se contenter d’un temps très court octroyé par l’aménageur, et qui n’avait pas fait partie intégrante du projet.
            Louis Peyrusse évoque dans le même sens le cas récent des découvertes faite à l’abbaye Saint-Pierre de Moissac, où les fouilleurs n’ont pu disposer que de bien peu de temps.

Marie Vallée-Roche intervient à propos des informations à communiquer à l’Association des journalistes du patrimoine qu’elle nous a présentée l’année dernière (séance du 19 février 2013) ; il s’agit d’abord de s’acquitter de la cotisation, et ensuite de désigner une personne servant de relais.  

Guy Ahlsell de Toulza présente les dessins de l’ancien Capitole et d’un projet de Virebent dont Maurice Prin a dernièrement fait don à la Société (séance du 21 mai 2013), qui viennent tout juste d’être restaurés. 
            Puis il rend compte de la réunion du Bureau de l’Union des six Académies et Sociétés savantes de l’Hôtel d’Assézat, qui a eu lieu hier 4 novembre et à laquelle il a participé avec Patrice Cabau. Le Bureau de l’Union a entériné l’acquisition d’une tapisserie de Marc Saint-Saëns, « Le Verseau », destinée à prendre place dans la salle Clémence-Isaure.

 

SÉANCE DU 19 NOVEMBRE 2013

Présents : MM. Cazes, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Andrieu, Fournié, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Lamazou-Duplan, Napoléone, Watin-Grandchamp, MM. Balty, Bordes, Garland, MM. Peyrusse, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Balty, Bessis, Czerniak, Friquart, Heng, Jiménez, Joy, Queixalós, MM. Bru, Chabbert, Mattalia, Péligry, membres correspondants.
Excusés : Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Pradalier, Directeur, Mmes de Barrau, Galés, Pradalier-Schlumberger, Victor, MM. Garrigou Grandchamp, Tollon.

Christian Péligry devant nous quitter avant la fin de la séance, le Président lui donne la parole pour le rapport sur la candidature de M. Jean Penent au titre de membre correspondant de notre Société.
            Jean Balty présente ensuite son rapport sur la candidature présentée par Mme Estelle Galbois. 
            On procède au vote : M. Jean Penent et Mme Estelle Galbois sont élus membres correspondants de notre Société.

Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 5 novembre, qui est adopté.
            En marge du procès-verbal, le Président corrige son information sur le tracé du rempart antique sur l’emplacement du port Saint-Pierre : la photographie publiée donnait l’impression d’un mur faisant retour, mais Pierre Pisani lui a précisé qu’il s’agissait du résultat d’un basculement ; la muraille antique arrivait droit sur la berge, sans que l’on sache comment elle s’achevait, ni comment elle s’articulait au rempart du Bas-Empire.
            Le Président indique par ailleurs qu’à l’occasion de travaux projetés dans le lycée Pierre-de-Fermat, la Région Midi-Pyrénées a demandé un diagnostic archéologique, réalisé par le service Archéologie de Toulouse Métropole (La Dépêche du Midi, 7 novembre 2013). Les vestiges d’une tour du rempart antique, déjà vue par Sylvain Stym-Popper, fait l’objet d’une reprise d’analyse et d’un relevé précis.

Le Président rend compte de la correspondance reçue : Mme Maria Alessandra Bilotta nous adresse sa candidature au titre de membre correspondant de notre Société. Le rapport est confié à Michelle Fournié. 
            En demandant à la Compagnie d’excuser son désistement pour la communication de ce soir, Michelle Fournié explique qu’elle s’emploie, avec Daniel Le Blévec, à rattraper le retard pris par la publication des Cahiers de Fanjeaux, dont elle est heureuse d’offrir les volumes 45 et 46.

 

La parole est à Nicolas Bru pour une communication courte sur de Nouveaux éléments sur le tableau de l’Adoration des bergers de la cathédrale de Cahors, attribué à Jacques Blanchard.

Le Président remercie Nicolas Bru pour cette passionnante enquête historique, iconographique et formelle, qu’il lui a fallu mettre en forme dans un temps très restreint pour nous la présenter ce soir.
            En demandant à revoir la gravure de l’Adoration des Mages, signée de Blanchard, Maurice Scellès remarque que c’est bien un linge sur lequel est posé l’enfant, et non un pan du manteau de la Vierge. Concernant l’attribution du tableau à la cathédrale, il invite à la prudence, sachant que nombre d’œuvres ont été déplacées à la Révolution, et que les couvents supprimés en étaient largement pourvus. Dominique Watin-Grandchamp rappelle aussi que certains tableaux appartenaient en propre aux évêques, qui arrivaient éventuellement avec leur collection, et étaient parfois donnés à la cathédrale au moment de leur décès. D’éventuels liens entre l’évêque et la famille seigneuriale de Grézels pourraient fournir d’autres pistes de recherche.
            Pour Louis Peyrusse, la question de l’actualité des catalogues d’artistes est particulièrement intéressante. Il avoue ne pas bien comprendre les réticences du professeur Jacques Thuillier : sans doute tenaient-elles pour beaucoup au visage de la Vierge. En tout cas, la messe est dite : le tableau de Cahors est un Blanchard, à moins de supposer une œuvre d’atelier.
            Guy Ahlsell de Toulza renchérit dans ce sens en soulignant la similitude des visages de la Vierge sur l’œuvre de Cahors et du tableau de l’Assomption conservé à Cognac, et le même traitement des robes. Il ajoute que si l’on présentait aujourd’hui le tableau de Cahors et la copie de Grézels à Jacques Thuillier, il reviendrait sans doute sur son jugement.
            Jean Balty voudrait savoir s’il est possible de déterminer le moment de la découpe du tableau de la cathédrale : est-ce à la Révolution ? Pour Guy Ahlsell de Toulza, le cadre indiquerait plutôt le règne de Charles X. Nicolas Bru indique que la restauration du tableau a permis d’observer la présence de plusieurs couches de repeint. Comme Nicole Andrieu fait remarquer que le tableau de Cahors a pu être intégré à un retable, Nicolas Bru reste réservé sur ce point. Le cintre de la partie haute laisse entendre que c’était le cas pour celui de Grézels, mais il peut s’agir d’une adaptation. Guy Ahlsell de Toulza note que la partie supérieure du tableau pourrait en effet ne pas exister, et que le bord pourrait être droit sans que l’œuvre en soit altérée.

 

La parole est à Roland Chabbert et Maurice Scellès pour un exposé en forme d’introduction à un débat : L’inventaire général du patrimoine culturel en 2013 : un luxe ou une nécessité ?

Daniel Cazes remercie les deux intervenants pour leur présentation, à l’évidence fort utile, de l’évolution de l’Inventaire depuis son lancement par André Malraux et André Chastel.
            Il ouvre ensuite l’échange de vues avec la question, souvent posées par des interlocuteurs étrangers, de la division tripartite, spécifiquement française, entre les Services des Monuments historiques, de l’Archéologie et de l’Inventaire, qui peut apparaître dans les autres pays d’Europe comme une curiosité. Malgré tout le travail, admirable, accompli dans le domaine de l’inventaire, les termes utilisés en France ne lui semblent pas d’une lisibilité bien claire. Ainsi, les notions de « connaissance du Patrimoine », de « Patrimoine culturel » ne sont-elles pas forcément comprises ailleurs, en dehors des circuits des Administrations, et cela alors même que le concept de « bien culturel » a émergé dans la conscience des citoyens. Par exemple, la lecture de la Carte archéologique, éditée département par département, amène à s’interroger sur des découpages assez arbitraires dans le temps (époques de l’Histoire : quand finit l’Antiquité, quand commence le Moyen Âge, pourquoi accorde-t-on plus d'importance à l'une ou à l'autre de ces périodes ?...) et dans l’espace (au-dessus et au-dessous du niveau du sol).
            Maurice Scellès reconnaît que ces limites manquent de clarté, et il espère que ces clivages entre les Services finiront par s’effacer avec l’avancement du travail, grâce aux nécessaires collaborations. Puis il note que la fracture peut être due à des raisons techniques : par exemple, les bases de données utilisées par l’Inventaire général, qui permettent de traiter des objets extrêmement divers, ne sont cependant pas du tout adaptées au traitement de sites archéologiques. Le problème n’est plus alors tellement la saisie des données avec les mêmes instruments qu’une restitution au moyen d’un même outil. Un projet tel que l’Atlas du Patrimoine devrait ainsi permettre de regrouper les données des Monuments historiques, celles de l’Inventaire et celles de l’Archéologie.
            Par ailleurs, Maurice Scellès avoue que, si la mission d’inventaire lui paraît être d’une très grande importance, la notion de Service de l’Inventaire lui semble être beaucoup moins essentielle. Il s’adresse alors à Mme Jaoul, qui a eu la charge de transférer ce Service de l’État vers la Région. Martine Jaoul rappelle que l’intégration à l’organigramme de la Région s’est accompagné un changement d’appellation, le Service de l’Inventaire devenant Service de la Connaissance du Patrimoine. Pour répondre à la question de l’utilité de l’inventaire, elle souligne fortement le fait que, par le déploiement de ses chercheurs, la mission du Service permet une présence scientifique sur le terrain. Sans l’Inventaire, et aussi bien sûr l’Archéologie, les collectivités n’auraient pas l’occasion de rencontrer des spécialistes, ce qui lui apparaît, en tant qu’ethnologue, comme absolument fondamental pour créer des liens humains.
            Aux yeux de Maurice Scellès, cette relation est tout à fait cruciale dans le domaine des partenariats. Si l’action au niveau régional peut fonctionner pour la connaissance, l’ancrage au niveau local est nécessaire pour le montage des actions opérationnelles. Par exemple, la gestion de crédits pour la restauration des objets mobiliers ou des églises n’est guère possible qu’à l’échelon départemental, où l’on peut parvenir à une bonne connaissance de l’ensemble des édifices et des objets qui puisse servir de base à une véritable politique. On peut ensuite parler des niveaux opérationnels en termes d’urbanisme : la ville de Cahors fait actuellement l’objet d’une double opération de révision du secteur sauvegardé et d’inventaire à la parcelle, et c’est assurément la mission de connaissance menée par le Service dont la Ville de Cahors s’est dotée qui peut avoir un impact réel sur le traitement du bâti. Pour Maurice Scellès, la présence continue des Services patrimoniaux au niveau local est essentielle pour la sensibilisation des habitants et des élus, car elle conduit à la prise de conscience de la valeur du Patrimoine et à sa prise en compte dans les projets des collectivités ; elle est essentielle aussi pour la sauvegarde, et donc pour la connaissance : un bout de mur préservé pourra toujours être l’objet de nouvelles études.

Roland Chabbert constate la diversité des situations dans les diverses Régions, pourtant toutes pourvues d’un Service d’Inventaire, et fait état d’une certaine disparité des moyens et des niveaux de traitement. Cela risque à terme de poser le problème de la cohérence du corpus en cours de constitution. Pour l’instant, la méthode reste la même partout, mais il faut craindre que les Services des différentes Régions ne mettent au point des outils qui leur seront propres, dans certains cas en collaboration avec des universités qui ont leurs propres manières de travailler. L’autre risque est que chaque Région s’enferme dans une vision exclusive de son Patrimoine, alors qu’un Patrimoine régional ne prend véritablement sa valeur que par rapport à ceux des Régions voisines et du reste du territoire national. Ce risque n’est peut-être pas encore assez pris en compte par les Services, ni par les élus.

Louis Peyrusse se souvient que l’Inventaire avait connu un bien mauvais départ en Midi-Pyrénées, en raison notamment d’une série d’oppositions, avec diverses institutions (Monuments historiques, Université, Sociétés savantes...) et entre personnes... On ne peut que se féliciter d’une évolution qui, de 1974 à 2013, a été très positive. Il manque encore certains outils cependant, notamment des vocabulaires : si l’on dispose du Vocabulaire de l’Architecture de Pérouse de Montclos, on est toujours en attente du Vocabulaire de l’Ornement (qui devrait être publié en 2014). Du point de vue de Louis Peyrusse, la régionalisation peut présenter un danger : que l’inventaire se réduise à un catalogue ; il conviendra de garder à l’esprit qu’un inventaire est un ensemble qui doit faire sens.
            Maurice Scellès abonde en ce sens. Il s’agit ainsi de savoir si la préoccupation est actuellement toujours de faire un Inventaire général du patrimoine culturel, ou si l’on procède, au moyen de bases de données permettant d’enregistrer à peu près tous les objets, à une collection hétéroclite juxtaposant des œuvres très diverses ainsi que des informations ou études de qualité fort inégale. La question du sens est fondamentale, et l’aventure de l’inventaire du patrimoine artistique, monumental, industriel, culturel de façon générale, représente bien un enjeu intellectuel. L’inventaire peut paraître fractionné, certes, mais la matière première accumulée peut toujours à certain moment prendre sens par des études spécifiques. Le débat sur la mission de l’Inventaire (Service de recherche ou de documentation ?) est un faux débat : la qualité de la documentation dépend étroitement des mouvements de la recherche et de la personnalité des chercheurs. Le vice fondamental de la conception des années 1960 a été que l’on imaginait un inventaire sans chercheurs. Il y avait quelque aberration intellectuelle dans le fait de penser qu’en élaborant des principes d’étude scientifique, des méthodes supposées immuables et définitives, on fournirait des outils objectifs d’analyse de la réalité permettant de se dispenser du jugement des personnes. Aujourd’hui, à la différence des publications sur le papier, le système documentaire permet d’actualiser et de compléter en permanence l’information et par là de faire évoluer le regard.

Guy Ahlsell de Toulza souhaite connaître l’état et l’organisation actuels du Service du patrimoine de la Région Midi-Pyrénées, à Toulouse et dans les départements. Roland Chabbert indique qu’il comprend douze personnes, dont six chercheurs et six agents administratifs ou techniques, auxquels s’ajoutent les quarante chercheurs employées par les vingt territoires qui ont conclu un partenariat avec la Région : deux à Toulouse, quatre en pays du Quercy, un à Rodez, etc. Les partenariats prennent la forme de programmes annuels conjointement élaborés, en fonction de centres d’intérêt variables (par exemple à Montauban, ville d’Art et d’Histoire, où l’on souhaitait organiser des visites guidées dans un quartier, un programme de recherche sur ce quartier a été mis sur pied pour que la documentation serve à monter une exposition), ou de projets sur trois ou quatre années (par exemple le grand projet sur la viticulture dans le Gaillacois, qui aboutira à une publication dans les Cahiers du Patrimoine en 2014). Il faut souligner qu’en Midi-Pyrénées, le Service de la Région et les services partenaires travaillent sur un pied d’égalité, ce qui explique le succès...
            Guy Ahlsell de Toulza, à partir d’exemples pris dans le Tarn, se demande quelle est la cohérence globale des diverses réalisations :
            - Lavaur, avec l’inventaire, par une personne seule, des maisons médiévales, suivi de visites et de conférences ;
            - une publication sur la viticulture à Gaillac, où se déploie un véritable lobbying pour la promotion du vignoble gaillacois, et cela en vue de l’obtention d’un label « Pays d’Art et d’Histoire », alors qu’il n’y a aucune infrastructure, ni aucun intérêt réel des élus pour le patrimoine ;
            - Albi, rien, alors que la ville figure dans la liste du Patrimoine mondial.
            Roland Chabbert explique ces disparités par une différence d’échelles et d’enjeux en fonction des collectivités : à Lavaur, la personne est intégrée au personnel de la Ville ; dans le Gaillacois, la mission est confiée au Conseil général. 

 

Le Président adresse ses félicitations à Yoan Mattalia qui vient de soutenir brillamment, vendredi 8 novembre, sa thèse de doctorat sur Les établissements des ordres religieux militaires aux XIIe-XIIIe siècles dans les diocèses de Cahors, Rodez et Albi. Approche archéologique et historique.

 

SÉANCE DU 3 DÉCEMBRE 2013

Présents : MM. Cazes, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Haruna-Czaplicki, Napoléone, M. Catalo, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Le Pottier, Surmonne, membres titulaires ; Mmes Bessis, Galbois, Nadal, Vallée-Roche, MM. Chabbert, Péligry, Penent, membres correspondants.
Excusés : M. Pradalier, Directeur, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Balty, de Barrau, Cazes, Heng, Lamazou-Duplan, Pradalier-Schlumberger, Queixalós, Victor, MM. Balty, Bordes, Chabbert, Garland, Garrigou Grandchamp, Georges, Tollon.

Le Président souhaite la bienvenue à Estelle Galbois et Jean Penent, récemment élus membres correspondants de notre Société et qui prennent séance ce soir. Nous espérons les voir souvent parmi nous et plus encore les entendre.
            Le Secrétaire général n’ayant pu en achever la rédaction, la lecture du procès-verbal de la dernière séance est reportée.
            Le Président rappelle le rendez-vous du 14 janvier prochain au Musée des Augustins pour la visite de l’exposition Trésors enluminés – De Toulouse à Sumatra, qui nous sera présentée par Mme Charlotte Riou.

La parole est à Geneviève Bessis pour une communication sur Deux imprimeurs toulousains concurrents : Jacques Colomiès (1526-1568) et Guyon Boudeville (1541-1562)

La grammaire latine d'Antonio de Nebrija connut quatre éditions toulousaines : Nicolas Vieillard, 1537, Jacques Colomiès, 1538 et 1541 et enfin Guyon Boudeville, 1545. Grand succès de librairie pendant le XVIe siècle, ce manuel indispensable pour les étudiants fut l'objet d'une concurrence acharnée particulièrement entre les deux plus grands imprimeurs de la Renaissance toulousaine, Jacques Colomiès et Guyon Boudeville.

Le Président remercie notre consœur de nous avoir fait découvrir l’imprimerie qui se pratiquait dans le deuxième quart du XVIe siècle, non seulement à Toulouse, mais également à Lyon. Au terme de cet exposé vraiment très intéressant, il se pose la question des raisons auxquelles tient la différence de qualité des gravures, très sensible entre les impressions réalisées dans l’une et l’autre ville. Geneviève Bessis élargit le constat des différences de qualité des gravures : celles de Toulouse sont inférieures à celles de Lyon, qui sont elles-mêmes très en dessous de celles de Venise – elle aurait pu nous montrer un exemple d’impression vénitienne pour la grammaire latine d’Antonio de Nebrija dont elle a étudié les avatars. Puis, répondant à Maurice Scellès, curieux lui aussi de connaître les raisons de la médiocrité des gravures toulousaines, elle dit que celles qu’elle a examinées font voir que les bois étaient très usés par des tirages multipliés, qui allaient d’après les contrats jusqu’à 1 500 exemplaires ; par ailleurs, le travail sur les matrices des gravures toulousaines paraît avoir été plus grossier qu’ailleurs, où les traits sont moins épais.
            Daniel Cazes pose la question de l’origine des graveurs. Ils étaient probablement toulousains ; Geneviève Bessis note à ce propos que les gravures sont dans leur très grande majorité anonymes, sauf dans le cas d’une, signée « Claude Lamberti », qui figure dans un ouvrage imprimé chez Guyon Boudeville, cette quasi exception constituant d’ailleurs une énigme. Jean Penent rappelle que l’exposition que Robert Mesuret avait organisée sur le thème des graveurs toulousains des XVIe et XVIIe siècles avait montré que leur style était fort médiocre.
            Le Père Montagnes fait observer qu’il a manqué lors de la projection des gravures une indication permettant d’apprécier leur qualité : leurs dimensions. Mme Bessis corrige cette omission en indiquant que les volumes étudiés sont de format grand in-quarto, soit environ 28 cm de hauteur.

Jean Catalo demande si l’on a idée du prix d’un exemplaire de l’ouvrage présenté, au XVIe siècle. « Aucune idée » déclare Geneviève Bessis, qui ajoute que les seuls indices que l’on ait au sujet des coûts d’impression sont les conditions des contrats passés avec Colomiès et Boudeville, où il est stipulé que l’imprimeur est payé à la page, avec un tarif différent pour les pages en noir et celles en noir et rouge. Par ailleurs, ces contrats montrent que les libraires ont la main sur l’exclusivité de la vente des livres, placés dans un dépôt dont ils détiennent la clef ; la réimpression des ouvrages est prohibée pour une période de trois ans.
            Pour répondre à une remarque de Jean Penent, Geneviève Bessis montre que Jacques Colomiès et Guyon Boudeville sont constamment en concurrence. Ils sont en effet les deux meilleurs imprimeurs de Toulouse, et les plus productifs : plus de 145 ouvrages pour Boudeville, plus de 200 pour Colomiès. C’est Colomiès qui sortira vainqueur de cette rivalité : Guyon Boudeville pendu en 1562 pour hérésie, il acquiert son matériel mis aux enchères par ordre des capitouls, qu’il ajoute à ses propres moyens d’impression, lesquels comprenaient ceux qu’il avait déjà récupérés de Jean Faur et de Jean Grandjean. Du reste, il faut remarquer que les imprimeurs de Toulouse étaient mis en compétition avec ceux de Lyon, notamment par les professeurs de droit de l’Université toulousaine. Le médecin Augier Ferrier faisait lui aussi travailler tour à tour les imprimeurs des deux villes.
            Geneviève Bessis tient à faire observer qu’il s’est dit beaucoup d’inexactitudes sur le compte de Guyon Boudeville. Celui-ci n’a ainsi pas exclusivement travaillé pour des protestants (son adhésion à la Réforme ne s’est faite que sur le tard), et son horizon intellectuel ne se limitait pas à l’aspect religieux. Ce nonobstant, Jean Penent rappelle qu'on doit à Colomiès d'avoir imprimé le protestant lectourois Pey de Garros.
            Christian Péligry exprime le très grand plaisir qu’il a eu de suivre l’exposé de Geneviève Bessis, qui a « très habilement » présenté les deux imprimeurs à travers un ouvrage dont ils se sont disputé l’impression. Il confirme la prépondérance acquise par Colomiès, dont la production représente finalement plus de 20 % des livres imprimés à Toulouse au XVIe siècle.
            Guy Ahlsell de Toulza voudrait avoir un aperçu des modes de fonctionnement des ateliers d’imprimerie, peut-être connus à partir des contrats, d’inventaires... Geneviève Bessis dit qu’il y aurait sans doute à sujet des indications à tirer du dépouillement des registres du notaire Bernard Dalet. Tout ce qu’elle peut dire, c’est que les imprimeurs ont travaillé « en famille » : Colomiès avait pris comme apprenti l’un de ses neveux, nommé Gilet ; Boudeville travaillait avec sa femme et sa fille ; le rôle des épouses des imprimeurs, entreprenantes, cultivées, est à souligner.

Maurice Scellès s’enquiert du délai requis pour l’impression de la grammaire latine d’Antonio de Nebrija. Geneviève Bessis indique une durée d’un an, pour 210 feuillets, prévue dans un contrat. Elle ajoute que, comme l’atelier réalisait une dizaine d’ouvrages par an, on doit supposer qu’il disposait de plusieurs presses. M. de Toulza fournit une illustration concrète des progrès de l’imprimerie en signalant qu’aujourd’hui l’impression d’un peu plus de 500 exemplaires des Mémoires annuels de la S.A.M.F. dure cinq minutes.
            Louis Peyrusse revient sur la « médiocrité calamiteuse » des gravures sur bois des impressions toulousaines. Pour lui, la question est avant tout d’ordre économique. Pour des ouvrages de large diffusion, par exemple une grammaire latine que les étudiants devaient pouvoir se payer, et pour lesquels il fallait pouvoir pratiquer des prix inférieurs à ceux de la concurrence lyonnaise, les bois gravés utilisés pour les illustrer devaient être achetés à bas prix. En revanche, pour des livres plus prestigieux, les images étaient de meilleure qualité : ainsi l’Histoire Tolosaine d’Antoine Noguier imprimée par Guyon Boudeville a-t-elle été spécialement illustrée avec une planche signée par Géraud Agret, gravée d’après un dessin de Servais Cornouaille.
            Patrice Cabau indique une piste qui pourrait peut-être aider à l’identification du mystérieux Jérôme Sanguin (Sanguinus), de Vendôme, qui figure parmi les collaborateurs de l’équipe internationale chargée d’établir la première édition toulousaine de la grammaire de Nebrija imprimée par Nicolas Vieillard en 1537 : son nom évoque celui d’Antoine Sanguin, seigneur de Meudon, qui fut, entre autres, archevêque de Toulouse de 1550 à 1559.

Christian Péligry fait le constat que l’histoire de l’imprimerie à Toulouse est un champ de recherche encore largement ouvert, et il encourage Geneviève Bessis à poursuivre son exploration. En ce sens, Jean Le Pottier propose les moyens de numérisation dont les Archives départementales disposent pour faciliter l’accès aux sources nécessaires : registres notariaux...

 

Au titre des questions diverses, Guy Ahlsell de Toulza annonce qu’il a envoyé la demande d’adhésion de notre Société à l’Association des journalistes du patrimoine, et qu’il attend une réponse. Christian Péligry signale que le courrier qu’il a adressé à cette association est également resté sans réponse pour l’instant.
            Guy Ahlsell de Toulza dit encore avoir eu la tristesse de recevoir l’annonce de la dissolution de l’association Momus, qui a tenu une place importante dans la défense du patrimoine. Ce rôle est désormais surtout assumé au niveau national par La Tribune de l’Art, et nous serons attentifs à ce que fera l’Association des journalistes du patrimoine.

Plusieurs conférences sont à signaler :
            - celle de Mme Luce Barlangue sur Marc Saint-Saëns à l’Académie des Sciences le 17 décembre ;
            - celle sur Jean Thomas au Muséum ;
            - celle que fera Daniel Cazes aux Archives départementales de la Haute-Garonne le 19 décembre : Histoire des musées : l’exemple de Toulouse.

Louis Peyrusse signale l’avis de décès, paru dans le journal Le Monde, de Jehan de Malafosse, membre de notre Société depuis 1956, devenu membre libre.

Au nom de notre Compagnie, le Président félicite Émilie Nadal qui a brillamment soutenu sa thèse de doctorat : notre consœur est chaleureusement applaudie par l’assemblée. Le Président lui donne la parole pour une rapide présentation de la page Facebook qu’elle se propose de consacrer aux activités de notre Société. La question mérite d’être examinée plus longuement au cours d’une prochaine séance.

Le Président fait part des dernières informations sur les travaux du port Saint-Pierre. Il rappelle que la fouille express a été suivie d’une non moins expéditive journée porte ouverte. Et il est certain que l’autre partie du port Saint-Pierre n’a pas fait l’objet d’une fouille archéologique. Micro-pieux, béton… tout va très vite… et on voit pourquoi. Il est clair que l’archéologie n’a jamais été intégrée au projet, et que l’on nous mène en bateau. Les Sociétés savantes et les associations ne se fatiguent-elles pas en vain ? Ou bien ne sont-elles pas assez nombreuses à faire entendre leur voix ? Le quartier Saint-Pierre est l’un des secteurs les plus intéressants de Toulouse à avoir fait l’objet d’aménagements depuis deux ou trois ans : la manière dont il a été traité fait douter de l’utilité des lois sur l’archéologie et les monuments historiques. Tout semble possible aujourd’hui, sans aucune contrainte. Mais, comme le fait observer Guy Ahlsell de Toulza, sauf pour les particuliers. Et pas dans toutes les villes.

 

SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 2013

Présents : MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Fournié, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp, le Père Montagnes, le général Garrigou Grandchamp, MM. Balty, Boudartchouk, Lassure, Peyrusse, Surmonne, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Balty, Bessis, Queixalós, Nadal, Vallée-Roche, MM. Gardes, Le Pottier, Macé, Molet, Péligry, Penent, membres correspondants.
Excusés : MM. Scellès, Secrétaire général, Latour, Bibliothécaire-Archiviste adjoint ; Mmes Andrieu, Cazes, Galbois, Lamazou-Duplan, Rebière, MM. Bru, Garland, Rebière.
Invitée : Mme Roberta Bevilacqua (M. Aurélien Pierre est excusé).

Le Président ouvre la séance à 17 h. Il annonce la triste nouvelle du décès de Bernadette Suau, Bibliothécaire-Archiviste de notre Société, qui s’est éteinte après de longues souffrances physiques et morales le 8 décembre dernier. Il prononce l’éloge de notre consœur disparue [Texte à insérer.], puis demande à la Compagnie de rendre hommage à sa mémoire en observant quelques instants de silence.

Daniel Cazes rappelle qu’une visite de la Société est prévue mardi 14 janvier 2014, à partir de 16 h, au Musée des Augustins, où se trouve présentée une exposition sur des « Trésors enluminés. – De Toulouse à Sumatra ».
            Le Président rend compte du courrier reçu : diverses invitations, ainsi que le programme des conférences d’Histoire de l’Art organisées par la Direction de la Culture et du Patrimoine de la Ville de Narbonne pour 2013-2014. Il présente ensuite deux dons faits à la Société :
            - de notre consœur l’Académie de Législation : Les séances de l’Académie de Législation. Économie et droit. Année académique 2012-2013, DVD, Toulouse, 2013 ;
            - de notre confère Roland Chabbert : Bernard Bachelot 1930-2011, collection « Patrimoines Midi-Pyrénées - Archives d’Architectes », Toulouse, Conseil régional Midi-Pyrénées, 2013, 128 p.

La Compagnie entend le rapport de Michelle Fournié sur la candidature de Maria Alessandra Bilotta au titre de membre correspondant. Il est procédé au scrutin. Mme Bilotta est élue membre correspondant de notre Société.

Mme Fournié fait ensuite circuler le dernier volume des « Cahiers de Fanjeaux » (n° 46), récemment paru : La réforme « grégorienne » dans le Midi (milieu XIe-début XIIIe siècle), Toulouse, Privat, 2013, 680 p.

 

La parole est à Jean-Luc Boudartchouk pour une communication longue consacrée à La Haute Auvergne durant le Bas-Empire et l’époque mérovingienne.

Le Président remercie notre confrère de nous avoir présenté une région qui reste fort mal connue, notamment pour la période étudiée. Il demande si l’on a d’autres informations sur la vie érémitique à cette époque. Jean-Luc Boudartchouk dit que le dossier comporte des données anciennes dont on peut être certain, mais que certains éléments ont dû être brouillés ou oblitérés par la seconde vague d’érémitisme, aux XIe et XIIe siècles. L’une des indications sûres concerne l’ermite Caluppa, dont Grégoire de Tours témoigne qu’il était ravitaillé par un moine au moyen d’un panier.
            Pierre Garrigou Grandchamp s’interroge sur le sens à donner au jet de pièces : s’agit-il de la persistance d’une coutume païenne, d’une pratique relevant de l’exorcisme ? M. Boudartchouk répond que l’interprétation du fait constaté reste problématique : il y bien eu sur les sites de sanctuaires abandonnés ou détruits projection de pièces de monnaie ou de menus objets métalliques, mais on ne saurait en dire plus. Les pratiques de la religion populaire sont très peu connues ; il n’y a rien à ce sujet dans les actes des conciles du temps. Dominique Watin-Grandchamp signale l’existence, jusqu’au XVIe siècle, de telles pratiques, expliquées par une « peur des vieux dieux ». Henri Molet se demande quelle peut être au fond la signification des jets de monnaie que l’on fait de nos jours dans les fontaines de Rome, Paris...
            Le général Garrigou Grandchamp relève que les apports de la toponymie n’ont pas été exploités. Jean-Luc Boudartchouk dit qu’il a évacué ce type de données, dont l’étude exige les compétences d’un linguiste professionnel. Par ailleurs, le stock des toponymes anciens est à évaluer avec méthode, notamment du fait que l’absence de strates toponymiques peut correspondre à des périodes de rupture de l’occupation du sol.
            Marie Vallée-Roche s’enquiert de la date de l’occupation de la région à l’époque wisigothique. M. Boudartchouk répond que l’intégration de l’Auvergne est un fait avéré à la fin du Ve siècle, mais que la chronologie reste difficile à préciser puisque la datation que l’on assigne traditionnellement aux lettres de Sidoine Apollinaire est en réalité bien mal établie. Pour terminer, il ajoute qu’il nous a « fait grâce » de l’examen des questions relatives à l’évangélisation de la Haute-Auvergne.

           Au titre des questions diverses, Philippe Gardes présente un exposé sur Le rempart gaulois de Vieille-Toulouse : nouvelles données archéologiques. Daniel Cazes remercie M. Gardes de nous avoir réservé la primeur d’informations qui paraissent bien clore définitivement le débat qui durait depuis plus deux deux siècles quant à l’emplacement de la première Tolosa. Bruno Tollon ayant demandé des précisions sur la photographie aérienne qui a été projetée, Philippe Gardes commente cette vue en montrant le tracé de plusieurs fossés qui appartenaient au dispositif de défense de l’ancienne ville.

Émilie Nadal se propose de nous faire découvrir la nouvelle page Internet dédiée aux activités de la S.A.M.F., mais un problème de connexion fait reporter son intervention à une séance ultérieure.

Le Trésorier fait le point sur le paiement de la cotisation pour 2013 : 27 membres, sur 108 à ce jour, ne l’ont pas encore acquittée. Guy Ahlsell de Toulza se dit préoccupé du déficit de recettes qui en résulte, d’autant plus que les frais de publication de la Société connaissent actuellement une hausse sensible.

L’ordre du jour étant épuisé, le Président lève la séance à 19 h, non sans avoir souhaité à tous les présents une bonne fin d’année.

 

SÉANCE DU 7 JANVIER 2014

Présents : MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Mmes Andrieu, Cassagnes-Brouquet, Cazes, Fournié, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Merlet-Bagnéris, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, MM. Balty, Bordes, Lassure, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Surmonne, Tollon, membres titulaires ; Mmes de Barrau, Balty, Bessis, Escart-Bugat, Friquart, Galbois, Nadal, Vallée-Roche, MM. Chabbert, Péligry, Penent, membres correspondants.
Excusés : M. Cabau, Secrétaire-adjoint, Mmes de Barrau, Galés, Lamazou-Duplan, Victor, MM. Boudartchouk, Garland, Garrigou Grandchamp, Le Pottier.
Invitée : Mme Gaëlle Prost, chargée d’inventaire de la Ville de Lectoure.

Au nom du Bureau, le Président présente à la Compagnie ses meilleurs vœux pour 2014, souhaitant qu’elle nous offre de nous réunir plus souvent et plus nombreux encore pour partager travaux et discussions. Enrichir les questions diverses lui paraît toujours aussi important : dans un monde où l’information est foisonnante mais tout aussi cloisonnée, le rôle de notre Société est de favoriser l’échange et le partage des informations correspondant à nos centres d’intérêt.
            Après avoir rappelé que la cotisation devait être réglée au cours du premier semestre de l’année, le Président souhaite que l’on prépare dès maintenant la prochaine année académique et il demande à ceux qui auraient des projets de communication de bien vouloir en faire part au Bureau.

Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 19 novembre, qui est adopté.

Le Président rend compte de la correspondance reçue.
            L’Inrap propose que notre Société s’associe aux Journées nationales de l’archéologie, les 6-8 juin 2014 : il conviendra d’y réfléchir.
            Madame Christelle Blondeau demande des informations sur une miniature représentant sainte Catherine, léguée à notre Société en 1929 par l'archiviste de la Haute-Garonne Félix Pasquier. Le Président indique qu’après une première enquête, il ne semble pas que cette miniature fasse encore partie de nos collections conservées à l’Hôtel d’Assézat : il est possible qu’elle fasse partie des œuvres déposées dans les musées de Toulouse ou à la bibliothèque municipale.

Par ailleurs nous avons trois candidats pour le concours, dont deux nous ont fait parvenir leurs travaux :
            - Marjorie Guillin, « L’anéantissement des arts en province ? ». L’Académie royale de peinture, sculpture et architecture de Toulouse au XVIIIe siècle (1751-1793), thèse de doctorat sous la direction de Pascal Julien et de Fabienne Sartre-Ricci, Université de Toulouse-Le Mirail.
            - Marie-Pierre Bonetti, Contributions de l’étude de la sculpture architecturale à l’histoire monumentale de l’abbaye de Saint-Gilles-du-Gard (30). Bases de données, analyse archéologique et nouvelles technologies, master 2 sous la direction du professeur Andreas Hartmann-Virnich, 2012-2013, Université d’Aix-Marseille.

 

La parole est à Roland Chabbert et Gaëlle Prost pour une communication sur Les problèmes d’identification et de datation d’un plafond peint récemment découvert à Lectoure.

Le Président remercie Roland Chabbert et Gaëlle Prost de nous avoir fait connaître cette découverte qui soulève bien des questions.
            Guy Ahlsell de Toulza précise quelques points de l’iconographie, rappelant que les gravures publiées dans les années 1550 et qui ont pour thème l’amour, dramatique ou heureux, ont fait l’objet de nombreuses rééditions.
            Concernant le remploi des poutres, Louis Peyrusse pense que leur longueur tient simplement au fait qu’elles étaient disponibles. Guy Ahlsell de Toulza donne l’exemple du 10 rue Croix-Baragnon à Toulouse où l’on a remployé les poutres de l’Hôtel Saint-Jory. Maurice Scellès fait cependant observer qu’à Lectoure, les poutres remployées ne sont pas placées perpendiculairement au mur de façade, ce qui laisserait supposer qu’elles ont été disposées de manière à ce que la plus grande partie de leur décor soit visible dans la nouvelle construction.
            Pour Louis Peyrusse, seuls les médaillons d’empereurs sont repeints sur le décor antérieur. Tout le reste lui paraît réalisé par une équipe de peintres spécialisés chacun dans son domaine. Le fait que les cadres des tableaux mordent légèrement sur les décors végétaux correspond à une telle organisation du travail. C’est aussi l’impression de Guy Ahlsell de Toulza, qui note que le personnage en habit qui apparaît de dos dans l’une des scènes détonne cependant un peu. Il ajoute, pour le regretter, que l’on dispose de peu d’études complètes d’ensembles semblables.
            Louis Peyrusse s’interrogeant sur l’identification de la bataille de Jarnac, Roland Chabbert précise qu’il ne s’agit que d’une hypothèse de travail.
            Bruno Tollon fait remarquer que le matériel qui a fourni les modèles aux peintres est très ancien. Les masques sont par exemple issus des décors de Fontainebleau. Il note par ailleurs que les scènes de bataille ne semblent pas à leur place parmi les scènes de chasse. Bruno Tollon s’intéresse aussi aux clous observés sur les encadrements de quelques scènes, et qui étaient sans doute destinés à fixer des toiles peintes. Louis Peyrusse remarque que pour l’une des scènes, la toile paraît n’avoir été appliquée que dans la moitié supérieure.
            À propos des Métamorphoses d’Ovide, Jean-Charles Balty signale les décors d’un château des environs de Lyon, publiés dans un ouvrage paru à l’occasion du bimillénaire de la ville : Guy Ahlsell de Toulza précise que cet ensemble de boiseries constituant tout un cabinet est conservé au Musée de Lyon.

 

La parole est à Bruno Tollon pour une communication intitulée : Entrées royales à Toulouse et témoignages durables des décors pour accueillir les souverains.

Le Président remercie notre confrère de nous avoir fait partager sa connaissance extrêmement précise de ces œuvres, en nous rappelant quel ensemble de sculptures magnifiques conserve l’Hôtel du Vieux-Raisin, malheureusement en bien mauvais état. Merci encore de nous avoir montré la cheminée de l’Hôtel Molinier, qui ne peut être facilement vue.
            Quitterie Cazes s’étonnant des mutilations subies par les sphinges de la cour Henri IV à la Révolution, Bruno Tollon précise que ce sont les couronnes fermées qui se trouvaient au-dessus des colonnes qui ont été soigneusement supprimées.

Au titre des questions diverses, Jacques Surmonne évoque l’inquiétude manifestée par la Société des Études du Lot à propos des découvertes archéologiques occasionnées par le chantier d’un hôtel au n° 113 rue André-Breton à Cahors. Il tâchera d’en savoir plus sur les découvertes et sur le devenir du site.

  Nicole Andrieu rend compte du sauvetage du trésor de l’église de Saint-Béat, après les inondations de l’été 2013.

  Le trésor de Saint-Béat après des crues catastrophiques.

  Les 18 et 19 juin dernier, la Garonne grossie par une brutale fonte des neiges associée à des fortes pluies, dévastait la ville de Saint-Béat. D’innombrables maisons, commerces, équipements étaient sinistrés ; l’église romane classée MH était envahie par 80 cm d’eau et de boue, et 60 cm dans l’ancienne sacristie transformée à la fin des années 1990 en trésor pour présenter une soixantaine d’objets d’art.
              Le 22 juin la conservation des objets d’art de Haute-Garonne et le Bouclier bleu procédaient au transfert des objets de bois polychrome ou doré vers l’antenne des archives départementales de Saint-Gaudens. Des restaurateurs pouvaient alors intervenir pour des premiers soins d’urgence, des constats d’état et des devis, pendant que les objets séchaient doucement. Début août, le Musée Massey de Tarbes a pris le relais, non seulement pour transférer tous ces objets dans ses réserves sécurisées et climatisées, mais pour réaliser à partir de décembre une exposition des objets majeurs de façon à attirer d’éventuels donateurs. Une enveloppe importante accordée par la Fondation du Patrimoine va permettre de restaurer une dizaine d’objets et grâce à l’exposition de Tarbes, la délégation Hautes-Pyrénées de la Fondation du Patrimoine va elle-aussi contribuer à cette opération. Trois panneaux de retable ont par ailleurs participé au Concours organisé chaque année par l’atelier Arc-Nucléart, de Grenoble, spécialisé dans le traitement des bois gorgés d’eau, et vont être traités et restaurés gratuitement.

Nicole Andrieu
Conservateur des objets d’art 
de Haute-Garonne

Le Président remercie Nicole Andrieu et félicite tous ceux qui ont participé à ce sauvetage.

 

VISITE du 14 janvier 2014

Présents : MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Mmes Cazes, Heng, Fournié, Napoléone, Pousthomis-Dalle, Pradalier-Schlumberger, M. Boudartchouk, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Surmonne, membres titulaires ; Mmes Bessis, Galbois, Jiménez, Queixalós, M. Péligry, membres correspondants.
Excusés : M. Cabau, Secrétaire-adjoint, Mmes Haruna-Czaplicki, Jaoul, Nadal, Victor, M. Le Pottier.

La Compagnie se retrouve au Musée des Augustins, pour la visite de l’exposition Trésors enluminés, de Toulouse à Sumatra.

Le Président remercie Mme Charlotte Riou, conservatrice au musée des Augustins, d’avoir accepté de nous accueillir et surtout de nous présenter cette exposition ce soir.
            Mme Charlotte Riou rappelle le projet à l’origine de cette exposition un peu particulière, qui résulte d’un travail collectif. Le point de départ a été le souhait de réaliser l’inventaire des feuillets de manuscrits conservés dans les musées, avec trois régions pilotes : Nord-Pas-de-Calais, Centre et Midi-Pyrénées, et en collaboration avec les Universités. Il s’est vite avéré que les feuillets de manuscrits étaient très peu nombreux dans les collections des musées de Midi-Pyrénées et il a paru intéressant d’étendre l’inventaire en premier lieu à la Région Languedoc-Roussillon, puis aux fonds conservés par les sociétés savantes et aux pièces qui pouvaient encore être conservées dans les églises.

A l’issue de la visite, au cours de laquelle Mme Charlotte Riou présente chacune des œuvres et répond aux nombreuses questions qui lui sont posées, le Président la félicite pour cette exposition très réussie et il la remercie, au nom de notre Société, en lui remettant les deux derniers volumes de nos Mémoires.

 

SÉANCE DU 21 JANVIER 2014

Présents : MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Andrieu, Cassagnes-Brouquet, Fournié, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, MM. Garrigou Grandchamp, Balty, Bordes, Boudartchouk, Le Pottier, Peyrusse, Tollon, membres titulaires ; Mmes Balty, Bessis, Bossoutrot, Heng, Jiménez, Queixalós, Nadal, Vallée-Roche, MM. Molet, Péligry, Penent, Rebière, Veyssière, membres correspondants.
Excusés : MM. Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Andrieu, Cazes, Friquart, Galbois, Lamazou-Duplan, Victor, MM. Garland, Surmonne.

Le Secrétaire-adjoint donne lecture des procès-verbaux des 3 et 17 décembre 2013, qui sont adoptés.

Le Président rend compte de la correspondance, qui comprend principalement deux nouveaux travaux présentés au concours :
            - Marie-Germaine Beaux, Les entreprises en céramique des Fouque et Arnou en Midi toulousain au XIXe siècle. Innovation, rayonnement, sous la direction de Jean-Michel Minovez, Université de Toulouse-Le Mirail, 2012, 2 vol.
            - Stéphane Piques, La céramique dans le territoire industriel de Martres-Tolosane, sous la direction de Jean-Michel Minovez, Université de Toulouse-Le Mirail, 2012, 2 vol.

À propos de l’exposition Trésors enluminés, de Toulouse à Sumatra, le Président signale l’article du Journal des arts (n° 405, 17-30 janvier 2014, p. 12) qui rend compte des expositions d’Angers, de Lille et de Toulouse.

L’ordre du jour appelle l’élection de deux membres titulaires. Sur proposition du Bureau, Marie Vallée-Roche et Christian Péligry sont élus membres titulaires.

La Compagnie se constitue en assemblée générale.

Le Président présente le rapport moral pour l’année 2013.
            Le Trésorier présente le rapport financier. Le Directeur donne ensuite lecture du rapport sur la bibliothèque établi par Jacques Surmonne, qui ne pouvait être parmi nous ce soir.
            Maurice Scellès demande des précisions sur l’évolution des dépenses, puis il rappelle que l’hébergement de notre site Internet s’ajoutera aux coûts fixes pour les prochaines années.

Les rapports sont adoptés à l’unanimité des membres présents et quitus est donné au Trésorier pour sa bonne gestion.

Les élections statutaires concernent cette année les postes de Président, de Secrétaire général et de Bibliothécaire-Archiviste. Le Président explique que le poste de bibliothécaire-archiviste a suscité bien des interrogations et des discussions. La fonction d’archiviste puis de Bibliothécaire-archiviste a évolué depuis la fondation de notre Société, et les tâches se sont beaucoup diversifiées depuis une vingtaine d’années. La fonction ne peut plus être occupée par une seule personne : Jacques Surmonne, Michèle Pradalier-Schlumberger et Georges Cugullière apportent déjà leur concours. Geneviève Bessis s’est engagée à consacrer une après-midi par semaine à la bibliothèque et Henri Molet s’est proposé pour prendre en charge les archives, et en particulier classer les archives du XXe siècle. Enfin, Christian Péligry a accepté de se présenter au poste de Bibliothécaire-Archiviste.
            On procède au vote : Daniel Cazes, Maurice Scellès, Christian Péligry sont respectivement réélus et élu Président, Secrétaire général et Bibliothécaire-Archiviste.

Le Président remercie l’assemblée de sa confiance qui nous engage tous à faire de notre mieux pour continuer dans cette bonne voie.

La parole est à Jean-Louis Rebière pour une communication intitulée La cathédrale Saint-Étienne de Toulouse : le transept de Jean d’Orléans.

Le Président remercie Jean-Louis Rebière et il le félicite d’avoir réussi à nous guider à travers ce sujet complexe, sur lequel on se casse souvent le nez. L’inachèvement du transept de Jean d’Orléans nous rappelle que Toulouse n’a jamais été capable de mener à son terme le très grand projet de Bertrand de L’Isle. Une consolation toutefois : c’est que qui a permis que soit conservée la nef « raymondine ».
            Nicole Andrieu signale que la porte qui nous a été montrée est celle du lieu de réunion de la confrérie du Montement. Et comme Henri Pradalier évoque l’étude de Françoise Bagnéris, publiée dans les Mélanges offerts à Marcel Durliat, Nicole Andrieu précise qu’il s’agit d’une étude essentiellement historique.

 

SÉANCE DU 4 FÉVRIER 2014

Présents : MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Andrieu, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone, Watin-Grandchamp, MM. Boudartchouk, Lassure, le Père Montagnes, MM. Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Bessis, Queixalós, Vallée-Roche, MM. Darles, Penent, Stouffs, membres correspondants.
Excusés : MM. Péligry, Bibliothécaire-Archiviste, Latour, Bibliothécaire-Archiviste adjoint ; Mmes Balty, Bossoutrot, Cazes, Fournié, Lamazou-Duplan, Nadal, Pradalier-Schlumberger, Victor, MM. Balty, Bordes, Chabbert, Garland, Garrigou Grandchamp, Georges, Rebière.

 

Le Président ouvre la séance à 17 heures. Daniel Cazes commence par faire état de la publication, dans le Bulletin des Amis des Archives départementales de la Haute-Garonne, d’une notice à la mémoire de Bernadette Suau, disparue le 8 décembre 2013, qui dirigea cette institution avant de devenir la Bibliothécaire-Archiviste de notre Société.
             Puis il donne la parole au Secrétaire général pour le procès-verbal de la séance du 7 janvier 2014 et le compte rendu de la visite du 14 janvier, qui sont adoptés.

Le Président indique ensuite la teneur du courrier reçu par la Société :
             - une lettre de candidature au titre de membre correspondant émanée de M. Jean-Louis Auger, conservateur en chef des musées de Castres, à examiner en Bureau ;
             - un courrier des Archives départementales de la Haute-Garonne relatif au Conseil d’administration de la Fédération historique de Midi-Pyrénées réuni le 25 janvier et qui annonce l’organisation de journées d’étude sur la Première Guerre mondiale (à tenir en mai 2014 dans le Tarn-et-Garonne) ainsi que d’un congrès sur les Pyrénées (à tenir en juin 2015) ;
             - des invitations à plusieurs manifestations culturelles organisées par la municipalité de Narbonne.

M. Cazes donne pour terminer diverses informations repérées sur Internet et dans la presse :
             - les avatars du projet de bâtiment pour l’Institut d’études politiques continuent de susciter des contestations ;
             - un projet d’aménagement proposé pour la place Saint-Sernin provoque des pétitions ;
             - un diplômé de l’Université de Toulouse 2-Le Mirail, M. Matthieu Soler, est à l’origine d’une série de manifestations destinées à célébrer le bimillénaire de la ville de Toulouse, commémoration pour laquelle Jean-Marie Pailler doit prononcer une conférence inaugurale.
             Christian Darles intervient pour dire que cette entreprise, dont lui-même et J.-M. Pailler ont eu l’initiative, aboutira avec la publication d’un ouvrage édité par Midi-Pyrénées Patrimoine.

 Dans la perspective de la séance publique du 23 mars 2014, la Société aborde l’examen des travaux présentés pour le concours de l’année académique 2013-2014. C’est le prix Ourgaud qu’il s’agit de décerner cette année. Quatre travaux ont été reçus et trois rapporteurs nommés. Aujourd’hui, Jean-Michel Lassure rend compte des thèses de Mme Beaux-Laffon et de M. Stéphane Piques ; lors de la séance prochaine, Louis Peyrusse présentera celui de Mme Majorie Guillin et Jean Le Pottier celui de Mme Chloé Bonnet.

 La Compagnie entend les deux rapports de M. Lassure sur les ouvrages soumis au concours par :
            - Marie-Germaine Beaux-Laffon, Les entreprises en céramique des Fouque et Arnoux en Midi toulousain au XIXe siècle, innovation, rayonnement, thèse pour le doctorat d’Histoire préparée à l’Université de Toulouse 2-Le Mirail et soutenue en septembre 2012, 2 volumes (texte : 514 p. ; annexes : 130 p.) ;
            - Stéphane Piques, La céramique dans le territoire industriel de Martres-Tolosane depuis le XVIe siècle, thèse pour le doctorat d’Histoire préparée à l’Université de Toulouse 2-Le Mirail et soutenue le 28 septembre 2012, 2 volumes (texte : 402 p. ; annexes : 159 p.).

 La discussion qui suit fait apparaître les mérites respectifs des deux travaux et de leurs auteurs. Daniel Cazes peut témoigner de l’enquête de terrain considérable menée pendant des années par Stéphane Piques, travail dont M. Jean Courtade, ancien maire de Martres-Tolosane, avait compris tout l’intérêt. Guy Ahlsell de Toulza évoque la lente agonie d’une activité qui, il y a quelque vingt ans, se maintenait encore ici, alors que la production de faïence avait disparu partout ailleurs (les faïenceries de Martres sous-traitaient alors pour celles de Moustiers).

 Le Président remercie M. Lassure et renvoie au 18 février pour la suite des rapports.

 La parole est de nouveau à Jean-Michel Lassure pour une communication consacrée à des Découvertes récentes dans le Gers et la Haute-Garonne.
            Notre confrère présente les résultats de ses investigations sur plusieurs sites, successivement : Recherches sur la Garonne, à Lestelle-de-Saint-Martory, Carbonne et Toulouse (Haute-Garonne) ; La restauration des peintures murales de la chapelle de la Vierge à Mont-d’Astarac (Gers) ; Découvertes de vestiges de fours de potiers à Cox (Haute-Garonne).

 M. Cazes félicite M. Lassure pour ses exposés, qui nous montrent une fois de plus sa grande curiosité. Les sites, connus ou moins connus, la diversité des sujets provoquent l’interrogation ou l’étonnement. C’est le cas notamment pour l’aqueduc et le pont de Toulouse romaine, pour le complexe de La Tourasse à Carbonne, pour l’origine catalane des premiers potiers de Cox.
   nbsp;        La lecture des peintures de Mont-d’Astarac – dont Dominique Watin-Grandchamp signale qu’elles ont été l’objet d’une couverture photographique réalisée pour la DRAC par Jean-François Peiré – pose de multiples questions. Henri Pradalier déchiffre les éléments de l’iconographie : le personnage portant une sorte de mitre ou de tiare est le vieillard Simon, figuré lors de la Présentation de Jésus au Temple ; les deux oiseaux dans un panier représentent l’offrande de deux colombes faite par les plus pauvres, laquelle est un rappel du Sacrifice d’Abraham ; la scène dans laquelle apparaît un personnage tenant une épée se rapporte au Massacre des Innocents ; quant à la peinture, du reste très effacée, qui donnerait à voir un Couronnement de la Vierge par deux anges « entre Jésus et Dieu le Père (?!) », elle laisse plutôt perplexe.
            Guy Ahlsell de Toulza se déclare très impressionné par l’importance des ouvrages réalisés dans le lit de la Garonne, pour lesquels il a fallu enfoncer dans la marne, certainement à l’aide de « moutons », des quantités de pieux ferrés à leur extrémité, remuer des masses énormes de gros galets...

 Jean-Luc Boudartchouk communique une information brève concernant la Mise au jour d’une partie de l’abbaye Saint-Géraud d’Aurillac (Cantal) 2013-2014.
            M. Cazes remercie l’intervenant et lui demande s’il existe des plans anciens montrant les dispositions du monastère. M. Boudartchouk répond par la négative, en expliquant que la démolition des bâtiments eut lieu avant la Révolution, puis il signale que « tout est en place sous le niveau d’arasement du XVIIe siècle » ; il note enfin qu’« on se dirigerait vers une préservation »

 

SÉANCE DU 18 FÉVRIER 2014

Présents : MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry, Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Andrieu, Cazes, Fournié, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, MM. Bordes, Garrigou Grandchamp, Le Pottier, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Surmonne, Stouffs, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Bessis, Heng, Vallée-Roche, M. Penent, membres correspondants.
Excusés : MM. Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Balty, Heng, Lamazou-Duplan, Queixalós, MM. Balty, Chabbert, Garland, Georges.
Invitées : Mmes Marianne Miguet, bibliothécaire à la Bibliothèque municipale de Toulouse, Magali Vène, conservateur responsable du fonds patrimonial de la Bibliothèque municipale de Toulouse, Marielle Mouranche, conservateur des fonds anciens. SICD, Bibliothèque universitaire de l’Arsenal de Toulouse, Jeanne Péligry.

Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 21 janvier 2014, qui est adopté.
            Le Président signale à l’attention de la Compagnie l’annonce de la reprise des travaux de la Société de Médecine, Chirurgie et Pharmacie de Toulouse, lors d’une première conférence qui se tiendra à l’Hôtel d’Assézat le 20 février.
            Louis Latour nous annonce qu’il a récupéré tout un carton de documentation photographique de l’abbé Georges Baccrabère, qui rejoindra les archives de notre Société.
            Le projet de journée foraine, prévue pour le 24 mai, se précise : à Venerque, nous visiterions l’église sous la conduite de Diane Joy et Maurice Scellès, et Louis Latour nous présenterait le fonds documentaire qu’il a donné à la Ville ; à Mazères, la présentation du musée d’Ardouin serait faite par Jean-Luc Boudartchouk. Les contacts sont pris mais il nous faut attendre les réponses. Maurice Scellès propose que nous décernions une médaille d’argent à la Ville de Venerque, pour avoir accueilli le fonds documentaire de Louis Latour. La proposition est adoptée à l’unanimité.

L’ordre du jour appelle la suite de la présentation des rapports sur le concours.

Jean Le Pottier donne lecture de son rapport sur le travail présenté par Mme Chloé Bonnet, Jean de Bernuy, les moulins du Bazacle et l’espace urbain : stratégies et réseaux à Toulouse, 1500-1555, mémoire de master 2, Université de Toulouse II-Le Mirail, juin 2013.

Louis Peyrusse présente son rapport sur le mémoire présenté par Marjorie Guillin, « L’anéantissement des arts en province ? ». L’Académie royale de peinture, sculpture et architecture de Toulouse au XVIIIe siècle (1751-1793), thèse de doctorat sous la direction de Pascal Julien et de Fabienne Sartre-Ricci, Université de Toulouse-Le Mirail.

Jean Penent signale que se trouvent dans les réserves du Musée Paul-Dupuy trois à cinq mètres-cubes de documents, études et dessins provenant de l’École des Beaux-Arts, dont une petite partie seulement a été nettoyée et restaurée. Que deviendra ce fonds ? Il faut espérer que personne ne pensera à s’en débarrasser, mais il est sans doute du rôle de la Société Archéologique du Midi de la France d’y être attentif.

Le Président résume les conclusions des rapports sur les quatre travaux présentés au concours, dont trois seraient éligibles à un prix. À l’issue de la discussion, le Président propose d’attribuer le prix Ourgaud, doté de 1000 € à Mme Marjorie Guillin, et deux prix spéciaux de la Société Archéologique du Midi de la France, dotés chacun de 500 €, à Mme Marie-Germaine Baux et M. Stéphane Piques. La proposition est adoptée.

 

La parole est à Christian Péligry pour la première communication du jour : Saint François de Paule ou Thomas Illyricus ? Nouveau regard sur une gravure toulousaine du XVIe siècle.

Le Président remercie Christian Péligry pour cette communication au cours de laquelle il a évoqué avec beaucoup de finesse les deux figures de saint François de Paule et de Thomas Illyricus, parvenant à des conclusions tout à fait convaincantes. Quant au bas-relief du Musée des Augustins, il est déposé en réserve, étant en effet aujourd’hui difficilement présentable : il avait été encastré dans le mur du cloître, ce qui a provoqué sa dégradation par la maladie de la pierre.
            Guy Ahlsell de Toulza s’intéresse à la partie supérieure de la gravure, qui est rognée : les deux figures principales sont celles de saint Michel et de saint François.
            Henri Pradalier reconnaît aussi dans le costume du prédicateur celui d’un cordelier. Il se demande comment des prédicateurs pouvaient se faire entendre de milliers de personnes, en extérieur, sans les microphones dont nous disposons aujourd’hui. Michelle Fournié rappelle que les récits de ces prêches usent de stéréotypes comme « la foule innombrable », « des heures durant ». Pour les prêches de saint Vincent Ferrier, il est admis que des assistants servaient de relais dans la foule, et d’interprètes si nécessaire. Les enquêtes révèlent d’ailleurs que si on se rappelle que le prêche était très bien, on se souvient peu de son contenu. Olivier Testard fait remarquer que la technique des relais est utilisée jusqu’au début du XXe siècle, et qu’à une époque où la rhétorique a une place très importante, la compréhension du prêche est facilitée par les formules et la gestuelle qui l’accompagne. Christian Péligry ajoute qu’il y a parfois des personnes qui prennent des notes pendant le prêche en vue de l’édition.
            François Bordes indique que les informations dont on dispose sur le prêche de Thomas Illyricus à Toulouse montrent qu’il y avait un gradin pour les officiels, et que les hommes et les femmes étaient séparés. Curieusement, les comptes de la dépense occasionnée sont de l’année 1521, alors que le prêche a eu lieu en 1519.
            Bruno Tollon voudrait avoir des précisions sur les armoiries et les initiales qui les accompagnent, et si les chapelets multiples sont fréquents dans l’iconographie. Sur le premier point, Christian Péligry se déclare très intéressé par une éventuelle identification, qu’il n’a pas pour sa part ; quant aux chapelets, ils se multiplient en effet avec la dévotion au rosaire développée par les dominicains.

La parole est à Geneviève Bessis pour une communication courte intitulée Recherches sur Jacques Mégret (1905-1967) :

Jacques Mégret, bibliographe parisien se réfugia à Toulouse de 1942 à 1944. Il inventoria et décrivit les impressions des XVe et XVIe siècles conservées à la bibliothèque de Toulouse et dans la région. Il fut élu membre correspondant de la Société Archéologique du Midi de la France le 29 mai 1945 notamment en raison de deux études importantes sur la Renaissance toulousaine, Guiraut Agret, graveur toulousain (Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, tome V, 1944) et surtout Guyon Boudeville, imprimeur toulousain (Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, tome VI, 1945).

Le Président remercie Geneviève Bessis d’avoir évoqué pour nous la figure d’un ancien membre correspondant de notre Société, dans l’atmosphère du milieu du XXe siècle.
            Christian Péligry remercie à son tour Geneviève Bessis pour cet hommage ainsi rendu à Jacques Mégret, qui, sans cela, ne serait qu’un nom dans la bibliographie. Il y a été d’autant plus sensible qu’il a eu à consulter les fiches manuscrites de Jacques Mégret, d’abord à la Bibliothèque municipale de Toulouse, puis à la Bibliothèque Mazarine.

Au titre des questions diverses, Louis Peyrusse donne des informations sur le site archéologique du 113 rue André-Breton à Cahors qui fait l’objet d’un article dans le dernier Bulletin de la Société des Études du Lot. Ce sont quelque 4000 m2, situés non loin du pont Valentré, qui ont fait l’objet de sondages d’évaluation à l’occasion du projet de construction d’un hôtel. Les archéologues de l’Inrap ont mis au jour des thermes ou un nymphée, révélant ainsi un site majeur de la ville antique de Cahors qui aurait justifié une fouille complète, demandée par la Société des Études du Lot. Le débat est devenu conflictuel et la négociation qui a en résulté a abouti à une construction sur micro-pieux avec réseaux suspendus, devant épargner une partie des vestiges reconnus et permettre, en principe, des fouilles dans les années à venir, une fois le bâtiment construit. Pour Quitterie Cazes, c’est malheureusement une technique qui est préconisée par le Service régional de l’archéologie.
            Louis Peyrusse s’étonne aussi de la violence des attaques de la part des politiques dont a fait l’objet la Société des Études du Lot.
            Il est décidé d’adresser une lettre de soutien au président de la Société des Études du Lot, Patrice Foissac, avec copie au maire de Cahors.

Le Président signale l’article très intéressant de Laurent Olivier, qui analyse la pratique de l’archéologie officielle et la manière dont elle contribue en fait à lever la contrainte archéologique. On voit bien comment les collectivités territoriales sont embarquées dans cette affaire malgré elles.
            Pierre Garrigou Grandchamp observe que l’archéologie concentre ses moyens et que c’est le plus souvent en ville qu’est faite la part du feu. Puis il s’inquiète du sort du palais de Via à Cahors, mais personne n’est en mesure d’apporter de nouvelles informations.

Le Président évoque ensuite la pétition concernant la place Saint-Sernin, qui s’inscrit dans les dérives des débats de la campagne électorale, avec un nouveau projet de parking souterrain. La création de tels parkings à proximité des monuments majeurs de notre vieille Europe a pourtant été dénoncée dès 1930 en Italie. On est en droit de se demander s’il n’y a pas à l’origine de la pétition un groupe de personnes souhaitant acheter de places de stationnement.

Une autre nouvelle incroyable est la fermeture pour plus de trois mois de la salle des sculptures romanes du Musée des Augustins, pour laisser libre champ aux interventions de Jorge Pardo, dans le cadre du festival international d’art à Toulouse. Quitterie Cazes pense qu’il serait nécessaire que nous prenions le temps d’un débat approfondi, pour rappeler peut-être quelques principes fondamentaux. On convient que le débat devra avoir lieu après les élections municipales.

François Bordes apporte une note d’optimisme en annonçant que l’on est en train de sauver le dernier kiosque de l’architecte Jean Montariol (1892-1966).

 

SÉANCE DU 25 MARS 2014

Présents : MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Péligry, Bibliothécaire-Archiviste ; Mmes Cazes, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp, MM. Balty, Garland, Le Pottier, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Balty, Bessis, Galés, Galbois, Gilles, Nadal, Pousthomis-Dalle, MM. Gonzalez Fernandez, Mattalia, membres correspondants.
Excusés : M. Latour, Bibliothécaire-Archiviste adjoint, Mmes Andrieu, Heng, Queixalós, MM. Garrigou Grandchamp, Prin.

 

Le Président ouvre la séance en remerciant les membres de la Compagnie d’avoir été aussi nombreux à assister à la séance publique annuelle de la S.A.M.F., qui s’est tenue à l’Hôtel d’Assézat le dimanche 23 mars. Il adresse ses plus vifs remerciements à Henri Pradalier, dont la conférence passionnante sur la peinture romane pyrénéenne a replacé dans une perspective très large la découverte récente du décor de l’église d’Ourjout. La séance publique a été un réel succès, l’affluence étant telle que bien des personnes ont dû rester debout au fond de la salle Clémence-Isaure. Daniel Cazes se réjouit que les trois candidats primés au concours aient exprimé le souhait de devenir membres de notre Société. Le Président fait état des lettres d’excuse que lui ont adressé diverses personnalités qui n’ont pu assister à la manifestation.

Le Secrétaire-adjoint procède à la lecture du procès-verbal de la séance du 4 février, puis le Secrétaire général à la lecture de celui du 18 février ; les deux comptes rendus sont adoptés.
        Le Président rend compte du courrier reçu.
            La correspondance manuscrite comporte :
            - une lettre de M. Patrice Foissac, Président de la Société des Études du Lot, qui remercie notre Société de la solidarité qu’elle vient de lui manifester ;
            - une lettre de M. Michel Duviel, maire de Venerque, dont notre Société vient de distinguer l’action par une médaille d’argent ;
            - une demande de prêt émanée des Toulousains de Toulouse et du Musée du Vieux Toulouse relative à un plan ancien de la ville appartenant à la S.A.M.F. et que celle-ci confié en dépôt au Musée Paul-Dupuy ;
            - un courriel de notre confrère Luis Gonzalez Fernandez annonçant la sortie prochaine d’un ouvrage édité par l’Université Toulouse 2-Le Mirail : Michel Taillefer, Études sur la sociabilité à Toulouse et dans le Midi toulousain de l’Ancien Régime à la Révolution, collection « Méridiennes », Toulouse, Presses uiversitaires du Mirail, 2014, 410 p.
            Le Président présente en avant-première ce volume, dont un exemplaire nous est offert par M. Gonzalez Fernandez, lequel est vivement remercié.

La correspondance imprimée comprend notamment :
            - le programme d’activités de la Bibliothèque municipale de Toulouse, intitulé « Manifesta » pour les mois de mars et avril ;
            - le programme des Journées romanes de Cuxa, dont la XLVIe édition, organisée du 7 au 12 juillet, aura pour thème « Le cloître roman ».

Daniel Cazes fait circuler un ouvrage destiné à notre bibliothèque : François Malrain, Geertrui Blancquaert, Thierry Lorho (dir.), L’habitat rural du second âge du Fer. Rythme de création et d’abandon au nord de la Loire, collection « Recherches archéologiques », 7, Paris, CNRS Éditions - Inrap, 2013, 264 p.

Jean Le Pottier intervient pour signaler que les Amis des Archives de la Haute-Garonne organisent le samedi 5 avril prochain une visite sur le site de l’ancienne abbaye de Grandselve et dans ses environs, sortie à laquelle il convie les membres de la S.A.M.F. désireux d’y prendre part.

La parole est à Quitterie Cazes pour un exposé qui doit constituer le point de départ d’un échange de vues. La question proposée au débat est double : Quelle datation pour Gilabertus ? Quel portail pour la façade de la salle capitulaire de Saint-Étienne de Toulouse ?

Le Président remercie Quitterie Cazes pour son intervention. Louis Peyrusse ouvre la discussion. Ébloui par la démonstration, il souligne qu’il n’a pas d’opposition de principe à rapprocher Gilabertus des sculpteurs de Saint Sernin, mais selon lui les arguments évoqués en faveur de cette proximité sont des éléments secondaires (comme le motif du bâton avalé par un lion) par rapport à l’esthétique générale d’une sculpture dont la grâce reste rattachée à l’atelier de la Daurade. La question de l’activité de Gilabertus avant ou après la Daurade lui paraît de peu d’importance. Dans la mesure où les ateliers partagent le même état d’esprit, la relation de corrélation ou de causalité entre les deux ne peut être tranchée. Quitterie Cazes insiste sur le fait que l’art de Gilabertus traduit les valeurs de la courtoisie naissante avec une nouvelle manière d’être en société (elle cite notamment le travail de Lyne Limouse, et de Pierre Bec sur des manuels de courtoisie qui apparaissent dès le milieu du XIIe siècle). Quant à la question de la datation, si l’on prend pour acquis que les huit reliefs ont été conçus comme un ensemble, elle pense que les réponses pourraient surtout être trouvées en datant le travail du troisième artiste, qui dans sa manière de concevoir les vêtements, les gestes ou les mains se distingue de Gilabertus.
            Emmanuel Garland intervient pour rappeler qu’il faut aussi prendre en compte l’iconographie des reliefs pour reconstituer leur position à l’entrée de la salle capitulaire. En effet, selon lui, les reliefs doubles de Pierre-Paul et Jacques-Jean, représentent les apôtres les plus importants, et devraient de ce fait se trouver à l’entrée de la salle capitulaire et non dans les baies latérales. Il ajoute que les apôtres sculptés par Gilabertus sont les apôtres secondaires, ce qui laisse supposer que Gilabertus est intervenu après le « troisième sculpteur ». Pour Quitterie Cazes cette dernière hypothèse se heurte à l’idée selon laquelle la nouveauté de conception de l’ensemble (en particulier la disposition des personnages dans le ressaut de l’arc) ne pourrait être le fait que d’un artiste de grand talent. Mais, comme le souligne Emmanuel Garland, d’une part de jeunes artistes très doués pouvaient éventuellement prendre le pas sur le maître initial d’un chantier ; et d’autre part l’idée de la composition a pu être empruntée ailleurs.
            Henri Pradalier est d’accord avec Louis Peyrusse pour noter les divergences entre la sculpture de Gilabertus et celle de Saint-Sernin. Il suggère ensuite que les reliefs de Saint-Étienne ont pu être réalisés par deux sculpteurs, et non trois. Ce deuxième sculpteur aurait commencé par les apôtres Jacques et Jean, qui sont marqués par le style de Saint-Sernin, avant de sculpter Pierre et Paul, qui représentent une forme de synthèse entre l’art de Saint-Sernin et les nouveautés transmises par Gilabertus. En revanche selon lui, le fait de souligner l’influence de la sculpture de la Porte Miègeville (qu’il propose de dater plutôt de 1096) sur les reliefs, ne permet pas d’affirmer une datation proche de celle-ci, les sculpteurs de Saint-Étienne ayant pu s’en inspirer, dix ou vingt ans plus tard. Enfin, si Gilabertus est intervenu avant l’atelier de la Daurade, il reste la question centrale de sa formation et de ses influences, car rien à Toulouse n’annonce son art. M. Pradalier évoque enfin la piste de l’art gothique septentrional, et en particulier le portail sculpté d’Étampes. L’apaisement des figures de Gilabertus lui rappelle l’art des statues-colonnes, mais Quitterie Cazes précise qu’elle n’a pas constaté de relations entre ces deux portails. Henri Pradalier termine en notant que le sculpteur de la Porte Miégeville est pour sa part clairement influencé par l’art de Bernard Gilduin.
            Daniel Cazes remarque que la datation de la porte Miègeville suscite encore des doutes. Selon lui, les figures de saint Pierre et de saint Jacques qui encadrent le tympan du portail ne peuvent avoir été conçues avant les plaques des piliers de Moissac car elles s’en inspirent (en particulier pour saint Jacques), la différence étant que l’on met en volume le modèle en très bas relief de Moissac.
            Henri Pradalier reconnait que le cloître de Moissac est bien terminé en 1100, mais se demande combien de temps il a fallu pour le terminer. Selon Maurice Scellès, l’exécution du cloître, en comptant huit sculpteurs au travail, a pu être menée à bien en une année. M. Pradalier réplique toutefois que le chantier a pu s’étaler sur plusieurs années pour des raisons financières. Ce n’est pas le cas à Moissac répond Maurice Scellès, car le projet d’ensemble est cohérent et a pu matériellement être réalisé dans un temps très court. Ainsi l’analyse des détails secondaires de la sculpture montre des artistes qui travaillent côte à côte, partagent des motifs, et n’ont pas le temps de faire évoluer leur style. Henri Pradalier reste sceptique. M. Scellès argumente en lui exposant que l’inscription dans le cloître dit bien que l’abbé a fait faire le cloître en 1100, ce qui impliquerait non seulement sa conception mais aussi sa réalisation. Toutefois, M. Pradalier remarque que l’expression factum est, signifie que le cloître a été « parfait » en 1100, et qu’il aurait donc pu être commencé avant. À l’appui de Maurice Scellès, Emmanuel Garland remarque que la constitution du mur-bahut de Moissac a dû prendre autant de temps que la sculpture des chapiteaux, et qu’il faut imaginer un travail par couches horizontales successives, ce que souligne Quitterie Cazes. Une fois le projet mûri par le commanditaire, il n’était guère besoin de beaucoup de temps pour creuser la tranchée, monter le mur-bahut et sculpter l’ensemble.
            Maurice Scellès cite le cas de la maison de Saint-Antonin-Noble-Val dont la datation aux alentours de 1150 est bien attestée, grâce à l’identification de Justinien parmi les sculptures, en relation avec un acte de ces années-là. Selon lui, le groupe d’Adam et Ève de la façade présente la même structure que les reliefs de Gilabertus, avec un bloc attaqué par les angles, tandis que c’est un arbre qui cette fois occupe la place de la colonne, les frondaisons formant une voûte au-dessus du couple. La figure de Justinien est très hiératique, néanmoins la sophistication de son vêtement est proche de celle des sculpteurs qui travaillent avec Gilabertus (plissés, décor de perles), tout comme le traitement des chevelures et la structure des visages. Cela ne prouve pas que les reliefs de Saint-Étienne dateraient de 1150, mais pose la question de ce qui s’est produit dans l’intervalle entre les sculptures de Saint-Antonin et celles de Gilabertus, si ces dernières sont datées du tout début du XIIe siècle comme le propose Quitterie Cazes dans sa communication.
            Daniel Cazes précise que d’après la chronologie de la construction de Saint-Étienne, les galeries du cloître, dont les baies de la salle capitulaire sont probablement contemporaines, sont très anciennes. Quant à leur emplacement, il lui est difficile d’imaginer que les statues doubles étaient placées de manière frontale car cette disposition n’apparaît pas ailleurs (sauf dans le système de façade avec architrave de Saint-Gilles du Gard, mais on ne peut guère imaginer la même configuration pour Saint-Étienne). Dans la mesure où on avait très probablement douze apôtres, seule la proposition de Quitterie Cazes permet de les répartir tout en évitant la position frontale.
            Dominique Watin-Grandchamp souligne que Gilabertus est un artiste qui se promeut et s’auto-congratule. Dans la mesure où il est le seul à signer, il faut le considérer comme un maître appelé, dont la réputation était déjà consacrée. Mais Emmanuel Garland rappelle que des avatars peuvent intervenir en cours de chantier, la mort d’un des sculpteurs étant possible. Quitterie Cazes note que les deux seuls sculpteurs dont nous possédons les signatures à Toulouse, sont ceux qui ont révolutionné la sculpture : Gilabertus et Bernard Gelduin (Bernardus Gelduinus). Pour elle, il ne s’agit pas là d’autopromotion, mais bien d’une manifestation de reconnaissance de la part des chanoines qui constatent la qualité de ces deux artistes. À une question de Dominique Watin-Grandchamp, Quitterie Cazes répond qu’elle n’a pas trouvé de « Gilabertus » dans les actes des chanoines. Emmanuel Garland remarque que le sculpteur Gislebertus à Autun, porte une variante du même nom.
            Mme Watin-Grandchamp se demande si le traitement du dais pris dans l’angle du bloc ne doit pas être comparé avec les premières statues-colonnes des débuts du gothique. Mais Quitterie Cazes réfute cette idée. Léon Pressouyre a bien démontré qu’il y a une différence majeure entre un personnage placé dans le ressaut, et un personnage-colonne (l’un est dedans quand l’autre est dehors). Henri Pradalier fait d’ailleurs remarquer qu’aux ébrasements de Moissac, les personnages sont taillés dans des couvercles de sarcophage, attaqués dans le même sens. Quant à la signature il y voit la marque d’une pratique originaire d’Italie, car si l’on en trouve une dizaine en France, il y en a bien plus Italie au même moment. Se peut-il que Gilabertus soit un artiste venu d’Italie ?
            Nelly Pousthomis note que les questions de style et les comparaisons entre sculpteurs pouvaient donner lieu à des appréciations différentes pour les contemporains, et qu’il n’y a pas forcément un écart de temps important entre la sculpture de Moissac et celle de Saint-Sernin. Il faut de plus relativiser notre propre jugement sur les œuvres. Quant aux sculpteurs que nous qualifions de très talentueux, nous sommes forcés de reconnaître que nous ignorons tout de leurs œuvres antérieures. Maurice Scellès abonde en ce sens. Selon lui, chaque fragment retrouvé montre que de nombreux ensembles sculptés ont été détruits et perdus, ce qui nous empêche d’accéder aux œuvres de formation des artistes ; de plus, ceux que nous appelons « maîtres » en les jugeant plus doués, n’étaient pas forcément maîtres sur le chantier. Comme le remarque Dominique Watin-Grandchamp, il n’était pas impossible à un jeune de prendre le pas sur le « maître » initial.

Patrice Cabau prend ensuite la parole pour présenter rapidement une étude des inscriptions gravées sur les reliefs de Saint-Étienne, connues en partie par des reproductions antérieures à leur disparition accidentelle, qu’il faut placer entre 1864 et 1890. Il prend l’exemple de l’inscription subsistante du relief d’André, ANDREAS | APLS, qui présente une capitale « abâtardie » (notamment avec le D orné de deux « bouclettes ») et un espacement des lettres un peu aléatoire. Par comparaison, les bas-reliefs de Moissac montrent des lettres très régulières et de grande qualité. C’est aussi le cas à Saint-Sernin, où les inscriptions de la table d’autel signée par Bernardus Gelduinus et de la plaque du chérubin au rond-point du chœur sont en capitales romaines, régulières malgré quelques variations. Dans son catalogue publié en 1865, Ernest Roschach a transcrit les inscriptions gravées sur les reliefs des apôtres André et Thomas, ainsi que les deux signatures disparues de Gilabertus. La plus longue, celle de la figure d’André, est présentée sur trois lignes : « VIR Ñ INCERTVS / ME CELAVIT GIL / ABERTVS ». Cet hexamètre léonin, signalé par Alexandre Du Mège à partir de 1817, paraît authentique ; il faut rappeler que vir non incertus ne signifie pas « homme qui n’est pas inconnu », mais « homme qui n’est pas incertain », c’est-à-dire « dont la main est sûre », ou encore « expert en son art ». Joseph de Castellane a procuré en 1834-1835 un « fac simile » lithographique de cette signature, mais il en a rationalisé la disposition sur une seule ligne ; il faudrait savoir comment Ferdinand de Guilhermy l’a reproduite. Au vu des vestiges et des relevés, Patrice Cabau est d’avis que les inscriptions des reliefs de saint Thomas et de saint André dataient bien de la première moitié du XIIe siècle, sans cependant que ces éléments épigraphiques puissent permettre d’affiner la datation des œuvres sculptées. Il note que le graveur qui a réalisé ces inscriptions était peu doué, et qu’il ne s’agissait peut-être pas de Gilabertus lui-même.
            Pour finir, Guy Ahlsell de Toulza remarque que les anciennes présentations des reliefs au Musée des Augustins, en dépit de leur caractère hypothétique, avaient le mérite de restituer l’idée d’ensemble de l’œuvre, tandis que la présentation actuelle met surtout en valeur deux éléments centraux. Daniel Cazes approuve, regrettant que le support métallique réalisé dans les années 1980 par l’architecte Pierre Debeaux ait été détruit, pour être remplacé par la disposition actuelle, qu’il juge peu convaincante.

 

SÉANCE DU 1er AVRIL 2014

Présents : MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Andrieu, Cazes, Haruna-Czaplicki, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, Vallée-Roche, Watin-Grandchamp, MM. Bordes, Boudartchouk, Garrigou Grandchamp, Peyrusse, Surmonne, membres titulaires ; Mmes Bessis, Gilles, MM. Gardes, Laurière, Molet, Penent, membres correspondants.
Excusés : MM. Péligry, Bibliothécaire-archiviste, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Balty, Heng, Jaoul, Lamazou-Duplan, Nadal, Queixalós, MM. Balty, Garland, Tollon.

Le Président rend compte de la correspondance. A côté de diverses invitations, nous avons reçu un courrier très aimable de l’ancien maire de Martres-Tolosane regrettant de ne pas pouvoir assister à la séance publique de notre Société. Daniel Cazes rappelle que c’est avec Jean Courtade que nous avions essayé de lancer l’aménagement du site de la villa romaine de Chiragan, qui n’a malheureusement été réalisé qu’en partie. Il faudrait achever la clôture et sans doute relancer l’échange de terrains avec E.D.F., qui avait été envisagé.

Le Président évoque ensuite le retard pris par l’impression du volume 2012, t. LXXII, de nos Mémoires. Le B.A.T. a été donné en décembre, mais l’imprimeur n’a pas encore reçu sa nouvelle machine, ce qui est bien regrettable.

L’ordre du jour appelle l’élection d’un membre correspondant. Daniel Cazes présente son rapport sur la candidature de M. Jean-Louis Augé. On procède au vote : M. Jean-Louis Augé est élu membre correspondant de notre Société.

La parole est à Henri Molet pour une communication sur Le rempart de Garonne à Toulouse.

Le Président remercie Henri Molet pour cette communication qui complète très bien celle du 8 novembre 2011 et apporte une argumentation totalement convaincante quant à l’existence de ce mur de Garonne dans l’Antiquité. On comprend bien que toute question sur la chronologie est impossible, mais on peut s’interroger sur la fonction exacte de ce mur : mur de clôture de la ville ou également digue contre les crues du fleuve ? Sur le site de l’Institut catholique, le mur présente des contreforts intérieurs comme, par exemple, à Mérida. Henri Molet précise que le mur ne suit pas la crête de la berge : il est fondé à mi-pente, permettant une circulation à sa base, qui est cependant atteinte par les plus grandes crues. Il protège la rive des sapes permanentes de la Garonne, qui peuvent être parfois très importantes. Aux XVIe et XVIIe siècles, des pans entiers s’effondrent dans la rivière, et après la crue de 1737, la sape atteint près de 30 m devant la Viguerie. Le mur avait donc bien une fonction de protection contre la Garonne. Quant à la chronologie, Henri Molet dit avoir le sentiment que le mur de Garonne se situe dans la continuité de la construction de l’enceinte du Ier siècle.
            En réponse à une question d’Henri Pradalier sur la présence éventuelle de tours, Henri Molet dit en soupçonner l’existence, celle de l’Hôtel Mazuyer étant presque sûre. Faisant référence à l’article de Bernadette Suau, Dominique Watin-Grandchamp rappelle que la présence de la tour est confirmée par un procès-verbal de visite. La muraille apparaît systématiquement dans les archives de l’Ordre de Malte, et il serait sans doute possible de caler sur un plan les structures épaisses d’environ 2,30 m encore en place dans les terrasses des jardins. Henri Molet en convient volontiers.
            Le Président félicite Henri Molet pour ce remarquable travail de longue haleine, qui produit à l’évidence des résultats très intéressants.

La parole est à Jean-Luc Boudartchouk et Philippe Gardes pour des compléments sur Les lacs sacrés de Toulouse et Vieille-Toulouse.

Le Président les remercie tous deux pour ces compléments d’information, qui apportent un peu plus de certitude encore sur l’emplacement de la Toulouse gauloise.
            Maurice Scellès voudrait connaître les arguments de ceux qui refusent encore de voir dans Vieille-Toulouse la Toulouse gauloise. Philippe Gardes rappelle le poids considérable de la thèse de Michel Labrousse dans l’historiographie toulousaine de la seconde moitié du siècle dernier. A des arguments qui paraissaient alors insuffisants s’ajoutait le problème du transfert du nom de la ville, dont on avait certes quelques exemples mais peu fréquents. En réponse à une question de Quitterie Cazes, Henri Molet précise que la première mention connue de l’appellation de Vieille-Toulouse est de 1168.
            Jean-Luc Boudartchouk rappelle que le débat existait à Toulouse depuis le XVIIe siècle, mais qu’il s’est cristallisé entre Michel Labrousse et Georges Fouet, dont les thèses étaient totalement inconciliables. Les chercheurs en conservent la mémoire encore aujourd’hui. Philippe Gardes précise que la question ne fait pas problème en dehors de Toulouse. Quitterie Cazes se souvient pourtant que Michel Labrousse concluait que la réponse dépendrait des découvertes archéologiques. Pour Jean-Luc Boudartchouk, on disposait à l’époque d’éléments de connaissance déjà significatifs mais dont les interprétations ont été faussées ; il considère cependant que les enjeux ont de fait en grande partie disparu avec leurs auteurs. Quant aux lacs, il faut conclure que la légende doit beaucoup aux lieux communs sur les Gaulois et au récit du pillage de « l’or de Toulouse ».

Au titre des questions diverses, Patrice Cabau propose une notule Sur le nom de Gilabertus :

Lors de notre dernière séance, dans la discussion sur Gilabertus, il a été dit que le nom du sculpteur n’était pas très répandu dans notre région, et j’ai alors manifesté mon dissentiment par un geste appuyé de dénégation. On peut constater en effet que cet anthroponyme d’origine germanique (de gisel : hampe de flèche ou gisal : otage, et de behrt : brillant, illustre), loin certes de connaître la diffusion des Willelmus, Raimundus, Bernardus, Arnaldus, Geraldus, etc., fut tout de même relativement fréquent dans le Midi à partir de l’époque carolingienne. Un dépouillement rapide de plusieurs recueils de textes (Preuves de l’Histoire générale de Languedoc, Chartes originales conservées en France, chartes de Moisssac, Lagrasse, Lézat, Saint-Antoine de Toulouse, Bonnefont, Saint-Sernin, Capdenier, Toulouse, Saisimentum comitatus Tolosani...) m’a fourni quelque deux cents occurrences montrant que le nom Gilabertus fut assez souvent porté au cours des IXe-XIIIe siècles dans une aire correspondant notamment aux actuels départements de l’Aveyron, du Tarn, de Tarn-et-Garonne, de la Haute-Garonne, de l’Ariège, de l’Aude, de l’Hérault et des Pyrénées-Orientales. Il y apparaît sous des formes diverses : Agilbertus, Gilabert, Gilabertus, Gilbertus, Gillabertus, Gislabert, Gislabertus, Guilabert, Guilabertus, Guilabestus, Guilhabertus, Guillabertus, Guillibertus, Ginabertus, Quilabertus, Wilabertus... ; Gilaberta au féminin (Giselbertus et Gislebertus sont des formes plus septentrionales). Ce nom devint transgénérationnel dans plusieurs familles de notre région : Saint-Paul, Laurac, Montaut, Péchabou, les Guilabert de Toulouse... Dans ces conditions, il n’est pas impossible que le sculpteur « à la main sûre » qui signa ses œuvres dans le cloître de la cathédrale de Toulouse ait été originaire de cette ville.

Patrice Cabau.

SÉANCE DU 15 AVRIL 2014

Présents : MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Péligry, Bibliothécaire-Archiviste, Mme Nadal, Secrétaire de séance ; Mmes Cazes, Fournié, Haruna-Czaplicki, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp, MM. Catalo, Lassure, Testard, membres titulaires ; Mmes Bessis, Éclache, MM. Chabbert, Mattalia, Penent, membres correspondants.
Excusés : MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Balty, Bossoutrot, Heng, Jaoul, Queixalós, MM. Balty, Garland, Garrigou Grandchamp, Rebière, Surmonne.

Le Président ouvre la séance à 17 heures et annonce un changement dans le programme du jour. Jean-Louis Rebière et Anne Bossoutrot ayant été avertis il y a trois heures d’une visite à conduire à Ourjout (Ariège) pour y présenter les peintures murales récemment découvertes, ils ne pourront assurer la communication prévue sur l’église de Saint-Ybars. Ils seront remplacés par une intervention au pied levé de Jean Catalo et Quitterie Cazes, qui ont accepté d’exposer une partie des résultats des fouilles réalisées sur le site de l’école d’économie de Toulouse (Université Toulouse 1-Capitole).

Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 25 mars 2014. Quitterie Cazes apporte une rectification à ce qu’elle avait dit dans le débat qui avait suivi sa communication : il ne s’agissait pas d’un Gilabertus, mais d’un Bernardus Gelduinus, dont elle avait trouvé mention pour le Val-de-Loire. Henri Pradalier ajoute que Saint-Caprais d’Agen aurait également dû être mentionné lors des discussions, tout comme il aurait fallu évoquer plus longuement Saint-Gilles-du-Gard. Quant à l’adjectif « italien » qui revient à deux reprises dans le compte rendu, au sujet de Gilabertus et de la pratique de la signature, il note qu’il faut le modifier par « originaire d’Italie ». Après enregistrement de ces précisions, le procès-verbal est adopté à l’unanimité.
            Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 1er avril 2014, qui est adopté. Puis il indique qu’Émilie Nadal, qui s’est proposée pour aider à la rédaction des procès-verbaux, assure le secrétariat de la séance.

Le Président présente plusieurs ouvrages donnés à la Société :
            - Odile Foucaud et Emmanuel Moureau, Germain Olivier (1869-1942), collection Patrimoines Midi-Pyrénées. Archives d’architectes, Toulouse, Conseil Régional de Midi-Pyrénées, 2014, 116 p. ;
            - Marion Fourcayran, L’église Saint-Ebons, Sarrancolin, coll. Patrimoines Midi-Pyrénées, Toulouse, Conseil Régional de Midi-Pyrénées, 2014, 128 p. ;
            - Mélanie Chaillou et autres, Tour des Lautrec", Vielmur-sur-Agout (Tarn), Rapport Final d’Opération Archéologique, HADES, février 2014, multigraphié, 2 vol., 435 et 168 p.

 Le Président de la Région Languedoc-Roussillon, Christian Bourquin, a adressé à la Société une plaquette présentant le schéma de développement économique de la Région.

Au titre de la correspondance manuscrite, le Président de la Société du patrimoine muretain, M. Christophe Marquez, nous invite à la conférence intitulée « Pierre Paul Riquet : un portrait intime », qui sera prononcée par Mme Mireille Oblin-Brière, le 16 avril 2014 à 20h30, au théâtre municipal de Muret.

Il n’y a toujours aucune réponse de la DRAC Midi-Pyrénées aux divers courriers envoyés par notre Société depuis plus de trois ans, pas plus qu’il n’y a eu de retour de la part du Président de l’Union des Académies et Sociétés savantes de l’Hôtel d’Assézat concernant les sorties de sécurité de la salle Clémence-Isaure. Le Président insiste sur le fait que la convention qui lie la Fondation aux différentes Académies est très claire sur l’obligation qu’a la Fondation de laisser libre l’accès par le grand escalier.

La parole est à Jean Catalo et Quitterie Cazes pour une communication sur Le bâtiment wisigothique du site de l’école d’économie (Université Toulouse 1-Capitole). Cette présentation a déjà été faite lors du colloque international d’archéologie mérovingienne tenu à Toulouse en 2013.

Le Président remercie les intervenants pour leur communication. Les conclusions de leur travail constituent une découverte extraordinaire, qui vient compléter celle du palais royal wisigothique. À ce titre, on ne peut que regretter, à nouveau, la destruction des vestiges de ce monument, comme partie d’un même ensemble. Il faut désormais souhaiter que des recherches géophysiques soient entreprises dans l’allée des Tilleuls, et garder une grande vigilance quant au devenir des substructions qui doivent y être encore conservés.
            Dominique Watin-Grandchamp s’interroge sur les traces d’enduits laissant le milieu des pierres apparentes et qui sont visibles sur une des photos. Quitterie Cazes répond qu’il s’agit d’un enduit de liaison rabattu sur la pierre et découpée à la truelle pour dessiner un rectangle plus régulier. À la suite d’une question de Maurice Scellès, elle signale qu’elle n’en connaît pas d’autre exemple. Jean Catalo précise que l’enduit et le système de fondation sont rigoureusement identiques entre les deux sites évoqués, et qu’on ne les trouve dans aucun autre monument toulousain quelle que soit la période considérée. Quitterie Cazes ajoute que la méthode employée utilise d’énormes quantités de mortiers dans les fondations (4 à 5 cm de mortier pour 4 à 5 cm de briques). Maurice Scellès se demande si des briques sont choisies pour la partie externe des arases, ce que confirment les deux intervenants. Il demande également si les remblais ont été ajoutés dans un second temps. Jean Catalo lui répond que le bâtiment a été conçu comme un socle : l’espace intérieur de la galerie a été rempli progressivement de remblais qui ont permis d’exhausser son sol par rapport au sol extérieur au monument ; cet effet de socle renforce le caractère monumental de l’ensemble, mais le parement est identique à l’extérieur et à l’intérieur (même si ce dernier ne se voit pas).
            Henri Pradalier revient sur l’usage du bâtiment. Il se demande si le mausolée de Théodoric à Ravenne comporte lui aussi un portique, ce que confirme Quitterie Cazes. Henri Pradalier ajoute que si le contexte de construction du bâtiment est bien lié au règne d’Euric, il faut rappeler que celui-ci est alors fortement impliqué dans la persécution contre les nicéens. Mais Mme Cazes nuance ce point de vue, remarquant que Sidoine Apollinaire avait d’abord considéré Euric comme l’ « honneur des Goths », avant de changer d’avis pour des raisons politiques. Quant à l’église Saint-Pierre-des-Cuisines, elle était probablement nicéenne au moment de sa construction, puis elle est devenue arienne sous les Wisigoths, avant de redevenir nicéenne après leur départ.
            Jean Catalo rappelle qu’à la différence du palais wisigothique de l’hôpital Larrey, qui avait été arasé immédiatement, ce probable mausolée a dû exister de manière visible au moins jusqu’au XIIe siècle, puisqu’à cette date ont été réalisés des aménagements tenant compte des murs wisigothiques. Il faut donc penser un devenir différent pour chacun des deux monuments.
            Henri Pradalier revient sur la destination de l’ouvrage. Il demande d’abord si le mausolée présente une forme spécifique aux Goths ariens. Quitterie Cazes répond que le mausolée prend pour référence les mausolées impériaux de la fin de l’Antiquité, sans considération religieuse. Quant à la destination de l’édifice, elle souligne qu’il n’est pas coupé par des murs de refend : il ne s’agit donc pas d’une maison, ce qui l’a conduite à proposer d’identifier un temple ou un mausolée. Henri Pradalier lui demande pourquoi il ne peut s’agir d’une basilique. Pour Quitterie Cazes, il s’agit surtout d’un problème de dimensions(comment couvrir un tel espace central ?) et de disposition (ne pas oublier qu’en 1995 a été repéré côté est le départ d’une galerie). Henri Pradalier propose le cas d’une basilique à trois vaisseaux. Quitterie Cazes note qu’il ne reste rien en élévation, et qu’il faudrait donc élargir les fouilles pour voir ce qui reste « au milieu » des vestiges de murs déjà dégagés.
            Daniel Cazes demande si les archives ont pu fournir quelques données. Quitterie Cazes répond que le plan Saget, du milieu du XVIIIe siècle, montre la disposition en U de bâtiments qui pourraient correspondre aux galeries ouest, sud et est. D’autre part, dans l’enceinte de l’Arsenal militaire, se trouvait un bâtiment qui paraît au même emplacement que la galerie orientale du mausolée du Ve siècle. Ce bâtiment, démoli en 1880, avait été au XVIIe siècle le réfectoire du couvent des Chartreux, et il réutilisait lui-même le collège de Moissac édifié à la fin du XIIIe siècle. Jean Catalo indique qu’on a ajouté des contreforts sur certains murs venant fermer l’angle nord-ouest, ce dernier ayant du former une tour, partie d’une maison qu’on peut suivre jusqu’à la fin du XIVe s. Il existe aussi, de l’autre côté de la rue, la mention de maisons en pierre (aule lapidee) qui sont les seules du secteur.

Au titre des questions diverses, Émilie Nadal présente le fonctionnement de la nouvelle page Facebook de la Société.
            Le Président la remercie en soulignant l’utilité de ce genre de moyen de communication qui, comme le site Internet de notre Société ou le relais que peut constituer l’Association des journalistes du patrimoine, nous permet de nous faire connaître et de mieux faire connaître les causes que nous défendons. Cela suppose bien sûr, en premier lieu, que les membres de notre Société aient le souci d’apporter les informations, et ensuite un travail de rédaction rigoureux. En réponse à Jean Catalo, Émilie Nadal précise que c’est le statut de la page qui permet sa consultation sans inscription sur Facebook. « Bientôt un compte Twitter ? » demande Quitterie Cazes. Émilie Nadal dit moins bien connaître Twitter, qui lui paraît cependant présenter moins de possibilités que Facebook, mais qui est peut-être plus efficace pour la diffusion des alertes.

On évoque ensuite le repérage d’une poutre peinte signalée par Quitterie Cazes et Adeline Béat, dans l’ancien Hôtel de la Mammye, situé au 31 rue de la Dalbade à Toulouse. Dans le cadre de travaux de réhabilitation, l’Hôtel, qui est protégé au titre des Monuments historiques pour ses galeries sur cour, a été soumis à un contrôle scientifique et technique conventionnel. Il est situé dans le secteur sauvegardé de Toulouse (un secteur délimité, comme le précise Maurice Scellès, mais dont le règlement n’a toujours pas été adopté). Les travaux actuellement menés dans l’Hôtel sont suivis par une architecte du patrimoine, mais il semble souhaitable que des moyens complémentaires soient mis en place pour prendre en compte et enregistrer les découvertes lors de travaux dans le centre ancien de la ville. Le plafond présente un décor peint héraldique médiéval qui pourrait être lié au contexte politique local. Il est possible d’y reconnaître les armes de Cardaillac, les armes de la ville de Toulouse et les armes de France. Étant donné le mode de composition du décor peint, ce décor pourrait être contemporain de celui d’un plafond daté de 1384 et situé à Metz, 12 rue des Clercs. Quant aux armes de Cardaillac, il pourrait s’agir de celles du futur évêque Jean de Cardaillac, qui avait des relations étroites avec les rois de France (ainsi Charles V lui avait offert son bréviaire), et qui est connu pour avoir su ramener la fidélité de la Guyenne et du Quercy au roi de France, notamment par ses nombreux prêches dans la cathédrale de Cahors. Les travaux de rénovation ont également mis en évidence des éléments architecturaux dont l’étude pourrait se révéler précieuse pour la connaissance du rempart en bord de Garonne. Dans la maison voisine, des éléments de remplage du XIVe siècle, utilisés en bordure de parcelle proviendraient, selon leur propriétaire, de la chapelle détruite du cimetière de la Dalbade, une information qui étonne Daniel Cazes, qui avait toujours entendu dire que les fragments venaient du couvent des Carmes.
            Le Président note que nous avons là  un aperçu des nombreux vestiges encore à découvrir et protéger, puisque c’est le hasard qui a permis de connaître ces éléments. Il remarque que les chantiers se multiplient actuellement dans le centre de Toulouse, ce qui peut conduire à d’irrémédiables pertes. Il cite ainsi les actuels travaux de renduit de la tour capitulaire dite de Pierre Bruni, qui n’ont donné lieu à aucune étude archéologique. Il se rappelle également comment, un jour qu’il faisait visiter le collège de Foix, il s’était aperçu que les Sœurs de la Compassion brûlaient, pour faire bouillir leur lessive, des sections de poutres peintes aux armoiries du cardinal Pierre de Foix.
            Michelle Fournié indique à Dominique Watin-Grandchamp que Mathieu Desachy a réalisé une notice biographique très complète sur Jean de Cardaillac et ses armoiries, dans le cadre des Fasti. Henri Pradalier remarque que le blason des Cardaillac peut être lu différemment selon le sens des lectures des poutres.
            Patrice Cabau précise que le lion représenté ici est un lion passant, puis il s’intéresse à la question des armoiries de Jean de Cardaillac. Après avoir rappelé le blasonnement donné en 1656 par les frères de Sainte-Marthe dans leur Gallia Christiana : « CARDAILLAC, de gueules au Lyon d’argent armé, lampassé, & couronné d’or, à l’orle de treize besans aussi d’argent. », il fait voir plusieurs figurations des armes du patriarche d’Alexandrie, qui fut de 1378 à 1390 l’administrateur perpétuel de l’archevêché de Toulouse. Sur deux de ses sceaux apparaît un lion accompagné, non d’un orle, mais d’une bordure chargée tantôt de douze, tantôt de quatorze besants. Le manuscrit 460 de la Bibliothèque municipale de Toulouse, qui appartint au patriarche, puis à un personnage qui parle de lui comme de son dominus, contient un croquis à la plume montrant un écu incliné timbré d’un heaume à cimier qui porte un lion accompagné de onze besants mis en orle ; il s’agit évidemment d’armes reproduites d’après le sceau d’un chevalier de la maison de Cardaillac, et non pas de celles de l’archevêque. En revanche, le manuscrit 57 de la même Bibliothèque, confectionné vers 1379 et dédié au prélat, s’orne en frontispice d’un écu enluminé D’or au léopard rampant d’azur couronné, armé et lampassé de gueules, à la bordure d’azur orlée de huit besants d’or, chacun chargé d’un tourteau de gueules. M. Cabau hésite à attribuer à un Cardaillac les armoiries de la maison de la rue de la Dalbade. On peut supposer que plusieurs personnes à Toulouse avaient pour armes un lion environné de besants. Ainsi, un lion d’or sur champ de gueules avec bordure de sable besantée d’or paraît sur les écus des membres de la famille d’Auribail ; Jules Lahondès s’y est laissé tromper en croyant reconnaître les armes de Cardaillac dans l’une des chapelles de l’église du Taur.

 

SÉANCE DU 13 MAI 2014

Présents : MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire-adjoint, Péligry, Bibliothécaire-Archiviste ; Mmes Cazes, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp, MM. Balty, Bordes, Catalo, le général Garrigou Grandchamp, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Pousthomis, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Andrieu, Balty, Bessis, Bossoutrot, Czerniak, Lamazou-Duplan, Nadal, Queixalós, MM. González Fernández, Rebière, Stouffs, membres correspondants.
Excusés : M. Scellès, Secrétaire général, qui ne pourra arriver qu’en fin de séance, M. Latour, Bibliothécaire-Archiviste adjoint, Mmes Barber, Cassagnes-Brouquet, Fournié, Heng, MM. Boudartchouk, Bru, Garland, Penent.
Invité : M. Gérard Amigues.

Le Président ouvre la séance à 17 heures et accueille notre invité, M. Gérard Amigues, vice-président du Conseil général du Lot, chargé de la Culture et du Patrimoine.

La parole est au Secrétaire-adjoint pour la lecture du procès-verbal de la séance du 15 avril 2014, établi par Émilie Nadal, qui est adopté après amendements. En marge de ce compte rendu, Patrice Cabau tient à faire une mise au point à propos de l’archevêque de Toulouse qui, au temps de la guerre dite de Cent Ans, rallia au roi de France une soixantaine de villes du Quercy et des pays voisins : sur la foi d’une interprétation erronée d’un passage un peu confus des Chroniques de Jean Froissart, on répète communément que c’était Jean de Cardaillac (1378-1390) ; comme l’ont depuis longtemps expliqué Étienne Baluze (1693) et Joseph Vaissete (1742), il s’agissait en réalité de son prédécesseur Geoffroy de Vayroles (1361-1377).

Le Président présente deux ouvrages offerts par Pierre Garrigou Grandchamp, qu’il remercie d’enrichir régulièrement la bibliothèque de la Société :
            - Louis Fargier, Villemagne l’Argentière. Son passé - son abbaye - sa communauté - ses mines - ses monuments historiques, Lodève, 1987, 144 p. ;
            - Jean Lartigaud, Puy-l’Évêque au Moyen Age. Le castrum et la châtellenie (XIIIe-XIVe s.), éditions du Roc de Bourzac, Bayac, 1991, 208 p.

Daniel Cazes procède au dépouillement de la correspondance. Divers imprimés présentent les programmes des activités proposées par la Ville de Narbonne, la Bibliothèque de Toulouse... Lisa Barber, désormais fixée en Grande-Bretagne, nous annonce par e-mail son intention de renoncer à sa place de membre titulaire de notre Société ; la Compagnie convient d’attribuer à notre consœur la qualité de membre libre. Marie Vallée-Roche nous fait savoir par un courriel qu’elle a découvert fortuitement à Minerve (Hérault) un « tronc-reliquaire » du Ve siècle qu’elle a le projet de nous présenter prochainement.

Le Président donne la parole à Virginie Czerniak et Véronique Lamazou-Duplan pour une communication concernant Une toile peinte médiévale inédite.

M. Cazes remercie les deux intervenantes pour leur présentation, qu’il qualifie de « magnifique ». L’union de leurs compétences a permis d’éclairer un aspect peu connu de la création artistique à la fin du Moyen Âge. La communication ne devrait pas manquer de provoquer de multiples questions ou observations.
            Jean-Louis Rebière signale que la technique de la peinture sur toile a notamment été utilisée dans la confection des bannières ; il cite les exemples, italiens, qui lui viennent à l’esprit.
            Le Père Montagnes indique, d’après un fichier des Archives départementales du Vaucluse, qu’au XVe siècle des toiles peintes furent vendues par le prieur du couvent des Dominicains d’Aix-en-Provence.
            Guy Ahlsell de Toulza s’enquiert du niveau de prix de la toile lors de sa mise aux enchères publiques organisées à Paris par la maison Hagutte. Après avoir annoncé la somme de 30 000 à 35 000 €, Virginie Czerniak précise que la pièce n’a pas trouvé d’acquéreur. Cette œuvre pêche par le défaut de documentation et elle ne présente guère d’intérêt que pour un musée, ou un médiéviste argenté.
            M. de Toulza rappelle ensuite que les toiles peintes ont existé dès l’Antiquité, mais qu’elles ont toujours tendu à disparaître assez vite, en raison de leur fragilité et de leur caractère éphémère. Combien de toiles décoratives, passée la circonstance qui avait provoqué leur réalisation ou devenues hors de mode, ont servi d’emballages, avant de finir par être brûlées, jetées... ! Ce n’est qu’à partir de la fin du Moyen Âge que le souvenir des toiles utilisées dans le décor privé s’est conservé, avec l’enregistrement par les notaires des inventaires après décès. Véronique Lamazou-Duplan abonde en ce sens et cite des remplois comme moyens d’enrobage, de calage...
            Jean Catalo dit avoir du mal à se convaincre du caractère banal de ces œuvres dans la sphère privée, puis il s’interroge sur la possibilité de définir des aires de répartition : toiles peintes dans le Midi, tapisseries plus au Nord. Mme Lamazou-Duplan répond que son enquête demeure pour l’instant bien fragmentaire et que seule la multiplication des exemples pourrait permettre d’appréhender une telle géographie. Après avoir renvoyé aux recherches menés par Sophie Cassagnes-Brouquet, à compléter par des investigations dans la région des Flandres et les pays germaniques, elle note que l’absence de toiles peintes dans les intérieurs de la ville de Dijon a été pour elle un sujet de surprise.
            Quitterie Cazes, s’excusant de poser une question peut-être « naïve », demande si le style de la peinture pourrait mettre sur la piste de la région d’origine de la toile présentée ; pour elle, les visages évoquent plutôt la manière du Nord. Virginie Czerniak et Véronique Lamazou-Duplan disent qu’en effet les hommes d’armes ont une allure allemande ou suisse, puis elles déclarent être à la recherche d’une gravure réalisée dans cette zone, dont le peintre aurait pu s’inspirer.
            Louis Peyrusse voudrait savoir quel était le mode d’accrochage des toiles peintes. Les inventaires ne le précisent pas ; elles n’étaient pas montées sur châssis, et l’on peut imaginer un système de plaquage contre les murs analogue à celui des tapisseries.
            Luis González Fernández signale l’utilisation très fréquente de la toile peinte dans le monde du théâtre : aux XVIe et XVIIe siècles notamment, les inventaires des compagnies mentionnent des décors peints sur toile ainsi que des costumes peints. Véronique Lamazou-Duplan observe que l’utilisation théâtrale des toiles peintes est également connue pour le Moyen Âge.
            Daniel Cazes se souvient des toiles peintes qu’il a admirées lors d’une visite au Musée cathédral de Gênes, et il souhaite que la pièce présentée ce soir prenne le chemin d’un musée.
            M. Gérard Amigues intervient pour remercier Virginie Czerniak et Véronique Lamazou-Duplan, et donner quelques informations complémentaires sur sa provenance et son devenir. Elle lui été offerte par la veuve d’un ami, retiré dans le Lot, lequel la tenait de sa tante, galeriste à Paris. 
            Le Président remercie chaleureusement M. Amigues de son témoignage.

Au titre des questions diverses, François Bordes annonce que la miniature des annales capitulaires figurant l’entrée du roi Charles VII à Toulouse en 1442 sera présentée dans la grande exposition sur le voyage organisée à Paris, au Musée de Cluny, au mois d’octobre prochain.

Pierre Garrigou Grandchamp montre des photographies de la halle de Grenade-sur-Garonne, construite à la fin du XIIIe siècle, qui vient d’être restaurée. Dominique Watin-Grandchamp et Nicole Andrieu donnent des précisions sur cette opération, menée par M. Bernard Voinchet, Architecte en chef des Monuments historiques, et en vue de laquelle a été réalisée une « grosse » étude préalable.

Le général Garrigou Grandchamp aborde ensuite la question de l’avenir toujours incertain de l’ancien palais de Via à Cahors. Rappel est fait des divers courriers que la S.A.M.F. a adressés à ce sujet, et pour lesquels elle n’a reçu au mieux que des réponses de forme, purement administratives. Dominique Watin-Grandchamp a proposé le classement de l’édifice, inscrit en totalité, et elle a obtenu une proposition de classement parmi les Monuments historiques, à laquelle il manque toujours l’accord du propriétaire – en l’occurrence l’État !
            Pierre Garrigou Grandchamp est d’avis que la Société archéologique du Midi de la France demande que soit entreprise une étude complète et véritable de ce monument médiéval très important. Quitterie Cazes note que cette demande posera le sempiternel problème du financement de l’étude et des délais nécessaires à sa réalisation.
            Maurice Scellès s’associe pleinement à la démarche et propose de lui donner toute la publicité souhaitable en affichant une notice illustrée sur la page Facebook de la Société et en transmettant les éléments du dossier à l’Association des journalistes du Patrimoine. On suggère en outre d’adresser un courrier à la Ville de Cahors, qui peut agir sur l’Administration centrale. Il devient urgent d’agir, car un bâtiment désaffecté et non entretenu se dégrade rapidement.
            Daniel Cazes regrette le désengagement de l’État en matière de Patrimoine qu’il faut constater en France et qui apparaît ailleurs en Europe comme une singularité.
            Le projet de demande d’étude recueille l’adhésion de l’ensemble de la Compagnie.

 

SÉANCE DU 27 MAI 2014

Présents : MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry, Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Cassagnes-Brouquet, Cazes, Haruna-Czaplicki, Merlet-Bagnéris, Napoléone, Vallée-Roche, Watin-Grandchamp, MM. Bordes, Garland, Garrigou Grandchamp, Lassure, le Père Montagnes, MM. Surmonne, Stouffs, Testard, membres titulaires ; Mmes Bessis, Bossoutrot, Czerniak, Nadal, Queixalós, MM. Mattalia, Penent, Rebière, membres correspondants.
Excusés : MM. Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Balty, Barber, Bessis, Fournié, Friquart, Krispin, Lamazou-Duplan, Pradalier-Schlumberger, MM. Balty, Chabbert, González Fernández. 

Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 13 mai, qui est adopté.
            En complément, le Président indique qu’il a adressé un courrier au Directeur régional des Affaires culturelles sur les questions du devenir du palais de Via à Cahors et de la restauration de la Halle de Grenade. Concernant le palais de Via, Maurice Scellès rappelle que la discussion a fait apparaître que si la Ville de Cahors n’avait pas les moyens d’acheter l’édifice, la Mairie pouvait en revanche faire pression sur les services de l’État pour que soit réalisées les études nécessaires, afin de garantir au mieux la conservation et la mise en valeur future d’un monument insigne du patrimoine cadurcien. Le Président adressera donc le dossier établi par Pierre Garrigou Grandchamp au Maire de Cahors et à M. Gérard Amigues, Vice-président du Conseil général du Lot, avec copie à la Direction régionale des Affaires culturelles.

Le Président rend compte de la dernière réunion du Bureau.
            Il fait circuler dans l’assemblée le programme de l’année académique 2014-2015 en proposant à ceux qui souhaitent présenter une communication de s’inscrire pour les quelques places encore disponibles.
            Le Bureau a décidé de proposer à notre consœur Lisa Barber qui, résidant désormais en Angleterre, a souhaité laisser sa place de membre titulaire, de redevenir membre correspondant, statut qui convient parfaitement à nos membres éloignés de Toulouse.
            Le Bureau a de nouveau fait le point sur l’impression de nos Mémoires. A partir des dernières informations obtenues, Guy Ahlsell de Toulza explique que le volume 2011 devrait être livré dans la première semaine de juillet et que le volume 2012 devrait être imprimé en septembre. Maurice Scellès espère que les engagements seront cette fois-ci respectés. Le Président regrette ces retards, dont l’importance porte atteinte à notre crédibilité, tant vis-à vis des membres de notre Société que de notre public.

La correspondance comprend plusieurs annonces de colloques et de manifestations diverses, et une offre de don de M. Jacques Canali, qui a pu acquérir un lot de photographies de l’abbé Georges Baccrabère. Ce fonds, qui demande à être inventorié, comprend en particulier des clichés du musée de l’Institut catholique avant sa transformation, qui seront précieux pour en faire l’histoire. On y remarque également des photographies rapportées des voyages de l’abbé Baccrabère autour de la Méditerranée : le Président rappelle que notre confrère pilotait des avions, et qu’il entretenait de très bonnes relations avec d’autres pilotes, ce qui lui permettait de faire des allers-retours dans la journée, et de « gagner plus de temps encore en évitant les formalités douanières », ajoutait l’abbé. Le Président remerciera M. Jacques Canali au nom de notre Société.

A propos de l’inauguration de la Foire Internationale d’Art de Toulouse (F.I.A.T.), le Président invite les membres de la Société à rendre visite à la nouvelle présentation de la collection de sculpture romane du Musée des Augustins, due à Jorge Pardo. La question mérite à l’évidence un débat auquel notre Société se doit de participer.
            L’artiste affirme avoir voulu mieux faire connaître la collection de sculptures romanes en améliorant une présentation défaillante et usée d’un point de vue esthétique. Aucune intention didactique dans cette nouvelle présentation qui conserve la disposition en trois ensembles qui sont désormais différenciés par des lampes suspendues de couleurs différentes, pour mieux les éclairer. L’un des soucis majeurs exprimés par l’artiste a été de poser un acte militant contre l’impossible neutralité du musée, et l’un de ses objectifs : « faire surgir les œuvres comme autant d’écrans de télévision ».

Puis le Président rend compte d’une récente visite au couvent des Jacobins, dont les travaux durent depuis maintenant des années. La porte de la grande sacristie a été murée et l’on a fait disparaître la modification en y reproduisant le décor de fausses coupes de pierre du mur de la chapelle. C’est ainsi qu’en 2014, on fait disparaître la restauration pensée et réalisée par Sylvain Stym-Popper. Un trou béant sur le cloître semble être destiné à la nouvelle porte, qui n’existait pas bien sûr à l’origine.

La parole est à Emmanuel Garland pour une communication À propos des peintures murales de Saint-Pierre d’Ourjout : le thème de la représentation des saints aux absides des églises romanes.

Le Président remercie l’intervenant pour l’intérêt de sa présentation qui nous a permis de faire le tour des cycles de peintures pyrénéens, et de proposer de nouvelles comparaisons avec les peintures nouvellement découvertes d’Ourjout.
            Henri Pradalier approuve l’interprétation d’Emmanuel Garland considérant que la liturgie romaine permet en effet d’expliquer la présence de Pierre et Paul, ou d’Abel et Caïn dans le décor des absides. Il rappelle qu’à la fin du XIIe siècle, Rome impose sa liturgie à l’Espagne au dépend de la liturgie mozarabe. Les présences renouvelées de Pierre et Paul traduisent cette volonté d’imposer l’autorité de Rome. Quant à André, sa présence pourrait être lié à un vieux souvenir venu de Byzance, depuis l’Italie. En effet, saint Pierre étant l’apôtre de Rome, les Byzantins ont fait de son frère, André, l’évangélisateur de Constantinople. Dans la mesure où les peintres qui sont à l’œuvre dans les Pyrénées viennent d’Italie, ils importent avec eux André, mais aussi des saints propres à l’iconographie lombarde, comme les saints milanais que sont Ambroise, Gervais et Protais. Emmanuel Garland précise que dans le texte Libera nos, les saints nommés sont bien Marie, Pierre, Paul et André ; qui sont aussi les plus représentés. Il confirme également que le sacrifice d’Abel n’apparaît pas dans la liturgie mozarabe, d’où ses très rares occurrences dans les représentations du XIe siècle.
            Henri Pradalier revient ensuite sur la question de la Vierge portant la coupe. Il précise que les rayons représentés au dessus de la coupe, image du sang du Christ, sont aussi rapprochés de la parole de Dieu : Ego sum lux mundi, dont les mots apparaissent notamment sur le livre du Christ de Taüll. Il évoque aussi une allusion possible à la Grande Prostituée de Babylone qui dans les manuscrits mozarabes est aussi représentée avec une coupe. L’iconographie de la Vierge à la coupe, serait ainsi une manière d’opposer la Prostituée à la coupe, figure de l’idolâtrie, et la Vierge à la coupe, image de l’Église. Notons aussi qu’à ce moment là, c’est Cordoue qui est considéré comme la figure de la Babylone évoquée dans le texte de l’Apocalypse. Sur ce point, Emmanuel Garland note que dans les nombreuses Crucifixions du XIe, ont ne vois pas le sang du Christ recueilli, alors même que ce thème apparaît à l’époque carolingienne. Il se demande pourquoi le sujet apparaît dans les absides, à travers la Vierge à la coupe, et non dans les Crucifixions proprement dites.
            Quitterie Cazes remercie l’intervenant pour son analyse en série très éclairante. Il n’y aurait donc pas de modèle iconographique, mais une traduction textuelle de la liturgie propre à chaque édifice. Elle souligne l’intelligence des programmes iconographiques, sans doute lié au rôle important de l’évêque, mais aussi à la présence d’un clergé sans doute nettement moins ignare que ce qu’on a pu le supposer pour ces petites églises. Elle insiste sur la très grande diffusion de la pensée de la Réforme grégorienne jusque dans les plus petits villages pyrénéens.
            Virginie Czerniak approuve elle aussi l’interprétation qui tend à considérer la peinture comme la mise en image de la liturgie, et précise que de nombreux autres exemples du même type existent dans d’autres contextes ; comme par exemple dans l’église Saint-Gilles de Montoire, où l’on a mis en image le mystère de la Transsubstantiation. Toutefois elle rappelle que le programme d’Ourjout est incomplet, avec 3 figures manquantes, peut-on vraiment être sûr de l’absence de la Vierge ? Emmanuel Garland répond qu’il y a de fortes présomptions, car dans les autres cas la Vierge occupe toujours une place d’honneur juste en dessous du Christ, sauf à Estaon où un Baptême du Christ occupe le registre médian de l’abside.
            Henri Pradalier avoue avoir été frappé par la rareté des collèges apostoliques représentés sous des arcatures. Il souligne la proximité entre Santa Maria de Taüll et Ourjout, puisque dans les deux cas on retrouve aussi un registre inférieur orné de médaillons avec des animaux. On peut donc aussi supposer que le cul de four d’Ourjout était orné d’une Vierge en majesté.
            A la demande de Sophie Cassagnes-Brouquet, Emmanuel Garland précise que l’église est dédiée à Saint-Pierre, au moins depuis le XIIIe siècle. Il pouvait s’agir d’un prieuré, étant donné sa disposition, avec un chœur très profond pour une toute petite nef.
            Jean-Louis Rebière note la bizarrerie des colonnes qui lui rappelle l’église de Saint-Lizier. Il demande si l’ordre toujours observé pour les apôtres, Pierre, Paul, André, Jacques et Jean, correspond à une forme de préséance. Emmanuel Garland explique qu’il s’agit effectivement de l’ordre dans lequel Jésus les appelle (en dehors de Paul). Mais il ajoute que Jacques ou Jean sont rarement identifiables avec certitude, en l’absence d’attributs caractéristiques. Henri Pradalier note aussi que ce sont les plus mentionnés dans les Évangiles.
            En réponse à la remarque de Quitterie Cazes concernant la très grande diffusion de la réforme liturgique, Henri Pradalier déplore ensuite la perte des ensembles peints qui devaient orner à la même époque les cathédrales et les grands monastères de la région pyrénéenne, soulignant que les petites vallées, souvent très peuplées, devaient être en contact étroit avec ces grands édifices. Virginie Czerniak observe qu’on trouve aussi en dehors des Pyrénées le même type d’ensembles picturaux qui, en dépit de leur situation dans des endroits forts isolés (dans le Quercy par exemple), n’en présentent pas moins des programmes à haute teneur dogmatique. Emmanuel Garland avoue qu’il avait été surpris au début de ses travaux par la très grande orthodoxie qui caractérise le discours peint ou sculpté du XIIe siècle, orthodoxie que l’on ne trouve plus au XIIIe siècle.
            Pierre Garrigou Grandchamp demande s’il y a eu des recherches systématiques sur la collation de toutes ces églises, pour faire ressortir l’éventuelle relation entre l’orthodoxie du message et l’autorité d’un évêque par exemple. Emmanuel Garland répond que ces programmes peints peuvent appartenir à presque tous les types d’églises (paroissiales, abbatiales, collégiales, cathédrales) en dehors des chapelles castrales, dont trop peu sont préservées pour en tirer des conclusions. Le message était le même et il était de toute façon diffusé des évêques aux abbés.
            Enfin Quitterie Cazes demande à l’intervenant s’il a pu réaliser une cartographie des regroupements iconographiques. Emmanuel Garland répond qu’il a effectivement constaté une concentration des sites autour du Val d’Aran et Val de Boi jusqu’en Andorre. Mais il n’a pas souhaité établir de recoupement iconographique, car les points singuliers de l’iconographie présentent des occurrences en nombre trop faibles pour être significatifs.

Après avoir remercié une dernière fois l’intervenant pour sa présentation riche en réactions, le Président donne la parole à Marie Vallée-roche qui présente au titre des questions diverses, La découverte fortuite d’un tronc-reliquaire paléochrétien.

Suite à des travaux dans sa maison de famille, un ancien presbytère du XVIIe siècle, l’intervenante a découvert une pierre ronde engagée dans le mur, à 1,10 m de hauteur. Une fois désengagée, la pierre octogonale s’est avérée être un octogone percé d’un trou, mesurant en tout 29 cm de diamètre, pour 28 cm de haut, 11 à 13 cm de large et 10,5 cm de profondeur. Un décor primitif apparaît sur le rebord saillant de la pierre, haut de 5 cm et saillant d’environ 4 mm, orné de deux trous par face. L’objet est en marbre. Le marbre ayant été exploité dans les environs de Minerve et dans le Languedoc depuis l’Antiquité, la comparaison avec une palette des marbres locaux, et l’intervention d’un spécialiste du sujet, a permis de déterminer que le marbre avait pu être extrait de deux carrières en surface, d’exploitation ancienne, situées à 10 ou 13 km de Minerve.
            L’objet est probablement un pied d’autel, le trou sur la face supérieure étant le loculus destiné à recevoir des reliques. Deux formes sont connues dans la région : le cippe à l’antique (de forme rectangulaire), et le tronc-reliquaire. Les nombreux cippes reliquaires de la région de Minerve ne sont toutefois pas tous des supports d’autel. C’est le cas du cippe du Terral à Ouveillhan, qui possède un loculus de 9 cm de diamètre, pour 1, 30m de hauteur d’ensemble et qu’on suppose destiné uniquement à la vénération des reliques. En revanche les troncs reliquaires sont a priori tous des supports d’autel. Dans un dépôt lapidaire privé à Gléon (Villesèque, Aude), Marie Vallée-Roche a ainsi pu repérer un tronc reliquaire octogonal associé à un sanctuaire de l’époque wisigothique.
        Si le tronc-reliquaire trouvé dans le mur était bien un pied d’autel, il faut le rapprocher de l’autel paléochrétien de Minerve, qui se trouve juste à côté. En 1630 les frères de Sainte-Marthe recueillent les témoignages de gens du pays selon lesquels l’autel était autrefois porté par 3 piliers. Cependant en 1883, d’après la restitution de Rohaut de Fleury, Camille Lebrun dessine un autel avec seulement 2 supports, sans tenir compte de l’enquête des siècles précédents. Tandis qu’en 1928, Philippe Helena imagine que la colonne de marbre servant de bénitier à l’entrée de l’église était en fait le support primitif. Mais cette colonne mesure 1,10 m de haut ce qui parait tout simplement trop haut pour un pied d’autel.
            En 1974, lors des travaux de rénovation de l’église, on a trouvé un fragment d’une autre colonne de marbre dans un mur, portant des graffitis contemporains de ceux de l’autel. Or cette colonne est du même marbre que le tronc-reliquaire récemment découvert, même si pour ce dernier, le marbre n’est pas poli. Leur diamètre n’est pas parfaitement identique, quoique proche. Le tronc reliquaire pourrait donc appartenir au même ensemble que l’autel. Il en aurait été le support central, portant les reliques, et encadré par deux colonnes d’un diamètre semblable. En 1582, Minerve est prise par le capitaine Bacon à la tête d’un corps expéditionnaire de Huguenots. On peut supposer qu’à ce moment là les supports d’autel ont été brisés. En 1596, on restaure l’église, et on consacre la chapelle nord, dans les murs de laquelle on a justement découvert le fragment de colonne. On peut penser que le presbytère a été reconstruit au début du XVIIe siècle en y insérant le morceau de tronc-reliquaire. On ne pouvait jeter au rebut les débris de supports d’autel à cause de leur ancienne proximité avec les reliques disparues.
            Ces cippes et pieds reliquaires sont peu connus. Le recensement actuel de la DRAC les concernant est encore très incomplet, et ils sont souvent dépourvus de protection (le cas du dépôt lapidaire privé de Gléon l’atteste). Ils sont pourtant les témoins d’une culture qui s’est épanouie en Septimanie et dans le nord de l’Espagne du Ve au XIe siècle. Le cippe reliquaire le plus anciennement connu dans la région remonte à 455 (l’autel de Minerve est daté de 456), et on abandonne leur usage au XIe siècle, pour adopter le reliquaire directement inclus dans la table d’autel. Ces objets montrent l’importance de l’influence wisigothique, et le rôle des reliques dans la vie sociale en particulier au travers de la pratique du serment sur les reliques. Ils mériteraient donc une étude plus approfondie.

Le Président remercie l’intervenante pour son exposé, et s’enquiert du terme « tronc » utilisé pour décrire l’objet, ne pourrait-on pas plutôt parler de « pied reliquaire » ? Marie Vallée-Roche précise qu’elle s’appuie sur la typologie mise en place par Pierre Dourthe qui distingue le cippe rectangulaire, du pied reliquaire en forme de fût ou de tronc. Virginie Czerniak mentionne l’existence des graffitis de l’autel de Saint-Pierre de Moissac, que l’intervenante connaît.

La parole est ensuite donnée à Guy Ahlsell de Toulza pour la présentation d’une « épopée non lyrique » autour de la vente d’une superbe statuette en argent chez Sotheby’s le 13 mai dernier
            La statuette, dans un état remarquable, mesure 37 cm de haut. Elle représente Cérès sur un piédestal, où l’on peut voir gravé : « Prix décerné par les négociants de la bourse de Toulouse à l’occasion du sacre de Louis XVI, 1775 », ainsi que le nom de l’orfèvre qui en est l’auteur : Vinsac (1742-1781, maître en 1773) un des meilleurs artistes toulousains de son temps, gendre de Louis II Samson. Pierre Barthès, dans ses "Heures perdues" relate comment cette statuette d'argent, prix de la Chambre du Commerce, est décernée en septembre 1776 lors d’une assemblée extraordinaire de l’Académie des Sciences de Toulouse après avoir été portée avec pompe et grand cortège dans les rues de Toulouse. L’œuvre est attribuée à l’auteur d’un ouvrage composé sur l’agriculture et le commerce. Le texte décrit même la Cérès d’argent avec ses attributs, le tout d’une valeur de plus de 800 livres.
            Prévenue par Sotheby’s, la Ville de Toulouse refuse d’abord l’achat faute de crédits pour cette acquisition, ce budget ayant été dépensé entre autres pour l’installation de J. Pardo dans la salle des sculptures romanes du musée des Augustins. Le lundi 12 mai, veille de la vente, et suite à l’insistance de la communauté scientifique, la ville trouve enfin 20 000 euros et envoie le conservateur du musée Paul-Dupuy enchérir à la vente du lendemain. Malheureusement l’œuvre est adjugée le 13 mai pour 22 000 euros plus les frais. Tout semble alors perdu.
            L’œuvre est désormais entre les mains d'un grand collectionneur passionné d’art français du XVIIIe et XIXe, qui destine la pièce au musée des Beaux-Arts de Montréal. En désespoir de cause, le conservateur du musée Paul-Dupuy et le baron Joseph de Cassagne décident de joindre le nouvel acquéreur. Celui-ci accepte de céder son acquisition, mais en demande désormais 50 000 euros. Dans l’enthousiasme, Joseph de Cassagne, accepte la transaction en ajoutant aux 20 000 euros de la ville, 30 000 euros de sa part. Dans son esprit, il espérait que la ville pourrait augmenter sa participation, mais devant le refus renouvelé de la municipalité d’apporter plus que les 20 000 euros prévus, il espère aujourd’hui recevoir l’aide de tous ceux qui souhaiteront lui apporter davantage que de la reconnaissance pour cet enrichissement de notre patrimoine. La pièce devrait, si tout se termine bien, rejoindre le musée Paul Dupuy.
            Le nom de l’heureux récipiendaire de l’œuvre en 1776 est connu, il s’agit du bien nommé Guillaume-François Le Trosne, juriste et économiste français, figure importante de la pensée des Physiocrates. L’ouvrage récompensé devait être édité en 1779 sous le titre "De l’administration provinciale et de la réforme de l’impôt". Mais, comme en 1780 devait se tenir une réunion du clergé à Paris, le garde des Sceaux craignit que ce livre ne les indisposât, car il suggérait notamment d’imposer les biens des ecclésiastiques. Pour éviter le bruit et le scandale, le livre est saisi, bien que Necker, pourtant peu réputé pour ses sympathies physiocratiques, en ait favorisé la publication. Le travail de Le Trosne passe à la trappe et il ne reste que cette magnifique statuette pour commémorer son œuvre. 
            Le Président remercie Guy Ahlsell de Toulza pour les détails de cette histoire rocambolesque. Jean Penent s’avoue surpris de constater que le budget d’acquisition de la ville de Toulouse ait pu être employé pour autre chose que ce à quoi il est dédié. Il constate que l’indécision municipale a conduit à devoir payer 50 000 euros une œuvre initialement mise à prix à 8 000 euros et vendue à 22 000 euros. Guy Ahlsell de Toulza précise que la préemption par l'État a été demandé trop tard, la veille de la vente, alors que le délai normalement requis est de 48 h. Avec la préemption, le musée aurait pu acquérir ce chef-d'œuvre pour 12 000 euros avec les frais...! Mauvaise stratégie et les ponts des 1er et 8 mai en sont aussi la cause.

François Bordes signale aussi la mise en vente dans 15 jours de 4 négatifs papiers ciré de la mission héliographique des Monuments Historiques, chacun estimé entre 4 000 et 6 000 euros. L’un d’eux est une vue des toits de Toulouse et du clocher de St Sernin. Guy Ahlsell de Toulza évoque également la vente à venir de six épreuves sur papier albuminé, d'après négatifs verre au collodion, montrant les ponts de chemins de fer autour de Toulouse en 1875, dont les ponts d'Empalot et de Lacroix-Falgarde.

 

SÉANCE DU 3 JUIN 2014

Présents : MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry, Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Cassagnes-Brouquet, Cazes, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, Vallée-Roche, Watin-Grandchamp, MM. Bordes, Catalo, Lassure, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Surmonne, Stouffs, Tollon, membres titulaires ; Mmes Bossoutrot, Heng, Nadal, Queixalós, Viers, MM. Corrochano, Mattalia, Penent, Rebière, membres correspondants.
Excusés : MM. Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Balty, Bessis, Bilotta, Lamazou-Duplan, Merlet-Bagnéris, MM. Balty, Bru, Garland, Garrigou Grandchamp.
Invité : M. Georges Cugulière ; M. Didier Buffarot, du service du patrimoine de la Ville de Figeac.

Émilie Nadal donne lecture du procès-verbal de la séance du 27 mai, qui est adopté.

Le Président rend compte de la correspondance reçue.

Lisa Barber, qui avait exprimé le souhait de devenir membre libre et à laquelle nous avions proposé de devenir membre correspondant, nous écrit que son avenir est désormais en Angleterre et qu’elle n’aura plus la possibilité de poursuivre des recherches sur le Midi de la France. Cette période est pour elle révolue, mais elle n’oubliera jamais l’histoire de l’art et de l’architecture de cette région de la France, ni la vie de notre excellente Société.
            Sur proposition du Bureau, Lisa Barber est élue membre libre à l’unanimité des membres présents.

Le Président demande à la Compagnie d’excuser tout particulièrement l’absence de Louis Latour, qui s’était proposé d’être parmi nous pour la séance de clôture de l’année académique. Daniel Cazes rappelle le travail très important accompli par Louis Latour tout au long de ces nombreuses années, et le travail qu’il accomplit encore pour notre Société puisque c’est lui qui se charge de l’envoi des convocations.

Le Président rappelle l’événement très important de la toute récente inauguration du Musée Soulages à Rodez. Il s’agit là d’une réalisation exemplaire, qui peut se comparer aux plus grandes réalisations en France et à l’étranger.

Nous avons par ailleurs reçu deux invitations correspondant à des prêts pour des expositions :
            - « Évocation de la Bataille de Toulouse - 10 avril 1814 », au Musée du Vieux Toulouse ;
            - « Élie, Edmond, Félix et Cie. 2014 centenaire de la mort d’Élie Rossignol », du 7 juin au 21 septembre 2014, Archéo-site de Montans.
            Toujours aucune réponse aux courriers que nous avons adressés à la D.R.A.C.

Quant au palais de Via de Cahors, Maurice Scellès pense qu’il est souhaitable de relayer l’information sur la page Facebook qu’anime Émilie Nadal, et de saisir l’A.J.P., ce qui nous permettrait en outre de tester l’efficacité de l’association. Le Président adressera copie du dossier à la Société des Études du Lot.

La parole est à Jean-Louis Rebière et Anne Bossoutrot pour une communication sur L’église de Saint-Ybars : études et découvertes.

Le Président remercie Jean-Louis Rebière et Anne Bossoutrot pour ce remarquable travail de bilan sur une église où peu de monde porte ses pas. Or l’édifice est très riche, et c’est aussi un très bon sujet de réflexion sur les techniques et la déontologie de la restauration, et sur tout ce que l’on ne doit pas faire. Daniel Cazes ajoute que la magnifique statue de saint Pierre évoque bien en effet l’atelier de Rieux.
            En réponse à une remarque d’Henri Pradalier, Jean-Louis Rebière indique que l’abbaye Saint-Pierre de Lézat possède une importante relique de saint Antoine, que la notice des Monuments historiques dit provenir de Boulbonne. Sans doute la conséquence des dispersions dues à la Révolution, dit Henri Pradalier. Jean-Louis Rebière juge aussi les stalles trop belles, mais il est bien difficile de savoir si les chanoines de Saint-Ybars n’avaient pas la possibilité de passer commande à des artistes qui avaient travaillé pour de grandes abbayes.

 

Jean-Louis Rebière, Anne Bossoutrot et Anne-Laure Napoléone présentent les Derniers travaux de réaménagement de la maison dite « de la Monnaie » à Figeac.

Le Président les remercie et se félicite de cette connaissance toujours plus précise de cet édifice, dont on est toujours étonné de voir comment il s’est constitué.
            Didier Buffarot donne quelques précisions sur les interventions successives des restaurateurs sur les peintures. La seconde a été très rapide et le manque de temps n’a pas permis d’analyse un peu fine, ce qui est à l’origine d’erreurs d’interprétation. Quant aux vestiges de peinture qui subsistaient sur la cheminée, ils sont devenus presque illisibles en raison de la reprise des joints.
            N’ayant pas abordé la question de la chronologie au cours de son exposé, Anne-Laure Napoléone précise qu’elle ne croit pas que les peintures puissent être postérieures à la seconde moitié du XIIIe siècle. Puis, en réponse à une question de Maurice Scellès, Didier Buffarot dit n’être pas sûr que la tête et l’aile appartiennent à la même figure, ni qu’elles soient contemporaines. D’autres plumes apparaissent à gauche, mais pas de tête. Jean-Marc Stouffs demande si la stratigraphie des couches picturales a été établie. Didier Buffarot dit avoir tenté des photographies en lumière rasante, mais sans résultat. Jean-Louis Rebière rappelle qu’il s’agissait d’un travail très rapide avec un petit budget, limité à un simple dépoussiérage.
            Didier Buffarot ajoute qu’il a récemment communiqué à Anne-Laure Napoléone une photographie d’un décor de faux-appareil trouvé dans une autre maison de Figeac.

 

Au titre des questions diverses, Émilie Nadal signale la réapparition d’un fragment d’un pontifical catalan du milieu du XIVe siècle, mis en vente par ArtCurial le 13 mai dernier, et qui a été acquis pour 163000 €. Les 22 feuillets sont ornés chacun d’une miniature de format rectangulaire occupant toute la largeur de la page, illustrant certains textes peu courants du cérémonial liturgique. Notre consœur a donné l’information sur la page Facebook de notre Société. Le Président remercie Émilie Nadal pour tout ce travail.

Avant de revenir sur la nouvelle mise en scène de Jorge Pardo au Musée des Augustins, le Président fait un rapide historique de la présentation des sculptures romanes au cours du dernier quart du XXe siècle et au début du XXIe siècle, une mise en perspective nécessaire pour comprendre comment on en est arrivé là.
            Au cours des années 1970, la présentation de la collection a connu plusieurs changements, mais toujours provisoires. Dans le cadre du projet de rénovation du musée des années 1976-1981, il avait été envisagé une présentation dans l’église des Augustins, avant que ne soit retenue la présentation définitive dans la salle du rez-de-chaussée de l’aile Darcy, mise en place en 1981. Le parti retenu a été celui d’une présentation en grands cercles correspondant aux différents ensembles pour les chapiteaux, et des regroupements des sculptures des portails qui laissaient ouverts les débats sur les dispositions d’origine. Dans le même esprit, les fléaux auto-tendus imaginés par l’architecte Pierre Debeaux permettaient de placer les chapiteaux romans à une hauteur convenable sans reproduire les colonnettes. La mezzanine, détachée des murs du bâtiment afin de conserver la perception d’ensemble de la salle du XIXe siècle, devait initialement accueillir une réserve visitable, ce qui était un projet très intéressant. Elle a finalement été dévolue aux sarcophages de la fin de l’Antiquité. Cette mezzanine avait un avantage : celui de disposer d’une grille portant des spots pour éclairer les sculptures. La présentation pouvait sans doute être contestée, mais pas l’éclairage.
            Peu après le départ de Denis Milhau en 1995, on a détruit toute cette présentation qui avait à peine 14 ans et qui avait été réalisée avec des matériaux nobles : acier Corten pour les supports et dallage en marbre des Pyrénées. On a supprimé la mezzanine et tout le système d’éclairage, ainsi que les supports de Pierre Debeaux tout en conservant la disposition des ensembles de chapiteaux, et couvert le sol d’une moquette. On pouvait trouver cette nouvelle présentation bien triste, et c’est peut-être la raison qui à pousser à demander à Jorge Pardo de la revoir. L’artiste a conçu un nouveau pavement et une mise en couleur, optant pour une intervention uniquement esthétique, en affirmant vouloir lutter contre une prétendue neutralité de la présentation des œuvres dans un musée. Commandée dans le cadre d’un festival d’art contemporain, la présentation de Jorge Pardo serait maintenue au moins pendant trois ans. Elle a coûté fort cher, et on aurait pu souhaiter qu’elle soit mise au service d’une nouvelle muséographie, et peut-être accompagnée d’éléments didactiques car il semble bien que les visiteurs soient toujours aussi perdus au milieu de ces ensembles de sculptures.
            Louis Peyrusse demande si une collection qui est un tel joyau doit être le prétexte à une intervention contemporaine. La forêt de luminaires installée par Jorge Pardo, certes un peu tapageuse, pourrait ne pas paraître absurde, mais l’artiste se sert de la collection sans la servir. Daniel Cazes rappelle que l’éclairage des œuvres est fondamental pour qui a la charge d’un musée.
            Quitterie Cazes relève que la présentation n’enregistre pas du tout les progrès de la connaissance, et qu’elle banalise les œuvres et les chefs-d’œuvre de la collection. En fait il y a nul besoin des chapiteaux pour faire ça. Et il y a au final quelque chose de très grave, et c’est l’idée sous-jacente que l’on n’a pas besoin de ces œuvres dans les musées. Il faut préciser que c’est quelque chose qui a été imposé aux conservateurs.
            Guy Ahlsell de Toulza engage chacun à se rendre au Musée des Augustins pour se faire sa propre opinion. Pour sa part, quand il est entré dans la salle, il a été choqué par la disposition des lustres laissant visibles les ampoules dont la lumière est gênante. La couleur pourrait être amusante, mais c’est quand même un amusement à plusieurs centaines de milliers d’euros.

 

Le Président clôt l’année académique en souhaitant à tous de bonnes vacances, évidemment studieuses, et il invite la Compagnie à se retrouver autour du verre de l’amitié.

 


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