Société Archéologique  du Midi de la France
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Mémoires
de la Société Archéologique
du Midi de la France

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Tome LV (1995)



BULLETIN DE L'ANNÉE ACADÉMIQUE

1994-1995

1ère partie
Séances du 8 novembre 1994 au 21 mars 1995
2e partie
Séances du 25 mars 1995 au 20 juin 1995

Cette édition électronique respecte la mise en page de l'édition imprimée (Bulletin de l'année académique 1994-1995, dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. LV, 1995) dont nous indiquons la pagination. Le plan de l'église Saint-Pierre de Blagnac, publié en noir et blanc de l'édition originale, est ici remplacé par un plan en couleur.


M.S.A.M.F., t. LV, page 229

 

Séance publique du 25 mars 1995

    Elle se tient dans la grande salle de l’Hôtel d’Assézat.

    Allocution du Président

    Mes chers confrères, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

    L'année 1994 a vu l'Hôtel d'Assézat subir une transformation d'importance avec l'installation, au côté des Académies, de la Fondation Bemberg. Cette dernière, comme vous le savez, accueille dans une partie des locaux de l'Hôtel d'Assézat loué par la Ville, une collection qui demeure la propriété de son possesseur, M. Bemberg. Le plaisir que nous avons éprouvé à voir ce dépôt d'œuvres d'art embellir de nombreuses salles de l'Hôtel d'Assézat a été quelque peu terni par une campagne médiatique dont on ne sait ce qui, de la stupidité et de la calomnie, le dispute le plus à la mauvaise foi et à l'ignorance des faits. Cette campagne a pris pour cible les Académies, comme si on avait voulu utiliser comme repoussoir ces vénérables institutions afin de mieux mettre en valeur une Fondation qui, par ailleurs, n'en avait nullement besoin.

    C'est donc avec surprise que nous avons découvert à la lecture de la presse tant régionale que nationale que les Académies étaient le refuge, je cite, de vieux croûtons, qui se livraient à des élucubrations de poètes du dimanche, qu'elles étaient peuplées de gens à l'esprit étroit qui avaient jusque-là interdit l'accès de l'Hôtel d'Assézat, et l'avaient, de surcroît, laissé se dégrader en un siècle d'occupation. Ces derniers propos étant illustrés sur certaines chaînes de télévision d'images pernicieuses prises pendant les travaux de réaménagement de l'hôtel sans que les spectateurs soient informés du procédé qui consistait à montrer l'état de l'hôtel en cours de transformation et non en période de fonctionnement. Cette campagne fut semble-t-il propagée par un dossier de presse malveillant si l'on en juge par la répétition des formules stéréotypées qui ont fleuri sous la plume de journalistes trop contents de n'avoir qu'à recopier des textes fournis à l'avance plutôt que de mener la plus élémentaire enquête que la déontologie du métier impose dans ces circonstances. Dans cette symphonie bien orchestrée on saura gré toutefois à la Dépêche du Midi d'avoir su raison garder et d'avoir refusé de hurler avec les loups. Qu'elle en soit ici remerciée.

    Une telle mauvaise foi ne peut qu'attirer de notre part une nécessaire mais très sereine mise au point. Sur les vieux croûtons je n'insisterai pas. J'ai déjà dit depuis longtemps que cette appellation était ridicule et s'adressait à des gens qui, lorsqu'on les sortait du contexte académique, perdaient comme par enchantement leur étiquette de vieux croûtons pour apparaître comme de grands spécialistes ou d'importants personnages.

    Plus graves, sont les accusations laissant entendre que les Académies auraient refusé l'installation de la Fondation Bemberg. Je l'ai déjà dit publiquement ; si les Académies en général et la Société Archéologique du Midi de la France en particulier n'avaient spontanément proposé la majorité de leurs locaux, la Fondation Bemberg ne serait pas aujourd'hui à Toulouse. Comment peut-on les accuser, dès lors, d'avoir tenté un sabotage de cette installation ? Ce qui est vrai, c'est que nous nous sommes battus pour obtenir des compensations à la hauteur du cadeau que nous faisions. Qui ne l'aurait fait ?

    Il faut pourtant savoir qu'il aurait été possible aux Académies de dire : " En vertu du testament d'Ozenne, nous disons non à l'installation de la Fondation Bemberg dans les locaux de l'Hôtel d'Assézat ". Rien ni personne n'aurait pu aller contre cette décision. Or on peut constater que la Fondation Bemberg occupe aujourd'hui les deux tiers de l'Hôtel d'Assézat. Alors, de grâce, que l'on ne présente pas l'installation de celle-ci comme je ne sais quelle héroïque victoire sur des Académies sectaires retranchées dans un Hôtel d'Assézat inexpugnable ! Cela est faux et ridicule.

    C'est ce même état d'esprit qui a poussé à exagérer les critiques contre les Académies. Les voilà tenues pour responsables de l'état dans lequel se trouvait l'Hôtel d'Assézat, qu'elles auraient laissé se dégrader ! Mais les Académies n'étaient pas propriétaires de l'Hôtel et elles devaient, en vertu du testament d'Ozenne, y être logées parfaitement et gratuitement par la Ville de Toulouse. Or, depuis 1903, date à laquelle les Académies ont été installées dans l'Hôtel d'Assézat, il a fallu attendre 90 ans pour voir enfin une municipalité faire ce que ses devancières auraient dû faire depuis bien longtemps. (Si mes renseignements sont bons, les derniers papiers peints posés dans les salles de la Société Archéologique du Midi de la France le furent dans les années 50 ! Depuis, rien.) Mais nous sommes heureux que des travaux aient enfin eu lieu dans un bâtiment qui en avait bien besoin, même si les Académies n'en profiteront que partiellement dans la partie historique de l'Hôtel d'Assézat.

    Je voudrais pour en terminer avec cette affaire apporter quelques précisions sur l'information qui a consisté à prétendre que les Académies interdisaient l'accès de l'Hôtel d'Assézat aux Toulousains. Rien n'est plus faux. La preuve aujourd'hui même où plus de 1200 invitations ont été lancées aux Toulousains, comme chaque année, pour cette séance publique. Et je rappellerai que depuis des années, tous les quinze jours, la société de Géographie tient une séance publique ici même, que les Académies des Sciences et des Jeux Floraux organisent des cycles de conférences dans cette même salle, conférences ouvertes à tous les Toulousains.

    Je rappellerai aussi que les Académies ne s'opposèrent jamais à la visite de l'Hôtel d'Assézat et qu'il fut longtemps possible de monter jusqu'au sommet de la tour située au-dessus du grand escalier, à condition d'être accompagné par le gardien. Par ailleurs on pouvait, et on peut encore aujourd'hui, accéder tous les après-midi aux salons de l'Académie des Jeux Floraux, les seuls, d'ailleurs, à présenter, avec les façades et le grand escalier, un certain intérêt artistique. Si parfois les visites furent interdites, ce ne fut pas du fait des Académies mais des compressions budgétaires imposées par les diverses administrations


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municipales qui supprimèrent les postes de concierge ou de gardien destinés à faire visiter l'Hôtel d'Assézat. Que reste-t-il donc des critiques adressées aux Académies ? Du vent ! Une campagne calomniatrice !

    Ces désagréables épisodes n'ont pas empêché les membres de la Société Archéologique de poursuivre avec conscience leur travaux, apportant ainsi leur pierre à l'activité culturelle de la ville, activité qui trouve son expression dans la publication des Mémoires que vous pourrez vous procurer tout à l'heure si vous le souhaitez.

    L'année 1994 nous a vu tenir quinze séances et organiser une journée foraine à Cahors. Au cours des séances, nous avons entendu vingt communications dont trois sont déjà publiées dans l'actuel volume des Mémoires, celle de M. Coppolani intitulée Toulouse : le projet de ville : l'ambition d'une ville forte, l'équilibre d'une ville douce, celle de M. Boudartchouk qui présente un état de la question sur l'emplacement de la première sépulture de l'évêque Saturnin de Toulouse et celle de Mme Cazes sur la cathédrale de Toulouse à l'époque romane.

    Les autres communications, dont plusieurs sont largement résumées dans le Bulletin inséré à la fin du volume des Mémoires et dont les autres seront publiées dans le prochain volume, ont porté sur les sujets les plus divers. Huit d'entre elles ont concerné Toulouse. Pour l'antiquité, celle de l'abbé Baccrabère sur Les puits funéraires toulousains du quartier d'Empalot des IIe et Ier siècles av. J.-C., pour le Moyen Âge celles de M. Gérard sur Le cartulaire de Saint-Sernin et son importance pour l'étude de Toulouse et du midi toulousain aux XIe et XIIe siècles, les deux interventions de M. Cabau, l'une sur La destruction de voûtes gothiques dans un magasin au 30 Rue Saint-Rome, l'autre sur L'achat de l'emplacement de la Halle de la Pierre par les comtes de Toulouse en 1203, celle de M. Cranga sur Le sauvetage de la tour des Latrines du monastère de La Daurade. À ce propos, et puisqu'il nous arrive souvent de critiquer ce qui ne va pas, je souhaiterais dire toute la bonne volonté manifestée par la Ville de Toulouse pour la sauvegarde de ce rare vestige de la fin du Moyen Âge, alors que sa transformation en cage d'ascenseur aurait grandement facilité la circulation dans l'École des Beaux-Arts. Vous pourrez en voir de nombreuses photos dans le Bulletin.

    Les XVe et XVIe siècles ont été représentés par une communication conjointe de MM. Prin et Tollon sur L'archéologie monumentale du Collège de Foix et par une communication de M. Tollon sur Trois cheminées en stuc du XVIe siècle à Toulouse. Enfin le Père Montagnes nous a entretenu d'un projet peu connu à Toulouse qui avait pour but La restitution aux Dominicains du couvent des Jacobins dans les années 1860, projet avorté en raison de la guerre de 1870.

    La Haute-Garonne n'a pas été oubliée. M. Manière nous a fait part d'une Découverte archéologique gallo-romaine à Lafitte-Vigordane et M. Latour de La découverte d'une fenêtre romane géminée à Auterive ainsi que des Problèmes posés par la restauration du maître-autel de l'église Saint-Paul. MM. Tollon et Ginesty nous ont donné une belle étude sur Le château de Saint-Élix et M. Bernet des Réflexions nouvelles sur quelques aspects techniques des moulins pasteliers du Lauragais.

    Enfin les régions voisines ou lointaines ont été évoquées à travers les communications de M. Lapart sur Une collection d'antiques découverte à Auch, de M. Boudet sur Les fouilles à l'oppidum de l’Ermitage à Agen qui donnent de superbes résultats, de Mme Pradalier sur la Découverte de peintures murales dans l'église Sainte-Quitterie de Massels dans le Lot-et-Garonne et de M. Julien sur L'utilisation du marbre de Caunes-Minervois dans la nef de Saint-Pierre de Rome.

    Nous avons également organisé le 25 août 1995 une journée foraine à Cahors afin de remettre la médaille de la Société Archéologique à M. Guy Rouqual, propriétaire d'un hôtel-restaurant dans cette ville, en raison de la restauration qu'il a entreprise en partie à ses frais d'une fenêtre à remplage, correspondant à la chambre de parement de l'ancien palais de la famille Duèze.

    Bien évidemment notre souhait est de faire connaître le plus largement possible nos travaux. Aussi avons-nous lancé une campagne d'abonnement qui permettra à tous ceux qui s'abonneront avant le 1er juillet de bénéficier pour les Mémoires de 1995 à paraître à la fin de l'année d'un tarif préférentiel et d'un numéro gratuit de leur choix des années antérieures. De même une campagne a été lancée auprès des étudiants pour un abonnement à prix coûtant de 130 F.

    Notre revue est en train de redevenir une publication de niveau national. Nous souhaitons qu'elle devienne un jour une revue de niveau international. Ces progrès n'ont pu être réalisés et ne pourront se poursuivre que par l'effort persévérant et continu du groupe homogène et passionné que nous formons.

    Rapport sur le concours, présenté par Mme Annie Noé-Dufour. Le prix Ourgaud est remis à Mlle Véronique Carreras, le prix spécial de la Société Archéologique à M. Marc Salvan-Guillotin, tandis que Mlle Sophie Besa reçoit une médaille d'argent.

    Conférence de M. Maurice Scellès consacrée à Cahors : ville et demeures au Moyen Âge.

 

Séance du 4 avril 1995

Présents : MM. Pradalier, Président, Coppolani, Directeur, Latour, Bibliothécaire-Archiviste, Cazes, Secrétaire général, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mme Noé-Dufour; MM. Bernet, Bertrand, Cabau, Fabre, Ginesty, le Père Montagnes, Péaud-Lenoël, Vézian.
Excusés: M. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Mme Cazes, M. Gérard.


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    Le Président informe les membres présents qu'il doit s'absenter à 17 h 30, et que la séance sera ensuite présidée par notre Directeur, M. Coppolani.

    Il remercie Daniel Cazes pour le catalogue de l'exposition Le regard de Rome, que le musée Saint-Raymond et les musées de Tarragone et Mérida consacrent au portrait romain et qui sera successivement présentée dans les trois villes. Il indique que des objets appartenant à la Société sont présentés dans l'exposition. Daniel Cazes ajoute que notre Société a eu pour cette raison les honneurs de la presse espagnole.

    Le Président présente la correspondance manuscrite.
    La Société historique et archéologique du Forez, La Diana, nous informe du colloque qu'elle organise en octobre prochain sur le thème Aspects de l'archéologie française, et propose un échange de publications.
    Un courrier du Bureau de la Fédération des Sociétés Académiques et Savantes Languedoc-Pyrénées-Gascogne constate qu'aucune société ne s'est proposée pour prendre en charge l'organisation du congrès de 1995. En supposant que les difficultés rencontrées tiennent aux nouvelles conditions culturelles, le Bureau propose plusieurs solutions dont le développement de congrès thématiques et une autre répartition des charges entre la Fédération et les Sociétés organisatrices.
    Le Président donne également lecture de la réponse du conservateur régional de l'archéologie à propos de la collection Savès. Notre Société est heureuse des informations qui lui sont données. Il est donc clair que les fouilles ont été faites avec l'accord de l'administration compétente. Le Président demande si des objets provenant de ces fouilles se trouvent dans la collection de Georges Fouet qui a été remise au musée Saint-Raymond. Daniel Cazes indique que n'y figurent que peu de choses, et aucun objet précieux, monnaie ou petit bronze.

    Puis le Président rend compte de l'entrevue que Guy Ahlsell de Toulza et lui-même ont eue avec M. d'Ingrando à propos de la commémoration du 150e anniversaire de la mort du marquis de Castellane. On a bien sûr parlé de la restauration du pavillon, en indiquant que si la Société n'avait aucun moyen financier, elle serait en tout cas toute disposée à appuyer une démarche auprès de la Mairie de Toulouse pour obtenir des moulages des sculptures déposées. Une promesse de réaliser ces moulages aurait été faite avant la dépose. Henri Pradalier et Guy Ahlsell de Toulza ont par ailleurs expliqué à M. d'Ingrando que le classement du pavillon, intervenu à la fin février 1995, imposait le contrôle complet des travaux par la Conservation régionale des Monuments historiques.

    La parole est ensuite à Maurice Scellès pour sa communication : Architecture civile de Cahors (XIIe-XIVe siècles), publiée dans ce volume (t. LV, 1995) de nos Mémoires.

    L'intervenant complète sa présentation faite le 25 mars dernier en séance publique en abordant divers aspects de la structure urbaine, des techniques de construction ou des méthodes de travail.

    Le Directeur remercie Maurice Scellès et cède la parole aux membres qui souhaiteraient poser des questions.

    Louis Peyrusse s'interroge sur l'intérêt de préférer une approche comparative à une approche typologique. Pour Maurice Scellès, qui reconnaît que son choix tient aussi à une méfiance très personnelle envers toute classification, le recours à la construction d'un modèle à partir duquel sont mesurés des écarts permet de mettre mieux en valeur les déformations et leurs causes. Cette approche lui parait à la fois plus souple et plus fructueuse.
Annie Noé-Dufour fait remarquer qu'une typologie ne s'établit pas seulement à partir de l'analyse des façades et qu'elle a l'intérêt d'imposer la constitution de familles. Pour Maurice Scellès, une approche typologique est difficilement applicable à l'architecture civile médiévale urbaine parce qu'il s'agit d'une architecture fragmentaire que seule une étude archéologique très précise permet de reconstituer. Une typologie peut certes en résulter mais elle ne peut être une méthode d'étude de l'ensemble urbain.
    Faisant référence à l'étude réalisée à Montpellier par Bernard Sournia et Jean-Louis Vayssettes, Louis Peyrusse demande si l'on a pour Cahors des textes susceptibles de compléter l'analyse archéologique. Maurice Scellès répond que les sources médiévales, d'ailleurs peu nombreuses, n'apportent que des renseignements très indirects sur les maisons, et que les archives modernes, à en juger d'après quelques sondages, ne contiennent rien de comparable à ce dont on dispose pour Montpellier. Il était donc exclu d'appliquer le même type d'étude régressive. On a donc mis l'accent sur l'étude archéologique des édifices, considérés comme les principaux voire les seuls documents disponibles.
    Claude Péaud-Lenoël demande s'il y a eu une continuité totale entre la ville de saint Didier et la ville du Moyen Âge. Ce que l'on peut dire, c'est que les grandes lignes de la ville sont en place dès le VIIe siècle, mais on ne sait rien de l'occupation du sol à l'intérieur des murs. Seules des fouilles permettraient d'avoir une idée de la structure des maisons et de leur position sur la parcelle ou de préciser les phases de la constitution du réseau des voies.

 

Séance du 25 avril 1995

Présents : MM. Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire


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général, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mmes Blanc-Rouquette, Cazes, MM. l'abbé Baccrabère, Bernet, Cabau, Gérard, Hermet, Julien, le Père Montagnes, Prin, l'abbé Rocacher, Roquebert, Vézian.
Excusés: M. Pradalier, Président, Mme Pradalier-Schlumberger, MM. le général Delpoux, Péaud-Lenoël, Peyrusse, Tollon.

    Le Directeur ouvre la séance en demandant à l'assemblée d'excuser le Président, retenu ailleurs.

    Il donne la parole au Secrétaire-adjoint pour la présentation du procès-verbal de la séance du 4 avril, qui est adopté. Celui-ci donne ensuite lecture du procès-verbal de la séance du 7 février dont l'adoption avait été laissée en suspens à la demande de M. l'abbé Rocacher. Ce procès-verbal est définitivement adopté.
    Puis Patrice Cabau présente le procès-verbal de la séance du 21 mars, qui est adopté.

    Le Directeur rend compte de la correspondance manuscrite. À côté d'invitations à des manifestations diverses, nous avons reçu le compte rendu de la réunion du S.M.E.A.T. du 7 mars dernier, et de Mme Chantal Fraïsse une lettre de candidature au titre de membre correspondant de notre Société.
    Maurice Scellès montre également les volumes reçus dans le cadre d'un nouvel échange de publications mis en place avec la Casa de Velázquez.

    Le Directeur donne alors la parole à M. Pierre Gérard pour une Promenade toponymique dans la paroisse de Saint-Sernin de Toulouse, au XIIe siècle.

    Le Directeur remercie vivement M. Gérard pour son exposé qui nous a fait faire le tour des origines de bien des quartiers de Toulouse et de sa périphérie, puis il fait appel aux questions.

    Pascal Julien voudrait savoir si la place qui est située par les textes entre le cloître et l'hospice, et sur laquelle nous savons qu'au XIIIe siècle se pratiquaient des jeux de lance, se trouvait devant le massif occidental de l'église ou plus au nord vers le cloître ; il ajoute qu'au début du XVIIe siècle, un moulon existait juste devant le portail occidental. M. Gérard pense que la place se trouvait plutôt vers le cloître.

    Pascal Julien demande si l'on a des renseignements sur l'hospice Saint-Jacques du Bourg, dont on peut penser qu'il a pris la suite de l'hospice qui se trouvait près de la porte Arnaud-Bernard. En rappelant que sa communication était limitée au XIIe siècle, M. Gérard indique que les premières mentions de cet hospice Saint-Jacques ne sont pas antérieures à 1210-1215, et que l'on peut en effet penser qu'il a succédé à l'hospice d’Arnaud-Bernard qui disparaît à la fin du XIIe siècle.
    Pascal Julien voudrait encore savoir si le pont Saint-Hilaire doit être attribué à Raymond Gayrard. M. Gérard répond qu'il ne dispose d'aucune information à ce propos, alors que l'on est sûr que le pont de Castelginest est dû à Raymond Gayrard.

    Daniel Cazes remarque qu'il n'est pas fait mention de Saint-Julien parmi les églises et chapelles du bourg. M. Gérard précise qu'en effet elle n'est pas mentionnée par le cartulaire mais qu'elle apparaît dans d'autres actes.

    À propos de Saint-Pierre-des-Cuisines, Quitterie Cazes confirme la présence à cet endroit d'une église, sans doute funéraire, à la fin du Ve siècle. L'édifice a pu être reconnu grâce à la reprise d'un examen détaillé des maçonneries mises au jour. Elle ajoute que les fouilles viennent d'ailleurs de reprendre et qu'elles pourront être visitées à l'occasion d'une journée porte-ouverte le 30 juin prochain.

    Daniel Cazes évoque les longues discussions qu'il a eues avec M. l'abbé Baccrabère pour savoir s'il fallait situer l'église Saint-Quentin à l'intérieur ou à l'extérieur du rempart romain. M. Gérard dit que le cartulaire ne lui a pas apporté de précision sur son emplacement. Mme Blanc-Rouquette se souvient qu'un tableau du XVIIIe siècle, dû à Moretti, la représente dans l'alignement des maisons qui bordaient la place du Capitole. Daniel Cazes rappelle que rue Romiguières, M. Raphaël de Filippo a trouvé des sépultures devant le rempart, ce qui pourrait être un argument en faveur d'une église située à l'extérieur. M. Gérard note qu'en tout cas, le vocable de Saint-Quentin correspond sans doute à l'époque mérovingienne, et Mme Blanc-Rouquette ajoute que l'église était également dédiée à saint Gilibert et saint Blaise.

    Maurice Scellès souligne tout l'intérêt que présente la localisation précise d'un quartier de « maisons à tour » à proximité immédiate de la basilique. Il demande si l'on a des mentions de maisons en pierre dans le cartulaire, et par ailleurs si l'on a une idée des propriétaires des boutiques et des étages d'habitation pour la rue du Taur. M. Gérard répond qu'il n'a pas trouvé mention de maison en pierre. Quant aux maisons à « solier », il pensait qu'il fallait peut-être y voir un comble ouvert, le mot pouvant venir de solarium. Maurice Scellès se demande si le solier ne correspond pas à un étage. M. Gérard lui propose de lui communiquer toutes les mentions de maisons qu'il a rencontrées dans le cartulaire pour cette époque.

    M. l'abbé Rocacher demande si le « cloître » avait un statut juridique particulier et si la zone funéraire était limitée à un seul espace à l'est de l'église. M. Gérard précise que les textes ne donnent aucune indication sur un éventuel mur de clôture mais qu'il ne fait pas de doute que le « cloître » jouissait d'un statut particulier. D'après les actes, le cimetière est en effet limité à ce seul espace au XIIe siècle.

    Au titre des questions diverses, le Directeur demande si l'on a une idée de l'intérêt des résultats des fouilles des rues Sainte-Anne et Saint-Jacques. Quitterie Cazes indique que Jean Catalo qui dirige ce chantier aura sans doute l'occasion de nous en entretenir. Les travaux ont permis de compléter la fouille réalisée en 1989 et de retrouver un mur du il, siècle après J.-C., dont la longueur connue est aujourd'hui de 40 m. Il faut donc exclure l'hypothèse d'un mur d'une simple maison et l'on pense à un portique.


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Séance du 9 mai 1995

Présents : MM. Pradalier, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-Archiviste, Cazes, Secrétaire général, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mmes Blanc-Rouquette, Bourdieu, Noé-Dufour, Pradalier-Schlumberger, MM. l'abbé Baccrabère, Bertrand, Ginesty, Gillis, Hermet, Julien, le Père Montagnes, Péaud-Lenoël, Peyrusse, l'abbé Rocacher, Tollon.
Excusés: M. Coppolani, Directeur, Mme Cazes, M. le général Delpoux.
Invités : Mlles Haralsdottir, Martin, M. de Beauregard.

    Le Président demande à la compagnie d'excuser ses absences précédentes et son absence prochaine à la séance du 23 mai. Il indique à ce propos que Daniel Cazes sera retardé et qu'il faudra donc débuter la séance avec les questions diverses.

    Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 25 avril, qui est adopté après une précision apportée par Mme Blanc-Rouquette.
    L'abbé Baccrabère ajoute qu'il a assisté à la démolition des fondations de l'église Saint-Quentin. Il vérifiera ses notes pour pouvoir en donner la situation avec certitude. Daniel Cazes se souvient également de cette découverte, et que les fondations très puissantes mises au jour à proximité des arcades et de la rue Gambetta ont disparu en un jour et demi. Mme Blanc-Rouquette précise que l'aquarelle représentant l'église a été publiée dans un catalogue récent du Musée Paul-Dupuy.

    Le Président rend compte de la correspondance manuscrite, signalant plus particulièrement une plaquette que la Généralité de Catalogne a consacrée à la restauration des monuments. Il indique encore que M. Jean-Claude Richard, membre de notre Société, nous a fait parvenir le programme des rencontres de Saint-Guilhem-Le-Désert.
Par ailleurs, M. Raybaud, président de la Société immobilière Patrimoine l'a contacté pour savoir s'il y avait un risque archéologique sur un terrain proche du Bazacle, où sont envisagées de prochaines constructions. M. Raybaud pense que le terrain se situe en fait sur les remblais du canal. Annie Noé-Dufour, après avoir demandé des précisions sur l'emplacement, rappelle que l'on connaît des usines du XVIIIe siècle qui étaient implantées dans le quartier. Daniel Cazes croit que le projet concerne un terrain qui longe le canal de Brienne.
    Le Président indique que M. Raybaud est également président de l'association F.E.R.M.A.T., association des amis de l'Hôtel d'Assézat, que sa société va sans doute financer. Ce contact a été l'occasion de lui certifier que la Société Archéologique du Midi de la France saurait rester indépendante en toutes circonstances. À une question de Bruno Tollon, le Président répond que l'association FERMAT ne comprend pas la fondation Bemberg et que son président est obligatoirement une personne extérieure aux Académies et Sociétés savantes. Il annonce également qu'il est question de réaliser un CD-rom sur l'Hôtel d'Assézat.

    M. Péaud-Lenoël demande si l'on a des informations sur la portion de rempart romain apparue sur le site de l'ancien conservatoire de musique. Daniel Cazes dit qu'il est prévu, pour une fois, de le conserver, en le rendant visible dans le foyer du futur théâtre. Guy Ahlsell de Toulza ajoute qu'il a été soigneusement dégagé et nettoyé par les archéologues, et qu'il forme un fort bel ensemble. Le Président fait remarquer qu'il ne faudrait pas qu'un si beau nettoyage annonce la destruction du rempart ; à ce propos, il rapporte que comme il s'indignait de la destruction des vestiges du grand bâtiment du Ve siècle sur le site de l'hôpital Larrey, le président de la société qui a réalisé le programme immobilier, lui avait affirmé qu'il aurait été possible de les conserver...

    La parole est alors à Pascal Bertrand pour la communication du jour sur Le commerce de la tapisserie à Toulouse à l'époque moderne (XVIe-XVIIIe siècle), publiée dans ce volume (t. LV, 1995) de nos Mémoires.

    Le Président remercie Pascal Bertrand pour cette communication qui va sans doute susciter bien des questions car il s'agit d'un sujet qui n'a été que peu étudié. Les tapissiers étaient-ils regroupés dans un quartier de Toulouse ? Pascal Bertrand ne le pense pas, ajoutant qu'il n'y avait qu'un très petit nombre de tapissiers à Toulouse. En fait, il y en a un peu partout en France, assez peu nombreux, qui se déplacent et dont bien souvent on ne connaît pas les résidences.

    Le Président demande encore si les tapisseries qui sont prêtées lors des cérémonies sont des pièces que l'on conserve dans des dépôts ou que l'on dépend pour l'occasion. Pascal Bertrand rappelle que ce sont souvent des tapisseries qui appartiennent à des particuliers, et que pour les présenter on les nettoie avant de les exposer, on les fait sécher avant de les rendre à leurs propriétaires, toutes tâches qui sont parfois confiées à des tapissiers ; le prêt des tapisseries contribue à la renommée du propriétaire. S'agit-il de pièces de grande qualité ? Reconnaissant qu'il n'a pas évoqué la qualité des tapisseries, Pascal Bertrand répond que les très belles pièces viennent des Flandres et sont peu fréquentes. Felletin et Aubusson produisent des verdures ordinaires ; quant aux productions locales, ce sont des tapisseries techniquement bien faites mais dont le dessin est déplorable. À propos de la tenture de Saint-Étienne, Pascal Bertrand fait remarquer que la bordure en est assez belle mais que le dessin des scènes est pauvre, précisant qu'il est vrai qu'elle a été en grande partie retissée au XXe siècle.

    Louis Peyrusse s'interroge sur les causes de la médiocrité des dessins. Pour Pascal Bertrand, cela s'explique par le prix très élevé d'un carton commandé à un grand peintre, le plus souvent plus élevé que celui de la fabrication. Le rapport entre le prix et les dimensions, lorsqu'ils sont indiqués par les actes, permet-il de connaître la qualité de la pièce, demande le Président. Dans une certaine mesure, car cela suppose que l'on sache si l'on a à faire à un original ou à une copie. Bruno Tollon voudrait savoir si


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l'on dispose de nombreuses indications de prix pour le XVIe siècle. Pascal Bertrand répond que ce n'est pas le cas, et que l'on n'a aucune indication sur les prix des cartons.

    Guy Ahlsell de Toulza indique qu'à Fourquevaux, une série de tapisseries était conservée dans des coffres. Puis il précise qu'une série de tapisseries de la fin du XVIe siècle ou du début du XVIIe siècle, qui se trouve au château de Loubens, va être vendue prochainement. Pascal Bertrand ajoute que quelques tapisseries anciennes sont encore conservées dans la région : à Merville, par exemple, une série du XVIe siècle est dans la famille depuis très longtemps ; trois des neuf pièces ont beaucoup souffert, mais les autres ont encore de très beaux coloris et portent en outre des marques de tapissiers.

    Passant aux questions diverses, le Président informe la Société que la journée à Martres-Tolosane, initialement prévue pour le 20 juin, est reportée à l'automne, afin de laisser au Bureau le temps de mieux organiser la visite.

    Maurice Scellès soulève la question de la nouvelle croix du Languedoc de la place du Capitole. On rappelle que la Mairie a largement utilisé la qualité de membre de la Société Archéologique qu'avait Roger Camboulives pour justifier le parallèle stupide que l'on a établi entre les douze boules de la croix et les signes du zodiaque. Il est fait référence à un article que Roger Camboulives avait publié dans L'Auta, et M. Fabre précise à ce propos que les articles parus dans la revue des Toulousains de Toulouse n'engagent que leurs auteurs. La Société Archéologique du Midi de la France ne cautionne en tout cas nullement cette idée saugrenue, dont elle juge d'ailleurs la traduction plastique bien faible, mais cela est sans conteste hors de ses compétences.
    Louis Peyrusse fait remarquer qu'après l'échec du projet de fontaines ornées de sculptures monumentales, dont l'exécution avait été confiée à Falguière et ses élèves, la place du Capitole atteint aujourd'hui le degré zéro de la sculpture. La place a toujours joué de malchance car, comme le rappelle Pascal Bertrand, la statue équestre de Louis XIV, dont on connaît la maquette de Marc Arcis, n'a jamais été réalisée. Daniel Cazes indique que les statues du projet de Falguière ont été dispersées ces dernières années dans différentes fontaines de Toulouse.

    Évoquant la récente occupation de bâtiments de l'avenue Honoré-Serres, Guy Ahlsell de Toulza souhaite que l'on s'interroge sur l'avenir des édifices inscrits ou classés Monuments historiques. Quel sort est réservé au Palais des verrières de Victor Gesta récemment vendu à la SMESO ? Guy Ahlsell de Toulza cite aussi le cas de l'hôtel de Lagoutine, à Mazamet, inscrit Monument historique et qui subit des dégradations multiples, dont les menuiseries sont arrachées... On rappelle que souvent un temps assez long s'écoule entre la demande de classement et l'arrêté qui le rend effectif.
    On évoque le cas du château Ozenne, face au lycée Raymond-Naves, qui fait l'objet d'une proposition de protection et pour lequel la Région, propriétaire, cherche à obtenir un arrêté d'insolidité.
    Annie Noé-Dufour rappelle que l'État n'a l'obligation de faire des travaux de sauvegarde à la place des propriétaires déficients que si l'édifice est classé. Pour Louis Peyrusse, le problème reste en général entier lorsque les propriétaires ne sont pas disposés à assurer la conservation du monument. Guy Ahlsell de Toulza conclut en constatant qu'il faut faire quelque chose pour protéger les édifices protégés au titre des Monuments historiques.

 

Séance du 23 mai 1995

Présents MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mme Blanc-Rouquette, Labrousse, Cazes, Watin-Grandchamp, MM. l'abbé Baccrabère, Bertrand, Blaquière, Gillis, Hermet, Julien, Fabre, Péaud-Lenoël, Peyrusse, l'abbé Rocacher.
Excusés M. Pradalier, Président, Coppolani, Directeur, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire général, le général Delpoux.
Invités: Mmes Michèle François, Marie-Françoise Ribadeau-Dumas, MM. Daniel Bonzom, Yves Cranga.

    Le Trésorier, Guy Ahlsell de Toulza, qui assure la présidence de la séance, demande à la compagnie d'excuser le Président, le Directeur, le Secrétaire général et le Bibliothécaire-archiviste, exceptionnellement tous absents aujourd'hui pour des raisons diverses.

    Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, qui est adopté.

    Guy Ahlsell de Toulza précise que l'hôtel de Lagoutine a été inscrit à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques, et que la demande de classement a été formulée mais n'a jamais été instruite. Il est indiqué qu'il y a eu à ce sujet une mission d'inspection dont les conclusions n'ont pas été rendues publiques ; il semble cependant que, dans cette affaire, l'État a fait tout ce qu'il pouvait faire, étant entendu qu'il ne faut pas oublier qu'il ne peut aller à l'encontre des droits de la propriété privée. Guy Ahlsell de Toulza rappelle que la loi Malraux a pourtant étendu les prérogatives que la loi de 1913 reconnaissait à l'État.

    Guy Ahlsell de Toulza, rapportant les propos du Président, donne ensuite des informations sur l'achèvement des travaux d'aménagement de nos futurs locaux.


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    La conversation téléphonique que le Président a eue avec M. Séguy lui a permis d'apprendre que le projet de porte de M. Voinchet n'a pas reçu l'agrément de M. Mouffle qui a suggéré une porte montant jusqu'au plafond, et M. Voinchet devra donc mettre au point un nouveau projet. Le Président a adressé un courrier à M. Andrès pour lui demander de faire accélérer la procédure.
    La deuxième difficulté tient au mobilier, le Secrétaire Général de la Ville refusant une nouvelle rallonge des crédits pour l'Hôtel d'Assézat. Il faudra donc récupérer une partie de notre ancien mobilier, et les acquisitions de rayonnages pour la bibliothèque seront limitées aux besoins actuels, les compléments nécessaires devant être achetés au fur et à mesure les années suivantes. Il faut encore régler la question de l'installation électrique dans notre future salle des séances, installation qui n'a pas été réalisée parce que le local se trouve entre les deux chantiers que sont la restauration de l'Hôtel et la construction des locaux neufs. Notre Trésorier a eu l'occasion de rappeler que si notre salle des séances n'était pas prête, nous ne pourrions libérer la salle de l'Académie des Sciences dont les travaux seraient ainsi bloqués. Guy Ahlsell de Toulza donne alors lecture de la lettre que notre Président a adressée à ce propos au Maire de Toulouse. Il conclut à la nécessité de prévoir rapidement une réunion du Conseil d'administration de l'Union des Académies et Sociétés savantes de l'Hôtel d'Assézat.

    La parole est ensuite à Quitterie Cazes, Maurice Scellès et M. Daniel Bonzom qui présentent quelques observations sur l'église de Blagnac, observations faites à l'occasion des travaux de rénovation en cours. M. Daniel Bonzom a assuré un suivi archéologique du creusement des drains tout autour de l'édifice, et c'est à son invitation que Quitterie Cazes et Maurice Scellès se sont rendus sur place. La mise au jour des maçonneries intérieures a permis une première analyse des différents états d'un édifice jusque-là très mal connu :

    « L'église Saint-Pierre de Blagnac se signale d'abord par son haut clocher « toulousain » en brique qui précède une large nef de deux travées. Celle-ci s'achève par une abside de même largeur, de plan semi-circulaire à l'intérieur et polygonal à l'extérieur. Plusieurs chapelles d'époques différentes viennent se greffer sur les flancs nord et sud.
    Matériaux et techniques de construction permettent de distinguer d'emblée les états successifs de l'édifice. Leur chronologie relative peut être aujourd'hui plus facilement établie grâce à l'enlèvement des enduits intérieurs.
    Les quatre étages polygonaux du clocher, dont les baies sont couvertes par des arcs en mitre, reposent sur un premier niveau de plan carré qui était largement ouvert par des arcades brisées. Au sud et à l'ouest, une porte et un portail « néo-gothiques » y

BLAGNAC, ÉGLISE SAINT-PIERRE. Plan : chronologie des différentes étapes de la construction.
Dessin Q. Cazes, M. Scellès et D. Bonzom d'après le relevé de J.-C. Rioland (1985)
.


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ont été implantés au XIXe siècle ou au début du XXe siècle (la clef du portail ouest conserve l'inscription FECIT ANNO, mais la date qui suivait a disparu) ; l'arcade nord a été condamnée par la construction, peut-être au début du XIXe siècle, d'un réduit contre le clocher et la façade l'église. Ce premier niveau forme donc un porche, qui communique avec la nef par une grande arcade brisée. Celle-ci a visiblement été établie dans une maçonnerie antérieure contre laquelle s'appuie le clocher. Le style des culots qui reçoivent les nervures chanfreinées de la voûte du porche conduit à ne pas en situer la construction avant la fin du XVe siècle. Nous verrons qu'elle correspond à une grande campagne de travaux au cours de laquelle l'église a été entièrement voûtée.
Sur le mur de façade, de part et d'autre du clocher, subsistent des pans entiers d'une maçonnerie très caractéristique où alternent des lits de galets ou de pierres de remplois et des assises de briques. On y distingue encore les vestiges de deux petites fenêtres dont l'arc en plein cintre était constitué de briques rayonnantes bloquées au mortier.
Cette maçonnerie aisément identifiable à l'extérieur comme à l'intérieur permet de reconnaître les dispositions du premier état de l'édifice.
Elle est en partie conservée dans le mur nord. Elle a été largement entaillée dans ses parties basses lors de le construction de deux chapelles, mais on y observe cependant, partiellement masqué par le contrefort qui divise la nef, un grand arc en plein cintre en brique qui pouvait correspondre à une niche ou un enfeu. Dans les parties hautes subsistent les vestiges d'au moins trois fenêtres : une a conservé son arc en brique visible à l'extérieur, et les piédroits et arcs des embrasures montrent qu'il s'agissait de baies de belle dimension largement ébrasées vers l'intérieur. Quant au mur sud, il a été rebâti au XVIIe ou XVIIIe siècle, et l'angle sud-ouest a été refait à neuf entre 1944 et 1948.


BLAGNAC, ÉGLISE SAINT-PIERRE.
Clocher-tour vu depuis l'ouest.
Cliché M. Scellès.



BLAGNAC, ÉGLISE SAINT-PIERRE.
Elévation nord de la nef, partie orientale :
la maçonnerie de pierres et de briques
correspond à l'état primitif. Cliché M. Scellès.

    L'abside et les deux annexes qui l'encadrent appartiennent presque entièrement au premier état. L'annexe nord a toutefois était agrandie vers le nord, la partie ajoutée se distinguant nettement à son curieux appareil fait de fragments de briques assisés entre des arases très régulières de briques entières ; son élévation orientale a en outre été remaniée à plusieurs reprises : une fenêtre rectangulaire du XVe ou du XVIe siècle recoupe le grand arc en plein cintre, en brique et chanfreiné, d'une porte qui n'appartient pas à la construction d'origine. Il faut remarquer sur l'abside les défoncements rectangulaires dans lesquels ouvraient les fenêtres (dont ne subsistent que quelques traces), qui réservent une bande haute et des faux-pilastres sur les angles formés par les pans du polygone. Caractéristiques du premier état sont également les quatre fenêtres en grande partie conservée dans les élévations est et sud de l'annexe méridionale : comme les autres fenêtres, elles étaient couvertes par des arcs en plein cintre en brique et étaient largement ébrasées vers l'intérieur ; leur nombre (deux pour chacun des côtés) semble exclure que cette « annexe » ait été à l'origine une chapelle.

    Dans son premier état, l'église présentait donc une nef d'environ 11,50 m de large sur 18 m de long, aux murs relativement minces ; elle étaient bien éclairée par des fenêtres hautes. Ni la nef, ni l'abside n'étaient voûtées. La large abside,


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BLAGNAC, ÉGLISE SAINT-PIERRE.
Côté nord du chevet. Cliché M. Scellès.


BLAGNAC, ÉGLISE SAINT-PIERRE.
Faux-appareil peint conservé au-dessus
des voûtes de la fin du XVe siècle. Cliché Thomas Alonso.



BLAGNAC, ÉGLISE SAINT-PIERRE.
Angle nord-ouest de la nef : culot aux armes des Voisins.
Cliché Thomas Alonso.

de plan circulaire à l'intérieur et polygonal à l'extérieur, était encadrée de deux annexes qui rappellent la prothésis et le diaconicon des églises paléochrétiennes. Le plan comme la technique de construction évoquent donc des formes très anciennes. Nous ne disposons cependant d'aucun critère de datation un peu sûr pour situer ce premier état, d'autant que le deuxième état de l'édifice n'est pas non plus précisément daté. Dans un premier temps, nous avions prudemment, et trop rapidement, proposé de dater ce premier état du XIIIe siècle. Sans exclure une datation relativement tardive, il faut sans doute élargir nos hypothèses aux siècles antérieurs.

    Le deuxième état est caractérisé par la construction de deux grands arcs brisés en brique qui divisent désormais la nef en deux travées et la séparent de l'abside. Il s'agit de deux grands arcs diaphragmes destinés à porter la charpente : l'abside et la nef ne sont toujours pas voûtées comme le prouve le décor de faux-appareil conservé dans les combles au-dessus des voûtes actuelles. A ces modifications correspondent les contreforts extérieurs entièrement en brique, et sans doute aussi la sorte d’arc-boutant construit sur le mur ouest de l'annexe sud, probablement pour contrebuter l'arc triomphal. Celui-ci est en effet alors surmonté d'un clocher-mur dont la base subsiste entre la toiture de la nef et celle de l'abside.

    La dernière grande campagne de travaux correspond au voûtement de tout l'édifice. Les voûtes à liernes et tiercerons, le profil chanfreiné des nervures et le décor des culots permettent de la situer à la fin du XVe siècle. Les trous ménagés dans la voûte prouvent que le clocher-mur a continué à être utilisé, peut-être même après l'érection du nouveau clocher, sur la façade, qui a parachevé le remodelage de l'église. Il faut sans doute attribuer ces travaux importants aux Voisins, seigneurs de Blagnac, dont


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l'écu figure en différents endroits. Peu de temps après, dans la première moitié du XVIe siècle à en juger d'après un culot à têtes d'angelots, une chapelle est ajoutée entre les deux contreforts nord.

    Le mur sud de la nef paraît avoir été presque entièrement reconstruit au XVIIe ou au XVIIIe siècle, et deux chapelles de plans semi-circulaires ont été ajoutées au XIXe siècle. Il faut enfin indiquer que l'angle sud-ouest de la nef a été rebâti après avoir été endommagé par un avion allemand en 1944.

    Bien des incertitudes seront sans doute levées par une analyse archéologique des maçonneries, qui reste à faire et que facilite aujourd'hui l'enlèvement des enduits intérieurs. L'étude des comblements des baies primitives (où apparaissent des couches d'enduit superposées avec en particulier des traces de peinture rouge sur la plus ancienne) apporterait des informations précieuses. Le délai de deux ans prévu avant la reprise des travaux devrait permettre une analyse complète de l'édifice, qui seule pourrait fonder le parti de restauration de la nef où il paraît a priori souhaitable de maintenir visibles les états successifs.  »

    Guy Ahlsell de Toulza indique que la nef de la cathédrale de Lavaur présente dans ses deux travées occidentales des maçonneries faisant alterner moellons et assises de briques. Il lui semble qu'il s'agit plutôt du résultat de l'opportunité de remployer les matériaux de l'édifice antérieur que d'un choix esthétique.
    Claude Péaud-Lenoël signale également un bâtiment de l'abbaye de Bonnefont, situé sur un côté du cloître et actuellement ruiné, dont les murs sont bâtis avec des pierres disposées en arête de poisson alternant avec des assises de briques.
À propos des matériaux remployés dans l'église de Blagnac, M. Daniel Bonzom indique que, selon l'Architecte des Bâtiments de France, de nombreuses pierres sont rubéfiées. Pour Quitterie Cazes, leur aspect peut être dû à une altération naturelle de la pierre.

    Quitterie Cazes informe ensuite la Société de la reprise des fouilles à Saint-Pierre-des-Cuisines et annonce qu'une journée porte-ouverte sera organisée sur le site le 30 juin. Puis elle montre une diapositive des importants vestiges de la courtine et d'une tour du rempart romain mis au jour rue Labéda sur l'emplacement de l'ancien conservatoire.

    Maurice Scellès fait circuler une photographie d'un tableau actuellement conservé dans l'église Saint-Barthélemy de Cahors. Il s'agit d'une Présentation au temple tout à fait semblable, mais avec un dessin inversé, à celle peinte en 1715 par Louis de Boulogne le Jeune (1654-1733) pour le chœur de Notre-Dame de Paris (La peinture au Musée du Louvre. Catalogue illustré. Ecole française XVIIe et XVIIIe siècles, 1 : A-L, Paris : Éd. des musées nationaux, 1974, p. 41, 259). Maurice Scellès indique qu'il n'a pu observer directement le tableau de Cahors, dont l'état de conservation est médiocre et qui est actuellement entreposé dans une chapelle avec d'autres peintures de grand format. Une photographie du Service Départemental de l'Architecture permet cependant de se rendre compte de la qualité du dessin de l'œuvre. Il se demande s'il n'est pas légitime de ce fait de s'interroger sur l'éventuelle antériorité du tableau de Cahors.
    Pour Pascal Bertrand, il y a là une erreur de méthode. Le dessin inversé implique qu'il ait existé une gravure du tableau original qui est sans aucun doute le tableau conservé au Louvre, exécuté pour un édifice majeur et dont on connaît et la date et l'auteur. Maurice Scellès dit qu'il accepte très volontiers les arguments de Pascal Bertrand.

    Guy Ahlsell de Toulza donne ensuite la parole à Dominique Watin-Grandchamp et Yves Cranga pour une communication sur le château de Masnau-Massuguiès, dans le Tarn, communication publiée dans ce volume (t. LV, 1995) de nos Mémoires.

    Guy Ahlsell de Toulza remercie Dominique Watin-Grandchamp et Yves Cranga pour cette communication qui nous fait découvrir un château particulièrement intéressant et une personnalité peu commune. A propos du décor peint, il se demande s'il faut évoquer des tapisseries ou des toiles peintes.

    Pour Pascal Bertrand, qui fait remarquer que tous les décors du XVIIe siècle comportent une bordure, ces décors font surtout penser à des toiles peintes, et l'on peut aussi évoquer les décors de faïence de Delft. Pascal Julien rappelle que l'on réalise des décors en bleu et blanc pour les retables du Tour des Corps saints à Saint-Sernin vers 1670.
    À une question de Guy Ahlsell de Toulza, Dominique Watin-Grandchamp répond que l'édifice comporte en effet quelques éléments du XVIIIe siècle qui sont dus aux Carlot.
    Maurice Scellès note que les modifications apportées aux fenêtres et lucarnes devraient permettre de préciser la datation de l'enduit. Dominique Watin-Grandchamp précise que l'enduit passe sur les modifications du XVIIIe siècle mais pas sur celles du XIXe siècle.
    Guy Ahlsell de Toulza attire l'attention sur le plan de l'édifice. Il imaginerait volontiers une première aile précédée d'une cour, à laquelle on aurait ajouté la deuxième aile. Il faut en tout cas remarquer qu'il s'agit alors d'un plan archaïque, qui pourrait être celui d'un château du XIVe siècle, ce qui laisse supposer que les vestiges de cette époque puissent être plus importants que ce que l'on peut actuellement observer.

    Abordant les questions diverses, Pascal Bertrand exprime son indignation devant la façon dont on traite l'hôtel Saint-Jean-de-Malte : les raisons de sécurité, après son occupation par l'association D.A.L., ne peuvent justifier l'horrible rideau métallique que l'on a placé au portail, même s'il s'agit d'une solution temporaire. Il est indiqué que c'est bien le Service des Monuments historiques qui a fait placer ce rideau de fer.


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CAHORS (LOT), ÉGLISE SAINT-BARTHÉLEMY. Présentation au Temple, huile sur toile. Cliché S. D.A. du Lot.

 

Guy Ahlsell de Toulza fait circuler l'article, paru dans La Dépêche du Midi, que Mme Ginette Toulet a consacré aux découvertes de Pascal Bertrand sur les tapisseries de la cathédrale Saint-Étienne.

 

Séance du 6 juin 1995

Présents : MM. Pradalier, Président, Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire général ; Mmes Blanc-Rouquette, Pousthomis-Dalle, Pradalier-Schlumberger, MM. Bertrand, Boudet, Fabre, Gillis, Julien, Fabre, Péaud-Lenoël, Prin.
Excusés: M. Scellès, Secrétaire-adjoint, Mme Cazes, MM. Cabau, le Père Montagnes, Peyrusse.

    Le Président donne la parole à Mme Pousthomis-Dalle pour une communication consacrée au cloître roman de Catus (Lot), publiée dans ce volume (t. LV, 1995) de nos Mémoires.

    Le Président remercie l'orateur de son exposé sur ces sculptures médiévales de Catus, exceptionnelles à plus d'un titre et qui enrichissent désormais l'ensemble déjà très abondant de la sculpture romane du Quercy. Il se montre étonné de la petite taille des chapiteaux présentés qui évoquent pour lui des œuvres plutôt destinées à des fenêtres qu'à une galerie de cloître. Quant à la date de ces sculptures, Maurice Prin pense à un XIIe siècle très avancé. Pour Henri Pradalier, on serait là après Moissac. Daniel Cazes


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suggère la comparaison, du point de vue du format, avec les chapiteaux de la galerie supérieure du cloître de Saint-Guilhem-le-Désert. Mme Pousthomis précise qu'il existe encore, sur place, d'autres chapiteaux, mais que les travaux étant finis, il y a peu de chance de pouvoir reprendre les fouilles. Il est en effet impossible, pour des raisons de propriété, de décaisser l'ensemble de l'aire à étudier. Henri Pradalier voudrait savoir si, après la pose du drain récemment réalisée à Catus, la salle capitulaire est moins humide.

    Daniel Cazes demande si la relation entre les arcs reconstitués grâce à leurs claveaux retrouvés et les petits chapiteaux est sûre. Nelly Pousthomis la croit tout à fait bonne. Pour Michèle Pradalier-Schlumberger, cette réduction des proportions des chapiteaux serait plutôt caractéristique des cloîtres du début du XIIIe siècle.

    Nelly Pousthomis apprend à la Société qu'un sculpteur a acheté plusieurs chapiteaux à un maçon de Catus. Ce sculpteur se propose de les mettre en dépôt dans le prieuré à la seule condition que ceux-ci y soient correctement conservés et présentés.

    Guy Ahlsell de Toulza demande s'il existe d'autres fragments de ce cloître. Nelly Pousthomis répond par l'affirmative et précise que ces morceaux sont très nombreux. Guy Ahlsell de Toulza croit que la chute depuis une galerie supérieure aurait entraîné un éclatement plus important des chapiteaux et colonnes. Il voudrait aussi savoir si l'on connaît les raisons du déversement du cloître au XIVe siècle et s'il peut s'agir d'une destruction volontaire. Nelly Pousthomis a relevé des traces d'incendie dans un escalier situé à l'une des extrémités de la galerie nord. Cet escalier menait au dortoir. Henri Pradalier évoque la possibilité de passer sur la galerie du cloître pour se rendre au dortoir. M. Péaud-Lenoël aimerait connaître l'origine des pierres utilisées par les sculpteurs. Nelly Pousthomis indique un calcaire mi-doux de la région. Henri Pradalier conclut cet échange de vues en remerciant encore l'intervenante.

    Le Secrétaire général présente alors deux albums de photographies des années 1880, donnés à la Société par Maurice Scellès, son Secrétaire-adjoint. Certaines sont précisément datées des années 1885 et 1886. Les photographies ont un intérêt pour la connaissance des fouilles du forum romain, et de plusieurs édifices et décors de Rome et de Pompéi, mais aussi du temple de Dudga et de l'amphithéâtre d'El Djem en Tunisie.

    Le Président informe la compagnie des nombreuses questions qui se posent encore à l'Hôtel d'Assézat. Pascal Julien voudrait connaître la date de retour de la Société dans ses nouveaux locaux. Henri Pradalier précise que celui-ci ne saurait se faire avant la fin de l'année 1995, et pas avant que la Société ait reçu les meubles promis. Guy Ahlsell de Toulza évoque le problème, non encore résolu, de la longueur de rayonnage qui sera installée.

 

Séance du 20 juin 1995

Présents : MM. Pradalier, Président, Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-Archiviste, Cazes, Secrétaire général ; Mme Blanc-Rouquette, MM. Boudet, Ginesty, Julien, Nayrolles, Péaud-Lenoël, Peyrusse, Prin, l'abbé Rocacher.
Excusés : MM. Cazes, Secrétaire général, Scellès, Secrétaire-adjoint, Mmes Cazes, Pradalier-Schlumberger, MM. Blaquière, Hermet.
Invités : Mlle Haralsdottir, M. Smitarello.

    En l'absence du Secrétaire Général et du Secrétaire-adjoint, le Président donne lecture des procès-verbaux des séances des 23 mai et 6 juin. Ceux-ci sont approuvés après de légères modifications.

    La parole est alors à Pascal Julien pour sa communication Un sculpteur toulousain disciple du Bernin : Gervais Drouet, l'auteur du retable du chœur de la cathédrale Saint-Étienne :

    « Le sculpteur Gervais Drouet (1610-1673) est resté totalement inconnu de l'histoire de l'art, perdu dans une vision légendaire de la sculpture toulousaine jamais remise en question.
    Formé en Touraine, il travailla à Rome de 1648 à 1652, sur les prestigieux chantiers de la basilique Saint-Pierre ou de la cathédrale Saint-Jean-de-Latran, sous les ordres du Bernin puis aux côtés du frère de celui-ci. En 1654, il s'installa définitivement à Toulouse et y développa durant près de vingt ans un atelier prospère, actif dans plusieurs villes du Midi. Les nombreuses œuvres et documents retrouvés, ajoutés aux rares faits déjà connus, permettent d'esquisser le portrait de cet artiste qui évolua de la sage virtuosité de la sculpture mancelle aux mises en scènes exaltées du baroque romain. Connu pour les statues du jubé de la cathédrale d'Auch et le retable majeur de la cathédrale de Toulouse, on peut désormais lui attribuer plusieurs œuvres inédites, comme un Buste du pape élevé par deux anges dans la basilique Saint-Pierre, le bas-relief de Jonas surgissant de la baleine de la cathédrale de Rome (1648), la Vierge de Pitié de Saint-Étienne de Toulouse (1654), Le Christ et la Samaritaine au puits du musée des Augustins (1656), un Crucifix, un Saint Jean et un Saint Exupère de la basilique Saint-Sernin (1668), un Christ aux liens de la Maison des Œuvres de Cahors (1669), le bois du Buste de saint Cizi et deux Anges de la


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ALBUM DE PHOTOGRAPHIES DES ANNÉES 1880 : « Plusieurs membres de l'École de Rome. Le quatrième personnage à notre gauche est le célèbre Mommsen ». Bibliothèque de la S.A.M.F.
ALBUM DE PHOTOGRAPHIES DES ANNÉES 1880 : « Rome. Fouilles du Forum. La Maison des Vestales ». Bibliothèque de la S.A.M.F.

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cathédrale de Rieux (1671), ainsi que deux statues non datées : une Pietà de la cathédrale de Saint-Lizier et un Saint Christophe sur la façade de l'église Saint-Éxupère de Toulouse.
    Sûr de son talent, Gervais Drouet poussa à l'extrême un réalisme fougueux, renforçant son art d'artifices techniques encore jamais usités. Fort de références italiennes, mais toujours soucieux d'interprétations originales, il créa des œuvres majeures et novatrices pour lesquelles il mérite une place des plus honorables dans l'histoire de la sculpture française. »

    Le Président remercie Pascal Julien pour la qualité de sa communication qu'il a bien voulu refaire au pied levé devant nous après l'avoir présentée devant les membres de la Société de l'Histoire de l'Art français dans le Bulletin de laquelle elle sera publiée.
    À propos du saint Christophe de la façade de l'église Saint-Éxupère, qui a remplacé un saint Joseph, il remarque que l'iconographie n'est pas conforme à la tradition puisque l'Enfant-Jésus placé ici aux pieds de saint Christophe devrait être sur son épaule. Il interroge Pascal Julien pour savoir si cet Enfant-Jésus ne serait pas celui qui accompagnait le saint Joseph disparu. Pascal Julien répond par la négative, d'une part parce que le groupe saint Joseph-Enfant-Jésus était en terre cuite et que Enfant-Jésus en place est en pierre, d'autre part parce que certains renseignements laissent supposer que ce groupe en terre cuite existe toujours.

    Louis Peyrusse fait remarquer qu'il a existé des terres cuites à Toulouse avant l'arrivée de Gervais Drouet, ne serait-ce qu'au XVe siècle. Pascal Julien en convient mais précise que la production n'en était pas toulousaine et qu'avant l'arrivée de Gervais Drouet, il n'est jamais fait mention dans les actes et contrats toulousains de fabrication de terres cuites. Du reste, dans les contrats avec Drouet, les Toulousains, méfiants, demandent qu'en cas de rupture de la statue en terre cuite, dans les trois, cinq voire dix ans, l'artiste la remplace à ses frais par une statue en pierre. Pascal Julien ajoute que la technique est mancelle, ville dont Gervais Drouet est originaire.
    Louis Peyrusse, revenant sur le polymatiérisme et l'emploi abondant du bronze sur les vêtements en marbre, remarque que ce n'est pas une invention de Gervais Drouet et que le procédé existait avant lui. Jean Nayrolles signale en effet cet emploi sur le tombeau d'Urbain VIII. Pascal Julien reconnaît en effet que cette technique n'est pas une invention de Gervais Drouet mais que c'est lui qui l'a utilisée le premier avec une telle abondance.

    Revenant sur les questions de style, Louis Peyrusse fait remarquer qu'il est étonnant qu'après être allé à Rome travailler avec le Bernin, Gervais Drouet redevienne brutalement manceau à son arrivée à Toulouse. Pascal Julien fait remarquer que lorsque Drouet va à Rome, il a déjà trente-huit ans et qu'il possède des techniques et un style propres. Jean Nayrolles constate pour sa part que le style de Gervais Drouet n'est pas uniquement manceau ou berninien et qu'il a vu dans certaines œuvres projetées aujourd'hui la trace d'un éclectisme stylistique où se perçoivent des influences flamandes et même des réminiscences médiévales comme par exemple dans le buste de saint Cizy de Rieux-Volvestre. Ce qui lui parait étonnant, c'est que Drouet ne devienne berninien que vers la fin de sa carrière et en particulier dans la lapidation de saint Étienne du retable de la cathédrale de Toulouse. De plus il s'agit du style berninien tardif, comme si Gervais Drouet n'avait pas compris le style du Bernin lors de son séjour à Rome, ou plutôt comme s'il n'avait été touché que par la dernière manière du Bernin. Mais il faudrait alors imaginer un deuxième voyage de l'artiste à Rome. Pascal Julien confirme cette analyse en signalant d'autres voyages de Gervais Drouet à Rome, sans doute vers 1667-1668.

    À propos du crucifix de Saint-Sernin, Jean Nayrolles s'émerveille de la traduction en sculpture par Gervais Drouet des formes peintes par Guido Reni, et constate que le peintre qui a restauré et repeint le crucifix de Drouet au XIXe siècle a parfaitement compris la volonté du sculpteur puisqu'il a placé sur le crucifix les couleurs habituellement utilisées par Reni dans des crucifixions peintes.

    Louis Peyrusse donne ensuite lecture d'une note de Bruno Tollon sur la statue placée au sommet de la colonne de la place Dupuy, statue qui a été descendue pour trois jours en vue d'un nettoyage et d'une réparation rapides. Cette œuvre est d'une extrême rareté en Europe. En effet, statue de bronze de la Renaissance, elle a été réalisée dans un but emblématique pour représenter la Ville de Toulouse : c'est Dame Toulouse. Demandée par les capitouls, elle fut placée au-dessus de la tour des archives comme emblème du pouvoir municipal, face aux clochers des églises et la tour de l'Aigle du Parlement. On ne connaît que deux autres bronzes Renaissance de ce type en Europe : le Giraldillo placé en 1568 au sommet du clocher de la cathédrale de Séville et qui lui a donné son nom de Giralda, et celle dite de l'homme de bronze, en réalité une statue de Mars, qui couronne la tour de l'Hôtel de Ville d'Arles (en 1555).

    L'examen de l'œuvre a permis de remarquer que les pieds ont été refaits très grossièrement en résine lors d'une restauration en 1952, qu'en 1832 on lui a placé les ailes actuelles et ajouté dans les mains des couronnes qui n'y étaient pas à l'origine pour la transformer en allégorie de la Gloire. Le contrat du modèle en bois passé en 1544 entre Jean Rancy et les capitouls, modèle dont on a la description, permet de connaître l'aspect initial de la statue : elle tenait dans la main droite une girouette et un écu portait les lettres C. P. Q. T. (Capituli populusque Tolosanus). On sait encore que la statue en bronze a été coulée par Pelot, fondeur de canon de la ville, en 1550.

    L'assistance s'étonne qu'une statue de cette importance ait été replacée sans plus d'étude ou de restaurations au sommet de la colonne et émet le vœu qu'elle soit le plus rapidement possible redescendue à des fins de protection et d'étude, qu'elle soit placée en un lieu moins exposé et remplacée par un moulage. M. Ginesty considère qu'après restauration, elle devrait retrouver place à l'Hôtel de Ville, ce qui est sa destination première et naturelle. Il ajoute qu'une telle rareté devrait même être exaltée et qu'elle pourrait prendre place au sommet du grand escalier, un peu comme la Victoire de Samothrace au Louvre.


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    M. Claude Péaud-Lenoël ajoute que la statue ayant été consolidée par une tige de fer qui la traverse de bas en haut, elle court un grave risque de corrosion étant donné que le mélange fer-bronze est particulièrement néfaste pour le bronze.
Pascal Julien attire l'attention sur Jean Rancy, qui est le grand sculpteur de la Renaissance toulousaine avant l'arrivée de Nicolas Bachelier. Celui-ci, à ses débuts, n'a pas dédaigné de travailler à partir des dessins de Rancy avant de devenir lui-même le grand sculpteur du XVIe siècle toulousain.
Louis Peyrusse fait remarquer qu'en Italie une œuvre de cette qualité aurait connu une retentissante publicité, aurait été exposée et aurait fait l'objet de sérieuses études scientifiques.

Il est demandé au Président d'alerter le plus rapidement possible les autorités municipales sur l'importance de ce chef-d'œuvre rarissime et sur son indispensable protection.

DAME THOLOSE, STATUE DE JEAN RANCY COULÉE PAR PELHOT EN 1550, actuellement au sommet de la colonne de la place Dupuy. Cliché Bruno Tollon.

    La parole est ensuite à Richard Boudet pour une note d'information sur les fouilles menées sur le site de l'Ermitage à Agen :

« Cinquième année de recherche sur l'oppidum de l'Ermitage à Agen (Lot-et-Garonne).

    1994 a marqué la troisième et dernière année du programme triennal engagé sur l'oppidum de l'Ermitage à Agen. Deux aspects principaux ont été développés :
    - un sondage sur le tracé du fossé du rempart septentrional repéré par la prospection électrique de M. Martinaud en 1993 ;
    - la poursuite de la fouille en Z 21 engagée en 1992 et 1993 au centre du site.

    À notre demande, M. Martinaud (LERGGA, Bordeaux 1) avait réalisé en 1993 une prospection électrique le long de la partie externe du rempart septentrional qui ferme l'oppidum, afin de tenter de suivre le tracé du fossé creusé dans le roc. Le sondage ouvert en 1994 près de la seule porte d'entrée du site a permis de confirmer sa présence matérialisée par une anomalie magnétique. Son profil est absolument identique à celui observé, plus au nord, en 1992. Ce sondage a mis en évidence la zone d'arrêt du fossé devant la porte, très probablement en bordure de la voirie la traversant. Cette entrée est limitée sur l'autre bord par la falaise.

    De nouvelles extensions ont été ouvertes en 1994 sur la parcelle faisant depuis 1992 l'objet de nos principaux travaux (Z 21). Ainsi, dans la partie nord a été mise au jour une batterie de silos médiévaux attribuables, d'après Ph. Jacques, au XIIe siècle, associés à quelques fosses contenant un mobilier appartenant à la première moitié du Ier siècle avant notre ère. Plusieurs traces de structures rectilignes ont également été découvertes. Elles s'intègrent parfaitement parmi celles observées les autres années. Elles sont antérieures au XIIe siècle. Leur fonction, ni leur chronologie précise, n'a pas été encore clairement établie. Il pourrait s'agir de fonds de tranchées de démolition de murs. Les rares vestiges découverts appartiennent soit au Ier siècle avant notre ère, soit au VIIe siècle de notre ère. Quelques débris humains épars ont été observés.

    L'extension occidentale a permis en particulier de compléter notre information concernant le grand fossé médiéval observé en 1992. Deux structures gauloises particulières ont été mises en évidence. La première est un petit fossé rectiligne, suivi sur une vingtaine de mètres de longueur. Il est parallèle au côté oriental du bâtiment fouillé en 1992, assimilé à un sanctuaire laténien. L'autre structure est un nouveau puits à offrandes de section carrée qui a simplement été sondé. La partie supérieure du colmatage est assurée par une grande quantité de débris d'amphores vinaires italiques de type Dressel 1 A mêlée à un sédiment très humide. Ce colmatage se présente plus comme celui observé dans le puits fouillé en 1990/1991 (Z 1) que dans le grand puits, dont la fouille a été achevée en 1994 (Z 21, st. 41), où les récipients ont été retrouvés plus ou moins complets. Ces trois puits semblent synchrones (fin du IIe siècle avant notre ère).


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AGEN, L'ERMITAGE : FOUR DE POTIER de la fin de l'âge du fer, recouvert par un bâtiment antique dont la ruine a été réutilisée en habitat au VIIe siècle de notre ère. Cliché Richard Boudet.

    Le bâtiment antique défini en 1993 a été totalement dégagé. Il se présente sous la forme d'une pièce rectangulaire à la toiture supportée par une rangée de puissants supports médians dont trois bases alignées et carrées ont été reconnues. Son long côté occidental est accosté par ce qui paraît bien être une galerie de façade. Les fondations des murs ont été presque complètement démontées. Les très rares mobiliers antiques retrouvés datent l'édifice de la première moitié du Ier siècle de notre ère. Sa fonction n'a pas été clairement établie (petite villa suburbaine, dépendance d'un sanctuaire ... ). Il a été démoli au cours du VIIe siècle de notre ère, époque à laquelle appartiennent les vestiges d'un établissement installé dans l'angle nord-ouest de la ruine antique. Il est matérialisé par des trous de poteaux, des bases de murs en terre, des foyers et un petit silo. Ce bâtiment antique a recouvert un chapelet de grandes fosses gauloises repérées en 1993 et dont la fouille s'est achevée en 1994. Le mobilier y est abondant et de bonne conservation. Il faut noter la présence d'un crâne de bébé et d'un col d'amphore Dressel 1 A portant une marque peinte (ainsi que plusieurs estampilles). Ces fosses semblent liées à l'extraction d'argile qui a pu servir à la fabrication de vaisselle. En effet, un four de potier isolé a été dégagé sous le bâtiment antique. Il se présente sous la forme d'une fosse oblongue orientée est/ouest (alandier à l'est). Les parois et le sol de la chambre de chauffe ont été recouverts par une couche d'argile rapportée soigneusement lissée. La sole, probablement constituée de luths dont plusieurs éléments ont été retrouvés, était supportée par deux piliers de refend massifs en terre cuite. Ce four a livré de nombreuses pièces de vaisselle indigène qui semblent plus provenir d'un dépotoir que constituer des ratés de cuisson (à noter une monnaie à légende ARIVOS/SANTONOS du centre de la France).

    Une tranchée a été ouverte sur une bordure de la terrasse quadrangulaire supportant la zone de fouille. Il s'agit sans nul doute d'une construction de la fin de l'âge du fer.
    Enfin, nous avons achevé en 1994 le dégagement du puits à offrandes gaulois (st. 41) accostant le probable sanctuaire repéré en 1992. Nous avions stationné en 1993 sur un premier dépôt (dépôt 1) localisé sous des planches de chêne au sommet de la couche de marne encaissante imperméable. Dans la partie basse du puits, sur environ 1,80 m de hauteur, avait été creusée une petite « salle » destinée à recevoir un cuvelage en bois, parfaitement conservé sur 1,20 m, et trois autres dépôts. Ce bâti est


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AGEN, L'ERMITAGE : OBJETS DU DÉPÔT 4 DU PUITS À OFFRANDES st. 41 de la fin du IIe siècle avant notre ère. Cliché Richard Boudet.

    constitué sur quatre côtés de dix-neuf planches visiblement en chêne de 3 à 5 centimètres d'épaisseur, de 1,05 m en moyenne de longueur, aux extrémités encochées et emboîtées les unes dans les autres. Les bois sont en cours de détermination et de datation par B. Sceperstyski (Laboratoire d'Analyses et d'Expertises en Archéologie et Œuvres d'Art de Bordeaux).

Le dépôt 2 a été installé à l'extérieur et à l'angle ouest du cuvelage sur le sommet du comblement. Il se compose d'un casque de type Mannheim, de deux vases indigènes et de deux crochets en fer. Le troisième dépôt se trouvait

dans la moitié occidentale du sommet du cuvelage. Il regroupe un vase indigène complet et le fond brisé d'un second, une cruche de type Kelheim et d'une petite passoire en bronze dotée d'un œillet laissant présager de son appartenance à un système articulé plus complexe. Le quatrième et dernier dépôt est le plus volumineux. Il reposait directement sur le fond du puits dans lequel une petite cuvette avait été creusée. Elle a reçu trois pièces mutilées (un feuillard et une tôle de bronze ainsi qu'une anse en fer) d'un seau, des débris d'amphores vinaires italiques et une portion d'hémi-mandibule d'ovin. L'ensemble était surmonté de sept vases indigènes complets, d'un gros galet de Garonne, de deux seaux à douelles de bois, feuillards de bronze et anse en fer ainsi que d'une situle en bronze et anse de fer mutilée. Un des éléments de suspension de ce vase avait été arraché. Il a été retrouvé plus haut. La base de l'anse où manque cette pièce a été pliée. Enfin, la partie inférieure de la situle a été martelée. Les attaches de l'anse du plus grand des deux seaux figurent deux têtes animales en bronze. Il semble s'agir de lions. Le remplissage de ce dépôt a livré de nombreux restes de noisettes consommées, des noyaux de prunes et/ou de cerises, des féveroles, des pépins de raisin... ainsi qu'une fibule complète de type Nauheim en bronze et une petite bague en fer à chaton décoré en pâte de verre (?) bleue. Les bois vont être restaurés par le laboratoire Arc Nucléart de Grenoble.



AGEN, L'ERMITAGE : DÉTAIL D'UNE DES ATTACHES
D'ANSE du grand seau découvert dans le dépôt 4
du puits à offrandes st. 4 1. Cliché Richard Boudet.

    Les puits à offrande d'Agen associés à un très probable sanctuaire sont à mettre en relation directe avec les puits « funéraires » du Toulousain et surtout ceux de Vieille-Toulouse (Haute-Garonne) où des mobiliers plus que comparables (casques de type Mannheim, cruches de type Kelheim, un seau en bois à feuillards et une anse à tête animale en bronze, des situles...) ont été découverts et des sanctuaires fouillés il y a quelques décennies. Nos cinq années de recherche sur l'oppidum d'Agen, financées par la Sous-Direction de l'Archéologie et le Département de Lot-et-Garonne en collaboration avec la Ville d'Agen, vont faire l'objet d'un volume de synthèse en cours de préparation par une équipe interdisciplinaire. L'ensemble des mobiliers issus de la fouille a fait


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l'objet d'une donation, par les propriétaires des parcelles où ont été faites les découvertes (MM. Amouroux, Desmeroux et Brousse), au Musée des Beaux-Arts d'Agen. »

    Le Président remercie Richard Boudet pour la qualité de sa présentation et des photographies qui l'ont accompagnée. Il se dit étonné par l'importance des découvertes effectuées au cours de cette dernière année de fouille et demande à Richard Boudet pourquoi les objets sont volontairement mutilés. Il faut y voir une pratique religieuse dont on ne connaît pas la signification. Peut-être s'agit-il de donner le mobilier le plus précieux du défunt à des divinités chthoniennes. On les offre alors par enfouissement. De même, Richard Boudet souligne l'importance des récipients en bois d'if. Celui-ci a la réputation d'entraîner la mort par empoisonnement si on l'utilise comme récipient pour le vin. La présence de plusieurs seaux en bois d'if dans les sépultures doit donc avoir une signification particulière. Enfin Richard Boudet termine en mettant en relation ces découvertes avec celles effectuées dans la région de Toulouse et en particulier à Vieille-Toulouse.

Le Président prononce la clôture de l'année académique.