Société Archéologique  du Midi de la France
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Mémoires
de la Société Archéologique
du Midi de la France

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Tome LIV (1994)



BULLETIN DE L'ANNÉE ACADÉMIQUE

1993-1994

Établi par Daniel CAZES et Maurice SCELLÈS

 

Cette édition électronique respecte la mise en page de l'édition imprimée (Bulletin de l'année académique 1993-1994, dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. LIV, 1994) dont nous indiquons la pagination. Les corrections nécessaires ont été apportées et quelques illustrations en noir et blanc sont remplacées par des illustrations en couleur.


1ère partie
Séances du 2 novembre 1993 au 1er février 1994
2e partie
Séances du 15 février 1994 au 7 juin 1994
3e partie
Séances du 21 juin 1994 au 25 juin 1994

M.S.A.M.F., T. LIV, page 151

 

Séance du 2 novembre 1993

Présents : MM. Pradalier, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire-adjoint; Mmes Blanc-Rouquette, Cazes, MM. Bernet, Bertrand, Blaquière, Boudet, Cabau, le général Delpoux, Gilles, Julien, le Père Montagnes, Péaud-Lenoël, Peyrusse, Prin, l'abbé Rocacher, Roquebert, Tollon.
Excusés: M. Cazes, Secrétaire Général, Mmes Labrousse, Rousset, M. Manière.

 

    Le Président déclare ouverte l'année académique 1993-1994, qu'il souhaite fructueuse tant sur le plan scientifique que sur celui de la vie académique. Nous savons cependant que l'année sera perturbée et qu'il nous faudra trouver une autre salle des séances. Il a accepté la proposition qui lui a été faite par l'Académie des Sciences de partager sa salle des séances, afin de ne pas abandonner tout à fait l'hôtel d'Assézat pendant la durée des travaux.

    Il rappelle que nous avons eu la joie de voir, cet été, notre confrère Maurice Prin officiellement félicité par la Ville de Toulouse. À ce propos, Louis Peyrusse lui a suggéré de reprendre une coutume ancienne et d'offrir un banquet en l'honneur de Maurice Prin. La proposition est présentée à l'assemblée et le principe en est retenu. Il restera à en définir les modalités, étant entendu qu'on se limitera à deux discours, celui du Président et la réponse de Maurice Prin.

    Puis le Président donne la parole au Secrétaire-adjoint pour la lecture du procès-verbal de la séance du 15 juin dernier. Il présente ensuite son rapport sur la candidature de Mme Nelly Pousthomis-Dalle qui est élue membre correspondant de notre Société.

    Le Président rend compte de l'évolution depuis le mois de juin des négociations concernant l'hôtel d'Assézat. Les événements ont surtout vu une accélération à partir du mois de septembre. Le 21 septembre, une réunion entre les représentants de plusieurs Académies, dont la Société Archéologique du Midi de la France, a permis de se mettre d'accord sur la répartition et l'aménagement des espaces affectés aux bibliothèques. Pour nos locaux, les modifications demandées, et acceptées, ont porté sur la création de cloisons permettant de définir un local de réserve pour les archives, les photographies et les ouvrages les plus précieux, et la suppression de quelques étagères qui seront remplacées par un meuble à plans.

    Une question grave reste toutefois pendante : celle de l'aménagement de notre salle des séances et de son accès. Le problème est né du fait que la Ville a signé les deux conventions avec deux jeux de plans différents. Ainsi les plans accompagnant la convention signée entre la Ville et la Fondation ne prévoient-ils pas de porte entre notre salle des séances et le grand escalier de l'hôtel. Une rencontre avec l'architecte M. Patrick O'Byrne était prévue depuis le mois de mai, afin de régler le problème, mais le temps a passé sans qu'elle ait lieu. Le Président a alors fait savoir à M. Andrès que la Société Archéologique du Midi de la France ne quitterait pas ses locaux tant qu'une solution ne serait pas trouvée et un accord signé. Une réunion enfin organisée en septembre a permis de démontrer à la Ville et à l'architecte de la Fondation que le principe de l'accès direct par le grand escalier à notre salle des séances avait été accepté par la convention signée entre la Ville et l'Union des Académies et que l'aménagement de la même salle avait été demandé par notre Société lorsque la Ville lui avait réclamé la liste de ses besoins. Pour ce qui est de l'accès par le grand escalier, nous savons qu'un projet de M. O'Byrne, prévoyant le percement d'une seconde porte à côté de la porte actuelle, a été refusé par l'Inspection générale des Monuments historiques. Une autre solution devrait être proposée le 17 novembre.

    Les membres de notre Société ont pu se rendre compte de l'avancement des travaux. Nous sommes surtout concernés par le démontage actuellement en cours de la charpente du corps de bâtiment où se trouvent nos locaux. Malgré le « parapluie » provisoire installé pour faire ces travaux, il y a un risque évident d'inondation en cas d'intempéries, fréquentes ces temps-ci. Nous souhaiterions donc quitter les lieux au plus tôt, mais il est absolument nécessaire de faire savoir que nous resterons tant que l'assurance d'un accès par le grand escalier n'aura pas été obtenue.


M.S.A.M.F., T. LIV, page 152

    Au cours de l'été ont déjà été déménagés les archives, les photographies, les ouvrages les plus précieux... qui ont été accueillis par le Musée Saint-Raymond. Par ailleurs, la petite salle trapézoïdale du fond a été entièrement vidée en juin, comme nous nous y étions engagés, et une quarantaine de cartons ont ainsi été emportés aux Abattoirs. Il reste néanmoins ici la plus grande partie de la bibliothèque. Nous souhaitions que les ouvrages de notre bibliothèque restent consultables pendant la durée des travaux. La Mairie n'ayant aucune solution à nous proposer, c'est finalement avec l'Institut d'Études Méridionales, dont l'un des codirecteurs est notre confrère Bruno Tollon, qu'un accord a été trouvé. Les ouvrages seront donc installés dans les rayonnages supérieurs de l'Institut, au n° 56 rue du Taur. Louis Latour indique quels seront les revues et ouvrages qui seront déménagés à l'I.E.M. La liste est complétée sur la demande de certains membres. Les collections qui ne trouveront pas place à l'I.E.M. seront transportées aux Abattoirs où elles ne seront que difficilement accessibles.

    Guy Ahlsell de Toulza indique que M. Sermet a été nommé au conseil d'Administration de la Fondation Bemberg.

 

Séance du 16 novembre 1993

Présents : MM. Pradalier, Président, Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mmes Blanc-Rouquette, Cazes, Rousset, MM. l'abbé Baccrabère, Bernet, Bertrand, Blaquière, Boudet, Cabau, le général Delpoux, Gérard, Hermet, Péaud-Lenoël, Sicard, Vayssières.
Excusés: M. Cazes, Secrétaire Général, Mmes Labrousse, Watin-Grandchamp, MM. Manière, Peyrusse.

 

    Le Président annonce l'arrivée de deux ouvrages récents concernant la région : le Congrès archéologique de France consacré au Quercy et l'ouvrage du Service régional de l'Inventaire qui porte sur les deux cantons de Caylus et Saint-Antonin-Noble-Val en Tarn-et-Garonne.

    Puis il donne la parole au Secrétaire-adjoint pour la lecture du procès-verbal de la dernière séance, qui est adopté.

    Le Président annonce que l'Académie des Sciences tiendra sa Séance publique annuelle au grand auditorium de l'Hôtel de Région le 5 décembre prochain. Outre une conférence du professeur Roger Bouigue, cette séance sera l'occasion de la remise de nombreux prix dont le Grand prix national de médecine et la Médaille d'or de Fermat. Un membre indique que l'un des prix est chaque année doté de 25 000 F. grâce à un fondateur qui a voulu rester anonyme.

    Le Président donne alors la parole à l'abbé Baccrabère pour la communication du jour consacrée aux Puits et fosses funéraires de Saint-Roch des IIe et Ier siècles avant J.-C., qui sera publiée dans le tome LV (1995) de nos Mémoires.

     Le Président remercie l'abbé Baccrabère en soulignant la persévérance qu'ont nécessitée ces observations faites de manière fortuite et dans des conditions souvent aléatoires. Comme il l'interroge sur les éventuelles différences de formes que l'on pourrait constater entre « puits » et « fosses », l'abbé Baccrabère répond qu'il ne lui est pas possible de tirer des conclusions, rappelant que Gaston Astre lui avait conseillé de multiplier les observations qui permettraient à d'autres, plus tard, de proposer des synthèses.

    Richard Boudet demande vers quelle époque ont été réalisées ces observations. L'abbé Baccrabère indique que les premières l'ont été vers 1963-1964 et les plus récentes il y a moins de dix ans ; depuis sept à huit ans, il n'a plus rien observé de significatif dans cette zone. Richard Boudet rend hommage à l'opiniâtreté de l'abbé Baccrabère, sans lequel nombre d'informations auraient été perdues, et souligne l'intérêt que devraient présenter des comparaisons faites avec les découvertes de Vieille-Toulouse. L'abbé Baccrabère précise que toute la documentation est classée et accessible à l'Institut Catholique.

    Claude Péaud-Lenoël remarque qu'il serait peut-être intéressant de surveiller les travaux qui devraient se faire à l'angle de la rue des Casernes et de la rue du Férétra pour lesquels il y a un permis de construire, et où apparaît déjà un puits funéraire. L'abbé Baccrabère pense que ce terrain fera sans doute l'objet d'une fouille de sauvetage conduite par le Service régional de l'archéologie.

    Louis Latour pense qu'il faut insister sur le caractère très homogène des puits, des fosses et du matériel découverts. Il souhaiterait voir les deux premiers culots d'amphores présentés, ce qui est volontiers accepté par l'abbé Baccrabère. On s'accorde en outre pour considérer que structures et matériel sont tous antérieurs à l'ère chrétienne.

    Avant de clore la séance, le Président indique que M. Puel l'a assuré que la Mairie interviendrait pour que la Société Archéologique ait un accès permanent à ses locaux par le grand escalier de l'hôtel d'Assézat.


M.S.A.M.F., T. LIV, page 153

Séance du 7 décembre 1993

Présents : MM. Pradalier, Président, Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire Général, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mmes Blanc-Rouquette, Carbonell-Lamothe, Merlet-Bagnéris, Noé-Dufour, MM. Bertrand, Boudartchouk, Boudet, Cabau, Fabre, Gérard, Ginesty, Julien, le Père Montagnes, Peyrusse, Tollon.
Excusé: M. Manière
Invité: M. Henri Mollet.

 

    Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, qui est adopté.

    Puis le Président donne la parole au Secrétaire Général pour la présentation de la correspondance imprimée :

Caylus et Saint-Antonin-Noble-Val (Tarn-et-Garonne), n° 29 des Cahiers du Patrimoine, Paris : Imprimerie Nationale, 1993, 400 p.
    Ce volume, publié par l'Inventaire Général, a été offert à notre Société par Bernard Loncan, conservateur du service régional de l'Inventaire à la Direction régionale des Affaires culturelles de Midi-Pyrénées.
    Cette publication, dirigée par B. Loncan, est consacrée au patrimoine historique et artistique des cantons de Caylus et Saint-Antonin. L'ouvrage est abondamment illustré en noir et blanc et en couleur, de photographies, de plans et de dessins. On regrette seulement son prix, 450 F., peut-être un peu élevé pour un ouvrage édité par un service public et qui risque d'entraver un peu la nécessaire diffusion de ces connaissances si soigneusement rassemblées.
    Si l'analyse du cadre géographique et celle des temps préhistoriques, protohistoriques et romains ne sont pas absentes (une vingtaine de pages), ce sont le Moyen Âge (220 p.) et les Temps Modernes (112 p.) qui sont surtout traités par les auteurs, pour la plupart des professionnels de l'Inventaire de Midi-Pyrénées (B. Loncan, A. Bongiu †, A. Noé-Dufour, M. Éclache, M. Scellès) et membres de notre Société.
    De larges introductions historiques précèdent des études monographiques (par exemple l'abbaye de Beaulieu, le prieuré des cisterciennes de Costejean, les Templiers de Lacapelle-Livron, la « maison romane » de Saint-Antonin, le château de Cornusson) ou thématiques (par exemple la formation des agglomérations, les châteaux et maisons fortes, les maisons du XIIIe au XVIe siècle à Caylus et Saint-Antonin, l'architecture rurale, les vitraux du XIXe siècle).
    Bibliographie, notes et index permettent une recherche rapide et font de cet ouvrage un instrument de travail et un guide du patrimoine de ces deux attachants cantons, indispensables à quiconque souhaite les visiter avec profit.

Congrès archéologique de France, 147e session, 1989 : Quercy, Paris : S.F.A., 1993, 544 p.

    Il s'agit d'un important et très beau volume où l'on retrouvera les signatures de plusieurs membres de notre Société, à commencer par Henri Pradalier, notre président, à qui revint la tâche d'organiser ce congrès et la publication de ses communications, et qui a écrit un article sur l'église Sainte-Marie de Souillac, et, en collaboration avec Anne-Marie Pêcheur, une étude de Saint-Sauveur de Figeac. Notre secrétaire-adjoint, Maurice Scellès, a renouvelé celle du pont Valentré à Cahors. Georges Costa analyse le trésor de la cathédrale de cette même ville, étudiée par Mireille Bénéjeam-Lère, dont les peintures murales font l'objet d'un travail dû à Marie-Anne Sire. Bruno Tollon attire l'attention sur l'archidiaconé Saint-Jean et est aussi l'auteur de plusieurs notices consacrées à l'église et au château d'Assier, aux châteaux d'Aynac, de Cênevières et de Lacapelle-Marival. Le professeur Yves Bruand s'intéresse pour sa part à ceux de Castelnau-Bretenoux, de La Coste à Grézels. À l'abbé Jean Rocacher était bien sûr réservée la cité religieuse de Rocamadour. On remarquera aussi, sans pouvoir tout citer tant ce congrès fut dense, les travaux d'Anne-Laure Napoléone sur les maisons médiévales de Figeac et de Martel, celui de Nelly Pousthomis sur l'église de Duravel et celui de Christian Freigang sur la belle et originale collégiale Notre-Dame de l'Assomption du Vigan. Il faut remercier tous ces auteurs, Henri Pradalier et notre consœur la Société Française d'Archéologie de nous donner un tel ouvrage sur l'histoire de l'art médiéval et moderne en Quercy.

L'Auta, n° 588 (septembre 1993) :
    - suite de l'étude de l'abbé Jean Rocacher sur Les Carmes à Toulouse, qui se poursuit et s'achève dans les deux numéros suivants, où l'on apprend beaucoup sur leur couvent au XIXe siècle, situé sur l'emplacement de l'actuelle rue Arzac au quartier Saint-Cyprien.
    - décès de Madame Pierre de Gorsse, épouse de l'un de nos membres décédé il y a plusieurs années et grand défenseur du vieux Toulouse.

L'Auta, n° 589 (octobre 1993) :
    - Jean Rocacher, Maurice Prin et les Jacobins.

L'Auta, n° 589 (octobre 1993) :
    - Jean Coppolani, À Toulouse, des occasions manquées ? où l'auteur déplore l'absence de grands projets d'urbanisme et d'architecture à Toulouse au XXe siècle et fustige une certaine architecture faite de tristes pastiches.


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Le jardin des Antiques, Bulletin de l'Association des Amis du Musée Saint-Raymond, n° 14 (octobre 1993) :
    - Compte rendu par Gabriel Lecomte d'une excursion archéologique à Martres-Tolosane et sur le site de la Gravette à L'Isle-Jourdain : un village médiéval, une église romane, une nécropole et une église paléochrétienne (Ve siècle) ; p. 6-9.
    - Evelyne Ugaglia, La coupe de Macron au Musée Saint-Raymond ou l'histoire d'une restauration, p. 12- l5.

    En raison du nombre important de publications reçues, la présentation des autres revues nationales et des revues étrangères sera poursuivie au cours des prochaines séances.

    Le Président informe les membres de l'avancement des travaux de l'aile que nous occupons dans l'hôtel d'Assézat. Nos collections sont de plus en plus menacées. Il a été décidé de déménager dès demain une partie des ouvrages de la bibliothèque. Le Président ajoute que la prochaine séance se tiendra le 21 décembre dans la salle de l'Académie des Sciences.

 

    Il donne ensuite la parole à Pascal Julien pour la communication du jour consacrée aux Retables du chœur et des chapelles de l'église Notre-Dame d'Alet diocèse de Toulouse, publiée dans ce volume (t. LIV, 1994) de nos Mémoires.

    Le Président remercie Pascal Julien pour cette monographie très complète, où l'étude du mobilier et du décor est accompagnée d'une étude iconographique. Il souligne tout l'intérêt que présente la gravure de dévotion à Notre-Dame d'Alet, alors que les documents de ce genre ont souvent disparu.

    Mme Carbonnell-Lamothe félicite Pascal Julien et souligne l'enrichissement qu'apporte ce travail à la connaissance des décors mobiliers de la fin du XVIIe siècle, d'autant que certains sont bien datés. Elle demande si l'on connaît d'autres œuvres de Thibaud Maistrier, l'auteur de la Pietà, et si l'on a des précisions sur son atelier et, par exemple, des contrats d'apprentissage. Pascal Julien répond qu'on ne le connaissait que par les archives. Il fait partie de ces artistes qui viennent se fixer à Toulouse dans le seconde moitié du XVIIe siècle, et l'on sait qu'il a travaillé sur des dessins d'Ambroise Frédeau, mais on ne connaissait pas jusque-là d’œuvre de lui.

    Mme Merlet-Bagnéris indique qu'Antoine Guépin est intervenu dans la chapelle du Fauga. Pascal Julien répond qu'il ne la connaît pas, et qu'il ira donc la voir, et il ajoute que le style de Guépin est très reconnaissable.

    Le Président remarque que cette première identification d'une œuvre de Maistrier permettra sans doute de lui en attribuer d'autres. Pascal Julien le croit aussi, tout en précisant que le sculpteur a sans doute été assez peu actif. La Pietà est sa dernière œuvre. Antoine Guépin lui a succédé à Notre-Dame d'Alet, sans que l'on sache ce qui avait été achevé à la mort de Maistrier; la petite taille des sculptures du tabernacle rend délicate une analyse stylistique, ce qui explique que l'on ne puisse pas l'attribuer à l'un plutôt qu'à l'autre.

    Bruno Tollon rappelle que les décors de l'église présentent aujourd'hui une polychromie du XIXe siècle, et qu'il faudra être très attentif, à l'occasion de travaux, à la polychromie d'origine. Louis Peyrusse voudrait savoir si l'on a des détails sur les travaux du XIXe siècle. Pascal Julien répond que les archives des travaux dus aux prêtres du Sacré-Cœur se trouvent sans doute à Toulouse, mais qu'il n'a pas encore réussi à les localiser.

    Louis Peyrusse s'étonne que les gravures de dévotion ne représentent jamais la Pietà de l'autel, si particulière avec son pied dans le vide, mais semblent plutôt représenter la Pietà en terre cuite qui se trouve aujourd'hui à l'extérieur. Pour Pascal Julien, les graveurs, toulousains, prennent comme modèle le groupe placé depuis 1654 dans la cathédrale Saint-Étienne et non la sculpture réalisée pour Notre-Dame d'Alet. Louis Peyrusse et Guy Ahlsell de Toulza notent que cela pose un problème par rapport à la diffusion d'une dévotion liée à une représentation très précise de la Vierge portant le Christ mort. M. Bertrand remarque que l'église possède une copie de la Pietà de Carrache qui pourrait être contemporaine du retable. Pascal Julien assure que le groupe actuellement en place est bien celui qui a été sculpté pour le retable.

    Bruno Tollon, rappelant que Guépin a pris ses modèles dans les cartons de son beau-père, Pierre Affre, s'étonne de la présence de faux-marbre dans les piédestaux, en tout cas s'il est sûr qu'ils faisaient déjà partie de la polychromie d'origine. Il relève encore qu'il est peu habituel que la Vierge soit représentée au-dessus du tabernacle. Pascal Julien répond que l'on en connaît quelques exemples au XVIIe siècle, dont un tabernacle placé dans le socle d'une statue de la Vierge, et qu'il faut sans doute y voir la volonté d'établir un parallèle entre la mère du Christ et le tabernacle.

    Louis Peyrusse voudrait savoir si c'est bien la Pietà du retable qui a été couronnée en 1863 par l'archevêque de Toulouse. Pascal Julien le confirme en précisant que la couronne n'a pas été retrouvée.

    Abordant les questions diverses, Le Président donne des nouvelles de la santé de M. Gratien Leblanc.
    À propos de l'aménagement de nos futurs locaux, le Président signale que les représentants de l'Union des Académies et Sociétés savantes rencontreront une nouvelle fois l'adjoint au Maire, M. Andrès, et les architectes le 9 décembre. La dernière proposition de M. O'Byrne est difficilement acceptable : il projette une porte qui puisse être rabattue pour limiter un couloir d'accès à notre des salles des séances ; cette porte ne fermant pas tout l'espace sous le plafond, les vols ou dégradations causés par ce défaut de fermeture seraient imputables aux Académies. Le Président indique en outre que M. Sermet estime que le grand escalier doit être dévolu en priorité aux Académies et Sociétés savantes. Le refus de M. O'Byrne de réserver un fonctionnement indépendant aux sociétés et à la fondation tient seulement au traitement esthétique qu'il a prévu pour le deuxième étage de l'aile droite. Le Président pense qu'il serait mieux de modifier le projet en adaptant le parti esthétique de façon à pouvoir réaliser un sas de distribution plus hermétique entre les salles de la fondation, notre salle des séances et le grand escalier.


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Séance du 21 décembre 1993

Présents : MM. Pradalier, Président, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire Général, Scellès, Secrétaire-adjoint; Mmes Blanc-Rouquette, Cazes, MM. Gilles, Hermet, le Père Montagnes, Peyrusse, l'abbé Rocacher, Tollon.
Excusés : M. Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Mme Rousset, MM. Cabau, le général Delpoux, Gérard, Gillis, Manière.

 

    La séance se tient dans la salle de l'Académie des Sciences. Le Président attire l'attention des membres présents sur le fait que le bibliothécaire de l'Académie tient une permanence jusqu'à seize heures ; les membres qui arriveront avant dix-sept heures devront veiller à ne pas laisser les locaux sans surveillance.

    Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, qui est adopté.

    Puis le Président rend compte des dernières évolutions des négociations à propos de la porte d'accès de notre future salle des séances. Il avait, avant la réunion du 9 décembre, présenté le projet de porte abattante de M. O'Byrne à M. Sermet qui en a informé Me Viala et Mme Enjalbert. Tous ont relevé que ce projet supposait que la fondation annexait le palier du deuxième étage du grand escalier, ce qui est contraire à la convention. On a donc expliqué à M. Andrès que ce n'était pas la fondation qui accordait le passage aux Sociétés et Académies mais bien l'inverse. Il ne saurait être question de masquer la porte de la Société Archéologique.
    M. Sermet a en outre fait remarquer que les plans annexés à la convention montrent un sas réservé pour l'accès à la porte de la salle des séances de la Société Archéologique.
    Le Président donne lecture de la télécopie adressée par Me Viala à Me Goguel, conseiller juridique de la fondation, pour lui rappeler l'historique de l'affaire et lui exposer la position de l'Union. Nous attendons la réponse de Me Goguel. Si l'on parvenait rapidement à un accord définitif, le déménagement de la bibliothèque pourrait intervenir vers le 5 janvier prochain.

    La parole est alors donnée au Père Montagnes pour une communication consacrée au Couvent des Prêcheurs de Fanjeaux, communication publiée dans ce volume (t. LIV, 1994) de nos Mémoires.

   Le Président remercie le Père Montagnes en remarquant que son travail, reposant sur des sources médiévales et modernes, permet de corriger quelques éléments de chronologie concernant le couvent et la chapelle de Fanjeaux.
    L'abbé Rocacher indique que la chapelle de la maison des Dominicains lui semble reconstruite assez récemment. Le Père Montagnes précise qu'à l'emplacement correspondant au n° 12 du plan distribué, il n'y a pas de chapelle mais seulement un mur où se voit un grand arc dont on prétend à Fanjeaux qu'il s'agit d'un arc de la nef. En l'absence de plans anciens, seules des fouilles archéologiques permettraient de connaître l'édifice disparu.

    Bruno Tollon voudrait savoir si le maître d’œuvre indiqué pour la reconstruction de 1777 était un maçon ou un architecte et si l'on connaît son origine. Le Père Montagnes répond que l'on ne sait rien à son sujet car la source se limite à une simple mention dans une chronique ; mais on connaît le peintre d'un retable, Pierre Barral, originaire de Mèze.
    Bruno Tollon demande si cette chronique manuscrite a été versée aux Archives départementales. Le Père Montagnes fait le récit de sa découverte du volume dans le bureau du directeur de l'hôpital de Castelnaudary, en ajoutant que ces archives conservées par l'hôpital sont aujourd'hui dans de mauvaises conditions de conservation.

    Abordant les questions diverses, on décide de reporter au printemps la journée foraine à Cahors. On peut ainsi espérer un temps plus favorable pour la visite de la ville et Jean Catalo pourra à ce moment-là présenter à la Société le résultat des fouilles de la cour de l'archidiaconé. Le Président souhaiterait que l'on puisse visiter la salle capitulaire du couvent de la Daurade. Maurice Scellès indique qu'elle est inaccessible, mais qu'il conviendrait de toutes façons de faire une demande auprès de la direction de la maison de retraite.
    Le Président rapporte que l'un de nos confrères l'a prévenu de l'inquiétude qui saisirait le Maire de Toulouse devant la manie de l'Architecte des Bâtiments de France de faire peindre en bleu toutes les menuiseries des fenêtres, en particulier sur la place du Capitole. La Société adressera une lettre à la Mairie pour se démarquer du choix de l'Architecte des Bâtiments de France.

    Puis le Président évoque la démolition des voûtes médiévales du n° 30 rue Saint-Rome. Maurice Scellès indique que Patrice Cabau, qui a réuni un dossier sur l'affaire mais ne pouvait être parmi nous aujourd'hui, se propose de nous en entretenir dès la prochaine séance.
    Bruno Tollon observe que les démolitions ont tendance à s'accélérer avant l'adoption de la réglementation du secteur sauvegardé.

    Louis Peyrusse aborde la question de la publication des procès-verbaux des séances des années 1832 à 1869, qui avait été envisagée. Il souligne l'importance qu'aurait la publication des procès-verbaux anciens autant comme source pour les chercheurs


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que pour montrer le rôle qu'a eu la Société dans la constitution des collections des Musées toulousains, ce qui serait bien venu à un moment où celle-ci est mal considérée. Le Président souscrit au projet mais pense qu'il y a peut-être plus urgent, cette publication pouvant attendre un an ou deux de plus. Il faut donner la priorité à la réalisation du fichier de la bibliothèque.

 

Séance du 4 janvier 1994

Présents : MM. Pradalier, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mmes Blanc-Rouquette, Cazes, MM. Bernet, Bertrand, Blaquière, Cabau, le général Delpoux, Fabre, Gilles, Gillis, Ginesty, Hermet, le Père Montagnes, Péaud-Lenoël, Peyrusse, Prin, l'abbé Rocacher, Roquebert, Tollon.
Excusés : MM. Coppolani, Directeur, Cazes, Secrétaire Général, M. Gérard, Manière.
Invitées: Mmes Ginesty, Miguet.

    Le Président annonce le décès de M. Gratien Leblanc, survenu la semaine dernière, entre les fêtes de Noël et du 1er janvier. Il a représenté la Société Archéologique du Midi de la France aux obsèques. Alors qu'il pouvait se réjouir lors de la dernière séance publique de n'avoir à déplorer aucun décès, le bilan de nos pertes est particulièrement lourd cette année.

    Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 21 décembre dernier, qui est adopté après une correction apportée par le Père Montagnes.
    À propos de la visite prévue à Cahors, Quitterie Cazes fait remarquer que les fouilles conduites par Jean Catalo dans la cour de l'archidiaconé viennent de commencer et devraient se poursuivre au mois de février. Il ne sera pas possible de visiter le chantier après cette date.

    M. Gillis complète notre information quant aux réactions du Maire devant le bleu imposé par l'Architecte des Bâtiments de France. On a sans doute remarqué que l'horloge du Capitole nouvellement repeinte en bleu de Prusse a ainsi été enlevée, et ce, sans doute, grâce à l'action des Toulousains de Toulouse. Et le Maire a pu remercier les associations de l'action qu'elles menaient en faveur du patrimoine toulousain. On insiste sur le fait qu'il faut que les lettres de protestation soient nombreuses. L'Auta a lancé un appel à ses lecteurs. M. Gillis indique encore que la lettre qu'il a adressée au Maire au nom des Toulousains de Toulouse avait un contenu plus général et qu'elle n'a pas été publiée, ajoutant qu'il convient, avant de le faire, d'attendre la réponse. La discussion se poursuit sur le bien-fondé de l'intervention de l'Architecte des Bâtiments de France pour définir la couleur des menuiseries.

    Le Président fait connaître la réponse de Me Goguel qui a demandé des précisions sur la répartition des locaux et les plans. M. Sermet devrait les lui envoyer jeudi prochain. Il semble en tout cas que nous nous acheminions vers l'accord que nous souhaitons. Il est de toute façon nécessaire de déménager dans les délais les plus courts pour ne pas faire courir plus de risques à notre bibliothèque.

    Louis Peyrusse propose l'adoption d'une motion :

« Les membres de la Société Archéologique du Midi de la France
    - tenus régulièrement et complètement informés des longues tractations entre la Mairie de Toulouse et les Académies établies en l'Hôtel d'Assézat par Théodore Ozenne pour l'installation dans ce même hôtel de la Fondation Bemberg,
    - constatant l'extrême longueur de la procédure, le nombre très élevé de réunions ou de commissions où les membres du Bureau ont dû faire respecter les droits de la Société dans l'esprit et la lettre du testament de Théodore Ozenne,
    - expriment leur entier soutien aux démarches entreprises par leurs représentants au sein de l'Union, Henri Pradalier et Guy Ahlsell de Toulza, et saisissent cette occasion pour dire toute leur gratitude à leurs mandataires qui ont fait preuve d'un rare et extrême dévouement. À l'expression de cette gratitude s'ajoutent des félicitations : si les projets actuellement connus sont réalisés, la Société se trouvera au début du XXIe siècle dans des conditions excellentes de travail qu'elle devra à leur parfaite ténacité. »

    Des applaudissements marquent l'adoption de la motion qui sera intégrée au procès-verbal de la séance. Le Président remercie en son nom et au nom de Guy Ahlsell de Toulza les membres de la Société de ce témoignage de gratitude qui les encourage à poursuivre une action qui demande en effet beaucoup de ténacité.

    La parole est alors donnée à MM. Maurice Prin et Bruno Tollon pour la communication du jour consacrée à une Archéologie monumentale du collège de Foix :

    « La découverte d'un plan cadastral du quartier des Cordeliers où sont dessinées une vue du couvent et à côté une vue du collège de Foix (A.D.H.G., Fonds des Dominicains H 112 liasse) vient apporter une confirmation aux observations archéologiques que livre le monument.


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wpe3.jpg (10765 octets) LE COLLÈGE DE FOIX,
dessin à la plume et encre noire sur papier,
détail d'un document postérieur à 1659
(A.D.H.G., Fonds des Dominicains, H. 112).

    Ce collège, fondé le 26 septembre 1457 par le cardinal de Foix, un des hommes d'église des plus importantes du siècle, est quasi intact. Au prix de quelques adjonctions et transformations après 1817 quand il est devenu le siège du couvent de la Compassion. Seule la grande chapelle entamée par l'élargissement de la rue de l'Ormeau (Pargaminières) a disparu (1850). Le monument destiné à 25 boursiers regroupait deux éléments : un ensemble bâtiments à un étage disposés autour d'une cour régulière de 19 m sur 29 m. Les pièces du rez-de-chaussée et les chambres à l'étage sont desservies par une double galerie jadis ouverte. Arcs en tiers-point au rez-de-chaussée et arcs segmentés à l'étage. Le tout en brique bien appareillée. Le plan de Toulouse par Saget, vers 1750, permet de localiser les escaliers en vis placés au sud-ouest et au nord-est. La porte de ce dernier est encore visible dans la galerie orientale. L'architecte du couvent a ajouté un second étage au nord et au sud et construit des escaliers modernes au XIXe siècle.

    Le second élément du collège, que Catel appelle le « grand bâtiment » et qu'un document du XVIIIe siècle désigne comme le « dôme », retiendra davantage l'attention. Il s'élève sur quatre niveaux et sa silhouette est familière dans le paysage urbain du « quartier latin » de Toulouse. Aujourd'hui, une toiture à faible pente et à croupe coiffe l'édifice et englobe les tourelles d'angle qui prennent naissance à mi-hauteur et lui confèrent l'allure d'un logis seigneurial.

    Sa façade nord, qui donne sur le jardin longé par la rue des Lois, permet des observations sur les étapes de sa construction, et en particulier, les transformations subies dans les parties hautes.    

    Sur cette façade, les trois ouvertures du rez-de-chaussée ont été obturées mais les arcs de décharge restent visibles. Au premier étage, six baies en tiers-point sont réunies deux à deux. Elles ont été agrandies vers le bas, du tiers de leur taille primitive, lors de l'aménagement de la chapelle (1817). Le second étage est éclairé par trois fenêtres de pierre à meneaux et traverses et des petits jours de brique. Une trace de reprise est visible à cette hauteur qui correspond pour les tourelles à un niveau à partir duquel leurs maçonneries sont indépendantes. Le troisième étage éclairé par des « mirandes » formait le galetas : à cette étape de la construction, des tourelles, surélevées en même temps, offrent des maçonneries liées aux autres assises des murs de façade.

    Ces indices conduisent à une lecture archéologique confortée par les documents du procès de 1464 quand le « grand incendie » de 1463 imposa des réparations (cf. Raymond Corraze, Jean Constantin maître-maçon toulousain, dans Revue historique de Toulouse, n° 23, 1936, p. 148-176). Les grandes fenêtres à meneau seraient le résultat de ces travaux de réfection, à un moment où le grand comble lui-même dut être repris.
    En effet, l'élément le plus spectaculaire, toujours repris au fil des transformations, était un grand comble en forme de pavillon, dont les solins sont visibles sur le tiers inférieur des tourelles d'angle. Celles-ci avec leur toiture en poivrière, bien visibles sur le document du XVIIe siècle donnait à l'édifice l'allure d'un manoir urbain.

    De telles dispositions étaient logiques pour un édifice sans doute construit, dès l'achat de parcelle de terrain à partir de 1450 et qui aboutissaient, en 1453, à la remise de sommes très importantes à l'architecte Jean Constantin (quittance de 4 000 livres ; cf. Corraze). Sa destination justifiait une allure imposante : 19 m x 9 m pour 20 m de hauteur sans compter le haut comble d'une douzaine de mètres au moins. Le cardinal y logeait à l'étage, dans la salle voûtée (deux croisées d'ogives, une des deux clés y


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wpe4.jpg (36571 octets)

LE COLLÈGE DE FOIX, façade nord du côté du jardin. Vue prise depuis la rue des Lois.

conserve ses armoiries), sa fameuse bibliothèque d'environ 800 volumes ce qui en faisait, après celle des Collèges de Sorbonne et de Navarre à Paris, la troisième bibliothèque publique de France. Eclairée au nord seulement, bien à l'abri des risques d'incendie, elle formait un cadre spacieux pour le travail de lecture (statuts de sa fondation publiés par Saint-Charles, MASIBLT, 1885).
    Avec le rez-de-chaussée servant de « tinel » et chauffé en hiver pour le confort des étudiants (sa cheminée disparue a laissé des traces de ses supports dans la cave voûtée petit côté nord-ouest) et le second étage planchéié aux mêmes dimensions 19 m x 9 m, l'édifice ou « dôme » (une brochure de 1783 parle encore du « vaisseau de la bibliothèque ») et sa haute toiture « à la Guise de France » ou en « pavillon à la française » comme on dira au XVIe siècle, prenait dans le ciel toulousain des allures d'une véritable « livrée » cardinalice.   

wpe6.jpg (18075 octets)

LE COLLÈGE DE FOIX.
Façade est, détail de la tourelle sud-est.
On remarque les éléments du solin qui fournissent des indications sur la pente du haut comble en pavillon qui coiffait l'édifice.

    Cette fondation, à la fois utilitaire et de prestige, peut être comparée à celle du cardinal Albornoz à Bologne1 ; le collège des Espagnols, avec son organisation régulière ses galeries sur quatre côtés, sa bibliothèque au-dessus du porche d'entrée, son appartement des hôtes à l'autre extrémité, du côté de la chapelle, dut sans doute jouer un grand rôle auprès des prélats fondateurs d'institutions universitaires (cf. Le collège de Santa Cruz par le cardinal Pedro Mendoza, archevêque de Tolède, à Valladolid, 1470). Le choix d'une galerie autour d'une cour régulière et sur deux niveaux est inédit à Toulouse en 1450. Quant au « grand bâtiment » sa conception aristocratique et la volonté de retenir pour son allure générale la formule des édifices de la cour de France ses combles aigus comparables à l'édifice de la Grande chambre du Parlement de Toulouse (cf. Maurice Prin et Jean Rocacher, Histoire du Parlement de Toulouse, Privat, 1992) rattachent le collège de Foix aux grandes entreprises du temps.

1. (Cf. Gottfried Kerscher, Palazzi pre renascimentali : la « Roca di Spoleto e il Collegio de Spogna a Bologna », dans Annali di Architettura, n° 3, 199 1, p. 14-25). »


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    Le Président remercie MM. Prin et Tollon de cette communication qui, à partir de la bibliothèque du collège de Foix, nous a fait parcourir l'Europe et ses collèges. L'analyse archéologique du collège de Toulouse suscitera sans doute des questions nombreuses, mais le Président voudrait savoir, auparavant, si l'on connaît la fonction des pièces de l'établissement en dehors de la bibliothèque.
    Bruno Tollon, après avoir indiqué qu'il s'agissait là de la question la plus difficile, précise que l'on possède toutefois un texte assez clair qui donne d'assez nombreux renseignements sur les logements, la cuisine, les latrines, etc. On sait qu'il n'y avait pas dans ces collèges de salle de cours, mais seulement des logements. Par ailleurs, le rez-de-chaussée du bâtiment de la bibliothèque, le tinel, n'était peut-être pas affecté, ainsi que le deuxième étage, éclairé par des croisées, qui n'était en tout cas pas cloisonné.
    Le Président remarque que ce sont là les dispositions de l783, mais que sait-on pour le XVe siècle ? Bruno Tollon pense que les cuisines et les fosses d'aisance n'ont pas dû être déplacées. Maurice Scellès remarque que le tinel, mentionné pour le collège Saint-Raymond à Toulouse ou le collège de Rodez à Cahors, pouvait peut-être avoir une fonction proche de celle de l'aula des demeures, permettant de prendre des repas en commun et de recevoir par exemple. MM. Tollon et Prin notent qu'au collège de Foix la cuisine se trouvait à côté du tinel qui était chauffé par une cheminée. M. Gilles indique que les étudiants, s'ils ne suivaient pas de cours dans les collèges, devaient toutefois assister à des conférences et des examens particuliers qui se faisaient dans le tinel. Il ajoute que la construction du collège de Foix, qui a été précédée par des achats de parcelles dont les détails topographiques sont précisément connus, a fait disparaître l'auditoire où était enseigné le droit civil.

    Un membre demande ce que l'on sait de la dispersion de la bibliothèque et de son état lors de l'achat pour Colbert à la fin du XVIIe siècle. Bruno Tollon répond qu'il ne restait alors que trois cents volumes. Le Père Montagnes fait remarquer qu'avec la multiplication des livres imprimés, les manuscrits, sauf quand ils sont richement enluminés, perdent toute valeur et qu'on n'hésite pas à les vendre ou les brûler. Au collège de Foix, la partie noble de la bibliothèque était peut-être à ce moment-là la salle des livres imprimés. Bruno Tollon indique qu'il est en effet significatif qu'à la Sorbonne on installe la presse dans la grande librairie ; on constate toutefois un intérêt nouveau pour les manuscrits au XVIIe siècle. Mme Blanc-Rouquette partage ce sentiment en indiquant que seuls les plus beaux manuscrits restent prisés par les grands personnages. Le Père Montagnes note encore qu'à Saint-Maximin la bibliothèque ne comporte que quelques imprimés en 1508, mais qu'en revanche un siècle plus tard les manuscrits y sont rares. M. Gilles rappelle que la multiplication des livres imprimés fait que, très vite, on ne sait plus lire les manuscrits, et que souvent, dans une bibliothèque, ce sont les derniers volumes parus qui sont importants.

    Guy Ahlsell de Toulza voudrait savoir si l'on possède des inventaires de la bibliothèque du collège de Foix au XVe siècle, ajoutant que Catel fait fréquemment référence aux manuscrits du collège. Bruno Tollon répond que l'on ne connaît que l'inventaire des livres donnés en 1469 à Peñiscola, celui du fonds avignonnais du cardinal et l'inventaire dressé au moment de l'achat pour Colbert. Comme le fait remarquer M. Gilles, ce n'est que par des notes marginales ou des ex-libris que l'on pourrait essayer de reconstituer ce qu'était le fonds du collège.

    Guy Ahlsell de Toulza voudrait avoir des précisions sur la chronologie de la construction. Bruno Tollon rappelle qu'elle repose en partie sur les transcriptions de textes, incomplètes, dues à Corraze. Une discussion s'engage alors sur les différentes phases que font apparaître les reprises visibles sur le bâtiment. Maurice Scellès se demande s'il ne faut pas admettre un premier état avec un comble ouvert dont les baies auraient été transformées en croisées lors de la surélévation. Bruno Tollon et Maurice Prin ne le croient pas car leurs appuis sont du XVe siècle et sont parfaitement liés à la maçonnerie : le deuxième étage était donc prévu et la première toiture correspond donc à un état provisoire. Le Président demande s'il l'on peut vraiment prendre en compte le dessin schématique qui représente le bâtiment avec un comble à forte pente.
    Maurice Scellès voudrait savoir si l'on connaît la raison de la retraite de maçonnerie que l'on observe entre les premier et second étages, retraite qu'il a également notée dans des bâtiments des XIIIe et XIVe siècles à Cahors sans pouvoir l'expliquer. Bruno Tollon n'a pas de réponse précise, sauf à invoquer peut-être une manière de bâtir.

 

    Patrice Cabau donne des informations sur la disparition récente des voûtes médiévales d'une boutique des environs de 1500 au n° 30 rue Saint-Rome :

    « La rénovation d'un local commercial situé dans le Secteur sauvegardé de Toulouse, au n° 30 de la rue Saint-Rome, vient de provoquer, au mois de novembre 1993, la disparition de vestiges architecturaux de la fin de l'époque gothique.
    Les éléments détruits, ceux d'une salle voûtée sur croisées d'ogives, étaient au rez-de-chaussée d'un immeuble dont les façades occidentale sur rue et orientales sur cour intérieure ont été rebâties au début XVIIIe siècle [et non XIIIe, par erreur dans l'édition originale], et dont le sous-sol est en majeure partie occupé par une cave voûtée en berceau de la fin du XVe siècle ou du commencement du XVIe. La salle disparue avait été construite à cette dernière époque, son mur ouest reposant sur le puissant arc doubleau qui partage la cave en deux travées. Elle se trouvait en arrière d'une première salle, couverte d'un plafond à poutres et solives apparentes, qui s'ouvrait sur la rue par le grand arc en plein cintre de la façade occidentale. À une date relativement récente, lors d'un réaménagement du magasin, les deux salles avaient été réunies par le percement d'une large arcade correspondant au grand arc de façade.

    La salle voûtée, de plan trapézoïdal, longue de près de 7,50 m et large d'un peu moins à un peu plus de 6 m, comprenait deux travées barlongues d'égale largeur, axées Nord-Sud, voûtées sur croisées d'ogives, avec arcs formerets et doubleau médian. Les arcs diagonaux de brique, à la courbe proche du plein cintre et au profil pentagonal, prenaient naissance sur des culots de pierre placés dans les angles de la salle ainsi que sur les faux chapiteaux sommant deux piles semi-cylindriques opposées, engagées dans les murs latéraux nord et sud, qui servaient aussi de support aux retombées du doubleau médian. Les deux clefs de voûte en pierre placées à l'intersection des nervures se trouvaient à 4,50 m environ au-dessus du sol ; elles ne portaient pas de décor.


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wpe3.jpg (12379 octets) TOULOUSE, 30, RUE SAINT-ROME.
Intérieur du magasin en 1993, avant travaux ;
vue prise de l'Ouest.
Cliché Cabinet Laborie.

    Cette salle voûtée, datable des environs de 1500, était comparable à celles existant encore dans les magasins des 22 rue Saint-Rome, 20 rue de la Bourse, 9 rue des Tourneurs et 19 rue Croix-Baragnon, qui furent construites dans le dernier tiers du XVe siècle ou dans le premier quart du XVIe. Elle devait, par ses dispositions, être très semblable à celle détruite entre 1900 et 1920 au 17 rue des Changes : « L'arrière-boutique est fort originale : c'est une salle aux murailles épaisses, coupée par un arc doubleau en deux compartiments barlongs, que couvrent des voûtes à liernes ; cet arc s'appuie sur deux gros fûts cylindriques engagés dans la maçonnerie. À la place du chapiteau, une décoration bizarre : deux enfants nus, allongés horizontalement, tête à tête, de face sur un pilier, de dos sur l'autre. Aux quatre coins de la salle, les nervures retombent sur des colonnes engagées, décorées de têtes d'anges comme chapiteau. Il est étonnant de trouver une aussi puissante voûte dans un espace aussi restreint. » (1).

    Comme celle du 17 rue des Changes, la salle voûtée du 30 rue Saint-Rome correspondait à l'arrière-boutique (botigua) où étaient stockées les marchandises nécessaires à l'ouvroir (operatorium) donnant sur la rue (2), en l'occurrence la principale voie commerçante de la ville. La propriété des locaux commerciaux était souvent distincte de celle des hôtels avec lesquels ils faisaient corps (3) ; concernant ceux de la rue Saint-Rome, l'étude des registres cadastraux devrait permettre de préciser leur statut vis-à-vis des propriétaires de l'immeuble connus pour les XVe et XVIe siècles : les Solaci et les Roguier.

    Les éléments architecturaux disparus en novembre 1993 n'ont été signalés dans aucun des ouvrages publiés sur le Vieux-Toulouse qui font mention du 30 rue Saint-Rome (4) ; ils ne figuraient pas dans l'arrêté du 2 novembre 1979 portant inscription de certaines parties de cet immeuble à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques.


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TOULOUSE, 30, RUE SAINT-ROME. En haut : plan du rez-de-chaussée avant travaux ; limite de cave en trait discontinu.
En bas : coupe du rez-de-chaussée et de la cave avant travaux. Relevés : Cabinet Laborie
.

1. Joseph de MALAFOSSE, Les anciennes maisons de Toulouse, dans Études et notes d'archéologie et d'histoire, Toulouse, 1898, p. 182-183. Voir aussi Jules CHALANDE, Histoire des rues de Toulouse, t. II, Toulouse, 1927, n° 233, p. 55 ; Jules de LAHONDES, Les Monuments de Toulouse, Toulouse, 1920, p. 359 ; Alex COUTET, Toulouse. ville artistique, plaisante et curieuse, Toulouse, 1926, p. 179, 227 ; Robert MESURET, Évocation du Vieux Toulouse, Paris, 1960, p. 332.
2. Cf. Philippe W
OLFF, Commerces et marchands de Toulouse (vers 1350-vers 1450), Paris, 1954, p. 514-515 ; Les " estimes "  toulousaines des XIVe et XVIe siècles, Toulouse, 1956, p. 56, n. 8.
3. Philippe W
OLFF, Op. cit., 1956, p. 56.
4. Jules C
HALANDE 1927, n° 326, p. 270 ; n° 332, p. 281-282 ; Paul MESPLÉ, Vieux hôtels de Toulouse, Toulouse, 1948, p. 152 ; Robert MESURET, 1960, p. 331 ; Jean ROCACHER, Découvrir Toulouse, 1, Le quartier du Capitole, Privat, Toulouse, 1987, p. 30. »

    Patrice Cabau fait également circuler l'article que Christian Maillebiau a consacré à l'affaire dans Le Toulousain Infos du 15 au 31 décembre 1993, sous le titre Crime de lèse-patrimoine.
   
Guy Ahlsell de Toulza donne lecture d'une délibération du conseil municipal de 1986 adoptant le périmètre du secteur sauvegardé. Bruno Tollon et Maurice Scellès pensent que ce texte ne définit que le périmètre et n'est pas le document, qui doit être accompagné d'un plan précis immeuble par immeuble, qui donnerait force de règlement au secteur sauvegardé. Il aurait

wpe3.jpg (8095 octets)

TOULOUSE, 30, RUE SAINT-ROME.
Démontage de l'une des voûtes en novembre 1993 ;
la croisée d'ogives est encore en place.
Cliché Cabinet Laborie.


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été répondu à un journaliste que le règlement de secteur sauvegardé de Toulouse avait été adopté. Bruno Tollon et Maurice Scellès en doutent ; ils relèvent en outre que si le règlement n'a pas encore été adopté, alors le propriétaire de l'immeuble n'avait pas à déposer une déclaration pour des travaux intérieurs ne concernant pas une partie protégée au titre des Monuments historiques.
    Pour Guy Ahlsell de Toulza, la démarche est de toutes façons frauduleuse : non seulement le propriétaire n'a demandé aucune autorisation alors qu'il savait que le bâtiment était inscrit à l'Inventaire supplémentaire, mais il a même signé une décharge pour l'architecte, preuve qu'il se considérait en faute. Cette démolition est d'autant plus grave qu'elle porte sur des éléments rarement conservés à Toulouse et qu'elle est spectaculaire. Il faut que les services officiels interviennent.
    À ce propos, on indique que les services de l'État semblent préférer l'attente à toute action.

 

Séance du 25 janvier 1994

Présents : MM. Pradalier, Président, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire Général, Scellès, Secrétaire-adjoint; Mmes Blanc-Rouquette, Cazes, MM. Bertrand, Cabau, le général Delpoux, Gilles, Gillis, Hermet, le Père Montagnes, Péaud-Lenoël, Peyrusse, Prin, l'abbé Rocacher.
Excusés: M. Ahlsell de Toulza, Trésorier, MM. Gérard, Manière.

 

    Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance précédente, qui est adopté après une correction demandée par Pascal Bertrand. 

    Puis le Président rend compte de l'Assemblée générale de l'Union des Six Académies et Sociétés savantes de l'Hôtel d'Assézat et de Clémence Isaure.
    Après un rappel de l'évolution des rapports entre l'Union, la Ville et la Fondation depuis l'assemblée générale de l'année dernière, on s'est attardé sur deux points particuliers :
    - tout d'abord, la question de l'accès au deuxième étage par le grand escalier et de la porte de la Société Archéologique. M. Sermet adressera dès demain une lettre au Maire et à Me Goguel en y joignant les plans qui prouvent que le sas entre le palier et la porte de la Société Archéologique était prévu. Nos arguments sont solides mais nous ne pouvons pas encore considérer que l'affaire est vraiment réglée ;
    - on a en outre constaté que les travaux actuels menaçaient l'hôtel d'Assézat. Le bâtiment donne des signes de désordres importants. (Les membres peuvent effectivement constater dans la salle de l'Académie des Sciences où se tient la séance que les vantaux des portes sont décalés d'une dizaine de centimètres, que la cloison elle-même est décollée du plancher et que la corniche est fendue ... ).
    Il a été décidé de prendre contact immédiatement avec la Conservation régionale des Monuments Historiques et l'Inspecteur des Monuments Historiques. Le Conservateur régional des Monuments Historiques, Mme Tomasin, a été surpris, ce qui laisse penser que les architectes n'ont pas transmis l'information.
    Le Président donne lecture de la lettre que M. Sermet a adressée au Maire pour attirer son attention sur l'état de l'hôtel. Il ajoute que les services municipaux ont d'ores et déjà interdit que la prochaine séance publique de l'Académie des Jeux Floraux se tienne dans ses salons de l'étage, et que nous risquons nous-mêmes d'être empêchés de tenir nos séances dans l'hôtel pour raison de sécurité. Nous pouvons en tout cas nous féliciter que le déménagement de notre bibliothèque soit achevé.
    Louis Peyrusse pense qu'il faut alerter l'Inspection Générale des Monuments Historiques et la Direction du Patrimoine.
    Le Général Delpoux indique qu'il a fait toute une série d'observations sur l'état du bâtiment et qu'il a écrit une lettre à ce propos à M. de la Tour d'Auvergne. Il ajoute que pour M. Bonrepos, les mouvements actuels du plancher ne sont pas dus aux travaux en cours, ce qu'il ne croit pas pour sa part.
    Quitterie Cazes demande s'il ne faut pas pousser plus avant l'enquête. Le plus grave serait que l'édifice risque l'effondrement. Ne faut-il pas commander une expertise ?
    Le Président rappelle que l'extrémité de l'aile gauche, sur la rue de l'Écharpe, a déjà connu des problèmes de stabilité. Mais cette partie est en fait un ajout (la reprise de la construction se voit très bien aujourd'hui à l'intérieur, après l'enlèvement des enduits) qui, selon M. Voinchet, a été fait sans fondation, et les mouvements qui ont lieu dans le reste de l'édifice sont d'une autre nature.
    Louis Peyrusse souligne que c'est le traitement d'ensemble de l'édifice qui est en cause, et pas seulement les désordres qui seraient provoqués par les travaux. Il est anormal qu'un édifice classé Monument Historique soit traité de la sorte, sans plus de précaution, et que des éléments anciens soient démolis au lieu d'être restaurés. Le Président indique qu'il demandera à M. Sermet d'écrire à ce sujet à l'Inspection générale et à la Direction du Patrimoine. Louis Peyrusse pense qu'il faudrait également informer les associations de défense du patrimoine.


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    Patrice Cabau informe la Société de l'effondrement d'une partie de la maison de la Charité, fondée en 1703. Les bâtiments du XVIIIe siècle se trouvent derrière la place Dupuy. L'effondrement d'une aile a sans aucun doute été provoqué par l'aménagement en cours de l'îlot situé entre la halle aux grains et le canal.

    Le Président donne ensuite la parole à Patrice Cabau pour une communication consacrée à L'acquisition de l'emplacement de la Halle de la Pierre par les comtes de Toulouse en 1203.

    Le Président remercie Patrice Cabau de cette longue communication très complète qui apporte nombre de renseignements sur des bourgeois toulousains des XIIe et XIIIe siècles, et dont le principal intérêt est de localiser avec précision les terrains acquis pour agrandir la place.
    M. Gilles remarque que les actes cités sont de parfaits exemples du droit coutumier qui est appliqué à Toulouse en particulier et plus généralement dans le Midi. Les textes comportent en effet de nombreux éléments qui sont des hérésies par rapport au droit romain. Il rappelle que le système de sous-inféodation est général en France et que le droit coutumier est contraire à l'adage selon lequel « cens sur cens ne vaut ».

    Daniel Cazes demande si l'étude a permis de préciser l'origine de l'appellation « de la pierre » ou du nom de la rue Peyras. Patrice Cabau indique que la rue Peyras est mentionnée au début du XIIIe siècle, et que l'on trouve l'expression « ad Payranos » en 1218 et « itur versus Payras » en 1310 ; il ne croit pas que l'origine étymologique en soit petra, mais ne voit pas quelle elle peut être.
    M. Péaud-Lenoël demande si l'on connaît d'autres exemples de mesures-étalons en pierre. Plusieurs membres en donnent des exemples, mais on précise qu'elles sont souvent du XIXe siècle.

    M. Latour donne des informations sur le déménagement de la bibliothèque qui, pour les ouvrages les plus nécessaires qui ont été transférés à l'Institut d'Études Méridionales, est désormais accessible tous les mardis. Au nom de la Société, le Président félicite Louis Latour du travail considérable qu'il a effectué pour que notre bibliothèque soit le plus rapidement possible consultable. Daniel Cazes ajoute que les ouvrages les plus précieux qui avaient été transportés au Musée Saint-Raymond peuvent être consultés à la Bibliothèque du Musée tous les jours de 9 h à 17 h.

 

Séance du 1er février 1994

Présents : MM. Pradalier, Président, Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire Général, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mmes Cazes, Noé-Dufour, MM. Bernet, Boudet, Cabau, le général Delpoux, Péaud-Lenoël, Peyrusse, l'abbé Rocacher, Tollon.
Excusés: Mmes Colin, Merlet-Bagnéris, MM. Gérard, Manière.

 

    Le Secrétaire Général demande aux membres de la Société d'excuser l'absence, au cours des dernières séances, de comptes rendus des publications reçues. Notre déménagement a posé quelques difficultés d'organisation. Un compte-rendu général sera présenté lors d'une prochaine séance.

    Le Président donne la parole au Trésorier pour le compte-rendu financier. Le bilan financier est approuvé à l'unanimité des membres présents et il est donné quitus au Trésorier.

    Il est ensuite procédé aux élections statutaires. Le Président, le Secrétaire Général et le Bibliothécaire-archiviste sont réélus. Le Président remercie les membres de leur confiance et rappelle le travail considérable qui a été réalisé par Louis Latour à l'occasion du déménagement de la Bibliothèque.

    Le Président donne lecture de la lettre que M. Sermet a adressée au Maire à propos de la porte de la future salle des séances de la Société. Le courrier a été envoyé hier et nous n'avons donc pas encore de réponse. Le Président croit savoir que l'architecte M. O'Byrne n'est plus trop opposé à cette porte. Les principales difficultés seraient d'ordre juridique. La question est discutée par Me Goguel et Me Viala.

    À propos de l'état de l'hôtel d'Assézat, le Président indique qu'il a rencontré ce matin Mme Tomasin, Conservateur régional des Monuments Historiques. Celle-ci lui a fait savoir que, d'après les architectes, les désordres constatés ne seraient pas dus à un affaissement du plancher du 1er étage mais à une remontée de celui du 2e étage, consécutive au déménagement des vingt-deux tonnes de livres de notre Société. Par ailleurs, l'envoi des différents courriers que M. Sermet devait adresser à l'Inspection Générale, au Directeur du Patrimoine, au Directeur Régional des Affaires Culturelles etc. a été retardé de façon à pouvoir y joindre le rapport détaillé du général Delpoux. Celui-ci explique qu'en effet, à la demande de Me Viala, il a rédigé un rapport sur l'état de l'hôtel et les désordres que l'on y constate aujourd'hui. Ses observations sont en désaccord avec l'explication avancée par Mme Tomasin. Après en avoir présenté une analyse pour les membres, il conclut en indiquant qu'il a demandé que des témoins soient posés le plus rapidement possible afin de voir si le bâtiment est stabilisé.


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    Guy Ahlsell de Toulza demande si l'on connaît la cause du démontage et du remontage des deux croisées de la façade sur la rue de l'Écharpe. Il ajoute par ailleurs que les traces de reprises visibles à l'intérieur montrent que la baie de la dernière travée ouest à été modifiée, une bâtarde dont on voit le petit arc segmentaire au-dessus de la fenêtre actuelle ayant été transformée à une époque indéterminée en croisée. À ce propos, on ne comprend pas que les tableaux de l'embrasure de cette fenêtre aient été en grande partie refaits ces dernières semaines avec des joints au ciment et l'on s'étonne que l'on ait réalisé un linteau en béton pour couvrir l'embrasure.

    Louis Peyrusse pense que l'Union devrait prendre l'initiative d'une contre-expertise de l'état de l'hôtel. Plusieurs membres soutiennent cette idée. Le Président conclut en indiquant qu'il va proposer à M. Sermet de faire réaliser une expertise par le bureau d'études Veritas.
    Bruno Tollon fait observer que l'explication, discutable, donnée par Mme Tomasin ne concerne que l'aile droite de l'hôtel d'Assézat. Les désordres de la cage d'escalier ont, eux, été provoqués par les percées réalisées au cours de l'été 1993 pour permettre le passage des engins de chantier à travers le premier sous-sol.
    Il annonce qu'au titre de membre de la commission supérieure des Monuments Historiques, il a préparé un courrier pour le Directeur du Patrimoine, Mme de Saint-Pulgent, par lequel il ne traite pas des désordres actuels de l'édifice mais attire l'attention sur la conduite du chantier. Il faut en effet remarquer que l'étude préalable de l'architecte en chef montre que celui-ci ne s'est pas rendu compte que les cuisines du premier sous-sol comportaient nombre d'éléments de l'aménagement du XVIe siècle. Le dossier d'enquête préalable présente d'ailleurs de bonnes photographies en couleurs mais qui ne sont pas légendées. Bruno Tollon rappelle qu'au XIXe siècle les espaces de services ont été abandonnés et sont depuis restés en l'état. On a donc détruit des aménagements importants de l'hôtel d'Assézat, importants autant pour la compréhension des dispositions de l'hôtel que pour leur intérêt ethnologique, alors que ces éléments auraient dû être protégés par le classement de l'ensemble de l'édifice au titre des Monuments historiques : un four à pâtisserie a été démoli ainsi que des fours secondaires de la cuisine, un porte-jarre a été déplacé, une cheminée du XVIe siècle a été démontée et remontée dans une autre salle qui était justement une salle froide ; au niveau du rez-de-chaussée surélevé, les vestiges d'une cheminée d'origine ont été entièrement détruits... Il faut ajouter à ces démolitions la brutalité des travaux en cours : on n'hésite pas ouvrir des brèches dans les murs du premier sous-sol, à entailler les maçonneries, à placer un linteau de béton...
    Le général Delpoux indique qu'il fera des photographies de l'hôtel d'Assézat et des travaux en cours samedi prochain.

    Par ailleurs, la date de la séance publique est définitivement fixée au samedi 16 avril.

 

    Louis Latour donne lecture d'une note de Gabriel Manière sur Une nouvelle découverte archéologique gallo-romaine à Lafitte-Vigordane :

    « Le secteur que nous couvrions dans nos recherches archéologiques, sous la direction du regretté professeur Michel Labrousse, comportait Lafitte-Vigordane avec la voie romaine de Toulouse à Saint-Bertrand-de-Comminges et à Dax que nous avons étudiée et sur laquelle nous avions fait quelques découvertes de monnaies antiques avec Hugues de Coral, gendre de la famille de Rémusat.
    Le contexte antique se retrouvait aussi sous le cimetière et alentour avec l'observation de témoins mobiliers épars.

    La découverte, le 16 novembre dernier, de l'existence d'une salle pavée en mosaïque lors de la remise en culture d'une terre contiguë au cimetière vient confirmer l'importance et la valeur archéologique du lieu qui s'appela historiquement Notre-Dame de Quérillac avec une chapelle aujourd'hui disparue. Elle a succédé, dans son implantation, à un site antique assurant la pérennité d'occupation. Elle reste, en cela, dans la logique du processus chronologique qui recouvre les sites antiques, tel celui voisin du Bantaray à Cazères-Saint-Cizy qui en est un exemple type avec nécropole, implantation paléo-chrétienne et église-baptistère sur un grand fundus gallo-romain en bordure de la voie antique.
    La parcelle de Lafitte-Vigordane fera l'objet de recherches régulières dans l'été 1994 sous la conduite d'une archéologue professionnelle du Service régional de l'archéologie, Mme Christine Dieulafait, dans la période estivale inter-cultures de deux mois environ.
    Cette découverte se situe en bordure nord de la voie romaine : Item ab aquis Tabellicis Tolosam entre wess 457,8 (Aquis Siccis Cazères-Saint-Cizy) et wess 458,3 (Vernosole-Lavernose). »

    Louis Latour présente ensuite une fenêtre géminée découverte à l'occasion de travaux réalisés à l'église Saint-Paul d'Auterive. Elle se trouve sur un bâtiment en partie conservé seulement qui n'est séparé de l'église que par un espace étroit. La datation de cette fenêtre pourrait être un repère pour dater la reconstruction de l'église. Les arcs de la baie, entièrement bâtie en brique, sont outrepassés et légèrement brisés. Le chapiteau présente une corbeille ornée d'animaux et un tailloir solidaire où court une tige ondulante. Arcs et piédroits ne sont pas chanfreinés. Les briques ont en moyenne une longueur de 38 cm pour une largeur de 24 cm et une épaisseur de 4,5 cm ; la baie devait avoir une largeur d'environ 1,20 m. Maurice Scellès remarque que ce chapiteau appartient à un groupe d’œuvres bien connu, constitué de nombreux chapiteaux d'édifices civils de la région toulousaine, que l'on date habituellement de la première moitié du XIIIe siècle. Autant que le chapiteau, la forme des arcs montre que cette architecture relève de l'aire d'influence de Toulouse. Il semble en effet qu'il soit possible de cerner, autour de certaines


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LAFFITE-VIGORDANE (Haute-Garonne), découverte d'une mosaïque gallo-romaine. Cliché Gabriel Manière.

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AUTERIVE (Haute-Garonne). Vestiges d'une fenêtre géminée de la première moitié du XIIIe siècle. Cliché Louis Latour.

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AUTERIVE (Haute-Garonne). Vestiges d'une fenêtre géminée, détail du chapiteau. Cliché Louis Latour.


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cités médiévales, des zones (s'agit-il véritablement d'« aires d'influence » ?) où prévalent des techniques de construction et des décors particuliers. La fenêtre d'Auterive apporte en tout cas un jalon supplémentaire pour la diffusion des manières de bâtir en usage à Toulouse.


2e partie
Séances du 15 février 1994 au 7 juin 1994
3e partie
Séances du 21 juin 1994 au 25 juin 1994