Société Archéologique  du Midi de la France
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couverture T. 59

Mémoires
de la Société Archéologique
du Midi de la France

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Tome LIX (1999)


BULLETIN DE L'ANNÉE ACADÉMIQUE
1998-1999

établi par Patrice CABAU & Maurice SCELLÈS  


  Cette édition électronique respecte la mise en page de l'édition imprimée (Bulletin de l'année académique 1998-1999, dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. LIX, 1999) dont nous indiquons la pagination. Certaines illustrations en noir et blanc ont cependant été remplacées par des illustrations en couleur.  En outre, quelques illustrations supplémentaires qui figuraient dans la pré-publication électronique ont été maintenues : elles sont toujours clairement signalées. 


1ère partie
Séances du 20 octobre 1998 au 2 février 1999
2e partie
Séances du 23 février 1999 au 6 avril 1999
3e partie
Séances du 27 avril 1999 au 1er juin 1999

M.S.A.M.F., t. LIX, p. 249

 

SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1998

Présents : MM. Peyrusse, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire Général, Scellès, Secrétaire-adjoint ; MM. l’abbé Baccrabère, Cabau, Hermet, le Père Montagnes, Péaud-Lenoël, Pradalier, l’abbé Rocacher, membres titulaires ; Mmes Blanc-Rouquette, Delaplace, Fraïsse, Jimenez, Pousthomis-Dalle, Pujalte, Yvonnet-Nouviale, MM. Burroni, Ginesty, Laffont, Manuel, Séraphin, Testard, membres correspondants.
Excusés : M. Coppolani, Directeur, Mmes Labrousse, Napoléone, Watin-Grandchamp, MM. Cranga, Manière.
Invitée : Mme Beaudrix.

 

    Le Président ouvre l’année académique en souhaitant qu’elle soit fructueuse et riche de nouveaux chantiers. Il rappelle cependant que notre Compagnie a été endeuillée par le décès, survenu au cœur de l’été, de Paul Ourliac, et, à l’automne, par celui de Gabriel Bernet.
    Le Président retrace à grands traits la carrière de Paul Ourliac dont l’Académie de Législation, l’Académie des Jeux Floraux et l’Institut de France feront l’éloge mieux que nous ne pourrions le faire. Puis il évoque la personnalité de Gabriel Bernet, qui assistait avec assiduité à nos séances, et que nous sommes nombreux à avoir côtoyé. Notre Société peut s’honorer de rassembler des membres aussi différents qui en font toute la richesse.

    Le Président commente la lettre d’appel à la générosité de chacun qui a été jointe à la dernière convocation, exprimant son souhait d’être entendu par les membres de notre Compagnie. Les mutations que nous connaissons aujourd’hui demandent des équipements qui doivent être réalisés à nos frais sous peine de limiter notre indépendance. L’histoire de notre Société montre qu’une trésorerie saine est la meilleure garantie de son indépendance et de son autorité morale.
    M. Marcel Durliat a été le premier à répondre à l’invitation, en déclarant apprécier la rénovation menée par notre Société. Le Président dit qu’il proposera que soit publiée la liste des souscripteurs, et il demande aux membres présents de s’inscrire pour un don ou une promesse de don sur la feuille qu’il met en circulation.

    Poursuivant le compte rendu de la réunion de Bureau, le Président souligne que le nouveau calendrier des séances est transitoire : si la première séance a été avancée de quinze jours cette année, la prochaine rentrée académique se fera dès la première semaine d’octobre. Par ailleurs, la séance publique se tiendra au mois de février.
    Les nouveaux statuts seront débattus et votés en janvier. Il ne s’agit pas de remettre en cause le caractère académique de notre Société, mais d’en faire évoluer le modus vivendi afin de répondre mieux aux bonnes volontés qui en font la vitalité.

    Le Président rend compte de la correspondance manuscrite. Notre confrère Robert Manuel offre l’Hommage à Charles Portal (1862-1936), archiviste du Tarn, historien et protecteur de Cordes, édité à l’occasion de l’exposition présentée à Cordes du 11 septembre au 3 décembre 1998.
    Mlle Priscilla Malagutti nous adresse pour le prochain concours son mémoire de maîtrise, Buzet-sur-Tarn, étude monumentale, présenté en septembre à l’Université de Toulouse-Le Mirail.

    Le Président donne alors la parole au Secrétaire-adjoint pour la lecture des procès-verbaux des séances des 9 et 23 juin derniers, qui sont adoptés.
    En l’absence du Directeur, le Secrétaire-adjoint fait circuler parmi la Compagnie la correspondance imprimée : invitations, annonces de colloques, catalogues d’éditeurs…

    Le Président souhaite la bienvenue à Mme Yvonnet-Nouviale, nouvellement élue membre correspondant et qui s’est jointe à nous pour cette première séance de rentrée, et à Mme Beaudrix, auteur d’un mémoire de maîtrise sur l’église Saint-Martin de Moissac et à ce titre invitée à assister à la communication du jour.

    La parole est à Chantal Fraïsse pour sa communication sur Les bâtiments conventuels de l’ancienne abbaye de Moissac, publiée dans ce volume (t. LIX, 1999) de nos Mémoires.


M.S.A.M.F., t. LIX, p. 250

    Le Président remercie Chantal Fraïsse de cette redécouverte des bâtiments conventuels de l’ancienne abbaye de Moissac que l’on a, en effet, trop souvent pris l’habitude de réduire à l’église abbatiale et à son cloître. L’évolution de l’ensemble du site et les changements successifs de fonction des bâtiments multiplient les difficultés d’identification et ne facilitent pas la restitution des différents états de l’abbaye. Dans la topographie de l’ensemble, que représente le fort dénivelé existant entre le cloître et la partie nord ? Chantal Fraïsse pense que la construction de la voie ferrée a contribué à l’accentuer.

    À propos de la chapelle Saint-Julien, Patrice Cabau suggère de corriger, dans les transcriptions de la chronique d’Aymeric de Peyrac, cuncta, qui n’a pas de sens, par condita ou constructa. La consultation du fragment le plus ancien de la chronique pourrait être utile.

    Maurice Scellès souligne tout l’intérêt de l’enquête réalisée : Chantal Fraïsse a dressé un état de des connaissances dont le préalable était nécessaire à toute étude archéologique des bâtiments conventuels de Moissac. Les fouilles des années 1980, autour du clocher-porche, auraient pu ne pas être aussi strictement limitées aux travaux d’aménagement et faire l’objet d’une programmation plus ambitieuse si les questions avaient été alors mieux posées.

    Le Président demande si le dessin des bâtiments nord que donne Beaumesnil paraît plausible. Chantal Fraïsse rappelle que l’étude critique de Beaumesnil est toujours délicate, ses dessins ou ses descriptions pouvant être d’une rigoureuse exactitude ou être au contraire de pures élucubrations. Répondant à Henri Pradalier, elle confirme que la chronique d’Aymeric de Peyrac parle de travaux très importants effectués sous l’abbatiat de Bertrand de Montaigut.

    Évoquant les descriptions des mortiers, Gilles Séraphin voudrait savoir si les mêmes grains de granit noir se retrouvent dans les joints des arcs à trois tores de la chapelle Saint-Ferréol qui, pour Henri Pradalier, pourraient en effet appartenir au XIIIe siècle. Chantal Fraïsse dit qu’il n’a pas encore été possible de les analyser. Maurice Scellès fait remarquer qu’il est cependant surprenant de trouver au XIIIe siècle un appareil intégrant de très nombreux remplois, comme c’est le cas pour les gros contreforts de la galerie est du cloître, contemporains du voûtement de la chapelle Saint-Ferréol.

    Anne-Laure Napoléone confirme que toute une série de chapiteaux, réputés provenir du palais abbatial de Moissac, doit être datée du XIIIe siècle. Chantal Fraïsse précise toutefois que ces œuvres font partie des nombreux éléments récoltés à la fin du XIXe siècle par la Société des Amis du Vieux Moissac ou le général Belbèze, un peu partout dans la ville et sans que les provenances exactes soient aujourd’hui connues.

    Nelly Pousthomis-Dalle demande s’il est possible de cerner l’étendue initiale de l’enclos abbatial. L’existence de la « rue de l’abbaye » est curieuse, et les galeries mentionnées ont probablement été ajoutées au gré des besoins. Pour Chantal Fraïsse, il est actuellement impossible de déterminer plus précisément l’enclos abbatial.

 

SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1998

Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire Général, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mme Pradalier-Schlumberger, MM. Cabau, Hermet, le Père Montagnes, Pradalier, Tollon, membres titulaires ; Mmes Napoléone, Pousthomis-Dalle, Pujalte, Stutz, Yvonnet-Nouviale, M. Testard, membres correspondants.
Excusés : Mmes Cazes, Delaplace, Labrousse, MM. le général Delpoux, Manière, l’abbé Rocacher, de Saint-Blanquat.
Invité : M. Yvonnet.

     Le Président rend compte de la correspondance manuscrite. L’abbé Jean Rocacher, qui joint à sa lettre un don à notre Société, nous fait part d’une très bonne nouvelle en nous annonçant qu’il vient de recevoir le titre de prélat de Sa Sainteté. Bien que notre confrère se juge indigne d’un tel honneur, le Président se félicite d’un titre qui honore justement l’homme, l’enseignant et le prêtre.
    Notre doyen d’élection, M. Odon de Saint-Blanquat regrette que son grand âge et son éloignement ne lui permettent plus de participer à nos séances. En envoyant un don pour contribuer à l’acquisition des outils dont notre Société a besoin, il adresse à la Compagnie ses meilleurs vœux pour cette nouvelle année de travail.
    Au nom du Maire de Toulouse, Christine Aribaud nous fait part d’une invitation pour l’inauguration, le 12 novembre à 17 h, de l’exposition Soieries en Sacristie : fastes liturgiques, XVIIe-XVIIIe. Le Président rappelle que notre consœur nous présentera l’exposition lors de la séance du 1er décembre, qui se tiendra au Musée Paul-Dupuy.

    Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 20 novembre dernier, adopté après quelques modifications.
    Patrice Cabau indique qu’à l’issue de la séance, il a consulté la chronique d’Aymeric de Peyrac, arrivant à la conclusion que « cuncta » était probablement une appellation de la chapelle Saint-Julien. Il a eu l’occasion de s’en entretenir avec Chantal Fraïsse.

    Le Directeur présente la correspondance imprimée : il attire plus particulièrement l’attention sur le Congrès international d’Histoire des Pyrénées qui se tiendra à Gérone les 11-13 novembre prochains, et sur l’Assemblée générale de l’Union des centres d’études transpyrénéens.
    Henri Pradalier présente son rapport sur la candidature au titre de membre correspondant de Mme Marie-Laure Wessel. Le Président propose alors d’élire MM. Odon de Saint-Blanquat et Marcel Durliat membres d’honneur de notre Société. Mme Marie-Laure Wessel est élue membre correspondant, et MM. Odon de Saint-Blanquat et Marcel Durliat sont élus membres d’honneur.


M.S.A.M.F., t. LIX, p. 251

    La parole est à Valérie Yvonnet-Nouviale pour sa communication, À propos de quelques chapiteaux romans de Saint-Caprais d’Agen : influences croisées de Toulouse et de Moissac, publiée dans ce volume (t. LIX, 1999) de nos Mémoires.

    Le Président remercie Valérie Yvonnet-Nouviale pour cet exposé qui nous a présenté une lecture formelle d’une incroyable minutie, mais dont les conclusions prudentes laissent un peu perplexe. On peut considérer que Saint-Caprais d’Agen prend assez logiquement place dans le rayonnement de l’atelier de Gilduin de Toulouse vers l’Aquitaine et l’outremont. Valérie Yvonnet-Nouviale souligne que l’épannelage des chapiteaux du cloître du Moissac est en pyramide renversée et que la structure à deux ou trois couronnes de « saillies » provient en revanche de Saint-Sernin, mais les dates d’activité des deux ateliers sont suffisamment proches pour justifier la prudence.

    En se défendant de tout iconoclasme, Daniel Cazes s’inquiète de l’authenticité des chapiteaux de Saint-Caprais, certes empâtés par de multiples couches de peinture, mais dont l’aspect suscite quelques doutes, alors même que l’on sait que l’église a fait l’objet de deux grandes campagnes de restauration au XIXe siècle. À Saint-Michel de Gaillac, Guy Ahlsell de Toulza et lui-même ont dû renoncer à décider de l’authenticité de certains chapiteaux. Valérie Yvonnet-Nouviale rappelle que l’on a longtemps suspecté à tort les sculptures de Lescar, et Nelly Pousthomis-Dalle et M. Scellès renchérissent en évoquant Nogaro et l’ancien hôtel de ville de Saint-Antonin. Michèle Pradalier-Schlumberger souligne cependant qu’à Saint-Michel de Gaillac, le doute est accru par des thèmes iconographiques inhabituels. Valérie Yvonnet-Nouviale reconnaît cependant que les archives n’apportent pas de précisions sur les parties refaites à Saint-Caprais. Le doute qui subsiste justifie encore la prudence qu’il faut mettre dans l’analyse stylistique de ces œuvres.
    Henri Pradalier remarque que le thème de l’Assomption serait impossible au début du XIIe siècle (mais il pourrait aussi s’agir d’une représentation de sainte Foy), mais surtout qu’on ne peut s’empêcher de penser, devant ce chapiteau comme devant celui du Christ bénissant sainte Foy et saint Caprais, à des œuvres du XIXe siècle, mêlant dans un bel éclectisme des traits du style du maître de la porte des Comtes, du linteau de Miégeville et des éléments empruntés à l’art de Gilabertus, comme le nimbe rayonnant. L’aspect de la mandorle fait également problème. Louis Peyrusse note que le premier chapiteau se trouve à l’entrée de la chapelle sud, qui a été très remaniée au XIXe siècle.
    En réponse à une question du Président, Valérie Yvonnet-Nouviale fait remarquer que dans ce réseau d’influence que révèlent les œuvres, l’intérêt des chapiteaux de Saint-Caprais d’Agen est de modifier l’approche que l’on peut avoir des rapports entre les chantiers de Moissac et de Saint-Sernin de Toulouse. Maurice Scellès doute qu’il soit pertinent de poser la question de l’antériorité de l’un ou de l’autre. Pour Valérie Yvonnet-Nouviale, les emprunts à Moissac que révèlent les tailloirs de Saint-Caprais passent par celui des tribunes de Saint-Sernin, avec en particulier un dessin des anges assez proche, et le chapiteau historié le plus moissagais montre néanmoins un style qui évoque surtout les œuvres de l’église toulousaine.
    Henri Pradalier rappelle qu’on pourrait rapprocher la période d’activité de Gilduin à Saint-Sernin de celle du maître de la porte des Comtes. La table d’autel consacrée en 1096 pourrait avoir été réalisée plusieurs années auparavant comme le prouvent d’autres exemples. Nelly Pousthomis-Dalle indique que des travaux récents ont d’ailleurs permis la découverte à Conques d’une inscription de dédicace datée de 1100.

     Maurice Scellès s’étonne ne pas avoir entendu parler une seule fois de « feuille d’acanthe » à propos de ces chapiteaux dérivés du corinthien, et note que l’évolution du motif est bien connue, en particulier sur des œuvres de la fin de l’Antiquité où les folioles extérieurs se détachent pour se recombiner en une petite feuille indépendante entre les feuilles principales. Regrettant, par exemple, le recours au terme de « saillie » qui lui paraît impropre, il se demande si l’analyse ne pêche pas par excès de formalisme. Valérie Yvonnet-Nouviale explique qu’il est bien difficile de conserver le vocabulaire du chapiteau classique lorsque ne subsiste plus que l’ébauche de la feuille, sur laquelle se développe un décor végétal indépendant.
    Henri Pradalier évoque les travaux en cours et demande si des fouilles sont prévues. Valérie Yvonnet-Nouviale indique qu’il est prévu de couler une dalle mais ne croit pas que des fouilles aient été programmées.

 

    Au titre des questions diverses, on évoque la présentation des vestiges du rempart romain dans le nouveau Théâtre de la cité, que l’on vient d’inaugurer à grand bruit. Les membres qui ne l’ont encore fait sont invités à visiter le hall, aisément accessible, où se trouvent les vestiges.
    Une section de courtine qui s’achève sur le cercle d’une tour apparaît dans la fosse de la buvette, à la manière d’une banquette de bar dont le plateau serait revêtu d’un joli carrelage de brique. Au-dessus du ressaut de fondation en galets laissé apparent, les parties manquantes ont été soigneusement refaites afin d’avoir un mur bien net, bien propre ; une brèche permet cependant d’entrer dans la « tour » dont le sol est carrelé. Ainsi « mis en valeur », ce moignon d’enceinte, amputé pendant l’été 1996 d’une trentaine de mètres de courtine (M.S.A.M.F., t. LVI, p. 327-328), avec sa « tour » coincée sous les gradins du théâtre, n’a plus de sens, et n’évoque en rien le grand monument dont on prétend avoir sauvegardé un vestige.
    Or, l’emplacement de la tour et le tracé de la courtine étaient parfaitement connus : ils sont d’ailleurs représentés sur le plan publié à l’occasion de l’exposition du Musée Saint-Raymond, Palladia Tolosa, en 1988, à partir du plan numérique des services de l’urbanisme de la Ville de Toulouse. On confirme en outre que le cahier des charges de l’architecte demandait la conservation et la mise en valeur de l’enceinte romaine.
    Plusieurs questions se posent donc. Pourquoi a-t-on autorisé la destruction de trente mètres de la courtine ? Qui a donné l’autorisation de démolir ? La protection au titre des Monuments historiques a-t-elle seulement été envisagée ? Qui a choisi le parti de « mise en valeur » ? Quel a été le contrôle sur la « restauration » et la « mise en valeur » des vestiges, et par qui a-t-il été effectué ? Comment peut-on à la fois réaliser la crypte archéologique de Saint-Pierre-des-Cuisines et faire exactement son


M.S.A.M.F., t. LIX, p. 252

contraire dans une autre opération de prestige, en dénaturant ainsi l’un des témoins les plus importants des origines romaines de la ville ?

 

SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1998

Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire Général, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mme Pradalier-Schlumberger, MM. le général Delpoux, Gilles, Hermet, Pradalier, Mgr Rocacher, membres titulaires ; Mmes Blanc-Rouquette, Napoléone, Pujalte, MM. Burroni, Manuel, Testard, membres correspondants.
Excusés : Mme Cazes, le Père Montagnes.

     Le Président fait part des remerciements adressés par notre confrère Mgr Jean Rocacher, à la suite des félicitations que nous lui avions exprimées pour sa nomination au titre de Prélat de Sa Sainteté. Puis il demande à la Compagnie de bien vouloir excuser l’absence du Père Montagnes, retenu à Rome par un colloque.
    Marcel Durliat nous écrit pour nous dire combien il a été touché d’être compté parmi les membres d’honneur de notre Société, à laquelle il est très attaché et dont il suit toujours les travaux avec attention.
    Enfin, par courrier électronique, M. Jean-Claude Wagner nous demande des informations sur le statut juridique des vallées d’Andorre : Henri Pradalier a déjà apporté une réponse en signalant la thèse de Bertrand Bélinguier.

    Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 3 novembre dernier, qui est adopté.
    Puis le Directeur présente la correspondance imprimée, avec en particulier la dernière livraison de S.F.A. Actualités.

    La parole est alors à l’abbé Baccrabère pour une communication sur La céramique toulousaine des XVIe et XVIIe siècles dans l’ancien quartier des Pénitents blancs, publiée dans ce volume (t. LIX, 1999) de nos Mémoires


Planches non publiées dans le Bulletin.

CÉRAMIQUES À FORMES OUVERTES : Assiettes, coupe, assiette, écuelles. Cliché Q. Cazes et M. Scellès.

CÉRAMIQUES DE TYPE FERMÉ : Albarelles, pique-fleurs, biberon, coquemar.
Cliché Q. Cazes et M. Scellès.


 

    Le Président remercie l’abbé Baccrabère de cette communication au cours de laquelle toutes les céramiques étudiées ont circulé parmi l’assemblée qui a ainsi pu les examiner à loisir, nous rappelant d’ailleurs ce que furent souvent les séances des débuts de la Société archéologique. Puis le Président demande si les rapprochements qui peuvent être faits entre les monogrammes, des céramiques découvertes à ceux des pierres tombales ou d’autres pièces semblables, sont suffisants pour préciser la chronologie. L’abbé Baccrabère répond qu’ils confirment plutôt une datation de la seconde moitié du XVIe siècle qu’indiquent les comparaisons que permettent les céramiques de Cox. Mais la chronologie proposée s’appuie également sur nombre d’observations personnelles et sur toute une bibliographie. À propos des formes atypiques ou rares comme le porte-repas et le pot-pourri, le Président demande s’il faut considérer qu’il s’agit d’objets de référence. L’abbé Baccrabère indique qu’il ne connaît pas de pièces véritablement comparables, peut-être, d’ailleurs, parce que nombre de fouilles récentes n’ont pas été publiées. Remarquant que le « pot-pourri » ne s’ouvre pas, et qu’il serait donc difficile d’en retirer les pétales, le Président suggère qu’il puisse s’agir d’une forme grossière d’aspersoir. Pour Guy Ahlsell de Toulza, il faut également songer à un pique-fleur, comme on en voit par exemple dans certaines représentations italiennes de l’Annonciation.

    Mgr Jean Rocacher voudrait avoir des précisions sur l’environnement de la découverte et sur l’ancienneté de la fosse qui contenait les céramiques. L’abbé Baccrabère indique que la fosse, sans doute une fosse d’aisance, était tapissée de brique ; elle était remplie de poteries dont un tiers au plus a été recueilli. La fosse se trouvait un peu à l’ouest de la place des Pénitents-blancs, sur l’emplacement actuel de la promenade des Capitouls. Daniel Cazes, Mgr Rocacher, M. Manuel donnent des précisions sur le quartier avant sa démolition. Daniel Cazes note qu’il serait intéressant de savoir si ces céramiques provenaient de la série de maisons qui se trouvaient le long de la place ou au contraire d’un hôtel aristocratique qui pourrait être l’Hôtel d’Hautpoul ou de la cour de l’Hôtel de Lupe. L’abbé Baccrabère indique que le plan de situation est à l’échelle et qu’il serait donc possible de situer exactement l’emplacement de la fosse sur le plan du quartier avant démolition.

    Guy Ahlsell de Toulza dit son accord avec les datations proposées et remarque que les terres claires employées se rapprochent de celles de Cox. Il faudrait pouvoir préciser les lieux de fabrication qu’il s’agisse de Toulouse même ou de ses environs, ou de productions plus lointaines. Deux groupes d’études constitués autour de notre confrère Jean-Michel Lassure se consacrent à ces poteries et il est probable que l’on en sache un peu plus dans quelques années. Ramenant l’attention sur les pièces marquées du monogramme IHS, il demande s’il faut considérer qu’elles pouvaient avoir une fonction liturgique ou d’offrande. Mgr Jean Rocacher rappelle que le symbole est devenu si populaire que son utilisation comme motif décoratif a été très générale.

    Guy Ahlsell de Toulza et l’abbé Baccrabère relèvent à quel point cette céramique n’intéressait pas les services archéologiques dans les années 1970 : la richesse des pièces présentées ne donne probablement qu’une petite idée de ce qui a été perdu.
    M. Gilles se demande s’il ne serait pas intéressant de vérifier s’il existe des concordances entre les contenances des récipients et les mesures de capacité. Le général Delpoux remarque que la fleur de lys un peu écrasée rappelle des formes du milieu du XVIIe siècle, alors que la fleur est plus élancée avant cette date.

    Le Président rappelle que la prochaine séance se tiendra au Musée Paul-Dupuy, où Christine Aribaud nous présentera l’exposition Soieries en sacristie. Il rappelle également que le cycle de conférences des mardis de l’Hôtel d’Assézat commencera mardi prochain à 17 h 30, et se déroulera salle du Sénéchal pendant toute la durée des travaux en cours à l’Hôtel d’Assézat.


M.S.A.M.F., t. LIX, p. 253

    Au titre des questions diverses, le Secrétaire-adjoint donne quelques informations sur le site Internet et ses développements en cours. Quatre années du Bulletin sont disponibles et font l’objet d’un index thématique, Anne-Laure Napoléone a commencé le classement et la numérisation du fonds de photographies anciennes de la Société, les articles des derniers volumes des Mémoires, pour lesquels on dispose déjà d’une version numérique, seront progressivement publiés sur le site… Enfin, l’Académie des Sciences, avec laquelle nous sommes associés dans ce projet, vient d’ouvrir son propre site.

 

SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 1998

Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire Général, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mmes Labrousse, Merlet-Bagnéris, Noé-Dufour, Pradalier-Schlumberger, MM. l’abbé Baccrabère, le Père Montagnes, Nayrolles, Pradalier, Tollon, membres titulaires ; Mmes Aribaud, Blanc-Rouquette, Delaplace, Gloriès, Jimenez, Napoléone, Pousthomis-Dalle, Pujalte, Suau, MM. Burroni, Cranga, Manuel, Testard, membres correspondants.
Excusée : Mme Cazes.
Invitée : Mlle Caroline Guibaud.

    La séance se tient au Musée Paul-Dupuy. Elle est consacrée à la présentation de l'exposition Soieries en sacristie. Fastes liturgiques, XVIIe-XVIIIe siècles.

   Après un mot de bienvenue, M. Jean Penent, conservateur du musée Paul-Dupuy, rappelle les liens étroits entre la paramentique, le musée Paul-Dupuy et la Société Archéologique, qui fut en possession de l'un des joyaux textiles du musée, le devant d'autel brodé de 1320.
    Le Président remercie vivement le conservateur du privilège de visiter l'exposition un mardi et félicite M. Penent de savoir accueillir des chercheurs qui voient leur travail universitaire concrétisé par des expositions. Il donne la parole à Christine Aribaud, commissaire scientifique de l'exposition, à laquelle on doit le catalogue publié à cette occasion (Christine Aribaud, Soieries en sacristie. Fastes liturgiques, XVIIe-XVIIIe siècles.- Toulouse-Paris : Musée Paul Dupuy-Somogy, 1998, 200 p., 250 ill. coul.) :

    « Cette exposition a pour but de monter les plus beaux vêtements liturgiques des XVIIe et XVIIIe siècles de la région toulousaine. Elle résulte d'une longue recherche qui aboutit à une thèse de Doctorat d'Histoire de l'Art. L'exposition évoque la plupart des problèmes posés par ce mobilier liturgique, méconnu et en péril actuellement.    

   Au début du XVIIe siècle, les églises de Toulouse et de sa région sont dans un état pitoyable, et le mobilier liturgique est insuffisant. Parallèlement, le concile de Toulouse de 1590 se fait l'écho du concile de Trente et, tout en renforçant le rôle de la célébration eucharistique, impose la qualité, l'usage et la quantité du mobilier nécessaire. C'est à cette date que l'on peut relever les premiers enregistrements de maîtrises de brodeurs à Toulouse. Les brodeurs ont la charge de confectionner les ornements pour la région en fonction des canons liturgiques, et compte tenu des moyens de leurs clients.
    Au début du XVIIe siècle, les brodeurs utilisent des étoffes venues d'Italie, bien que Toulouse soit dotée d'une manufacture de soierie depuis 1543. Ces étoffes sont les plus prestigieuses, et Mgr Bruno Ruade, évêque de Saint-Lizier, commande en 1635 à Manaud Troy, brodeur toulousain, maître depuis 1606, une chapelle dont on présente aujourd'hui le voile de calice, brodé sur un taffetas venant de la ville de Gênes.

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SAINT-BERTRAND-DE-COMMINGES, PARTIE DE CHASUBLE, détail :
damas de soie bicolore, Italie, vers 1600
Cliché C. Aribaud.


M.S.A.M.F., t. LIX, p. 254    

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AUCH, ANCIEN SÉMINAIRE, CHASUBLE, dos :
satin liseré, broché, soie, France, Lyon ? vers 1645.
Cliché C. Aribaud.

   Les religieuses pratiquent également le double travail de broderie et de montage des ornements. Le couvent des Carmélites de Lectoure a prêté de somptueux ornements entièrement brodés au milieu du XVIIe siècle, d'une grande qualité technique et d'une fantaisie décorative qui puise sa source dans les recueils de botanique. La broderie est aussi illustrée par un travail des Augustines de Lisle-sur-Tarn et des pièces du XVIIIe siècle, tel un devant d'autel de la basilique Saint-Sernin, brodé de fleurs sur fond de satin ivoire, ou une chasuble taillée dans un satin rouge brodé de branches fleuries dans le goût chinois, provenant de la cathédrale Saint-Étienne. 

    Les paroisses rurales n'ont pas toujours les moyens de s'offrir des pièces aussi prestigieuses, et bon nombre de stratagèmes sont déployés pour alléger les dépenses.
    Ainsi peut-on constater l'utilisation qui est faite d'étoffes bon marché, de soie et de lin mêlés, comme la brocatelle (chape de la cathédrale d'Auch), ou la soie et le coton mêlé comme la damassade de Nîmes. On constate également que l'on peut faire de la récupération, du réemploi, témoin le devant d'autel de Montpézat-de-Quercy, taillé dans une robe de femme de velours de soie brodé de la fin du XVIe siècle. C'est aussi le cas de la plupart des robes de statues de la Vierge, composées de très nombreuses chutes d'étoffes précieuses, comme en témoigne l'exceptionnelle collection du musée Paul-Dupuy. On peut également trouver des ornements liturgiques brodés sur les deux faces, qui sont alors réversibles. Il suffisait de trois chasubles dont deux bicolores pour pouvoir user des cinq couleurs liturgiques. Parfois, on pouvait démonter de vieux ornements, les donner à teindre, et les remonter avec des galons neufs.

    Malgré ces restrictions financières, il n'en demeure pas moins vrai que les paroisses de la région se sont dotées, dès le XVIIe siècle, de productions textiles parfois prestigieuses. Comme aux XVIIe et XVIIIe siècles, on ne peut se procurer d'étoffes à sujets religieux, et l’on a recours aux soieries de mode. On retrouve le damas « à la palme » créé à Gênes vers 1689, sur une chasuble de Montaigut-sur-Save, un autre dont le motif fut créé par Daniel Marot. À la même date, ces deux damas couvraient les murs du palais royal de Madrid et de celui d’Hampton Court en Angleterre...
    Pendant longtemps, les soieries italiennes furent empreintes de thèmes moyen-orientaux. Vers 1690, en rupture avec ces vieux motifs, sont produites les étoffes dites « bizarres » employées pour au moins cinq des ornements présentés. À partir du début du XVIIIe siècle, Lyon devient un centre international de production et les soieries de mode : fleurs, dentelles, chinoiseries, fourrures, rayures… couvrent les célébrants. La chasublerie est à la pointe des modes, comme branche spéciale des arts appliqués.
    Il faut attendre la fin du XVIIIe siècle, sous l’effet conjugué d'une perte de débouchés pour les soyeux lyonnais et d'une Église qui se veut plus triomphante, pour que Lyon et Tours commencent à produire des tissus d'église. Des mises en carte datées entre 1770 et 1800 sont présentées. Cette production devient une véritable industrie au XIXe siècle. »

    Christine Aribaud conclut en dénonçant les périls qui menacent ces ornements : destruction par négligence ou volonté délibérée, tout en soulignant que bon nombre de services s'en occupent, comme la Conservation des A.0.A., l'Inventaire, le service des Monuments Historiques, les commissions d'art sacré... Mais ne faudrait-il pas imaginer des dépôts, destinés aux ornements qui ne sont pas en sécurité dans leurs paroisses ?

    De nombreuses questions ont été posées au cours de la visite. Guy Ahlsell de Toulza demande si les chasubles portent toujours à l’origine un décor de galons. Christine Aribaud répond par l’affirmative en indiquant qu’ils rappellent les orfrois et permettent également de masquer les coutures. Elle confirme à Henri Pradalier que les galons de nombreux ornements ont été remplacés au XIXe siècle. Jean Nayrolles ayant demandé si le motif de la croix dorsale était imposé, Christine Aribaud précise qu’il s’agit d’une tradition française qui ne se retrouve ni en Italie ni en Espagne. Répondant à Maurice Scellès, elle indique que le tissage à la forme, pratiqué dès le milieu du XVIIIe siècle, permet la production de pièces prêtes à être assemblées et dont les motifs sont prévus en fonction des découpes.


M.S.A.M.F., t. LIX, p. 255  

    Le Président remercie Christine Aribaud pour sa présentation très vivante d’une exposition qui évoque brillamment le luxe des siècles passés.
    Il rappelle à la Compagnie que la séance publique de l’Académie des Sciences se tiendra le 6 décembre prochain à 16 h à la salle du Sénéchal. Le Président annonce enfin la parution du livre de Michèle Pradalier-Schlumberger, Toulouse et le Languedoc : La sculpture gothique XIIIe-XIVe siècles, qui sera présenté mardi 2 décembre à 18 h à la librairie Ombres Blanches.

 

SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1998

Présents : MM. Peyrusse, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire Général, Scellès, Secrétaire-adjoint ; MM. l’abbé Baccrabère, Cabau, Hermet, Pradalier, membres titulaires ; Mmes Jimenez, Napoléone, Pousthomis-Dalle, Pujalte, Suau, Tollon, MM. Cranga, Manuel, Salvan-Guillotin, Testard, membres correspondants.
Excusés : M. Coppolani, Directeur, Mmes Cazes, Pradalier-Schlumberger, le Père Montagnes, Mgr Rocacher, M. Tollon.
Invités : M. Exertier, Premier président de la Cour d’appel, Mme d’Esparbès-Serny, M. Ignacio, Substituts du procureur général, M. Remplon, Procureur général honoraire.

    Le Président dit tout le plaisir que nous avons à accueillir M. le Premier président de la Cour d’appel, ainsi que Mme et M. les Substituts du procureur général. Puis il souhaite la bienvenue à Marie-Laure Fronton-Wessel, nouvellement élue membre correspondant et qui prend séance en nous entretenant ce soir des découvertes faites au palais de Justice de Toulouse.

    Le Président rend compte de la correspondance manuscrite. Par une lettre aussi élégante qu’émouvante, notre confrère M. Odon de Saint-Blanquat remercie la Compagnie de l’avoir promu au rang de membre d’honneur. Jean Lartigaut joint à sa cotisation un don destiné aux acquisitions des équipements dont a besoin notre Société. Enfin, M. Henri Molet nous adresse sa candidature au titre de membre correspondant : Quitterie Cazes est chargée du rapport.

    Le Secrétaire-adjoint donne lecture des procès-verbaux des séances des 17 novembre et 1er décembre derniers, qui sont adoptés.
    Le Président rappelle que les journées d’études « Les textiles et le sacré : usage et ravaudages », organisée par l’Association Française pour l’Étude du Textile, se tiendront au Musée Paul-Dupuy les 21-23 janvier prochains.

 

    La parole est alors à Marie-Laure Fronton-Wessel pour une communication sur la Découverte d’un plafond peint médiéval dans la grand’chambre de la Cour d’appel de Toulouse, publiée dans ce volume (t. LIX, 1999) de nos Mémoires.


Planches non publiées dans le Bulletin.

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AIS D'ENTREVOUS DU PLAFOND DE LA GRAND'CHAMBRE
DE LA COUR D'APPEL DE TOULOUSE.


     Le Président remercie l’oratrice et se félicite de la découverte de ce plafond, qui s’inscrit dans le renouveau des études consacrées au Parlement au cours de ces dernières années. Il remarque que le décor de cet édifice de premier plan ne se démarque pas vraiment de celui des riches demeures bourgeoises. Marie-Laure Fronton-Wessel en convient tout en rappelant que nous n’en connaissons pour l’instant que les quelques fragments qui sont réapparus dans les sondages. Elle ajoute que ce qui est exceptionnel, c’est tout d’abord la surface considérable du plafond ; c’est ensuite sa structure à caissons et fausses solives. Olivier Testard ajoute que certaines des poutres sont en fait les entraits des fermes. La charpente serait donc à chevrons formant fermes, espacés d’à peu près un mètre. Marie-Laure Fronton-Wessel précise à Guy Ahlsell de Toulza que l’ensemble est en sapin.
    Henri Pradalier relève que c’est donc sur la structure même du plafond plus que sur son décor que l'on a fait porter l’effort. Il note cependant qu’un décor héraldique existe avec les fleurs de lys, et il s’accorde avec Maurice Scellès pour considérer que les représentations d’animaux ou de monstres, au dessin très vif, sont loin d’être médiocres et témoignent d’un sens certain du naturel. Il faut en outre tenir compte de la hauteur où se trouvaient ces ais d’entrevous.

    Maurice Scellès s’étant inquiété d’éventuels décors peints sur les murs, Marie-Laure Fronton-Wessel et le Premier Président, M. Exertier, confirment que les sondages n’ont fait apparaître aucune trace de décors pouvant appartenir aux états les plus anciens. On s’accorde cependant pour considérer que les sondages, par définition ponctuels, n’excluent pas que quelque vestige soit conservé ici ou là. Daniel Cazes rappelle que Pierre de Gorsse avait lui-même vu, à l’occasion de travaux, les K de Karolus aujourd’hui remplacés par les R de République. Il semble qu’aucune photographie n’en soit toutefois connue. Maurice Scellès insiste sur le fait que le plafond fait partie d’un bâtiment qui doit être traité comme un tout.

    Louis Peyrusse attire l’attention sur le parti de restauration et demande ce qu’il adviendra des décors du XIXe siècle. Marie-Laure Fronton-Wessel répond que l’un des projets est de remettre au jour la plus grande partie du plafond médiéval, en conservant toutefois les corniches du XIXe siècle derrière lesquelles seraient effectués quelques sondages complémentaires.
    M. Exertier indique que les premiers sondages laissaient prévoir que le plafond était entièrement peint et que la deuxième campagne, réalisée en septembre dernier, a montré qu’il était possible de le restituer dans son entier.
    Il y a bien sûr une question d’argent. Dans un premier temps, la rénovation de la grand’salle avait été délibérément laissée de côté pour des raisons budgétaires. Il fallait en outre que ce travail de recherche soit achevé, et il est alors apparu qu’il n’était pas possible de ne pas prendre en compte dans la rénovation du palais de justice ce qui en constituait historiquement le point de départ. La restauration de la grand’chambre et de son mobilier est aujourd’hui évaluée entre 3,5 et 5 millions de francs, ce qui ne représenterait pas une part extraordinaire sur les 350 millions de francs prévus pour l’ensemble des travaux.
    Répondant à Henri Pradalier, M. Exertier précise que la grand’chambre n’est pas classée au titre des Monuments historiques et que les travaux sont dirigés par l’administration centrale du ministère de la Justice.


M.S.A.M.F., t. LIX, p. 256  

    Maurice Scellès pense qu’un ensemble pareil justifie un traitement qui permettre de lui rendre toutes ses dimensions. Il s’étonne qu’on tergiverse aujourd’hui devant un monument aussi exceptionnel, en voulant absolument intégrer des modifications secondaires au détriment de l’important. L’argument de précaution qui a conduit à préconiser le maintien des états successifs en évitant les reconstitutions abusives se retourne aujourd’hui contre les édifices. L’exemple récent du théâtre de la Cité, où l’on a voulu conserver des bouts de tout sans prendre la mesure de l’essentiel (dans ce cas le rempart romain), montre les limites d’une telle démarche. On rêverait de retrouver la grand’chambre et son plafond dans leur étendue initiale.
    M. Exertier fait remarquer que cette belle plaidoirie ne prend en compte ni les questions de mobilier, ni les témoins successifs de l’histoire du lieu. M. Remplon se souvient, pour l’avoir fréquentée, d’une salle triste au décor lourd et serait favorable à une restauration qui permettrait à la grand’chambre de retrouver quelque allure.
    Henri Pradalier témoigne que le Service des Monuments historiques a pu se rendre compte à Saint-Lizier des difficultés qu’engendre le maintien sans choix des états successifs : on obtient souvent un patchwork où rien ne ressort.

    Le Président pensait que le ministère de la Justice menait une réflexion sur le décor des salles d’audience. Il lui paraît en tout cas tout à fait possible de restaurer le plafond médiéval en optant pour un traitement contemporain des murs. Pour M. Exertier, le parti devra être pris en regard de l’ensemble de la restructuration du palais de Justice, et en particulier en tenant compte de la succession des points de vue qui, depuis la nouvelle entrée sur les allées Jules-Guesde, aboutit aux arcs de la grand’chambre, dont la mise en valeur devra donc être prise en considération. Il ajoute que les travaux ont été confiés à M. Prunet, architecte en chef des Monuments historiques.

    Guy Ahlsell de Toulza s’étonne que l’on ne dispose d’aucune iconographie permettant de connaître les états anciens, comme à Montpellier par exemple. M. Remplon confirme que les recherches de Maurice Prin et Jean Rocacher sont restées vaines de ce point de vue. Le seul document connu est un dessin d’audience de Soulié.
    Guy Ahlsell de Toulza évoque les tissus bleus fleurdelisés reconstitués à Reims, qui pourraient donner des idées pour la grand’chambre de Toulouse. Marie-Laure Fronton-Wessel rappelle que les descriptions de Garipuy font état de tapisseries sur les murs.

    Guy Ahlsell de Toulza demande si quelque chose a été fait pour les deux plafonds du XVIIe siècle. M. Exertier indique que le salon d’Hercule et le salon doré se dégradent considérablement, en particulier sous l’effet du chauffage central, mais que leur restauration n’est pas d’actualité.
    Guy Ahlsell de Toulza voudrait encore savoir si les colonnes prévues sur les allées Jules-Guesde seront néo-classiques ou contemporaines. M. Exertier dit qu’il s’agit en fait de piliers en béton, de forme tout à fait contemporaine, et qui ne rappellent en rien ce qui a été fait à Lyon ou Bordeaux.

    Le Président clôt cette longue discussion en souhaitant une issue heureuse pour la restauration de la grand’chambre et de son plafond.

 

SÉANCE DU 5 JANVIER 1999

Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mme Pradalier-Schlumberger, MM. Cabau, Hermet, le Père Montagnes, Nayrolles, Pradalier, Mgr Rocacher, MM. Roquebert, Tollon, membres titulaires ; Mmes Fronton-Wessel, Jimenez, Napoléone, Pujalte, MM. Gillis, Manuel, Testard, membres correspondants.
Excusés : M. Cazes, Secrétaire Général, Mmes Blanc-Rouquette, Cazes, M. Manière.

     Le Président présente à la Compagnie ses meilleurs vœux pour la nouvelle année, en souhaitant qu’elle soit aussi fructueuse que l’année écoulée, dont le nouveau volume des Mémoires, tout juste livré, apporte témoignage. Le Président se félicite de la qualité du volume, et se dit séduit également par son éclectisme qui nous mène de saint Exupère aux plans d’urbanisme de Toulouse au XXe siècle. Deux regrets cependant : la qualité des illustrations n’est pas à la hauteur de celle de la mise en page et de l’imprimerie, et le Président demande aux membres de faire un effort pour fournir des photographies et des documents de meilleure qualité. On aimerait encore que le Bulletin soit plus riche de découvertes et d’informations diverses. Le Président ne doute pas que nous parvenions à améliorer encore notre publication.

     Puis le Président rend compte de la correspondance manuscrite. Nous avons reçu les vœux de notre confère le général Delpoux, retenu à Paris, ceux de M. Pierre Izard, Président du Conseil Général de la Haute-Garonne, et ceux de M. Julien Andrès, Maire-adjoint de Toulouse.

    Le Directeur présente la correspondance imprimée, avec en particulier le programme des conférences du Musée Saint-Raymond.

    L’ordre du jour appelle ensuite l’élection de membres titulaires. Sur proposition du Bureau, Christine Delaplace, Anne-Laure Napoléone et Nelly Pousthomis-Dalle sont élues membres titulaires.

    La parole est alors à Louis Latour pour une communication consacrée à des Recherches campanaires : La cloche ancienne d’Auterive et la cloche disparue de Beaumont-sur-Lèze, publiée dans ce volume (t. LIX, 1999) de nos Mémoires.

    Le Président remercie Louis Latour pour cette communication qui témoigne des progrès constants des études campanaires. Le XIXe siècle a été leur âge d’or, mais les préoccupations de la nouvelle histoire leur apportent un autre intérêt comme à toutes


M.S.A.M.F., t. LIX, p. 257  

les études de détail. Le Président voudrait savoir s’il faut conclure que les deux cloches ont été fondues par le même atelier. C’est sans doute le cas des deux cloches d’Auterive et de Beaumont-sur-Lèze, mais Louis Latour précise que le même poinçon a pu être utilisé par plusieurs ateliers. Mgr Jean Rocacher évoque d’éventuelles matrices en pierre dure qui pouvaient circuler et dont on pouvait tirer plusieurs épreuves.
    Henri Pradalier se demande quelle valeur religieuse accorder à ces scènes disposées sans ordre, comme au petit bonheur la chance ; le fondeur n’avait probablement qu’une médiocre connaissance de l’histoire sainte et utilisait un répertoire courant dont les images se retrouvaient partout. Pour Bruno Tollon et Mgr Jean Rocacher, les scènes représentées n’ont guère d’importance en elles-mêmes alors qu’il s’agit surtout de sacraliser le bronze. Henri Pradalier note cependant tout l’intérêt qu’elles peuvent présenter pour connaître la persistance de certains modèles iconographiques.

    Louis Latour, Guy Ahlsell de Toulza et Henri Pradalier évoquent les vertus prophylactiques et apotropaïques des cloches, auxquelles on avait recours pour éloigner l’orage, la grêle, voire pour lutter contre les miasmes. Louis Latour rappelle que des articles des débuts de notre Société montrent encore de grands débats sur la réalité de l’efficacité des cloches.
    Répondant à Guy Ahlsell de Toulza, Louis Latour précise que chaque scène est représentée deux ou trois fois sur la cloche d’Auterive.

 

    Au titre des questions diverses, Maurice Scellès signale un velours de soie aux lions affrontés, conservé par le département des arts islamiques du Musée du Louvre (AOR 1941-104) et dont la notice est consultable sur Internet, tout à fait identique à celui qui est actuellement présenté dans l’exposition Soiries en sacristie du Musée Paul-Dupuy. Ce tissu s’ajoute à la liste que connaissait déjà Christine Aribaud, qui précise que l’on en connaît avec des velours de différentes couleurs.

    Sont ensuite présentées quelques diapositives d’immeubles construits depuis une vingtaine d’années dans le centre ancien de Toulouse, correspondant au périmètre du secteur sauvegardé. Les deux premières permettent de se rendre compte du traitement qui a été réservé à une petite façade en brique, ornée de terres cuites moulées dans le style des années 1830, à l’angle de la rue d’Embarthe et de la place Saint-Julien : balustres des garde-corps de fenêtres enlevés tandis que les tableaux sont couverts de PVC blanc, fenêtres du rez-de-chaussée transformées en une succession de portes étroites. Une vue d’ensemble permet de juger de l’intégration de la façade « conservée » dans le nouvel immeuble… Est-ce pour la dénaturer qu’il a été décidé de maintenir cette façade ?
    La promenade se poursuit avec d’autres photographies : gymnase du Lycée Saint-Sernin et élévations néo-classiques de l’« hôtel Renneville », rue Jules-Chalande, construits par l’ancien architecte des Bâtiments de France Bernard Calley à la fin des années 1970 ; façade post-moderne rue des Couteliers, à deux pas de l’église de la Dalbade, dans les années 1980 ; immeubles bas imitant les constructions banales du XIXe siècle, place des Tiercerettes ; traitement en glace sans tain de la liaison entre deux maisons de la rue du Taur, au début des années 1990 ; enfin, les façades de deux immeubles construits au cours de l’été 1998, l’un rue des Salenques, l’autre rue de la Chaîne.


Planche non publiée dans le Bulletin.

        rue du Taur   TOULOUSE, RUE DU TAUR, début des années 1990.


    En dehors de toute considération esthétique, il apparaît que le « style » des édifices reconstruits dans le centre ancien varie considérablement d’un immeuble à l’autre, sans qu’apparaisse aucune justification. Seul semble régner l’arbitraire de l’architecte des Bâtiments de France, et son goût personnel, dont on ne voit pas bien pourquoi il devrait prévaloir. Il faut encore préciser que l’architecte des Bâtiments de France n’est pas tenu de motiver ses avis.
    Un membre rappelle que l’un des architectes des Bâtiments de France de Toulouse s’est lui-même félicité dans la presse « des pouvoirs régaliens » qu’il exerçait. L’expression est à la mode mais elle est dans ce cas abusive : plus simplement, la loi organise un pouvoir discrétionnaire qui confine à l’arbitraire.

    Pour certains, les choix esthétiques des constructions neuves devraient relever du Maire, responsable devant les électeurs, et non d’un fonctionnaire livré à lui-même et contre lequel ne peut être exercé aucun recours. Il semble d’ailleurs que la question soit actuellement prise en compte, puisque, selon des rumeurs, il pourrait être fait appel des décisions des architectes des Bâtiments de France devant les commissions qui devraient prochainement remplacer les actuelles COREPHAE (Commission régionale du patrimoine historique, archéologique et ethnologique).

    Un membre ajoute une anecdote qui illustre un peu plus, et avec quel ridicule, l’arbitraire de l’architecte des Bâtiments de France : en raison de la co-visibilité avec le rempart du faubourg, il vient de donner un avis favorable à la pose de barreaux sur les fenêtres d’un rez-de-chaussée, boulevard Lascrosses, à la condition de la suppression du motif de losange prévu par le dessin initial… Un tel sérieux confond : en face de Compans-Caffarelli et du Palais des Congrès, à cinquante mètres de la Cité administrative, à cent mètres de l’École de Commerce… Monsieur l’architecte des Bâtiments de France n’aime pas les losanges ? Il serait peut-être plus important qu’il agisse auprès de sa propre administration pour que soit restauré le rempart de la place Duportal. La Ville de Toulouse a récemment aménagé un jardin là où il n’y avait qu’un terrain vague, mais la muraille qui relève de la Cité administrative est dans un état lamentable.

    Une dernière diapositive vient clore la séance : elle montre le portail de la Dalbade, dont la restauration est tout juste achevée. Il est constaté que les statuettes, dont notre Compagnie s’est déjà inquiétée, n’ont pas encore été replacées dans leurs niches, probablement pour des raisons de programmation du chantier.


M.S.A.M.F., t. LIX, p. 258  

rue d'Embarthe, avant travaux

TOULOUSE, RUE D'EMBARTHE, façade du XIXe siècle, état en 1986.

rue d'Embarthe, hiver 1998

TOULOUSE, RUE D'EMBARTHE, façade du XIXe siècle, état en 1999.

rue d'Embarthe, hiver 1998

TOULOUSE, RUE D'EMBARTHE-PLACE SAINT-JULIEN, la façade du XIXe siècle « intégrée » dans le nouvel immeuble.

 


 

M.S.A.M.F., t. LIX, p. 259  

gymnase du Lycée Saint-Sernin

TOULOUSE, GYMNASE DU LYCÉE SAINT-SERNIN, construit à la fin des années 1970.

rue Jules-Chalande

TOULOUSE, RUE JULES-CHALANDE, « HÔTEL RENNEVILLE », construit à la fin des années 1970.

rue des Couteliers

TOULOUSE, RUE DES COUTELIERS, façade construite dans les années 1980.

 


M.S.A.M.F., t. LIX, p. 260  

place des Tiercerettes

TOULOUSE, PLACE DES TIERCERETTES, immeubles construits au début des années 1990.

rue des Salenques

TOULOUSE, RUE DES SALENQUES, immeuble construit en 1998.

rue de la Chaîne

TOULOUSE, RUE DE LA CHAÎNE, immeuble construit en 1998.

 


M.S.A.M.F., t. LIX, p. 261  

 

SÉANCE DU 19 JANVIER 1999

Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cazes, Secrétaire Général, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mmes Napoléone, Pradalier-Schlumberger, MM. Cabau, Hermet, le Père Montagnes, Pradalier, Mgr Rocacher, MM. Roquebert, membres titulaires ; Mmes Blanc-Rouquette, Jimenez, MM. Gillis, Manuel, Testard, membres correspondants.
Excusés : Mmes Cazes, Fronton-Wessel, Pujalte, MM. Manière, Tollon.

 

    Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 5 janvier dernier, qui est adopté. Louis Latour transmet à la Compagnie les meilleurs vœux de notre confrère Gabriel Manière.
    Le Président rend compte de la correspondance manuscrite. Nous avons en particulier reçu pour le concours le mémoire de maîtrise que Mme Dany Couget-Rullier a consacré à l’église Notre-Dame de l’Assomption de Grenade-sur-Garonne.
    Par ailleurs, Mme Blanc-Rouquette et le général Delpoux représenteront la Société à la messe qui sera célébrée en souvenir de Paul Ourliac.

    La parole est au Trésorier pour le bilan financier de l'année écoulée. Le Président apporte quelques précisions sur les dépenses et recettes et dresse la liste des investissements à réaliser. À l’unanimité, la Compagnie donne quitus au Trésorier et elle le félicite pour sa bonne gestion.
    Le Président présente le bilan de l’activité de la Société au cours de l’année 1998. Puis il est procédé aux élections statutaires. Le Président dit n’accepter le retrait de M. Jean Coppolani qu’à la condition que celui-ci nous fasse l’honneur d’agréer le titre de Directeur honoraire. Après avoir remercié Jean Coppolani de tout le travail qu’il a accompli pendant toutes ces années au service de notre Société, le Président soumet la proposition au vote des membres titulaires : à l'unanimité, M. Jean Coppolani est élu Directeur honoraire. M. Coppolani remercie la Compagnie de l'hommage qu’elle lui fait.
Ce sont donc les postes de Directeur, de Secrétaire Général, de Secrétaire-adjoint et de Trésorier qui doivent être renouvelés cette année. Sur proposition du Bureau, MM. Daniel Cazes, Maurice Scellès, Patrice Cabau et Guy Ahlsell de Toulza sont respectivement élus ou réélus Directeur, Secrétaire Général, Secrétaire-adjoint et Trésorier. Le Président félicite ses confrères pour ces différents votes, dont l’unanimité fait plaisir autant qu’elle oblige.

    Après un exposé détaillé du Président, une discussion est engagée sur les statuts respectifs des sociétés académiques et des associations reconnues d'utilité publique créées dans le cadre de la loi de 1901. On s'accorde pour considérer qu'il pourrait être procédé à la modification de certains articles des statuts sans remettre en cause le caractère académique de notre Société.

    Le Président donne des informations concernant le dossier de Martres-Tolosane ; puis il rend compte de la dernière réunion du Bureau de l’Union des Académies et Sociétés savantes de l’Hôtel d’Assézat et de Clémence-Isaure, qui a été largement consacrée à la Conférence de l’Institut de France et des Académies de province qui se tiendra à la mi-octobre prochain à Toulouse.

 

SÉANCE DU 2 FÉVRIER 1999

Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur honoraire, Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire Général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mme Pradalier-Schlumberger, MM. Gilles, Pradalier, Prin, Mgr Rocacher, MM. Roquebert, Tollon, membres titulaires ; Mmes Blanc-Rouquette, Fronton-Wessel, Jimenez, Nouviale, MM. Boudartchouk, Gillis, Laffont, Salvan-Guillotin, Testard, membres correspondants.
Excusés : M. Latour, Bibliothécaire-archiviste, Mme Cazes, M. Burroni.

 

    Le Président demande à la Compagnie d’excuser l'absence de Louis Latour, et celle de Gabriel Burroni, actuellement en train de restaurer, à Carcassonne, les cheminées de la fin du XVIe siècle de la maison dite de Montmorency, dont il aura prochainement l’occasion de nous entretenir.

    La parole est à M. Patrice Cabau pour sa communication sur Les sépultures des évêques de Toulouse, publiée dans ce volume (t. LIX, 1999) de nos Mémoires.

    Le président remercie M. Cabau pour sa communication qui amène plus de problèmes que de certitudes. Il fait appel aux questions. M. Gilles ne pense pas que la première liste épiscopale de Toulouse soit d’Arnaud Arpadel mais que celui-ci a recopié une liste trouvée dans quelques archives. Quant à Bernard Gui, qui enrichissait ses textes au fur et à mesure qu’il avançait en âge, sa première version des listes épiscopales recopie celle d’Arnaud Arpadel. M. Cabau, tout en reconnaissant des similitudes entre les deux, ne pense pas qu’il s’agisse d’une copie pure et simple.

    M. Coppolani demande si saint Honorat, saint Papoul et saint Honest, qui figurent sur les listes épiscopales traditionnelles ont réellement été évêques de Toulouse. M. Cabau répond qu’il est sûr, pour saint Papoul, que ce n’est pas le cas. Pour les autres, il n’a de preuves ni dans un sens ni dans l’autre. M. Gilles rappelle que ces personnages apparaissent dans les listes épiscopales à partir de la vie de saint Sernin fabriquée dans la Marche d’Espagne aux Xe et XIe siècles.

    M. Roquebert demande ce que l’on sait de certain sur saint Germier, qui est le nom attesté dès le XIIIe siècle d’une agglomération du Lauragais. M. Cabau avoue ne savoir que peu de choses sur ce personnage qui apparaît comme saint, au plus tôt 


M.S.A.M.F., t. LIX, p. 262  

au IXe siècle. Il aurait vécu sous le règne d’un Clovis, mais on ne sait lequel. M. Cabau pencherait plutôt pour Clovis III (691-695) car on mentionne dans le même texte l’évêque de Paris, personnage pourtant obscur, contemporain de Clovis III. Pour Jean-Luc Boudartchouk le Clovis mentionné dans la vie de saint Germier ne peut être que celui qui est célèbre pendant tout le Moyen Âge, c’est-à-dire Clovis Ier. M. Cabau se demande ce que l’on sait de Clovis Ier à Toulouse au Moyen Âge. Christine Delaplace rappelle qu’il en est fait une mention explicite dans Noguier en 1556 qui écrit, p. 80 : « quelques-uns ont dit qu’il fut élu par le peuple tolosan roi pour raison de la singulière affection qu’on lui apportait à Toulouse ». Il est donc l’objet d’une véritable redécouverte dans la ville, au moins au XVIe siècle, au point qu’on laisse croire que ce sont les toulousains qui en ont fait le roi des Francs.

    M. Roquebert demande ensuite à quoi correspond la date de 1176 qui figure après le nom d’un évêque du nom de Gocelin ou Gaucelm placé dans la liste des évêques fictifs de Toulouse dressée par le communiquant. M. Cabau répond qu’il s’agit en fait d’un évêque de Lodève mentionné seulement par la première lettre de son nom, G, et dont on a inventé le reste du nom après l’avoir inséré par erreur dans les listes épiscopales de Toulouse.

    Daniel Cazes rappelle le problème de la dévotion sur le premier tombeau de saint Sernin traditionnellement placé sur l’emplacement de l’église du Taur. M. Cabau dit que l’on ne sait rien de sûr sur cette question. M. Prin demande à quelle date apparaît le vocable. Patrice Cabau signale que l’église du Taur est mentionnée en 1080 et que, dans la Chanson de la croisade, il est fait allusion à Saint-Sernin le Petit. Jean-Luc Boudartchouk reste persuadé que le corps de saint Sernin n’a jamais été enseveli au Taur. Rien dans les textes ni dans l’archéologie ne vient au secours de cette tradition. Patrice Cabau pense qu’on peut avoir oublié qu’il y ait eu une translation si celle-ci a eu lieu au Ve siècle. Pour Jean-Luc Boudartchouk, le dossier de la sépulture au Taur est vide. Il ne voit pas pourquoi, si on n’avait pas gardé le souvenir de la translation, on n’aurait pas au moins gardé le souvenir du premier lieu de culte. Du reste, l’hypothèse de la sépulture sur l’emplacement de Saint-Sernin reste la plus simple et elle est confortée par l’archéologie.
    Henri Pradalier demande si l’on a trouvé des traces de sépultures au Taur comme on en a trouvé à Saint-Sernin. Sur la réponse négative de Daniel Cazes et de Jean-Luc Boudartchouk, la discussion dévie sur la date de la basilique d’Hilaire. Daniel Cazes se demande si celle-ci ne pourrait pas avoir été édifiée à l’époque constantinienne, ce qui correspondrait davantage à ce qui se fait au même moment et ailleurs dans l’Empire. Patrice Cabau rappelle que les textes laissent entendre qu’Hilaire devient évêque de Toulouse bien après saint Sernin. Revenant sur le Taur, il rappelle qu’il existe tout de même une église Saint-Sernin du Taur. Jean-Luc Boudartchouk considère qu’elle porte ce vocable parce qu’elle est une dépendance de Saint-Sernin ... mais  n’est citée comme paroissiale qu’au XIIIe siècle, rappelle M. Cabau.
    Christine Delaplace considère qu’il est difficile de penser qu’on ait construit en Gaule des basiliques dès le IVe siècle constantinien. Seules des fouilles pourraient nous éclairer. Elle se range à l’avis de Jean-Luc Boudartchouk pour ce qui est de la sépulture au Taur. En effet ni l’histoire ni l’archéologie ne sont venues conforter cette tradition locale et l’idée d’une invention et d’un léger déplacement du corps de saint Sernin sur place, c’est-à-dire à Saint-Sernin même, paraît la plus plausible.

    Maurice Scellès et Henri Pradalier considèrent qu’on ne peut établir une comparaison valable entre la plaque tombale d’Isarn de Marseille et la plaque du cloître de Moissac représentant Durand de Bredon. Celle-ci doit par contre d’être comparée à celles des apôtres placées aux angles du même cloître.


2e partie
Séances du 23 février 1999 au 1er juin 1999

3e partie
Séances du 27 avril 1999 au 1er juin 1999


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