Société Archéologique  du Midi de la France
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Auguste d’ALDÉGUIER (17..-1866)

Membre fondateur, président de la S.A.M.F (1831-1866)
separateur

 

Extrait des Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. IX, 1ère livraison, 1867, p. 1-3

 

ÉLOGE DE M. AUGUSTE D’ALDÉGUIER,

Par M. CAZE, Président

Lu à la séance de rentrée du 20 novembre 1866 (1).

MESSIEURS,

Le titre que je tiens de vos suffrages m’aurait procuré l’honneur, comme aussi le triste privilège, de consacrer à un pieux et douloureux hommage les premières paroles prononcées dans l’enceinte de nos réunions, à la reprise de nos travaux.

Souffrez qu’une absence, indépendante de ma volonté, ne m’enlève pas le droit d’être l’interprète de vos sentiments et l’écho fidèle de vos cœurs.

Je veux, en m’associant à vos regrets, être, par la pensée, au milieu de vous, lorsque vos regards attristés se porteront sur ce siège voilé de deuil, où chaque année, à pareille époque, une voix émue faisait entendre de touchantes paroles sur ceux de nos confrères que la mort nous avait ravis.

C’est donc notre vénéré président qui nous manque aujourd’hui.

Quel est celui d’entre nous qui, s’associant aux douleurs de sa famille, n’a pas reporté son esprit sur notre compagnie et mesuré l’étendue de la perte qu’elle a faite ?

M. Auguste d’Aldéguier n’était pas seulement le président de notre Société par le choix libre et sympathique de ses confrères : il en était l’ami dévoué : il en était pour ainsi dire la personnification vivante.

Initié aux pensées les plus intimes de son principal fondateur, de regrettable mémoire, il fut l’un de ceux qui concoururent, par de persévérants efforts, à doter notre ville d’une institution qui répondait aux besoins impérieux d’étudier et de connaître les choses du passé.

Ce n’est pas que la science archéologique ne comptât de dignes et savants interprètes ; mais il fallait concentrer les forces, organiser les travaux, imprimer une direction harmonieuse aux labeurs individuels. Dans ces conditions, la Société nouvelle pouvait, avec quelque confiance, se proposer pour but de rechercher et de recueillir d’abondants matériaux pour l’histoire de l’art, dans notre vieille cité et dans le pays où elle étend un rayonnement d’influence ; de poursuivre ses investigations sous des ruines et dans la poussière des archives ; de dérober, par des fouilles intelligentes, à la terre, qui les recélait depuis des siècles, de précieux produits de la statuaire antique, des fragments de la sculpture architecturale ; d’offrir le concours de son action et de son zèle pour la conservation des monuments légués par les âges, afin de prévenir d’aveugles profanations et des mutilations brutales ou inintelligentes, décorées du titre de restauration ; de demander aux vieux manuscrits, aux inscriptions, aux monnaies, aux médailles, des enseignements et des preuves ; de soustraire ainsi à l’indifférence ou aux dédains, tous ces témoignages muets et parfois éloquents des idées d’autrefois, des moeurs, des caractères, des aspirations, des tendances et des actes des générations écoulées.

Tel est le programme qui s’imposait aux laborieuses investigations et à la sollicitude de nos fondateurs : vous savez si le succès a justifié leurs espérances. Vous savez surtout si notre vénéré président fut fidèle à cette mission : quel autre, mieux que lui, comprit le devoir d’une association fondée pour une aussi noble entreprise ? qui les remplit avec plus d’assiduité, de constance et de dévouement, préoccupé sans cesse d’en propager le bienfait, d’en étendre l’influence, de lui assurer la faveur publique et
les sympathies de tous ceux qu’intéressent le progrès de la science et le
développement des études historiques ?

D’autres que nous, en cette enceinte même et ailleurs, diront les qualités morales de l’homme privé, du chef de famille et de l’époux, les vertus du chrétien, celles du magistrat. Pour nous, à la première heure de cette réunion douloureusement émue de son absence, nous n’avons voulu que rappeler, au risque de les affaiblir beaucoup sans doute, les titres de M. Auguste d’Aldéguier à notre reconnaissance et à nos respects.

En déplorant cette perte prématurée, inspirons-nous de ses exemples et de son attachement à une œuvre qui fut à la fois pour lui l’objet de sérieux travaux, la source de vives jouissances intellectuelles et des plus cordiales relations.

Si nos voeux peuvent arriver jusqu’à lui, avec l’expression de notre douleur et de nos regrets, que son nom reste inséparablement uni au sort d’une institution qui lui fut si chère : c’est le plus digne hommage que nous puissions offrir à sa mémoire !

Gaillac, 18 novembre 1866.

(1) Cette allocution a été transcrite sur le registre des délibérations, à la suite du procès-verbal de la séance du 20 novembre 1866.

 


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