Société Archéologique  du Midi de la France
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Raymond REY (1890-1958)

président de la S.A.M.F. (1953-1958)
separateur

Raymond Rey

Raymond REY,
1890-1958


président de la Société Archéologique du Midi de la France (1953-1958)

 

ÉLOGE FUNÈBRE de Raymond REY, Président de la Société, par M. Michel LABROUSSE, extrait du Bulletin de la Société Archéologique du Midi de la France, 4e série, t. II, 1954-1966, p. 38-41.

 

« Madame,

C’est pour moi un pénible devoir de venir aujourd’hui, en ce cimetière de Duravel, rendre, au nom de la Société archéologique du Midi de la France, un dernier hommage à celui qui, jusqu’au bout, a voulu rester et est resté notre Président.

Entre Raymond Rey et la Société Achéologique du Midi, les affinités étaient anciennes. Jeune professeur, il avait, par vocation, orienté son goût de la recherche vers l’archéologie du Moyen-Age et plus spécifiquement vers l’art des provinces du Midi. Ses études, maintenant classiques, sur la cathédrale de Cahors, sur les églises fortifiées du Midi, plus tard les recherches qu’il mena, en collaboration avec le chanoine Auriol, sur la basilique Saint-Sernin de Toulouse, faisaient de lui, pour notre Société, une recrue d’élite. Il y fut en 1924 et, depuis plus d’un tiers de siècle, il n’a jamais cessé de s’intéresser à ses travaux, avant même de les diriger.

Chaque quinzaine, le mardi, quel que fut le sujet traité, pour peu qu’il intéressât l’art et le Midi, il savait, de quelques mots, situer dans une large perspective historique et artistique, l’apport, si minime fut-il, du conférencier. Rien ne lui était étranger ; ni ces architectures de l’époque pré-romane et de l’époque romane auxquelles il a probablement donné le meilleur de lui-même, ni l’art de la fresque, ni celui des miniatures sur manuscrit. Sa parole faisait autorité et plus encore quand, de lui-même, il nous présentait le fruit de ses études, vite appelé à devenir un article ou le chapitre d’un livre. A la Société archéologique, il a toujours voulu donner la primeur d’un savoir acquis de longue date et progressivement enrichi.

Grâce à lui, nos étudiants de la Faculté des Lettres ont trouvé audience, auprès de notre Société, en un milieu savant. Pour nos concours, pour nos prix annuels, plus riches, hélas, du prestige qu’ils confèrent que de satisfactions pécuniaires, il les soutenait, il savait mettre en valeur leur travail et corriger, de son expérience, bien des défauts de jeunesse. Grâce à lui leurs premiers travaux pouvaient paraître dans nos Mémoires et il n’est que de rappeler les œuvres corrigées par ses soins qui sont venues enrichir une collection d’oeuvres méritantes, qu’il s’agisse d’une étude sur les chapiteaux de Conques, des sarcophages paléochrétiens de la province Narbonnaise ou encore de l’œuvre accomplie à Toulouse par Viollet-le-Duc. Par cette promotion de la jeunesse, Raymond Rey entendait assurer la relève des disciplines archéologiques, pourtant quelque peu malmenées dans l’élan scientifique de ce siècle. Par là, il croyait rendre à notre société le meilleur des services et, de fait, il le lui a rendu.

Il y a quelques années, à la mort du regretté professeur Calmette, Raymond Rey accéda à la présidence de notre Société. Un universitaire succédait à un autre universitaire. A nos séances, à nos débats, il sut, d’emblée, imprimer son style personnel, des règles et des formes un peu académiques furent par lui tempérées d’une bonhomie souriante et d’une simplicité du meilleur aloi. Déjà bien rajeunie, faisant large place à tous, la Société archéologique du Midi devint, sous son aimable férule, une très grande amitié.

Cette Société, Raymond Rey ne l’a voulait point étroite, ni en ses membres, ni en son objet. Elle siégeait à Toulouse, mais, pour lui, elle devait rayonner sur tout le Midi. Originaire de ce pays de Duravel, passant ses vacances à Soulac, professeur à Toulouse, Raymond Rey était partout chez lui et il voulait que la Société Archéologique le fut aussi. Les frontières des départements lui étaient aussi inconnues qu’elles l’avaient été au Moyen-Age des maîtres d’œuvres et des imagiers de l’art roman. N’est-ce point comme un symbole que l’un de ses derniers vœux ait été de venir reposer en ce coin de Quercy, à deux pas de l’Agenais, à deux pas du Périgord ?

Cette Société ‘archéologique du Midi qu’il souhaitait quasi universelle, Raymond Rey l’a aimée jusqu’au dernier jour. Mardi dernier, il vous demandait, Madame, de m’écrire pour que sa maladie n’interrompit point le cours de nos travaux. Le même soir quand, alarmé, j’allais au nom de tous, vous porter des vœux que l’évènement devait, hélas, démentir, il voulut, malgré les prescriptions médicales, que j’aille jusqu’à son lit de malade lui dire ce qu’avait été notre séance, la première à laquelle depuis longtemps il n’avait pas assisté. Sa pensée, plus alerte et plus aiguë que jamais, voulait tout s’avoir, tout connaître de ce qui s’était passé. Un instant il oubliait le médecin, la maladie, l’infirmière qui attendait pour une piqûre, il était tout à sa grande famille archéologique.

Je ne devais plus revoir Raymond Rey, mais ce que je n’oublierai jamais, c’est cette manifestation suprême de dévouement à une œuvre. Il est mort, j’en suis sûr, en pensant d’abord aux siens, mais aussi à tous ceux qu’il avait guidés ou accompagnés sur la voie d’une science austère, mais vraie.

Madame,

Ces quelques paroles que j’avais le devoir de dire au nom de notre Société sur la tombe de celui qui m’y accueillit voici tantôt treize ans, ne sauraient ni apaiser, ni amoindrir votre immense douleur. Qu’elles soient seulement pour vous le témoignage d’une affectueuse sympathie et l’assurance que le souvenir de Raymond Rey restera vivant pour tous ceux qui l’ont connu, qu’ils aient été ses collègues, ses confrères, ses étudiants ou ses amis. »

 

Bibliographie partielle

REY (Raymond), L’Art gothique du Midi de la France, Paris : H. Laurens, 1934, 352 p.

REY (Raymond). Cathédrale Saint-Etienne de Cahors, dans Congrès archéologique. Ce session, Figeac, Cahors et Rodez, 1937.- Paris : Picard, 1938 ; p. 216-264.

REY (Raymond), L’ancienne chapelle du Carmel de Toulouse (XVIIe-XVIIIe siècles), dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. XIX (1939), p. 146-173. 

REY (Raymond), L’Art roman et ses origines, archéologie pré-romane et romane, Toulouse, E. Privat, Paris, H. Didier, 1945, In-8°, 511 p.

REY (Raymond). Un grand bâtisseur au temps du roi Dagobert : S. Didier, évêque de Cahors,dans Annales du Midi, t. LXV (1953), p. 287-294.

REY (Raymond), Les cloîtres historiés du Midi dans l’art roman (étude iconographique), dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. XXIII (1955), p. 7-174 ; 175 p.

 


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