Mémoires |
BULLETIN DE L'ANNÉE ACADÉMIQUE
1998-1999
établi par Patrice CABAU & Maurice SCELLÈS
Cette édition électronique respecte la mise en page de l'édition imprimée (Bulletin de l'année académique 1998-1999, dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. LIX, 1999) dont nous indiquons la pagination. Certaines illustrations en noir et blanc ont cependant été remplacées par des illustrations en couleur. En outre, quelques illustrations supplémentaires qui figuraient dans la pré-publication électronique ont été maintenues : elles sont toujours clairement signalées.
1ère partie Séances du 20 octobre 1998 au 2 février 1999 |
2e partie Séances du 23 février 1999 au 6 avril 1999 |
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SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1999
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur
honoraire, Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire
Général, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes
Delaplace, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, MM. Baccrabère, le général Delpoux,
Hermet, le Père Montagnes, Pradalier, Mgr Rocacher, M. Tollon, membres titulaires ;
Mmes Blanc-Rouquette, DErcole, Fronton-Wessel, Jimenez, Nouviale, MM. Bertrand,
Burroni, Cranga, Luce, Garland, Testard, membres correspondants.
Excusés : Mme Cazes, M. Manière.
Le Président rend compte de la correspondance. Nous avons en particulier reçu la candidature au titre de membre correspondant de Mme Hélène Debax, maître de conférences dhistoire à lUniversité de Toulouse-Le Mirail.
Le Secrétaire Général porte à la connaissance de
la Compagnie une demande dinformation quune étudiante américaine nous a
adressée par courrier électronique : réalisant un travail sur la topographie de
Toulouse au XIIe siècle, Mlle
Pamela Marquez recherche des précisions sur le cours du Sauzat, qui aurait été
canalisé autour des murailles de la ville. Henri Molet a pu indiquer quil
sagissait probablement du Sauzat mentionné du côté de la rue Romiguière, et
labbé Baccrabère a fait état dun article de Gaston Astre consacré à la
géologie de Toulouse, paru dans les Mémoires de lAcadémie des Sciences
(vol. 125, 1963). Patrice Cabau pense quil pourra donner quelques informations lors
de la prochaine séance.
Le Secrétaire Général rappelle que les courriers électroniques que
nous recevons, et où figurent aussi bien des questionnaires de lycéens que des demandes
plus spécialisées, sont archivés dans le classeur de courrier consultable dans la salle
de lecture.
Le Président indique que le Maire de Toulouse nous a également
transmis une lettre de M. Taillebois demandant des informations sur déventuelles
traces doccupation néolithique à Toulouse. M. Coppolani rappelle que les sites
chasséens dAncely et de Villeneuve-Tolosane sont bien connus.
Le Secrétaire Général donne lecture du procès-verbal de la séance du 19 janvier, et Henri Pradalier de celui de la séance du 2 février. Les deux procès-verbaux sont adoptés.
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Il est alors procédé aux élections dun membre libre et de deux membres correspondants. M. Germain Sicard est élu membre libre. Les rapports entendus, MM. Henri Molet et Étienne Hamon sont élus membres correspondants.
La parole est alors à Cecilia DErcole pour une communication consacrée aux Expressions figuratives dans lItalie archaïque : lexemple des stèles dauniennes (VIIe-VIe s. av. n. è.) :
« Au cours des années soixante, de nombreuses stèles sculptées en calcaire (1) furent mises au jour dans la plaine de Siponto, dans les Pouilles septentrionales (lancienne Daunie) (2). Ces monuments reproduisent sous une forme très schématisée des figures humaines au corps rectangulaire, à la tête arrondie ou pointue, iconique ou aniconique (3). Le riche décor incisé et peint à lorigine sétale sur les corps des personnages et reproduit leurs riches tenues vestimentaires, ainsi que des scènes figurées plus ou moins complexes. La représentation détaillée des ornements et des armures (fibules, colliers, kardiophylakes, boucliers) a évidemment la fonction dexalter le rang social et la richesse des personnages. On reconnaît ainsi des colliers en ambre, des fibules " à navicella ", des pectoraux rectangulaires à rebord convexes, des épées. Toutes ces représentations ont des analogies précises avec les objets quon retrouve dans les mobiliers de la région daunienne ainsi que dans dautres territoires italiques, au VIIe siècle av. n.è.
Le répertoire figuratif de ces monuments singuliers se démarque par sa variété et par son exubérance. Des scènes animées et composées de plusieurs personnages envahissent ainsi toute la surface disponible et composent des séquences narratives complexes et difficiles à décrypter. Cette abondance déléments figuratifs confirme dailleurs la chronologie proposée plus haut, car cest justement dans lart orientalisant du VIIe siècle quon retrouve cette même tendance dans la production artistique de plusieurs régions méditerranéennes. Dans le cas des stèles, limpression de grande vivacité qui se dégage de cette surcharge ornementale devait être à lorigine certainement accrue par le décor peint.
Parmi les sujets traités, une large place est accordée aux scènes de chasse (souvent au cerf) à pied et à cheval. Également nombreuses sont les scènes de combats, individuels ou en groupes, à pied, à cheval et même sur des chars, souvent associées aux scènes de chasse. Un autre thème souvent représenté est la rencontre de deux cortèges opposés, dont lun est mené par un personnage avec la lyre ; parfois des personnages masculins sont opposés à des femmes qui portent des vases ou corbeilles sur la tête. Il sagit là de la représentation dun rituel complexe et solennel, qui pourrait faire allusion à léchange de dons à loccasion dune circonstance importante, par exemple un mariage, ou bien à une pratique de culte, comme les processions quon voit parfois gravées sur des lamelles votives en bronze de la Vénétie (4). Dautres stèles semblent décrire les occupations habituelles de cette communauté italique, par exemple la navigation ou la pêche. Des thèmes fantastiques ou monstrueux sont également évoqués par les sculpteurs dauniens, qui ont réalisé, il faut le souligner, lun des plus riches et intéressants ensembles de sculptures de la Méditerranée archaïque.
Lintérêt artistique et symbolique des stèles dauniennes na pas échappé aux archéologues qui ont proposé plusieurs méthodes de classement et dinterprétation de ces monuments complexes. Silvio Ferri a été le premier à publier les stèles et à essayer dinterpréter leurs images, dans une série de notes et darticles publiés à partir de 1962 (5). Ladmirable érudition de ce savant constitue cependant, paradoxalement, la limite principale de son analyse, car Silvio Ferri a constamment interposé son bagage de connaissances à la lecture directe des images, ce qui a produit dans la plupart des cas la déformation, voire lincompréhension de limagerie daunienne. Cest peut-être par réaction à lexubérance interprétative de S. Ferri que dans les études successives lanalyse sémantique a été remplacée par la description morphologique et le classement typologique des stèles, fondés sur des critères qui se veulent le plus possible objectifs. Nous pensons au catalogue publié par M.L. Nava en 1980 (6), qui a décrit et classé le millier dexemplaires jusque là connus, ainsi quà une récente analyse (7) qui étudie globalement,
en tant que système, le décor ornemental aussi bien que figuré. Ces deux classements, même fondés sur des critères danalyses fort différents, ont contribué à montrer la logique précise et rigoureuse de construction des monuments et de leur décor. Ils ont toutefois laissé en arrière-plan une question fondamentale pour la compréhension non seulement des stèles mais aussi de la société qui les a produites, à savoir lexégèse des scènes figurées, qui sera certainement la tâche des études à venir sur le sujet. Nous voudrions brièvement nous pencher sur quelques scènes figurées qui nous ont paru tout particulièrement adaptées à montrer dune part la capacité dauto-représentation de cette société indigène de lItalie archaïque, dautre part lampleur des contacts culturels que lart des stèles permet dapercevoir.
Il sagit dune série de scènes relativement courantes : dans la
STÈLE DAUNIENNE AVEC PROCESSION RITUELLE. Dessin M.C. D'Ercole d'après Nava.
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STÈLE
DAUNIENNE AVEC SCÈNE DE TISSAGE. |
DÉTAIL DE STÈLE DAUNIENNE : gants. D'après Nava. |
TINTINABULUM DE LA TOMBA DEGLI ORI, Bologne. D'après Morigi Govi. |
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plus complète dentre elles (8), un personnage vêtu dune tunique, probablement une femme, est assis en face d'un objet vertical, entouré sur les deux côtés par deux bandes décorées de méandres qui tombent jusquau sol. Sur la droite de la scène, une femme debout semble aider le personnage assis ; d'autres femmes sapprochent ; elles portent sur la tête des vases, dont la forme rentre indiscutablement dans le répertoire typique de la céramique archaïque locale. La même scène se répète symétriquement sur le côté opposé de la stèle ainsi que sur sa partie antérieure, avec des variations dans le nombre des personnages. Sur au moins trois autres stèles (9), des scènes analogues se déroulent autour de lélément vertical qui constitue évidemment la clé pour la compréhension de lensemble. S. Ferri a donné à cet objet des significations différentes. Ainsi la-t-il interprété comme un filet pour oiseaux (10) dans l'exemplaire que nous venons de décrire, un lit funèbre dans une autre stèle (11). La nature de lobjet reste dailleurs controversée, puisquil a pu devenir, dans une publication récente, la colonne du naiskos dans lequel serait assise une divinité recevant loffrande du personnage débout (12). À notre avis, lexplication est autre : dans tous les cas ci-dessus évoqués, il sagit dun métier à tisser de type vertical (13) et les bandes qui retombent de part et dautre pourraient symboliser le produit de cette activité, à savoir le tissu décoré. En effet, le même motif à méandre orne très fréquemment les vêtements et aussi les gants sculptés sur plusieurs stèles (14). Un dernier détail nous assure du souci de précision perceptible dans cette scène : la femme assise porte une tunique à manches courtes décorées d'une croix, ainsi que des gants sillonnés par des rayures parallèles. Or, c'est exactement le même type de tenue vestimentaire qui caractérise le personnage " titulaire " de la stèle.
VASE DE SOPRON-ÖDENBURG. D'après Frey.
Ce sujet figuré est loin dêtre isolé dans l'imagerie archaïque de lItalie. Des analogies surprenantes se retrouvent, par exemple, dans les scènes de tissage gravées sur le tintinnabulum de la " Tomba degli Ori " de Bologne, daté du VIIe siècle av. J.-C. Là aussi, on voit une femme assise en train de travailler à son métier, face à un autre personnage féminin (vraisemblablement de rang inférieur) qui s'approche avec une corbeille, contenant probablement la matière destinée à la filature (15). Autre exemple, le cycle narratif gravé sur un document extraordinaire : le trône en bois sculpté de la tombe 89 de Verucchio en Romagne, récemment analysé de façon admirable par Mario Torelli (16). Le savant italien arrive à bien montrer comment le tissage se situe au sommet du cycle des activités et des rituels de passage propres à la femme aristocratique, précédée par dautres activités de moindre importance, confiées à des servantes, telle la tonte des animaux et la filature de la laine. La maîtresse de loikos aidée par une ancilla a droit elle seule à tisser, assise sur un trône qui à Verucchio est doublement représenté, par les images et par le support même des images, modelé justement en forme de trône. Il nous reste à ajouter à cette série de documents un autre objet figuré qui nous amène vers les cultures halstattiennes des Alpes orientales. Il sagit dun vase de la fin du VIIe siècle av. n.è., provenant du tumulus 27 de Sopron-Ödenburg : une femme est représentée devant un métier à tisser vertical, aidée par une autre femme (17). Limportance de lactivité représentée est soulignée par la présence dun personnage probablement de sexe masculin avec la lyre et deux autres femmes avec les bras ouverts, peut-être en train de danser. Si nous revenons brièvement à notre stèle, les comparaisons avec les documents ci-dessus évoqués éclaircissent lensemble de la représentation : les femmes assises en train de tisser sont les protagonistes de la scène et appartiennent probablement au même groupe familial ; les autres sont les servantes qui aident dans lactivité de tissage ou apportent la matière destinée à la filature. Ajoutons un autre détail : la femme de gauche semble tenir sur ses genoux un personnage de taille plus réduite, qui paraît répéter ses mêmes gestes. On pourrait se demander sil sagirait pas dun enfant de sexe féminin, imitant lattitude de sa mère. Cette scène rassemblerait ainsi des allusions multiples aux aspects essentiels de la fonction féminine dans cette société archaïque : lactivité de production (le tissage) et de reproduction (la procréation et la formation des enfants).
En conclusion, lexemple choisi montre assez clairement comment les stèles mettent en scène le mode de vie aristocratique : à côte de lunivers masculin de la chasse et de la guerre, le groupe familial où les femmes trouvent leur place et la possibilité dêtre célébrées, dans leur double fonction de mères et de protagonistes des certaines activités économiques (le tissage). Il ne sagit pas, bien entendu, dune description réaliste, mais plutôt de la transposition dun univers réel dans la fixité atemporelle donnée à la fois par limage et par son support. Il sagit donc dactions qui se transforment en rituels : là où par rituel on entend une cérémonie où trois éléments essentiels sont associés : le premier est le caractère stéréotypé, indépendant dune situation ou dune émotion actuelle ; le deuxième est la répétition et lexagération visant à produire une sorte deffet théâtral ; le troisième est la fonction de la communication (18). Cest seulement dans un deuxième temps, à partir du VIe siècle, avec des temps et des modalités propres
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à chaque culture de la péninsule italique, que les mêmes situations seront représentées sous une forme empruntée au mythe grec, sans toutefois oublier complètement les conventions et les significations propres à lart archaïque (19). »
Maria Cecilia DErcole
1. On compte actuellement plus dun milliers de pièces : toutefois, ce chiffre est certainement supérieur au nombre originaire dexemplaires, car il sagit dans la plupart des cas de fragments très réduits, dont plusieurs devaient à lorigine appartenir à la même stèle. La majorité de ces monuments proviennent du lieu-dit " Cupola-Beccarini " et sont actuellement conservés dans le Château de Manfredonia ; dautres exemplaires ont été retrouvés dans dautres sites de la même région (à Salpi, à Arpi, à San Paolo Civitate).
2. Étant donné le caractère occasionnel de ces découvertes, la disposition et la fonction originaires des stèles restent controversées ; sil est certain quil sagit de monuments dressés en position verticale et partiellement enfoncés dans la terre, leur relation originaire avec des monuments funéraires ou des enclos sacrés peut être uniquement supposée. On sait toutefois que certaines stèles étaient proches de sépultures : voir M. L. NAVA, Stele Daunie, Florence 1980 (abrégé dorénavant NAVA 1980), n. 593, pl. CLXXVIII. Dautres stèles ont été réutilisées au VIe siècle, comme dalles de couverture des tombes (NAVA 1980, p. 9-10).
3. La hauteur moyenne des exemplaires sans la tête peut atteindre 94 cm. (par exemple, la stèle dans M.L. NAVA, Stele Daunie. Sculture antropomorfe della Puglia protostorica, Milan 1988 abrégé dorénavant NAVA 1988 , p. 51, fig. 56-57). Mais les variations dans la hauteur des monuments peuvent être importantes : la stèle publiée par NAVA 1980, I, p. 72, n. 17 ; tav. XXXVIII-XXXIX, n. 139 ne dépasse guère les 50 centimètres env.
4. Sur lesquels voir par exemple L. CAPUIS, I Veneti. Società e cultura di un popolo dellItalia preromana, Milan 1993, pl. 79 : lamelles votives de Vicenza, Ve-IIIe siècles av. n.è.
5. Récemment rassemblés et republiés par NAVA 1988, p. 17 sq.
6. Abrégé ici NAVA 1980.
7. A. PONTRANDOLFO, E. MUGIONE, F. SALOMONE, " Alcuni esempi figurativi dellItalia antica. Le stele daunie ", dans Iconografia iberica, iconografia italica. Propuestas de interpretacion y lectura, sous la dir. de R. Olmos Romera, J.A. Santos Velasco, Roma 1993, Madrid 1997, p. 297-315.
8. Il s'agit de la stèle avec des ornements reproduite par NAVA 1980, n. 585, pl. CLXVIII ; NAVA 1988, p. 128, pl. 159-160.
9. La même scène revient certainement au moins dans trois autres exemplaires : a) NAVA 1980, n. 722, pl. CCXXI et NAVA 1988, p. 66, pl. 79 ; b) NAVA 1988, p.124, pl. 155 ; c) NAVA 1988, p. 184, pl. 198. Il sagit dans les trois cas de stèles avec des ornements.
10. Le texte de S. Ferri a été réédité dans NAVA 1988, p. 129-130. Son interprétation découle probablement de la présence d'un oiseau sur le côté droit de la scène ; mais je crois que le sujet animalier, par ailleurs extrêmement courant sur les stèles, ne suffit pas à donner le sens global de la représentation.
11. S. FERRI, dans NAVA 1988, p. 66, pl. 79, stèle n. 0540, 0929.
12. LArte dei Popoli Italici, Naples 1994, p. 368-369, pl. 244.
13. Cette interprétation a été déjà proposée par M. L. Nava mais uniquement pour lun de ces exemplaires : NAVA 1980, I, p.34, p.159, n.748 ; II, pl. CCXLVI-CCXLVII.
14. Voir par exemple les stèles reproduites dans NAVA 1988, p. 58, n. 69; p. 72, n. 92-94, p. 73, n. 96, ainsi que la typologie des gants à la p. 207. Il faut remarquer qu'un motif décoratif analogue apparaît sur la céramique géométrique de la Daunie méridionale, datée d'entre le troisième quart du VIIe et le troisième quart du siècle suivant ; pour ce décor voir D. YNTEMA, The Matt-Painted Pottery of Southern Italy. A General Survey of the Matt-Painted Pottery Styles of Southern Italy during the Final Bronze Age and the Iron Age, Galatina 1990, p. 240, fig. 220, n. 23 ; sur cette classe céramique en général voir p. 234 sq.
15. C. MORIGI GOVI, " Il tintinnabulo della " tomba degli Ori " dellArsenale di Bologna ", dans Archeologia Classica XXIII, 1971, p. 211-235 ; A. RALLO, Fonti, dans Le donne in Etruria, sous la dir. d'A. Rallo, Rome 1989, p. 17, pl. III-IV.
16. M. TORELLI Il rango, il rito e limmagine. Alle origini della rappresentazione storica romana, Milan 1997; sur le trône de Verucchio voir les p. 52 sq.
17. O.-H. FREY, " Bemerkungen zu figürlichen Darstellungen des Osthallstattkreises ", dans Festschrift R. Pittioni, Wien 1976, p. 578-587, qui souligne à juste titre le rapport avec le tintinnabulum de Bologne.
18. Selon la définition proposée par W. BURKERT, Mito e rituale in Grecia. Struttura e storia, Milan 1992, p. 63.
19. Voir les conclusions très denses de M. TORELLI, p. 174 sq. qui analyse les phases de ce passage et les survivance des thèmes et des formules de lexpression figurative archaïque jusquà lEmpire romain. Voir aussi, sur le passage du rituel au mythe en Étrurie et dans le Latium archaïques : M. MENICHETTI, Archeologia del potere. Re, immagini e miti a Roma e in Etruria in età arcaica, Milan 1994.
Le Président remercie Cecilia dErcole davoir su nous faire découvrir dune manière aussi synthétique ces stèles énigmatiques, dont la beauté est évidente à nos yeux formés à lart contemporain.
Henri Pradalier demande ce que lon sait de ce peuple et plus généralement de la civilisation daunienne, et sil existe des textes. Cecilia DErcole indique que nous ne connaissons aucun texte autochtone, mais que la généalogie du peuple daunien est donnée par quelques sources grecques. Cest en particulier à travers la légende de Diomède quun poète grec du VIIe siècle, Mimnerme, évoque les alliances et les trahisons du roi daunien Daunos. Son aire géographique correspond grosso modo à la partie septentrionale des Pouilles. Larchéologie de cette région est assez nouvelle : les découvertes réalisées au cours de ces dernières décennies ont révélé des productions de céramique décorée qui ont été exportées dans toute lAdriatique, ce qui est exceptionnel pour une céramique non grecque. Les peuples voisins des Dauniens sont également connus à travers les sources grecques : les textes et larchéologie permettent de plus en plus dimaginer des sociétés très hiérarchisées autour dun pouvoir « royal ».
Répondant à Maurice Scellès, Cecilia
DErcole précise que lon connaît dautres stèles en Ligurie, en
Toscane, en Istrie, etc. mais que les autres exemples anthropomorphes adriatiques sont
plus récents. Les exemplaires les plus anciens sont tous à décor géométrique et les
stèles dauniennes constituent de ce fait un groupe cohérent et bien délimité.
Daniel Cazes évoque les céramiques à décor géométrique où
prennent place des figures filiformes assez semblables à celles
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des stèles dauniennes. Après avoir indiqué que la question est complexe, Cecilia DErcole note que contrairement à ce que lon trouve sur les vases grecs, les scènes des stèles dauniennes ne sont jamais des représentations explicites de la mort. Tout au plus pourrait-on penser que certaines scènes de chasse et de combat puissent éventuellement correspondre à des jeux funèbres. Par ailleurs, les céramiques dauniennes présentent surtout des décors géométriques où linsertion de figures est très rare, et il paraît donc peu probable que les scènes figurées des stèles dérivent de modèles grecs. Les témoins archéologiques de contact avec le monde grec sont en outre inexistants.
Pour Jean-Marc Luce les scènes de banquet laissent pourtant supposer une influence grecque et les femmes portant des vases seraient assimilables aux hydrophores. Il rappelle que le vin fait lobjet dune loi à Rome à lépoque archaïque, et pense que les scènes des stèles pourraient représenter des couples homme/vin, femme/eau. Cecilia DErcole note que les vases portés par les femmes semblent pouvoir contenir autre chose que de leau puisquun animal est figuré sur lun deux : il faudrait plutôt imaginer des séries doffrandes. Quant aux scènes de banquet, pour lesquelles on a proposé des parallèles avec le banquet homérique, elles peuvent également témoigner de relations avec lÉtrurie où les femmes participaient au banquet. En Italie du sud comme en Étrurie, des cratères ont été retrouvés dans des tombes de femmes.
Le Président constate que lon a abandonné la
surinterprétation homérique au profit dune étude essentiellement archéologique,
mais faut-il pour autant récuser tout rapport avec les légendes grecques ? Cecilia
DErcole répond quil ne sagit pas décarter la tradition grecque,
mais quil était nécessaire au cours de cette phase de la recherche danalyser
dabord les images, et de voir dans quelle mesure les images pouvaient ramener aux
traditions textuelles.
Guy Ahlsell de Toulza remarque que lon parle beaucoup des Grecs
mais pas du tout des Celtes, que lambre ou encore les représentations de chars
semblent pourtant devoir évoquer. Le fond légendaire lui-même ne peut-il faire
référence à des sagas germaniques ou italiques ? Après avoir dit que
lexploration devait en fait prendre en compte lensemble des mythes
indo-européens, Cecilia DErcole ajoute que des décors géométriques très proches
de ceux que lon trouve sur les stèles dauniennes sont connus en Allemagne.
Christine Delaplace demande sil ne faut pas encore penser à
déventuelles influences phéniciennes et rappelle que lon connaît en Tunisie
dassez nombreuses stèles figurées.
Le Président met fin à la discussion en concluant plaisamment que la Méditerranée a toujours été le carrefour de toutes les civilisations.
Au titre des questions diverses, le Président rend compte des dernières réunions des Bureaux de lUnion des Académies et Sociétés savantes de lHôtel dAssézat et de lAssociation des Amis de lHôtel dAssézat.
Maurice Scellès fait état de deux documents du XVIe siècle, très endommagés, retrouvés dans une maison de Cahors où ils avaient été utilisés pour boucher un trou dans une poutre. En dépit dimportantes lacunes, ce qui peut être restitué des textes fournit la date de 1541 et indique quil sagit de deux pièces dune procédure concernant la possession des revenus du prieuré de Catus, connue par ailleurs (cf. Ludovic de Vallon, Le prieuré de Catus. Essai historique et archéologique, dans Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, t. XXVI, 1904-1905, p. 524-529). Selon Jean Lartigaut, qui a été consulté, leur intérêt nest que secondaire et leur publication a donc pour seul but den conserver la trace. Leur lecture peut en outre être complétée.
Planche non publiée dans le Bulletin.
Premier document (1 feuille recto, 1 page) : [lacune] [illisible] le unziesm[e] [lacune] [illisible] / [lacune] [illisible] [lacune] [illisible] / [lacune] [illisible] [lacune] gr(âc)e de dieu / [lacune] [illisible] [n]ot(ai)re Royal / [lacune] [illisible] [lacune] / [lacune]ble fr(è)re Fra[n]çois Fayd[i] [Re]lig[ie]u[x] del[ordre de] / s[ain]ct benoist et prieur de s[ainct Jehan de] / ca[tu]s l[e]quel de [illisible] / [5 lignes lacunaires et illisibles] / en lad(ite) c[illisible] [lacune] / p(ro)[illisible] en icelle [illisible] toutz [lacune] / et ung [illisible] [lacune] / en lad(ite) c[illisible] [lacune] [illisible] dudi(t) [lacune] / en toutes [illisible] [lacune] [illisible] / faict en demandeu[r] [lacune] en deffandeu[r] / et illec bailler demandes deffets R[illisible] / [illisible] Req[ue]stes produ[lacune] / [1 ligne lacunaire et illisible] / en [illisible] demander [lacune] / et sentences deffinit[ives] [lacune] / si besoing est [lacune] / [5 lignes lacunaires et illisibles] / not[ai]r(e) Royal soubz [signé] [lacune].
Planches non publiées dans le Bulletin.
Deuxième document (1 feuille double recto-verso, 4 pages) : [Première page] [Sachent pré]sents [illisible] [lacune] [illisible] / [lacune] du moys d[e] [lacune] mil cinq / [cent qu]arante et ung [lacune] de catus / [lacune] [illisible] au dev[ant de la] gran[d] porte de / [léglise du] monesta[ire] de la(dite] ville [illisible] de / [lacune] matin et par devant moy / maistre bernard sergent R[oyal] de la ville / de Cahours [illisible] comiss[ ] [lacune] / [lacune] [illisible] m[a]istre / b[era]ldi [lic]en(cié) es d[r]oits [illisible] [lacune] [illisible] / [dudit de] Vassal Reli[gieux de lordre de sainct] be[noist] / [3 lignes lacunaires et illisibles] / et de [lacune] [illisible] [lacune] / dudi(t) de Vassal [illisible] [lacune] / [illisible] ensemble et [illisible] [lacune] / [illisible] lesquelle(s) p(ar) moy [illisible] [lacune] / [illisible] ledi(t) beraldi [lacune] / qui dessus en vertu dicelles à la Requ[este] / dudi(t) impétrant [lacune] avoit f[ ] [lacune] / par devant moy serge[nt] s[us]dit aulx [lacune] / qui dessus maistre fran(çois) Raffin proth[onotaire] / du s[ain]ct siecge ap[o]sto[l]ique e[t] f[rèr]e Fr[ançois] / Faydi Religieux du[d]i(t) ordre [illisible] [lacune] / [3 lignes lacunaires et illisibles] / si estoit heure d[e] [lacune] / [1 ligne lacunaire et illisible] / [lacune] monast[aire] [lacune] / [3 lignes lacunaires et illisibles] / [Deuxième page] [lacune] de Catus Ill[ec] [lacune] / [2 lignes lacunaires et illisibles] / [lacune] deulx ont [lacune] / [le]s quatr[e] saincts ev[vangiles] [lacune] / ma[in]s droites touches [lacune] / [lacune] moy s(er)gent susdi(t) [illisible] [lacune] / [illisible] heure de tierce [illisible] [lacune] / [2 lignes lacunaires et illisibles] / [lacune] la gran[d] porte d[e] [l]égli(s)e [lacune] / [lacune] [ ]di V[ ] [lacune] / [lacune] a dema[ndé] / [lacune] estre [illisible] [lacune] / [lacune] deffault [lacune] [l]esdi
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(ts) Raffin et Faydi / et en leur [de]ffault [le]di(t) de Vassal [e]stre / [m]aintenu [et] gardé en la possession et saysine / dudi(t) prieuré de sainct Jehan de catus et fruits / [illisible] esmolumens dicelluy tout et / [illisible] Et alors p(ar) / moy s[ergent] susdi(t) a été [illisible] deffault / [illisible] Raffin et Faydi adjornés et p(ar) / moy [a]ppelés à aulte voix [illisible] / [illisible] dans une heure seront reten(us) / [1 ligne illisible] / [lacune] de madi(te) comission de quoy / [lacune] dessus [illisible] / [2 lignes lacunaires et illisibles] / [lacune] neuf heures dudi(t) jour / [lacune] ladi(te) heure p(ar) devant moy s[erg]ent / [lacune] susdi(t) [lacune] [deva]nt ladi(te) grand / [porte de la]di(te) égli(s)e [lacune] [ ]paru ledi(t) beraldi / [lacune] que des[us] [q]ui a demandé [illisible] / [lacune] estre faicte [illisible] / [Troisième page] [lacune dune quinzaine de lignes] / [illisible] [lesdits] Raffin e[t Faydi] [lacune] / [2 lignes lacunaires et illisibles] / maintenu [illisible] en s[a] posses[sion] / et saysine proffiz [lacune] et esmolu[mens] / et libertés dudi(t) prieuré de Sainct Je[han] / de catus ledi(t) de V[assal] Et en [illisible] [lacune] / [1 ligne lacunaire et illisible] / [illisible] [lacune] à ladi(te) / [lacune] faicte inhibition et deffan[ce] / au[x]di(ts) [R]affin et Faydi et à tout autre / qui [illisible] [lacune] / [3 lignes lacunaires et illisibles] / ledi(t) de Vassal [lacune] / des fruits libertés [lacune] / [1 ligne lacunaire et illisible] / Revenu[s et e]smolumens / [1 ligne lacunaire et illisible] / [Quatrième page] [lacune dune quinzaine de lignes] / [14 lignes lacunaires et illisibles].
SÉANCE DU 2 MARS 1999
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur
honoraire, Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire
Général, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Cazes,
Napoléone, Noé-Dufour, MM. labbé Baccrabère, Bruand, le général Delpoux,
Gilles, Roquebert, Tollon, membres titulaires ; Mmes Blanc-Rouquette, dErcole,
Jimenez, Pujalte, MM. Manuel, Gillis, Salvan-Guillotin, Testard, membres correspondants.
Excusés : Mme Pradalier-Schlumberger, MM. Burroni, Hermet, Pradalier.
Invité : M. Pierre Garrigou Grandchamp.
Le Président ouvre la séance en rappelant que les
Toulousains de Toulouse tiendront leur assemblée générale dans l'auditorium de
lancienne église Saint-Pierre-des-Cuisines le 20 mars prochain.
Puis le Président présente à la Compagnie M. Pierre Garrigou
Grandchamp, dont nombre dentre nous connaissent les travaux sur la demeure
médiévale, et dit tout le plaisir que nous avons à laccueillir parmi nous ce
soir.
Le Secrétaire Général donne lecture du procès-verbal de la séance
du 23 février dernier, qui est adopté.
Deux ouvrages sont offerts à la Société, lun par Mme Akermann : Limage du pèlerin au Moyen Âge et sous lAncien Régime, sous la direction de Pierre André Sigal, Ass. des Amis de Rocamadour, 1994, 408 p. ; lautre par M. Yves Bruand : Marie-Laure Capella, Urbain Vitry (1802-1863), un architecte toulousain de lépoque romantique, thèse sous la direction dYves Bruand, Université de Toulouse-Le Mirail, 1998. Au nom de la Société, le Président remercie les donateurs.
La parole est alors à Marie-Luce Pujalte pour une communication intitulée Du nouveau sur les architectes toulousains du XVIIIe siècle, publiée dans ce volume (t. LIX, 1999) de nos Mémoires.
Le Président remercie Marie-Luce Pujalte de nous
avoir fait revisiter toute une série de carrières darchitectes et de nous avoir
ouvert les portes de lhôtel de Paulo. Il constate que dans cette province où
linnovation paraît bien pauvre, il est difficile de mesurer ce qua apporté
lexistence dune académie royale. Limpression dominante est celle
dune architecture médiocre ou tout au moins ordinaire.
Marie-Luce Pujalte confirme cette impression générale en excluant
toutefois les hôtels les plus accomplis qui empruntent à des modèles savants pour la
distribution ou le décor. En dépit de ses contacts avec Paris, le milieu parlementaire
toulousain semble très conformiste. Le Président se demande sil faut mettre en
cause le conformisme social ou bien les conditions économiques, et voudrait savoir si
lon dispose pour Toulouse de devis de construction que lon pourrait comparer
avec ceux de Bordeaux. Marie-Luce Pujalte indiquant quils sont toujours plus bas que
ceux que lon connaît dans dautres villes, il faudrait considérer que les
conditions économiques ont été déterminantes. Le Président demande encore si
laugmentation de la richesse dans la deuxième moitié du siècle se traduit par une
amélioration de la qualité de larchitecture. Marie-Luce Pujalte constate que ce
nest pas le cas alors que les constructions sont plus nombreuses.
À propos de la qualification d« architecte », M.
Gilles note que la tradition toulousaine fait de préférence usage de lappellation
de « maître maçon » : cest un simple maçon qui est maître
duvre du Bâtiment des Études. Celui-ci a reçu un modèle quil est
chargé dexécuter et il est probable que dans bien des cas, les maîtres maçons
aient reçu des instructions des propriétaires. Pour les bâtiments publics, ce sont les
maîtres des uvres de la Sénéchaussée ou de la Ville qui interviennent.
Le général Delpoux fait remarquer que nombre de
bâtiments construits au XVIIIe siècle
ont dû disparaître lors du percement de la rue Alsace-Lorraine et de la rue de Metz, ce
que confirme Marie-Luce Pujalte. Annie Noé-Dufour indique que les archives qui se
trouvent encore au service de lurbanisme de la Ville de Toulouse comprennent de
nombreux plans au sol qui permettraient sans doute de connaître les principales
dispositions de certains hôtels du XVIIIe siècle aujourdhui disparus.
Répondant à une question du Président, Marie-Luce Pujalte mentionne
les décors de terre cuite de lhôtel de Montbel, en indiquant que ces décors sont
cependant peu nombreux. Annie Noé-Dufour rappelle quil en existe en dehors de la
ville, comme par exemple au château de Bellevue.
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Guy Ahlsell de Toulza sétonne du contraste que présentent des hôtels comme ceux de Paulo et de Castelpers, en affichant sur la rue des portails énormes suivis de très médiocres façades sur cour. La disproportion paraît incompréhensible, en particulier si lon pense aux hôtels de la génération précédente, que ce soit lhôtel de Puivert ou lhôtel dEspie. Marie-Luce Pujalte rappelle que le marquis de Castelpers est lune des toutes premières fortunes de Toulouse quil faudrait pouvoir comparer à celles du Bordelais ou de Montpellier, notent le Président et Guy Ahlsell de Toulza , mais quil a peut-être présumé de ses moyens en engageant en 1777 la construction dun second hôtel, après celui de la place Sainte-Scarbes construit vers 1770. Aucune explication ne peut en revanche être proposée pour lhôtel de Paulo.
M. Yves Bruand souligne les qualités dont fait
preuve Guillaume Cammas, tant pour le plan du Capitole que pour ceux de lhôtel de
Lafage et de lhôtel de Puivert, en adaptant les dispositions aux contraintes de
bâtiments préexistants ou de parcelles très irrégulières qui présentaient
dimportantes difficultés. Il ajoute quil avait pu soupçonner
lintervention dÉtienne Mauri à lhôtel Dubarry, et que Marie-Luce
Pujalte, grâce à un important dépouillement des archives, a découvert deux documents
qui le mentionnent, permettant davancer un peu dans la connaissance de cet
architecte.
Annie Noé-Dufour indique que les archives du Génie, à Vincennes,
conservent de nombreux plans correspondant à la période où lhôtel de Puivert fut
occupé par le maréchal Niel, et les travaux qui y furent alors réalisés. Guy Ahlsell
de Toulza en prend bonne note, en disant cependant que la restitution des dispositions
intérieures du XVIIIe siècle ne soulève guère de
difficultés. Il fait encore remarquer que ladaptation dun plan régulier à
un parcellaire irrégulier fait partie des exercices habituels des architectes de
lépoque classique : lorsque nous évoquons le déplacement des axes des
façades sur cour et sur jardin, de nombreux exemples de célèbres hôtels du XVIIe siècle nous viennent tout naturellement à
lesprit.
Au titre des questions diverses, M. Robert Manuel fait circuler une photographie dune planchette peinte dun lion ailé, récemment retrouvée dans le plafond de la cave de sa maison de Cordes, où elle est en remploi. Ce décor pourrait correspondre à la date de 1553 donnée par un cartouche et peut-être à la peinture murale représentant le Sacrifice dAbraham qui est conservée au rez-de-chaussée. Le Président émet lhypothèse quil puisse sagir dun décor antérieur et propose de consulter à ce sujet Marie-Laure Fronton-Wessel.
CORDES (TARN), MAISON PORTAL, planche peinte d'un liion, en remploi dans le plafond de la première cave et pouvant provenir de la pièce au premier étage où se trouve la peinture murale représentant le Sacrifice d'Abraham.
Le Président annonce à la Compagnie que la Commission de Martres-Tolosane se réunira immédiatement après la fin de la séance afin de préparer létude de géophysique souhaitée par le Service régional de larchéologie sur lensemble du site de Chiragan et de définir les projets de notre Société pour les années à venir.
SÉANCE DU 16 MARS 1999
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur honoraire, Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire Général, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Cazes, Delaplace, Napoléone,
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Pousthomis-Dalle, Pradalier-Schlumberger, MM. labbé Baccrabère,
le général Delpoux, Gilles, Hermet, le Père Montagnes, Pradalier, Tollon, membres
titulaires ; Mmes Aribaud, Blanc-Rouquette, Fronton-Wessel, Pujalte, Rousset, Tollon,
MM. Burroni, Ginesty, Hamon, Manuel, Salvan-Guillotin, Testard, membres correspondants.
Excusés : Mgr Rocacher, M. Cranga.
Invité : Mme Catherine Tollon, M. Bertrand Ducoureau.
Le Président souhaite la bienvenue à notre nouveau confrère Étienne Hamon, qui prend séance ce soir, et à Mme Catherine Tollon que nous accueillons bien volontiers. Nous serons rejoints par M. Bertrand Ducoureau, conservateur du patrimoine à la Conservation régionale des Monuments historiques de Midi-Pyrénées, qui a également été invité à assister à la communication de la séance.
Le Président rend compte de la correspondance
manuscrite.
M. Dominique Baudis nous remercie pour lenvoi du dernier volume
de nos Mémoires, dont il a pris connaissance avec beaucoup dintérêt.
Un autre courrier nous accorde de pouvoir exceptionnellement
bénéficier de lauditorium de Saint-Pierre-des-Cuisines pour notre séance publique
qui se tiendra donc le 3 mai. Le Président indique que cette date était malheureusement
la seule disponible et regrette que notre séance publique se tienne ainsi le même jour
que la fête des Jeux Floraux. Cette situation malheureuse, qui est due au fait que la
grande salle de lHôtel dAssézat est en cours de rénovation, ne se
répétera pas.
M. Vincent Geneviève nous adresse sa candidature au titre de membre
correspondant. Le rapport est confié à Daniel Cazes.
Enfin, notre consur Christine Aribaud offre à la Société le catalogue de lexposition du Musée Paul-Dupuy, Soieries en sacristie. Fastes liturgiques, XVIIe-XVIIIe siècles (Toulouse-Paris : Musée Paul Dupuy-Somogy, 1998, 200 p., 250 ill. coul.) et deux tirés-à-part : Christine Aribaud, Velvères, tamis, éverteflingues Le traité de commerce de 1787 et les étoffes anglaises, dans Bulletin du Centre International dÉtude des Textiles Anciens (C.I.E.T.A.), 1998, p. 132-145, et Une part dhistoire de labbaye de Saint-Chaffre à la lecture des tissus sacrés du XVIIIe siècle, dans Les bénédictins de Saint-Chaffre du Monastier. Histoire et archéologie dune congrégation. Actes du colloque des 7, 8 et 9 novembre 1997, p. 365-380.
Le rapport de Michèle Pradalier-Schlumberger entendu, Mme Hélène Débax est élue membre correspondant de notre Société.
La parole est alors à Valérie Rousset et Françoise Tollon pour une communication sur la découverte dun décor médiéval à la cathédrale de Cahors :
« La chapelle Notre-Dame de la cathédrale de Cahors : étude du décor des niches latérales
Lanalyse des peintures des niches de la chapelle Notre-Dame, réalisée à la demande de M. Bertrand Ducourau, Conservateur du patrimoine à la Conservation régionale des Monuments Historiques (D.R.A.C. Midi-Pyrénées) dans la perspective détablir un futur programme de restauration, a associé une étude stylistique et historique (1) et une étude technique (2) destinée à mettre au jour lintérieur de quatre grandes niches gothiques obturées à la fin du XVIIe siècle.
Implantée sur lancienne absidiole romane sud du chur de la cathédrale, la chapelle est luvre de lévêque Antoine dAlamand qui la consacra en 1484. Elle est alors placée sous le double vocable de la Bienheureuse Marie et de la sainte Coiffe, linge de lin qui aurait recouvert la tête du Christ dans son tombeau, rapporté de la croisade par lévêque Géraud de Cardaillac entre 1109 et 1113. Jugée peu digne de recevoir ce saint Suaire dès le XVIIe siècle, la chapelle ne suscita que peu dintérêt au XIXe siècle lorsque larchitecte Tourette procéda à la dépose dune partie de son ornementation sculptée qui constitue aujourdhui, cependant, lun de ses atouts majeurs.
La chapelle est élevée selon un plan rectangulaire réparti en deux travées coiffées de voûtes dogives reçues par des culots sculptés parmi lesquels sont représentées les figures du tétramorphe. Les voûtains sont ornés dun ciel azuré parsemé de soleils et détoiles peintes. Quatre grandes niches peu profondes (de 42 à 68 cm) sont aménagées sur les murs est et ouest. Couvertes darcs surbaissés, elles sont encadrées de larges biseaux sculptés de motifs gothiques. Une inscription latine en lettres gothiques taillées dans la pierre Nove nove iterum que nove nove que, dont la signification demeure énigmatique, porte laccent sur la niche nord-est. Un grand renfoncement dans lequel était vraisemblablement placé lautel initial, occupe lentière largeur du mur sud ; il est masqué par un retable du XVIIe siècle. La chapelle rassemble un vocabulaire ornemental sculpté et peint du gothique flamboyant : roses épanouies, fleurs de lys, soleils placés sur des cercles de faible relief et ciselés de chevrons, billes, monogramme du Christ et bâtons écotés qui soulignent un panneau en bas et haut-relief consacré au Couronnement de la Vierge.
Cet ensemble ornemental remarquable par la profusion des motifs a été complété entre 1679 et 1681 par un retable doré à la feuille, réalisé sur un dessin de Gervais Drouet et offert par le chanoine Dadine de Hauteserre. Cest sans doute à loccasion ou à la suite de cette installation que lon a procédé à lobturation des quatre grandes niches afin de présenter un nouveau cycle peint consacré à la vie de Marie : lAnnonciation, la Visitation, lAdoration des Bergers et la Présentation au temple. Ces uvres, bien que de qualité très moyenne (des maladresses dans les perspectives et de fortes disproportions sont communes aux quatre scènes) concourent à la célébration du culte marial développé depuis lépoque gothique. Celui-ci sachève par la représentation de lAssomption de la Vierge peinte sur le retable de bois doré.
Les fines parois sur lesquelles sont peints les quatre panneaux de la fin du XVIIe siècle ont été partiellement sondées en 1980 (trous de 15-20 cm sur 10-15 cm) afin de déterminer le contenu de lintérieur des niches, mais nous navons pas trouvé de trace
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écrite des résultats de ces sondages. Les dernières recherches ont permis de pousser plus avant leur connaissance en révélant les vestiges dune scène du XVe siècle et la stratigraphie picturale de lensemble. Lintérieur des niches a été observé directement par les trous des sondages précédents puis à laide dune micro-caméra, tandis que les cadres sculptés et les peintures du XVIIe siècle ont été observés en lumière frontale et rasante.
Le décor de la fin du XVe siècle
Peinture murale
CAHORS, CATHÉDRALE SAINT-ÉTIENNE, CHAPELLE NOTRE-DAME, vestiges du décor peint du XVe siècle aperçu dans la niche.
Avant lobturation des niches, le mur du fond de celles-ci a été recouvert dun badigeon de chaux blanc dont la présence a parfois limité lobservation des vestiges peints.
Seule la niche nord-est a conservé un fragment lisible à ce jour, visible par le trou pratiqué en haut à droite du mur du XVIIe siècle : on peut y voir trois personnages dont deux se tiennent la main sur un fond de paysage avec des moutons. Pour le reste de cette niche, lobservation avec la micro-caméra a été décevante puisque le badigeon blanc qui recouvrait la peinture est encore en place. Des lacunes de ce badigeon laissent apparaître quelques traces de couleur, mais rien de suffisant pour connaître létendue actuelle de cette peinture ainsi que son état de conservation. Il faut noter quil était impossible techniquement, dans le cadre de cette étude, de procéder à un dégagement du badigeon à cause des difficultés daccès à la peinture du XVe siècle.Les niches sud-est, sud-ouest et nord-ouest présentent seulement, dans les larges zones où le badigeon est tombé, quelques fragments illisibles en terme « dimage », mais qui révéleront des éléments précieux pour décrire quelque peu la composition du programme décoratif des niches.
Le décor est vraisemblablement réalisé avec une peinture à base dhuile (une analyse scientifique nous en donnerait la certitude) posée sur la pierre, sans mortier intermédiaire. Seule une couche docre orangé (3) sépare la peinture proprement dite de lappareil ; cest elle qui apparaît sur le mur est de la chapelle.
La peinture à lhuile (4) est une technique que lon rencontre plutôt rarement au XVe siècle dans cette région et on peut même dire en France en général ; cest à ce moment-là plutôt la peinture sur badigeon qui prévaut, non seulement parce quelle coûte moins cher mais aussi parce que les peintres locaux maîtrisent alors imparfaitement la technique à lhuile. Cest pourtant une pratique déjà largement diffusée dont on trouve des exemples dans le nord dès le XIIIe et surtout au XIVe siècle.Dans chacune des niches, en haut ou en bas, le fond ocre orangé (et la peinture proprement dite lorsquil en reste) sinterrompt, avec des coulures de peinture sur la plage non peinte. Il y a tout lieu de penser que la peinture détourait des sculptures en haut ou bas relief. Un autre élément concourt à cette hypothèse : de grosses pattes métalliques fichées sur le mur du fond de certaines niches peuvent avoir été le mode daccrochage des éléments sculptés.
Les voûtes des niches représentaient le ciel au-dessus des scènes. Elles ont donc été entièrement recouvertes, sur le fond ocre orangé, dune peinture bleue. On a pu observer, dans les niches nord-est et sud-est des étoiles dun bleu plus soutenu. Il sagit en fait dun « négatif » du décor original : après que le fond bleu du ciel a été posé, des étoiles en relief (5), certainement à base de cire (6), ont été appliquées puis dorées à la feuille dor sur mixtion. Un morceau détoile en relief est encore présent sur la voûte de la niche nord-est. On peut observer deux sortes détoiles, dont lune, en forme semi-circulaire, se retrouve sur le décor sculpté au-dessus de la niche sud-est, ce qui confirme lappartenance de la décoration des niches à lensemble ornemental de la chapelle.Létude de la niche sud-ouest a révélé quelques fragments forts intéressants : on a pu retrouver dun côté le reste dune feuille dor, de lautre, des fragments de motifs en reliefs évoquant des brocarts appliqués, dorés à la feuille dor.
Les niches nord-ouest, sud-ouest et sud-est ne présentent plus de décor lisible de la fin du XVe siècle.
Seule la niche nord-est reste énigmatique puisque quun fragment de décor lisible est apparent. On peut cependant émettre un pronostic réservé sur son étendue : nous savons dune part que toute la surface du mur du fond de la niche nétait pas recouvert de peinture et dautre part, létat de conservation du fragment visible aujourdhui est médiocre : la couche picturale est extrêmement fine et fragile, assez largement lacunaire.
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Cadres sculptés
Les cadres sculptés entourant les niches ont également reçu dorure et polychromie au XVe siècle : les cadres sud-est et sud-ouest présentent un fond rouge, les éléments sculptés, fleurs de lis ou roses sont dorés ; le cadre nord-ouest comporte également un fond rouge avec les éléments sculptés, fleurs de lys et soleils dorés, mais le cercle entourant les soleils est bleu.
Le cadre nord-est est plus recherché : si les lettres et les soleils sont dorés, avec le cercle entourant les soleils peint en bleu, le fond est vert avec des rinceaux vert foncé et des fleurs blanches.Le décor du XVIIe siècle
Peinture murale
Le décor du XVIIe siècle a été réalisé sur un mortier appliqué sur une fine cloison en brique. La peinture à lhuile est posée sur une couche « dimprimitura » qui est ici une peinture à lhuile rouge. Comme pour la peinture du XVe siècle, le peintre a rendu le support plus imperméable par une couche préparatoire ; il faut noter toutefois quà partir du XVIIe siècle, la technique de la peinture à lhuile se perfectionnant, cette couche de fond joue également un rôle esthétique.
Techniquement, lartiste a toujours utilisé une peinture assez empâtée, jouant sur les reliefs des empâtements pour animer un motif ou jouant du fond rouge grâce aux rainures laissées par le pinceau.
Les quatre peintures murales sont très sombres, difficilement lisibles. Outre la crasse, on peut noter la présence de deux couches de vernis dont au moins une nest pas originale. Or, en vieillissant, un vernis saltère, il soxyde et prend une teinte brunâtre parfois très soutenue. Le résultat dune telle altération est ici flagrant : les blancs sont devenus marrons.
Nous avons réalisé des fenêtres de dévernissage sur chacune de ces peintures. Létat de conservation des peintures du XVIIe varie très fortement dune niche à lautre.La scène de La Visitation est la plus gravement altérée. Partageant le mur de LAnnonciation, elle en présente les mêmes altérations, chanci du vernis, écaillage et soulèvements de la couche picturale, multiplication de lacunes de couche picturale, cristallisation de sels, mais avec une ampleur et des conséquences bien plus importantes. Tout comme LAnnonciation, ce panneau a déjà été très largement restauré.
Lhumidité est la cause principale de cette altération. La peinture a dû en effet souffrir dinfiltrations antérieures à la dernière restauration du cloître. Celui-ci est actuellement couvert et donc normalement hors deau et daprès des sondages, il ny aurait pas de remontées capillaires. La peinture sest pourtant largement dégradée depuis sa dernière restauration : lassèchement du mur ouest de la chapelle, suite à sa mise hors deau, a pu favoriser de telles altérations.
Une peinture à lhuile, plus que toute autre technique de peinture murale, supporte très mal la présence deau dans les maçonneries. En effet, lhuile étant hydrophobe, elle empêche totalement lévaporation de leau par la face peinte, ce qui provoque, outre le chancis du vernis, les réseaux décaillages, de soulèvement puis de chute de la peinture.
Viennent se greffer, comme pour LAnnonciation, les problèmes de cristallisation de sels solubles qui proviennent non pas du support direct de la peinture mais des pierres de taille qui lentourent. Ces sels migrent à létat soluble dans le mur et cristallisent aux abords de la surface, provoquant, là aussi, écaillage, soulèvement et chute de la couche picturale.
Nous lavons évoqué, cette peinture a été largement restaurée ; cétait déjà scène la plus altérée à lépoque de lintervention
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car elle présente de nombreuses retouches picturales. On ne sait par contre dans quelle mesure les écaillages et soulèvements ont été alors refixés. Quoiquil en soit, son état actuel montre que le processus daltération a progressé et quelle est à nouveau la plus altérée des quatre peintures.
Cadres sculptés
Lintervention du XVIIe a laissé apparents les cadres sculptés du XVe siècle. Ceux-ci ont à nouveau été polychromés et ont reçu un fond rouge vif tandis que les éléments sculptés ont été recouverts de feuille dor à la mixtion. Seule nuance : les cercles entourant les soleils (niche nord-est et niche nord-ouest) ont été peints dun rouge plus soutenu. Bien quil sagisse dune réutilisation, il faut noter la richesse de cette nouvelle polychromie qui emploie la feuille dor.
Par la suite, les fleurs de lys sculptées des cadres ont été bûchées. Plus tard encore, les quatre cadres ont reçu une couche de badigeon de chaux blanc puis une couche jaune, certainement une peinture à la colle, ces deux dernières strates ayant été dégagées lors dune restauration de la chapelle.Conclusion
La vocation funéraire de labsidiole romane sud, attestée au XIIIe siècle cest ici que lon a placé les sépultures de trois évêques dont le sarcophage de Guillaume IV de Cardaillac enchâssé lors de la reconstruction gothique dans le mur est , sest éteinte à la fin du XVe siècle pour laisser place à un programme peint et sculpté en bas et haut-relief, voire en ronde-bosse, voué au culte marial. Cest dans quatre niches latérales que prirent placent, en effet, des décors peints à lhuile qui ne sont évoqués aujourdhui que par les vestiges dune scène dans laquelle trois personnages sont représentés sur un fond bucolique. À la fin du XVIIe siècle, un nouveau programme iconographique, dinégale qualité, a permis de prolonger la dévotion rendue à la Vierge.
Le décor des niches de la fin XVe siècle et de toute la chapelle, fut extrêmement riche. Il faut de plus noter son caractère extraordinaire pour la région (peinture à lhuile, utilisation massive de la feuille dor, présence de motifs en relief). Nous sommes donc devant un programme décoratif complet qui alliait peinture murale et sculpture polychrome dans des scènes historiées.
Par sa technique (7), sa richesse et son style (le fragment de peinture de la niche nord-est rappelle la peinture sur panneau du nord), le décor de la chapelle profonde de la cathédrale évoque « la peinture de luxe », que lon trouve notamment en Flandres pour les ensembles les plus riches dès le XIIIe siècle mais surtout au XIVe siècle, et qui mettait en uvre peinture, éléments en reliefs, verroterie, or, argent, pierres semi-précieuses.Malheureusement, ce décor nexiste plus quà létat de fragments. Pour les niches nord-ouest, sud-ouest, sud-est, on peut aller jusquà dire quil nen reste rien. Pour la niche nord-est, nous savons que la peinture ne couvrait pas toute la surface des murs du fond et que le fragment actuellement visible présente une peinture fragile et lacunaire. On ne peut donc rien prédire de létat de conservation de la peinture qui pourrait encore se trouver sous le badigeon de chaux, sachant de plus quun dégagement est impossible à lheure actuelle, tout au moins dans des conditions acceptables.
Il est peu raisonnable denvisager la dépose de la peinture XVIIe de la niche nord-est pour découvrir la peinture du XVe siècle : cest une opération délicate et extrêmement traumatisante pour une peinture murale, très onéreuse, et lincertitude sur létendue et lintérêt de ce que lon trouvera sur le mur du fond de la niche est trop grande.
Les fenêtres de dévernissage réalisées sur les quatre panneaux du XVIIe siècle montrent que lesthétique de ces peintures est largement altérée par la présence des vernis et que donc, une restauration leur rendrait tout de même, au-delà dune meilleure lisibilité, un aspect plus gratifiant. De plus, certaines dentre elles, et particulièrement la scène de la Visitation sont menacées aujourdhui et une intervention de conservation savère nécessaire. Lensemble des peintures du XVIIe siècle mériterait à ce titre une intervention de conservation-restauration. »Valérie Rousset & Françoise Tollon
1. Rousset (Valérie), La chapelle Notre-Dame de la cathédrale Saint-Étienne de Cahors, létude des peintures des niches. CRMH de Midi-Pyrénées, Novembre 1997.
2. Tollon (Françoise), Étude des niches de la chapelle sud du déambulatoire de la Cathédrale de Cahors. CRMH de Midi-Pyrénées, décembre 1997.
3. Dès lapparition des techniques picturales utilisant lhuile, il a fallu mettre en uvre une préparation particulière du support (appelée « imprimitura »), quelle que soit sa nature, pierre, enduit, préparation, qui limite ses capacités dabsorption. Au XIVe siècle, Cennino Cennini mentionne à cet effet un mélange comportant de luf, du lait de figue voire de lhuile. Selon Paul Philippot, on note lutilisation en Flandres, dès le XIIIe siècle, de céruse (« Les techniques de peinture murale au nord des Alpes aux XIVe et XVe siècles », dans Pénétrer lart, Restaurer luvre, Une vision humaniste, 1990, p. 217-234). On a cependant des exemples (Notre-Dame de Dijon) de préparations plus simples, constituées seulement dune fine couche de chaux puis dune couche docre jaune (liant indéterminé).
4. Lorsque lon parle de peinture à lhuile à lépoque médiévale, il ne faut pas imaginer celle que nous connaissons aujourdhui. Il sagit alors en fait de techniques mixtes englobant de lhuile mais aussi de luf et/ou de la colle.
5. Il faut noter que lon trouve également à léglise Saint-Barthélemy de Cahors, sur la scène de la Crucifixion dans lenfeu du mur est de la
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première chapelle est, des étoiles en relief, procédé fréquent à la fin du Moyen Âge. En dépit des apparences, les techniques employées à Saint-Barthélemy et à la cathédrale ne sont pas comparables : alors que celles de la chapelle profonde sont fines et très lisses, celles de Saint-Barthélemy sont plus frustres ; elles ont été posées avec un pinceau ou une spatule et comportent encore les remous de leur fabrication ; il sagit clairement dune technique moins aboutie quà la cathédrale.
6. Ainsi que nous lavons dit, lutilisation de motifs en reliefs sur les peintures murales est fréquent à la période médiévale, notamment pour les décors les plus riches. On trouve de multiples recettes pour la réalisation de tels éléments. Les ornements les plus volumineux comme les nimbes peuvent être réalisés en mortier (chaux et sable), ou bien à laide dune préparation à base de vernis et de farine, ou alors dun mélange de cire et de poix, ce dernier étant modelé directement sur le mur, lorsque le mélange est chaud ; on peut également mouler les motifs, soit avec une préparation classique (gesso et colle), soit avec un mélange à base de cire ; il sagit dans ce cas dune technique rappelant celle du brocart appliqué utilisée en sculpture, notamment dans le nord. Il est difficile de préciser la technique qui a été mise en uvre dans la chapelle profonde ; sa finesse nécarte pas lhypothèse du brocart appliqué. Tous ces reliefs étaient dorés à la feuille dor sur mixtion.
7. Cennino Cennini (Le livre de lart, Paris, 1991) souligne à propos de la technique de la peinture à lhuile (chapitre 89) : « ... comme les allemands le font beaucoup... ».
Le Président remercie les deux oratrices de cette présentation qui est aussi un bel exercice de frustration puisque derrière les peintures très ordinaires du XVIIe siècle, on pouvait espérer quelques éléments un peu plus spectaculaires : il faut se contenter de fragments intéressants. En demandant quelle était la profondeur des niches au XVe siècle, le Président voudrait savoir si des hauts reliefs pouvaient y trouver place. Valérie Rousset indique que la profondeur totale était de 70 cm, et la profondeur diminuée de celle du cadre de 30 cm, ce qui permettait en effet de disposer des reliefs.
Le Président ayant évoqué les techniques du nord
à propos des sculptures se détachant sur un fond peint ou encore lemploi de
brocard dor, Françoise Tollon acquiesce et ajoute quelles lui font également
penser à des peintures sur panneaux. Il sagit en tout cas de techniques peu
employées dans le Sud, bien que lon en connaisse un autre exemple à Cahors, dans
un enfeu de léglise Saint-Barthélemy, comme le rappelle Maurice Scellès. Le
Président demande sil en existe dautres exemples dans le Sud-Ouest et
sil faut penser à des modèles flamands. Valérie Rousset répond que M. Bertrand
Ducoureau leur a signalé que des chapelles de la cathédrale de Rodez présentaient cette
même technique de motifs en cire appliqués sur la peinture.
Étienne Hamon note que le motif du bâton écoté nest pas
propre au Quercy et quon le trouve à la fin du XVe
siècle en Île-de-France, où lon connaît aussi des retables peints et sculptés
datables des environs de 1500. Maurice Scellès rappelle que la définition dune
« école quercynoise » de sculpture de la fin du XVe
siècle est née au début du siècle avec un article paru dans le Bulletin de la
Société des Études du Lot, et paraît fort discutable. Le bâton écoté, la
rosace et le soleil flamboyant sont des motifs très largement répandus en dehors du
Quercy.
Étienne Hamon fait remarquer que la date de 1484 inscrite dans la chapelle paraît suspecte, et demande si elle est confirmée par la documentation. La date de la consécration de la chapelle est en effet connue par un passage dun livre consulaire. Le blason au-dessus duquel se trouve la date étant retourné, Valérie Rousset, Françoise Tollon et Étienne Hamon saccordent pour considérer que la date a été gravée après coup sur une pierre replacée dans la maçonnerie.
Le Président voudrait avoir des précisions sur le
parti qui sera retenu pour la conservation de ces différents ensembles peints. Françoise
Tollon dit quil est techniquement possible de déposer les peintures du XVIIe siècle, mais que le coût en serait
élevé pour un résultat très incertain, car rien nassure que les décors du
XVe siècle soient conservés au-delà de ces
vestiges. En revanche, il convient sans doute de limiter les migrations de sels.
Le général Delpoux se félicite de lattention portée à ces
peintures. Évoquant léglise de Caudeval, qui a été entièrement décapée
jusquà la pierre sur ordre du maire, il souligne quun important travail de
sensibilisation doit encore être fait pour éviter des pertes irréparables.
Nelly Pousthomis-Dalle demande sil est sûr que la peinture des
fonds ait été appliqué après la mise en place de sculptures. Pour Françoise Tollon,
cest ce que laissent penser les traces visibles, mais on peut aussi imaginer que
lon ait tracé les silhouettes des sculptures avant de peindre, les reliefs
nétant définitivement placés que dans un second temps. Quitterie Cazes
nexclut pas que les sculptures aient été peintes en même temps que les fonds, et
Françoise Tollon relève quen effet les fragments de sculpture actuellement
présentés dans le cloître gardent les traces dune préparation sembable à celle
des fonds.
Le général Delpoux sétant inquiété du traitement qui
appliqué aux peintures du XVIIe siècle, Françoise
Tollon indique quil faut prévoir un enlèvement des vernis, et quelle
nappliquerait un film protecteur que si létat de la couche picturale le
rendait nécessaire. Le produit actuellement le plus stable est obtenu par une solution de
résine acrylique.
Répondant à Bruno Tollon, Valérie Rousset précise que la chapelle de la fin du XVe siècle na pas de vocation funéraire, et que les tombes qui sy trouvent sont en fait celles qui existaient auparavant dans la chapelle romane détruite pour faire place à lactuelle chapelle Notre-Dame.
Le Directeur informe la
Compagnie des travaux actuellement menés par la Commission des fouilles
archéologiques de Chiragan à Martres-Tolosane.
Il rappelle que la Commission renoue avec lune des plus anciennes
traditions de notre Société, qui a eu un rôle déterminant dans létude du site
de Chiragan jusquà la fin du XIXe siècle. La nouvelle Commission, mise en place lors de la réunion du Bureau du
23 février dernier, voit le jour cent ans exactement après la dernière campagne de
fouilles menée par Léon Joulin au cours des années 1897-1899.
La Commission des fouilles archéologiques de Chiragan à
Martres-Tolosane réunit régulièrement les membres du Bureau, comme limposent les
statuts de notre Société, et deux membres, Quitterie Cazes et Jean Catalo, désignés en
raison de leurs compétence darchéologues de terrain. Elle est chargée du suivi de
lensemble des opérations qui pourront être décidées en
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liaison avec le site archéologique de Chiragan, tant sur le plan de
leur organisation que sur le plan scientifique ; elle nomme un porte-parole qui a la
responsabilité de sadresser aux différentes institutions concernées par les
fouilles de Chiragan : la Mairie de Martres-Tolosane et le Musée archéologique de
la commune, le Président de lAssociation archéologique de Martres, le Conservateur
régional de larchéologie, la Mairie de Toulouse et le Musée Saint-Raymond, le
Département de la Haute-Garonne, la Région, etc. Elle informe régulièrement la
Société de ses activités.
La Commission dresse un bilan des connaissances, dont la publication
interviendra en 2002 ou 2003 sous la forme dun volume hors série de nos Mémoires.
Lordre du jour appelle les rapports sur les concours. Le Président indique que peuvent être attribués cette année le prix du Professeur Michel-Labrousse et le prix de Clausade, doté de 3000 F.
Christine Delaplace conclut favorablement son rapport sur le mémoire de Mlle Florence Millet, Inventaire des nécropoles et sépultures isolées de lAntiquité tardive (IIIe-VIIe siècles) dans le département du Tarn : étude de la christianisation dune région du sud-ouest de la Gaule :
« Mademoiselle Florence Millet a rédigé sous ma direction un mémoire de Maîtrise en Histoire Ancienne dont la soutenance eut lieu le jeudi 10 septembre 1998 devant un jury composé de Madame Sylvie Faravel, Maître de Conférences en Histoire et Archéologie médiévales à lUniversité de Toulouse-II le Mirail, et de moi-même. Le manuscrit de ce mémoire me fut soumis dès les premiers jours de juillet 1998, mais il fut convenu avec limpétrante que la soutenance se tiendrait début septembre 1998.
Le sujet de recherche de Mademoiselle Florence Millet touche de très près, outre la recherche archéologique, le domaine du Patrimoine et de sa conservation puisquil sagissait de mettre en uvre, selon le titre même du mémoire, un Inventaire des nécropoles et sépultures isolées de lAntiquité tardive (IIIe-VIIe siècles) dans le département du Tarn : étude de la christianisation dune région du sud-ouest de la Gaule. Louvrage est composé de deux volumes : un volume de textes (tome I) de 359 pages et un volumes de photos, planches, cartes et graphiques (tome II) de 128 pages.Le premier volume sordonne naturellement autour de lInventaire. Ce dernier représente le chur du travail de recherche de Mademoiselle Millet. Composé de 266 pages, il est organisé en fiches par site très clairement rédigées qui mettent en valeur les qualités de raisonnement, dorganisation et de synthèse de la candidate. La conception méthodologique de ces fiches présente un modèle qui pourrait être repris par nombre détudiants élaborant ce type de travail dinventaire. Le premier volume rassemble une documentation bibliographique trop longtemps éparpillée et des informations provenant de sources orales et de prospections personnelles sur les sites qui en font une remarquable source de renouvellement des données inventoriées. Une présentation générale du département du Tarn dans lAntiquité, sans doute un peu trop succincte mais cest un exercice qui se révèle difficile pour tout chercheur débutant , précède ce travail. Un essai de synthèse conclut quant à lui le volume. Il met en relief les zones de plus ou moins grande densité de trouvailles archéologiques de lAntiquité tardive, ce qui permet de présenter quelques prudentes conclusions sur la christianisation de la région. La candidate répond ainsi en quelque sorte à une hypothèse de recherche formulée un jour ici même par Daniel Cazes qui mincita à proposer à un étudiant ce travail dinventaire pour le Tarn.
Le second volume met en évidence le souci de la candidate de faire en sorte que les documents archéologiques découverts ou redécouverts par ses soins puissent désormais faire lobjet dune conservation au moins scientifique par le biais de ses nombreuses photographies et croquis effectués lors de ses déplacements sur les sites. Il sagit en effet souvent de fragments de sarcophages ou de sarcophages entiers réutilisés dans des contextes qui naugurent pas de leur pérennité dans les décennies à venir. Chacun se trouve ainsi immortalisé par des dessins dune très grande précision et des photos obtenues parfois après la résolution de grandes difficultés techniques.
Une bibliographie thématique très exhaustive et bien ordonnée accompagne ce travail minutieux et bien rédigé. La candidate maîtrise parfaitement cette bibliographie, ce qui lautorise à présenter une réflexion historiographique sur la production des érudits et des historiens locaux des XIXe et XXe siècles particulièrement utile dans ce genre dinventaire archéologique.La ténacité, la curiosité intellectuelle et le sens du contact humain dont a fait preuve sans défaillance Mademoiselle Florence Millet durant cette recherche sont également des qualités que jai plaisir à signaler à la Compagnie. »
Le prix du Professeur Michel Labrousse est donc attribué à Mlle Florence Millet.
On entend ensuite les rapports pour le prix de Clausade.
Christine Delaplace présente le travail de Mme Patricia Beaudrix-Guillet, LÉglise Saint-Martin de Moissac : Étude historique et archéologique :
« Madame Patricia Beaudrix-Guillet a préparé sous la direction de Madame Nelly Pousthomis, Maître de Conférences en Histoire de lArt et Archéologie médiévales à lUniversité de Toulouse II-Le Mirail, et de moi-même qui en assurais surtout la direction historique et administrative, un mémoire de Maîtrise en Histoire de lArt et Archéologie dont la soutenance a eu lieu le jeudi 10 septembre 1998 devant un jury composé de Madame Nelly Pousthomis et de moi-même. Le sujet de recherche de Madame Patricia Beaudrix-Guillet touche de très près les préoccupations de la Société Archéologique en matière darchéologie du Patrimoine, de sa conservation et de sa présentation au public, puisquil sagissait détablir la première monographie de synthèse sur léglise Saint-Martin de Moissac.
Ce mémoire, intitulé LÉglise Saint-Martin de Moissac : Étude historique et archéologique, est composé de deux volumes :
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le tome I (83 p.) comprend le texte de la synthèse scientifique ; le tome II reproduit 204 figures, planches photographiques en couleur et en noir et blanc, plans et relevés pierre à pierre réalisés par lauteur.
Ce travail universitaire met en valeur les qualités de raisonnement, dorganisation et de synthèse de Madame Patricia Beaudrix-Guillet. Elle a su exploiter avec profit les résultats de ses fouilles, effectuées en septembre 1997, en démontrant le caractère erroné de certains plans anciens qui permettaient des conclusions hâtives concernant la soi-disant enceinte antique ou médiévale qui aurait servi, en remploi, à lédification du mur ouest de léglise. Ses relevés pierre à pierre exploitent une remarquable connaissance du monument que jai pu constatée à chacune de mes visites. Elle applique ici les méthodes les plus dynamiques de la recherche archéologique médiévale en Architecture monumentale. Ses analyses comparatives, pour modestes quelles soient dans le cadre limité du temps de rédaction dune maîtrise, permettent là encore davancer quelques hypothèses nouvelles quant à linterprétation et à la datation de ce monument. Une bibliographie thématique très exhaustive et bien ordonnée accompagne ce travail très clair et agréable à lire.
Ce mémoire met en évidence, par le biais de nombreuses photographies et croquis, le souci de la candidate de faire en sorte que ce monument puisse désormais faire lobjet dune attention scientifique nouvelle que commande la fragilité de sa conservation. Elle na eu de cesse de tenir au courant de ses travaux tant la municipalité de Moissac que les Monuments Historiques. En étant présente sur le site lors des Journées Nationales du Patrimoine, elle a fait bénéficier le public de la réouverture dune église que daucuns considèrent parfois comme la plus ancienne de France. Ce souci pédagogique honore, je crois, la candidate autant que son travail universitaire. »
Henri Pradalier donne lecture de son rapport sur le mémoire de Mlle Priscilla Malagutti, Buzet-sur-Tarn. Étude monumentale :
« Le travail présenté par Mlle Priscilla Malagutti est un mémoire de maîtrise soutenu en 1998 devant Mme Pradalier-Schlumberger et M. H. Pradalier. Il est intitulé Buzet-sur-Tarn : Étude monumentale, et se compose dun volume comptant 168 pages, un glossaire, des pièces justificatives et 28 planches, dont plusieurs inédites, et dun volume de photographies.
Il sagissait au départ deffectuer un recensement de tous les monuments médiévaux de la ville de Buzet, puis de les analyser, avant de les insérer dans les grands courants de la production artistique contemporaine. Les premières investigations ayant révélé que les restes médiévaux de Buzet-sur-Tarn étaient quasi inexistants, Mlle Malagutti a alors décidé dappliquer la même méthode aux monuments de la ville qui le méritaient, à savoir léglise Saint-Martin et les maisons de bois. Cest avec bonheur quelle a réussi cette mutation.Son travail se divise en trois parties. La première concerne lhistoire de Buzet, des origines à nos jours. Dans cette partie, après avoir rappelé lhistoire de Buzet, sans quil y ait dapports nouveaux ce qui nétait dailleurs pas le but du travail , Mlle Malagutti sest penchée sur un aspect plus intéressant : celui des monuments disparus du Buzet médiéval, passage dans lequel elle élimine définitivement certaines légendes concernant déventuels souterrains, se penche sur le tracé des remparts et sinterroge sur lemplacement des portes de la ville en fonction des axes de circulation et du développement urbanistique de celle-ci.
La deuxième partie du travail est la plus importante en quantité mais aussi en qualité. Elle concerne létude de léglise Saint-Martin de Buzet. Elle commence par lhistorique de léglise à travers les textes, en sappuyant beaucoup sur les documents postérieurs au XVIe siècle, pour des raisons évidentes de conservation. Mais à travers létude de ces documents, Mlle Malagutti montre son habileté à utiliser les documents écrits à des fins darchéologie monumentale.Létude architecturale de léglise, qui suit la partie historique, vient montrer dabord que la façade, la tour puissante qui la scande et le clocher qui la surmonte doivent être datés au plus tôt du début du XVe siècle pour les parties les plus anciennes et à lextrême fin du XVIe siècle, voire au début du XVIIe siècle pour les parties hautes. On ne saurait trop souligner limportance de cette chronologie qui montre la survivance, fort tard dans la période moderne, de procédés et de formes dont les premiers exemples peuvent remonter, dans certains cas, à la fin du XIIIe siècle ou au début du XIVe siècle.
Le reste de lédifice reprend les formes de léglise à vaisseau unique usitée dès le début du XIIIe siècle et illustrée par des monuments aussi célèbres que la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse, ou les églises du premier gothique tolosano-albigeois (Rabastens et Lavaur). Mlle Malagutti apporte ainsi un élément important à lhistoire des formes architecturales dans laire tolosano-albigeoise en montrant comment aux XVe et XVIe siècles on a conservé, à Buzet, le parti initial dune église vraisemblablement construite au XIIIe siècle et reconstruite à la suite des destructions dues à la Guerre de Cent Ans puis aux guerres de religion.La troisième tempête essuyée par léglise de Buzet a été celle de la Révolution française. Laprès Révolution a été loccasion de la restauration de lédifice et surtout de létablissement dun décor peint très important dont Mlle Malagutti, dans la partie la plus neuve de son travail, a retrouvé le nom du peintre, Damon, habitant de Lavaur, et les dates de réalisation : 1863-1870.
Elle se livre dans cette partie à une analyse fouillée et passionnante de ce décor peint quelle replace dans le contexte général de la peinture religieuse du XIXe siècle mais aussi de la peinture religieuse régionale, en sappuyant sur les travaux de notre confrère Christian Mange. Il apparaît que les sources de Damon ont été les Ceroni et Sainte-Cécile dAlbi, et, plus indirectement, Viollet-le-Duc qui a contribué à faire connaître les peintures de ce dernier édifice. Elle retrouve également dans son art linfluence des nazaréens et considère que lart de Damon est révélateur du goût pour la redécouverte du Moyen Âge.La dernière partie de la maîtrise de Mlle Malagutti touche la construction privée. Il faut reconnaître que la pauvreté architecturale des monuments concernés ne peut favoriser les grandes envolées. Mais on saura gré à lauteur davoir su débrouiller la chronologie des quelques maisons de la bourgade qui méritaient de lêtre et dont les plus anciennes ne datent que du XVIIe siècle.
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Cette partie aurait gagnée à être placée avant létude de léglise, ce qui aurait permis à ce travail de sachever sur un point fort. Mais cest là une critique mineure. Bien évidemment comme tout premier travail universitaire, la maîtrise de Mlle Malagutti nest pas exempte de fautes ou derreurs. Mais ce sont là péchés véniels que lon ne pardonnerait pas dans un travail plus élaboré comme celui dune thèse par exemple.
La candidate a montré au cours de son travail dexcellentes capacités dadaptation puisquelle a réussi, avec bonheur, à traiter dune période pour laquelle elle nétait pas particulièrement préparée. »
Maurice Scellès lit son rapport sur le travail présenté par Mme Dany Couget-Rullier, Grenade-sur-Garonne : monographie de léglise Notre-Dame de lAssomption, mémoire de maîtrise dhistoire de lart sous la direction de M. Henri Pradalier, Université de Toulouse-Le Mirail, 1998, t. 1. texte : 185 p. + 25 figures, t. 2 illustrations : LXVIII planches.
« Lauteur aborde létude de léglise paroissiale en la situant dans le contexte de la bastide de Grenade, fondée en 1290 dans le cadre dun paréage conclu entre labbé de Grandselve, Pierre III Alfaric, et le roi de France représenté par son sénéchal Eustache de Beaumarchais. Une grange de labbaye cistercienne était située sur le territoire de Vieilleaygue qui prendra le nom de « Granata ». La première section permet dévoquer lhistoire ancienne du site, les conditions de la création de la ville nouvelle et les principaux événements survenus au Moyen Âge et à lépoque moderne. Lanalyse du plan de la bastide situe léglise dans lagglomération et précise la manière dont elle sinsère dans le tracé parcellaire.
Ce premier chapitre sachève avec lhistorique de léglise paroissiale tel quil apparaît à travers les sources conservées, depuis la fin du XIIIe siècle jusquà son classement au titre des Monuments historiques en 1951. Lédifice est particulièrement bien documenté :
- les travaux auraient été entrepris le 15 octobre 1290 selon un missel de Grandselve ;
- selon une source non vérifiable, la construction de léglise aurait coûté 120 931 florins dor et le clocher construit en 1293 aurait coûté 15 000 florins ;
- en 1296, une transaction entre les consuls et labbé de Grandselve concernant la fabrique et les réparations à faire à léglise paroissiale prévoit 50 livres de provision annuelle et convient quune éventuelle reconstruction à neuf incomberait entièrement à labbaye ;
- en 1309, le pape accorde un an et cent jours dindulgence à ceux qui visiteront léglise Sainte-Marie de Grenade ;
- en 1334, le roi autorise à empiéter sur la rue pour bâtir des chapelles ;
- par une sentence arbitrale de 1376, le maçon granadain Pierre de Sorèze, désigné comme maître duvre des murs de léglise, est reconnu coupable de malfaçons et dinachèvement ;
- en 1395, Raimond de Dolhio offre quatre francs or pour faire faire une peinture et suffisamment de briques pour paver le sol de léglise ; en 1402 n. st., il ajoute dix livres tournois pour que la scène prévue soit peinte dans la chapelle Saint-Gratien quil fait édifier ;
- en 1396, les marguilliers de la Grande Confrérie de Notre-Dame décident de la construction de la grande sacristie ;
- en 1400, le prêtre Géraut de Bosco participe financièrement au décor du chur ;
- en 1403 n. st., Raimond de Dolhio ajoute 200 francs or aux quinze francs déjà légués pour le clocher, au cas où labbé sopposerait à la construction de la chapelle Saint-Gratien ;
- la chapelle du Purgatoire est fondée en 1454 par labbé Giles de Morban.
Quelques documents font connaître les embellissements et restaurations postérieurs au XVe siècle.Le deuxième chapitre est consacré à létude architecturale et archéologique de léglise. Mme Dany Couget-Rullier y fait preuve dun très bon sens de lobservation. En s'appuyant sur les plans existants mais surtout sur ses propres relevés, elle parvient à dresser un état précis des maçonneries et des reprises et à en proposer une chronologie relative convaincante.
Lauteur sintéresse ensuite au décor, avant de conclure avec la datation des différents états de lédifice. Létude du décor sculpté du portail occidental est rendue difficile par les interventions du XIXe siècle : il semble pourtant quil aurait été possible de mieux mettre en évidence ce qui appartient au style du début du XIVe siècle. Les sculptures des chapelles, parmi lesquelles figurent des décors héraldiques, font lobjet dune description systématique, précieuse pour préciser la chronologie, même si la lecture est gênée par le plan de lexposé qui sépare trop formellement culots, chapiteaux et clefs de voûte au lieu de privilégier des ensembles. Plutôt que « virgo », on proposera de lire, dans la chapelle n° 2, linscription de lécu comme le nom du donateur, un certain « hugo de p[...] ».
Létude des briques vient compléter lanalyse archéologique en mettant en évidence des formats différents qui caractérisent un peu plus les campagnes de construction. Lauteur peut alors confronter la chronologie relative établie à partir de lobservation de lédifice aux dates fournies par la documentation écrite.Elle distingue ainsi un premier état dont ne subsisterait que quelques maçonneries dans la partie occidentale, ainsi que la base du clocher hors-uvre, état qui pourrait appartenir à un édifice antérieur à la fondation de la bastide ou bien au tout premier édifice construit dans les années 1290.
Vers 1296, serait construite une nef à trois vaisseaux à laquelle appartiendraient les parties les plus anciennes du mur du chevet.
Lédifice en partie ruiné vers 1300, serait reconstruit avec un agencement différent des travées au cours des trois premières décennies du XIVe siècle. Le portail occidental, qui sera ensuite en grande partie rebâti, est alors en place.
Des chapelles sont ajoutées au sud puis au nord, en empiétant sur la rue, vers 1334.
Les années 1370 marque le début dune ample campagne de reconstruction qui ne sachève quau début du XVe siècle,
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donnant à lédifice son allure actuelle : le chevet est surhaussé et le voûtement de la nef est refait sur de nouveaux supports ; le clocher est achevé.
La chapelle du Purgatoire est élevée en 1454.
La partie occidentale de léglise est reprise et le portail est déplacé et rebâti après 1454, peut-être au début du XVIe siècle.
Lensemble de la chronologie proposée éclaire de manière très pertinente lhistoire de lédifice, même sil est possible de discuter tel ou tel point de la démonstration. En écartant les quelques vestiges dune éventuelle construction antérieure, dont la signification est sujette à caution, la première église, restée inachevée, pourrait ainsi être datée plus globalement des années 1290 à 1330 ; dans cette optique, le décor du portail occidental mériterait une étude plus précise.En conclusion, le mémoire de Mme Dany Couget-Rullier témoigne dune incontestable capacité à utiliser les sources et la bibliographie et de grandes qualités dobservation et danalyse aboutissant à une bonne étude darchéologie monumentale. Si l'on peut sans doute regretter quelques faiblesses dans la rédaction et le plan d'ensemble du mémoire, les résultats obtenus sont à la hauteur du très important travail réalisé par lauteur. »
Une discussion sengage sur les mérites
respectifs de ces différents travaux, sans parvenir à une décision. On convient
quil serait nécessaire que les membres puissent effectivement fonder leur jugement
sur des comparaisons mieux établies, les rapporteurs ayant lu chacun au moins deux des
trois mémoires présentés.
Sur proposition du Président, la Compagnie vote à lunanimité
le renvoi de la question devant une commission ad hoc, qui devra proposer une
décision lors de la prochaine séance. Le Président ainsi que MM. Étienne Hamon et
Olivier Testard se joindront aux rapporteurs pour constituer la commission.
Au titre des questions diverses sont présentées quelques observations sur labside de lancienne église des Cordeliers à Toulouse, dont les vestiges font actuellement lobjet de travaux. La comparaison entre la photographie avant travaux et celle de létat actuel est éloquente : ce qui subsistait encore de labside a été entièrement dénaturé. Après quil a été précisé que les travaux sont conduits par larchitecte en chef des Monuments historiques, M. Bernard Voinchet, et quils sont financés à 50 % par lÉtat, il nest plus besoin dépiloguer
SÉANCE DU 6 AVRIL 1999
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur
honoraire, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire Général, Cabau,
Secrétaire-adjoint ; Mmes Cazes, Delaplace, Napoléone, MM. Blaquière, le général
Delpoux, Pradalier, Mgr Rocacher, M. Roquebert, membres titulaires ; Mmes
Fronton-Wessel, Piot, Pujalte, Watin-Grandchamp, MM. Burroni, Cranga, Ginesty, Hamon,
Salvan-Guillotin, Testard, membres correspondants.
Excusés : MM. Cazes, Directeur, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Henri Molet.
Invités : M. le professeur Jean-Paul Fortuné, Mme Mariarosaria Gargiulo.
Le Secrétaire Général donne lecture des
procès-verbaux des séances des 2 et 16 mars derniers, qui sont adoptés.
Mgr Rocacher regrette que naient pas été évoquées les
transformations qui affectent également la sacristie des Cordeliers, pourtant classée au
titre des Monuments historiques. Le bâtiment légué autrefois à lÉvêché par
une dame pieuse a été revendu à un particulier.
Le Président rend compte de la correspondance
manuscrite.
Mme Hélène Débax remercie la Société de lavoir élue parmi
ses membres correspondants, et nous demande dexcuser ses prochaines absences en nous
faisant part de la joie dune naissance toute récente. La Société lui présente
tous ses compliments et ses meilleurs vux.
M. Jean Guyon nous dit tout le plaisir quil a eu à la réception
du dernier volume de nos Mémoires, et nous demande dexcuser le retard de sa
réponse, dû à lachèvement du volume de la topographie de la Gaule consacré à
Aix-en-Provence. En soulignant le caractère exemplaire de cette publication qui est un
modèle du genre, Quitterie Cazes engage vivement la Société à lacquérir pour sa
bibliothèque.
Enfin nous avons reçu de M. Dominique Baudis, Maire de Toulouse, une
invitation pour une visite du musée Saint-Raymond rénové, le 6 mai prochain à 16
heures 30.
La parole est alors à Céline Piot, pour la première communication de la séance, consacrée à La villa gallo-romaine de Lamolie à Astaffort (Lot-et-Garonne) : étude d'un domaine rural antique et de son environnement dans la basse vallée du Gers, publiée dans ce volume (t. LIX, 1999) de nos Mémoires.
Le Président remercie Céline Piot en la
félicitant davoir su balayer aussi rapidement lensemble des questions que
pouvait susciter la villa de Lamolie et son environnement. Il remarque cependant
que cette villa romaine paraît navoir pour aujourdhui quune
existence virtuelle et demande ce quil en est déventuels sondages
archéologiques.
Céline Piot indique que la politique actuelle du Service régional de
larchéologie, pour les villae romaines, est de concentrer les efforts sur
des sites de référence et quaucune fouille nest de ce fait envisagée à
Lamolie.
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TOULOUSE,
ANCIENNE ÉGLISE DES CORDELIERS, |
TOULOUSE,
ANCIENNE ÉGLISE DES CORDELIERS, |
M.S.A.M.F., t. LIX, p. 280
Répondant à Quitterie Cazes, Céline Piot dit
quune restitution de la villa pourrait en effet être tentée à partir à
partir des photographies aériennes et dune étude des cadastres.
Le Président sétant inquiété des labours profonds qui peuvent
endommager les couches archéologiques, Céline Piot précise quil nest pas
actuellement pensable de pouvoir les limiter. Elle ajoute que le ramassage des objets sur
le site na pas été systématique.
Quitterie Cazes note que le vin est en effet souvent considéré comme
une source de richesse des villae, et elle évoque à ce sujet le programme de
recherche mis en place par Catherine Balmelle.
La parole est ensuite à Gabriel Burroni pour des Propos sur la gypserie à travers quelques exemples ; parenté et différences avec le stuc.
Le Président remercie Gabriel Burroni et Jean
Coppolani demande si un recensement des gypseries de Toulouse a été engagé. Gabriel
Burroni répond par la négative et regrette le peu dintérêt que lon
manifeste le plus souvent pour la gypserie, croyant à tort quil sagit de
décors moulés alors que ce sont toujours en fait des décors uniques.
Jean Coppolani évoque deux immeubles, déjà signalés par Jules
Chalande, au 8 rue de la Pleau et au 33 de la rue des Paradoux, où les décors
présentent des thèmes maçonniques. Gabriel Burroni a également noté le signe des
trois points à lhôtel Dubarry.
À propos de la cheminée de Saint-Antonin, le Président voudrait
avoir des précisions sur les indices qui ont permis la reconstitution des piédroits.
Gabriel Burroni explique que le haut du piédroit était conservé sous la hotte, donnant
précisément le profil du corps de moulures ; en revanche, aucune indication
nexistait pour les bases et il a donc fallu saider des dessins réalisés par
Viollet-le-Duc sur deux autres cheminées semblables de Saint-Antonin.
Répondant à une question dHenri Pradalier, Gabriel Burroni
indique que les compositions des pâtes sont variées, différents ingrédients pouvant
être mélangés au plâtre, mais que cest le désir dimiter la pierre qui
caractérise le stuc et le distingue de la gypserie.
Henri Pradalier voudrait encore avoir des précisions sur les panneaux
réalisés par Lacombe dans la chapelle du château de Pechbonnieux. Dominique
Watin-Grandchamp dit quil semblerait que le décor ait été inspiré par une
iconographie janséniste, en relation avec les choix religieux du commanditaire. Le
Président note que le motif de la chute dornements est ici composé dobjets
religieux parmi lesquels figurent des calices et des ostensoirs.
Guy Ahlsell de Toulza ayant exprimé son scepticisme quant à en
éventuelle influence janséniste sur le décor de la chapelle, le Président rappelle que
des travaux récents ont insisté sur le fait que le jansénisme était lune des
clefs de la compréhension du XVIIIe siècle.
Lordre du jour appelle à nouveau lexamen des rapports pour le concours. Le Président résume les différents avis et conclut quil est possible de réserver le prix, de le partager ou de lattribuer. À l'issue de la discussion il est décidé de réserver le prix de Clausade, et de décerner à titre d'encouragement une médaille de bronze à chacune des trois candidates.
CAUSSADE, LA TOUR D'ARLES EN 1999, après la restauration des élévations extérieures. |
Au titre des questions diverses, Maurice Scellès présente quelques observations suite à une récente visite à la Tour dArles à Caussade, dont la restauration des élévations extérieures vient de sachever. Le caractère exemplaire du chantier quannonçait létude préalable prolongée par un suivi archéologique des travaux, dont notre confrère Bernard Pousthomis a rendu compte ici même, (Bulletin de lannée académique, dans M.S.A.M.F., t. LVIII, 1998, p. 259-260) est confirmé : larchitecte des Monuments historiques, M. Régis Martin, et lentreprise Bizeul-Rodrigues ont scrupuleusement respecté les parties anciennes, y compris les vestiges denduit qui nont été que complétés, tout en optant pour une reconstitution de létat du XIIIe siècle. La valeur documentaire de lédifice a ainsi été préservée tout en redonnant au bâtiment médiéval une valeur monumentale. Le Président juge que la restauration de la tour dArles sinscrit dans la lignée du meilleur Viollet-le-Duc. Maurice Scellès ajoute que le projet dun escalier de secours, qui aurait conduit à percer lélévation ouest à chaque niveau, a heureusement été abandonné. |
Un membre fait remarquer que la qualité de la restauration de
M.S.A.M.F., t. LIX, p. 281
la Tour dArles tranche avec les travaux en cours sur les vestiges des Cordeliers de Toulouse, qui ont entièrement dénaturé ce qui subsistait de labside de lancienne église (des photographies en ont été présentées lors de la séance du 16 mars dernier). La Compagnie sétonne que deux monuments aussi proches et tous deux protégés au titre des Monuments historiques puissent recevoir des traitements aussi différents de la part de la même administration. La disparition de toute doctrine de restauration se traduit dans les faits par labandon des édifices entre les mains des architectes de Monuments historiques livrés à eux-mêmes, pour le meilleur et pour le pire. La section Travaux de la Commission supérieure des Monuments historiques, où ne figurent plus que de très rares historiens dart, ne peut plus être considérée comme une instance de réflexion et de contrôle.
La Compagnie décide de décerner des félicitations à la Ville de Caussade pour la restauration de la tour dArles et de lui remettre solennellement une médaille dargent de la Société Archéologique du Midi de la France.
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