Mémoires |
BULLETIN DE L'ANNÉE ACADÉMIQUE
1998-1999
établi par Patrice CABAU & Maurice SCELLÈS
Cette édition électronique respecte la mise en page de l'édition imprimée (Bulletin de l'année académique 1998-1999, dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. LIX, 1999) dont nous indiquons la pagination. Certaines illustrations en noir et blanc ont cependant été remplacées par des illustrations en couleur. En outre, quelques illustrations supplémentaires qui figuraient dans la pré-publication électronique ont été maintenues : elles sont toujours clairement signalées.
1ère partie Séances du 20 octobre 1998 au 2 février 1999 |
2e partie Séances du 23 février 1999 au 6 avril 1999 |
M.S.A.M.F., t. LIX, p. 249
SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1998
Présents : MM. Peyrusse, Président, Ahlsell de Toulza,
Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire Général, Scellès,
Secrétaire-adjoint ; MM. labbé Baccrabère, Cabau, Hermet, le Père Montagnes,
Péaud-Lenoël, Pradalier, labbé Rocacher, membres titulaires ; Mmes
Blanc-Rouquette, Delaplace, Fraïsse, Jimenez, Pousthomis-Dalle, Pujalte,
Yvonnet-Nouviale, MM. Burroni, Ginesty, Laffont, Manuel, Séraphin, Testard, membres
correspondants.
Excusés : M. Coppolani, Directeur, Mmes Labrousse, Napoléone, Watin-Grandchamp, MM.
Cranga, Manière.
Invitée : Mme Beaudrix.
Le Président ouvre lannée académique en
souhaitant quelle soit fructueuse et riche de nouveaux chantiers. Il rappelle
cependant que notre Compagnie a été endeuillée par le décès, survenu au cur de
lété, de Paul Ourliac, et, à lautomne, par celui de Gabriel Bernet.
Le Président retrace à grands traits la carrière de Paul Ourliac
dont lAcadémie de Législation, lAcadémie des Jeux Floraux et
lInstitut de France feront léloge mieux que nous ne pourrions le faire. Puis
il évoque la personnalité de Gabriel Bernet, qui assistait avec assiduité à nos
séances, et que nous sommes nombreux à avoir côtoyé. Notre Société peut
shonorer de rassembler des membres aussi différents qui en font toute la richesse.
Le Président commente la lettre dappel à la
générosité de chacun qui a été jointe à la dernière convocation, exprimant son
souhait dêtre entendu par les membres de notre Compagnie. Les mutations que nous
connaissons aujourdhui demandent des équipements qui doivent être réalisés à
nos frais sous peine de limiter notre indépendance. Lhistoire de notre Société
montre quune trésorerie saine est la meilleure garantie de son indépendance et de
son autorité morale.
M. Marcel Durliat a été le premier à répondre à linvitation,
en déclarant apprécier la rénovation menée par notre Société. Le Président dit
quil proposera que soit publiée la liste des souscripteurs, et il demande aux
membres présents de sinscrire pour un don ou une promesse de don sur la feuille
quil met en circulation.
Poursuivant le compte rendu de la réunion de
Bureau, le Président souligne que le nouveau calendrier des séances est
transitoire : si la première séance a été avancée de quinze jours cette année,
la prochaine rentrée académique se fera dès la première semaine doctobre. Par
ailleurs, la séance publique se tiendra au mois de février.
Les nouveaux statuts seront débattus et votés en janvier. Il ne
sagit pas de remettre en cause le caractère académique de notre Société, mais
den faire évoluer le modus vivendi afin de répondre mieux aux bonnes
volontés qui en font la vitalité.
Le Président rend compte de la correspondance
manuscrite. Notre confrère Robert Manuel offre lHommage à Charles Portal
(1862-1936), archiviste du Tarn, historien et protecteur de Cordes, édité à
loccasion de lexposition présentée à Cordes du 11 septembre au 3 décembre
1998.
Mlle Priscilla Malagutti nous adresse pour le prochain concours son
mémoire de maîtrise, Buzet-sur-Tarn, étude monumentale, présenté en septembre
à lUniversité de Toulouse-Le Mirail.
Le Président donne alors la parole au
Secrétaire-adjoint pour la lecture des procès-verbaux des séances des 9 et 23 juin
derniers, qui sont adoptés.
En labsence du Directeur, le Secrétaire-adjoint fait circuler
parmi la Compagnie la correspondance imprimée : invitations, annonces de colloques,
catalogues déditeurs
Le Président souhaite la bienvenue à Mme Yvonnet-Nouviale, nouvellement élue membre correspondant et qui sest jointe à nous pour cette première séance de rentrée, et à Mme Beaudrix, auteur dun mémoire de maîtrise sur léglise Saint-Martin de Moissac et à ce titre invitée à assister à la communication du jour.
La parole est à Chantal Fraïsse pour sa communication sur Les bâtiments conventuels de lancienne abbaye de Moissac, publiée dans ce volume (t. LIX, 1999) de nos Mémoires.
M.S.A.M.F., t. LIX, p. 250
Le Président remercie Chantal Fraïsse de cette redécouverte des bâtiments conventuels de lancienne abbaye de Moissac que lon a, en effet, trop souvent pris lhabitude de réduire à léglise abbatiale et à son cloître. Lévolution de lensemble du site et les changements successifs de fonction des bâtiments multiplient les difficultés didentification et ne facilitent pas la restitution des différents états de labbaye. Dans la topographie de lensemble, que représente le fort dénivelé existant entre le cloître et la partie nord ? Chantal Fraïsse pense que la construction de la voie ferrée a contribué à laccentuer.
À propos de la chapelle Saint-Julien, Patrice Cabau suggère de corriger, dans les transcriptions de la chronique dAymeric de Peyrac, cuncta, qui na pas de sens, par condita ou constructa. La consultation du fragment le plus ancien de la chronique pourrait être utile.
Maurice Scellès souligne tout lintérêt de lenquête réalisée : Chantal Fraïsse a dressé un état de des connaissances dont le préalable était nécessaire à toute étude archéologique des bâtiments conventuels de Moissac. Les fouilles des années 1980, autour du clocher-porche, auraient pu ne pas être aussi strictement limitées aux travaux daménagement et faire lobjet dune programmation plus ambitieuse si les questions avaient été alors mieux posées.
Le Président demande si le dessin des bâtiments nord que donne Beaumesnil paraît plausible. Chantal Fraïsse rappelle que létude critique de Beaumesnil est toujours délicate, ses dessins ou ses descriptions pouvant être dune rigoureuse exactitude ou être au contraire de pures élucubrations. Répondant à Henri Pradalier, elle confirme que la chronique dAymeric de Peyrac parle de travaux très importants effectués sous labbatiat de Bertrand de Montaigut.
Évoquant les descriptions des mortiers, Gilles Séraphin voudrait savoir si les mêmes grains de granit noir se retrouvent dans les joints des arcs à trois tores de la chapelle Saint-Ferréol qui, pour Henri Pradalier, pourraient en effet appartenir au XIIIe siècle. Chantal Fraïsse dit quil na pas encore été possible de les analyser. Maurice Scellès fait remarquer quil est cependant surprenant de trouver au XIIIe siècle un appareil intégrant de très nombreux remplois, comme cest le cas pour les gros contreforts de la galerie est du cloître, contemporains du voûtement de la chapelle Saint-Ferréol.
Anne-Laure Napoléone confirme que toute une série de chapiteaux, réputés provenir du palais abbatial de Moissac, doit être datée du XIIIe siècle. Chantal Fraïsse précise toutefois que ces uvres font partie des nombreux éléments récoltés à la fin du XIXe siècle par la Société des Amis du Vieux Moissac ou le général Belbèze, un peu partout dans la ville et sans que les provenances exactes soient aujourdhui connues.
Nelly Pousthomis-Dalle demande sil est possible de cerner létendue initiale de lenclos abbatial. Lexistence de la « rue de labbaye » est curieuse, et les galeries mentionnées ont probablement été ajoutées au gré des besoins. Pour Chantal Fraïsse, il est actuellement impossible de déterminer plus précisément lenclos abbatial.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1998
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur,
Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire
Général, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mme Pradalier-Schlumberger, MM. Cabau, Hermet,
le Père Montagnes, Pradalier, Tollon, membres titulaires ; Mmes Napoléone,
Pousthomis-Dalle, Pujalte, Stutz, Yvonnet-Nouviale, M. Testard, membres correspondants.
Excusés : Mmes Cazes, Delaplace, Labrousse, MM. le général Delpoux, Manière,
labbé Rocacher, de Saint-Blanquat.
Invité : M. Yvonnet.
Le Président rend compte de la correspondance
manuscrite. Labbé Jean Rocacher, qui joint à sa lettre un don à notre Société,
nous fait part dune très bonne nouvelle en nous annonçant quil vient de
recevoir le titre de prélat de Sa Sainteté. Bien que notre confrère se juge indigne
dun tel honneur, le Président se félicite dun titre qui honore justement
lhomme, lenseignant et le prêtre.
Notre doyen délection, M. Odon de Saint-Blanquat regrette que
son grand âge et son éloignement ne lui permettent plus de participer à nos séances.
En envoyant un don pour contribuer à lacquisition des outils dont notre Société a
besoin, il adresse à la Compagnie ses meilleurs vux pour cette nouvelle année de
travail.
Au nom du Maire de Toulouse, Christine Aribaud nous fait part
dune invitation pour linauguration, le 12 novembre à 17 h, de
lexposition Soieries en Sacristie : fastes liturgiques, XVIIe-XVIIIe.
Le Président rappelle que notre consur nous présentera lexposition lors de
la séance du 1er décembre, qui se tiendra au Musée
Paul-Dupuy.
Le Secrétaire-adjoint donne lecture du
procès-verbal de la séance du 20 novembre dernier, adopté après quelques
modifications.
Patrice Cabau indique quà lissue de la séance, il a
consulté la chronique dAymeric de Peyrac, arrivant à la
conclusion que « cuncta » était probablement une appellation de la
chapelle Saint-Julien. Il a eu loccasion de sen entretenir avec Chantal
Fraïsse.
Le Directeur présente la correspondance
imprimée : il attire plus particulièrement lattention sur le Congrès
international dHistoire des Pyrénées qui se tiendra à Gérone les 11-13 novembre
prochains, et sur lAssemblée générale de lUnion des centres détudes
transpyrénéens.
Henri Pradalier présente son rapport sur la candidature au titre de
membre correspondant de Mme Marie-Laure Wessel. Le Président propose alors délire
MM. Odon de Saint-Blanquat et Marcel Durliat membres dhonneur de notre Société.
Mme Marie-Laure Wessel est élue membre correspondant, et MM. Odon de Saint-Blanquat et
Marcel Durliat sont élus membres dhonneur.
M.S.A.M.F., t. LIX, p. 251
La parole est à Valérie Yvonnet-Nouviale pour sa communication, À propos de quelques chapiteaux romans de Saint-Caprais dAgen : influences croisées de Toulouse et de Moissac, publiée dans ce volume (t. LIX, 1999) de nos Mémoires.
Le Président remercie Valérie Yvonnet-Nouviale pour cet exposé qui nous a présenté une lecture formelle dune incroyable minutie, mais dont les conclusions prudentes laissent un peu perplexe. On peut considérer que Saint-Caprais dAgen prend assez logiquement place dans le rayonnement de latelier de Gilduin de Toulouse vers lAquitaine et loutremont. Valérie Yvonnet-Nouviale souligne que lépannelage des chapiteaux du cloître du Moissac est en pyramide renversée et que la structure à deux ou trois couronnes de « saillies » provient en revanche de Saint-Sernin, mais les dates dactivité des deux ateliers sont suffisamment proches pour justifier la prudence.
En se défendant de tout iconoclasme, Daniel Cazes
sinquiète de lauthenticité des chapiteaux de Saint-Caprais, certes empâtés
par de multiples couches de peinture, mais dont laspect suscite quelques doutes,
alors même que lon sait que léglise a fait lobjet de deux grandes
campagnes de restauration au XIXe siècle. À Saint-Michel de
Gaillac, Guy Ahlsell de Toulza et lui-même ont dû renoncer à décider de
lauthenticité de certains chapiteaux. Valérie Yvonnet-Nouviale rappelle que
lon a longtemps suspecté à tort les sculptures de Lescar, et Nelly
Pousthomis-Dalle et M. Scellès renchérissent en évoquant Nogaro et lancien hôtel
de ville de Saint-Antonin. Michèle Pradalier-Schlumberger souligne cependant quà
Saint-Michel de Gaillac, le doute est accru par des thèmes iconographiques inhabituels.
Valérie Yvonnet-Nouviale reconnaît cependant que les archives napportent pas de
précisions sur les parties refaites à Saint-Caprais. Le doute qui subsiste justifie
encore la prudence quil faut mettre dans lanalyse stylistique de ces
uvres.
Henri Pradalier remarque que le thème de lAssomption serait
impossible au début du XIIe siècle (mais il pourrait aussi
sagir dune représentation de sainte Foy), mais surtout quon ne peut
sempêcher de penser, devant ce chapiteau comme devant celui du Christ bénissant
sainte Foy et saint Caprais, à des uvres du XIXe siècle,
mêlant dans un bel éclectisme des traits du style du maître de la porte des Comtes, du
linteau de Miégeville et des éléments empruntés à lart de Gilabertus, comme le
nimbe rayonnant. Laspect de la mandorle fait également problème. Louis Peyrusse
note que le premier chapiteau se trouve à lentrée de la chapelle sud, qui a été
très remaniée au XIXe siècle.
En réponse à une question du Président, Valérie Yvonnet-Nouviale
fait remarquer que dans ce réseau dinfluence que révèlent les uvres,
lintérêt des chapiteaux de Saint-Caprais dAgen est de modifier
lapproche que lon peut avoir des rapports entre les chantiers de Moissac et de
Saint-Sernin de Toulouse. Maurice Scellès doute quil soit pertinent de poser la
question de lantériorité de lun ou de lautre. Pour Valérie
Yvonnet-Nouviale, les emprunts à Moissac que révèlent les tailloirs de Saint-Caprais
passent par celui des tribunes de Saint-Sernin, avec en particulier un dessin des anges
assez proche, et le chapiteau historié le plus moissagais montre néanmoins un style qui
évoque surtout les uvres de léglise toulousaine.
Henri Pradalier rappelle quon pourrait rapprocher la période
dactivité de Gilduin à Saint-Sernin de celle du maître de la porte des Comtes. La
table dautel consacrée en 1096 pourrait avoir été réalisée plusieurs années
auparavant comme le prouvent dautres exemples. Nelly Pousthomis-Dalle indique que
des travaux récents ont dailleurs permis la découverte à Conques dune
inscription de dédicace datée de 1100.
Maurice Scellès sétonne ne pas avoir
entendu parler une seule fois de « feuille dacanthe » à propos de ces
chapiteaux dérivés du corinthien, et note que lévolution du motif est bien
connue, en particulier sur des uvres de la fin de lAntiquité où les folioles
extérieurs se détachent pour se recombiner en une petite feuille indépendante entre les
feuilles principales. Regrettant, par exemple, le recours au terme de
« saillie » qui lui paraît impropre, il se demande si lanalyse ne
pêche pas par excès de formalisme. Valérie Yvonnet-Nouviale explique quil est
bien difficile de conserver le vocabulaire du chapiteau classique lorsque ne subsiste plus
que lébauche de la feuille, sur laquelle se développe un décor végétal
indépendant.
Henri Pradalier évoque les travaux en cours et demande si des fouilles
sont prévues. Valérie Yvonnet-Nouviale indique quil est prévu de couler une dalle
mais ne croit pas que des fouilles aient été programmées.
Au titre des questions diverses, on évoque la
présentation des vestiges du rempart romain dans
le nouveau Théâtre de la cité, que lon vient dinaugurer à grand bruit.
Les membres qui ne lont encore fait sont invités à visiter le hall, aisément
accessible, où se trouvent les vestiges.
Une section de courtine qui sachève sur le cercle dune
tour apparaît dans la fosse de la buvette, à la manière dune banquette de bar
dont le plateau serait revêtu dun joli carrelage de brique. Au-dessus du ressaut de
fondation en galets laissé apparent, les parties manquantes ont été soigneusement
refaites afin davoir un mur bien net, bien propre ; une brèche permet
cependant dentrer dans la « tour » dont le sol est carrelé. Ainsi
« mis en valeur », ce moignon denceinte, amputé pendant lété
1996 dune trentaine de mètres de courtine (M.S.A.M.F., t. LVI, p. 327-328),
avec sa « tour » coincée sous les gradins du théâtre, na plus de
sens, et névoque en rien le grand monument dont on prétend avoir sauvegardé un
vestige.
Or, lemplacement de la tour et le tracé de la courtine étaient
parfaitement connus : ils sont dailleurs représentés sur le plan publié à
loccasion de lexposition du Musée Saint-Raymond, Palladia Tolosa, en
1988, à partir du plan numérique des services de lurbanisme de la Ville de
Toulouse. On confirme en outre que le cahier des charges de larchitecte demandait la
conservation et la mise en valeur de lenceinte romaine.
Plusieurs questions se posent donc. Pourquoi a-t-on autorisé la
destruction de trente mètres de la courtine ? Qui a donné lautorisation de
démolir ? La protection au titre des Monuments historiques a-t-elle seulement été
envisagée ? Qui a choisi le parti de « mise en valeur » ? Quel a
été le contrôle sur la « restauration » et la « mise en
valeur » des vestiges, et par qui a-t-il été effectué ? Comment peut-on à
la fois réaliser la crypte archéologique de Saint-Pierre-des-Cuisines et faire
exactement son
M.S.A.M.F., t. LIX, p. 252
contraire dans une autre opération de prestige, en dénaturant ainsi lun des témoins les plus importants des origines romaines de la ville ?
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1998
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur,
Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire
Général, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mme Pradalier-Schlumberger, MM. le général
Delpoux, Gilles, Hermet, Pradalier, Mgr Rocacher, membres titulaires ; Mmes
Blanc-Rouquette, Napoléone, Pujalte, MM. Burroni, Manuel, Testard, membres
correspondants.
Excusés : Mme Cazes, le Père Montagnes.
Le Président fait part des remerciements
adressés par notre confrère Mgr Jean Rocacher, à la suite des félicitations que nous
lui avions exprimées pour sa nomination au titre de Prélat de Sa Sainteté. Puis il
demande à la Compagnie de bien vouloir excuser labsence du Père Montagnes, retenu
à Rome par un colloque.
Marcel Durliat nous écrit pour nous dire combien il a été touché
dêtre compté parmi les membres dhonneur de notre Société, à laquelle il
est très attaché et dont il suit toujours les travaux avec attention.
Enfin, par courrier électronique, M. Jean-Claude Wagner nous demande
des informations sur le statut juridique des vallées dAndorre : Henri
Pradalier a déjà apporté une réponse en signalant la thèse de Bertrand Bélinguier.
Le Secrétaire-adjoint donne lecture du
procès-verbal de la séance du 3 novembre dernier, qui est adopté.
Puis le Directeur présente la correspondance imprimée, avec en
particulier la dernière livraison de S.F.A. Actualités.
La parole est alors à labbé Baccrabère pour une communication sur La céramique toulousaine des XVIe et XVIIe siècles dans lancien quartier des Pénitents blancs, publiée dans ce volume (t. LIX, 1999) de nos Mémoires.
Planches non publiées dans le Bulletin.
Le Président remercie labbé Baccrabère de cette communication au cours de laquelle toutes les céramiques étudiées ont circulé parmi lassemblée qui a ainsi pu les examiner à loisir, nous rappelant dailleurs ce que furent souvent les séances des débuts de la Société archéologique. Puis le Président demande si les rapprochements qui peuvent être faits entre les monogrammes, des céramiques découvertes à ceux des pierres tombales ou dautres pièces semblables, sont suffisants pour préciser la chronologie. Labbé Baccrabère répond quils confirment plutôt une datation de la seconde moitié du XVIe siècle quindiquent les comparaisons que permettent les céramiques de Cox. Mais la chronologie proposée sappuie également sur nombre dobservations personnelles et sur toute une bibliographie. À propos des formes atypiques ou rares comme le porte-repas et le pot-pourri, le Président demande sil faut considérer quil sagit dobjets de référence. Labbé Baccrabère indique quil ne connaît pas de pièces véritablement comparables, peut-être, dailleurs, parce que nombre de fouilles récentes nont pas été publiées. Remarquant que le « pot-pourri » ne souvre pas, et quil serait donc difficile den retirer les pétales, le Président suggère quil puisse sagir dune forme grossière daspersoir. Pour Guy Ahlsell de Toulza, il faut également songer à un pique-fleur, comme on en voit par exemple dans certaines représentations italiennes de lAnnonciation.
Mgr Jean Rocacher voudrait avoir des précisions sur lenvironnement de la découverte et sur lancienneté de la fosse qui contenait les céramiques. Labbé Baccrabère indique que la fosse, sans doute une fosse daisance, était tapissée de brique ; elle était remplie de poteries dont un tiers au plus a été recueilli. La fosse se trouvait un peu à louest de la place des Pénitents-blancs, sur lemplacement actuel de la promenade des Capitouls. Daniel Cazes, Mgr Rocacher, M. Manuel donnent des précisions sur le quartier avant sa démolition. Daniel Cazes note quil serait intéressant de savoir si ces céramiques provenaient de la série de maisons qui se trouvaient le long de la place ou au contraire dun hôtel aristocratique qui pourrait être lHôtel dHautpoul ou de la cour de lHôtel de Lupe. Labbé Baccrabère indique que le plan de situation est à léchelle et quil serait donc possible de situer exactement lemplacement de la fosse sur le plan du quartier avant démolition.
Guy Ahlsell de Toulza dit son accord avec les datations proposées et remarque que les terres claires employées se rapprochent de celles de Cox. Il faudrait pouvoir préciser les lieux de fabrication quil sagisse de Toulouse même ou de ses environs, ou de productions plus lointaines. Deux groupes détudes constitués autour de notre confrère Jean-Michel Lassure se consacrent à ces poteries et il est probable que lon en sache un peu plus dans quelques années. Ramenant lattention sur les pièces marquées du monogramme IHS, il demande sil faut considérer quelles pouvaient avoir une fonction liturgique ou doffrande. Mgr Jean Rocacher rappelle que le symbole est devenu si populaire que son utilisation comme motif décoratif a été très générale.
Guy Ahlsell de Toulza et labbé Baccrabère
relèvent à quel point cette céramique nintéressait pas les services
archéologiques dans les années 1970 : la richesse des pièces présentées ne donne
probablement quune petite idée de ce qui a été perdu.
M. Gilles se demande sil ne serait pas intéressant de vérifier
sil existe des concordances entre les contenances des récipients et les mesures de
capacité. Le général Delpoux remarque que la fleur de lys un peu écrasée rappelle des
formes du milieu du XVIIe siècle, alors que la fleur est plus
élancée avant cette date.
Le Président rappelle que la prochaine séance se tiendra au Musée Paul-Dupuy, où Christine Aribaud nous présentera lexposition Soieries en sacristie. Il rappelle également que le cycle de conférences des mardis de lHôtel dAssézat commencera mardi prochain à 17 h 30, et se déroulera salle du Sénéchal pendant toute la durée des travaux en cours à lHôtel dAssézat.
M.S.A.M.F., t. LIX, p. 253
Au titre des questions diverses, le Secrétaire-adjoint donne quelques informations sur le site Internet et ses développements en cours. Quatre années du Bulletin sont disponibles et font lobjet dun index thématique, Anne-Laure Napoléone a commencé le classement et la numérisation du fonds de photographies anciennes de la Société, les articles des derniers volumes des Mémoires, pour lesquels on dispose déjà dune version numérique, seront progressivement publiés sur le site Enfin, lAcadémie des Sciences, avec laquelle nous sommes associés dans ce projet, vient douvrir son propre site.
SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 1998
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur,
Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire
Général, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mmes Labrousse, Merlet-Bagnéris, Noé-Dufour,
Pradalier-Schlumberger, MM. labbé Baccrabère, le Père Montagnes, Nayrolles,
Pradalier, Tollon, membres titulaires ; Mmes Aribaud, Blanc-Rouquette, Delaplace,
Gloriès, Jimenez, Napoléone, Pousthomis-Dalle, Pujalte, Suau, MM. Burroni, Cranga,
Manuel, Testard, membres correspondants.
Excusée : Mme Cazes.
Invitée : Mlle Caroline Guibaud.
La séance se tient au Musée Paul-Dupuy. Elle est consacrée à la présentation de l'exposition Soieries en sacristie. Fastes liturgiques, XVIIe-XVIIIe siècles.
Après un mot de bienvenue, M. Jean Penent, conservateur
du musée Paul-Dupuy, rappelle les liens étroits entre la paramentique, le musée
Paul-Dupuy et la Société Archéologique, qui fut en possession de l'un des joyaux
textiles du musée, le devant d'autel brodé de 1320.
Le Président remercie vivement le conservateur du privilège de
visiter l'exposition un mardi et félicite M. Penent de savoir accueillir des chercheurs
qui voient leur travail universitaire concrétisé par des expositions. Il donne la parole
à Christine Aribaud, commissaire scientifique de l'exposition, à laquelle on doit le
catalogue publié à cette occasion (Christine Aribaud, Soieries en sacristie. Fastes
liturgiques, XVIIe-XVIIIe siècles.-
Toulouse-Paris : Musée Paul Dupuy-Somogy, 1998, 200 p., 250 ill. coul.) :
« Cette exposition a pour but de monter les plus beaux vêtements liturgiques des XVIIe et XVIIIe siècles de la région toulousaine. Elle résulte d'une longue recherche qui aboutit à une thèse de Doctorat d'Histoire de l'Art. L'exposition évoque la plupart des problèmes posés par ce mobilier liturgique, méconnu et en péril actuellement.
M.S.A.M.F., t. LIX, p. 254
Les paroisses rurales n'ont pas toujours les moyens de s'offrir des pièces aussi prestigieuses, et bon nombre de stratagèmes sont déployés pour alléger les dépenses.
Ainsi peut-on constater l'utilisation qui est faite d'étoffes bon marché, de soie et de lin mêlés, comme la brocatelle (chape de la cathédrale d'Auch), ou la soie et le coton mêlé comme la damassade de Nîmes. On constate également que l'on peut faire de la récupération, du réemploi, témoin le devant d'autel de Montpézat-de-Quercy, taillé dans une robe de femme de velours de soie brodé de la fin du XVIe siècle. C'est aussi le cas de la plupart des robes de statues de la Vierge, composées de très nombreuses chutes d'étoffes précieuses, comme en témoigne l'exceptionnelle collection du musée Paul-Dupuy. On peut également trouver des ornements liturgiques brodés sur les deux faces, qui sont alors réversibles. Il suffisait de trois chasubles dont deux bicolores pour pouvoir user des cinq couleurs liturgiques. Parfois, on pouvait démonter de vieux ornements, les donner à teindre, et les remonter avec des galons neufs.Malgré ces restrictions financières, il n'en demeure pas moins vrai que les paroisses de la région se sont dotées, dès le XVIIe siècle, de productions textiles parfois prestigieuses. Comme aux XVIIe et XVIIIe siècles, on ne peut se procurer d'étoffes à sujets religieux, et lon a recours aux soieries de mode. On retrouve le damas « à la palme » créé à Gênes vers 1689, sur une chasuble de Montaigut-sur-Save, un autre dont le motif fut créé par Daniel Marot. À la même date, ces deux damas couvraient les murs du palais royal de Madrid et de celui dHampton Court en Angleterre...
Pendant longtemps, les soieries italiennes furent empreintes de thèmes moyen-orientaux. Vers 1690, en rupture avec ces vieux motifs, sont produites les étoffes dites « bizarres » employées pour au moins cinq des ornements présentés. À partir du début du XVIIIe siècle, Lyon devient un centre international de production et les soieries de mode : fleurs, dentelles, chinoiseries, fourrures, rayures couvrent les célébrants. La chasublerie est à la pointe des modes, comme branche spéciale des arts appliqués.
Il faut attendre la fin du XVIIIe siècle, sous leffet conjugué d'une perte de débouchés pour les soyeux lyonnais et d'une Église qui se veut plus triomphante, pour que Lyon et Tours commencent à produire des tissus d'église. Des mises en carte datées entre 1770 et 1800 sont présentées. Cette production devient une véritable industrie au XIXe siècle. »
Christine Aribaud conclut en dénonçant les périls qui menacent ces ornements : destruction par négligence ou volonté délibérée, tout en soulignant que bon nombre de services s'en occupent, comme la Conservation des A.0.A., l'Inventaire, le service des Monuments Historiques, les commissions d'art sacré... Mais ne faudrait-il pas imaginer des dépôts, destinés aux ornements qui ne sont pas en sécurité dans leurs paroisses ?
De nombreuses questions ont été posées au cours de la visite. Guy Ahlsell de Toulza demande si les chasubles portent toujours à lorigine un décor de galons. Christine Aribaud répond par laffirmative en indiquant quils rappellent les orfrois et permettent également de masquer les coutures. Elle confirme à Henri Pradalier que les galons de nombreux ornements ont été remplacés au XIXe siècle. Jean Nayrolles ayant demandé si le motif de la croix dorsale était imposé, Christine Aribaud précise quil sagit dune tradition française qui ne se retrouve ni en Italie ni en Espagne. Répondant à Maurice Scellès, elle indique que le tissage à la forme, pratiqué dès le milieu du XVIIIe siècle, permet la production de pièces prêtes à être assemblées et dont les motifs sont prévus en fonction des découpes.
M.S.A.M.F., t. LIX, p. 255
Le Président remercie Christine Aribaud pour sa
présentation très vivante dune exposition qui évoque brillamment le luxe des
siècles passés.
Il rappelle à la Compagnie que la séance publique de lAcadémie
des Sciences se tiendra le 6 décembre prochain à 16 h à la salle du Sénéchal. Le
Président annonce enfin la parution du livre de Michèle Pradalier-Schlumberger, Toulouse
et le Languedoc : La sculpture gothique XIIIe-XIVe
siècles, qui sera présenté mardi 2 décembre à 18 h à la librairie Ombres
Blanches.
SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1998
Présents : MM. Peyrusse, Président, Ahlsell de Toulza,
Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire Général, Scellès,
Secrétaire-adjoint ; MM. labbé Baccrabère, Cabau, Hermet, Pradalier, membres
titulaires ; Mmes Jimenez, Napoléone, Pousthomis-Dalle, Pujalte, Suau, Tollon, MM.
Cranga, Manuel, Salvan-Guillotin, Testard, membres correspondants.
Excusés : M. Coppolani, Directeur, Mmes Cazes, Pradalier-Schlumberger, le Père
Montagnes, Mgr Rocacher, M. Tollon.
Invités : M. Exertier, Premier président de la Cour dappel, Mme
dEsparbès-Serny, M. Ignacio, Substituts du procureur général, M. Remplon,
Procureur général honoraire.
Le Président dit tout le plaisir que nous avons à accueillir M. le Premier président de la Cour dappel, ainsi que Mme et M. les Substituts du procureur général. Puis il souhaite la bienvenue à Marie-Laure Fronton-Wessel, nouvellement élue membre correspondant et qui prend séance en nous entretenant ce soir des découvertes faites au palais de Justice de Toulouse.
Le Président rend compte de la correspondance manuscrite. Par une lettre aussi élégante quémouvante, notre confrère M. Odon de Saint-Blanquat remercie la Compagnie de lavoir promu au rang de membre dhonneur. Jean Lartigaut joint à sa cotisation un don destiné aux acquisitions des équipements dont a besoin notre Société. Enfin, M. Henri Molet nous adresse sa candidature au titre de membre correspondant : Quitterie Cazes est chargée du rapport.
Le Secrétaire-adjoint donne lecture des
procès-verbaux des séances des 17 novembre et 1er décembre
derniers, qui sont adoptés.
Le Président rappelle que les journées détudes « Les
textiles et le sacré : usage et ravaudages », organisée par
lAssociation Française pour lÉtude du Textile, se tiendront au Musée
Paul-Dupuy les 21-23 janvier prochains.
La parole est alors à Marie-Laure Fronton-Wessel pour une communication sur la Découverte dun plafond peint médiéval dans la grandchambre de la Cour dappel de Toulouse, publiée dans ce volume (t. LIX, 1999) de nos Mémoires.
Planches non publiées dans le Bulletin.
AIS D'ENTREVOUS DU PLAFOND DE LA
GRAND'CHAMBRE
DE LA COUR D'APPEL DE TOULOUSE.
Le Président remercie loratrice et se
félicite de la découverte de ce plafond, qui sinscrit dans le renouveau des
études consacrées au Parlement au cours de ces dernières années. Il remarque que le
décor de cet édifice de premier plan ne se démarque pas vraiment de celui des riches
demeures bourgeoises. Marie-Laure Fronton-Wessel en convient tout en rappelant que nous
nen connaissons pour linstant que les quelques fragments qui sont réapparus
dans les sondages. Elle ajoute que ce qui est exceptionnel, cest tout dabord
la surface considérable du plafond ; cest ensuite sa structure à caissons et
fausses solives. Olivier Testard ajoute que certaines des poutres sont en fait les
entraits des fermes. La charpente serait donc à chevrons formant fermes, espacés
dà peu près un mètre. Marie-Laure Fronton-Wessel précise à Guy Ahlsell de
Toulza que lensemble est en sapin.
Henri Pradalier relève que cest donc sur la structure même du
plafond plus que sur son décor que l'on a fait porter leffort. Il note cependant
quun décor héraldique existe avec les fleurs de lys, et il saccorde avec
Maurice Scellès pour considérer que les représentations danimaux ou de monstres,
au dessin très vif, sont loin dêtre médiocres et témoignent dun sens
certain du naturel. Il faut en outre tenir compte de la hauteur où se trouvaient ces ais
dentrevous.
Maurice Scellès sétant inquiété déventuels décors peints sur les murs, Marie-Laure Fronton-Wessel et le Premier Président, M. Exertier, confirment que les sondages nont fait apparaître aucune trace de décors pouvant appartenir aux états les plus anciens. On saccorde cependant pour considérer que les sondages, par définition ponctuels, nexcluent pas que quelque vestige soit conservé ici ou là. Daniel Cazes rappelle que Pierre de Gorsse avait lui-même vu, à loccasion de travaux, les K de Karolus aujourdhui remplacés par les R de République. Il semble quaucune photographie nen soit toutefois connue. Maurice Scellès insiste sur le fait que le plafond fait partie dun bâtiment qui doit être traité comme un tout.
Louis Peyrusse attire lattention sur le parti
de restauration et demande ce quil adviendra des décors du XIXe
siècle. Marie-Laure Fronton-Wessel répond que lun des projets est de remettre au
jour la plus grande partie du plafond médiéval, en conservant toutefois les corniches du
XIXe siècle derrière lesquelles seraient effectués quelques
sondages complémentaires.
M. Exertier indique que les premiers sondages laissaient prévoir que
le plafond était entièrement peint et que la deuxième campagne, réalisée en septembre
dernier, a montré quil était possible de le restituer dans son entier.
Il y a bien sûr une question dargent. Dans un premier temps, la
rénovation de la grandsalle avait été délibérément laissée de côté pour des
raisons budgétaires. Il fallait en outre que ce travail de recherche soit achevé, et il
est alors apparu quil nétait pas possible de ne pas prendre en compte dans la
rénovation du palais de justice ce qui en constituait historiquement le point de départ.
La restauration de la grandchambre et de son mobilier est aujourdhui évaluée
entre 3,5 et 5 millions de francs, ce qui ne représenterait pas une part extraordinaire
sur les 350 millions de francs prévus pour lensemble des travaux.
Répondant à Henri Pradalier, M. Exertier précise que la
grandchambre nest pas classée au titre des Monuments historiques et que les
travaux sont dirigés par ladministration centrale du ministère de la Justice.
M.S.A.M.F., t. LIX, p. 256
Maurice Scellès pense quun ensemble pareil
justifie un traitement qui permettre de lui rendre toutes ses dimensions. Il
sétonne quon tergiverse aujourdhui devant un monument aussi
exceptionnel, en voulant absolument intégrer des modifications secondaires au détriment
de limportant. Largument de précaution qui a conduit à préconiser le
maintien des états successifs en évitant les reconstitutions abusives se retourne
aujourdhui contre les édifices. Lexemple récent du théâtre de la Cité,
où lon a voulu conserver des bouts de tout sans prendre la mesure de
lessentiel (dans ce cas le rempart romain), montre les limites dune telle
démarche. On rêverait de retrouver la grandchambre et son plafond dans leur
étendue initiale.
M. Exertier fait remarquer que cette belle plaidoirie ne prend en
compte ni les questions de mobilier, ni les témoins successifs de lhistoire du
lieu. M. Remplon se souvient, pour lavoir fréquentée, dune salle triste au
décor lourd et serait favorable à une restauration qui permettrait à la
grandchambre de retrouver quelque allure.
Henri Pradalier témoigne que le Service des Monuments historiques a pu
se rendre compte à Saint-Lizier des difficultés quengendre le maintien sans choix
des états successifs : on obtient souvent un patchwork où rien ne ressort.
Le Président pensait que le ministère de la Justice menait une réflexion sur le décor des salles daudience. Il lui paraît en tout cas tout à fait possible de restaurer le plafond médiéval en optant pour un traitement contemporain des murs. Pour M. Exertier, le parti devra être pris en regard de lensemble de la restructuration du palais de Justice, et en particulier en tenant compte de la succession des points de vue qui, depuis la nouvelle entrée sur les allées Jules-Guesde, aboutit aux arcs de la grandchambre, dont la mise en valeur devra donc être prise en considération. Il ajoute que les travaux ont été confiés à M. Prunet, architecte en chef des Monuments historiques.
Guy Ahlsell de Toulza sétonne que lon
ne dispose daucune iconographie permettant de connaître les états anciens, comme
à Montpellier par exemple. M. Remplon confirme que les recherches de Maurice Prin et Jean
Rocacher sont restées vaines de ce point de vue. Le seul document connu est un dessin
daudience de Soulié.
Guy Ahlsell de Toulza évoque les tissus bleus fleurdelisés
reconstitués à Reims, qui pourraient donner des idées pour la grandchambre de
Toulouse. Marie-Laure Fronton-Wessel rappelle que les descriptions de Garipuy font état
de tapisseries sur les murs.
Guy Ahlsell de Toulza demande si quelque chose a
été fait pour les deux plafonds du XVIIe siècle. M. Exertier
indique que le salon dHercule et le salon doré se dégradent considérablement, en
particulier sous leffet du chauffage central, mais que leur restauration nest
pas dactualité.
Guy Ahlsell de Toulza voudrait encore savoir si les colonnes prévues
sur les allées Jules-Guesde seront néo-classiques ou contemporaines. M. Exertier dit
quil sagit en fait de piliers en béton, de forme tout à fait contemporaine,
et qui ne rappellent en rien ce qui a été fait à Lyon ou Bordeaux.
Le Président clôt cette longue discussion en souhaitant une issue heureuse pour la restauration de la grandchambre et de son plafond.
SÉANCE DU 5 JANVIER 1999
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur,
Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Scellès,
Secrétaire-adjoint ; Mme Pradalier-Schlumberger, MM. Cabau, Hermet, le Père Montagnes,
Nayrolles, Pradalier, Mgr Rocacher, MM. Roquebert, Tollon, membres titulaires ; Mmes
Fronton-Wessel, Jimenez, Napoléone, Pujalte, MM. Gillis, Manuel, Testard, membres
correspondants.
Excusés : M. Cazes, Secrétaire Général, Mmes Blanc-Rouquette, Cazes, M. Manière.
Le Président présente à la Compagnie ses meilleurs vux pour la nouvelle année, en souhaitant quelle soit aussi fructueuse que lannée écoulée, dont le nouveau volume des Mémoires, tout juste livré, apporte témoignage. Le Président se félicite de la qualité du volume, et se dit séduit également par son éclectisme qui nous mène de saint Exupère aux plans durbanisme de Toulouse au XXe siècle. Deux regrets cependant : la qualité des illustrations nest pas à la hauteur de celle de la mise en page et de limprimerie, et le Président demande aux membres de faire un effort pour fournir des photographies et des documents de meilleure qualité. On aimerait encore que le Bulletin soit plus riche de découvertes et dinformations diverses. Le Président ne doute pas que nous parvenions à améliorer encore notre publication.
Puis le Président rend compte de la correspondance manuscrite. Nous avons reçu les vux de notre confère le général Delpoux, retenu à Paris, ceux de M. Pierre Izard, Président du Conseil Général de la Haute-Garonne, et ceux de M. Julien Andrès, Maire-adjoint de Toulouse.
Le Directeur présente la correspondance imprimée, avec en particulier le programme des conférences du Musée Saint-Raymond.
Lordre du jour appelle ensuite lélection de membres titulaires. Sur proposition du Bureau, Christine Delaplace, Anne-Laure Napoléone et Nelly Pousthomis-Dalle sont élues membres titulaires.
La parole est alors à Louis Latour pour une communication consacrée à des Recherches campanaires : La cloche ancienne dAuterive et la cloche disparue de Beaumont-sur-Lèze, publiée dans ce volume (t. LIX, 1999) de nos Mémoires.
Le Président remercie Louis Latour pour cette communication qui témoigne des progrès constants des études campanaires. Le XIXe siècle a été leur âge dor, mais les préoccupations de la nouvelle histoire leur apportent un autre intérêt comme à toutes
M.S.A.M.F., t. LIX, p. 257
les études de détail. Le Président voudrait savoir sil faut
conclure que les deux cloches ont été fondues par le même atelier. Cest sans
doute le cas des deux cloches dAuterive et de Beaumont-sur-Lèze, mais Louis Latour
précise que le même poinçon a pu être utilisé par plusieurs ateliers. Mgr Jean
Rocacher évoque déventuelles matrices en pierre dure qui pouvaient circuler et
dont on pouvait tirer plusieurs épreuves.
Henri Pradalier se demande quelle valeur religieuse accorder à ces
scènes disposées sans ordre, comme au petit bonheur la chance ; le fondeur
navait probablement quune médiocre connaissance de lhistoire sainte et
utilisait un répertoire courant dont les images se retrouvaient partout. Pour Bruno
Tollon et Mgr Jean Rocacher, les scènes représentées nont guère
dimportance en elles-mêmes alors quil sagit surtout de sacraliser le
bronze. Henri Pradalier note cependant tout lintérêt quelles peuvent
présenter pour connaître la persistance de certains modèles iconographiques.
Louis Latour, Guy Ahlsell de Toulza et Henri
Pradalier évoquent les vertus prophylactiques et apotropaïques des cloches, auxquelles
on avait recours pour éloigner lorage, la grêle, voire pour lutter contre les
miasmes. Louis Latour rappelle que des articles des débuts de notre Société montrent
encore de grands débats sur la réalité de lefficacité des cloches.
Répondant à Guy Ahlsell de Toulza, Louis Latour précise que chaque
scène est représentée deux ou trois fois sur la cloche dAuterive.
Au titre des questions diverses, Maurice Scellès signale un velours de soie aux lions affrontés, conservé par le département des arts islamiques du Musée du Louvre (AOR 1941-104) et dont la notice est consultable sur Internet, tout à fait identique à celui qui est actuellement présenté dans lexposition Soiries en sacristie du Musée Paul-Dupuy. Ce tissu sajoute à la liste que connaissait déjà Christine Aribaud, qui précise que lon en connaît avec des velours de différentes couleurs.
Sont ensuite présentées quelques diapositives
dimmeubles construits depuis une
vingtaine dannées dans le centre ancien de Toulouse, correspondant au
périmètre du secteur sauvegardé. Les deux premières permettent de se rendre compte du
traitement qui a été réservé à une petite façade en brique, ornée de terres cuites
moulées dans le style des années 1830, à langle de la rue dEmbarthe et de
la place Saint-Julien : balustres des garde-corps de fenêtres enlevés tandis que
les tableaux sont couverts de PVC blanc, fenêtres du rez-de-chaussée transformées en
une succession de portes étroites. Une vue densemble permet de juger de
lintégration de la façade « conservée » dans le nouvel immeuble
Est-ce pour la dénaturer quil a été décidé de maintenir cette façade ?
La promenade se poursuit avec dautres photographies :
gymnase du Lycée Saint-Sernin et élévations néo-classiques de l« hôtel
Renneville », rue Jules-Chalande, construits par lancien architecte des
Bâtiments de France Bernard Calley à la fin des années 1970 ; façade post-moderne
rue des Couteliers, à deux pas de léglise de la Dalbade, dans les années
1980 ; immeubles bas imitant les constructions banales du XIXe
siècle, place des Tiercerettes ; traitement en glace sans tain de la liaison entre
deux maisons de la rue du Taur, au début des années 1990 ; enfin, les façades de
deux immeubles construits au cours de lété 1998, lun rue des Salenques,
lautre rue de la Chaîne.
Planche non publiée dans le Bulletin.
TOULOUSE, RUE DU TAUR, début des années 1990.
En dehors de toute considération esthétique, il
apparaît que le « style » des édifices reconstruits dans le centre ancien
varie considérablement dun immeuble à lautre, sans quapparaisse aucune
justification. Seul semble régner larbitraire de larchitecte des Bâtiments
de France, et son goût personnel, dont on ne voit pas bien pourquoi il devrait
prévaloir. Il faut encore préciser que larchitecte des Bâtiments de France
nest pas tenu de motiver ses avis.
Un membre rappelle que lun des architectes des Bâtiments de
France de Toulouse sest lui-même félicité dans la presse « des pouvoirs
régaliens » quil exerçait. Lexpression est à la mode mais elle est
dans ce cas abusive : plus simplement, la loi organise un pouvoir discrétionnaire
qui confine à larbitraire.
Pour certains, les choix esthétiques des constructions neuves devraient relever du Maire, responsable devant les électeurs, et non dun fonctionnaire livré à lui-même et contre lequel ne peut être exercé aucun recours. Il semble dailleurs que la question soit actuellement prise en compte, puisque, selon des rumeurs, il pourrait être fait appel des décisions des architectes des Bâtiments de France devant les commissions qui devraient prochainement remplacer les actuelles COREPHAE (Commission régionale du patrimoine historique, archéologique et ethnologique).
Un membre ajoute une anecdote qui illustre un peu plus, et avec quel ridicule, larbitraire de larchitecte des Bâtiments de France : en raison de la co-visibilité avec le rempart du faubourg, il vient de donner un avis favorable à la pose de barreaux sur les fenêtres dun rez-de-chaussée, boulevard Lascrosses, à la condition de la suppression du motif de losange prévu par le dessin initial Un tel sérieux confond : en face de Compans-Caffarelli et du Palais des Congrès, à cinquante mètres de la Cité administrative, à cent mètres de lÉcole de Commerce Monsieur larchitecte des Bâtiments de France naime pas les losanges ? Il serait peut-être plus important quil agisse auprès de sa propre administration pour que soit restauré le rempart de la place Duportal. La Ville de Toulouse a récemment aménagé un jardin là où il ny avait quun terrain vague, mais la muraille qui relève de la Cité administrative est dans un état lamentable.
Une dernière diapositive vient clore la séance : elle montre le portail de la Dalbade, dont la restauration est tout juste achevée. Il est constaté que les statuettes, dont notre Compagnie sest déjà inquiétée, nont pas encore été replacées dans leurs niches, probablement pour des raisons de programmation du chantier.
M.S.A.M.F., t. LIX, p. 258
M.S.A.M.F., t. LIX, p. 259
M.S.A.M.F., t. LIX, p. 260
TOULOUSE, PLACE DES TIERCERETTES, immeubles construits au début des années 1990. |
TOULOUSE, RUE DES SALENQUES, immeuble construit en 1998. |
TOULOUSE, RUE DE LA CHAÎNE, immeuble construit en 1998. |
M.S.A.M.F., t. LIX, p. 261
SÉANCE DU 19 JANVIER 1999
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur,
Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cazes, Secrétaire Général, Latour,
Bibliothécaire-archiviste, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mmes Napoléone,
Pradalier-Schlumberger, MM. Cabau, Hermet, le Père Montagnes, Pradalier, Mgr Rocacher,
MM. Roquebert, membres titulaires ; Mmes Blanc-Rouquette, Jimenez, MM. Gillis,
Manuel, Testard, membres correspondants.
Excusés : Mmes Cazes, Fronton-Wessel, Pujalte, MM. Manière, Tollon.
Le Secrétaire-adjoint donne lecture du
procès-verbal de la séance du 5 janvier dernier, qui est adopté. Louis Latour transmet
à la Compagnie les meilleurs vux de notre confrère Gabriel Manière.
Le Président rend compte de la correspondance manuscrite. Nous avons
en particulier reçu pour le concours le mémoire de maîtrise que Mme Dany Couget-Rullier
a consacré à léglise Notre-Dame de lAssomption de Grenade-sur-Garonne.
Par ailleurs, Mme Blanc-Rouquette et le général Delpoux
représenteront la Société à la messe qui sera célébrée en souvenir de Paul Ourliac.
La parole est au Trésorier pour le bilan financier
de l'année écoulée. Le Président apporte quelques précisions sur les dépenses et
recettes et dresse la liste des investissements à réaliser. À lunanimité, la
Compagnie donne quitus au Trésorier et elle le félicite pour sa bonne gestion.
Le Président présente le bilan de lactivité de la Société au
cours de lannée 1998. Puis il est procédé aux élections statutaires. Le
Président dit naccepter le retrait de M. Jean Coppolani quà la condition que
celui-ci nous fasse lhonneur dagréer le titre de Directeur honoraire. Après
avoir remercié Jean Coppolani de tout le travail quil a accompli pendant toutes ces
années au service de notre Société, le Président soumet la proposition au vote des
membres titulaires : à l'unanimité, M. Jean Coppolani est élu Directeur honoraire. M.
Coppolani remercie la Compagnie de l'hommage quelle lui fait.
Ce sont donc les postes de Directeur, de Secrétaire Général, de Secrétaire-adjoint et
de Trésorier qui doivent être renouvelés cette année. Sur proposition du Bureau, MM.
Daniel Cazes, Maurice Scellès, Patrice Cabau et Guy Ahlsell de Toulza sont respectivement
élus ou réélus Directeur, Secrétaire Général, Secrétaire-adjoint et Trésorier. Le
Président félicite ses confrères pour ces différents votes, dont lunanimité
fait plaisir autant quelle oblige.
Après un exposé détaillé du Président, une discussion est engagée sur les statuts respectifs des sociétés académiques et des associations reconnues d'utilité publique créées dans le cadre de la loi de 1901. On s'accorde pour considérer qu'il pourrait être procédé à la modification de certains articles des statuts sans remettre en cause le caractère académique de notre Société.
Le Président donne des informations concernant le dossier de Martres-Tolosane ; puis il rend compte de la dernière réunion du Bureau de lUnion des Académies et Sociétés savantes de lHôtel dAssézat et de Clémence-Isaure, qui a été largement consacrée à la Conférence de lInstitut de France et des Académies de province qui se tiendra à la mi-octobre prochain à Toulouse.
SÉANCE DU 2 FÉVRIER 1999
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur
honoraire, Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire
Général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mme Pradalier-Schlumberger, MM. Gilles, Pradalier,
Prin, Mgr Rocacher, MM. Roquebert, Tollon, membres titulaires ; Mmes Blanc-Rouquette,
Fronton-Wessel, Jimenez, Nouviale, MM. Boudartchouk, Gillis, Laffont, Salvan-Guillotin,
Testard, membres correspondants.
Excusés : M. Latour, Bibliothécaire-archiviste, Mme Cazes, M. Burroni.
Le Président demande à la Compagnie dexcuser l'absence de Louis Latour, et celle de Gabriel Burroni, actuellement en train de restaurer, à Carcassonne, les cheminées de la fin du XVIe siècle de la maison dite de Montmorency, dont il aura prochainement loccasion de nous entretenir.
La parole est à M. Patrice Cabau pour sa communication sur Les sépultures des évêques de Toulouse, publiée dans ce volume (t. LIX, 1999) de nos Mémoires.
Le président remercie M. Cabau pour sa communication qui amène plus de problèmes que de certitudes. Il fait appel aux questions. M. Gilles ne pense pas que la première liste épiscopale de Toulouse soit dArnaud Arpadel mais que celui-ci a recopié une liste trouvée dans quelques archives. Quant à Bernard Gui, qui enrichissait ses textes au fur et à mesure quil avançait en âge, sa première version des listes épiscopales recopie celle dArnaud Arpadel. M. Cabau, tout en reconnaissant des similitudes entre les deux, ne pense pas quil sagisse dune copie pure et simple.
M. Coppolani demande si saint Honorat, saint Papoul et saint Honest, qui figurent sur les listes épiscopales traditionnelles ont réellement été évêques de Toulouse. M. Cabau répond quil est sûr, pour saint Papoul, que ce nest pas le cas. Pour les autres, il na de preuves ni dans un sens ni dans lautre. M. Gilles rappelle que ces personnages apparaissent dans les listes épiscopales à partir de la vie de saint Sernin fabriquée dans la Marche dEspagne aux Xe et XIe siècles.
M. Roquebert demande ce que lon sait de certain sur saint Germier, qui est le nom attesté dès le XIIIe siècle dune agglomération du Lauragais. M. Cabau avoue ne savoir que peu de choses sur ce personnage qui apparaît comme saint, au plus tôt
M.S.A.M.F., t. LIX, p. 262
au IXe siècle. Il aurait vécu sous le règne dun Clovis, mais on ne sait lequel. M. Cabau pencherait plutôt pour Clovis III (691-695) car on mentionne dans le même texte lévêque de Paris, personnage pourtant obscur, contemporain de Clovis III. Pour Jean-Luc Boudartchouk le Clovis mentionné dans la vie de saint Germier ne peut être que celui qui est célèbre pendant tout le Moyen Âge, cest-à-dire Clovis Ier. M. Cabau se demande ce que lon sait de Clovis Ier à Toulouse au Moyen Âge. Christine Delaplace rappelle quil en est fait une mention explicite dans Noguier en 1556 qui écrit, p. 80 : « quelques-uns ont dit quil fut élu par le peuple tolosan roi pour raison de la singulière affection quon lui apportait à Toulouse ». Il est donc lobjet dune véritable redécouverte dans la ville, au moins au XVIe siècle, au point quon laisse croire que ce sont les toulousains qui en ont fait le roi des Francs.
M. Roquebert demande ensuite à quoi correspond la date de 1176 qui figure après le nom dun évêque du nom de Gocelin ou Gaucelm placé dans la liste des évêques fictifs de Toulouse dressée par le communiquant. M. Cabau répond quil sagit en fait dun évêque de Lodève mentionné seulement par la première lettre de son nom, G, et dont on a inventé le reste du nom après lavoir inséré par erreur dans les listes épiscopales de Toulouse.
Daniel Cazes rappelle le problème de la dévotion
sur le premier tombeau de saint Sernin traditionnellement placé sur lemplacement de
léglise du Taur. M. Cabau dit que lon ne sait rien de sûr sur cette
question. M. Prin demande à quelle date apparaît le vocable. Patrice Cabau signale que
léglise du Taur est mentionnée en 1080 et que, dans la Chanson de la croisade, il
est fait allusion à Saint-Sernin le Petit. Jean-Luc Boudartchouk reste persuadé que le
corps de saint Sernin na jamais été enseveli au Taur. Rien dans les textes ni dans
larchéologie ne vient au secours de cette tradition. Patrice Cabau pense quon
peut avoir oublié quil y ait eu une translation si celle-ci a eu lieu au Ve
siècle. Pour Jean-Luc Boudartchouk, le dossier de la sépulture au Taur est vide. Il ne
voit pas pourquoi, si on navait pas gardé le souvenir de la translation, on
naurait pas au moins gardé le souvenir du premier lieu de culte. Du reste,
lhypothèse de la sépulture sur lemplacement de Saint-Sernin reste la plus
simple et elle est confortée par larchéologie.
Henri Pradalier demande si lon a trouvé des traces de
sépultures au Taur comme on en a trouvé à Saint-Sernin. Sur la réponse négative de
Daniel Cazes et de Jean-Luc Boudartchouk, la discussion dévie sur la date de la basilique
dHilaire. Daniel Cazes se demande si celle-ci ne pourrait pas avoir été édifiée
à lépoque constantinienne, ce qui correspondrait davantage à ce qui se fait au
même moment et ailleurs dans lEmpire. Patrice Cabau rappelle que les textes
laissent entendre quHilaire devient évêque de Toulouse bien après saint Sernin.
Revenant sur le Taur, il rappelle quil existe tout de même une église Saint-Sernin
du Taur. Jean-Luc Boudartchouk considère quelle porte ce vocable parce quelle
est une dépendance de Saint-Sernin ... mais nest citée comme paroissiale
quau XIIIe siècle, rappelle M. Cabau.
Christine Delaplace considère quil est difficile de penser
quon ait construit en Gaule des basiliques dès le IVe
siècle constantinien. Seules des fouilles pourraient nous éclairer. Elle se range à
lavis de Jean-Luc Boudartchouk pour ce qui est de la sépulture au Taur. En effet ni
lhistoire ni larchéologie ne sont venues conforter cette tradition locale et
lidée dune invention et dun léger déplacement du corps de saint
Sernin sur place, cest-à-dire à Saint-Sernin même, paraît la plus plausible.
Maurice Scellès et Henri Pradalier considèrent quon ne peut établir une comparaison valable entre la plaque tombale dIsarn de Marseille et la plaque du cloître de Moissac représentant Durand de Bredon. Celle-ci doit par contre dêtre comparée à celles des apôtres placées aux angles du même cloître.
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