Société Archéologique  du Midi de la France
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Mémoires
de la Société Archéologique
du Midi de la France

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Tome LVI (1996)



BULLETIN DE L'ANNÉE ACADÉMIQUE

1995-1996

établi par Maurice SCELLÈS

 

Cette édition électronique respecte la mise en page de l'édition imprimée (Bulletin de l'année académique 1995-1996, dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. LVI, 1996) dont nous indiquons la pagination. Les corrections nécessaires ont été apportées et quelques illustrations en noir et blanc sont remplacées par des illustrations en couleur.


1ère partie
Séances du 7 novembre 1995 au 9 janvier 1996
2e partie
Séances du 23 janvier 1996 au 30 mars 1996

3e partie
Séances du 2 avril 1996 au 18 juin 1996


M.S.A.M.F., T. LVI, page 316

 

SÉANCE DU 2 AVRIL 1996

Présents : MM. Pradalier, Président, Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire Général, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mmes Blanc-Rouquette, Cazes, Delaplace, Pousthomis-Dalle, Pradalier-Schlumberger, Pujalte, MM. l'abbé Baccrabère, Bertrand, Cranga, le général Delpoux, Gillis, Ginesty, Hermet, Lassure, Mange, le Père Montagnes, Morvillez, Peyrusse, Séraphin, Tollon.
Invitée : Mlle Marie-Pierre Chaumet.

    Le Président rend compte de la correspondance manuscrite. Notre confrère M. Bernet nous annonce son intention de se retirer en raison de son état de santé. Il tient à exprimer sa reconnaissance à notre Société et à ses membres pour les découvertes et les connaissances que lui ont apportées nos séances, mais ajoute qu'arrive le moment où il faut savoir s'effacer. Membre titulaire depuis 1983, M. Bernet sera désormais membre libre.

    Le Président présente trois ouvrages qui viennent enrichir notre bibliothèque. Notre confrère Gabriel Manière offre à la Société son ouvrage De la vie de la Garonne au XIXe siècle en amont de Toulouse, Société des Études du Comminges, 1995, 192 p. ; le Professeur Auvergnat nous a remis un exemplaire d'une étude de Bernard Prévot, Décor et symboles des gaufriers du Perche du XVe au XXe siècle, Saint-Martin-de-la-Lieue : Ed. du cabinet d'expertises Nadine Legeleux, 1995, 277 p.

    Le Président rend compte de la réunion du Conseil d'administration de l'Union des Académies et Sociétés savantes de l'Hôtel d'Assézat et de Clémence Isaure. M. Sermet devient Président d'honneur de l'Union, M. Remplon étant désormais Président. Celui-ci estime que certaines questions doivent être renégociées avec la Mairie et qu'il faut, de plus, que soit garantie l'intangibilité des accords passés. M. Remplon a rédigé une nouvelle convention et un nouveau règlement intérieur qui devront être discutés, et


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il est entendu que l'Union maintient son recours gracieux. M. Remplon, Mme Enjalbert et notre Président Henri Pradalier, qui mèneront la négociation, doivent rencontrer le Secrétaire Général de la Mairie, M. Trautman, dont ils attendent un rendez-vous.

    La parole est alors à Gilles Séraphin pour la communication du jour : Le château de Fumel à la Renaissance, publiée dans ce volume (t. LVI, 1996) de nos Mémoires.

    Le Président remercie Gilles Séraphin pour son étude qui conduit à replacer au XVIe siècle ces châteaux du nord Agenais et du Périgord. Remarquant que la démonstration s'appuie essentiellement sur les formes extérieures et les décors, il voudrait savoir si l'analyse des agencements et des plans est aussi significative. Gilles Séraphin indique que si les décors offrent d'étroites parentés, les plans présentent des dispositions très différentes, sauf peut-être pour la deuxième série des édifices étudiés qui correspondent à des châteaux plus modestes. La variété des plans serait une raison supplémentaire pour soupçonner l'intervention d'un architecte.

    Bruno Tollon dit que Gilles Séraphin nous a donné une belle démonstration de ce que peuvent apporter des études d'archéologie monumentale, nous rappelant que l'approche archéologique n'est pas réservée à la préhistoire, à l'Antiquité ou au Moyen Âge. L'analyse combine heureusement des chronologies relatives établies pour chaque édifice à des éléments de chronologie absolue. Il faut en effet rappeler qu'il s'agit d'une période fort mal connue, et que bien des datations du XVIIe siècle doivent sans doute être remises en cause : on se souvient que le château de Wideville, longtemps attribué aux années 1630, a finalement été daté de 1580 par Catherine Grodecki, en 1975. Gilles Séraphin en donne une illustration très intéressante, et la démonstration est parfaite quant à la très grande cohérence des décors.

    Louis Peyrusse remarque qu'au château de Fumel, les filles ayant été rétablies dans leurs droits par Blaise de Montluc, les travaux auraient pu reprendre, et il demande si les données historiques ne contiennent aucune indication permettant d'affiner la datation. Gilles Séraphin répond que la documentation est en fait très peu abondante. On sait qu'à Fumel, après l'émeute réprimée par Montluc, le château échoit au fils du baron de Fumel qui est un homme de guerre et que l'on imagine mal résidant sur place. D'ailleurs, Montluc condamne les habitants à élever à leurs frais le tombeau du baron assassiné qui est curieusement orné de bossages rustiques. Les archives du château de Lanquais ont probablement été détruites au cours des guerres de Religion, comme à Fumel. Des recherches complémentaires pourraient cependant être menées dans les chartriers des La Tour d'Auvergne, ducs de Bouillon.

    À propos du château de Lanquais, Gilles Séraphin ajoute qu'André Chastel, au vu de prix-faits qu'il n'avait d'ailleurs probablement pas pu analyser, l'avait daté des années 1595-1600. Il s'avère en fait que ces documents concernent des travaux de restauration. On a en outre la preuve que des travaux prévus par des prix-faits n'ont été exécutés que beaucoup plus tard. Contre l'avis de Chastel, Babelon estimait déjà qu'il fallait dater Lanquais des environs de 1550.

    Pour Louis Peyrusse, ces datations des environs de 1560 sont évidemment très séduisantes. Il n'en demeure pas moins qu'il ne lui paraît pas que ce vocabulaire soit aussi spécifiquement daté qu'il ne puisse être déplacé sans scandale sur une vingtaine d'années. La démonstration, même très brillante, n'emporte pas nécessairement la conviction. Gilles Séraphin précise que le texte de l'article sera moins affirmatif que ne l'est sa communication orale d'aujourd'hui, faisant mieux apparaître les nombreuses incertitudes et questions qui subsistent. Il n'empêche que l'on peut encore remarquer qu'en Périgord, l'architecture des châteaux manifeste à partir de 1570 un retour aux formes du Moyen Âge qui n'est pas du tout perceptible ici. Les mâchicoulis, les créneaux, les ponts-levis, etc. sont encore de mise en 1630, ce retour en arrière stylistique étant dû à des commanditaires qui ne sont plus des gens de cour mais des gens de guerre.

    Au titre des questions diverses, le Secrétaire-adjoint communique à la Compagnie une note d'information que nous a adressée Valérie Rousset, membre de notre Société et chargée des études d'archéologie monumentale au S.D.A. du Lot, sur la restauration de deux fenêtres géminées du palais Duèze à Cahors

    « À la suite de la restauration d'un fenêtre à remplage, sur l'élévation sud, de ce qui était la « chambre de parement » du palais Duèze, la Société Archéologique du Midi de la France avait tenu à féliciter et encourager le propriétaire, M. Guy Rouqual, en lui remettant une médaille d'argent (M.S.A.M.F., t. LIII, 1993, p. 230, t. LIV, 1994, p. 195).
    Ce sont aujourd'hui deux baies géminées de l'élévation ouest qui ont été reconstituées. Elles étaient jusqu'alors obturées et masquées par un enduit extérieur. La fenêtre de droite conservait suffisamment d'éléments (piédroits et arcs, base ornée d'un tore en amande, colonnette, chapiteau à corbeille nue évasée, vestiges des impostes accompagnées de pièces métalliques situant des porte-bannes) pour en permettre la restauration et la reconstitution de la baie voisine en partie détruite.
    Ces travaux, qui ont été accompagnés du décrépissage de la façade sur son tiers supérieur et du remaillage du parement très altéré, rendent toute sa dimension au corps de bâtiment occidental du palais et permettent de retrouver une perception d'ensemble de l'édifice. »

    Le Secrétaire-adjoint ajoute qu'au moment où les travaux étaient en cours, une colonnette de la tour s'est descellée et est tombée dans la rue. Grâce à la propriétaire, Mme Daudé, et au S.D.A. du Lot, l'entreprise Bizeul-Rodrigues qui était sur place a pu intervenir immédiatement.
    Le Président demande au Secrétaire-adjoint de remercier Valérie Rousset de cette information, et de transmettre une nouvelle fois à M. Guy Rouqual nos félicitations pour cette restauration qui est une étape décisive pour que le palais Duèze retrouve la


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duèzepetit.BMP (58918 octets) CAHORS (LOT), PALAIS DUÈZE, ensemble vu depuis l’ouest avec la tour et à droite la façade dont les deux fenêtres hautes viennent d’être restaurées.

place qui devrait être la sienne parmi les grands monuments médiévaux de Cahors, à côté de la cathédrale et du pont Valentré.

    Guy Ahlsell de Toulza donne quelques informations sur les travaux projetés à École des Beaux-arts de Toulouse, sur les bâtiments de l'ancien monastère de la Daurade. La tour des latrines qui a été récemment protégée au titre des Monuments historiques (M.S.A.M.F., t. LIV, 1994, p. 190-195) sera épargnée par les travaux de réaménagement. L'architecte en chef des Monuments historiques Bernard Voinchet, mis en demeure depuis trois ans de proposer une nouvelle solution, ayant décrété que les façades de ce que l'on appelle le pavillon « Labbé  » n'avaient pas d'intérêt, on envisage de le doubler par une construction moderne. Guy Ahlsell de Toulza précise qu'elles apparaissent sur la planche du Monasticon gallicanum telles qu'elles sont aujourd'hui et qu'il serait nécessaire de vérifier si ces élévations sont ou non anciennes.

 

SÉANCE DU 23 AVRIL 1996

Présents : MM. Pradalier, Président, Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste ; Mmes Blanc-Rouquette, Delaplace, Napoléone, Pujalte, MM. l'abbé Baccrabère, Burroni, Cabau, Cranga, Hermet, Mange, le Père Montagnes, Péaud-Lenoël, Peyrusse, l'abbé Rocacher, Tollon.
Excusés : MM. Cazes, Secrétaire Général, Scellès, Secrétaire-adjoint, Mmes Labrousse, Pradalier-Schlumberger.

 

    Le Président donne lecture d'une lettre du Secrétaire général de l'Union des Six Académies de l'Hôtel d'Assézat, contenant un extrait de délibération du Conseil d'Administration de la dite Union, réuni le 29 mars dernier : des modifications sont intervenues au Bureau, MM. Sermet et Auvergnat ayant été élus Présidents d'honneur, M. Remplon remplace M. Sermet comme Président.
    Le Président signale l'achèvement des travaux d'installation des luminaires dans la future salle des séances de la Société Archéologique. Il n'y manque que le mobilier et les œuvres d'art que nous souhaitons y exposer.

    La parole est à Christian Mange pour sa communication sur les peintures murales de la chapelle Saint-Exupère de Blagnac, publiée dans ce volume (t. LVI, 1996) de nos Mémoires.

    Le Président remercie Christian Mange pour sa communication et fait appel aux questions. Le Père Montagnes s'interroge sur la date des inscriptions. Christian Mange lui confirme qu'elles ont été sérieusement retouchées en 1870 ainsi que les peintures elles-mêmes. Elles ont été retouchées une deuxième fois par Benezet lui-même en 1886. Le Président ne se dit pas choqué par la différence entre les peintures réalisées par Benezet et celles du XVIe siècle conservées. Christian Mange souligne que Benezet a fait acte de créateur en réalisant le programme de Blagnac. Il compare avec les travaux de restauration d'Engalières qui, à Notre-Dame-du-Bourg à Rabastens, a imité servilement les modèles médiévaux au point qu'on ne peut aujourd'hui encore distinguer les originaux des réfections. C'est le cas des deux chapelles placées de part et d'autre de la chapelle d'axe, faites ex nihilo entre 1855 et 1865 et dont on a cru jusqu'à une date récente qu'elles étaient du XVIe siècle [et non du XIVe]. Christian Mange explique la différence d'attitude entre les deux peintres par le fait que Benezet est passé chez Flandrin à Paris, ce qui n'est pas le cas d'Engalières.
    Christine Delaplace demande si Benezet s'est expliqué sur le choix des compositions savantes extraites du Contre Vigilance. Elle trouve ces choix judicieux pour illustrer la vie d'un évêque qui fut un très grand évêque de Toulouse. Christian Mange répond que Benezet n'a donné aucune explication et estime que ses choix ont été guidés par les lacunes iconographiques du décor qu'il avait à compléter.


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SÉANCE DU 7 MAI 1996

Présents : MM. Pradalier, Président, Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire Général, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mmes Blanc-Rouquette, Cazes, Delaplace, Napoléone, MM. Bertrand, Burroni, Cabau, Cranga, Gilles, Gillis, Ginesty, Julien, Mange, Manuel, le Père Montagnes, Morvillez, Nayrolles, Péaud-Lenoël, Peyrusse, l'abbé Rocacher, Tollon.
Excusé : Le général Delpoux.

    Le Secrétaire-adjoint donne lecture des procès-verbaux des 26 mars et 2 avril derniers. La présentation du procès-verbal de la dernière séance est reportée.

    À propos des travaux prévus à l'École des Beaux-Arts, Guy Ahlsell de Toulza croit savoir que le projet a été définitivement adopté. Il rappelle que les fondations de la construction qui devrait doubler le bâtiment « Labbé  » seraient établies sur l'emplacement de la salle capitulaire et de la sacristie qui bordaient à l'est le cloître de la Daurade, très exactement situés par des plans anciens bien connus. Selon d'autres informations toutefois, il paraît sûr que le projet n'est pas définitivement arrêté. Guy Ahlsell de Toulza en conclut qu'il y a tromperie d'un côté ou de l'autre.
    Le Président rapporte qu'à l'occasion de récentes discussions, il a pu se rendre compte que les entrepreneurs souhaitaient surtout être avertis des risques archéologiques de manière à être en mesure de les intégrer à leurs projets.
    Un membre fait mine de s'étonner qu'une fois de plus un site aussi sensible que celui de la Daurade doive faire l'objet d'une intervention archéologique dans l'urgence de travaux d'aménagement. L'aberration de la politique archéologique actuelle est encore plus évidente quand il s'agit comme ici d'une propriété publique et d'un terrain, la cour de l'École des Beaux-Arts, libre de toute construction, qui devrait faire l'objet depuis longtemps d'un programme de fouilles raisonné.

Le Président engage les membres de notre Société à s'affilier personnellement à FERMAT, comme le souhaitent les responsables de l'association, et précise que la cotisation fixée à 100 F reste très raisonnable.
    Puis on procède à quelques modifications du programme des prochaines séances, Pascal Julien étant obligé, pour cause de soutenance de thèse, de déplacer la date de sa communication initialement prévue pour le 18 juin. Le Président fait également circuler la liste des communications de la prochaine année académique, en précisant que seules trois séances restent disponibles.

    La parole est alors à Madame Blanc-Rouquette pour une communication consacrée à L'église Saint-Quentin, siège de la chambre syndicale des imprimeurs et libraires toulousains, publiée dans ce volume (t. LVI, 1996) de nos Mémoires.

    Le Président remercie Madame Blanc-Rouquette pour cette communication très complète sur l'histoire de l'église Saint-Quentin, dont l'emplacement avait été l'occasion, ici même, d'une controverse l'année dernière. L'incertitude est désormais levée par le plan établi par Quitterie Cazes et présenté par Madame Blanc-Rouquette, plan qui montre clairement que l'église se trouvait établie contre la tour de la porterie romaine, à l'intérieur des murs.
    Quitterie Cazes explique qu'il lui a suffi de superposer trois plans, dont un publié par Jules Chalande dans le Bulletin de notre Société, pour situer l'emplacement de l'église à deux mètres près.
    M. Gilles précise que l'une des diapositives projetées présentait le premier moulon du capitoulat de la Daurade, et que l'église Saint-Quentin, appartenant à celui du Taur, ne pouvait y figurer.

    Daniel Cazes demande à quel moment apparaît le culte de saint Jean de la Porte latine. Madame Blanc-Rouquette répond que c'est en 1510 que l'assemblée décide d'en faire son patron. Daniel Cazes remarque qu'il serait peut-être intéressant de rapprocher le vocable et la situation de l'église près de la porte romaine à Toulouse, et la situation comparable qui est celle de l'église Saint-Jean de la Porte latine à Rome. D'ailleurs le vocable est-il ancien et faut-il le rattacher à la tradition selon laquelle l'église serait l'une des plus anciennes de Toulouse ? Mme Blanc-Rouquette précise que ce sont les auteurs de l'Histoire général de Languedoc qui font remonter son origine, et celle de plusieurs autres chapelles particulières, aux années 320-350.

    Patrice Cabau indique que le Saint-Quentin mentionné par le testament d'Hugues au Xe siècle doit être identifié comme étant Saint-Quentin-Latour (Ariège) et non l'église de Toulouse qui apparaît pour la première fois dans les textes vers 1120-1130, dans le cartulaire de Saint-Sernin. La deuxième mention est de 1176, dans les cartulaires de la ville. Les documents font également état d'un lieu-dit Saint-Quentin qu'il faut situer au nord de la ville. Mme Blanc-Rouquette confirme qu'elle a rencontré un Saint-Quentin aux Minimes, sans avoir toutefois le temps de vérifier plus avant.
    Henri Pradalier demande à quel moment apparaît le vocable de Saint-Quentin, et s'il est possible que ce soit à l'époque carolingienne. Patrice Cabau admet cette éventualité. Puis il souligne une nouvelle fois l'intérêt que présente le plan établi par Quitterie Cazes, qui montre que l'église était installée sur la porte romaine qui subsiste jusqu'à la fin du XIIe siècle. On peut donc se demander si l'église ne fait pas partie de la porte. Quitterie Cazes ajoute que l'on serait peut-être amenés à distinguer deux états, avec une première église accolée à la porte du « château  » et un agrandissement vers l'est après la démolition de la construction romaine.


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auterive.BMP (94654 octets) wpe25.jpg (8074 octets) AUTERIVE (HAUTE-GARONNE), ÉGLISE SAINT-PAUL,
MAÎTRE-AUTEL
. 1 et 2 : parties appartenant à l’autel du XVIIIe siècle. 3 et 4 : parties ajoutées au XIXe siècle. Cliché Louis Latour.

    Louis Latour donne quelques informations sur ce qu'il advenu du projet de restauration de l'autel d'Auterive, présenté l'an dernier au cours de l'une de nos séances (M.S.A.M.F., t. LV, 1995, p. 211-213) :

    « Un problème de restauration : le maître-autel de l'église Saint-Paul d'Auterive.

    Dans notre communication du 22 novembre 1994, nous évoquions les problèmes posés par la restauration du maître-autel et du retable de l'église Saint-Paul d'Auterive. Nous pensions alors, d'après les archives paroissiales, que les anges adorateurs avaient été exhaussés à deux reprises : en 1849 grâce à leurs socles actuels, puis en 1863 par l'adjonction des pièces 1 et 2 de part et d'autre du tabernacle.
    Les travaux ont montré que ces deux pièces sont solidaires du tabernacle et remontent donc au XVIIIe siècle. Elles constituent « la grande pièce qui [investirait] tout le derrière du tabernacle et qui [formerait] deux ailes de chaque côté » selon le vœu du marbrier Grimes (A. paroissiales, lettre de Grimes, marbrier de Caunes-Minervois, à M. Mis, marguillier, 2 déc. 1783). « Le soubassement formant deux ailes au tabernacle actuel  » dont parle le marbrier Bergès dans le devis du ciborium (1863) correspond aux pièces 3 et 4 situées en fait de part et d'autre du tabernacle mais au-dessus de celui-ci (A. paroissiales, devis de Bergès, marbrier de Toulouse, 19 avril 1863).
    Cette interprétation ayant été acceptée par tous les acteurs de la restauration, il a été décidé d'un commun accord de conserver le maître-autel dans son état actuel y compris les socles de 1849 et le ciborium de 1863.
    La dépose pour restauration du tableau Le Christ en croix et la Madeleine a fait apparaître une peinture murale datée du 30 mai 1911, de bonne qualité et compatible avec le ciborium, représentant des tentures qui s'entrouvrent en découvrant un fond orné de briquettes dorées.
    Mme Sire, Inspecteur des Monuments Historiques, a donné alors son accord pour que le tableau soit déplacé dans une chapelle voisine où il est maintenant bien mis en valeur. Il a été restauré par le Centre de Restauration du Patrimoine Artistique de Gaillac, et son cadre redoré à la feuille par Fabio Da Tos. Il est la copie, attribuée à Despax, d'un tableau d'Antoine Rivalz qui ornait la chapelle de l'Archevêché de Toulouse, qui fit l'objet d'une tentative d'échange pendant la Révolution entre le Muséum de Toulouse et le Muséum Central de Paris, et qui dort actuellement dans les réserves du Musée du Louvre. M. Penent, conservateur du Musée Paul-Dupuy, qui a examiné le tableau d'Auterive, trouve l'attribution à Despax très vraisemblable. D'après lui, la copie n'a pu être faite que dans l'atelier du maître et daterait de ce fait du début du XVIIIe siècle, très probablement entre 1720 et 1730.  »

    Gabriel Burroni présente trois plans de projets pour la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse, datés de 1913 et signés Louzier. Il indique qu'il les a achetés il y a moins d'un mois à un brocanteur de L'Isle-Jourdain, et qu'il s'est attaché à en rechercher la provenance. Un lot de plus de deux cents plans a été retrouvé dans le grenier d'une maison de Castelginest vouée à la démolition, puis vendu, à l'exception de quatre plans, à une institution parisienne, peut-être les Archives du Patrimoine ou le Musée des Monuments français. On peut se demander si la maison de Castelginest n'était pas celle d'un architecte travaillant dans la région pour le compte de Saint-Anne Louzier.
    Le Président dit qu'il s'agit de planches pour le projet d'achèvement du bras sud du transept. Guy Ahlsell de Toulza demande des précisions sur la technique de dessin du plan réalisé sur tissu. Gabriel Burroni pense qu'il s'agit d'un tracé direct et non d'un transfert. Répondant à une question de Guy Ahlsell de Toulza, il indique que le vendeur avait tout d'abord conservé quatre plans pour son plaisir avant d'en mettre deux en vente chez un brocanteur.

    On attire l'attention de la Société sur un projet de construction d'une usine d'incinération de déchets toxiques à Martres-Tolosane. Selon les informations communiquées par M. Jean Boube, le bâtiment, de 28 m de côté et 55 m de haut, serait élevé à 1 500 m du village, à 500 m de l'emplacement de la villa romaine de Chiragan et à 100 m de la fontaine Saint-Vidian, défigurant totalement le site. Jean Boube rappelle que Martres est un site classé, et nous savons par ailleurs que les terrains de la villa seront prochainement classés au titre des Monuments historiques. Daniel Cazes précise que le terrain faisait partie de la réserve foncière des ciments Lafarge dont l'installation a déjà provoqué en 1956 la destruction des vestiges de la villa romaine du Bordier fouillée par Léon Joulin à la fin du XIXe siècle. Les Martrais sont consternés et le Maire s'oppose au projet. Il serait souhaitable que notre Société manifeste également son désaccord.


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bul9621.BMP (47814 octets)

TOULOUSE, CATHÉDRALE SAINT-ÉTIENNE, élévation extérieure du bras de transept nord, projet par Louzier, septembre 1913.


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TOULOUSE, CATHÉDRALE SAINT-ÉTIENNE, détail du portail neuf : dais du meneau central. Projet par Louzier, 24 janvier 1917.


M.S.A.M.F., T. LVI, page 323

bul9623.BMP (25182 octets)

TOULOUSE, CATHÉDRALE SAINT-ÉTIENNE, départ de l’escalier du clocher, projet par Louzier, 5 décembre 1915.

 

    Le Président pense que notre Société devrait adhérer au comité de défense qui s'est mis en place. Guy Ahlsell de Toulza ajoute qu'il faut adresser à ce sujet un courrier au préfet, avec copie au Directeur régional des Affaires culturelles.

    Le Président rend compte d'une série d'articles parus les 24 et 29 avril derniers dans Le Figaro, articles très critiques à l'égard des architectes en chef des Monuments historiques, avec des titres tels que « Polémique sur les architectes des Monuments historiques  » et « Les architectes des Monuments historiques sont-ils honnêtes ? ». On y épingle en particulier les surcoûts parfois faramineux dont font l'objet les travaux, illustrés entre autres de quelques exemples régionaux. Le propriétaire d'un petit pavillon Louis XVI à Cugnaux explique ainsi que pour « deux boiseries de fenêtres XVIIIe siècle à petits carreaux  », il s'est « vu refuser un devis de 3 680 F établi par un petit artisan du coin  », et dans l'obligation de « choisir entre les deux entreprises agréées par l'architecte en chef  », l'une demandant « 16 630 F et l'autre… 34 100 F pour le même travail  ». Le même propriétaire a eu la surprise « de recevoir de l'architecte en chef, M. Voinchet, une facture de 85 000 F pour la seule étude préalable à payer avant la moindre intervention  », le même architecte précisant qu'il fallait compter cinq ans pour les travaux à effectuer d'urgence. Le système serait toutefois un peu remis en cause puisque Madame Tomasin, conservateur des Monuments historiques, peut affirmer que « dans la conjoncture actuelle, plus que des entreprises agréées, ce que nous [le service des Monuments historiques] recherchons aujourd'hui, ce sont des entreprises adaptées  ». Les explications fournies par le Directeur du Patrimoine, Madame Maryvonne de Saint-Pulgent, ne sont pas inintéressantes : on a même la surprise de la voir déclarer qui'« il est vrai que la corruption existe, mais comme partout aujourd'hui  » !

    Louis Peyrusse rappelle que devant une enquête journalistique de ce genre, une certaine dose de scepticisme est requise.
    On fait encore observer que le Directeur du patrimoine est dans l'obligation de défendre publiquement ses services, ce qui n'exclurait pas qu'il puisse éventuellement être plus ou moins à l'origine, ou tout au moins sans profond désaccord avec les articles du Figaro.
    Guy Ahlsell de Toulza apporte un supplément à l'enquête du journal, en indiquant que pour les travaux d'urgence nécessités par l'effondrement des toitures de Notre-Dame-du-Bourg à Rabastens, une entreprise locale proposait un devis de 72 000 F quand l'architecte en chef M. Calvel annonçait un coût de 500 000 F pour la seule étude préalable.


M.S.A.M.F., T. LVI, page 324

    Il est indiqué qu'au sein même des services des Monuments historiques, nombreux sont ceux qui admettent que le système des études préalables n'a été mis en place que pour apporter aux architectes en chef un supplément de revenu. Ces « études  » préalables sont en tout cas bien souvent d'une affligeante médiocrité : historique en forme de resucée des informations les plus connues, bibliographie largement dépassée, méconnaissance des problématiques liées à l'analyse du monument et ignorance totale de celles de la recherche en général, et (un comble !) des relevés le plus souvent recopiés ou bâclés… Elles sont en outre fréquemment sous-traitées, ce qui n'est pas le pire.

    Le Président signale l'article élogieux que le dernier numéro d'Artpress a consacré à MoMus dans sa rubrique La revue du mois : après avoir rappelé que l'association s'est placée sous le signe du dieu de l'ironie, le compte-rendu souligne la verve des auteurs de MoMus, dont l'un des principaux objectifs est de combattre la langue de bois des différentes instances de l'administration de la culture.

    Le Secrétaire-adjoint annonce que notre Société a reçu une proposition d'échange de publications de la Société des Antiquaires de Londres, ou plutôt de reprise de nos échanges qui avaient été réguliers entre 1834 et 1901.

 

SÉANCE DU 21 MAI 1996

Présents : MM. Pradalier, Président, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire Général, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mmes Blanc-Rouquette, Cazes, Delaplace, Labrousse, Merlet-Bagnéris, Pradalier-Schlumberger, Pujalte, MM. l'abbé Baccrabère, Bertrand, Boudartchouk, Burroni, Cabau, Gillis, Julien, Mange, Manuel, le Père Montagnes, Morvillez, Nayrolles, Péaud-Lenoël, Peyrusse.
Excusés : MM. Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, MM. le général Delpoux, Manuel, Tollon.
Invitée : Mlle Sylvie Bach.

    Le Président ouvre la séance en présentant deux ouvrages dont Christine Delaplace est co-auteur et qu'elle offre à notre Société : Jean-Charles Picard et alii, Topographie chrétienne de la Gaule des origines au milieu du VIIIe siècle, VIII. Province ecclésiastique de Sens (Lugdunensis Senonia), Paris : De Boccard, 1992, 157 p. ; Christine Delaplace, Jérôme France, Histoire des Gaules (VIe siècle av. J.-C./VIe siècle ap. J.-C.), Paris : A. Colin, 1995, 189 p.
    C'est également Anne-Laure Napoléone qui donne pour la bibliothèque de notre Société des tirés-à-part de deux de ses articles : L'ancienne mairie de Figeac, et Maison dite « de La Monnaie  » à Figeac, dans Bulletin de la Société des Études du Lot, t. CXVI (1995), p. 21-42, et p. 189-220.
    Le Président les remercie au nom de notre Société en soulignant à quel point ces dons sont importants pour l'enrichissement de notre bibliothèque.

    Les procès-verbaux des séances du 23 avril et du 7 mai sont adoptés.

    À propos du projet d'usine de Martres-Tolosane, M. Gillis remarque qu'il a été dit que le site était classé, ce qui impliquerait qu'un projet de cette nature soit présenté à la commission départementale des sites à laquelle il appartient, commission consultative mais dont les avis sont parfois suivis. Le Président précise que l'emplacement lui-même n'appartient pas à un site classé, mais qu'il se situe à proximité de deux sites classés qui sont le champ de bataille de Saint-Vidian et le village.

    Le Président signale la parution toute récente du n° 6-7 (avril 1995) de MoMus, que nous avons évoqué au cours de nos dernières séances. Faute de temps, il ne lui pas encore été possible d'en faire la lecture complète, mais il lui paraît néanmoins nécessaire d'attirer l'attention de la Compagnie sur un éditorial particulièrement bien senti, intitulé MoMus « apolitique  » ? dont nous retenons en particulier ce passage :
    «… Mais la philosophie de Momus nous paraît bien relever du domaine politique, au sens le plus haut du terme. Elle se constitue surtout à partir de deux réactions instinctives, deux sentiments essentiels, sans lesquels, nous semble-t-il, on ne peut être « momusien  » (comme on dit dans les dîners en ville).
    C'est d'abord un réflexe de citoyens qui refusent de continuer à faire semblant de gober les propos en langue de bois et qui récusent le dogme de l'infaillibilité des politiciens et de la haute administration. C'est un réflexe de dignité.
    C'est tout autant un refus de la marchandisation intégrale, devenue aujourd'hui l'ennemie numéro un du patrimoine. Ce refus est celui d'individus qui récusent l'économisme ambiant et cherchent à préserver le domaine de la gratuité - ce qui ne signifie pas qu'ils ignorent angéliquement que l'art a un prix de revient et un prix de vente. C'est aussi le refus de citoyens-contribuables qui acceptent de plus en plus mal de voir l'État dépenser largement, et souvent absurdement, dans toutes sortes de domaines et prétexter ensuite le manque de moyens pour mettre sous le boisseau toute politique sérieuse de sauvegarde du patrimoine et pour en privatiser peu à peu la médiation, la gestion, et bientôt, si nous n'en prenons garde, la conservation même. C'est enfin le refus de scientifiques, d'historiens, d'archéologues, d'assister passivement à la destruction ou, ce qui revient au même, à la dénaturation


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du passé et de ses témoins, auxquelles conduit forcément la transformation du patrimoine en produit commercial. À ce propos, on prendra connaissance avec intérêt des grandioses projets d'« animation  » des Thermes de Cluny que des marchands de fausse culture tentent actuellement de vendre au Ministère de la Culture [...]. C'est pourquoi [...] nous ne requérons pas « le dessaisissement des prérogatives publiques en matière de patrimoine  ». Ce que nous demandons, c'est une réforme de la façon dont elles sont employées par l'État. Un État qui a trop tendance à oublier que sa tâche doit être exclusivement de servir le bien public…  ».
    Pour expliciter l'allusion de MoMus au projet d'« animation   » des Thermes de Cluny, le Président poursuit sa lecture avec quelques extraits des stupidités proposées par la société Epsilon, ce qui provoque des rires à répétition dans notre Compagnie. Il faut au moins convenir que la bêtise prétentieuse de l'expression est parfaitement adaptée à la nullité des idées.

    En raison de changements intervenus dans le programme des séances, deux communications sont à l'ordre du jour. C'est en premier lieu Pascal-François Bertrand qui présente Une suite des Actes des apôtres de Raphaël oubliée dans la cathédrale de Toulouse, publiée dans ce volume (t. LVI, 1996) de nos Mémoires.

    Le Président remercie Pascal-François Bertrand d'avoir été aussi bref que prévu tout en nous présentant une communication aussi complète que celle de l'an dernier.
    Pascal Julien demande si l'on connaît le coût d'une telle tenture. Pascal-François Bertrand indique que les estimations apportées par les documents sont très variables et qu'il ne faut pas toujours se fier aux inventaires, la valeur d'une pièce étant sur-évaluée avant une vente mais sous-évaluée lors d'un inventaire après-décès. Il rappelle que le prix est calculé à l'aune-carrée et que l'on obtient ainsi des estimations assez précises lorsque le contrat a été conservé. Les prix pratiqués à Toulouse sont comparables à ceux d'Aubusson, mais sont beaucoup plus élevés en Flandres.
    Pascal Julien se demande s'il ne faut pas rapprocher la date de la tenture, les années 1620-1625, et celle de l'incendie de 1610 qui impose un renouvellement du mobilier de la cathédrale. Cela supposerait cependant des moyens financiers alors que le chapitre est exsangue à la suite des travaux de reconstruction. Pour Pascal-François Bertrand, on ne peut non plus exclure que la tenture ait été offerte à la cathédrale par un archevêque du XVIIe ou du XVIIIe siècle.

    Relevant que la tenture a connu une vingtaine de copies, Louis Peyrusse demande s'il faut penser qu'elles ont toutes été exécutées d'après les cartons d'origine. Pascal-François Bertrand indique que l'on sait que les cartons sont usés en 1515 et que l'on réalise de nouveaux cartons à partir des tentures existantes afin de tisser de nouvelles tapisseries, comme c'est le cas pour la série de Toulouse par exemple.
    Christian Mange voudrait savoir pourquoi ces pièces ne sont pas signées. Pascal-François Bertrand explique que les marques de lissier se trouvent en général dans les marges qui sont évidemment les plus sujettes à dégradation. Il rappelle alors à la Compagnie que deux très belles tapisseries représentant le martyre de saint Saturnin, qui font partie des collections du château d'Angers, seront exposées cette semaine dans la basilique Saint-Sernin puis au Musée des Augustins pendant tout l'été.

    La seconde communication du jour est due à Quitterie Cazes qui présente les résultats des dernières fouilles de Saint-Pierre-des-Cuisines, publiée dans ce volume (t. LVI, 1996) de nos Mémoires.

    Le Président remercie Quitterie Cazes de nous avoir ainsi tenu au courant des dernières découvertes occasionnées par les fouilles archéologiques et les travaux de restauration de Saint-Pierre-des-Cuisines, découvertes riches en réinterprétations et en questions nouvelles sur une période très longue qui va du IVe au XVIe siècle. Il demande ce que l'on sait de cette première église de la fin du IVe siècle. Quitterie Cazes dit que l'on n'en connaît presque rien, mais que sa situation à proximité de l'enceinte de la ville antique, près d'un chemin allant d'une porte au Bazacle, correspond à une situation habituelle.
    Pascal-François Bertrand voudrait avoir des précisions sur la reconstruction actuelle de l'abside, qui, a-t-il compris, s'appuierait sur un état connu du XVIIIe siècle. Quitterie Cazes indique que l'abside est incomplètement connue à travers les vestiges qui en subsistent et quelques photographies anciennes qui montrent qu'elle était semblable à celle de Saint-Sernin. Sa restitution ne pose pas de problème majeur. L'architecte en chef des Monuments historiques, M. Bernard Voinchet, a adopté un parti prudent en ne reconstruisant ni la voûte ni le clocher dont la souche a cependant été soulignée. Il est néanmoins curieux qu'il ait retenu pour la fenêtre d'axe de l'abside une longue et étroite baie en meurtrière. Il ne semble pas que le projet de reconstruction ait été soumis à la Commission supérieure des Monument historiques.

    Jean Nayrolles s'interroge sur le pourquoi de cette reconstruction et suppose qu'elle a été motivée par la réutilisation de l'édifice. Quitterie Cazes confirme que la reconstruction de l'abside répond aux nécessités de la scène de l'auditorium. Elle invite en outre les membres de la Société à venir visiter le chantier maintenant que l'enlèvement des poteaux et du plancher du XIXe siècle permet d'avoir une vue d'ensemble de la nef. Rendez-vous est pris pour le lendemain 22 mai à 9 heures.

    Le Secrétaire-adjoint fait circuler l'étude préalable de la tour d'Arlet à Caussade, réalisée par la Société Hadès de notre confrère Bernard Pousthomis à la demande du Service des Monuments historiques. Il précise qu'il s'agit là de la première partie d'une étude qui devrait se prolonger au cours des travaux de restauration. Il faut souligner la qualité de cette étude d'archéologie monumentale, mais aussi l'intelligence avec laquelle le conservateur des Monuments historiques, Mme Aline Tomasin, et l'architecte en chef, M. Régis Martin, ont accepté de la confier à des archéologues.


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    Michèle Pradalier-Schlumberger indique que c'est effectivement la pratique de M. Régis Martin, avait lequel elle a eu des contacts en particulier pour certains édifices de l'Aude dont les études préalables ont été confiées à des étudiants. Elle ajoute qu'à la demande de Mme Tomasin, des vacations ont été accordées en 1986 à un étudiant pour l'étude du château de Lagarde.
    Le Secrétaire-adjoint remarque qu'un pas de plus est donc franchi puisque dans le cas de la tour d'Arlet, le volume du financement est une reconnaissance de niveau professionnel des intervenants. Il faut souhaiter que se généralisent des études préalables dignes de ce nom, confiées à des historiens de l'art et des archéologues et non à l'architecte chargé des travaux.
    Le Président indique qu'à Paris, le G.R.A.A.L. réalise ce genre d'études et va jusqu'à faire le relevé du plan du l'édifice. On attire l'attention sur le problème que pose la sous-traitance pratiquée par le Ministère de la Culture qui fait par exemple appel au G.R.A.A.L., entreprise privée, pour reprendre les dossiers des édifices classés, ce qui relève de ses propres missions. Après avoir indiqué qu'il avait lui-même travaillé pour le G.R.A.A.L., Pascal-François Bertrand précise que le Ministère de la Culture est son client le plus important, mais pas son seul client. Le G.R.A.A.L. réalise également des documents de promotion, avec par exemple un CD-rom pour le Louvre. Par ailleurs, il offre la possibilité de quelques ressources supplémentaires pour les étudiants parisiens, ce qui n'est pas négligeable.

    Toujours au titre des questions diverses, le Président donne lecture d'une lettre du général Delpoux qui a pu vérifier que le portail de la Dalbade présentait bien les emplacements de six statues, alors que quatre seulement sont répertoriées, une ayant été prise par Bernard Voinchet pour étude, deux se trouvant dans la sacristie et une dernière étant déclarée manquante. Pascal Julien rappelle qu'il détient des photographies de quatre statues et qu'un cliché montre l'emplacement d'une cinquième disparue.

 

VISITE DU CHANTIER DE SAINT-PIERRE-DES-CUISINES, 22 MAI 1996

Présents : MM. Pradalier, Président, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mmes Cazes, Delaplace, Pradalier-Schlumberger, MM. Bertrand, Burroni, Cabau, Julien, Mange, Manuel, Peyrusse.

    Quitterie Cazes accueille notre Compagnie dans la nef de l'église. Une brève présentation permet de rappeler les aspects principaux de l'édifice et des aménagements en cours pour sa transformation en auditorium. On s'attarde sur quelques points particuliers de la lecture archéologique de l'église. Puis le groupe se dirige vers le chevet où les travaux sont en cours.

    On s'accorde pour considérer que le chantier de Saint-Pierre-des-Cuisines revêt aujourd'hui un caractère exemplaire à Toulouse. Les fautes de la restauration (jointoyage et badigeon trop accentués sur l'élévation nord, jour en meurtrière injustifiable sur l'abside reconstruite) demeurent minimes en regard de l'importance des campagnes de fouilles réalisées, de l'étude menée sur l'édifice, de la conservation des vestiges archéologiques grâce à l'aménagement d'une crypte qui restera accessible aux chercheurs (premier exemple d'une véritable crypte archéologique à Toulouse !), du respect des élévations de l'église pour lesquelles il semble que l'on saura s'en tenir à des interventions minimales. La Ville de Toulouse et l'architecte en chef des Monuments historiques, M. Bernard Voinchet, méritent donc d'être félicités pour l'ensemble du chantier.

    Notre Compagnie achève sa visite avec les vestiges mis au jour au nord-est du chevet. C'est bien sûr l'impressionnante maçonnerie du Ve siècle qui retient principalement l'attention. Les enjeux scientifiques en cause sont tels qu'il faut absolument souhaiter que la fouille puisse être poursuivie. Il faut encore que ces vestiges ne connaissent pas le sort des vestiges de la même époque qui avaient été mis au jour sur le site de l'ancien hôpital Larrey, et qui ont été stupidement détruits alors que l'on avait de bonnes raisons de penser que l'on était en présence d'un bâtiment du palais des rois wisigoths de Toulouse.

 

SÉANCE DU 4 JUIN 1996

Présents : MM. Pradalier, Président ; Coppolani, Directeur ; Ahlsell de Toulza, Trésorier ; Latour, Bibliothécaire-archiviste ; Mmes Blanc-Rouquette, Cazes, Delaplace, Napoléone, Pujalte, MM. Burroni, Cabau, Fabre, Gilles, Ginesty, Julien, le Père Montagnes, Morvillez, Nayrolles, Peyrusse, l'abbé Rocacher, Salvan-Guillotin, Tollon, Vézian.
Excusés : MM. Cazes, Secrétaire général, Scellès, Secrétaire-adjoint ; le général Delpoux et M. Manuel.

    Le Président ouvre la séance en se félicitant de l'abondance des communications annoncées pour l'année académique 1996-1997. La multiplicité de ces travaux laisse prévoir des réunions supplémentaires, à moins qu'il ne soit possible de faire entrer plusieurs interventions dans le cadre d'une même séance.


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    La parole est ensuite à Pascal Julien pour la communication du jour, intitulée Imagerie et propagande imprimée à Saint-Sernin de Toulouse, publiée dans ce volume (t. LVI, 1996) de nos Mémoires.

    Henri Pradalier remercie Pascal Julien pour sa présentation et lui demande s'il a développé dans la thèse qu'il s'apprête à soutenir cet aspect de l'histoire de Saint-Sernin aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Pascal Julien répond par l'affirmative.
    Jean Rocacher demande à Pascal Julien s'il connaît l'origine de la planche représentant la partie supérieure du baldaquin gothique de Saint-Sernin qui figure dans la première édition de l'Histoire générale de Languedoc (tome II, 1733, face à la page 292). Pascal Julien précise que le dessin original de cette gravure est conservé à Toulouse, au Musée Paul-Dupuy ; il s'agit d'une œuvre d'Antoine Rivals (attribuée à tort au chevalier Rivals) exécutée en 1732, peu avant la destruction partielle du mausolée gothique et l'érection du baldaquin baroque, vers 1735.
    Jean Rocacher signale par ailleurs que de nombreuses images de pèlerinage ont été découvertes dans des reliures ; il cite par exemple des gravures liées au culte de saint Lizier. Pascal Julien et Henri Ginesty confirment la fréquence du remploi d'images pieuses dans la confection des reliures et ils soulignent que c'est cette pratique qui a permis la conservation, sur des tirages jadis considérables de ces gravures, des rares exemplaires aujourd'hui connus.
    Le Père Montagnes appelle l'attention sur la plaque de cuivre, matrice d'une gravure de la Confrérie des Corps-Saints de Saint-Sernin, qui fait partie des collections de notre Société ; il note qu'elle porte le nom de Michel Beaujan, dont l'activité lui paraît assez antérieure à la date de 1764 gravée sur la plaque. Pascal Julien dit que cette plaque est une regravure, exécutée en 1764, de la matrice originale réalisée en 1702.
    Henri Gilles demande si les baux passés avec les imprimeurs figurent dans les archives des notaires. Pascal Julien indique que l'on trouve transcription des contrats pour les livres dans les registres notariés ainsi que dans les archives de confréries, mais que l'impression des gravures faisait simplement l'objet d'accords verbaux reconduits annuellement.
    Louis Peyrusse veut savoir si Pascal Julien a comparé la situation de la gravure à Toulouse avec celle de Paris, que des études récentes viennent d'éclairer, et s'il y a eu des relations entre les deux villes. Pascal Julien répond par l'affirmative et déclare que la comparaison s'établit nettement en faveur de la capitale. Il ajoute que l'on était conscient à Toulouse du retard en matière de gravure : vers le milieu du XVIIe siècle, les confrères des Corps-Saints délibèrent de s'adresser à Paris pour trouver de bons graveurs. Bruno Tollon abonde dans le même sens et se dit frappé par la médiocrité de la gravure toulousaine aux XVIe-XVIIIe siècles, situation qui contraste avec celle de Bordeaux à la même époque.

    Le Président remercie une fois encore Pascal Julien. Puis il aborde les questions diverses en donnant de nouvelles informations sur le projet de construction d'une usine des Ciments Lafarge à Martres-Tolosane : d'après les renseignements que lui a fournis le maire de cette commune, le projet ne paraît pas encore tout à fait arrêté ; en tout cas, aucune demande de permis de construire n'a pour le moment été déposée.

 

SÉANCE DU 18 JUIN 1996

Présents : MM. Pradalier, Président, Coppolani, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-archiviste, Cazes, Secrétaire Général, Scellès, Secrétaire-adjoint ; Mmes Blanc-Rouquette, Merlet-Bagnéris, Suau, MM. l'abbé Baccrabère, Cabau, Cranga, Ginesty, l'abbé Rocacher, Salvan-Guillotin, Tollon, Vézian.
Excusés : Mmes Cazes, Pradalier-Schlumberger, MM. le général Delpoux, Julien, Manière, Manuel, le Père Montagnes.

    Le Président excuse les nombreux membres de notre Compagnie qui assistent en ce moment même à la soutenance de thèse de notre confrère Pascal Julien, à l'Université de Toulouse-Le Mirail.

    L'abbé Baccrabère attire l'attention sur le site de la rue Labéda, où après avoir annoncé que les restes du rempart romain seraient conservés et mis en valeur, on a en fait amputé la courtine et la tour. La pratique est constante à Toulouse, où l'on déploie d'ailleurs des trésors d'ingéniosité pour maintenir un magnolia, pour prendre l'exemple de la station de métro du jardin du Capitole, alors que l'on n'hésite pas à détruire la tour romaine voisine.

    La discussion est interrompue pour entendre les procès-verbaux des séances des 21 mai et 4 juin derniers, et le procès-verbal de la visite effectuée le 22 mai sur le chantier de Saint-Pierre-des-Cuisines.

    L'abbé Rocacher fait observer que nos contemporains pratiquent le même vandalisme qu'ils reprochent aux Toulousains du XIXe siècle. Il est ajouté que c'est aujourd'hui plus grave, puisque le discours présenté prétend que l'on restaure quand en fait on détruit. L'abbé Rocacher rappelle les différents épisodes qui ont précédé la démolition des vestiges de ce qui était probablement un bâtiment du palais wisigothique de Toulouse, alors que le professeur Claude Domergue avait demandé leur conservation devant la COREPHAE.
    La discussion fait une nouvelle fois apparaître que fait défaut le groupe de pression qui serait susceptible d'imposer la préservation des vestiges archéologiques. Le Président demande à l'abbé Baccrabère de bien vouloir rédiger à l'intention du Président de l'association FERMAT une note sur les découvertes et les destructions du site de la rue Labéda.


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TOULOUSE, VESTIGES DU REMPART ROMAIN mis au jour rue Labéda.
Juin 1996 : des brèches ont été pratiquées à l’extrémité de la courtine et dans la tour.

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TOULOUSE, VESTIGES DU REMPART ROMAIN mis au jour rue Labéda.
Juillet 1996 : toute la partie ouest (en haut) de la courtine a été détruite.


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    Le Secrétaire-adjoint offre à la Société un exemplaire de l'ouvrage de Michel Rouche, Clovis, Paris : Fayard, 1996, 611 p.

    La parole est donnée à Marc Salvan-Guillotin pour une communication sur Les peintures murales d'Antist (Hautes-Pyrénées), publiée dans ce volume (t. LVI, 1996) de nos Mémoires.

    Le Président remercie Marc Salvan-Guillotin d'avoir su susciter l'intérêt en présentant avec passion un ensemble de peintures murales dont le style est bien médiocre mais l'iconographie certainement savante. Il se dit cependant peu convaincu par le lien qui est établi entre les choix iconographiques et l'arrivée des Huguenots. Marc Salvan-Guillotin souligne le fait que les thèmes retenus forment un ensemble unique dans les Hautes-Pyrénées.
    Françoise Merlet-Bagnéris rappelle qu'Antist relevait du diocèse d'Auch, et elle indique qu'il existe à la cathédrale un relief représentant la Trinité, probablement sculpté par un atelier venu de la Loire. Il lui semble par ailleurs que l'identification du blason serait essentielle, et qu'il faut éventuellement penser à un chanoine de Tarbes dont l'intervention pourrait expliquer la complexité iconographique du programme.
    Pour Daniel Cazes, les repères chronologiques les plus sûrs sont sans doute apportés par les détails comme par exemple la graphie de l'inscription ou la forme du pommeau de l'épée de sainte Catherine, qui pourrait peut-être se placer vers 1600. Patrice Cabau pense que la forme du blason est en faveur d'une date très tardive. Il demande si l'on a une idée de ce qui était représenté sous le blason. Marc Salvan-Guillotin précise que toute la partie basse a été détruite par l'humidité et le support du retable.
    Selon Guy Ahlsell de Toulza, l'identification du blason est le plus sûr moyen de dater les peintures et il faut s'obliger à y parvenir. Il note que la forme en cuir découpé est tardive et qu'elle est d'ailleurs peu usitée en France. D'après les photographies présentées, il lui a semblé que le fond de l'écu conservait des traces de rouge, alors que les casques sont en effet à l'évidence traités en grisaille. Une observation plus précise permettrait peut-être de reconnaître les couleurs, très importantes lorsque la déclinaison des émaux dans une famille où l'on garde l'écu s'apparente à une brisure.
    Maurice Scellès se demande s'il faut parler d'artiste et même d'atelier devant un décor dont le style est à ce point médiocre. N'est-on pas en présence d'une peinture « de rien  » ou « pour rien  », comme on parle d'une « maison de rien  », réalisée sans l'intervention d'un métier et pour laquelle l'analyse du style selon les méthodes de l'histoire de l'Art est inopérante ?
    Mme Suau demande si l'on connaît des visites pastorales du XVIIIe siècle qui permettraient de mieux connaître le décor et éventuellement d'apporter des justifications à l'iconographie qui ne présente pas une très grande cohérence. Est-il bien sûr, d'ailleurs, que la sainte Catherine et la Trinité soient de la même époque ? Elle note enfin que c'est sans aucun doute faute d'argent que l'on a pas réalisé un retable sculpté, et que l'on a eu recours à un peintre pour faire un « retable  » peu cher.

    Le Secrétaire-adjoint donne une information communiquée à la Société par Anne-Laure Napoléone, empêchée d'assister à notre séance d'aujourd'hui, sur la maison du n° 12 rue Baronie actuellement en cours de travaux :

    « Des travaux d'aménagement d'un commerce sont en cours au n° 12 de la rue Baronie sur une parcelle à laquelle on peut également accéder à partir de la rue Alsace-Lorraine. Le rez-de-chaussée de cet immeuble conserve les traces de constructions d'époques différentes trahissant les réaménagements et les fonctions diverses qu'a connus ce niveau. Les vestiges

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TOULOUSE, N° 12 RUE BARONIE, couloir voûté vu depuis la rue Baronie.
Cliché Anne-Laure Napoléone.

les plus anciens visibles aujourd'hui sont le couloir et la salle attenante, tous deux voûtés de croisées d'ogives que l'on peut vraisemblablement dater du XVe siècle. On notera ensuite l'importante campagne de travaux qui a touché les façades sur rue et celles de l'ancienne cour bordée d'arcades, que Jules Chalande date de l'époque de Louis XVI. Enfin, on peut voir de multiples reprises récentes, l'une d'elles ayant entraîné la disparition de cette même cour, aujourd'hui recouverte d'une dalle pour servir de support à d'autres constructions. On en connaît cependant précisément le tracé et l'extension à l'intérieur de la parcelle grâce au cadastre napoléonien qui montre également que c'est sur cet espace que débouchait le couloir médiéval (A.M. Toulouse, cad. 1829, section JJ2, 7s. 1046 h). Il semble donc très probable que la cour du XVIIIe siècle soit une reprise de celle du XVe siècle.
    Ces structures de la fin du Moyen Âge s'ouvrent sur la rue Baronie par une porte repercée au XVIIIe siècle, arborant au sommet une ancienne clé de voûte en remploi et retaillée pour son nouvel emplacement. Le couloir est voûté de quatre croisées d'ogives soutenues par des arcs doubleaux et des arcs formerets ; l'ensemble, bâti en brique,

M.S.A.M.F., T. LVI, page 330

tourneurs.gif (26640 octets) TOULOUSE, N° 12 RUE BARONIE,
extrait du plan cadastral de 1829. En grisé les vestiges du XVe siècle.

 

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TOULOUSE, N° 12 RUE BARONIE, culot sculpté du couloir.
Cliché Anne-Laure Napoléone.

retombe sur des culots de pierre au nombre de dix. Les reprises de façade en ont fait disparaître trois. Sur les sept autres conservés, cinq portent un décor sculpté et deux, côté cour, sont simplement moulurés. Au croisement des nervures de brique, dont les angles ont été rabattus en chanfreins, les clés de voûte en pierre ont été laissées lisses. Les seuls décors se concentrent donc sur cinq culots. Malgré l'épaisse couche d'enduit qui les recouvre, comme d'ailleurs le reste des structures médiévales, on peut distinguer un lion derrière un écusson, une sirène, un ange tenant un écusson, un écusson entre deux grandes feuilles bien découpées (l'écusson est très fréquent dans les décors peints et sculptés de l'architecture civile : voir par exemple la maison gothique de la rue Croix-Baragnon à Toulouse) et enfin un dernier culot mutilé décoré d'un personnage dont il ne reste qu'un bras replié.

    Ce couloir a été en partie bouché à son extrémité tandis que de nombreuses portes ont été percées dans ses murs. Toutes paraissent très récentes, même celle en arc brisé (très aigu comme le sont le plus souvent ceux refaits à la mode gothique) qui ouvre au sud sur une salle également voûtée. Cette pièce aveugle de plan trapézoïdal est divisée en deux travées d'environ 6,50 m sur 3,60 m chacune. Les voûtes présentent les mêmes caractéristiques que celles du couloir : les moulures des nervures sont identiques, de même que les petits disques de pierre à l'emplacement des clés de voûte. Seuls les culots n'ont pas été conservés. Cette salle et le couloir qui en permet l'accès sont donc sans aucun doute des constructions contemporaines.

    Il existe encore dans le vieux centre de Toulouse des rez-de-


M.S.A.M.F., T. LVI, page 331

wpe2A.jpg (4314 octets)

TOULOUSE, N° 12 RUE BARONIE,
plan des vestiges médiévaux
du rez-de-chaussée.
Relevé Anne-Laure Napoléone.

chaussée voûtés de croisées d'ogives dont la plupart datent de la fin du Moyen Âge. Parmi ceux-ci, le cas de figure le plus fréquemment observé est celui d'une salle de plusieurs travées s'ouvrant sur la voie comme au n° 9 de la rue des Changes, ou encore au n° 24 de la rue Saint-Rome. Celle du n° 19 de la rue Croix-Baragnon a également un accès sur la cour située à l'arrière. Mais il ne faut pas perdre de vue que dans la plupart des cas, il s'agit de vestiges de constructions en grande partie disparues. Cependant, si la salle voûtée en rez-de-chaussée n'indique pas forcément la présence d'une cour, le couloir qui ouvre sur la rue ne peut semble-t-il qu'aboutir à cet espace. La coexistence des deux structures est quasiment systématique dans les grands hôtels médiévaux de Montpellier (Bernard Sournia, Jean-Louis Vayssettes, Montpellier : la demeure médiévale, Paris : Imprimerie Nationale, 1991, 256 p.). À Toulouse même, l'hôtel Delfau de la rue de la Bourse illustre bien ce type de grande demeure de la fin du Moyen Âge s'ouvrant sur la rue par un couloir voûté qui dessert la cour (n° 20 rue de la Bourse, daté de la fin du XVe siècle). En outre, il est intéressant de noter que cet édifice possède une grande salle voûtée,

jouxtant le couloir, qui s'ouvre sur la rue par de grands arcs. Couloirs d'accès, cours, salles de rez-de-chaussée, nous touchons là aux principales structures autour desquelles s'articulent les grands hôtels de la fin du Moyen Âge. Ceux-ci ont laissé de très nombreux vestiges dans le centre ancien de Toulouse, qui mériteraient au moins un recensement exhaustif sinon une étude à l'image de celle qui a été faite à Montpellier.  »

    Bruno Tollon indique qu'il a pu visiter l'immeuble, qui présentait une grande pièce à l'étage où se voyaient les traces d'une cheminée disparue. La datation proposée par Jules Chalande tient aux fenêtres à traverse qui peuvent être en effet datées de la fin du XVIe siècle ou au début du XVIIe siècle. Daniel Cazes et Bruno Tollon confirment que la clef du portail est probablement une clef médiévale retaillée.

    Guy Ahlsell de Toulza signale que l'immeuble de la rue Alsace-Lorraine dont relèvent les bâtiments de la rue Baronie a été entièrement vidé et que l'on aperçoit actuellement de l'extérieur les poutres métalliques des futurs niveaux.

    Le Président demande aux auteurs ayant participé au dernier volume de nos Mémoires de bien vouloir adresser à M. Guy Desbonnet les photographies de leurs articles afin d'assurer une meilleure qualité d'illustration à la version qui sera mise sur Internet à l'automne prochain.

    Le Président indique enfin que le programme des séances pour l'année prochaine est déjà complet, puis il prononce la clôture de l'année académique.