Société Archéologique  du Midi de la France
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SÉANCE DU 12 MAI 2018

Séance privée
separateur

SÉANCE FORAINE DU 12 MAI 2018, À LA SALVETAT-SAINT-GILLES.


Présents : Mme Nadal, Présidente, MM. Scellès, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry Bibliothécaire, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone, Secrétaire-adjointe ; Mme Cazes, MM. Balty, Boudartchouk, Cazes, Peyrusse, membres titulaires, Mmes Balty, Bossoutrot-Rebière, M. Rebière, membres correspondants.
Excusés : Mmes Fournié et Lamazou-Duplan, M. Sournia.
Sont également présents : M. Aderiu (Maire de la Salvetat-Saint-Gilles), Mmes Labat et Andrau (adjointes au maire), MM. Bergougniou et Abdelaoui (adjoints au maire), Mme Volto (conseillère départementale), M. Julian (conseiller départemental), M. Baranéchéa (CRMH), M. Monlouis-Bonnaire (de la Société TERREAL).


Le maire de La Salvetat-Saint-Gilles nous accueille dans une salle de la mairie et nous annonce le programme de la matinée. Dans un premier temps, notre confrère Jean-Louis Rebière, architecte en chef des Monuments historiques en charge du projet de consolidation et de restauration, présente le château, sa structure, son histoire et le détail des travaux dont il fera l’objet, illustrant son propos de photographies et de plans projetés sur un écran :

Elévation extérieure du château « Le château de La Salvetat-Saint-Gilles fut construit par Raymond IV, comte de Toulouse entre 1088 et 1096, juste avant son départ pour la première croisade. Il fut conçu comme poste avancé de la défense de Toulouse. Il a été́ disposé à cet effet sur l’arête d’un promontoire dominant de 90 m d’altitude, situé à proximité́ de la rive orientale de l’Aussonnelle. Un événement marquant de l’histoire du château fut la venue des Capitouls qui y siégèrent en fuyant la peste de 1481.

Le XVIIe siècle a laissé une profonde empreinte sur le château en raison des importantes modifications qui lui furent apportées, le transformant en agréable villégiature. Cette rénovation fut poursuivie au XVIIIe siècle, puis au XIXe siècle. Des vestiges de décors du XVIIe siècle y sont encore visibles, comme ceux de la galerie qui fut établie sur la cour, entre les deux pavillons de résidence.
Le château de La Salvetat-Saint-Gilles a été inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques en juin 2006. Le 6 août 2007, il a été classé en totalité parmi les Monuments Historiques.

 


En 2010, une violente tempête découvrit une part importante des couvertures des toitures du château déjà fragilisées par des décennies d’inaction. Les étaiements intérieurs vinrent soutenir les charpentes des pavillons, et des bâches provisoires furent posées dans l’attente des reprises de toitures.
En septembre 2014, la conservation régionale des Monuments Historiques nous chargeait de réaliser des travaux d’office afin d’empêcher la ruine de l’édifice et la perte des décors de la galerie sud du château. En 2016, la commune de La Salvetat-Saint-Gilles devenait propriétaire du château et nous commandait enfin la maîtrise d’œuvre de la réalisation de travaux d’urgence de stricte conservation en raison d’une importante aggravation des désordres.
L’avant-veille de la remise du dossier de travaux, la charpente du pavillon s’effondrait dans le bâtiment emportant une partie de l’étage attique et crevant le dernier plancher conservé en place au niveau du rez-de-chaussée. Le projet dût donc être remanié en conséquence, prenant en compte ce nouveau dommage.
Aujourd’hui, les travaux projetés s’engagent enfin. Ils porteront tout d’abord sur le sauvetage du pavillon ouest dont l’état de ruine progresse dangereusement, nécessitant d’inverser l’agencement des tranches opérationnelles.
Notre présentation du château s’attachera à en montrer les vestiges, dans la limite des possibilités d’accès et de la dangerosité du lieu. Nous présenterons également la façon dont nous avons établi notre projet et la façon dont ont été organisées les interventions pour mener à bien cette restauration de sauvetage, très délicate en raison de la dangerosité des structures. »

 

Nous nous acheminons ensuite vers l’édifice situé derrière la Mairie pour une visite réduite au pourtour du château et à l’entrée de la cour, pour des raisons de sécurité. Dans un discours de remerciement adressé aux membres de la société, le maire évoque les dix années durant lesquelles, la mairie a hésité à acquérir le château et une partie du parc, pour finalement se décider en 2016. Il rappelle, après Jean-Louis Rebière, à quel point l’édifice est délabré et nécessite des travaux de consolidation. L’acquisition suivie de la prise en charge rapide du château n’a pas permis de sauver le pavillon est, qui s’est effondré récemment. Les travaux devraient débuter dans les jours prochains.

Notre Présidente remercie la commune de l’accueil qui nous a été fait et félicite le maire et son équipe de s’être engagés courageusement dans ce projet :

« M. le Maire,
Mesdames, Messieurs,

C’est un honneur et un plaisir pour nous, d’être aujourd’hui réunis à La Salvetat-Saint-Gilles. À titre personnel d’une part, car je ne connaissais ni ce village ni le château, mais aussi bien sûr au nom de la Société archéologique du Midi de la France, car nous avons ici un modèle exemplaire de ce pour quoi nous œuvrons depuis les presque 200 ans de notre existence.
Tout d’abord, nous avons la chance d’avoir visité un site d’une importance historique majeure. Le château a été construit, nous l’avons entendu, par Raymond IV, comte de Toulouse à la toute fin du XIe siècle juste avant son départ pour la première Croisade. Les Capitouls y trouvèrent refuge au XVe siècle, et il fut ensuite largement modifié au cours du XVIIe siècle, puis au XIXe siècle. Mais l’histoire contemporaine du château est moins glorieuse et voit le délitement progressif de ce dernier. Malgré son classement comme Monument Historique en 2007, il a fallu presque 10 ans et le rachat du château en 2016 par la commune pour que soient enfin entrepris les travaux.
C’est la raison de notre présence ici. Cette visite nous a permis de mesurer l’ampleur du défi maintenant en passe d’être relevé par la commune de La Salvetat-Saint-Gilles. Le château, malgré son importance historique, culturelle, patrimoniale, était bien sur le point de disparaître. Et il est littéralement sauvé in extremis grâce à vous et à votre engagement.
Alors pourquoi ? À quoi servent les ruines d’un château ? Quelle est leur utilité immédiate ? À pas grand-chose, pourrait-on dire. On pourrait bien arguer d’un éventuel intérêt touristique envisageable un jour, mais ça ne semble pas suffisant pour entreprendre ce genre de sauvetage. Non, je crois qu’il y a dans le désir de préserver ces vestiges, un désir qui est presque de l’ordre d’un devoir et qui consiste à refuser la disparition de notre patrimoine commun. Nous ne sommes que des passeurs et nous ne voulons pas être la génération qui a laissé disparaître un témoignage vieux de presque 1000 ans.
C’est donc au nom de ce devoir, ou devrais-je dire, de cet idéal, que nous voulons saluer l’initiative de la Mairie de La Salvetat-Saint-Gilles. Le château des comtes tiendra encore quelques centaines d’année, espérons-le, grâce aux bons soins de la commune et de l’architecte en chef des Monuments historiques, mais aussi de tous ceux qui organiseront ensuite la visite du château et son entretien quotidien. C’est pour cette raison que j’ai l’honneur de vous remettre cette médaille au nom de la Société archéologique du Midi de la France, comme témoignage de notre soutien et pour vous remercier d’avoir entrepris le sauvetage de ce monument majeur de la région Occitanie. »

Notre confrère Olivier Testard remarque, après lecture du procès-verbal en séance, qu’en observant le jardin longeant le château du côté du ravin, il lui a semblé reconnaître les vestiges d’un jardin Renaissance, chose suffisamment rare pour mériter d’être préservée.

 


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