Mémoires |
BULLETIN DE L'ANNÉE ACADÉMIQUE
2000-2001
établi par Patrice CABAU & Maurice SCELLÈS
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est mise en ligne au format pdf.
Séances du 3 octobre 2000 au 23 janvier 2001 | Séances du 20 février 2001 au 11 mai 2001 |
Séances du 15 mai 2001 au 19 juin 2001 |
M.S.A.M.F., t. LXI, p. 207
SÉANCE DU 3 OCTOBRE 2000
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur
honoraire, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-Archiviste, Scellès,
Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Mmes Delaplace, Merlet-Bagnéris,
Noé-Dufour, Pradalier-Schlumberger, MM. labbé Baccrabère, Gilles, Hermet, le
Père Montagnes, Tollon, membres titulaires, Mmes Andrieu, Blanc-Rouquette,
Fronton-Wessel, MM. Bordes, Cranga, Manuel, Molet, membres correspondants.
Excusés : Mmes Napoléone, Pousthomis-Dalle, MM. Boudarchouk, Évrard, Garland,
Pradalier, Mgr Rocacher.
Invité : M. Paul Féron.
Le Président prononce louverture de
lannée académique 2000-2001 et remercie les membres de leur présence. Notre
Compagnie a ce soir un invité en la personne de M. Paul Féron, quil nest
plus besoin de présenter.
Le Secrétaire général donne lecture des procès-verbaux des séances
des 23 mai et 6 juin 2000, qui sont adoptés.
Le Président présente la correspondance
manuscrite.
M. Jean Guyon, qui a bien voulu accepter depuis quelques années déjà
de faire partie du comité scientifique de nos Mémoires, nous adresse un
tiré-à-part dun article très intéressant quil a consacré à
Toulouse : Toulouse, la première capitale du royaume wisigothique, dans Sedes
regiae (ann. 400-800), Barcelone, Reial Acadèmia de Bones Lletres, 2000, p. 219-240.
La Direction régionale des Affaires culturelles, en la personne du
conservateur régional des Monuments historiques, M. Louis Allemant, répond à notre
courrier de juin dernier par le refus dinstruire un dossier dextension de la
protection du collège de Périgord.
Laffaire reste à suivre. Un membre indique que les architectes chargés des travaux
sont très ouverts au dialogue. Le Président rappelle que notre souhait est que soit
réalisé un relevé précis des bâtiments avant transformation. On fait remarquer que la
question nest pas en effet dobtenir lautorisation des architectes pour
étudier lédifice le soir ou le dimanche, mais quil soit procédé à une
étude archéologique complète de lédifice, ce que pouvait exiger le conservateur
des Monuments historiques.
La correspondance comprend encore le programme du 126e
congrès national des sociétés savantes des 9-14 avril 2001, et des invitations à
différentes manifestations.
Plusieurs dons viennent enrichir notre
bibliothèque :
- Actes de la conférence nationale des Académies des Sciences,
Lettres et Arts. Du pastel à lespace. Toulouse 14-16 octobre 1999,
Toulouse : 2000, 95 p. (offert par M. Féron) ;
- plusieurs numéros de LOlifant, la revue du Musée
Paul-Dupuy (offerts par M. Raynaud) ;
M.S.A.M.F., t. LXI, p. 208
- Emmanuel Garland, Cloîtres romans des Pyrénées centrales.
Saint-Lizier en Couserans, Saint-Gaudens, Saint-Bertrand-de-Comminges, PyréGraph,
2000, 81 p. ;
- Françoise et Yves Cranga, Midi-Pyrénées Terre de Jardins. Le
temps et la mémoire, Aix-en-Provence : Édisud, 2000, 192 p. ;
- Murs
murs
, les secrets de la cathédrale. Fouilles
archéologiques récentes de lensemble cathédral de Cahors, catalogue de
lexposition sur la cathédrale de Cahors, réalisée par le D.E.S.S. Patrimoine,
2000, 21 p.
Le Président donne des informations sur le calendrier des séances de lannée, dont le programme nest actuellement arrêté que pour le premier trimestre. Le Président rappelle que notre Société est riche de la seule valeur de ses membres et de leur contribution, et il espère que le calendrier sera bientôt complet. Il saisit loccasion pour annoncer quil songe à organiser chaque année une journée autour dune visite afin que les membres habituellement empêchés dassister à nos séances par le calendrier ou la distance puissent y participer.
Le Secrétaire général indique que M. Bertand Ducourau a souhaité informer la Société que les travaux de restauration des peintures murales de léglise Notre-Dame-du-Taur seront engagés au mois doctobre par M. Jean-Marc Stouff. Les membres de notre Société qui seront intéressés pourront visiter le chantier, quil souhaite pouvoir présenter sur place à notre Compagnie dès que les travaux seront suffisamment avancés.
Lordre du jour appelle lélection de membres correspondants. B. Tollon présente son rapport sur la candidature de Mme Fabienne Sartre et Michèle Pradalier-Schlumberger le sien sur celle de M. Christophe Balagna. Le Président donne lecture du rapport de Nelly Pousthomis-Dalle, excusée, sur la candidature de M. Laurent Macé. On procède au vote. Mme Fabienne Sartre, MM. Christophe Balagna et Laurent Macé sont élus membres correspondants de notre Société.
La parole est à Henri Molet pour une communication sur La topographie antique de la Garonne : questions relatives au gué du Bazacle et au « temple », publiée dans ce volume de nos Mémoires (t. LXI).
Le Président remercie Henri Molet et remarque que
cet été de séchéresse est devenu une aubaine pour les archéologues en leur permettant
un réexamen de ce site, qui était finalement bien mal connu, alors quil
sagit à lévidence dun point important de la topographie urbaine et des
circulations dans lAntiquité et au Moyen Âge. Lédifice bien mystérieux qui
ressurgit à cette occasion mériterait sans doute le recours aux techniques de
larchéologie subaquatique.
Maurice Scellès demande des précisions sur les emplacements
respectifs du gué et du « temple », qui pourrait également être un monument
commératif. Le Président senquiert déventuels monuments comparables,
élevés au ras de leau, et Henri Molet cite lexemple du monument bâti sur la
Saône à Lyon.
M. Paul Féron ayant évoqué les travaux réalisés sur la chaussée
en 1999, Henri Molet dit quil ne se trouvait pas à Toulouse à ce moment-là, et
quil na donc pas pu en profiter pour compléter ses observations. À une autre
question de M. Féron, il répond quaucun autre archéologue nest intervenu à
cette occasion.
Labbé Baccrabère dit avoir été frappé par les blocs de
maçonnerie en briques, et il demande à Henri Molet sil a procédé à des mesures
des modules. Celui-ci répond par laffirmative en précisant que lun
dentre eux est un module récent, du XVIIe ou du XVIIIe
siècle ; on peut compter une dizaine de modules différents sur un mètre carré.
Labbé Baccrabère indique que les différences dépaisseur des briques sont
parfaitement significatives sur le rempart romain de lInstitut catholique, les
briques antiques étant épaisses de 3 cm au maximum. Henri Molet avoue avoir mesuré
pendant des années de très nombreuses briques pour finalement douter quil soit
possible de dater une construction par le module employé. Il ajoute quil lui est
arrivé de rencontrer des briques romaines épaisses de 4,1 ou 4,2 cm. Pour labbé
Baccrabère, des briques antiques aussi épaisses existent en effet, mais elles sont très
rares. Il rappelle que dans le cas des thermes de Saint-Michel-du-Touch le module permet
tout à fait de distinguer les thermes du centre et ceux du sud, le module employé pour
les seconds se retrouvant dans les réparations faites sur les premiers.
Patrice Cabau relève que lon saperçoit une fois de plus
que Catel est un historien qui occupe une place centrale dans les études toulousaines.
Après avoir signalé quil faudrait revenir sur la datation du texte de
Laroche-Flavin, il demande à Henri Molet sil a été amené à revoir la gravure de
Colignon. Celui-ci indique que la muraille placée au premier plan, sur laquelle est
figuré un pêcheur, est le vestige dun bastion emporté par une crue. Il confirme
à Bruno Tollon quil correspondait à la demi-lune de la rive droite.
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SÉANCE DU 17 OCTOBRE 2000
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur
honoraire, Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour,
Bibliothécaire-Archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint,
Mmes Napoléone, Noé-Dufour, Pradalier-Schlumberger, MM. labbé Baccrabère,
Hermet, Manière, le Père Montagnes, Mgr Rocacher, membres titulaires, Mmes
Blanc-Rouquette, Fronton-Wessel, Jimenez, Pujalte, MM. Bordes, Boudartchouk, Cranga,
Garland, Manuel, Molet, membres correspondants.
Excusés : MM. Tollon, Pradalier.
Invités : Mme Gabrielle Odon, M. Christian Lacombe.
Le Président ouvre la séance et dit tout le plaisir que nous avons à avoir parmi nous ce soir notre confrère Gabriel Manière. Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 3 octobre dernier, qui est adopté.
Le Président présente les ouvrages reçus, en remerciant les donateurs :
- les volumes 34 et 35 des Cahiers de Fanjeaux, dont nous mettons les sommaires en ligne sur le site Internet de notre Société ;
- Christophe Évrard, Chapelle des Pénitents Noirs de Villefranche-de-Rouergue, Éditions Empreinte, 2000, 24 p. (don de lauteur) ;
- Quitterie Cazes, Saint-Pierre-des-Cuisines, Toulouse : Musée Saint-Raymond, 2000 (coll. Guides archéologiques du Musée Saint-Raymond), 64 p. (don de lauteur) ;
- Gabriel Manière, Cazères et Couladère. Le site historique et paroissial de Saint-Vincent, 36 p. (don de lauteur).
François Bordes présente le programme des forums qui, avec lexposition « Cité Mémoires », sinscrivent dans la réflexion lancée par les Archives municipales de Toulouse sur la mémoire du troisième millénaire. Il indique quun forum consacré à la mémoire historique se tiendra à la manufacture des Tabacs, et que tous les membres de la Société archéologique y sont chaleureusement conviés.
Le Président signale la parution du n° 17 de la Lettre des Amis de lHôtel dAssézat.
La parole est à Gabriel Manière pour une communication consacrée à lArchéologie des Petites Pyrénées (Ausseing, Roquefort, Belbèze, Cassagne). Le temple gallo-romain de Belbèze-Pédègas, publiée dans ce volume de nos Mémoires (t. LXI).
Le Président remercie Gabriel Manière de nous
avoir fait revisiter lensemble de ces fouilles historiques, en nous rappelant des
conditions matérielles qui sont aujourdhui un peu étonnantes. Une partie seulement
a été publiée et cest avec le plus grand plaisir que nous nous ferons un devoir
de publier la seconde partie dans le prochain volume de nos Mémoires. Le
Président note que cest une chronologie un peu plus haute qui est maintenant
proposée.
Daniel Cazes remercie à son tour Gabriel Manière et, pour
lavoir visité en 1965, confirme quil sagissait dun site
extraordinaire. Il dit avoir été étonné par la quantité dautels votifs mis au
jour et voudrait savoir dans quelle position ils se trouvaient. Gabriel Manière précise
quils ont été trouvés un peu partout sur le site, sans position particulière.
Daniel Cazes remarque quil sagit néanmoins dun ensemble homogène,
exceptionnel par le nombre et le fait quils aient été découverts sur un même
site, alors que bien souvent les autels votifs sont retrouvés en remploi et donc hors de
tout contexte. Il relève que cest aussi un exceptionnel ensemble dobjets
cultuels qui a été mis au jour, avec par exemple des strigiles et peut-être une cloche.
Gabriel Manière précise que la cloche a été retrouvée dans une couche datable de La
Tène.
Gabriel Manière explique ensuite comment il a été amené sur ce
site, en cherchant à identifier le calcaire blanc dun sarcophage, calcaire qui
était celui des carrières de Belbèze. Louis Latour ayant fait remarquer quil
sagissait dun paysage de garrigue, sans rien qui signale une occupation
antique, Gabriel Manière raconte comment il a dabord repéré des morceaux
damphores, puis comment il a exploré tout le terrain. Daniel Cazes demande si le
site a jamais été proposé au classement au titre des Monuments historiques. Gabriel
Manière dit ne plus vouloir retourner sur place, tant létat du site lui fait mal
au cur. On a emporté des pierres, tout est dégradé
Il se souvient
quau cours des fouilles, il est arrivé que les sacs de fragments de poterie
laissés sur place soient jetés par des inconnus dans la piscine. Des barbares !
Louis Latour rappelle que les carrières de Belbèze étaient connues
dans les années 1940, mais que lon ignorait alors quelles avaient été
exploitées dès lépoque romaine. Gabriel Manière évoque son travail avec Gaston
Astre, et Daniel Cazes confirme que le calcaire de Belbèze, très reconnaissable à
lil, est employé dès le premier siècle avant notre ère.
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Le Directeur fait à la Compagnie un bref compte rendu des sondages archéologiques réalisés en juin dernier à Martres-Tolosane sur le site de la villa de Chiragan.
SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 2000
Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur
honoraire, Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour,
Bibliothécaire-Archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint,
Mmes Napoléone, Pradalier-Schlumberger, MM. labbé Baccrabère, Hermet, Manière,
le Père Montagnes, MM. Nayrolles, Prin, Roquebert, Tollon, membres titulaires, Mmes
Fronton-Wessel, Watin-Grandchamp, MM. Balagna, Bordes, Boudartchouk, Burroni, Cranga,
Manuel, Molet, Salvan-Guillotin, membres correspondants.
Excusés : MM. Garland, Lapart, Mgr Rocacher, M. Pradalier, Mme Pujalte.
Le Secrétaire général donne lecture du
procès-verbal de la séance du 17 octobre dernier, qui est adopté.
En complément, Louis Latour signale quil a reçu de Gabriel
Manière une correspondance adressée à la Société, à laquelle notre confrère a joint
un tirage de la photographie représentant M. et Mme Labrousse sur le site du temple de
Belbèze en 1965, afin quelle soit publiée.
Le Président souhaite la bienvenue à Christophe Balagna qui prend séance ce soir. Puis il rend compte de la correspondance manuscrite : des personnes ayant consulté notre site Internet nous demandent des précisions sur un article que M. le professeur Yves Bruand a consacré à Antoine Deville.
La parole est à François Bordes pour une communication sur Le feuillet « américain » des Annales de Toulouse (1371-1372), publiée dans ce volume de nos Mémoires (t. LXI).
Le Président remercie François Bordes de cette
brillante démonstration et sétonne quaucun conservateur américain
nait étudié et publié cette enluminure depuis un demi-siècle. François Bordes
confirme que la bibliographie est ancienne, ce peu dintérêt étant peut-être dû
au fait que la Pierpont Morgan Library est dabord une bibliothèque. Le Président
ayant fait remarquer que létat de lenluminure paraissait assez médiocre,
François Bordes précise quune petite partie est en effet déchirée mais que sa
restauration permettrait sans doute de retrouver nombre de détails.
Le Président note que le tissu brodé sur lequel se détachent les
consuls distingue cette enluminure des autres et il se demande sil faut y voir
lexposition dun tissu très précieux, les anges qui le tiennent nayant
alors quune fonction décorative. Pour François Bordes, leur fonction peut, en
effet, nêtre que décorative, hypothèse qui a sa préférence, mais on ne peut
exclure que leur présence ait été motivée par un événement particulier survenu
pendant le mandat des consuls (il rappelle que lenluminure est réalisée en fin
dannée). On pourrait penser, par exemple, aux reliques redécouvertes à
Saint-Sernin dans les années 1370-1375.
Le Président ayant fait remarquer que le personnage éventuellement
assimilable au viguier pouvait rappeler une
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image de girouette, dans lesprit de ce qui donnera plus tard les
grotesques, François Bordes convient que la représentation serait en effet peu
respectueuse.
Henri Molet sétonne quaucun nom denlumineur
nait été cité. François Bordes dit quils ne sont pas connus, faute de
comptes conservés. Seules les pièces à lappui des comptes, sans mention de la
qualité des bénéficiaires, subsistent pour les années 1371, 1372 et 1373. Henri Molet
indique quil a trouvé mention de trois noms denlumineurs pour ces années et
quil consultera ses fiches.
Michèle Pradalier-Schlumberger remarque que ces feuillets qui
réapparaissent sont des jalons précieux pour suivre lévolution des enluminures
des Annales. Ils montrent une conception tout à fait différente du décor, avec
dautres significations. Les consuls sont groupés par deux, à linstar des
apôtres, et les anges ont visiblement une connotation religieuse, peut-être en écho à
un événement survenu en 1371. Le style des anges les rapproche de ceux qui ont été
peints au niveau inférieur du baldaquin de Saint-Sernin, à vrai dire assez mal datés
mais quil faudrait situer dans la seconde moitié du XIVe siècle.
François Bordes souligne que lenquête doit être en effet poursuivie dans le
domaine des comparaisons stylistiques.
Guy Ahlsell de Toulza demande quel est aujourdhui létat de
la collection et il évoque le feuillet du Musée des Augustins depuis longtemps signalé
comme étant en restauration. François Bordes indique quil a procédé au
récolement de lensemble des enluminures et quil a pu vérifier que ce
feuillet, très abîmé, était en effet en restauration. Guy Ahlsell de Toulza se
souvient pourtant dune photographie le montrant dans un assez bon état. François
Bordes explique que tous les feuillets conservés du premier livre sont aujourdhui
aux Archives municipales, à lexception dun seul qui est resté au Musée des
Augustins parce quil sagit dun dépôt du Musée du Louvre. Parmi les
feuillets retrouvés, un certain nombre ont été restaurés et réintégrés à leur
place dans les registres. Ceux qui étaient encadrés le sont toujours, et un feuillet a
subi une dégradation.
Dominique Watin-Grandchamp demande si lon peut espérer
quelles seront un jour regroupées. François Bordes le souhaite, considérant que
ces enluminures prennent leur véritable sens en retrouvant la place qui était la leur,
avec les textes qui les accompagnaient.
Pour Guy Ahlsell de Toulza, il faudrait prévoir une publication
exhaustive poursuivant lédition donnée par Christian Cau. François Bordes dit que
le projet en est lancé, plus ambitieux puisquil est prévu de publier non seulement
les enluminures mais aussi les textes pour aboutir à une édition véritablement
exhaustive des Annales. Une équipe sera prochainement chargée des transcriptions qui
seront accompagnées dun appareil critique. Il se consacre pour sa part à la
reconstitution virtuelle du premier livre. François Bordes ajoute quelques précisions
sur les difficultés techniques que présente la numérisation des feuillets.
Guy Ahlsell de Toulza demande si des progrès ont été accomplis dans
lidentification des armoiries des Annales. François Bordes répond que ce
nest pas encore le cas, mais il est sûr quun travail effectué sur des
clichés numériques permettrait de réelles avancées.
Au titre des questions diverses, Robert Manuel communique à la Compagnie la liste des objets conservés dans léglise Saint-Michel à Cordes qui ont été protégés au titre des Monuments historiques par arrêté du 4 septembre 2000 :
- 1130. Statue, Vierge à lEnfant, bois, grandeur nature, XVIIIe siècle ;
- 1131. Tableau, Vierge à lEnfant, par C. Roques. Il sagit en fait du tableau Vierge à lEnfant au ciel acheté 1000 F. en 1843 par labbé Séré de Rivière, alors curé de Cordes, à Joseph Roques. La toile porte linscription peinte « Cher Jph Roques » soit : Chevalier (de la Légion dHonneur) Joseph Roques , « peint âgé de 86 ans - 1843 ». Il a été demandé au préfet du Tarn de lever lambiguïté introduite dans lattribution du tableau ;
- 1132. Ornements liturgiques : chasuble, voile du calice, manipule, bourse, chape, en tissu fleuri (1780-1820) ;
- 1133. Boîte aux Saintes huiles, par Jean II Bos, potier détain à Albi ;
- 1134. Buste reliquaire de saint Clément, bois doré.
Notre confrère souligne que laction
conjuguée de la municipalité de Cordes et de la Société des Amis du Vieux Cordes
nest pas étrangère à cette décision qui, bien que tardive, répare un oubli
manifeste. Les ouvrages comme le catalogue dexposition Lâge dor de
la sculpture. Artistes toulousains au XVIIe siècle, ou Soiries en
sacristie par Christine Aribaud, ne sont pas étrangers, non plus, à lintérêt
porté récemment par les pouvoirs publics au patrimoine de léglise Saint-Michel de
Cordes.
Le Président remercie Robert Manuel de cette information.
Maurice Scellès et Dominique Watin-Grandchamp présentent « lhostellerie du Lion dor » à Graulhet (Tarn) :
« Le bâtiment est situé sur un élargissement de la grand-rue médiévale qui forme lactuelle place André-Bru, face à léglise reconstruite au XIXe siècle, et à langle de la rue du Chevalier-de-la-Barre. Il se signale dès labord par
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GRAULHET (TARN), « HOSTELLERIE DU LION D'OR », façade sur la rue.
Cliché D. Watin-Granchamp.GRAULHET (TARN), « HOSTELLERIE DU LION D'OR », galeries sur la cour..
Cliché D. Watin-Granchamp.ses dimensions et ses façades à deux niveaux en pan-de-bois sur un rez-de-chaussée maçonné. Côté place, le rez-de-chaussée a été remanié au XIXe siècle : entre deux baies de boutique, la porte est décorée dune clef figurant un lion assis qui fait allusion à lappellation traditionnelle du bâtiment. Sur la petite rue latérale, le rez-de-chaussée est entièrement en pierre de taille : un piédroit et le départ de larc permettent de restituer une porte couverte par un arc segmentaire.
Aux étages, les façades paraissent navoir été que peu remaniées. Le pan-de-bois est à grandes croix de Saint-André, les fenêtres conservent leurs appuis moulurés et certaines leurs croisées, avec des formes (appuis traités en biais sur les angles, chanfreins à congés en cuillère) qui sont plutôt en faveur dune construction antérieure à lépoque moderne.La partie la plus spectaculaire, et aussi la plus intéressante pour létude de la distribution de lédifice, est la cour qui a entièrement conservé ses deux niveaux de galerie. On y pénètre par un corridor qui sépare les deux boutiques, en franchissant une porte dont le linteau en bois est animé dune accolade.
Le rez-de-chaussée est le niveau qui a été le plus remanié, et seule une étude très précise pourrait permettre den reconnaître les dispositions dorigine. Parmi les différents espaces qui entourent la cour, il faut en particulier remarquer la grande salle, munie dune cheminée placée à langle sud-est : si lhypothèse dune auberge était vérifiée, il pourrait sagir de la salle à manger. Il faut encore signaler plusieurs murs en pierre de taille, visibles au rez-de-chaussée et au sous-sol, qui pourraient avoir appartenu à des constructions antérieures au bâtiment actuel. Outre les gros poteaux de bois, chanfreinés avec des congés en cuillère, qui soutiennent les planchers, on notera au sous-sol le garde-manger ancien qui subsiste.
Lescalier, qui est sans doute à son emplacement dorigine, à langle nord-est de la cour, a cependant été entièrement refait à lépoque moderne. Il donne accès aux deux galeries des étages et aux pièces en enfilade situées sur le côté nord de lédifice. On trouve à chaque étage deux pièces sur la grand-rue, et une série de petites pièces, parfois seulement éclairées en second jour, desservies par la galerie quune petite porte (les linteaux à accolade sont conservés) isole de la partie avant de lédifice. Certaines de ces pièces ont été équipées de cheminées à partir du XVIIe siècle, et quelques cloisons ont été modifiées ou ajoutées. Lenlèvement récent des
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enduits montre cependant que lessentiel des dispositions dorigine est conservé et que la plus grande partie du détail des agencements pourrait être restituée, à condition de sappuyer sur une analyse fine des structures et des bois. La même analyse devrait être appliquée à la charpente, dont certaines parties paraissent anciennes, pour permettre den connaître les dispositions dorigine.
En attendant les résultats de létude de dendrochronologie qui a été commandée, les seuls indices de datation sont les chanfreins à congés en cuillère, que lon rencontre partout dans lédifice, et le décor en accolade des linteaux des portes. Sur ces seuls critères stylistiques, lédifice peut être daté du XVe siècle, au plus tard du début du XVIe.
Si sa date et son bon état de conservation en font déjà un édifice remarquable, son aspect le plus intéressant réside sans doute dans un programme qui paraît sensiblement différent de celui dune maison bourgeoise. Après avoir identifié ses propriétaires depuis 1575 grâce à létude des cadastres, André Rodier émettait lhypothèse que la demeure ait pu être à lorigine une hôtellerie. Cest cette hypothèse quil faut peut-être reprendre en la confrontant à une étude minutieuse des dispositions dorigine. »
Après avoir remercié les orateurs, le Président
sinquiète du devenir de lédifice. Dominique Watin-Grandchamp indique
quil a été récemment acheté par la Ville de Graulhet pour en faire la Maison du
patrimoine, ce qui devrait en particulier permettre de récupérer et de présenter une
collection aujourdhui dispersée.
Le Président et Bruno Tollon sinterrogent sur la réalité
dun « modèle » de la maison bourgeoise. En outre, une auberge ou une
hôtellerie répond-elle à un schéma particulier, ou bien faut-il imaginer des solutions
très variées ? Pour Maurice Scellès, il faut au moins sattendre à un
programme spécifique, qui doit compter une écurie, peut-être des espaces de stockage,
une salle commune et des chambres nombreuses.
Jean Nayrolles ayant demandé si les documents faisaient mention
dune hôtellerie au XVe siècle, Dominique Watin-Grandchamp précise que
lappellation semble relever dune simple tradition locale quil faudrait
pouvoir vérifier.
Henri Molet demande des compléments sur lanalyse des documents
cadastraux, puis convient avec Dominique Watin-Grandchamp que la reprise de létude
serait nécessaire.
La Compagnie saccorde à considérer quil sagit
dun édifice exceptionnel qui mérite dêtre traité comme tel.
SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 2000
Présents : MM. Peyrusse, Président, Cazes, Directeur, Coppolani,
Directeur honoraire, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour,
Bibliothécaire-Archiviste, Ahlsell de Toulza, Trésorier ; labbé Baccrabère,
M. Gilles, membres titulaires ; MM. Bordes, Boudartchouk, Manuel, Geneviève, membres
correspondants.
Excusés : Mmes Napoléone, Pousthomis, le Père Montagnes, MM. Garland, Morvillez.
Invitée : Mlle Rieg.
Le Président ouvre la séance et présente à la
Compagnie Mlle Rieg, qui assume la fonction de bibliothécaire de lUnion des
Académies et des Sociétés savantes de lHôtel dAssézat.
La parole est au Secrétaire général pour la lecture du
procès-verbal de la séance du 7 novembre, qui est adopté.
Louis Peyrusse présente deux ouvrages offerts par Daniel Cazes et Vincent Geneviève au nom du Musée Saint-Raymond :
le catalogue de lexposition Riches comme Crésus ? Toulouse, 1000 ans de monnaies, Toulouse, Musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse, 2000 ;
Vincent Geneviève, Monnaies et circulation monétaire à Toulouse sous lEmpire romain (Ier-Ve siècle), Toulouse, Musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse, 2000.
Le Président annonce pour le 9 janvier 2001 une visite de lexposition susdite, inaugurée le 18 novembre. Après avoir remercié les donateurs, il demande à Vincent Geneviève de présenter le volume dont il est lauteur. Ce travail, consacré aux monnaies découvertes en fouille à Toulouse depuis une trentaine dannées, comprend le catalogue détaillé de 1726 monnaies qui séchelonnent du IIe siècle avant notre ère au Ve siècle après, ainsi quune synthèse mettant en évidence la position de Tolosa dans les échanges, notamment la prépondérance de ses relations avec le monde méditerranéen.
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Le Secrétaire général donne quelques informations brèves :
le tome LX (2000) des Mémoires est en phase de fabrication, ce qui laisse prévoir sa parution pour le début de janvier 2001 ;
le site Internet de lensemble des Académies et des Sociétés savantes de lHôtel dAssézat change dadresse : « http://www.pyrenet.fr./savants » devient « http://www.societes-savantes-toulouse.asso.fr » ; renvoi sera fait pendant un an de lancienne adresse à la nouvelle. Ce changement fait suite à lacquisition dun « nom de domaine », dont la propriété procure un avantage en termes dindépendance vis-à-vis du serveur et paraît ainsi de nature à favoriser la pérennité de ladresse dans le réseau mondial.
Le Président annonce de nouveaux projets de communication proposés par le professeur Henri Gilles, concernant le chantier du pont de la Daurade au XVe siècle, et de Frédéric Veyssière, à propos dune petite figure de Bacchus découverte à la villa dArnesp, à Valentine, dune part, à propos des fouilles menées rue de lÉcharpe pour lextension de la Fondation Bemberg, dautre part.
La parole est ensuite à labbé Georges Baccrabère pour la communication du jour relative à La céramique du XVIIe siècle dans la Grande-Rue Saint-Michel à Toulouse, publiée dans ce volume de nos Mémoires (t. LXI).
Le Président remercie labbé Baccrabère,
dont il admire le patient travail de collecte et détude : les révélations en
série qui en résultent lui semblent être le fait dune « sorte de
magicien ». Louis Peyrusse sétant enquis des circonstances de la découverte,
Georges Baccrabère dit que celle-ci a été fortuite : la fosse du XVIIe
siècle fut mise au jour en 1991 lors de travaux de terrassement pratiqués à
lintérieur des parcelles ; Gérard Villeval et lui-même purent recueillir le
matériel que contenait cette fosse pendant la pause-repas des ouvriers. Labbé
Baccrabère se déclare touché par lépithète de « magicien ». Il se
souvient quà la fin des années 1970, Michel Labrousse, directeur de la
Circonscription des Antiquités historiques de Midi-Pyrénées, lavait désigné
pour soccuper des vestiges médiévaux qui apparaissaient dans les travaux du
nouveau quartier Saint-Georges. Il recueillit alors quantité de vestiges, qui allaient
jusquau XVIIe siècle. Ayant depuis publié presque toutes
ces découvertes, il ajoute de temps en temps quelques nouveaux sites.
Le Président ayant demandé des précisions sur louvrage
consacré à la poterie toulousaine dont la parution a été annoncée pour le début de
2001, labbé Baccrabère répond quil sagit dune synthèse qui
comprendra les articles quil a déjà publiés sur le sujet, plus trois ou quatre
études nouvelles, le tout formant un volume denviron 300 pages, abondamment
illustré de croquis et de photographies.
Georges Baccrabère ayant au cours de sa
communication posé la question de la date de deux statuettes en céramique moulée, qui
lui sembleraient légèrement antérieures à la fosse, Louis Peyrusse dit que la
statuaire peut paraître plus archaïque que la vaisselle. Ces deux pièces, peut-être
destinées à être accrochées à un mur (bénitiers ?), avaient une durée de vie
supérieure aux ustensiles en céramique dutilisation quotidienne. La figurine de la
Vierge à lEnfant paraît logiquement du XVIIe siècle, à
en juger par le mouvement de son manteau. Celle de la Pietà peut sembler plus ancienne,
en raison du caractère anguleux de ses formes, inspirées de limago pietatis
du XVe siècle. Ces objets sont intéressants par ce quils
nous révèlent de la piété populaire. Une discussion sengage ensuite entre
Maurice Scellès, Daniel Cazes et Louis Peyrusse à propos de la stabilité, de la
suspension et de lemplacement originel de ces statuettes, qui semblent davantage
faites pour être accrochées que posées. Pour Guy Ahlsell de Toulza, ces moulages issus
de moules « bivalves » sont à rapprocher des figurines plus modernes
destinées à être placées dans des niches, dans de petits oratoires domestiques.
François Bordes se demande si de tels éléments mobiliers sont mentionnés dans les
inventaires après décès, et Maurice Scellès sils apparaissent sur les peintures
représentant des intérieurs du XVIIe siècle. Daniel Cazes
fait remarquer les traces de lengobe blanc qui recouvrait ces céramiques et il
émet lhypothèse dun apprêt pour une polychromie qui aurait disparu.
Louis Peyrusse insiste encore sur lintérêt de ces deux
statuettes. Louis Latour ayant fait observer que seuls certains fragments de réchauds
portent des traces de feu, Georges Baccrabère explique que ceux-ci nétaient pas
toujours garnis avec des braises et quils pouvaient être parfois remplis avec de
leau chaude ; il ajoute quil a recueilli dix-neuf objets de ce type, des XVIe-XVIIe
siècles, et quil pense écrire un article sur le sujet.
Vincent Geneviève signale quun très abondant mobilier
céramique de même époque et présentant les mêmes types a été découvert sur le site
dune pastellerie fouillé par Sébastien Poignant en novembre 1999, dans la commune
de Montesquieu-Lauragais (Le Fort-La Monière), sur le tracé de la future autoroute A 66.
M.S.A.M.F., t. LXI, p. 215
Le Président donne la parole à Jean-Luc Boudartchouk pour une communication brève sur les découvertes faites récemment à Vieille-Toulouse :
« Vieille-Toulouse, parcelles "Au Village" : découverte dun fossé défensif et dun puits à amphores
La fouille dévaluation archéologique (AFAN) au lieu-dit cadastral "Au Village" sur la commune de Vieille-Toulouse, réalisée au début de lannée 2000, sinscrivait dans le cadre dun projet immobilier. La parcelle "Au Village" est sise en périphérie du site de la fin du deuxième Âge du Fer, dont lemprise est maintenant connue après les fouilles extensives de 1969 à 1981.
Cette parcelle, propriété de M. Rivals que nous remercions ici, était recouverte dune importante couverture végétale empêchant toute prospection au sol. Les sondages dévaluation ont permis de mettre au jour un "puits à amphores" mais aussi et surtout un grand fossé.Un "puits à amphores"
Le puits est apparu au pied dune rupture de pente, sur un petit replat dominé par un coteau très raide. Le comblement supérieur était matérialisé par une concentration damphores italiques décolletées plus ou moins fragmentés (3x3 m environ). Ces amphores ou fragments damphores ont été jetées dans le creusement en même temps que le sédiment limono-sableux vraisemblablement issu de la couche géologique située sous le limon stérile, rencontrée dans dautres sondages , dans un souci dobturer le départ du creusement. Les amphores forment un ensemble homogène, datable du premier quart du premier siècle avant notre ère.
Ce puits, apparemment isolé, est l'une des rares structures de ce type à avoir été mises en évidence dans la partie basse de ce versant. Ses caractéristiques sont représentatives des puits de Vieille-Toulouse : creusement "en entonnoir" de section carrée, cotés alignés sur les points cardinaux, comblement superficiel d'amphores décolletées...Un fossé défensif
Un grand fossé a été recoupé par quatre tranchées, au pied du coteau. Plus ou moins perpendiculaire au sens de la pente, il apparaît parallèle à laxe du grand talus qui marque la limite nord de la parcelle "Au Village".
Cette structure en creux inattendue constitue à notre avis une découverte majeure, même si les données sont très lacunaires en l'absence d'une fouille. Il s'agit d'un fossé à bords évasés et peut-être à fond plat, large d'au moins 7,5 m pour une profondeur supérieure à 3 m. Situé en pied de coteau, il paraît parallèle à la rupture de pente du talus actuel situé une dizaine de mètres plus au nord. Au vu de sa taille comme de sa position à un point particulièrement stratégique du coteau, il ne peut guère s'agir que d'un dispositif défensif. Ce fossé a fait l'objet ultérieurement d'un comblement rapide à l'aide d'un sédiment hétérogène incluant ponctuellement des amphores décolletées.
Ce fossé est ponctuellement oblitéré par une aire de circulation, rencontrée dans une seule tranchée sur une longueur de 6,5 m. Sa largeur reconnue est de 5 m au minimum. Il s'agit d'un niveau très compact de galets, calibrés et disposés en radier sur un seul niveau, mêlés à des éclats de marne et de sable dur. Les amphores découvertes dans le comblement du fossé, scellées par le niveau de circulaton, forment un ensemble homogène datable du dernier quart du deuxième siècle avant notre ère.
Le fossé pourrait être lun des éléments dun système de fortifications protégeant lagglomération pré-romaine de Vieille-Toulouse dont pourrait également faire partie l'énorme talus, traditionnellement appelé "tumulus" ou "castellum", qui couronne le point culminant de Vieille-Toulouse (271 m) et surplombe la parcelle "Au Village". Ce talus, aujourdhui réduit à une butte ovale prolongée par le parcellaire, devait à l'origine barrer la racine du plateau de La Planho. Un fossé existait peut-être à la base du talus du "castellum" : dans un sondage situé immédiatement sous la R.D. 95, à lendroit où celle-ci a recoupé les terrassements défensifs du plateau, est apparu à une profondeur de 2,6 m un horizon similaire au comblement du fossé reconnu en contrebas.Les éléments recueillis lors des sondages, dans des conditions parfois difficiles, sont bien sûr très lacunaires et leur interprétation ne peut être que partielle et limitée. Néanmoins, la présence dun grand fossé du IIe siècle avant notre ère comblé vers -130/-100 nous paraît être un élément nouveau pour (re)situer la capitale des Tolosates à Vieille-Toulouse, comme lon sen souvenait encore au Moyen Âge.
Jean-Luc Boudartchouk,
avec la collaboration de Philippe Gardes et Laurent Llech »
M.S.A.M.F., t. LXI, p. 216
Louis Peyrusse remercie Jean-Luc Bourdartchouk pour ces informations, qui montrent combien le site très riche de Vieille-Toulouse est peu exploité par la recherche archéologique. Vincent Geneviève senquiert de la distance entre le fossé et la levée de terre située en contrehaut. Jean-Luc Bourdartchouk répond quelle est de lordre de 100 à 150 mètres. Il précise que la levée de terre, prise à la fin du siècle dernier pour une motte féodale, est aujourdhui considéré par les spécialistes comme un talus protohistorique. Il ajoute quil existe la possibilité dun premier fossé de pied de talus, complémentaire de celui découvert à flanc de coteau. Daniel Cazes relève lextrême importance de cette découverte, qui renouvelle la problématique du site de Vieille Toulouse ; il signale que dans son ouvrage sur les Monumens religieux des Volces-Tectosages..., publié en 1814, Alexandre Du Mège parlait dune levée de terre et dun grand fossé. Maurice Scellès se demandant sil faut souhaiter quil y ait des projets immobiliers pour que la recherche archéologique progresse à Vieille-Toulouse, Daniel Cazes rappelle que le fanum tout proche découvert en 1972 au lieudit « Baulaguet » a été remplacé par un lotissement, ce qui est aujourdhui parmi les spécialistes un sujet de grande consternation. Jean-Luc Bourdartchouk précise que le flanc oriental de la butte ne fait pas partie de la zone protégée du site ; il estime quil faudra prévoir une fouille importante sur la seconde parcelle.
Au titre des questions diverses, une affaire bien inquiétante est signalée à la Compagnie : il semble en effet que lon soit en train de démolir une tour du rempart romain. Cette tour, comprise dans un immeuble correspondant au n° 17 des allées François-Verdier et au n° 18 de la rue Sainte-Anne, est connue, comme la tour des Hauts-Murats, pour avoir conservé intacte sa salle basse voûtée. Le Service régional de lArchéologie a été alerté. Sur place, il est impossible de voir quoi que ce soit : des palissades dissimulent le chantier aux regards du public. On propose que soit adressé au Directeur régional des Affaires culturelles un courrier portant demande dinformation. Daniel Cazes évoque le problème, souvent abordé dans nos séances au cours de ces dernières années et de plus en plus aigu, du classement densemble de lenceinte romaine de Toulouse. Maurice Scellès note que ce qui paraît faire obstacle à une telle mesure est la complexité de la procédure administrative, vu la nécessité dinstruire un dossier et de prendre un arrêté de classement pour chaque propriétaire ; sans doute serait-il préférable de recourir à des dispositions ponctuelles et successives de protection pour des parcelles particulières, chaque fois quil apparaît que des vestiges du rempart sont menacés. Daniel Cazes revient sur limportance archéologique du site de la rue Sainte-Anne, tant pour lAntiquité que pour le Moyen Âge. Des sondages dévaluation menés en 1992 sous la direction de Mme Marie-Geneviève Colin, alors Conservateur du Service régional de lArchéologie, en collaboration avec Quitterie Cazes, et la thèse de cette dernière, Le Quartier canonial de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse, publiée en 1998, en ont récemment montré tout lintérêt.
La parole est à Louis Latour, qui soumet à lexamen de la Compagnie le relevé dune inscription qui se voit sous une peinture murale dans léglise dErcé (Ariège), relevé qui lui a été communiqué par Mme Françoise Piquemal, restauratrice. Il dit ensuite avoir reçu de M. Bertrand Carton une proposition relative à la communication dune collection de photographies concernant Bertrand Sapène.
SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 2000
Présents : MM. Peyrusse, Président, Cazes, Directeur, Coppolani,
Directeur honoraire, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour,
Bibliothécaire-Archiviste, Ahlsell de Toulza, Trésorier ; labbé Baccrabère,
MM. Hermet, Tollon, membres titulaires ; Mmes Blanc-Rouquette, Fraïsse, Jimenez,
Napoléone, Pujalte, Sartre, Watin-Grandchamp, MM. Balagna, Bordes, Burroni, Mange,
Testard, membres correspondants.
Excusé : M. Geneviève.
Le Secrétaire-adjoint donne lecture du
procès-verbal de la séance précédente, qui est adopté.
Le Président rend compte de la correspondance manuscrite, puis il
présente à la Compagnie un fort volume offert par Chantal Fraïsse : Moissac et
la Révolution, [Moissac, 2000], 600 pages environ. Sur sa demande, lauteur
présente cet inventaire analytique des archives municipales de Moissac pour la période
révolutionnaire, un fonds très riche (séries consulaires, délibérations municipales,
registres de la Société populaire
) qui permet des éclairages croisés sur les
institutions politiques, la société civile, la vie quotidienne dune petite commune
prise dans des événements qui la dépassent. Louis Peyrusse remercie Mme Fraïsse et,
reprenant une formule dErwin Panofski, déclare que cet ouvrage est « une de
ces locomotives sans lesquelles les chercheurs vont à pied ».
M.S.A.M.F., t. LXI, p. 217
Des informations sont données concernant le chantier récemment ouvert au 18, rue Sainte-Anne, dont il a été question dans la séance du 21 novembre. Le projet en cours de réalisation, doté de tous les permis légaux de démolir et de construire, prévoit lédification dun immeuble de 28 logements. Le Service régional de lArchéologie est intervenu sur le site en procédant à un sondage complémentaire. Les substructions de lancienne église Saint-Jacques et sa crypte ont été de nouveau mises au jour ; le recours à des fondations sur micro-pieux pour les nouveaux bâtiments est censé éviter la destruction de ces vestiges. La tour de lenceinte romaine, conservée sur une grande partie de son élévation, demeurera englobée dans des constructions. Quant à léglise des dominicaines élevée au XIXe siècle sur les plans de larchitecte Henri Bach, elle est déjà en grande partie détruite. Il faut donc déplorer que la chronique du vandalisme à Toulouse senrichisse dun nouvel épisode.
Le Président donne la parole à Fabienne Sartre pour la communication du jour, consacrée à La sculpture à Toulouse dans la première moitié du XVIIIe siècle, publiée dans ce volume de nos Mémoires (t. LXI).
Le Président remercie Fabienne Sartre et la
félicite pour son exposé très intéressant, qui réinsère un grand artiste, Marc Arcis
( 1739), dans le contexte de son temps. Il constate que la décennie 1750
représente manifestement pour la sculpture à Toulouse une époque-charnière, et Mme
Sartre confirme que la disparition des disciples de Marc Arcis a constitué une rupture.
Louis Peyrusse note lextrême médiocrité du milieu toulousain
avant la création de lAcadémie royale de peinture et de sculpture, en 1750, et
demande si lon connaît ailleurs une semblable situation. Fabienne Sartre répond
quil lui semble en avoir été autrement en Provence, mais quen général
cest-à-dire sauf commanditaire exceptionnel les sculpteurs du roi
établis en province ont bénéficié de bien peu de commandes. Cela peut sexpliquer
par des problèmes de financement inhérents à un contexte économique difficile. Même
sil faut reconnaître que lon ne sait pas grand-chose des commandes privées,
la période antérieure au milieu du XVIIIe siècle ne paraît
guère offrir de conditions favorables au développement de la sculpture. Sans doute la
création des Académies royales a-t-elle quelque peu amélioré la situation.
Louis Peyrusse se dit frappé par la permanence de la terre cuite dans
la sculpture toulousaine de la première moitié du XVIIIe
siècle ; il demande si lon a des informations sur les techniques de moulage,
les modes de cuisson. Mme Sartre dit navoir rien trouvé de tel dans les
archives ; elle suggère à ce propos lintérêt quaurait une étude
scientifique des techniques, notamment des enduits dont les figures en terre cuite
étaient revêtues. Concernant Marc Arcis, il lui semble probable quayant repris
latelier de son beau-père Gervais Drouet, il a utilisé ses équipements ainsi que
ses méthodes.
Louis Peyrusse relève la ressemblance existant entre
lautoportrait sculpté de Marc Arcis et lautoportrait gravé dAntoine
Rivalz. Fabienne Sartre dit que Rivalz semble sêtre inspiré de luvre
dArcis, qui a lui-même pris modèle sur un portrait dû à Antoine Coysevox.
Daniel Cazes aborde les problèmes posés par lemploi des marbres pyrénéens à lépoque moderne. Concernant la sculpture sur marbre, Mme Sartre cite le cas du monument du maréchal dAmbre, à Lavaur, réalisé en marbre des Pyrénées, ainsi que celui des statues du retable du maître autel de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse. Après avoir signalé que des problèmes dapprovisionnement en marbre sont évoqués dans les actes relatifs aux travaux de sculpture réalisés au château de Pau, pour lesquels il ne se trouvait pas de blocs assez importants, elle mentionne un rapport de Marc Arcis mettant en évidence les difficultés rencontrées dans lexploitation des marbres pyrénéens.
Bruno Tollon déclare sassocier aux
félicitations décernées par Louis Peyrusse à Fabienne Sartre pour sa thèse, qui
constitue un apport majeur à la connaissance de Marc Arcis et qui mérite
publication ; il procède ensuite à une série de remarques de détail : au
sujet des litiges entre menuisiers et sculpteurs, il rappelle que ceux-ci navaient
pas de statut, la sculpture étant un « art libéral », et que leurs
« empiétements » représentaient une menace pour la corporation des
charpentiers ; sagissant de la sculpture en terre cuite, il note quelle
existait avant Gervais Drouet et Marc Arcis, notamment avec la dynastie de Gaillard Bor,
et il se réfère aux statuettes du dix-septième siècle présentées par Georges
Baccrabère lors de la séance précédente ; quant aux matériaux mis en uvre,
il remarque leur diversité (bois, terre cuite, stuc, marbre) ainsi que la polyvalence des
sculpteurs ; concernant lemploi du marbre, il fait observer que si le Carrare
est apparu dans la région de Toulouse à partir de lachèvement du canal de
Languedoc, des importations avaient eu lieu antérieurement ; pour finir, il fait
remarquer la lésine de la Ville, qui marchandait les devis ainsi que les paiements.
Mme Sartre répond que si Marc Arcis a été contraint de multiplier
les démarches pour se faire payer des sommes dérisoires, les marchandages nont
jamais porté que sur les devis. Puis elle rappelle que lorsque lexpression
d« art
M.S.A.M.F., t. LXI, p. 218
TOULOUSE, RUE SAINTE-ANNE, maison des Filles de la croix de Saint-André, |
|
TOULOUSE, RUE SAINTE-ANNE, maison des Filles de la croix de
Saint-André, chapelle : élévation sur la rue. |
TOULOUSE, RUE SAINTE-ANNE, maison des Filles de la croix de
Saint-André, chapelle : vue de la nef en direction de l'abside. |
M.S.A.M.F., t. LXI, p. 219
libéral » a été utilisée pour qualifier la sculpture,
cétait au début du XVIIe siècle, en 1626, dans le
procès qui opposait Arthus Legoust aux menuisiers, et que lon sest par la
suite écarté dune telle conception. Elle ajoute enfin quaux environs de 1700
lacharnement procédurier des menuisiers contre les sculpteurs peut sexpliquer
par une conjoncture économique difficile.
Bruno Tollon intervient à nouveau pour préciser que la sculpture est
en dormance dans une ville de province sil ny a pas de grand chantier ;
en sétablissant à Toulouse et en y faisant carrière, Marc Arcis, pourtant artiste
denvergure appelé à travailler à Versailles, a sans doute manqué
dambition.
Daniel Cazes revient sur les problèmes relatifs à lutilisation des marbres des Pyrénées : il lui paraît nécessaire de réviser une opinion commune, selon laquelle les carrières pyrénéennes nauraient pu livrer des pièces de dimensions suffisantes pour réaliser des uvres de grande taille ; les vestiges de larchitecture et des sculptures monumentales de lAntiquité contredisent cette assertion. M. Cazes met en avant les difficultés techniques et économiques de lextraction et du transport des blocs, soulignées au XIXe siècle lorsque lon voulut à nouveau exploiter les carrières pyrénéennes. Fabienne Sartre abonde en ce sens et cite une nouvelle fois le rapport établi par Marc Arcis, où il apparaît que les savoir-faire anciens étaient tombés dans loubli.
Le Président donne la parole au Secrétaire
général pour un rappel intéressant lédition des Mémoires. Maurice
Scellès signale ensuite une étude consacrée au site Internet de notre Société :
Patrick Fraysse, « Une société savante saffiche sur le Net : Mémoires
de la Société archéologique du Midi », dans Translations
culturelles : autour des revues archéologiques, Actes du séminaire 1998-1999,
volume 6, LERASS-Information et communication entre chercheurs, Université de Toulouse 3.
IUT, 1999, p. 21-33.
Puis la Compagnie entend une information relative au site de lancien
Hôpital Saint-Jacques de Castres, à lemplacement
duquel un parc de stationnement doit être aménagé. Les démolitions projetées menacent
les vestiges de la chapelle de lHôpital, qui paraissent conservés dans
lîlot et qui remontent probablement au XIIIe siècle.
Lopération a motivé une intervention au titre des Monuments historiques, mais on
peut craindre que celle-ci nait guère deffet : par suite de la
décentralisation, lavis de lÉtat a de moins en moins dincidence sur
les décisions des collectivités locales. À cet égard, un membre constate que
lautorité préfectorale sabstient généralement de sopposer aux
projets des municipalités.
SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 2000
Présents : MM. Cazes, Directeur, Coppolani, Directeur honoraire,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour,
Bibliothécaire-Archiviste, ; Mme Merlet-Bagnéris, Napoléone, M. labbé
Baccrabère, le Père Montagnes, M. Pradalier, Mgr Rocacher, membres titulaires ;
Mmes Andrieu-Hautreux, Fronton-Wessel, MM. Bordes, Boudartchouk, Cranga, Molet, Testard,
Veyssière, membres correspondants.
Excusés : MM. Peyrusse, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Mme Fraïsse, MM.
Garland, Geneviève, Lapart.
Invités : Mlles Stéphanie Dumay, Aurélie Lajaunie, Sarah Rey, MM. Laurent Claeys,
Marc Comelongue, Forichon.
Le Directeur ouvre la séance et demande à la Compagnie dexcuser labsence du Président, en voyage détude à Bordeaux. Il se félicite que nous soyons néanmoins nombreux pour cette séance historique, la dernière du millénaire.
Le Secrétaire-adjoint donne lecture du
procès-verbal de la dernière séance, qui est adopté. Le Directeur remercie Patrice
Cabau de ce compte rendu très complet.
Intervenant à propos du site de léglise Saint-Jacques,
au n° 18 de la rue Sainte-Anne, Mgr Rocacher précise que la maison des Filles
de la croix de Saint-André était abandonnée depuis huit ans et dit avoir vu un
bulldozer décaisser le sol en profondeur et à grande vitesse. Le Directeur rappelle que
la question a été évoquée à deux reprises au cours des dernières séances et indique
quil a eu, entre-temps, lassurance que le Service régional de
larchéologie avait le contrôle du chantier : des sondages complémentaires
sont programmés et le rempart serait conservé. Notre Société sest inquiétée du
sort de la crypte de léglise Saint-Jacques : les fondations des nouvelles
constructions seront réalisées sur micro-pieux afin de la sauvegarder.
Le Secrétaire général intervient en rappelant que notre Société a
déjà eu à examiner en séance cette technique prétendue non destructrice (M.S.A.M.F., t. LVI, p. 306) : il était apparu que
lemprise des forages nécessaires et la distance entre les micro-pieux équivalaient
de fait à une quasi-destruction, en particulier sur des vestiges bâtis. Plusieurs
membres remarquent que tout est parfait dun point de vue légal et que nous sommes
tout à fait impuissants
M.S.A.M.F., t. LXI, p. 220
devant le fait accompli. Il manque en réalité une volonté affichée de conserver les vestiges archéologiques, ce qui, dans ce cas, aurait impliqué lachat des parcelles concernées. Il faut bien constater que lopinion publique toulousaine reste indifférente à cette question et que notre tâche doit être de poursuivre nos efforts pour tenter de la sensibiliser à la conservation du passé de la ville.
Le Directeur présente à la Compagnie le beau volume offert pour notre bibliothèque par Henri Pradalier : Sylvie Augé, Nelly Pousthomis, Michèle Pradalier-Schlumberger, Henri Pradalier, Saint-Bertrand-de-Comminges, le chur Renaissance. Saint-Just de Valcabrère, léglise romane, Graulhet : Éd. Odyssée, 2000, 287 p. Ce volume sinscrit dans une série qui nous a déjà émerveillés avec les peintures de la cathédrale dAlbi et qui se signale par la très grande qualité des photographies de Michel Escourbiac et le soin quil apporte à lédition.
La parole est alors à Jean-Luc Boudartchouk pour la communication du jour : La Daurade wisigothique. Autour dun fragment dinscription en mosaïque partiellement inédit, publiée dans ce volume de nos Mémoires (t. LXI).
Le Directeur remercie Jean-Luc Boudartchouk de cette
nouvelle présentation dun sujet auquel tant dauteurs se sont depuis si
longtemps intéressés. À défaut de tirer des conclusions définitives, il faut noter
que les rapprochements avec les temps wisigothiques de Toulouse sont troublants : la
confrontation dAlmachius et de Théodoric, le premier ou le second, serait rappelée
dans un édifice qui se trouvait en effet dans le quartier wisigoth de Toulouse, quartier
dont la structuration serait très comparable à celle du quartier des Ariens à Ravenne.
Des fouilles archéologiques sur lensemble du site seraient nécessaires, mais il
est clair que lon a progressé depuis une dizaine dannées.
Mgr Rocacher exprime son admiration devant autant dérudition et
félicite Jean-Luc Boudartchouk davoir rétabli la lecture alma à la place
de olim. Il lui paraît cependant que notre confrère sest fourvoyé en ne
retenant pas le mot alma dont lÉcriture donne de nombreux exemples : alma
redemptoris mater. Cest en particulier le cas du livre dIsaïe, souvent
cité aux Ve et VIe siècles. Mgr
Rocacher y voit la confirmation dun thème fortement marial, correspondant au
programme des mosaïques de lancienne église de la Daurade, quil faut situer
après le concile dÉphèse en 431, et il ne croit pas à lhypothèse
dune inscription en mémoire dAlmachius. Jean-Luc Boudartchouk rappelle
quil a bien envisagé ce premier sens, mais quil la abandonné parce que
le manuscrit de Malliot signalait un mot tronqué, ce qui excluait alma, qui est
invariable dans cette expression ; de ce fait, la seconde hypothèse lui a paru
intéressante à développer. Mgr Rocacher lui ayant demandé sil navait pas
ignoré les fouilles de 1962, Jean-Luc Boudartchouk précise quil a consulté avec
beaucoup dintérêt les carnets qui sont conservés.
Maurice Scellès demande comment il faut entendre le groupe ubi alma
si lon retient cette lecture. Il sensuit alors une discussion sur
lemplacement possible du fragment de mosaïque dans le chur de lancienne
église. Daniel Cazes rappelle que létat du fragment du Musée Calvet ne permet pas
de conclusion de ce point de vue.
Sadressant à Patrice Cabau, M. Forichon demande si lon
connaît un Antonin sous le règne de Théodoric. Mgr Rocacher rappelle que la liste
épiscopale est interrompue pour cette époque. Patrice Cabau évoque la question des
sources en rappelant que l'une des versions de la Vie de saint Antonin aurait
été fournie par le pape Pascal II à l'évêque de Barbastro, Raymond Guillaume de
Durban (1104-1126). Il en existerait un exemplaire du XIIIe
siècle sur parchemin quil na pu consulter, la Bibliothèque municipale de
Toulouse étant actuellement fermée, et quil faudrait pouvoir comparer aux
manuscrits de la Bibliothèque nationale. On aurait proposé à Antonin, qui aurait
toujours refusé, de devenir évêque, et il faut entendre évêque de Toulouse, mais son
martyre na pas eu lieu à Toulouse. La version quen donne Nicolas Bertrand est
en tout cas trop enrichie pour être utilisable. Pour Jean-Luc Boudartchouk,
lintérêt du texte de Nicolas Bertrand est doffrir une compilation de
traditions anciennes quil convient sans doute de ne pas négliger.
Françoise Merlet-Bagnéris signale que le sondage
archéologique quelle a pratiqué il y a quelques années dans un amphithéâtre de
lÉcole des Beaux-Arts a en particulier permis de recueillir quelques tesselles et
une base de colonnette. La cour de lécole, sur lemplacement du cloître roman
et contre léglise, devrait faire lobjet dune fouille programmée alors
que les conditions sont aujourdhui plus favorables quelles ne létaient
auparavant. Jean-Luc Boudartchouk se dit tout à fait convaincu.
Maurice Scellès rappelle que le fragment du Musée Calvet na pas
été étudié du point de vue de la technique de la mosaïque, qui permettrait peut-être
den préciser la datation. Jean-Luc Boudartchouk note quune datation du Ve
siècle ne résoudrait pas le problème posé par linscription.
Au titre des questions diverses, Frédéric Veyssière présente un relief de Bacchus en marbre mis au jour à Valentine :
M.S.A.M.F., t. LXI, p. 221
« En septembre 2000, le suivi archéologique (1) effectué sur le site de la villa gallo-romaine d'Arnesp à Valentine, mettait au jour un relief portant une représentation de Bacchus, dieu romain de la vigne et du vin. La Conservation Régionale des Monuments Historiques avait le projet de décaisser entièrement la chaussée (2) qui traverse le site archéologique, afin de mettre celui-ci en valeur.
La villa gallo-romaine se situe à quelques kilomètres au sud-ouest de Saint-Gaudens. Elle est implantée sur la terrasse würmienne, en rive droite de la Garonne, au pied d'un pays de moyennes montagnes très boisées. Les fouilles archéologiques réalisées entre 1949 et 1981 par G. Fouet (3) ont montré l'existence de deux états successifs dans la villa, dans le courant du IVe siècle de notre ère. Une occupation, mal connue, pourrait remonter au Ier siècle de notre ère.
La base de cette chaussée moderne est constituée par un hérisson de gros galets provenant de la Garonne, dans lequel se trouvent des éléments de décors sculptés et de constructions antiques en remploi (4). Une couche compacte, épaisse de 10 cm, de graviers argileux contenant des éléments de placage en marbre surmonte le hérisson. L'ensemble est scellé par 5 cm de macadam goudronné. Parmi les éléments lapidaires récupérés, un bloc de marbre blanc (5) sculpté représente un petit personnage nu, sous une petite corniche, tenant dans sa main droite une coupe qu'il tend à un animal qui semble bien être un félin. Il s'agit de Bacchus abreuvant une panthère, son animal favori (6).
Bacchus est représenté avec ses attributs : un thyrse qu'il tient de la main gauche levée au-dessus de l'épaule et un canthare dans la main droite baissée. Le bras gauche est horizontal à partir de l'épaule et puis replié au coude vers le haut. La partie supérieure de la tête du personnage et sa main gauche sont brisées. Il est imberbe et prend appui sur sa jambe droite, la gauche est un peu repliée et très légèrement en retrait. Il est représenté en pied,
M.S.A.M.F., t. LXI, p. 222
entièrement nu. La tête légèrement penchée vers la droite ainsi que le déhanchement bien marqué inscrivent le personnage dans un " S ", dont l'effet est accentué par la disposition inverse des bras. Le canthare est représenté de manière assez soignée. Le bourrelet de la lèvre ainsi que l'anse sont bien indiqués. Il n'y a aucun détail particulier, visible sur la panse. Le canthare est matériellement solidaire de la gueule de la panthère, pour figurer le liquide versé. L'arrière-train du fauve se trouve en arrière de la jambe droite de Bacchus. La petite corniche moulurée se prolonge uniquement sur la moitié de la face latérale droite. Elle est ensuite relayée par des petites rainures horizontales. La face arrière du bloc est brute avec quelques traces de piquetage.
Le Bacchus est à rapprocher d'un petit relief d'une facture assez semblable, provenant également de la villa de Valentine, dans lequel G. Fouet voyait un dieu champêtre (7).Frédéric Veyssière »
1. La Conservation Régionale des Monuments Historiques (Direction Régionale des Affaires Culturelles de Midi-Pyrénées), maître d'ouvrage du projet, a assuré le financement et confié sa gestion à l'antenne Grand-Sud-ouest de l'Association pour les Fouilles Archéologiques Nationales. Le suivi scientifique de l'intervention a été assuré par le Service Régional de l'Archéologie de Midi-Pyrénées.
2. L'aménagement de cette chaussée est contemporain du creusement du canal, effectué au cours de l'année 1931.
3. G. Fouet, "La villa gallo-romaine de Valentine (Haute-Garonne). Aperçu préliminaire", Revue de Comminges, t. XCI, 1978, p. 145-157 ; G. Fouet, "Sauvetage d'une mosaïque dans la villa de Valentine", Revue de Comminges, t. XCII, 1979, p. 153-163 ; G. Fouet, "Le sanctuaire gallo-romain de Valentine", Gallia, 42, 1984, pl. 53.
4. Des moellons en calcaire et en granit, une plaquette de marbre blanc avec trace de mortier rose et un bloc de marbre blanc.
5. Hauteur: 30 cm ; largeur : 22 cm et épaisseur : 9 cm.
6. La partie supérieure du thyrse a été brisée ; il se réduit à un simple bâton. La partie inférieure de l'animal et les pieds du personnage sont tronqués.
7 Actuellement conservé au dépôt de fouilles de Valentine.
Frédéric Veyssière sollicite lavis de la Compagnie et des spécialistes qui pourraient éventuellement lui communiquer des éléments de réponse. Maurice Scellès lui indique un petit relief dune facture assez semblable, actuellement conservé dans le musée de Valentine, dans lequel Georges Fouet voyait un dieu champêtre. Daniel Cazes note que la forme ne serait pas incompatible avec un autel bachique, si lon en juge daprès la photographie, mais il serait bien sûr nécessaire de voir lobjet.
Le Directeur remercie la Compagnie et souhaite à tous les membres dexcellentes fêtes de fin dannée.
SÉANCE DU 9 JANVIER 2001
Présents : MM. Peyrusse, Président, Cazes, Directeur, Coppolani, Directeur honoraire, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-Archiviste, Ahlsell de Toulza, Trésorier ; Mmes Labrousse, Napoléone, MM. labbé Baccrabère, Pradalier, Mgr Rocacher, MM. Tollon, Vézian, membres titulaires ; Mmes Andrieu-Hautreux, Fraïsse, MM. Cranga, Geneviève, Manuel, Testard, Veyssière, membres correspondants.
La Compagnie se retrouve au Musée Saint-Raymond où elle est accueillie par Daniel Cazes. Après les vux pour la nouvelle année, la parole est à Vincent Geneviève qui, avec le concours de Mlle Lydia Mouysset, présente à la Compagnie lexposition Riches comme Crésus ? Toulouse, 1000 ans de monnaies.
Le Président remercie Vincent Geneviève et Lydia
Mouysset et les félicite pour cette exposition tout à fait passionnante, puis il
souligne la remarquable qualité du travail réalisé par Vincent Geneviève sur les
monnaies antiques trouvées à Toulouse. Comme il senquiert des origines du fonds
exceptionnel que conserve le Musée Saint-Raymond, Vincent Geneviève et Daniel Cazes
indiquent que de nombreux achats effectués à la fin du XIXe
siècle et au début du XXe sont venus sajouter au
médaillier hérité de lAcadémie des Sciences. La plus grande partie a été
acquise par Ernest Roschach qui sut prendre conseil auprès de lun des meilleurs
spécialistes de lépoque, Ernest Babelon ; ses carnets sont heureusement
conservés dans les archives du Musée. Vincent Geneviève ajoute que la collection
numismatique du Musée Saint-Raymond est bien connue et reconnue.
Le Président ayant relevé que de nombreux doutes subsistaient, Mme
Labrousse et Vincent Geneviève
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conviennent que de nombreuses questions sont encore débattues ou sans
réponse, et que nombre de datations ou dattributions à des ateliers sont
discutées. Dimportants progrès ont néanmoins été réalisés ces dernières
années.
La question des faux ayant été évoquée, Vincent Geneviève donne
des précisions sur les imitations de la Renaissance, puis il cite quelques exemples de
faux célèbres que lon retrouve dans de nombreuses collections. La proportion de
faux dans la collection du Musée peut être estimée à 1 %, ce qui est relativement
faible.
Daniel Cazes dit son souhait que le travail réalisé par Vincent Geneviève, après celui du professeur Michel Labrousse et de Mme Labrousse, soit loccasion de la reprise de linventaire de la collection numismatique du Musée et, on peut lespérer, dune présentation permanente qui fait aujourdhui défaut. Mme Labrousse souligne toute limportance quil faut accorder aux publications.
SÉANCE DU 23 JANVIER 2001
Présents : MM. Peyrusse, Président, Cazes, Directeur, Coppolani, Directeur
honoraire, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau,
Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-Archiviste ; Mmes Merlet-Bagnéris,
Napoléone, Pousthomis-Dalle, MM. labbé Baccrabère, Hermet, le Père Montagnes,
Pradalier, Mgr Rocacher, M. Tollon, membres titulaires ; Mmes Andrieu-Hautreux,
Blanc-Rouquette, Fraïsse, Jimenez, Pujalte, MM. Balagna, Cranga, membres correspondants.
Excusés : Mme Cazes, MM. Bordes, Garland, Testard.
Le Président salue la mémoire de notre confrère le général (C.R.) Claude Delpoux, dont nous avons appris le décès au début de lannée :
« Le général de brigade Claude Delpoux, que notre Société vient davoir la tristesse de perdre, a donné une attention exceptionnelle aux travaux de notre Compagnie durant une quinzaine dannées dune active retraite. En effet, notre confrère a toujours débordé les cadres de la carrière militaire par une curiosité intellectuelle et un appétit de savoir, en particulier dans le domaine de larchéologie et de lhistoire.
Élève des frères des écoles chrétiennes, puis du lycée de garçons de Toulouse, il prépare lécole de Saint-Cyr quil intègre en 1943. Officier dartillerie des divisions blindées, il sert par la suite en Indochine, en Algérie, en République fédérale dAllemagne avant dêtre rattaché à lÉtat-major général de la Défense nationale et devenir directeur-adjoint du Centre des hautes études militaires, peu avant de recevoir ses étoiles de général de brigade et de passer sur sa demande dans le cadre de réserve.
Le général Delpoux a doublé cette carrière prisonnière de lhistoire de sa génération Vichy, les guerres de décolonisation, loccupation française en Allemagne par des activités désintéressées, preuve sil en était besoin de lextrême richesse de la société militaire. Lors de son passage en Indochine, il étudie le séjour de Sun Yat Sun à Hanoï, séjour toléré par les autorités du protectorat. Il ramasse les matériaux dune thèse de doctorat en géographie, présentée à lUniversité de Toulouse sous la direction de M. Jean Sermet, sur la province de Cholon. Peintre amateur, il vit comme une aventure la restauration du château de Caudeval dans lAude ; il en étudie lhistoire et le système de défense. Il fouille et met au jour à louest de Limoux un gisement de poteries, à Caudeval des chapiteaux romains. Il aménage ainsi dans le château de Caudeval restauré deux petits musées, lun dévolu aux objets gallo-romains, lautre consacré aux techniques de lartillerie. Jamais il nétait aussi satisfait que lorsquil faisait visiter le monument et ses aménagements sur lesquels il était intarissable. Cette aventure lui valut un prix décerné par lassociation des Vieilles maisons françaises et par lémission télévisée "Chefs-duvre en péril". Membre de la Société ariégeoise des Sciences, lettres et arts, de la Société des études scientifiques de lAude, élu membre correspondant de la Société archéologique du Midi de la France en 1983, titulaire en 1986, le général Delpoux était aussi mainteneur de lAcadémie des Jeux Floraux, élu au 32e fauteuil en 1985.
Prévenue trop tard, le Bureau de la Société archéologique du Midi de la France na pu assister aux obsèques de notre confrère. Avec ses regrets, la Société présente à Mme la générale Delpoux et à sa famille ses condoléances attristées. »
Le Secrétaire général donne lecture des
procès-verbaux des séances des 19 décembre 2000 et 9 janvier 2001, qui sont adoptés.
Le Président communique à la Compagnie quatre tirés-à-part que nous
a adressés notre consur Céline Piot :
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Notre bibliothèque senrichit également de deux tirés-à-part :
La correspondance manuscrite comprend les vux pour la nouvelle année de la société Hadès et de la Société des Études du Comminges, deux courriers de la Mairie de Toulouse à propos du schéma directeur dagglomération approuvé le 18 décembre 2000 Par ailleurs nous avons reçu la thèse de François de Vergnette, Jean-Paul Laurens (1828-1921), peintre dhistoire, soutenue le 1er décembre dernier à Paris X-Nanterre, que son auteur présente au concours de notre Société.
Le Président présente le bilan moral de
lannée écoulée. Puis le Trésorier présente le bilan financier. Une discussion
précède le vote de la proposition faite par le Bureau de porter la cotisation à 270 F,
proposition qui est adoptée. Les bilans moral et financier de lannée 2000 sont
approuvés.
On procède alors aux élections statutaires. Daniel Cazes, Guy Ahlsell
de Toulza et Patrice Cabau sont réélus aux postes de Directeur, Trésorier et
Secrétaire-adjoint. Le Président exprime sa reconnaissance et celle de la Société aux
trois membres du Bureau réélus dans des fonctions qui demandent beaucoup plus de travail
quil ny paraît souvent.
La parole est à Christophe Balagna pour une communication sur Le fonds lapidaire du Musée des Beaux-Arts de Mirande, publiée dans ce volume de nos Mémoires (t. LXI).
Le Président remercie Christophe Balagna de nous
avoir ramenés, après ces discussions comptables, à des questions plus essentielles. Il
remarque que la présentation actuelle relève du décor de jardin et que ces éléments
lapidaires mériteraient un peu plus dattention. Christophe Balagna indique que le
Musée est sous la responsabilité du conservateur départemental et que pour
linstant rien de plus na été fait.
Daniel Cazes dit quil serait plus prudent quant à la datation de
la série dite « romane » et il évoque les chapiteaux de Grandselve datables
de la fin du XIIe siècle. Christophe Balagna rappelle les
quelques comparaisons qui indiqueraient le début du XIIIe
siècle, mais il admet quune datation précise est difficile. Les formes perdurent
sans doute et la cathédrale dAuch en donne des exemples du deuxième quart du XIIIe
siècle. Pour Françoise Merlet-Bagnéris, la Gascogne nadopte ces formes
quavec un certain retard.
Christophe Balagna souligne le caractère quasi-industriel de ces
productions et Daniel Cazes note quon ne peut donc argumenter à partir dun
éventuel retard régional. La question est celle de lextraction dans les carrières
et du moment où lorganisation du travail a permis des productions en séries aussi
importantes. Il rappelle quil est impossible de différencier les chapiteaux
provenant des cloîtres des Jacobins et des Cordeliers de Toulouse. Il ajoute que les
récentes fouilles réalisées dans la cour du couvent des Filles de lEnfance, rue
Valade, ont permis de retrouver dautres bases et des chapiteaux qui pourraient tout
aussi bien provenir des Jacobins ou des Cordeliers.
Maurice Scellès se demande si le premier groupe duvres
mérite dêtre qualifié de « roman » et sil ne vaudrait pas mieux
parler de sculptures de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe.
Nelly Pousthomis-Dalle remarque que les deux séries duvres ne peuvent être
rattachées aux cisterciens et que dune façon générale ces sculptures dépassent
largement le cadre des différents ordres. Chantal Fraïsse signale des chapiteaux
comparables à Moissac où ils ne sauraient être considérés comme cisterciens.
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Le Président demande si lon a
aujourdhui une idée du volume de ces productions et de leur diffusion. Henri
Pradalier évoque les problèmes de transport. Patrice Cabau mentionne labbaye de
Fontenay en Bourgogne et Christine Jimenez plusieurs autres cloîtres du Midi avec des
chapiteaux absolument identiques. Daniel Cazes souscrit à la conclusion de Christophe
Balagna et souligne à son tour la nécessité de procéder à un inventaire global de ces
productions qui doivent compter des milliers de pièces. Nelly Pousthomis-Dalle rappelle
que cet inventaire ne devra pas oublier les collections américaines.
Pour Henri Pradalier, on a encore trop tendance à penser que les
chantiers médiévaux sont interminables alors quil est avéré quun cloître
peut être achevé en un an. Christophe Balagna note que si la datation ne peut pas
toujours être précisée, lintérêt de la question réside pour beaucoup dans les
conditions de fabrication de ces sculptures. Henri Pradalier admet en effet lidée
de productions stéréotypées qui perdurent pendant plusieurs décennies. Bruno Tollon
rappelle que cette logique semi-industrielle correspond à une modification du rôle du
chapiteau qui nest plus désormais quun simple décor au même titre
quun corps de moulure, alors que liconographie est développée sur
dautres supports.
Au titre des questions diverses, Mgr Rocacher
signale à la Compagnie le chantier de restauration de
larchivolte du portail de la cathédrale Saint-Étienne où lon peut
voir le sculpteur travailler dans une loge, installée sur le côté nord, dans les mêmes
conditions et avec les mêmes outils que ceux du Moyen Âge. Daniel Cazes demande quel
sera le sort des sculptures déposées. Mgr Rocacher indique quelles ont été
transportées dans la cour Sainte-Anne où elles sont recouvertes dordures. Guy
Ahlsell de Toulza rappelle le sort des statuettes du portail de la Dalbade, que lon nous a dit déposées pour restauration
et qui nont toujours pas été remises en place.
Sadressant à Mgr Rocacher, Daniel Cazes lui demande sil a
remarqué la belle porte gothique en pierre de Furne remontée impasse de la Préfecture.
Mgr Rocacher indique quelle vient dêtre entièrement ripolinée. Bruno Tollon
précise quil sagit de la porte de lHôtel de Rivière
et on rappelle que tous les éléments provenant de la tour de lHôtel démolie dans
les années 1950 avaient été récupérés par le Musée des Augustins. Maurice Scellès
demande si ces éléments lapidaires sont inscrits à linventaire du Musée, ce qui
est confirmé par plusieurs membres.
Séances du 3 octobre 2000 au 23 janvier 2001 | Séances du 20 février 2001 au 11 mai 2001 |
Séances du 15 mai 2001 au 19 juin 2001 |
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