Société Archéologique  du Midi de la France
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Mémoires
de la Société Archéologique
du Midi de la France

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Tome LXI (2001)



 

BULLETIN DE L'ANNÉE ACADÉMIQUE
2000-2001

établi par Patrice CABAU & Maurice SCELLÈS  

Cette version de pré-publication a été conservée pour faciliter l'indexation des pages. 
Elle respecte la pagination de la version imprimée qui est mise en ligne au format pdf.


Séances du 3 octobre 2000 au 23 janvier 2001 Séances du 20 février 2001 au 11 mai 2001
Séances du 15 mai 2001 au 19 juin 2001

M.S.A.M.F., t. LXI, p. 207

 

SÉANCE DU 3 OCTOBRE 2000

Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur honoraire, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-Archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Mmes Delaplace, Merlet-Bagnéris, Noé-Dufour, Pradalier-Schlumberger, MM. l’abbé Baccrabère, Gilles, Hermet, le Père Montagnes, Tollon, membres titulaires, Mmes Andrieu, Blanc-Rouquette, Fronton-Wessel, MM. Bordes, Cranga, Manuel, Molet, membres correspondants.
Excusés : Mmes Napoléone, Pousthomis-Dalle, MM. Boudarchouk, Évrard, Garland, Pradalier, Mgr Rocacher.
Invité : M. Paul Féron.

    Le Président prononce l’ouverture de l’année académique 2000-2001 et remercie les membres de leur présence. Notre Compagnie a ce soir un invité en la personne de M. Paul Féron, qu’il n’est plus besoin de présenter.
    Le Secrétaire général donne lecture des procès-verbaux des séances des 23 mai et 6 juin 2000, qui sont adoptés.

    Le Président présente la correspondance manuscrite.
    M. Jean Guyon, qui a bien voulu accepter depuis quelques années déjà de faire partie du comité scientifique de nos Mémoires, nous adresse un tiré-à-part d’un article très intéressant qu’il a consacré à Toulouse : Toulouse, la première capitale du royaume wisigothique, dans Sedes regiae (ann. 400-800), Barcelone, Reial Acadèmia de Bones Lletres, 2000, p. 219-240.
    La Direction régionale des Affaires culturelles, en la personne du conservateur régional des Monuments historiques, M. Louis Allemant, répond à notre courrier de juin dernier par le refus d’instruire un dossier d’extension de la protection du collège de Périgord. L’affaire reste à suivre. Un membre indique que les architectes chargés des travaux sont très ouverts au dialogue. Le Président rappelle que notre souhait est que soit réalisé un relevé précis des bâtiments avant transformation. On fait remarquer que la question n’est pas en effet d’obtenir l’autorisation des architectes pour étudier l’édifice le soir ou le dimanche, mais qu’il soit procédé à une étude archéologique complète de l’édifice, ce que pouvait exiger le conservateur des Monuments historiques.
    La correspondance comprend encore le programme du 126e congrès national des sociétés savantes des 9-14 avril 2001, et des invitations à différentes manifestations.

    Plusieurs dons viennent enrichir notre bibliothèque :
    - Actes de la conférence nationale des Académies des Sciences, Lettres et Arts. Du pastel à l’espace. Toulouse 14-16 octobre 1999, Toulouse : 2000, 95 p. (offert par M. Féron) ;
    - plusieurs numéros de L’Olifant, la revue du Musée Paul-Dupuy (offerts par M. Raynaud) ;


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   - Emmanuel Garland, Cloîtres romans des Pyrénées centrales. Saint-Lizier en Couserans, Saint-Gaudens, Saint-Bertrand-de-Comminges, PyréGraph, 2000, 81 p. ;
    - Françoise et Yves Cranga, Midi-Pyrénées Terre de Jardins. Le temps et la mémoire, Aix-en-Provence : Édisud, 2000, 192 p. ;
    - Murs… murs…, les secrets de la cathédrale. Fouilles archéologiques récentes de l’ensemble cathédral de Cahors, catalogue de l’exposition sur la cathédrale de Cahors, réalisée par le D.E.S.S. Patrimoine, 2000, 21 p.

    Le Président donne des informations sur le calendrier des séances de l’année, dont le programme n’est actuellement arrêté que pour le premier trimestre. Le Président rappelle que notre Société est riche de la seule valeur de ses membres et de leur contribution, et il espère que le calendrier sera bientôt complet. Il saisit l’occasion pour annoncer qu’il songe à organiser chaque année une journée autour d’une visite afin que les membres habituellement empêchés d’assister à nos séances par le calendrier ou la distance puissent y participer.

    Le Secrétaire général indique que M. Bertand Ducourau a souhaité informer la Société que les travaux de restauration des peintures murales de l’église Notre-Dame-du-Taur seront engagés au mois d’octobre par M. Jean-Marc Stouff. Les membres de notre Société qui seront intéressés pourront visiter le chantier, qu’il souhaite pouvoir présenter sur place à notre Compagnie dès que les travaux seront suffisamment avancés.

    L’ordre du jour appelle l’élection de membres correspondants. B. Tollon présente son rapport sur la candidature de Mme Fabienne Sartre et Michèle Pradalier-Schlumberger le sien sur celle de M. Christophe Balagna. Le Président donne lecture du rapport de Nelly Pousthomis-Dalle, excusée, sur la candidature de M. Laurent Macé. On procède au vote. Mme Fabienne Sartre, MM. Christophe Balagna et Laurent Macé sont élus membres correspondants de notre Société.

    La parole est à Henri Molet pour une communication sur La topographie antique de la Garonne : questions relatives au gué du Bazacle et au « temple », publiée dans ce volume de nos Mémoires (t. LXI).

    Le Président remercie Henri Molet et remarque que cet été de séchéresse est devenu une aubaine pour les archéologues en leur permettant un réexamen de ce site, qui était finalement bien mal connu, alors qu’il s’agit à l’évidence d’un point important de la topographie urbaine et des circulations dans l’Antiquité et au Moyen Âge. L’édifice bien mystérieux qui ressurgit à cette occasion mériterait sans doute le recours aux techniques de l’archéologie subaquatique. 
    Maurice Scellès demande des précisions sur les emplacements respectifs du gué et du « temple », qui pourrait également être un monument commératif. Le Président s’enquiert d’éventuels monuments comparables, élevés au ras de l’eau, et Henri Molet cite l’exemple du monument bâti sur la Saône à Lyon.
    M. Paul Féron ayant évoqué les travaux réalisés sur la chaussée en 1999, Henri Molet dit qu’il ne se trouvait pas à Toulouse à ce moment-là, et qu’il n’a donc pas pu en profiter pour compléter ses observations. À une autre question de M. Féron, il répond qu’aucun autre archéologue n’est intervenu à cette occasion.
    L’abbé Baccrabère dit avoir été frappé par les blocs de maçonnerie en briques, et il demande à Henri Molet s’il a procédé à des mesures des modules. Celui-ci répond par l’affirmative en précisant que l’un d’entre eux est un module récent, du XVIIe ou du XVIIIe siècle ; on peut compter une dizaine de modules différents sur un mètre carré. L’abbé Baccrabère indique que les différences d’épaisseur des briques sont parfaitement significatives sur le rempart romain de l’Institut catholique, les briques antiques étant épaisses de 3 cm au maximum. Henri Molet avoue avoir mesuré pendant des années de très nombreuses briques pour finalement douter qu’il soit possible de dater une construction par le module employé. Il ajoute qu’il lui est arrivé de rencontrer des briques romaines épaisses de 4,1 ou 4,2 cm. Pour l’abbé Baccrabère, des briques antiques aussi épaisses existent en effet, mais elles sont très rares. Il rappelle que dans le cas des thermes de Saint-Michel-du-Touch le module permet tout à fait de distinguer les thermes du centre et ceux du sud, le module employé pour les seconds se retrouvant dans les réparations faites sur les premiers.
    Patrice Cabau relève que l’on s’aperçoit une fois de plus que Catel est un historien qui occupe une place centrale dans les études toulousaines. Après avoir signalé qu’il faudrait revenir sur la datation du texte de Laroche-Flavin, il demande à Henri Molet s’il a été amené à revoir la gravure de Colignon. Celui-ci indique que la muraille placée au premier plan, sur laquelle est figuré un pêcheur, est le vestige d’un bastion emporté par une crue. Il confirme à Bruno Tollon qu’il correspondait à la demi-lune de la rive droite.


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SÉANCE DU 17 OCTOBRE 2000

Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur honoraire, Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-Archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Mmes Napoléone, Noé-Dufour, Pradalier-Schlumberger, MM. l’abbé Baccrabère, Hermet, Manière, le Père Montagnes, Mgr Rocacher, membres titulaires, Mmes Blanc-Rouquette, Fronton-Wessel, Jimenez, Pujalte, MM. Bordes, Boudartchouk, Cranga, Garland, Manuel, Molet, membres correspondants.
Excusés : MM. Tollon, Pradalier.
Invités : Mme Gabrielle Odon, M. Christian Lacombe.

 

    Le Président ouvre la séance et dit tout le plaisir que nous avons à avoir parmi nous ce soir notre confrère Gabriel Manière. Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 3 octobre dernier, qui est adopté.

    Le Président présente les ouvrages reçus, en remerciant les donateurs :

- les volumes 34 et 35 des Cahiers de Fanjeaux, dont nous mettons les sommaires en ligne sur le site Internet de notre Société ;
- Christophe Évrard, Chapelle des Pénitents Noirs de Villefranche-de-Rouergue, Éditions Empreinte, 2000, 24 p. (don de l’auteur) ;
- Quitterie Cazes, Saint-Pierre-des-Cuisines, Toulouse : Musée Saint-Raymond, 2000 (coll. Guides archéologiques du Musée Saint-Raymond), 64 p. (don de l’auteur) ;
- Gabriel Manière, Cazères et Couladère. Le site historique et paroissial de Saint-Vincent, 36 p. (don de l’auteur).

    François Bordes présente le programme des forums qui, avec l’exposition « Cité Mémoires », s’inscrivent dans la réflexion lancée par les Archives municipales de Toulouse sur la mémoire du troisième millénaire. Il indique qu’un forum consacré à la mémoire historique se tiendra à la manufacture des Tabacs, et que tous les membres de la Société archéologique y sont chaleureusement conviés.

    Le Président signale la parution du n° 17 de la Lettre des Amis de l’Hôtel d’Assézat.

 

    La parole est à Gabriel Manière pour une communication consacrée à l’Archéologie des Petites Pyrénées (Ausseing, Roquefort, Belbèze, Cassagne). Le temple gallo-romain de Belbèze-Pédègas, publiée dans ce volume de nos Mémoires (t. LXI).

    Le Président remercie Gabriel Manière de nous avoir fait revisiter l’ensemble de ces fouilles historiques, en nous rappelant des conditions matérielles qui sont aujourd’hui un peu étonnantes. Une partie seulement a été publiée et c’est avec le plus grand plaisir que nous nous ferons un devoir de publier la seconde partie dans le prochain volume de nos Mémoires. Le Président note que c’est une chronologie un peu plus haute qui est maintenant proposée.
    Daniel Cazes remercie à son tour Gabriel Manière et, pour l’avoir visité en 1965, confirme qu’il s’agissait d’un site extraordinaire. Il dit avoir été étonné par la quantité d’autels votifs mis au jour et voudrait savoir dans quelle position ils se trouvaient. Gabriel Manière précise qu’ils ont été trouvés un peu partout sur le site, sans position particulière. Daniel Cazes remarque qu’il s’agit néanmoins d’un ensemble homogène, exceptionnel par le nombre et le fait qu’ils aient été découverts sur un même site, alors que bien souvent les autels votifs sont retrouvés en remploi et donc hors de tout contexte. Il relève que c’est aussi un exceptionnel ensemble d’objets cultuels qui a été mis au jour, avec par exemple des strigiles et peut-être une cloche. Gabriel Manière précise que la cloche a été retrouvée dans une couche datable de La Tène.
    Gabriel Manière explique ensuite comment il a été amené sur ce site, en cherchant à identifier le calcaire blanc d’un sarcophage, calcaire qui était celui des carrières de Belbèze. Louis Latour ayant fait remarquer qu’il s’agissait d’un paysage de garrigue, sans rien qui signale une occupation antique, Gabriel Manière raconte comment il a d’abord repéré des morceaux d’amphores, puis comment il a exploré tout le terrain. Daniel Cazes demande si le site a jamais été proposé au classement au titre des Monuments historiques. Gabriel Manière dit ne plus vouloir retourner sur place, tant l’état du site lui fait mal au cœur. On a emporté des pierres, tout est dégradé… Il se souvient qu’au cours des fouilles, il est arrivé que les sacs de fragments de poterie laissés sur place soient jetés par des inconnus dans la piscine. Des barbares !…
    Louis Latour rappelle que les carrières de Belbèze étaient connues dans les années 1940, mais que l’on ignorait alors qu’elles avaient été exploitées dès l’époque romaine. Gabriel Manière évoque son travail avec Gaston Astre, et Daniel Cazes confirme que le calcaire de Belbèze, très reconnaissable à l’œil, est employé dès le premier siècle avant notre ère.


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CHANTIER DES FOUILLES DE BELBÈZE (TEMPLE), visite de M. et Mme Labrousse  le 12 septembre 1965. Cliché G. Manière.

Emmanuel Garland demande ce que sont devenus les objets. Gabriel Manière dit en avoir déjà donné beaucoup à l’abbé Baccrabère, pour le musée de l’Institut catholique. Il a chez lui un petit dépôt de fouilles où tout est classé. Pour Daniel Cazes, il serait important de sauvegarder cet ensemble d'ojets de Belbèze en évitant de le disperser.
    Louis Latour demande s’il faut penser que les autels votifs retrouvés dans le temple ont été taillés sur place. Gabriel Manière rappelle qu’on y a découvert un seul autel votif en marbre, avec une inscription au dieu Gar, mais qu’il faut imaginer que les autres autels en marbre ont pu disparaître dans des fours à chaux. Pour les autels en calcaire, il n’a pas été retrouvé de déchets de taille permettant de situer un atelier sur place.

       Le Directeur fait à la Compagnie un bref compte rendu des sondages archéologiques réalisés en juin dernier à Martres-Tolosane sur le site de la villa de Chiragan.

 

SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 2000

Présents : MM. Peyrusse, Président, Coppolani, Directeur honoraire, Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-Archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Mmes Napoléone, Pradalier-Schlumberger, MM. l’abbé Baccrabère, Hermet, Manière, le Père Montagnes, MM. Nayrolles, Prin, Roquebert, Tollon, membres titulaires, Mmes Fronton-Wessel, Watin-Grandchamp, MM. Balagna, Bordes, Boudartchouk, Burroni, Cranga, Manuel, Molet, Salvan-Guillotin, membres correspondants.
Excusés : MM. Garland, Lapart, Mgr Rocacher, M. Pradalier, Mme Pujalte.

    Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 17 octobre dernier, qui est adopté.
    En complément, Louis Latour signale qu’il a reçu de Gabriel Manière une correspondance adressée à la Société, à laquelle notre confrère a joint un tirage de la photographie représentant M. et Mme Labrousse sur le site du temple de Belbèze en 1965, afin qu’elle soit publiée.

    Le Président souhaite la bienvenue à Christophe Balagna qui prend séance ce soir. Puis il rend compte de la correspondance manuscrite : des personnes ayant consulté notre site Internet nous demandent des précisions sur un article que M. le professeur Yves Bruand a consacré à Antoine Deville.

    La parole est à François Bordes pour une communication sur Le feuillet « américain » des Annales de Toulouse (1371-1372), publiée dans ce volume de nos Mémoires (t. LXI).

    Le Président remercie François Bordes de cette brillante démonstration et s’étonne qu’aucun conservateur américain n’ait étudié et publié cette enluminure depuis un demi-siècle. François Bordes confirme que la bibliographie est ancienne, ce peu d’intérêt étant peut-être dû au fait que la Pierpont Morgan Library est d’abord une bibliothèque. Le Président ayant fait remarquer que l’état de l’enluminure paraissait assez médiocre, François Bordes précise qu’une petite partie est en effet déchirée mais que sa restauration permettrait sans doute de retrouver nombre de détails.
    Le Président note que le tissu brodé sur lequel se détachent les consuls distingue cette enluminure des autres et il se demande s’il faut y voir l’exposition d’un tissu très précieux, les anges qui le tiennent n’ayant alors qu’une fonction décorative. Pour François Bordes, leur fonction peut, en effet, n’être que décorative, hypothèse qui a sa préférence, mais on ne peut exclure que leur présence ait été motivée par un événement particulier survenu pendant le mandat des consuls (il rappelle que l’enluminure est réalisée en fin d’année). On pourrait penser, par exemple, aux reliques redécouvertes à Saint-Sernin dans les années 1370-1375.
    Le Président ayant fait remarquer que le personnage éventuellement assimilable au viguier pouvait rappeler une


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image de girouette, dans l’esprit de ce qui donnera plus tard les grotesques, François Bordes convient que la représentation serait en effet peu respectueuse.
    Henri Molet s’étonne qu’aucun nom d’enlumineur n’ait été cité. François Bordes dit qu’ils ne sont pas connus, faute de comptes conservés. Seules les pièces à l’appui des comptes, sans mention de la qualité des bénéficiaires, subsistent pour les années 1371, 1372 et 1373. Henri Molet indique qu’il a trouvé mention de trois noms d’enlumineurs pour ces années et qu’il consultera ses fiches.
    Michèle Pradalier-Schlumberger remarque que ces feuillets qui réapparaissent sont des jalons précieux pour suivre l’évolution des enluminures des Annales. Ils montrent une conception tout à fait différente du décor, avec d’autres significations. Les consuls sont groupés par deux, à l’instar des apôtres, et les anges ont visiblement une connotation religieuse, peut-être en écho à un événement survenu en 1371. Le style des anges les rapproche de ceux qui ont été peints au niveau inférieur du baldaquin de Saint-Sernin, à vrai dire assez mal datés mais qu’il faudrait situer dans la seconde moitié du XIVe siècle. François Bordes souligne que l’enquête doit être en effet poursuivie dans le domaine des comparaisons stylistiques.
    Guy Ahlsell de Toulza demande quel est aujourd’hui l’état de la collection et il évoque le feuillet du Musée des Augustins depuis longtemps signalé comme étant en restauration. François Bordes indique qu’il a procédé au récolement de l’ensemble des enluminures et qu’il a pu vérifier que ce feuillet, très abîmé, était en effet en restauration. Guy Ahlsell de Toulza se souvient pourtant d’une photographie le montrant dans un assez bon état. François Bordes explique que tous les feuillets conservés du premier livre sont aujourd’hui aux Archives municipales, à l’exception d’un seul qui est resté au Musée des Augustins parce qu’il s’agit d’un dépôt du Musée du Louvre. Parmi les feuillets retrouvés, un certain nombre ont été restaurés et réintégrés à leur place dans les registres. Ceux qui étaient encadrés le sont toujours, et un feuillet a subi une dégradation.
    Dominique Watin-Grandchamp demande si l’on peut espérer qu’elles seront un jour regroupées. François Bordes le souhaite, considérant que ces enluminures prennent leur véritable sens en retrouvant la place qui était la leur, avec les textes qui les accompagnaient.
    Pour Guy Ahlsell de Toulza, il faudrait prévoir une publication exhaustive poursuivant l’édition donnée par Christian Cau. François Bordes dit que le projet en est lancé, plus ambitieux puisqu’il est prévu de publier non seulement les enluminures mais aussi les textes pour aboutir à une édition véritablement exhaustive des Annales. Une équipe sera prochainement chargée des transcriptions qui seront accompagnées d’un appareil critique. Il se consacre pour sa part à la reconstitution virtuelle du premier livre. François Bordes ajoute quelques précisions sur les difficultés techniques que présente la numérisation des feuillets.
    Guy Ahlsell de Toulza demande si des progrès ont été accomplis dans l’identification des armoiries des Annales. François Bordes répond que ce n’est pas encore le cas, mais il est sûr qu’un travail effectué sur des clichés numériques permettrait de réelles avancées.

    Au titre des questions diverses, Robert Manuel communique à la Compagnie la liste des objets conservés dans l’église Saint-Michel à Cordes qui ont été protégés au titre des Monuments historiques par arrêté du 4 septembre 2000 :

- 1130. Statue, Vierge à l’Enfant, bois, grandeur nature, XVIIIe siècle ;
- 1131. Tableau, Vierge à l’Enfant, par C. Roques. Il s’agit en fait du tableau Vierge à l’Enfant au ciel acheté 1000 F. en 1843 par l’abbé Séré de Rivière, alors curé de Cordes, à Joseph Roques. La toile porte l’inscription peinte « Cher Jph Roques » – soit : Chevalier (de la Légion d’Honneur) Joseph Roques , « peint âgé de 86 ans - 1843 ». Il a été demandé au préfet du Tarn de lever l’ambiguïté introduite dans l’attribution du tableau ;
- 1132. Ornements liturgiques : chasuble, voile du calice, manipule, bourse, chape, en tissu fleuri (1780-1820) ;
- 1133. Boîte aux Saintes huiles, par Jean II Bos, potier d’étain à Albi ;
- 1134. Buste reliquaire de saint Clément, bois doré.

    Notre confrère souligne que l’action conjuguée de la municipalité de Cordes et de la Société des Amis du Vieux Cordes n’est pas étrangère à cette décision qui, bien que tardive, répare un oubli manifeste. Les ouvrages comme le catalogue d’exposition L’âge d’or de la sculpture. Artistes toulousains au XVIIe siècle, ou Soiries en sacristie par Christine Aribaud, ne sont pas étrangers, non plus, à l’intérêt porté récemment par les pouvoirs publics au patrimoine de l’église Saint-Michel de Cordes.
    Le Président remercie Robert Manuel de cette information.

Maurice Scellès et Dominique Watin-Grandchamp présentent « l’hostellerie du Lion d’or » à Graulhet (Tarn) :

    « Le bâtiment est situé sur un élargissement de la grand-rue médiévale qui forme l’actuelle place André-Bru, face à l’église reconstruite au XIXe siècle, et à l’angle de la rue du Chevalier-de-la-Barre. Il se signale dès l’abord par


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GRAULHET (TARN), « HOSTELLERIE DU LION D'OR », façade sur la rue.
Cliché D. Watin-Granchamp.

GRAULHET (TARN), « HOSTELLERIE DU LION D'OR », galeries sur la cour..
Cliché D. Watin-Granchamp.

ses dimensions et ses façades à deux niveaux en pan-de-bois sur un rez-de-chaussée maçonné. Côté place, le rez-de-chaussée a été remanié au XIXe siècle : entre deux baies de boutique, la porte est décorée d’une clef figurant un lion assis qui fait allusion à l’appellation traditionnelle du bâtiment. Sur la petite rue latérale, le rez-de-chaussée est entièrement en pierre de taille : un piédroit et le départ de l’arc permettent de restituer une porte couverte par un arc segmentaire.
    Aux étages, les façades paraissent n’avoir été que peu remaniées. Le pan-de-bois est à grandes croix de Saint-André, les fenêtres conservent leurs appuis moulurés et certaines leurs croisées, avec des formes (appuis traités en biais sur les angles, chanfreins à congés en cuillère) qui sont plutôt en faveur d’une construction antérieure à l’époque moderne.

    La partie la plus spectaculaire, et aussi la plus intéressante pour l’étude de la distribution de l’édifice, est la cour qui a entièrement conservé ses deux niveaux de galerie. On y pénètre par un corridor qui sépare les deux boutiques, en franchissant une porte dont le linteau en bois est animé d’une accolade. 
    Le rez-de-chaussée est le niveau qui a été le plus remanié, et seule une étude très précise pourrait permettre d’en reconnaître les dispositions d’origine. Parmi les différents espaces qui entourent la cour, il faut en particulier remarquer la grande salle, munie d’une cheminée placée à l’angle sud-est : si l’hypothèse d’une auberge était vérifiée, il pourrait s’agir de la salle à manger. Il faut encore signaler plusieurs murs en pierre de taille, visibles au rez-de-chaussée et au sous-sol, qui pourraient avoir appartenu à des constructions antérieures au bâtiment actuel. Outre les gros poteaux de bois, chanfreinés avec des congés en cuillère, qui soutiennent les planchers, on notera au sous-sol le garde-manger ancien qui subsiste.
    L’escalier, qui est sans doute à son emplacement d’origine, à l’angle nord-est de la cour, a cependant été entièrement refait à l’époque moderne. Il donne accès aux deux galeries des étages et aux pièces en enfilade situées sur le côté nord de l’édifice. On trouve à chaque étage deux pièces sur la grand-rue, et une série de petites pièces, parfois seulement éclairées en second jour, desservies par la galerie qu’une petite porte (les linteaux à accolade sont conservés) isole de la partie avant de l’édifice. Certaines de ces pièces ont été équipées de cheminées à partir du XVIIe siècle, et quelques cloisons ont été modifiées ou ajoutées. L’enlèvement récent des


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enduits montre cependant que l’essentiel des dispositions d’origine est conservé et que la plus grande partie du détail des agencements pourrait être restituée, à condition de s’appuyer sur une analyse fine des structures et des bois. La même analyse devrait être appliquée à la charpente, dont certaines parties paraissent anciennes, pour permettre d’en connaître les dispositions d’origine.

    En attendant les résultats de l’étude de dendrochronologie qui a été commandée, les seuls indices de datation sont les chanfreins à congés en cuillère, que l’on rencontre partout dans l’édifice, et le décor en accolade des linteaux des portes. Sur ces seuls critères stylistiques, l’édifice peut être daté du XVe siècle, au plus tard du début du XVIe.
    Si sa date et son bon état de conservation en font déjà un édifice remarquable, son aspect le plus intéressant réside sans doute dans un programme qui paraît sensiblement différent de celui d’une maison bourgeoise. Après avoir identifié ses propriétaires depuis 1575 grâce à l’étude des cadastres, André Rodier émettait l’hypothèse que la demeure ait pu être à l’origine une hôtellerie. C’est cette hypothèse qu’il faut peut-être reprendre en la confrontant à une étude minutieuse des dispositions d’origine. »

    Après avoir remercié les orateurs, le Président s’inquiète du devenir de l’édifice. Dominique Watin-Grandchamp indique qu’il a été récemment acheté par la Ville de Graulhet pour en faire la Maison du patrimoine, ce qui devrait en particulier permettre de récupérer et de présenter une collection aujourd’hui dispersée.
    Le Président et Bruno Tollon s’interrogent sur la réalité d’un « modèle » de la maison bourgeoise. En outre, une auberge ou une hôtellerie répond-elle à un schéma particulier, ou bien faut-il imaginer des solutions très variées ? Pour Maurice Scellès, il faut au moins s’attendre à un programme spécifique, qui doit compter une écurie, peut-être des espaces de stockage, une salle commune et des chambres nombreuses.
    Jean Nayrolles ayant demandé si les documents faisaient mention d’une hôtellerie au XVe siècle, Dominique Watin-Grandchamp précise que l’appellation semble relever d’une simple tradition locale qu’il faudrait pouvoir vérifier.
    Henri Molet demande des compléments sur l’analyse des documents cadastraux, puis convient avec Dominique Watin-Grandchamp que la reprise de l’étude serait nécessaire.
    La Compagnie s’accorde à considérer qu’il s’agit d’un édifice exceptionnel qui mérite d’être traité comme tel.

 

SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 2000

Présents : MM. Peyrusse, Président, Cazes, Directeur, Coppolani, Directeur honoraire, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-Archiviste, Ahlsell de Toulza, Trésorier ; l’abbé Baccrabère, M. Gilles, membres titulaires ; MM. Bordes, Boudartchouk, Manuel, Geneviève, membres correspondants.
Excusés : Mmes Napoléone, Pousthomis, le Père Montagnes, MM. Garland, Morvillez.
Invitée : Mlle Rieg.

    Le Président ouvre la séance et présente à la Compagnie Mlle Rieg, qui assume la fonction de bibliothécaire de l’Union des Académies et des Sociétés savantes de l’Hôtel d’Assézat.
    La parole est au Secrétaire général pour la lecture du procès-verbal de la séance du 7 novembre, qui est adopté.

    Louis Peyrusse présente deux ouvrages offerts par Daniel Cazes et Vincent Geneviève au nom du Musée Saint-Raymond :

– le catalogue de l’exposition Riches comme Crésus ? Toulouse, 1000 ans de monnaies, Toulouse, Musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse, 2000 ;
– Vincent Geneviève, Monnaies et circulation monétaire à Toulouse sous l’Empire romain (Ier-Ve siècle), Toulouse, Musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse, 2000.

    Le Président annonce pour le 9 janvier 2001 une visite de l’exposition susdite, inaugurée le 18 novembre. Après avoir remercié les donateurs, il demande à Vincent Geneviève de présenter le volume dont il est l’auteur. Ce travail, consacré aux monnaies découvertes en fouille à Toulouse depuis une trentaine d’années, comprend le catalogue détaillé de 1726 monnaies qui s’échelonnent du IIe siècle avant notre ère au Ve siècle après, ainsi qu’une synthèse mettant en évidence la position de Tolosa dans les échanges, notamment la prépondérance de ses relations avec le monde méditerranéen.


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    Le Secrétaire général donne quelques informations brèves :

– le tome LX (2000) des Mémoires est en phase de fabrication, ce qui laisse prévoir sa parution pour le début de janvier 2001 ;
– le site Internet de l’ensemble des Académies et des Sociétés savantes de l’Hôtel d’Assézat change d’adresse : « http://www.pyrenet.fr./savants » devient « http://www.societes-savantes-toulouse.asso.fr » ; renvoi sera fait pendant un an de l’ancienne adresse à la nouvelle. Ce changement fait suite à l’acquisition d’un « nom de domaine », dont la propriété procure un avantage en termes d’indépendance vis-à-vis du serveur et paraît ainsi de nature à favoriser la pérennité de l’adresse dans le réseau mondial.

    Le Président annonce de nouveaux projets de communication proposés par le professeur Henri Gilles, concernant le chantier du pont de la Daurade au XVe siècle, et de Frédéric Veyssière, à propos d’une petite figure de Bacchus découverte à la villa d’Arnesp, à Valentine, d’une part, à propos des fouilles menées rue de l’Écharpe pour l’extension de la Fondation Bemberg, d’autre part.

    La parole est ensuite à l’abbé Georges Baccrabère pour la communication du jour relative à La céramique du XVIIe siècle dans la Grande-Rue Saint-Michel à Toulouse, publiée dans ce volume de nos Mémoires (t. LXI).

    Le Président remercie l’abbé Baccrabère, dont il admire le patient travail de collecte et d’étude : les révélations en série qui en résultent lui semblent être le fait d’une « sorte de magicien ». Louis Peyrusse s’étant enquis des circonstances de la découverte, Georges Baccrabère dit que celle-ci a été fortuite : la fosse du XVIIe siècle fut mise au jour en 1991 lors de travaux de terrassement pratiqués à l’intérieur des parcelles ; Gérard Villeval et lui-même purent recueillir le matériel que contenait cette fosse pendant la pause-repas des ouvriers. L’abbé Baccrabère se déclare touché par l’épithète de « magicien ». Il se souvient qu’à la fin des années 1970, Michel Labrousse, directeur de la Circonscription des Antiquités historiques de Midi-Pyrénées, l’avait désigné pour s’occuper des vestiges médiévaux qui apparaissaient dans les travaux du nouveau quartier Saint-Georges. Il recueillit alors quantité de vestiges, qui allaient jusqu’au XVIIe siècle. Ayant depuis publié presque toutes ces découvertes, il ajoute de temps en temps quelques nouveaux sites.
    Le Président ayant demandé des précisions sur l’ouvrage consacré à la poterie toulousaine dont la parution a été annoncée pour le début de 2001, l’abbé Baccrabère répond qu’il s’agit d’une synthèse qui comprendra les articles qu’il a déjà publiés sur le sujet, plus trois ou quatre études nouvelles, le tout formant un volume d’environ 300 pages, abondamment illustré de croquis et de photographies.

    Georges Baccrabère ayant au cours de sa communication posé la question de la date de deux statuettes en céramique moulée, qui lui sembleraient légèrement antérieures à la fosse, Louis Peyrusse dit que la statuaire peut paraître plus archaïque que la vaisselle. Ces deux pièces, peut-être destinées à être accrochées à un mur (bénitiers ?), avaient une durée de vie supérieure aux ustensiles en céramique d’utilisation quotidienne. La figurine de la Vierge à l’Enfant paraît logiquement du XVIIe siècle, à en juger par le mouvement de son manteau. Celle de la Pietà peut sembler plus ancienne, en raison du caractère anguleux de ses formes, inspirées de l’imago pietatis du XVe siècle. Ces objets sont intéressants par ce qu’ils nous révèlent de la piété populaire. Une discussion s’engage ensuite entre Maurice Scellès, Daniel Cazes et Louis Peyrusse à propos de la stabilité, de la suspension et de l’emplacement originel de ces statuettes, qui semblent davantage faites pour être accrochées que posées. Pour Guy Ahlsell de Toulza, ces moulages issus de moules « bivalves » sont à rapprocher des figurines plus modernes destinées à être placées dans des niches, dans de petits oratoires domestiques. François Bordes se demande si de tels éléments mobiliers sont mentionnés dans les inventaires après décès, et Maurice Scellès s’ils apparaissent sur les peintures représentant des intérieurs du XVIIe siècle. Daniel Cazes fait remarquer les traces de l’engobe blanc qui recouvrait ces céramiques et il émet l’hypothèse d’un apprêt pour une polychromie qui aurait disparu.
    Louis Peyrusse insiste encore sur l’intérêt de ces deux statuettes. Louis Latour ayant fait observer que seuls certains fragments de réchauds portent des traces de feu, Georges Baccrabère explique que ceux-ci n’étaient pas toujours garnis avec des braises et qu’ils pouvaient être parfois remplis avec de l’eau chaude ; il ajoute qu’il a recueilli dix-neuf objets de ce type, des XVIe-XVIIe siècles, et qu’il pense écrire un article sur le sujet.
    Vincent Geneviève signale qu’un très abondant mobilier céramique de même époque et présentant les mêmes types a été découvert sur le site d’une pastellerie fouillé par Sébastien Poignant en novembre 1999, dans la commune de Montesquieu-Lauragais (Le Fort-La Monière), sur le tracé de la future autoroute A 66.


M.S.A.M.F., t. LXI, p. 215

    Le Président donne la parole à Jean-Luc Boudartchouk pour une communication brève sur les découvertes faites récemment à Vieille-Toulouse :

    « Vieille-Toulouse, parcelles "Au Village" : découverte d’un fossé défensif et d’un puits à amphores

    La fouille d’évaluation archéologique (AFAN) au lieu-dit cadastral "Au Village" sur la commune de Vieille-Toulouse, réalisée au début de l’année 2000, s’inscrivait dans le cadre d’un projet immobilier. La parcelle "Au Village" est sise en périphérie du site de la fin du deuxième Âge du Fer, dont l’emprise est maintenant connue après les fouilles extensives de 1969 à 1981.
    Cette parcelle, propriété de M. Rivals que nous remercions ici, était recouverte d’une importante couverture végétale empêchant toute prospection au sol. Les sondages d’évaluation ont permis de mettre au jour un "puits à amphores" mais aussi et surtout un grand fossé.

    Un "puits à amphores"

    Le puits est apparu au pied d’une rupture de pente, sur un petit replat dominé par un coteau très raide. Le comblement supérieur était matérialisé par une concentration d’amphores italiques décolletées plus ou moins fragmentés (3x3 m environ). Ces amphores ou fragments d’amphores ont été jetées dans le creusement en même temps que le sédiment limono-sableux – vraisemblablement issu de la couche géologique située sous le limon stérile, rencontrée dans d’autres sondages –, dans un souci d’obturer le départ du creusement. Les amphores forment un ensemble homogène, datable du premier quart du premier siècle avant notre ère.
    Ce puits, apparemment isolé, est l'une des rares structures de ce type à avoir été mises en évidence dans la partie basse de ce versant. Ses caractéristiques sont représentatives des puits de Vieille-Toulouse : creusement "en entonnoir" de section carrée, cotés alignés sur les points cardinaux, comblement superficiel d'amphores décolletées...

    Un fossé défensif

    Un grand fossé a été recoupé par quatre tranchées, au pied du coteau. Plus ou moins perpendiculaire au sens de la pente, il apparaît parallèle à l’axe du grand talus qui marque la limite nord de la parcelle "Au Village".
    Cette structure en creux inattendue constitue à notre avis une découverte majeure, même si les données sont très lacunaires en l'absence d'une fouille. Il s'agit d'un fossé à bords évasés et peut-être à fond plat, large d'au moins 7,5 m pour une profondeur supérieure à 3 m. Situé en pied de coteau, il paraît parallèle à la rupture de pente du talus actuel situé une dizaine de mètres plus au nord. Au vu de sa taille comme de sa position à un point particulièrement stratégique du coteau, il ne peut guère s'agir que d'un dispositif défensif. Ce fossé a fait l'objet ultérieurement d'un comblement rapide à l'aide d'un sédiment hétérogène incluant ponctuellement des amphores décolletées.
    Ce fossé est ponctuellement oblitéré par une aire de circulation, rencontrée dans une seule tranchée sur une longueur de 6,5 m. Sa largeur reconnue est de 5 m au minimum. Il s'agit d'un niveau très compact de galets, calibrés et disposés en radier sur un seul niveau, mêlés à des éclats de marne et de sable dur. Les amphores découvertes dans le comblement du fossé, scellées par le niveau de circulaton, forment un ensemble homogène datable du dernier quart du deuxième siècle avant notre ère.
    Le fossé pourrait être l’un des éléments d’un système de fortifications protégeant l’agglomération pré-romaine de Vieille-Toulouse dont pourrait également faire partie l'énorme talus, traditionnellement appelé "tumulus" ou "castellum", qui couronne le point culminant de Vieille-Toulouse (271 m) et surplombe la parcelle "Au Village". Ce talus, aujourd’hui réduit à une butte ovale prolongée par le parcellaire, devait à l'origine barrer la racine du plateau de La Planho. Un fossé existait peut-être à la base du talus du "castellum" : dans un sondage situé immédiatement sous la R.D. 95, à l’endroit où celle-ci a recoupé les terrassements défensifs du plateau, est apparu à une profondeur de 2,6 m un horizon similaire au comblement du fossé reconnu en contrebas.

    Les éléments recueillis lors des sondages, dans des conditions parfois difficiles, sont bien sûr très lacunaires et leur interprétation ne peut être que partielle et limitée. Néanmoins, la présence d’un grand fossé du IIe siècle avant notre ère comblé vers -130/-100 nous paraît être un élément nouveau pour (re)situer la capitale des Tolosates à Vieille-Toulouse, comme l’on s’en souvenait encore au Moyen Âge.

Jean-Luc Boudartchouk,
avec la collaboration de Philippe Gardes et Laurent Llech »


M.S.A.M.F., t. LXI, p. 216

    Louis Peyrusse remercie Jean-Luc Bourdartchouk pour ces informations, qui montrent combien le site très riche de Vieille-Toulouse est peu exploité par la recherche archéologique. Vincent Geneviève s’enquiert de la distance entre le fossé et la levée de terre située en contrehaut. Jean-Luc Bourdartchouk répond qu’elle est de l’ordre de 100 à 150 mètres. Il précise que la levée de terre, prise à la fin du siècle dernier pour une motte féodale, est aujourd’hui considéré par les spécialistes comme un talus protohistorique. Il ajoute qu’il existe la possibilité d’un premier fossé de pied de talus, complémentaire de celui découvert à flanc de coteau. Daniel Cazes relève l’extrême importance de cette découverte, qui renouvelle la problématique du site de Vieille Toulouse ; il signale que dans son ouvrage sur les Monumens religieux des Volces-Tectosages..., publié en 1814, Alexandre Du Mège parlait d’une levée de terre et d’un grand fossé. Maurice Scellès se demandant s’il faut souhaiter qu’il y ait des projets immobiliers pour que la recherche archéologique progresse à Vieille-Toulouse, Daniel Cazes rappelle que le fanum tout proche découvert en 1972 au lieudit « Baulaguet » a été remplacé par un lotissement, ce qui est aujourd’hui parmi les spécialistes un sujet de grande consternation. Jean-Luc Bourdartchouk précise que le flanc oriental de la butte ne fait pas partie de la zone protégée du site ; il estime qu’il faudra prévoir une fouille importante sur la seconde parcelle.

    Au titre des questions diverses, une affaire bien inquiétante est signalée à la Compagnie : il semble en effet que l’on soit en train de démolir une tour du rempart romain. Cette tour, comprise dans un immeuble correspondant au n° 17 des allées François-Verdier et au n° 18 de la rue Sainte-Anne, est connue, comme la tour des Hauts-Murats, pour avoir conservé intacte sa salle basse voûtée. Le Service régional de l’Archéologie a été alerté. Sur place, il est impossible de voir quoi que ce soit : des palissades dissimulent le chantier aux regards du public. On propose que soit adressé au Directeur régional des Affaires culturelles un courrier portant demande d’information. Daniel Cazes évoque le problème, souvent abordé dans nos séances au cours de ces dernières années et de plus en plus aigu, du classement d’ensemble de l’enceinte romaine de Toulouse. Maurice Scellès note que ce qui paraît faire obstacle à une telle mesure est la complexité de la procédure administrative, vu la nécessité d’instruire un dossier et de prendre un arrêté de classement pour chaque propriétaire ; sans doute serait-il préférable de recourir à des dispositions ponctuelles et successives de protection pour des parcelles particulières, chaque fois qu’il apparaît que des vestiges du rempart sont menacés. Daniel Cazes revient sur l’importance archéologique du site de la rue Sainte-Anne, tant pour l’Antiquité que pour le Moyen Âge. Des sondages d’évaluation menés en 1992 sous la direction de Mme Marie-Geneviève Colin, alors Conservateur du Service régional de l’Archéologie, en collaboration avec Quitterie Cazes, et la thèse de cette dernière, Le Quartier canonial de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse, publiée en 1998, en ont récemment montré tout l’intérêt.

    La parole est à Louis Latour, qui soumet à l’examen de la Compagnie le relevé d’une inscription qui se voit sous une peinture murale dans l’église d’Ercé (Ariège), relevé qui lui a été communiqué par Mme Françoise Piquemal, restauratrice. Il dit ensuite avoir reçu de M. Bertrand Carton une proposition relative à la communication d’une collection de photographies concernant Bertrand Sapène.

 

SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 2000

Présents : MM. Peyrusse, Président, Cazes, Directeur, Coppolani, Directeur honoraire, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-Archiviste, Ahlsell de Toulza, Trésorier ; l’abbé Baccrabère, MM. Hermet, Tollon, membres titulaires ; Mmes Blanc-Rouquette, Fraïsse, Jimenez, Napoléone, Pujalte, Sartre, Watin-Grandchamp, MM. Balagna, Bordes, Burroni, Mange, Testard, membres correspondants.
Excusé : M. Geneviève.

    Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance précédente, qui est adopté.
    Le Président rend compte de la correspondance manuscrite, puis il présente à la Compagnie un fort volume offert par Chantal Fraïsse : Moissac et la Révolution, [Moissac, 2000], 600 pages environ. Sur sa demande, l’auteur présente cet inventaire analytique des archives municipales de Moissac pour la période révolutionnaire, un fonds très riche (séries consulaires, délibérations municipales, registres de la Société populaire…) qui permet des éclairages croisés sur les institutions politiques, la société civile, la vie quotidienne d’une petite commune prise dans des événements qui la dépassent. Louis Peyrusse remercie Mme Fraïsse et, reprenant une formule d’Erwin Panofski, déclare que cet ouvrage est « une de ces locomotives sans lesquelles les chercheurs vont à pied ».


M.S.A.M.F., t. LXI, p. 217

   Des informations sont données concernant le chantier récemment ouvert au 18, rue Sainte-Anne, dont il a été question dans la séance du 21 novembre. Le projet en cours de réalisation, doté de tous les permis légaux de démolir et de construire, prévoit l’édification d’un immeuble de 28 logements. Le Service régional de l’Archéologie est intervenu sur le site en procédant à un sondage complémentaire. Les substructions de l’ancienne église Saint-Jacques et sa crypte ont été de nouveau mises au jour ; le recours à des fondations sur micro-pieux pour les nouveaux bâtiments est censé éviter la destruction de ces vestiges. La tour de l’enceinte romaine, conservée sur une grande partie de son élévation, demeurera englobée dans des constructions. Quant à l’église des dominicaines élevée au XIXe siècle sur les plans de l’architecte Henri Bach, elle est déjà en grande partie détruite. Il faut donc déplorer que la chronique du vandalisme à Toulouse s’enrichisse d’un nouvel épisode.

    Le Président donne la parole à Fabienne Sartre pour la communication du jour, consacrée à La sculpture à Toulouse dans la première moitié du XVIIIe siècle, publiée dans ce volume de nos Mémoires (t. LXI).

    Le Président remercie Fabienne Sartre et la félicite pour son exposé très intéressant, qui réinsère un grand artiste, Marc Arcis († 1739), dans le contexte de son temps. Il constate que la décennie 1750 représente manifestement pour la sculpture à Toulouse une époque-charnière, et Mme Sartre confirme que la disparition des disciples de Marc Arcis a constitué une rupture.
    Louis Peyrusse note l’extrême médiocrité du milieu toulousain avant la création de l’Académie royale de peinture et de sculpture, en 1750, et demande si l’on connaît ailleurs une semblable situation. Fabienne Sartre répond qu’il lui semble en avoir été autrement en Provence, mais qu’en général – c’est-à-dire sauf commanditaire exceptionnel – les sculpteurs du roi établis en province ont bénéficié de bien peu de commandes. Cela peut s’expliquer par des problèmes de financement inhérents à un contexte économique difficile. Même s’il faut reconnaître que l’on ne sait pas grand-chose des commandes privées, la période antérieure au milieu du XVIIIe siècle ne paraît guère offrir de conditions favorables au développement de la sculpture. Sans doute la création des Académies royales a-t-elle quelque peu amélioré la situation.
    Louis Peyrusse se dit frappé par la permanence de la terre cuite dans la sculpture toulousaine de la première moitié du XVIIIe siècle ; il demande si l’on a des informations sur les techniques de moulage, les modes de cuisson. Mme Sartre dit n’avoir rien trouvé de tel dans les archives ; elle suggère à ce propos l’intérêt qu’aurait une étude scientifique des techniques, notamment des enduits dont les figures en terre cuite étaient revêtues. Concernant Marc Arcis, il lui semble probable qu’ayant repris l’atelier de son beau-père Gervais Drouet, il a utilisé ses équipements ainsi que ses méthodes.
    Louis Peyrusse relève la ressemblance existant entre l’autoportrait sculpté de Marc Arcis et l’autoportrait gravé d’Antoine Rivalz. Fabienne Sartre dit que Rivalz semble s’être inspiré de l’œuvre d’Arcis, qui a lui-même pris modèle sur un portrait dû à Antoine Coysevox.

    Daniel Cazes aborde les problèmes posés par l’emploi des marbres pyrénéens à l’époque moderne. Concernant la sculpture sur marbre, Mme Sartre cite le cas du monument du maréchal d’Ambre, à Lavaur, réalisé en marbre des Pyrénées, ainsi que celui des statues du retable du maître autel de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse. Après avoir signalé que des problèmes d’approvisionnement en marbre sont évoqués dans les actes relatifs aux travaux de sculpture réalisés au château de Pau, pour lesquels il ne se trouvait pas de blocs assez importants, elle mentionne un rapport de Marc Arcis mettant en évidence les difficultés rencontrées dans l’exploitation des marbres pyrénéens.

    Bruno Tollon déclare s’associer aux félicitations décernées par Louis Peyrusse à Fabienne Sartre pour sa thèse, qui constitue un apport majeur à la connaissance de Marc Arcis et qui mérite publication ; il procède ensuite à une série de remarques de détail : au sujet des litiges entre menuisiers et sculpteurs, il rappelle que ceux-ci n’avaient pas de statut, la sculpture étant un « art libéral », et que leurs « empiétements » représentaient une menace pour la corporation des charpentiers ; s’agissant de la sculpture en terre cuite, il note qu’elle existait avant Gervais Drouet et Marc Arcis, notamment avec la dynastie de Gaillard Bor, et il se réfère aux statuettes du dix-septième siècle présentées par Georges Baccrabère lors de la séance précédente ; quant aux matériaux mis en œuvre, il remarque leur diversité (bois, terre cuite, stuc, marbre) ainsi que la polyvalence des sculpteurs ; concernant l’emploi du marbre, il fait observer que si le Carrare est apparu dans la région de Toulouse à partir de l’achèvement du canal de Languedoc, des importations avaient eu lieu antérieurement ; pour finir, il fait remarquer la lésine de la Ville, qui marchandait les devis ainsi que les paiements.
    Mme Sartre répond que si Marc Arcis a été contraint de multiplier les démarches pour se faire payer des sommes dérisoires, les marchandages n’ont jamais porté que sur les devis. Puis elle rappelle que lorsque l’expression d’« art


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TOULOUSE, RUE SAINTE-ANNE, maison des Filles de la croix de Saint-André,
chapelle construite par Henri Bach vers 1859 : élévation sur la cour. Cliché Martine Rieg.

TOULOUSE, RUE SAINTE-ANNE, maison des Filles de la croix de Saint-André, chapelle  : élévation sur la rue.
Cliché Martine Rieg.

TOULOUSE, RUE SAINTE-ANNE, maison des Filles de la croix de Saint-André, chapelle  : vue de la nef en direction de l'abside.
Cliché Martine Rieg.


M.S.A.M.F., t. LXI, p. 219

libéral » a été utilisée pour qualifier la sculpture, c’était au début du XVIIe siècle, en 1626, dans le procès qui opposait Arthus Legoust aux menuisiers, et que l’on s’est par la suite écarté d’une telle conception. Elle ajoute enfin qu’aux environs de 1700 l’acharnement procédurier des menuisiers contre les sculpteurs peut s’expliquer par une conjoncture économique difficile.
    Bruno Tollon intervient à nouveau pour préciser que la sculpture est en dormance dans une ville de province s’il n’y a pas de grand chantier ; en s’établissant à Toulouse et en y faisant carrière, Marc Arcis, pourtant artiste d’envergure appelé à travailler à Versailles, a sans doute manqué d’ambition.

    Daniel Cazes revient sur les problèmes relatifs à l’utilisation des marbres des Pyrénées : il lui paraît nécessaire de réviser une opinion commune, selon laquelle les carrières pyrénéennes n’auraient pu livrer des pièces de dimensions suffisantes pour réaliser des œuvres de grande taille ; les vestiges de l’architecture et des sculptures monumentales de l’Antiquité contredisent cette assertion. M. Cazes met en avant les difficultés techniques et économiques de l’extraction et du transport des blocs, soulignées au XIXe siècle lorsque l’on voulut à nouveau exploiter les carrières pyrénéennes. Fabienne Sartre abonde en ce sens et cite une nouvelle fois le rapport établi par Marc Arcis, où il apparaît que les savoir-faire anciens étaient tombés dans l’oubli.

 

    Le Président donne la parole au Secrétaire général pour un rappel intéressant l’édition des Mémoires. Maurice Scellès signale ensuite une étude consacrée au site Internet de notre Société : Patrick Fraysse, « Une société savante s’affiche sur le Net : Mémoires de la Société archéologique du Midi », dans Translations culturelles : autour des revues archéologiques, Actes du séminaire 1998-1999, volume 6, LERASS-Information et communication entre chercheurs, Université de Toulouse 3. IUT, 1999, p. 21-33.
    Puis la Compagnie entend une information relative au site de l’ancien Hôpital Saint-Jacques de Castres, à l’emplacement duquel un parc de stationnement doit être aménagé. Les démolitions projetées menacent les vestiges de la chapelle de l’Hôpital, qui paraissent conservés dans l’îlot et qui remontent probablement au XIIIe siècle. L’opération a motivé une intervention au titre des Monuments historiques, mais on peut craindre que celle-ci n’ait guère d’effet : par suite de la décentralisation, l’avis de l’État a de moins en moins d’incidence sur les décisions des collectivités locales. À cet égard, un membre constate que l’autorité préfectorale s’abstient généralement de s’opposer aux projets des municipalités.

 

SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 2000

Présents : MM. Cazes, Directeur, Coppolani, Directeur honoraire, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-Archiviste, ; Mme Merlet-Bagnéris, Napoléone, M. l’abbé Baccrabère, le Père Montagnes, M. Pradalier, Mgr Rocacher, membres titulaires ; Mmes Andrieu-Hautreux, Fronton-Wessel, MM. Bordes, Boudartchouk, Cranga, Molet, Testard, Veyssière, membres correspondants.
Excusés : MM. Peyrusse, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Mme Fraïsse, MM. Garland, Geneviève, Lapart.
Invités : Mlles Stéphanie Dumay, Aurélie Lajaunie, Sarah Rey, MM. Laurent Claeys, Marc Comelongue, Forichon.

    Le Directeur ouvre la séance et demande à la Compagnie d’excuser l’absence du Président, en voyage d’étude à Bordeaux. Il se félicite que nous soyons néanmoins nombreux pour cette séance historique, la dernière du millénaire.

    Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, qui est adopté. Le Directeur remercie Patrice Cabau de ce compte rendu très complet.
    Intervenant à propos du site de l’église Saint-Jacques, au n° 18 de la rue Sainte-Anne, Mgr Rocacher précise que la maison des Filles de la croix de Saint-André était abandonnée depuis huit ans et dit avoir vu un bulldozer décaisser le sol en profondeur et à grande vitesse. Le Directeur rappelle que la question a été évoquée à deux reprises au cours des dernières séances et indique qu’il a eu, entre-temps, l’assurance que le Service régional de l’archéologie avait le contrôle du chantier : des sondages complémentaires sont programmés et le rempart serait conservé. Notre Société s’est inquiétée du sort de la crypte de l’église Saint-Jacques : les fondations des nouvelles constructions seront réalisées sur micro-pieux afin de la sauvegarder.
    Le Secrétaire général intervient en rappelant que notre Société a déjà eu à examiner en séance cette technique prétendue non destructrice (M.S.A.M.F., t. LVI, p. 306) : il était apparu que l’emprise des forages nécessaires et la distance entre les micro-pieux équivalaient de fait à une quasi-destruction, en particulier sur des vestiges bâtis. Plusieurs membres remarquent que tout est parfait d’un point de vue légal et que nous sommes tout à fait impuissants


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devant le fait accompli. Il manque en réalité une volonté affichée de conserver les vestiges archéologiques, ce qui, dans ce cas, aurait impliqué l’achat des parcelles concernées. Il faut bien constater que l’opinion publique toulousaine reste indifférente à cette question et que notre tâche doit être de poursuivre nos efforts pour tenter de la sensibiliser à la conservation du passé de la ville.

    Le Directeur présente à la Compagnie le beau volume offert pour notre bibliothèque par Henri Pradalier : Sylvie Augé, Nelly Pousthomis, Michèle Pradalier-Schlumberger, Henri Pradalier, Saint-Bertrand-de-Comminges, le chœur Renaissance. Saint-Just de Valcabrère, l’église romane, Graulhet : Éd. Odyssée, 2000, 287 p. Ce volume s’inscrit dans une série qui nous a déjà émerveillés avec les peintures de la cathédrale d’Albi et qui se signale par la très grande qualité des photographies de Michel Escourbiac et le soin qu’il apporte à l’édition.

    La parole est alors à Jean-Luc Boudartchouk pour la communication du jour : La Daurade wisigothique. Autour d’un fragment d’inscription en mosaïque partiellement inédit, publiée dans ce volume de nos Mémoires (t. LXI).

    Le Directeur remercie Jean-Luc Boudartchouk de cette nouvelle présentation d’un sujet auquel tant d’auteurs se sont depuis si longtemps intéressés. À défaut de tirer des conclusions définitives, il faut noter que les rapprochements avec les temps wisigothiques de Toulouse sont troublants : la confrontation d’Almachius et de Théodoric, le premier ou le second, serait rappelée dans un édifice qui se trouvait en effet dans le quartier wisigoth de Toulouse, quartier dont la structuration serait très comparable à celle du quartier des Ariens à Ravenne. Des fouilles archéologiques sur l’ensemble du site seraient nécessaires, mais il est clair que l’on a progressé depuis une dizaine d’années.
    Mgr Rocacher exprime son admiration devant autant d’érudition et félicite Jean-Luc Boudartchouk d’avoir rétabli la lecture alma à la place de olim. Il lui paraît cependant que notre confrère s’est fourvoyé en ne retenant pas le mot alma dont l’Écriture donne de nombreux exemples : alma redemptoris mater. C’est en particulier le cas du livre d’Isaïe, souvent cité aux Ve et VIe siècles. Mgr Rocacher y voit la confirmation d’un thème fortement marial, correspondant au programme des mosaïques de l’ancienne église de la Daurade, qu’il faut situer après le concile d’Éphèse en 431, et il ne croit pas à l’hypothèse d’une inscription en mémoire d’Almachius. Jean-Luc Boudartchouk rappelle qu’il a bien envisagé ce premier sens, mais qu’il l’a abandonné parce que le manuscrit de Malliot signalait un mot tronqué, ce qui excluait alma, qui est invariable dans cette expression ; de ce fait, la seconde hypothèse lui a paru intéressante à développer. Mgr Rocacher lui ayant demandé s’il n’avait pas ignoré les fouilles de 1962, Jean-Luc Boudartchouk précise qu’il a consulté avec beaucoup d’intérêt les carnets qui sont conservés.
    Maurice Scellès demande comment il faut entendre le groupe ubi alma si l’on retient cette lecture. Il s’ensuit alors une discussion sur l’emplacement possible du fragment de mosaïque dans le chœur de l’ancienne église. Daniel Cazes rappelle que l’état du fragment du Musée Calvet ne permet pas de conclusion de ce point de vue.
    S’adressant à Patrice Cabau, M. Forichon demande si l’on connaît un Antonin sous le règne de Théodoric. Mgr Rocacher rappelle que la liste épiscopale est interrompue pour cette époque. Patrice Cabau évoque la question des sources en rappelant que l'une des versions de la Vie de saint Antonin aurait été fournie par le pape Pascal II à l'évêque de Barbastro, Raymond Guillaume de Durban (1104-1126). Il en existerait un exemplaire du XIIIe siècle sur parchemin qu’il n’a pu consulter, la Bibliothèque municipale de Toulouse étant actuellement fermée, et qu’il faudrait pouvoir comparer aux manuscrits de la Bibliothèque nationale. On aurait proposé à Antonin, qui aurait toujours refusé, de devenir évêque, et il faut entendre évêque de Toulouse, mais son martyre n’a pas eu lieu à Toulouse. La version qu’en donne Nicolas Bertrand est en tout cas trop enrichie pour être utilisable. Pour Jean-Luc Boudartchouk, l’intérêt du texte de Nicolas Bertrand est d’offrir une compilation de traditions anciennes qu’il convient sans doute de ne pas négliger.

    Françoise Merlet-Bagnéris signale que le sondage archéologique qu’elle a pratiqué il y a quelques années dans un amphithéâtre de l’École des Beaux-Arts a en particulier permis de recueillir quelques tesselles et une base de colonnette. La cour de l’école, sur l’emplacement du cloître roman et contre l’église, devrait faire l’objet d’une fouille programmée alors que les conditions sont aujourd’hui plus favorables qu’elles ne l’étaient auparavant. Jean-Luc Boudartchouk se dit tout à fait convaincu.
    Maurice Scellès rappelle que le fragment du Musée Calvet n’a pas été étudié du point de vue de la technique de la mosaïque, qui permettrait peut-être d’en préciser la datation. Jean-Luc Boudartchouk note qu’une datation du Ve siècle ne résoudrait pas le problème posé par l’inscription.

 

    Au titre des questions diverses, Frédéric Veyssière présente un relief de Bacchus en marbre mis au jour à Valentine :


M.S.A.M.F., t. LXI, p. 221

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VALENTINE (HAUTE-GARONNE), fouille de sauvetage, relief : Bacchus abreuvant une panthère ? Cliché Christelle Nourrit.

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VALENTINE (HAUTE-GARONNE), dépôt de fouilles, relief : divinité champêtre. Cliché M. Scellès.

« En septembre 2000, le suivi archéologique (1) effectué sur le site de la villa gallo-romaine d'Arnesp à Valentine, mettait au jour un relief portant une représentation de Bacchus, dieu romain de la vigne et du vin. La Conservation Régionale des Monuments Historiques avait le projet de décaisser entièrement la chaussée (2) qui traverse le site archéologique, afin de mettre celui-ci en valeur.
    La villa gallo-romaine se situe à quelques kilomètres au sud-ouest de Saint-Gaudens. Elle est implantée sur la terrasse würmienne, en rive droite de la Garonne, au pied d'un pays de moyennes montagnes très boisées. Les fouilles archéologiques réalisées entre 1949 et 1981 par G. Fouet (3) ont montré l'existence de deux états successifs dans la villa, dans le courant du IVe siècle de notre ère. Une occupation, mal connue, pourrait remonter au Ier siècle de notre ère.
    La base de cette chaussée moderne est constituée par un hérisson de gros galets provenant de la Garonne, dans lequel se trouvent des éléments de décors sculptés et de constructions antiques en remploi (4). Une couche compacte, épaisse de 10 cm, de graviers argileux contenant des éléments de placage en marbre surmonte le hérisson. L'ensemble est scellé par 5 cm de macadam goudronné. Parmi les éléments lapidaires récupérés, un bloc de marbre blanc (5) sculpté représente un petit personnage nu, sous une petite corniche, tenant dans sa main droite une coupe qu'il tend à un animal qui semble bien être un félin. Il s'agit de Bacchus abreuvant une panthère, son animal favori (6).

    Bacchus est représenté avec ses attributs : un thyrse qu'il tient de la main gauche levée au-dessus de l'épaule et un canthare dans la main droite baissée. Le bras gauche est horizontal à partir de l'épaule et puis replié au coude vers le haut. La partie supérieure de la tête du personnage et sa main gauche sont brisées. Il est imberbe et prend appui sur sa jambe droite, la gauche est un peu repliée et très légèrement en retrait. Il est représenté en pied,


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entièrement nu. La tête légèrement penchée vers la droite ainsi que le déhanchement bien marqué inscrivent le personnage dans un " S ", dont l'effet est accentué par la disposition inverse des bras. Le canthare est représenté de manière assez soignée. Le bourrelet de la lèvre ainsi que l'anse sont bien indiqués. Il n'y a aucun détail particulier, visible sur la panse. Le canthare est matériellement solidaire de la gueule de la panthère, pour figurer le liquide versé. L'arrière-train du fauve se trouve en arrière de la jambe droite de Bacchus. La petite corniche moulurée se prolonge uniquement sur la moitié de la face latérale droite. Elle est ensuite relayée par des petites rainures horizontales. La face arrière du bloc est brute avec quelques traces de piquetage.
    Le Bacchus est à rapprocher d'un petit relief d'une facture assez semblable, provenant également de la villa de Valentine, dans lequel G. Fouet voyait un dieu champêtre (7).

Frédéric Veyssière »

1. La Conservation Régionale des Monuments Historiques (Direction Régionale des Affaires Culturelles de Midi-Pyrénées), maître d'ouvrage du projet, a assuré le financement et confié sa gestion à l'antenne Grand-Sud-ouest de l'Association pour les Fouilles Archéologiques Nationales. Le suivi scientifique de l'intervention a été assuré par le Service Régional de l'Archéologie de Midi-Pyrénées.
2. L'aménagement de cette chaussée est contemporain du creusement du canal, effectué au cours de l'année 1931.
3. G. Fouet, "La villa gallo-romaine de Valentine (Haute-Garonne). Aperçu préliminaire", Revue de Comminges, t. XCI, 1978, p. 145-157 ; G. Fouet, "Sauvetage d'une mosaïque dans la villa de Valentine", Revue de Comminges, t. XCII, 1979, p. 153-163 ; G. Fouet, "Le sanctuaire gallo-romain de Valentine", Gallia, 42, 1984, pl. 53.
4. Des moellons en calcaire et en granit, une plaquette de marbre blanc avec trace de mortier rose et un bloc de marbre blanc.
5. Hauteur: 30 cm ; largeur : 22 cm et épaisseur : 9 cm.
6. La partie supérieure du thyrse a été brisée ; il se réduit à un simple bâton. La partie inférieure de l'animal et les pieds du personnage sont tronqués.
7 Actuellement conservé au dépôt de fouilles de Valentine.

    Frédéric Veyssière sollicite l’avis de la Compagnie et des spécialistes qui pourraient éventuellement lui communiquer des éléments de réponse. Maurice Scellès lui indique un petit relief d’une facture assez semblable, actuellement conservé dans le musée de Valentine, dans lequel Georges Fouet voyait un dieu champêtre. Daniel Cazes note que la forme ne serait pas incompatible avec un autel bachique, si l’on en juge d’après la photographie, mais il serait bien sûr nécessaire de voir l’objet.

    Le Directeur remercie la Compagnie et souhaite à tous les membres d’excellentes fêtes de fin d’année.

 

SÉANCE DU 9 JANVIER 2001

Présents : MM. Peyrusse, Président, Cazes, Directeur, Coppolani, Directeur honoraire, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-Archiviste, Ahlsell de Toulza, Trésorier ; Mmes Labrousse, Napoléone, MM. l’abbé Baccrabère, Pradalier, Mgr Rocacher, MM. Tollon, Vézian, membres titulaires ; Mmes Andrieu-Hautreux, Fraïsse, MM. Cranga, Geneviève, Manuel, Testard, Veyssière, membres correspondants.

     La Compagnie se retrouve au Musée Saint-Raymond où elle est accueillie par Daniel Cazes. Après les vœux pour la nouvelle année, la parole est à Vincent Geneviève qui, avec le concours de Mlle Lydia Mouysset, présente à la Compagnie l’exposition Riches comme Crésus ? Toulouse, 1000 ans de monnaies.

    Le Président remercie Vincent Geneviève et Lydia Mouysset et les félicite pour cette exposition tout à fait passionnante, puis il souligne la remarquable qualité du travail réalisé par Vincent Geneviève sur les monnaies antiques trouvées à Toulouse. Comme il s’enquiert des origines du fonds exceptionnel que conserve le Musée Saint-Raymond, Vincent Geneviève et Daniel Cazes indiquent que de nombreux achats effectués à la fin du XIXe siècle et au début du XXe sont venus s’ajouter au médaillier hérité de l’Académie des Sciences. La plus grande partie a été acquise par Ernest Roschach qui sut prendre conseil auprès de l’un des meilleurs spécialistes de l’époque, Ernest Babelon ; ses carnets sont heureusement conservés dans les archives du Musée. Vincent Geneviève ajoute que la collection numismatique du Musée Saint-Raymond est bien connue et reconnue.
    Le Président ayant relevé que de nombreux doutes subsistaient, Mme Labrousse et Vincent Geneviève


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conviennent que de nombreuses questions sont encore débattues ou sans réponse, et que nombre de datations ou d’attributions à des ateliers sont discutées. D’importants progrès ont néanmoins été réalisés ces dernières années.
    La question des faux ayant été évoquée, Vincent Geneviève donne des précisions sur les imitations de la Renaissance, puis il cite quelques exemples de faux célèbres que l’on retrouve dans de nombreuses collections. La proportion de faux dans la collection du Musée peut être estimée à 1 %, ce qui est relativement faible.

    Daniel Cazes dit son souhait que le travail réalisé par Vincent Geneviève, après celui du professeur Michel Labrousse et de Mme Labrousse, soit l’occasion de la reprise de l’inventaire de la collection numismatique du Musée et, on peut l’espérer, d’une présentation permanente qui fait aujourd’hui défaut. Mme Labrousse souligne toute l’importance qu’il faut accorder aux publications.

 

SÉANCE DU 23 JANVIER 2001

Présents : MM. Peyrusse, Président, Cazes, Directeur, Coppolani, Directeur honoraire, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-Archiviste ; Mmes Merlet-Bagnéris, Napoléone, Pousthomis-Dalle, MM. l’abbé Baccrabère, Hermet, le Père Montagnes, Pradalier, Mgr Rocacher, M. Tollon, membres titulaires ; Mmes Andrieu-Hautreux, Blanc-Rouquette, Fraïsse, Jimenez, Pujalte, MM. Balagna, Cranga, membres correspondants.
Excusés : Mme Cazes, MM. Bordes, Garland, Testard.

    Le Président salue la mémoire de notre confrère le général (C.R.) Claude Delpoux, dont nous avons appris le décès au début de l’année :

    « Le général de brigade Claude Delpoux, que notre Société vient d’avoir la tristesse de perdre, a donné une attention exceptionnelle aux travaux de notre Compagnie durant une quinzaine d’années d’une active retraite. En effet, notre confrère a toujours débordé les cadres de la carrière militaire par une curiosité intellectuelle et un appétit de savoir, en particulier dans le domaine de l’archéologie et de l’histoire.
    Élève des frères des écoles chrétiennes, puis du lycée de garçons de Toulouse, il prépare l’école de Saint-Cyr qu’il intègre en 1943. Officier d’artillerie des divisions blindées, il sert par la suite en Indochine, en Algérie, en République fédérale d’Allemagne avant d’être rattaché à l’État-major général de la Défense nationale et devenir directeur-adjoint du Centre des hautes études militaires, peu avant de recevoir ses étoiles de général de brigade et de passer sur sa demande dans le cadre de réserve.
    Le général Delpoux a doublé cette carrière prisonnière de l’histoire de sa génération – Vichy, les guerres de décolonisation, l’occupation française en Allemagne – par des activités désintéressées, preuve s’il en était besoin de l’extrême richesse de la société militaire. Lors de son passage en Indochine, il étudie le séjour de Sun Yat Sun à Hanoï, séjour toléré par les autorités du protectorat. Il ramasse les matériaux d’une thèse de doctorat en géographie, présentée à l’Université de Toulouse sous la direction de M. Jean Sermet, sur la province de Cholon. Peintre amateur, il vit comme une aventure la restauration du château de Caudeval dans l’Aude ; il en étudie l’histoire et le système de défense. Il fouille et met au jour à l’ouest de Limoux un gisement de poteries, à Caudeval des chapiteaux romains. Il aménage ainsi dans le château de Caudeval restauré deux petits musées, l’un dévolu aux objets gallo-romains, l’autre consacré aux techniques de l’artillerie. Jamais il n’était aussi satisfait que lorsqu’il faisait visiter le monument et ses aménagements sur lesquels il était intarissable. Cette aventure lui valut un prix décerné par l’association des Vieilles maisons françaises et par l’émission télévisée "Chefs-d’œuvre en péril". Membre de la Société ariégeoise des Sciences, lettres et arts, de la Société des études scientifiques de l’Aude, élu membre correspondant de la Société archéologique du Midi de la France en 1983, titulaire en 1986, le général Delpoux était aussi mainteneur de l’Académie des Jeux Floraux, élu au 32e fauteuil en 1985.

    Prévenue trop tard, le Bureau de la Société archéologique du Midi de la France n’a pu assister aux obsèques de notre confrère. Avec ses regrets, la Société présente à Mme la générale Delpoux et à sa famille ses condoléances attristées. »

    Le Secrétaire général donne lecture des procès-verbaux des séances des 19 décembre 2000 et 9 janvier 2001, qui sont adoptés.
    Le Président communique à la Compagnie quatre tirés-à-part que nous a adressés notre consœur Céline Piot :


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- Laurence Benquet, Céline Piot, « Les amphores de Lacoste (Montrets-et-Villemartin, Gironde) », dans Actes du congrès de Libourne, 1er-4 janvier 2000, Société française d’étude de la céramique antique en Gaule, décembre 2000, p. 155-165 ;
- Céline Piot, « Note sur deux statuettes gallo-romaines en calcaire découvertes à Saint-Sever », dans Bulletin de la Société de Borda, n° 454 (1999), p. 321-332 ;
- Céline Piot, « Au dossier des marques sur amphores découvertes en Lot-et-Garonne : les estampilles sur amphores vinaires », dans Bulletin de la Société archéologique et historique de l’Albret, n° 21 (1999), p. 1-21.
- Christian Chevillot, Jacques Delsol, Céline Piot, « Graffite grec et timbres latins inédits sur amphores italiques Dressel Ib au camp gaulois de la Carade (Coulounieix-Chamiers) », dans Documents d’archéologie et d’histoire périgourdines, A.D.R.A.H.P., t. 9 (1994), p. 61-74.
- Richard Boyer, Céline Piot, « Bronze figuré en Agenais : une tête au cirrus inédite découverte dans la Garonne (commune du Passage, Lot-et-Garonne) », dans Aquitania, t. 15 (1997-1998), p. 319-326.

    Notre bibliothèque s’enrichit également de deux tirés-à-part :

- de Ch. Humbert, « Les monographies familiales témoins de l’histoire profonde d’une province », dans Vasconia, n° 1, novembre 2000, 44 p. ;
- de Klaus Barrer, « How old did Fermat become ? », dans Mathematische Schriften Kassel, preprint n° 17/00, juin 2000, 22 p.

    La correspondance manuscrite comprend les vœux pour la nouvelle année de la société Hadès et de la Société des Études du Comminges, deux courriers de la Mairie de Toulouse à propos du schéma directeur d’agglomération approuvé le 18 décembre 2000… Par ailleurs nous avons reçu la thèse de François de Vergnette, Jean-Paul Laurens (1828-1921), peintre d’histoire, soutenue le 1er décembre dernier à Paris X-Nanterre, que son auteur présente au concours de notre Société.

    Le Président présente le bilan moral de l’année écoulée. Puis le Trésorier présente le bilan financier. Une discussion précède le vote de la proposition faite par le Bureau de porter la cotisation à 270 F, proposition qui est adoptée. Les bilans moral et financier de l’année 2000 sont approuvés. 
    On procède alors aux élections statutaires. Daniel Cazes, Guy Ahlsell de Toulza et Patrice Cabau sont réélus aux postes de Directeur, Trésorier et Secrétaire-adjoint. Le Président exprime sa reconnaissance et celle de la Société aux trois membres du Bureau réélus dans des fonctions qui demandent beaucoup plus de travail qu’il n’y paraît souvent.

    La parole est à Christophe Balagna pour une communication sur Le fonds lapidaire du Musée des Beaux-Arts de Mirande, publiée dans ce volume de nos Mémoires (t. LXI).

    Le Président remercie Christophe Balagna de nous avoir ramenés, après ces discussions comptables, à des questions plus essentielles. Il remarque que la présentation actuelle relève du décor de jardin et que ces éléments lapidaires mériteraient un peu plus d’attention. Christophe Balagna indique que le Musée est sous la responsabilité du conservateur départemental et que pour l’instant rien de plus n’a été fait.
    Daniel Cazes dit qu’il serait plus prudent quant à la datation de la série dite « romane » et il évoque les chapiteaux de Grandselve datables de la fin du XIIe siècle. Christophe Balagna rappelle les quelques comparaisons qui indiqueraient le début du XIIIe siècle, mais il admet qu’une datation précise est difficile. Les formes perdurent sans doute et la cathédrale d’Auch en donne des exemples du deuxième quart du XIIIe siècle. Pour Françoise Merlet-Bagnéris, la Gascogne n’adopte ces formes qu’avec un certain retard.
    Christophe Balagna souligne le caractère quasi-industriel de ces productions et Daniel Cazes note qu’on ne peut donc argumenter à partir d’un éventuel retard régional. La question est celle de l’extraction dans les carrières et du moment où l’organisation du travail a permis des productions en séries aussi importantes. Il rappelle qu’il est impossible de différencier les chapiteaux provenant des cloîtres des Jacobins et des Cordeliers de Toulouse. Il ajoute que les récentes fouilles réalisées dans la cour du couvent des Filles de l’Enfance, rue Valade, ont permis de retrouver d’autres bases et des chapiteaux qui pourraient tout aussi bien provenir des Jacobins ou des Cordeliers.
    Maurice Scellès se demande si le premier groupe d’œuvres mérite d’être qualifié de « roman » et s’il ne vaudrait pas mieux parler de sculptures de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe. Nelly Pousthomis-Dalle remarque que les deux séries d’œuvres ne peuvent être rattachées aux cisterciens et que d’une façon générale ces sculptures dépassent largement le cadre des différents ordres. Chantal Fraïsse signale des chapiteaux comparables à Moissac où ils ne sauraient être considérés comme cisterciens.


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    Le Président demande si l’on a aujourd’hui une idée du volume de ces productions et de leur diffusion. Henri Pradalier évoque les problèmes de transport. Patrice Cabau mentionne l’abbaye de Fontenay en Bourgogne et Christine Jimenez plusieurs autres cloîtres du Midi avec des chapiteaux absolument identiques. Daniel Cazes souscrit à la conclusion de Christophe Balagna et souligne à son tour la nécessité de procéder à un inventaire global de ces productions qui doivent compter des milliers de pièces. Nelly Pousthomis-Dalle rappelle que cet inventaire ne devra pas oublier les collections américaines.
    Pour Henri Pradalier, on a encore trop tendance à penser que les chantiers médiévaux sont interminables alors qu’il est avéré qu’un cloître peut être achevé en un an. Christophe Balagna note que si la datation ne peut pas toujours être précisée, l’intérêt de la question réside pour beaucoup dans les conditions de fabrication de ces sculptures. Henri Pradalier admet en effet l’idée de productions stéréotypées qui perdurent pendant plusieurs décennies. Bruno Tollon rappelle que cette logique semi-industrielle correspond à une modification du rôle du chapiteau qui n’est plus désormais qu’un simple décor au même titre qu’un corps de moulure, alors que l’iconographie est développée sur d’autres supports.

    Au titre des questions diverses, Mgr Rocacher signale à la Compagnie le chantier de restauration de l’archivolte du portail de la cathédrale Saint-Étienne où l’on peut voir le sculpteur travailler dans une loge, installée sur le côté nord, dans les mêmes conditions et avec les mêmes outils que ceux du Moyen Âge. Daniel Cazes demande quel sera le sort des sculptures déposées. Mgr Rocacher indique qu’elles ont été transportées dans la cour Sainte-Anne où elles sont recouvertes d’ordures. Guy Ahlsell de Toulza rappelle le sort des statuettes du portail de la Dalbade, que l’on nous a dit déposées pour restauration et qui n’ont toujours pas été remises en place.
    S’adressant à Mgr Rocacher, Daniel Cazes lui demande s’il a remarqué la belle porte gothique en pierre de Furne remontée impasse de la Préfecture. Mgr Rocacher indique qu’elle vient d’être entièrement ripolinée. Bruno Tollon précise qu’il s’agit de la porte de l’Hôtel de Rivière et on rappelle que tous les éléments provenant de la tour de l’Hôtel démolie dans les années 1950 avaient été récupérés par le Musée des Augustins. Maurice Scellès demande si ces éléments lapidaires sont inscrits à l’inventaire du Musée, ce qui est confirmé par plusieurs membres.

 


Séances du 3 octobre 2000 au 23 janvier 2001 Séances du 20 février 2001 au 11 mai 2001
Séances du 15 mai 2001 au 19 juin 2001

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