Présents : Mmes Nadal, Présidente, Sénard, Directrice, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone, Secrétaire-adjointe, M. Péligry, Bibliothécaire-archiviste ; Mmes Andrieu, Czerniak, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Merlet-Bagnéris, Watin-Grandchamp, MM. Boudartchouk, Garrigou Grandchamp, Macé, Peyrusse, Scellès, Testard, membres titulaires ; Mmes Jiménez, Viers, MM. Mattalia, Suzzoni, membres correspondants.
Excusés : Mmes Cazes, Dumoulin, Joy, Lamazou-Duplan, MM. Cazes, Garland, Julien, Marquebielle, Peloux, Tollon.
La Présidente donne la parole à notre consœur Virginie Czerniak pour présenter la journée de visite de « Toulouse au XIVe siècle » qu’elle a organisée pour les membres de la Société Française d’Archéologie les 11, 12 et 13 octobre. Celle-ci fait partie des visites de « villes d’art », effectuées en complément des congrès archéologiques, dont la programmation est désormais plus restreinte. Elle entre également dans le cadre d’une exposition qui se tiendra sur ce thème en décembre 2020, d’abord à Toulouse puis à Paris. Durant le week-end prochain, il est donc prévu de faire visiter aux membres de cette Société le couvent des Jacobins, le couvent des Augustins, la basilique Saint-Sernin et la cathédrale Saint-Étienne.
Émilie Nadal présente ensuite un certain nombre d’ouvrages donnés à la bibliothèque de la Société :
Jean-François Boyer, Pouvoirs et territoires en Aquitaine du VIIe au Xe siècle : enquête sur une administration locale, Stuttgart, 2018, don de l’auteur ;
Jean-Loup Marfaing, Henri Avizou, architecte tarnais (1907-1987), coll. Archives d’Architectes en Occitanie, Castanet-Tolosan, 2019.
Guy Ahlsell de Toulza donne également :
la collection complète des Cahiers de Fanjeaux ;
Jean-Charles Balty, Étude de la Maison carrée de Nîmes, 1960 ;
École antique de Nîmes, n° 5, 1980 ;
Cahiers de la Rotonde, n° 1, 1978 ;
Françoise Merlet-Bagnéris, Sondages dans l’amphithéâtre de l’école des Beaux-Arts de Toulouse (anciennement monastère de la Daurade), rapport de fouilles (dactylographié).
Guy Ahlsell de Toulza nous informe de l’arrivée de notre confrère Emmanuel Moureau à la tête du Service du patrimoine de Moissac.
S’étant engagé dernièrement à lire un ouvrage adressé l’année dernière à la Société sur les fouilles de Montségur, Laurent Macé demande s’il est prévu d’en publier le compte rendu qu’il en a fait. Maurice Scellès rappelle qu’autrefois des commentaires d’ouvrages étaient édités dans le Bulletin. Notre Présidente propose donc de laisser au rapporteur le soin de décider si le compte rendu mérite d’être publié.
Louis Peyrusse signale la parution d’un numéro de la revue en ligne Patrimoines du Sud, consacré au château médiéval, dans lequel Laure Barthet et Laurent Macé évoquent le cas de Montségur.
Virginie Czerniak donne lecture du rapport de candidature de Mme Catherine Letouzey-Réty, professeur depuis 2017 de CPGE au lycée Pierre-de-Fermat de Toulouse, spécialité Chartes et histoire des arts, avec un complément de service au lycée Saint-Sernin (Histoire). Laurent Macé précise qu’elle est présente au Conseil du département d’Histoire, ce qui semble témoigner de sa volonté de s’investir. Mme Catherine Touzey-Réty est élue membre correspondant de notre Société.
À la demande de notre Présidente, Maurice Scellès rend compte de la journée foraine du 22 juin à Saint-Antonin-Noble-Val. Il revient sur le débat que nous avons eu avec l’association locale, un peu réservée quant à son éventuel engagement pour la mise en valeur de la maison de la rue Cayssac – qui a finalement été vendue à un particulier peu de temps après notre visite. En effet, les intérêts de cette association sont très divers et ne se limitent pas au patrimoine de la ville. Maurice Scellès a également été invité à assister à une réunion qui a eu lieu le 17 août à Saint-Antonin, où il a pu constater le grand intérêt du public pour le patrimoine local. Il propose donc aux membres de réfléchir au rôle que notre Société peut avoir pour la mise en valeur et la protection du patrimoine. En effet, nos Bulletins témoignent des critiques que nous exprimons, nous achetons par ailleurs des œuvres d’art. Un engagement financier plus important donnerait une autre place à notre Société. En s’appuyant sur l’exemple de la maison de la rue Cayssac, Émilie Nadal ajoute que notre Société n’ayant pas pour l’instant les outils pour réagir vite, il faut réfléchir au système de fonds de dotation évoqué par Pierre Garrigou Grandchamp lors de la dernière séance de l’année académique précédente.
Guy Ahlsell de Toulza avoue qu’il était peu enthousiaste à l’idée de l’achat de la maison de la rue Cayssac, se rappelant que la Société possédait des immeubles à Saint-Bertrand-de-Comminges dont elle s’est débarrassée parce que leur entretien était ruineux. Maurice Scellès rappelle que l’achat de cette maison aurait été une solution temporaire destinée uniquement à sauver l’édifice avant de le rétrocéder. Il propose donc de réfléchir à des montages possibles permettant de réagir rapidement dans un cas similaire à celui-ci.
Dominique Watin-Grandchamp se demande, après avoir vu le coût des restaurations nécessaires, si notre Société aurait eu les reins suffisamment solides pour assumer une telle entreprise. Pierre Garrigou Grandchamp conclut que la discussion ne sera possible que si les membres de notre Société désirent créer un volant de sauvegarde du patrimoine.
Émilie Nadal donne la parole à Jean-Luc Boudartchouk pour une communication intitulée Histoire et archéologie de deux saints de Novempopulanie : Orens d’Auch et Luperc d’Éauze :
« Orens d’Auch, évêque, et Luperc d’Eauze, martyr ou évêque, sont durant le Bas-Empire et le haut Moyen Âge les patrons de leur cité respectives. Le réexamen des sources textuelles et l’évolution des connaissances archéologiques en lien avec l’époque et le souvenir de ces personnages amène à reconsidérer leur valeur historique. »
Il poursuit par une communication sur La Vie de saint Didier, évêque de Cahors, et le site fortifié du Bas-Empire de Saint-Cirq .
Notre Présidente remercie notre confrère pour la présentation de ces saints peu connus, notamment saint Luperc. Elle ajoute que notre confrère Fernand Peloux lui a écrit pour signaler à notre Compagnie qu’il vient de découvrir un légendier à l’usage de Santa Maria de Huerta contenant en gascon les Vies et Miracles d’Orens tels que connus à Moissac au XIe siècle, et deux textes sur Luperc, en prose et en rime, qui sont inédits. Laurent Macé demande des précisions sur les anthroponymes et leur signification. Orens et Luperc, répond le conférencier, sont des noms romains portés à la fin de l’Antiquité sans signification particulière.
Patrice Cabau remarque que la forme Luperculus est plus fiable que la forme Lupercus. Elle est en effet plus assurée au XIe siècle quand Éauze devient prieuré de Cluny. Quant à l’inscription incomplète présentée, il lui semble difficile d’en tirer des informations. Louis Peyrusse demande quelles ont été les circonstances à l’origine du transfert de l’évêché d’Éauze à Auch. Jean-Luc Boudartchouk répond que les textes justifient le transfert par des destructions liées à des invasions barbares (Vandales, Sarrazins…), ce qui n’est pas documenté par ailleurs. En revanche, l’archéologie montre une ville romaine en voie de déstructuration. La question de l’enceinte a peut-être joué un rôle dans l’abandon du siège cathédral. Françoise Merlet-Bagnéris se souvient que lorsqu’elle a soutenu sa thèse sur la cathédrale d’Auch, Marcel Durliat lui avait reproché de n’avoir pas dressé la liste des évêques, mais « Cela aurait-il été possible ? » demande-t-elle au conférencier. Les principaux évêques, répond-il, ont été ré-inhumés (ils reposaient auparavant à Saint-Orens d’Auch) dans les chapelles souterraines de la cathédrale au XVe siècle. La liste des premiers évêques d’Auch et d’Éauze reste cependant difficile à établir, certains évêques d’Éauze ayant été vraisemblablement considérés postérieurement comme des évêques d’Auch ou vice versa.
Patrice Cabau se dit convaincu par les interprétations proposées pour le texte de la « Vie » de saint Didier, mais il pense que le dossier hagiographique de saint Luperc est vide et que la « Vie » de saint Orens est peu crédible sur le plan historique puisqu’on y mentionne Litorius et Aetius au siège de Toulouse de 439. Selon le conférencier, il ne s’agit pas là d’un procès-verbal mais d’un morceau littéraire. Patrice Cabau répond que le texte est conçu de façon convaincante mais peu historique.