Société Archéologique  du Midi de la France
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SÉANCE DU 4 FEVRIER 2020

Séance privée
separateur

Présents : MM. Peyrusse, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone, Secrétaire-adjointe, M. Péligry, Bibliothécaire-archiviste ; Mmes Andrieu, Fournié, Jaoul, Merlet-Bagnéris, Nadal, Pradalier-Schlumberger, MM. Balty, Cazes, Garrigou Grandchamp, Macé, Scellès, Sournia, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Balty, Czerniak, Dumoulin, Jiménez, Krispin, Pilloix, Queixalós, Viers, MM. Mattalia, Penent, Pousthomis, Rigault, Suzzoni, membres correspondants.
Excusés : Mme Sénard, Directrice ; Mme Bessis, MM. Garland et Tollon.
Invités : Mme Lany Rollins, doctorante sous la direction de Quitterie Cazes et de Virginie Czerniak ; MM. Thierry Le Roy, Président de l’Association des Amis du Vieux Saint-Antonin, et Jérôme Kerambloch, des Toulousains de Toulouse.

Le Président ouvre la séance en faisant un rappel aux auteurs retardataires qui compromettent la parution régulière de nos Mémoires. Il propose par ailleurs que la Société s’engage sur d’autres publications et développe son site Internet avec des blogs et des notes d’actualité à diffuser rapidement, notamment sur le patrimoine en souffrance. Il désire enfin que l’on commence à réfléchir et à préparer notre bicentenaire, qui aura lieu en 2031, dans onze ans : prévoit-on une exposition, un livre… ?

Puis il passe la parole à notre consœur Valérie Dumoulin pour une communication consacrée à Une poutre armoriée, témoin du tinel du Collège de Foix  :
Cl. Valérie Dumoulin.
« La charpente du donjon du Collège de Foix à Toulouse abrite une poutre peinte et armoriée. Celle-ci est vraisemblablement un des rares témoins du tinel de Pierre de Foix. Fragmentaire, elle permet pourtant, notamment grâce à l’héraldique, de proposer une datation pour la réalisation du tinel. Elle nous éclaire également sur les liens qui unissent les Foix et le roi au milieu du XVe siècle. »

Louis Peyrusse remercie notre consœur pour cette communication et demande si les couvre-joints dont il a été question sont ceux que Maurice Prin avait récupérés il y a de nombreuses années. Valérie Dumoulin confirme qu’il s’agit bien d’eux et qu’ils sont tous conservés au Collège de Foix à l’heure actuelle.
Michelle Fournié demande la parole pour signaler à notre consœur la présence d’un plafond peint contemporain des vestiges de celui qu’elle nous a montré, dans la grange cistercienne fortifiée de Masse en Rouergue. L’édifice est une propriété privée qui a été récemment mise en vente ; il serait certainement intéressant, pense-t-elle, de le voir et de l’étudier.
Revenant aux poutres décorées du Collège de Foix, Daniel Cazes se souvient les avoir vues en 1983 ; il les a ensuite signalées à Georges Costa pour un éventuel classement, mais ne sait pas si cela a été fait. Maurice Scellès demande si la protection du bâtiment ne s’étend pas de fait aux poutres de ses plafonds. Daniel Cazes demande à notre invité dans quelles circonstances le Musée du Vieux Toulouse a pu récupérer les planches du plafond du Collège de Foix qu’il conserve dans son établissement. Jérôme Kerambloch répond qu’il s’agit d’un don effectué par deux entrepreneurs qui ont travaillé au Collège de Foix en 1974. Maurice Scellès demande à la conférencière si le lot de pièces provenant de ce plafond conservé au collège se limite à la poutre présentée et aux couvre-joints ? Celle-ci répond par l’affirmative. Abordant l’aspect chronologique, Louis Peyrusse note que le chantier s’achève en 1461 et demande si un décor uniquement héraldique est fréquent à cette époque ? Notre consœur se propose de regarder dans le corpus des poutres peintes connues. Maurice Scellès s’interroge sur la nécessité d’effectuer des analyses de dendrochronologie qui ne seront pas forcément plus précises que les données historiques recueillies. Valérie Dumoulin répond que l’analyse peut se faire sans prélèvement si la coupe du bois est favorable à l’observation. Maurice Scellès rappelle que pour que les résultats de l’analyse soient fiables, il faut plusieurs échantillons sur lesquels il est nécessaire de surcroît que l’aubier soit préservé. Revenant sur les motifs peints, Lany Rollins déclare qu’en attendant un éventuel nettoyage de la poutre, la lumière infrarouge peut révéler des décors invisibles à l’heure actuelle.

Au titre des questions diverses, le Président donne la parole à Maurice Scellès pour reprendre le débat ouvert l’été dernier à l’occasion de la séance foraine de Saint-Antonin-Noble-Val et de la visite de la « maison Le Maréchal ».

Maurice Scellès rappelle la présence dans cette maison de chapiteaux sculptés de feuillages et de décors peints à motifs de « puzzle » admirablement conservés, et celle d’une cloison en pan de bois, datée par dendrochronologie des années 1265-1270, qui est à ce jour l’unique exemple d’une technique de construction particulière. C’est sans doute l’enclavement de la « maison », résultant de la division d’une grande demeure, qui a fait qu’elle nous est parvenue « dans son jus », et qu’elle peut aujourd’hui apparaître à nos yeux comme un exceptionnel témoin archéologique de l’architecture civile du Moyen Âge, que tout aménagement en vue de le rendre habitable ne peut que détruire. Or la maison était en vente l’été dernier, et son achat ne pouvait être envisagé par la municipalité qui venait d’acquérir une autre maison médiévale : la Maison Muratet.
La rencontre avec le Bureau de l’Association des Amis du Vieux Saint-Antonin n’ayant pas permis de trouver de solution, et alors qu’un acquéreur venait de se manifester, un débat s’est engagé entre ceux qui pensaient que notre Société devait acheter la maison pour la sauver et ceux qui y voyaient un projet déraisonnable ou hors de ses compétences. Le Bureau a dû trancher dans l’urgence, et sans pouvoir consulter l’ensemble des membres en raison des vacances académiques. La « maison Le Maréchal » a été achetée par un voisin, mais le débat subsiste :
- Est-ce le rôle de la Société Archéologique du Midi de la France que d’acquérir des biens immobiliers pour en assurer la conservation et la restauration ?
- En a-t-elle les moyens financiers et humains ?
- Quels outils sont à la disposition de notre Société et que peut-elle mettre en place pour être plus active dans la sauvegarde du patrimoine ?

Maurice Scellès rappelle encore que notre région est en France celle qui conserve le plus grand nombre de maisons médiévales, mais que pas une seule n’est visitable pour elle-même en tant qu’objet archéologique et pédagogique, ni à Toulouse où a été ratée l’occasion de celle de la rue Croix-Baragnon, ni à Cahors ou Figeac, ni à Caylus, à Saint-Antonin-Noble-Val ou Bruniquel…
Louis Peyrusse demande à Thierry Le Roy si des travaux ont été effectués depuis l’achat de la « maison Le Maréchal » ? Celui-ci répond que rien n’a été fait sauf peut-être des mesures de mise hors d’eau. Maurice Scellès pense que le propriétaire a dû ou devra rencontrer des agents de l’UDAP (Unité départementale de l’architecture et du patrimoine, anciennement Bâtiments de France) pour prendre connaissance des contraintes qu’il rencontrerait s’il entamait des travaux. Notre confrère rappelle par ailleurs le cas presque similaire d’une maison de la Roque-Bouillac (Aveyron) conservant un décor peint remarquable du XVe siècle, qui menace de s’effondrer et qui est malheureusement toujours en vente car la Mairie a renoncé à l’acquérir.
Pierre Garrigou Grandchamp intervient pour présenter la formule expérimentée à Cluny. Avec pour objectif de sauvegarder la Maison des Dragons, un fonds de dotation a été créé. Ce système a l’avantage de permettre l’utilisation immédiate des fonds récoltés, mais alors l’État ne verse plus de subventions même si l’édifice est classé. Ainsi à Cluny, la maison romane a été achetée, restaurée et des fouilles ont pu être financées. Il faut donc décider, selon lui, si la vocation de notre Société est de s’engager dans de telles entreprises. Thierry Le Roy pense qu’il ne serait pas difficile de trouver un intérêt et un destin à la « maison Le Maréchal », qui serait visitable et étudiable et un fonds de dotation serait bien sûr utile pour financer les travaux et le projet, mais pas le fonctionnement. Pierre Garrigou Grandchamp précise que le fonctionnement est totalement bénévole à Cluny, le seul objectif étant de mettre à la disposition du public une maison du Moyen Âge. Le processus d’étude a un intérêt indéniablement stimulant pour les visiteurs, mais il est absolument nécessaire, poursuit-il, que des personnes s’engagent dans le projet sur la durée. Louis Peyrusse demande à Thierry Le Roy si la fondation du patrimoine a été sollicitée pour la « maison Le Maréchal ». Celui-ci répond que cela n’a pas été fait mais qu’il aurait été en effet possible de le faire.
Daniel Cazes rappelle que la Société avait joué ce rôle de sauvegarde à Saint-Bertrand-de-Comminges en acquérant les terrains qui conservaient des vestiges de la ville romaine. Guy Ahlsell de Toulza précise que notre Société a cédé ses collections et les terrains contre un capital et le financement annuel de 100 pages de nos Mémoires, alors que les quatre immeubles qu’elle détenait l’avaient ruinée. Maurice Scellès demande alors si notre Société ne pourrait pas reprendre ce projet d’achat de terrains de façon conservatoire. Daniel Cazes reprend l’exemple de Chiragan que la Société a acquis parcelle après parcelle et voit dans ces achats une de ses missions qui demeure à ses yeux aussi importante que la publication. Acquérir un terrain ou une maison qui s’écroule sont deux choses bien différentes selon Olivier Testard, la seconde demandant une implication sur un certain nombre d’années, puis de faire une étude de faisabilité pour les aménagements nécessaires. Maurice Scellès pense que la difficulté réside principalement dans le montage des projets. Une fois réalisés, ils seraient bénéfiques en termes d’image, et ainsi notre Société n’apparaîtrait pas uniquement en position de critique. Thierry Le Roy pense que dans la petite ville de Saint-Antonin où le patrimoine médiéval est abondant, l’implication de notre Société serait importante. Olivier Testard répond qu’il est nécessaire d’aller plus loin quand on a affaire aux élus. Des « opérations remarquables » auraient du poids d’après Thierry Le Roy.
Christian Péligry pense que le rôle de notre Société est de conseiller, encourager, récompenser, et qu’un projet tel que celui de la maison de Saint-Antonin demande un investissement humain qu’il ne croit pas raisonnable pour notre Société. On souligne par ailleurs que l’importance de l’engagement financier nécessité par de tels projets pourrait compromettre notre indépendance pécuniaire et celle de nos publications, qui sont notre principale contribution à la connaissance et la sauvegarde du patrimoine.
Notre Trésorier pense que parmi les projets que nous pourrions avoir, l’immeuble reste hors d’atteinte pour nos finances. Émilie Nadal et Maurice Scellès s’accordent à penser qu’il serait possible de s’engager dans des projets plus ambitieux, en outre susceptibles de motiver certains de nos membres et en particulier les plus jeunes.
Enfin, la question est posée de savoir si la Société crée un fonds de dotation en vue d’un éventuel projet à venir ? Notre Président remarque que le fait que notre Société soit reconnue d’utilité publique nous permettrait déjà de recevoir des subventions et des dons à affecter à des actions de sauvegarde du patrimoine. Guy Ahlsell de Toulza rappelle qu’à Cluny ce sont des Clunisois qui se sont investis dans le projet et que Saint-Antonin est loin de Toulouse.

 

 

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