Société Archéologique  du Midi de la France
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SÉANCE DU 5 AVRIL 2016

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Communication de Michèle PRADALIER-SCHLUMBERGER,

Peintures murales gothiques du Couserans

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La cathédrale N.-D de Saint-Lizier, les églises d’Audressein et de Sentein, toutes trois situées en Couserans, possèdent un rare ensemble de peintures murales datées de l’extrême fin du XVe siècle. Certains thèmes iconographiques communs, comme les Sibylles et les patriarches ou l’arbre de Jessé, témoignent des échanges qui se firent entre les différents chantiers. Même si les différences stylistiques sont grandes entre les trois séries, témoignant de la présence de trois ateliers bien individualisés, l’appartenance de ces peintures à l’art du Moyen Âge finissant en fait l’originalité.

 


Présents : MM. Cazes, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry, Bibliothécaire-Archiviste, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Haruna-Czaplicki, Labrousse, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, Vallée-Roche, Watin-Grandchamp, MM. Boudartchouk, Garland, Lassure, Peyrusse, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Bessis, Nadal, Viers, MM. Burroni, Darles, Gardes, Laurière, Suzzoni, membres correspondants.
Excusés : MM. Pradalier, Directeur, Scellès, Secrétaire général, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Cazes, Queixalós.
Invités : Mme Jeanne Péligry, M. Georges Cugulière.

Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 15 mars 2016 approuvé après quelques rectifications. Au titre des informations, le Président signale que le dernier volume de la Société vient juste de paraître. L’assemblée générale de l’union des académies de l’Hôtel d’Assézat s’est tenue récemment et a traité de questions essentiellement pratiques (courrier, entretien, sécurité…). Nous avons reçu l’annonce du Salon du livre d’histoire locale de Mirepoix qui se tiendra en juillet 2016, où il serait bien qu’un de nos membres se rende pour faire connaître la publication des Mémoires. Nous avons reçu un don de Lourdes de Sanjosé Llongueras, docteur en histoire de l’art à Barcelone, qui publie un très beau livre sur l’atelier d’orfèvrerie médiéval de Silos : Obras emblemáticas del taller de orfebrería medieval de Silos : « el Maestro de las Aves » y su círculo, Abadía de Silos, 2016.
Au titre des informations, La Dépêche du Midi a publié le lundi 28 mars 2016, une pleine page concernant le traitement à venir des abords de la place Saint-Sernin. L’article prend la forme d’un entretien avec l’architecte des bâtiments de France, Éric Radovitch, qui signale que l’État est favorable au projet, mais qui donne peu de détails sur le projet lui-même : il est question de maintenir les choses en l’état, de conserver la grille qui entoure l’église et qui serait classée, de maintenir le marché aux puces, Joan Busquets ayant la liberté d’aménager l’emplacement de l’abbaye. Il n’est pas question de fouilles. Le journaliste rappelle toutefois qu’il existe une pétition opposée à ce projet tel qu’il est donné. Au regard du petit nombre de personnes ayant signé la pétition, on peut cependant déplorer le faible intérêt des Toulousains pour leur patrimoine archéologique. Christian Darles nous informe que le plan de sauvegarde et de mise en valeur destinée au secteur sauvegardé de Toulouse devrait redémarrer à l’automne, une question sur laquelle il reviendra ultérieurement.

Au titre des informations, signalons la poursuite du cycle des Mercredi de l’archéologie de mars à juin 2016, ainsi que la tenue, du 4 au 6 juillet prochain, des Journées romanes de Cuxa qui porteront sur l’Art roman et la mer. Anaïs Charrier nous envoie quelques plaquettes publiées sur les maisons médiévales de Cahors en 2014-2015.

Le premier point de l’ordre du jour porte sur l’élection comme membres correspondants de Mme Sarah Munoz et M. Colin Debuiche. En l’absence de Maurice Scellès, le Président qui lit les rapports de candidature. Les deux candidats sont élus membres correspondants de notre Société.

Michèle Pradalier-Schlumberger prend la parole pour présenter sa communication intitulée « Peintures murales de la fin du Moyen Âge en Couserans » .

Le Président remercie l’intervenante pour ce très beau voyage en Couserans, qui nous a permis d’admirer des ensembles peints fort méconnus et pourtant d’une grande beauté. Il souligne combien la fin du Moyen Âge dans ces vallées pourtant reculées se révèle florissante, d’une grande richesse d’inspiration, avec des programmes complexes qui supposent une certaine prospérité des paroisses commanditaires. Au sujet de l’ensemble de Saint-Lizier, le Président se demande si la division de l’espace dans les voûtains ne correspondrait pas davantage à des imitations de constructions (éléments de charpente) qu’à des troncs d’arbre.
E. Garland souligne le caractère original de la représentation des prophètes aux pieds nus de l’église de Sentein. Selon lui, seul Isaïe présente ce trait iconographique, en général réservé aux apôtres du Nouveau Testament. Il remarque plus généralement le caractère conservateur des peintures qui datent pourtant de l’extrême fin du XVe, alors même que les artistes manifestent dans certains cas une grande maîtrise technique et que le commanditaire des peintures de Saint-Lizier, Jean d’Aula, était un ami du cardinal Pierre de Foix, proche d’un milieu lettré. Il a couronné, en 1494, Jean d’Albret et Catherine de Foix à Pampelune, et selon une certaine Chronique Miégeville il aurait accompagné Pierre de Foix à Pavie. Il se demande si ces peintures ne témoignent pas du recours à l’utilisation de modèles tirés d’un livre enluminé plus ancien.
L. Peyrusse se dit frappé par l’extrême diversité des peintures présentées, qui vont du « Jessé » quasi-cubiste de Sentein au très grand décorateur de Saint-Lizier. Quelque soit l’inspiration de ce dernier (enluminures, gravures…), il montre une maîtrise de l’espace et des figures, sans équivalent avec le reste de la production présentée lors de cette communication.
G. Ahlsell de Toulza se demande si la Vierge d’Audressein ne serait pas une Vierge à l’Enfant assise sur un banc plutôt qu’une Pietà, qui semble un thème étrange pour un ex-voto. Dans la peinture, la Vierge semble installée sous un édicule extérieur, une forme d’oratoire qui permettait un contact permanent avec la statue. D. Watin-Grandchamp remarque aussi la ressemblance entre l’autel sur lequel est disposée cette statue, et les édicules ou chapelles d’ostentation utilisées lorsqu’on sortait les reliques au passage des fidèles. Un procédé que l’on connaît au XVe siècle à Toulouse. Elle se demande si les éventuelles traces de pied qu’il lui a semblé voir sous cet autel peint, ne pourrait pas faire penser à un autel portatif.
J.-M. Lassure propose de comparer l’Arbre de Jessé de Sentein avec une peinture qui se trouve au Mont d’Astarac, et qui date de 1495. Il évoque aussi l’église de Mons, dans la vallée de Saint-Lary, où se trouvent des peintures du même style.

Au titre des questions diverses J.-L. Boudartchouk, propose la première partie de son compte rendu du livre récemment paru sous la direction de J.-M. Pailler, Toulouse, Naissance d’une ville.
Le Président remercie J.-L. Boudartchouk pour ce compte rendu d’un livre qui devrait faire date sur la connaissance de la ville antique de Tolosa, mais qui l’a également déçu du fait de l’absence de certains thèmes importants. Il s’avoue lui aussi peu convaincu par le prétexte visant à célébrer le bimillénaire de la fondation de la ville en 2014. En effet, aucun texte ni aucune inscription antiques ne permettent d’être sûr que la ville fut fondée en 14.
C. Darles précise que le 7 juin, lorsqu’il présentera son travail sur les portes de Toulouse, il aura l’occasion de revenir sur ces questions.


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