Société Archéologique  du Midi de la France
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Séance du 24 mai 2022

separateur

Communication longue de Patrice Cabau :

Observations sur « l’aqueduc de Guilheméry » à Toulouse

Dès l’époque romaine, des canalisations souterraines ont recueilli une partie des eaux issues des pentes qui s’élèvent à l’est de Toulouse.
Historiens et archéologues du vingtième siècle ont appelé ces dispositifs « l’aqueduc de Guilheméry ».
Les observations présentées visent à préciser la situation, la fonction et les caractères des diverses conduites : modernes, médiévales et antique.

Présents : Mme Czerniak Présidente, M. Cabau, Directeur, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry, Bibliothécaire-archiviste, Mmes Napoléone Secrétaire générale, Machabert Secrétaire-adjointe ; Mme Jaoul, MM. Balty, Cazes, Garland, Garrigou Grandchamp, Macé, Peyrusse, Sournia, Surmonne, Tollon, membres titulaires ; Mmes Balty, Friquart, Krispin, Ledru, M. Kérambloch, membres correspondants.
Excusés : Mmes Cazes, Fournier, MM. Scellès, Testard.

La Présidente ouvre la séance en proposant aux membres de se constituer en Assemblée Générale extraordinaire pour procéder à l’élection de deux membres du Bureau : la Secrétaire-adjointe et la Secrétaire générale. Les candidates sont Coralie Machabert pour le premier poste et Anne-Laure Napoléone pour le second. Elles sont toutes les deux élues à l’unanimité. Virginie Czerniak note que notre Bureau est exemplaire pour sa parité.
Puis elle rappelle que la séance publique aura lieu dimanche prochain à 16h00 dans la salle Clémence-Isaure, et espère que nous serons nombreux. Guy Ahlsell de Toulza nous prévient qu’en l’absence de Lidia nous devrons assurer l’ouverture et la fermeture de l’Hôtel. Un certain nombre d’invitations envoyées par la poste nous sont revenues, il faudra donc, selon la Présidente, revoir et actualiser nos listes. Elle propose également, pour des raisons économiques et pratiques, de passer à des envois par courriers électroniques, sauf dans quelques cas particuliers.
Virginie Czerniak nous annonce ensuite que nous avons reçu une invitation pour visiter la nouvelle exposition qui se tient au réfectoire des Jacobins Quoi de neuf au Moyen Âge ? et qui a été inaugurée la semaine dernière. Mme Bonnabel, conservatrice des Jacobins, nous y accueillera le 14 juin à 16h00. Nous serons accueillis de la même façon au mois d’octobre Musée Saint-Raymond ; Pascal Capus assurera la visite de l’exposition Le mystère de Mithra. Plongée au cœur d’un culte romain.

La parole est ensuite donnée à Daniel Cazes qui se propose de faire son compte rendu annuel sur les propriétés de la Société à Chiragan. Il rappelle que tous les membres sont en quelque sorte copropriétaires de ces terres où poussent de magnifiques chênes, noyers, châtaigniers, figuiers, cerisiers et qu’il nous est possible d’aller cueillir les fruits de ces arbres qui se perdent chaque année. Notre confrère s’est donc rendu sur tous nos terrains pour vérifier qu’aucune fouille clandestine n’avait été effectuée, comme nous avions eu à le déplorer il y a quelques années. Les terrains sont très encombrés de branches charriées par les crues de la Garonne survenues cet hiver, mais les berges devraient être dégagées par le service des eaux et forêts et le fermier. La mise en place du sentier de randonnée « Garonna », dont il a été question lors du dernier compte rendu, a pris du retard. En effet, les responsables du Département et de la Mairie lui ont fait part de leur inquiétude quant à l’installation de la passerelle prévue entre l’île et le site de Chiragan (sur le canal du Moulin). Ils craignent en effet que celle-ci ne soit emportée par une nouvelle inondation, compte tenu de la hauteur importante de la crue de cette année. Ils réfléchissent donc à une autre installation tout en espérant pouvoir faire fonctionner le sentier pour la saison touristique. Daniel Cazes rappelle par ailleurs que de l’autre côté du canal de l’usine hydro-électrique (qui a coupé le site de la villa en deux en 1958), le mur de clôture de la villa qui avait été repéré lors des sondages effectués en 1999-2000 suit le « Chemin des Romains », lequel n’est autre que la voie romaine. De l’autre côté de ce chemin, des structures avaient été découvertes, correspondant vraisemblablement à un relais de route. Jean Courtade, l’ancien maire de Martres, avait fait aménager ce site en faisant remonter un peu les murs de ce bâtiment au-dessus des fondations, pour qu’il soit lisible par le public, et avait fait établir un petit parc autour de celui-ci. Ici se trouve le point dominant depuis lequel on voit ce qu’est l’ensemble du site de la villa de Chiragan. Malheureusement, l’actuelle municipalité n’entretient plus ce lieu ces derniers temps et Daniel Cazes se propose d’en parler au maire. Par ailleurs, ayant dans l’idée d’agrandir ce parc, Jean Courtade avait commencé à récupérer ce que l’on appelait à Martres « la décharge », qui servait en effet de décharge publique, mais qui est également un site archéologique de première importance puisque c’était la nécropole de la villa. C’est ici que furent trouvées des stèles et des morceaux d’inscriptions funéraires (dont certaines ont disparu) ainsi qu’un grand sarcophage paléochrétien décoré d’une sculpture (orante), aujourd’hui au Musée Saint-Raymond. La décharge a aujourd’hui disparu mais cet endroit très beau et très poétique se prêterait certainement à un aménagement plus intéressant, d’autant plus qu’il se trouve en bordure du Palas (la rivière qui se jette dans la Garonne) qui définit géographiquement le site de Chiragan. Daniel Cazes conclut en nous annonçant qu’il n’a malheureusement pas eu encore le temps de prendre contact avec Monsieur Eychenne, propriétaire de la parcelle de Bonan, dont il a été question la dernière fois. Celle-ci n’est pas en péril puisqu’elle a été jumelée avec des parcelles appartenant à la commune qui servent actuellement de pacage et qui ne sont pas labourées. Daniel Cazes tient à lui rendre une visite de courtoisie et à lui rappeler que la Société archéologique est toujours propriétaire de ce terrain (que nous avions oublié pendant quelques décennies).

La Présidente remercie Daniel Cazes pour son compte rendu et donne la parole à Patrice Cabau pour sa communication longue : Observations sur « l’aqueduc de Guilheméry » à Toulouse.
Elle remercie notre confrère pour cette enquête particulièrement passionnante et captivante. Daniel Cazes signale à Patrice Cabau que depuis un mois et demi environ, il y a eu des travaux très importants liés à l’aménagement d’une station de métro de la troisième ligne, près du « monument aux morts ». Étant passé plusieurs fois sur les lieux, il n’y a pas vu d’investigations archéologiques. Dans les parages du regard dont il a été question, dans l’axe du chœur de Bertrand de L’Isle, et donc de la rue du même nom, une énorme tranchée a été faite où notre confrère a pu voir un mur qui lui semblait romain à 4 ou 5 m de profondeur. Il était construit en petites briques liées au mortier ; il y a donc probablement à cet endroit-là une énorme construction antique, qui n’a rien à voir avec le rempart, puisqu’on est à l’intérieur. Laure Krispin intervient pour signaler qu’un diagnostic a été fait à cet endroit par les archéologues de Toulouse-Métropole. Daniel Cazes se réjouit de cette nouvelle mais s’étonne que les Toulousains n’aient aucune information sur les opérations archéologiques qui se font dans la ville. Il se demande comment les gens qui font des recherches, comme Patrice Cabau, peuvent avoir accès aux données qui sont nécessaires à leur travail d’investigation. Il rappelle que de grandes villes du Sud de la France comme Aix-en-Provence et Bordeaux ont un Atlas archéologique constamment mis à jour et accessible à tous les chercheurs. S’il y a eu des observations archéologiques rue Bertrand-de-L’Isle, qu’en fait-on ? demande-t-il. Laure Krispin répond que cet Atlas archéologique est en cours de confection à Toulouse. Daniel Cazes répond que cet Atlas existe dans les villes citées depuis 30 ou 40 ans et qu’en attendant que celui de Toulouse se fasse, les vestiges disparaissent. Notre Trésorier voudrait citer l’exemple de la ville du Mans qu’il vient de visiter, où les vestiges du rempart romain sont conservés sur 500 m et où un Musée sur l’Antiquité au Mans a été récemment ouvert près de la Cathédrale. Tout dépend donc, selon lui, de la volonté de la municipalité. Daniel Cazes rappelle que le palais des rois wisigoths de Toulouse a été totalement détruit, donc aujourd’hui tout chercheur français ou étranger désirant avoir des informations sur ce palais ne peut se fier qu’aux quelques relevés qui ont été faits en 1988. Il s’agit non seulement de la destruction de vestiges mais également de toutes possibilité de connaissances et de recherches dans le futur ; toutes les villes de France ne font pas cela.

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