Société Archéologique  du Midi de la France
FacebookFlux RSS

abbé CARRIÈRE (1821-1881)

président de la S.A.M.F. (1870-1879)
separateur

 

gdcarrie2.JPG (7721 octets) abbé CARRIÈRE,

1821-1881

président de la Société Archéologique du Midi de la France (1870-1879)

 

A. Janot, Notice sur M. l’abbé Carrière, dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. XIII (1883-1885), p. 37-41.

 

NOTICE SUR M. L’ABBÉ CARRIÈRE

MESSIEURS,

Vous m’aviez chargé de vous présenter une notice biographique sur l’un de vos confrères, qui fut l’un des membres les plus actifs et les plus dévoués de la Société archéologique, M. l’abbé Carrière.

Je dois d’abord m’excuser pour le retard que j’ai mis à m’acquitter de cette tâche, que des circonstances impérieuses m’ont fait négliger, à mon grand regret. Enfin, aujourd’hui, après avoir demandé votre indulgence, je viens vous entretenir sommairement de la vie et des œuvres de notre confrère si regretté, et si digne de l’être.

L’abbé Barthélemy-Marie Carrière naquit à Frouzins le 21 novembre 1821, et fit ses premières études chez l’abbé Saint-Martin, curé de Soubens.
Entré à quinze ans au petit séminaire de l’Esquile, il y fut remarqué, et y obtint des succès ; toutefois, s’il était appliqué aux études, son état de santé l’empêchait de participer aux jeux bruyants de ses condisciples ; il se livrait avec ardeur, pendant les récréations, à l’étude de la musique ; de bonne heure il aimait les beaux-arts, laissant ainsi déjà pressentir en lui ces tendances, qui le porteront plus tard à fouiller le passé pour y chercher la poésie des souvenirs, et, dans les traces laissées par les générations disparues, un aliment à ses facultés esthétiques.

Nommé vicaire à Saint-Jérôme, en 1850, il fut envoyé, comme curé, dans la paroisse de Gourdan, en 1852, et c’est là qu’il commença ces études archéologiques et historiques, qui lui devinrent si chères, par la publication de la Vie de saint Jean de Poulat, avec une notice à l’usage des pèlerins qui se rendaient à la chapelle du lieu.
Envoyé à Saint-Élix en 1855, il y composa une monographie très intéressante sur le château de ce nom ; mais, loin de Toulouse, il se trouvait comme exilé. C’était là que l’attendaient de nombreux amis, et ces occasions si désirées d’étudier les monuments et les annales de notre vieille et illustre cité.
Il y fut définitivement rappelé en 1859, et devint aumônier du collège Saint-Raymond, fonctions peu laborieuses qui lui laissèrent des loisirs pour ses recherches archéologiques, et qu’il garda pendant dix ans.

Ce fut cette même année qu’il fut nommé membre de votre compagnie, et on peut affirmer avec certitude que ce fut là une de ses joies les plus vives, parce qu’elle répondait à l’un de ses goûts les plus ardents et les plus obstinés.
En 1862, il fit paraître, dans la Semaine catholique, l’histoire de l’église de Notre-Dame de la Dalbade ; à cette même époque, il collabora à la Revue de l’année, de M. Duilhé de Saint-Projet, et à l’Illustration du Midi.
A cette époque, il publia sa notice sur l’église des Jacobins, et, en 1866, une étude approfondie sur les martyrs d’Avignonet.
C’est au mois d’août de cette même année qu’il fit son voyage à Urgel pour y recueillir les éléments d’une histoire de quatre martyrs de l’Ordre de Saint-Dominique.
A son retour, il écrivit aussi une Monographie de l’église d’Urgel, dans laquelle il avait passé (de longues heures à observer et à méditer.
En 1867>, il fit paraître un journal intitulé : De l’Archéologie populaire, dans lequel il s’efforça de vulgariser les notions techniques qui se rapportent à nos études.
Cette publication le mit en relation avec Mgr Montaut, dont il devint l’intermédiaire empressé pour le faire entrer dans votre société, et l’associer à vos travaux.

En 1868, il fut nommé membre correspondant de la Société des antiquaires de l’Ouest ; en 1813, membre de l’institut des Provinces, et enfin, membre de la Société française d’archéologie, titre qu’il ne conserva que jusqu’au 18 avril 1879, époque où il donna sa démission.

Dans cette période de sa vie, on peut dire qu’il donnait une grande partie de son temps à la Société archéologique, dont il était le président, jusqu’au jour où, par suite de la nomination de Mgr Goux à l’évêché de Versailles, il fut choisi comme secrétaire de l’œuvre des comptes rendus des conférences ecclésiastiques du diocèse de Toulouse. Le grand travail, à la fois intellectuel et matériel, que ces fonctions exigèrent, ne contribua pas peu à préparer les crises désastreuses que devait bientôt subir sa santé. Il avait eu déjà une première attaque, qui avait très notablement affaibli ses forces et laissé un embarras sensible dans la parole. Toutefois, il avait pu reprendre la présidence de vos séances, mais, en 1879, il se vit forcé de donner sa démission.
Afin de ne pas le condamner à une oisiveté qui répugnait à ses habitudes d’activité, on lui donna l’aumônerie du pensionnat Saint-Joseph, mais il ne la garda que trois mois.
A partir de cette époque , la difficulté de s’exprimer avec netteté et les hésitations de sa marche ne présagèrent que trop une fin prochaine. Le 30 avril 1881, une seconde attaque vint l’atteindre, qui rompit tout commerce de ses sens avec le monde extérieur. Il mourut paisiblement le 12 mai de cette même année.

Je fais suivre cette courte notice d’une liste supplémentaire des publications de l’abbé Carrière, mais je ne veux pas quitter cette chère mémoire sans vous rappeler quelques traits du caractère si aimable et si sympathique de votre confrère.
C’est -vous surtout, les assidus, les vaillants de la Société archéologique, qui avez pu, alors qu’il était votre président, juger et apprécier sa physionomie morale.

L’abbé Carrière joignait, à une érudition variée, une science solide, un jugement sûr, une exposition lucide, même ornée quelquefois, et à laquelle on n’aurait pu reprocher qu’un peu de longueur, par une sorte de scrupule d’être complet et de ne rien laisser en arrière. Sous ce rapport, son esprit avait les délicatesses de sa conscience.
Dans ses écrits comme dans ses résumés à la fin de vos séances, n’omettant aucun détail important, il se faisait un devoir de relever tous les droits et d’encourager par de justes éloges toutes les communications ou coopérations utiles des membres de la Société.
Sa bienveillance naturelle, sa bonté de cœur se reflétaient dans sa figure souriante, et, si l’on me permet le mot, attractive. On se sentait, avec lui, porté à l’intimité et aux confidences.

Je ne parlerai pas de ses vertus sacerdotales ; il me semblerait que la modestie de ce prêtre, si digne et si vénéré, me reprocherait, même d’outre-tombe, ces éloges téméraires. Je ne parlerai pas non plus de sa profonde science théologique, que je ne pourrais apprécier avec compétence, et je ne me permettrai que de rappeler à ce sujet le choix que l’autorité diocésaine avait fait de lui pour résumer les conférences ecclésiastiques. Dans l’ordre de vos études, il s’est montré d’une sagacité rare, d’une patience de recherches remarquable, et, plus d’une fois, d’un bonheur de découverte, qui nous feront relire avec autant d’intérêt que de profit quelques-unes de ses brochures archéologiques.

Nous conserverons un souvenir précieux de ce cher et si regretté confrère. Ce n’est pas un petit avantage pour une Société comme la nôtre, d’avoir des coopérateurs aussi zélés et aussi pénétrants.

Les sociétés se, fondent et se développent un peu comme les édifices dont vous avez à étudier les origines et à suivre les progrès.

S’il est des ouvriers qui n’ont à peu près d’autre rôle que celui de figurer sur votre catalogue, il en est d’autres, au contraire, qui ont toujours pourrait-on dire, la truelle à la main pour agrandir et perfectionner la construction : l’abbé Carrière a été un de ceux-là ; il a fait beaucoup pour nous.

Pendant que quelques-uns recherchaient les premières traces de l’homme sur la terre, que d’autres étudiaient, avec un talent d’évocation si remarquable, l’histoire, les institutions de notre vieille Gaule et de nos vieilles villes narbonnaises, que d’autres écrivaient l’histoire de nos grands ordres religieux et militaires, il est entré, lui, non seulement en pieux pèlerin, mais encore en docte archéologue, dans les basiliques, dans les monastères, et là, après de longues observations, il nous en a fait connaître les trésors cachés et- les précieuses annales. Soyons-lui reconnaissants de ce tribut compendieux qu’il Dons a payé. Conservons-lui, alors qu’il n’est plus au milieu de nous, un culte de souvenirs et de cette affection confraternelle qui lui était si chère. Ne doit-on pas croire que cette persévérance de nos sentiments, même au delà de la tombe, est un des éléments du bonheur que la religion, – je dirai plus, – la simple philosophie, assure aux hommes qui ont consacré leur vie à la pratique du bien et à des œuvres utiles ?

Liste des ouvrages de M. l’abbé Carrière publiés dans
les mémoires de la Société archéologique.

Monographie de l’église de Cazères, t. VII, p. 356.
Castelsarrazin, description de la tour et de l’église Saint-Sauveur, tome VIII, p. 116.
Cimetière romain à ustion à La Madeleine, près Auterive, tome VIII, p. 305.
Continuation des fouilles, tome VIII, p. 344 bis.
Mélanges archéologiques. Souvenir d’une promenade de quelques heures, tome IX, p. 125.
Eloge de M. le vicomte de Lapasse, tome 1X, p. 153.
Inscriptions latines, tome IX, p. 357.
Discours de rentrée, tome IX, p. 367.
Tapisseries de Saint-Etienne, tome IX, p. 389.
Château d’Oiron (Deux-Sèvres), tome X, p. 249.
Tapisserie du quatorzième siècle, tome XI, p. 515.

Dans le bulletin de la Société, on trouve

Discours, séance publique, 13 juin 1869.
Travaux de l’église du Taur, avril 1872.
Résumé de la conférence de M. César Daly, 3 décembre 1872.
Discours, séance publique, 4 juin 1874.
Iconographie du Sacré-Cœur, 1 1 janvier 1876.
Peintures de l’église Saint-Michel-Ferrery, 6 juin 1876.
Médaille commémorative frappée et gravée à Toulouse en 1714, 24,juillet 1877.
Description de la châsse de saint Thomas d’Aquin, 28 mai 1878.

A. JANOT
Membre résidant.

 


© S.A.M.F. 1997. La S.A.M.F. autorise la reproduction de tout ou partie des pages du site sous réserve de la mention des auteurs et de l’origine des documents et à l’exclusion de toute utilisation commerciale ou onéreuse à quelque titre que ce soit. 

Haut de page