Société Archéologique  du Midi de la France
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séance du 6 février 2024

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ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

 

 

 

 

 

 

Présents : Mme Czerniak, Présidente, MM. Cabau, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry, Bibliothécaire-Archiviste, Mmes Napoléone, Secrétaire générale, Machabert, Secrétaire adjointe ; Mmes Bessis, Cazes, Fournié, Haruna-Czaplicki, Merlet-Bagnéris, Nadal, Vallée-Roche ; MM. Garland, Garrigou Grandchamp, Macé, Penent, Peyrusse, Pradalier, Surmonne, membres titulaires ; Mmes Hénocq, Jimenez, Ledru, Rolland Fabre, MM. Kérambloch, Mange, Rigault, membres correspondants.
Excusés : Mmes Dumoulin, Jaoul, MM. Cazes, Sournia, Testard.

Invitée : Mme Catherine Péoc’h.

La Présidente ouvre la séance en accueillant l’invitée du jour, Mme Catherine Péoc’h. Elle remercie ensuite Louis Peyrusse pour le don d’un nouvel ouvrage : Antonin Raguenet, Monographies de bâtiments modernes, Paris, Librairie d’architecture.
Puis, conformément à l’ordre du jour, la Présidente nous présente son rapport moral :

Chères consœurs, chers confrères,
Il me revient de dresser devant vous aujourd’hui le rapport moral de notre Société pour l’année 2023. Ce bilan annuel est aussi l’opportunité, au terme de deux années d’un premier mandat, de faire un point sur ma fonction de Présidente et d’exposer les facteurs de motivation qui m’incitent à vous demander de me renouveler votre confiance pour une deuxième mandature. (Vous relèverez que j’ai dit deuxième et non pas seconde…).
L’année 2023 a été marquée par une très belle séance publique organisée le 26 mars autour de la remise du prix de Clausade à Esteban Demesteere pour son master 2 consacré à la révolte de Najac en 1249 et un prix spécial de la S.A.M.F. à Sergio Jimenez-Manchon pour sa thèse dédiée aux pratiques pastorales dans les sociétés de l’âge du fer entre Catalogne et Languedoc. L’auditoire, plutôt dense pour notre plus grand plaisir, a pu ensuite profiter de la présentation par Anne-Laure Napoléone, Maurice Scellès et Pierre Garrigou Grandchamp, en avant-première, de leur livre consacré aux maisons médiévales du Lot.
Deux autres réjouissances ont rythmé cette année 2023 : le 6 juin la visite commentée par Claire Rousseau de l’exposition Saint Thomas d’Aquin montée par ses soins à l’Institut catholique et le samedi 14 octobre la journée foraine à Narbonne au cours de laquelle nous avons visité, sous la houlette de François Rio et Mireille Franc, le Palais des archevêques puis le Musée Narbo Via, avec Ambroise Lassale pour cicerone.
Outre cela, notre éphéméride fut bien remplie et je souhaiterais mettre en avant le dynamisme de notre Société qui se traduit par la facilité avec laquelle nous maintenons notre calendrier académique : nos membres sont motivés par la perspective de partager leurs recherches en participant bien volontiers aux séances dans un premier temps, puis dans un second temps en publiant dans nos Mémoires.
Le Moyen Âge est assurément la période de prédilection de nos membres. Est-ce à mettre en relation avec le profil de la Présidente ? Certes pas car cela n’est pas une nouveauté, mais il faut reconnaître que cela a été particulièrement flagrant en 2023. Ainsi, l’architecture cultuelle médiévale fut à l’honneur. Celle de Conques et Périgueux avec Gilles Séraphin. Celle de Moissac, tant le cloître que l’église Saint-Pierre, avec Jacques Dubois et Gilles Séraphin. Celle de Bayonne avec Bernard Sournia et celle, plus rurale de Toulongergues avec Valérie Rousset et moi-même. L’architecture civile du Moyen Âge fut également présente grâce à Anne-Laure Napoléone qui nous a présenté l’admirable palais de Balène de Figeac, de même que la sculpture grâce à Henri Pradalier et Céline Ledru. La peinture ne fut pas oubliée avec le panneau de Pampelune et Émilie Nadal nous a enchantés avec la présentation des enluminures des ouvrages d’Amanieu d’Albret. Sophie Brouquet a amorcé une palpitante enquête sur le monastère de Prouilhe tandis que Laurent Macé nous a fait découvrir deux matrices de sceaux inédites. Les textes médiévaux ne furent pas oubliés grâce à Patrice Cabau.
Les communications de Dominique Watin-Grandchamp sur Bénezet, de Sophie Duhem et Gérard d’Alto sur les Pedoya et celle, en duo, d’Émilie Nadal et Claire Rousseau sur Henry Howard ont ouvert le champ chronologique.
Cette appétence coutumière pour le Moyen Âge se confirme avec le profil des nouveaux membres correspondants puisque sur quatre élus cette année, deux d’entre eux sont médiévistes : Sidonie Bochaton et Gabriel Imbert. Aurélia Cohendy quant à elle est moderniste et Christian Mange contemporanéiste. Il nous faudra veiller à susciter l’adhésion de nouveaux membres travaillant sur diverses périodes.
Parmi les séances qui ont rythmé l’année académique 2022-2023, la dernière en date du 13 juin fut particulièrement émouvante. Elle fut en effet dédiée, à l’initiative de Laurent Macé, à notre confrère Jean-Luc Bourdatchouk qui devait assurer la communication de ce jour. Sa disparition brutale, fort douloureuse pour notre Société, nous ayant privé de sa présence et de son travail, Laurent Macé a suggéré, heureuse idée, d’évoquer celui-ci. La parole fut ainsi donnée à celles et ceux qui souhaitaient évoquer leurs échanges intellectuels avec Jean-Luc. Ainsi, Jean-Charles Balty, Daniel Cazes, Philippe Gardes, Dominique Watin-Grandchamp, Fernand Peloux, Patrice Cabau et Laurent Macé ont-ils partagé leurs travaux et expériences de terrain, pour le plus grand bonheur des membres présents.
Les deux grandes nouveautés de cette année 2023 pour la S.A.M.F. sont l’ouverture de la commission pour l’organisation des festivités du bicentenaire de notre Société qui se dérouleront en 2031 et la création d’une chaîne YouTube mise en œuvre par quatre étudiantes du Master Art et Communication de l’UT2J (Flore Chupin, Nadia Perles, Cécile Rauzier, Raphaëlle Tavernier). Cette chaîne numérique, destinée à être une sorte de vitrine de la S.A.M.F. sera un outil pour les plus jeunes qui auront ainsi accès très aisément à des données scientifiques, notamment sur le patrimoine toulousain, présentées de façon pédagogique, sera dévoilée à la faveur de la séance publique de cette année qui se tiendra le 24 mars prochain.
La création de cette commission et la mise en route de la chaîne YouTube, ont révélé un déficit d’implication dans les projets de la S.A.M.F. et je le déplore. En effet, la commission pour les festivités est ouverte à tous les membres, or, à l’exception de deux personnes, seuls les membres du Bureau étaient présents aux deux premières réunions. S’agissant de la chaîne YouTube, vous n’avez pas été très nombreux à me solliciter afin d’organiser des enregistrements… Nous notons également que l’annonce de la nécessité de pourvoir le poste de bibliothécaire n’a guère suscité de vocation et je crains fort que celui-ci ne reste vacant. Il me faudra donc, il nous faudra collégialement, œuvrer davantage à l’engagement de nos membres dans nos projets. Mais je gage que nous y parviendrons !

Au sujet de la chaîne YouTube, Laurent Macé suggère de réaliser également un podcast avec les doctorants. Dans la perspective du bicentenaire, certains membres présenteront au cours de la prochaine année académique, des communications courtes sur l’histoire de notre Société. Cette série assurera la transmission d’éléments de mémoire, préalable à l’écriture d’une Histoire de la S.A.M.F.

Le Bibliothécaire-Archiviste donne, à son tour, lecture de son rapport :

Jalons pour l’histoire d’une collection

Dans cet ultime rapport d’activité, je présenterai les résultats du travail accompli par notre équipe, au cours des dix dernières années. En 2017, après avoir effectué quelques rangements qui s’avéraient nécessaires pour pallier le manque de place, nous nous interrogions sur la façon de mieux valoriser nos collections ; je ne sais si nous avons atteint notre cœur de cible, mais nous souhaitions, en tout cas, offrir le meilleur à la Société Archéologique du Midi de la France. C’est cette exigence qui nous a servi constamment d’aiguillon : le catalogue en ligne que vous utilisez aujourd’hui, malgré d’inévitables erreurs ou imperfections, constitue l’aboutissement d’une longue série de catalogues, preuve s’il en faut que nous ne sommes que les maillons d’une chaîne et qu’il faut sans cesse remettre l’ouvrage sur le métier.
Les origines de la bibliothèque se confondraient-elles avec celles de notre Compagnie ? Aussi loin que l’on remonte dans le passé, les comptes rendus des séances consignent régulièrement les dons effectués en faveur de la Société Archéologique par l’un ou l’autre de ses membres, qu’il s’agisse d’un livre, d’un article, d’un plan, d’une carte, d’une gravure, d’une photographie ou même d’un objet. La reproduction de ce papyrus égyptien, en caractères hiératiques, compte sans doute parmi les plus anciennes acquisitions de notre Société qui l’a reçue en don de la Bibliothèque royale, le 10 mars 1852. Elle porte le numéro 1 du catalogue. Cette collection, d’abord embryonnaire, n’a pris corps que peu à peu et n’a formé une bibliothèque digne de ce nom qu’au début du XXe siècle ; un premier inventaire, réalisé vers 1868 sous la forme d’un registre manuscrit, recense les ouvrages et les périodiques offerts ou obtenus par échange, plus rarement acquis à titre onéreux. En 1876, Eugène Lapierre, pour répondre à une circulaire du Ministère de l’Instruction publique, évaluait le contenu de la bibliothèque à 1 200 volumes, plus de 400 plaquettes et quelques grands livres d’art ornés de gravures. Cet effort louable, toutefois, ne donnait pas entière satisfaction car si l’on en croit le compte rendu de la séance du 21 mars 1882, « les membres de la Société ont souvent exprimé le désir que la bibliothèque soit disposée en ordre commode pour les recherches et qu’un catalogue soit dressé ». Le Président [alors Gustave de Clausade] délègue Mazzoli et Romestin auprès de l’archiviste pour mener à bien ce travail dans les meilleurs délais. L’article 26 du règlement interne élaboré en 1885 confirme bien l’existence d’une bibliothèque, au sein de notre Compagnie, et autorise le prêt des ouvrages qu’elle renferme pour une durée de trois mois. Le 30 janvier 1891, dans un courrier adressé au Président de la Société Archéologique, Émile Cartailhac priait celui-ci « de bien vouloir rédiger une petite notice sur la bibliothèque qui comporterait la liste des principaux ouvrages que ne possèdent pas probablement les autres dépôts de Toulouse, le nombre des ouvrages, le nombre des volumes, la liste des sociétés avec lesquelles la Société de Toulouse échange ses publications, enfin, s’il y a lieu, l’indication des jours et heures pendant lesquels la bibliothèque est ouverte aux membres de la Société et si les personnes étrangères à la Société peuvent être admises à profiter de la bibliothèque ». Un nouveau registre des ouvrages et surtout des périodiques fut commencé, semble-t-il, le 26 juillet 1891 ; par ailleurs, avant même que le siècle ne s’achève, la bibliothèque accueillait le public le mardi et le mercredi, de deux heures à quatre heures de l’après-midi : le vœu de Cartailhac était donc exaucé. Nous conservons un registre manuscrit, daté de juillet 1905, dans lequel les ouvrages, au nombre d’environ 1.800, se répartissaient entre les catégories suivantes : archéologie préhistorique, archéologie grecque et romaine, archéologie du Moyen Âge et de la Renaissance, Histoire. Son rédacteur, bien que le nom n’apparaisse en clair, ni au début ni à la fin, n’était autre que Jules de Lahondès (je l’ai découvert il n’y a pas si longtemps) : lors de la séance du 28 novembre 1905, il présentait avec fierté « le double catalogue de la bibliothèque dressé patiemment par lui, par ordre d’auteur et par ordre des matières ». Seul ce dernier nous est parvenu. Les volumes décrits prenaient place sur les rayonnages sans que l’on ait affecté au préalable une cote à chaque unité bibliographique, comme cela se pratique aujourd’hui ; mais on pouvait retrouver les documents grâce au numéro de la salle et au numéro de l’étagère que mentionnait le registre. Ce type de rangement subsista jusqu’à l’arrivée d’Alexandre Biscons, élu archiviste en janvier 1927, après la mort de Louis Vié ; c’est lui qui privilégia le catalogage sur fiches, faisant l’admiration du chanoine Auriol, Président de la Société archéologique (fig. 1).

Fig. 1. Portrait du chanoine Achille Auriol (1865-1937), arborant les insignes de chevalier dans l’Ordre de la Légion d’honneur.

Je ne résiste pas au plaisir de citer les mots que celui-ci prononça devant les membres du Bureau de la Société française d’archéologie, lors de son congrès annuel tenu à Toulouse, en mai 1929 : « notre insuppléable archiviste, M. Alexandre Biscons, vient d’accomplir le prodige du joli conte de Gracieuse et Percinet. Gracieuse avait ouvert la boîte fatale, et les petits hommes et les petites femmes y contenus se sauvaient à qui mieux mieux. Survint à point le galant Percinet armé de son épée magique ; il suffit : tout ce petit monde en débandade revint au galop dans la boîte. C’est tout juste ce qu’opère présentement M. Biscons : livres et revues rentrent, prennent rang par nations et régions ; les fiches sont rigoureusement et minutieusement établies ; rien ne sera plus aisé que le maniement des quelque cinq mille à six mille volumes de notre bibliothèque. On ne fait pas mieux à la Nationale, je vous en réponds ». Biscons exerça les fonctions de bibliothécaire pendant plus de vingt ans et mourut en 1951. Nous gardons bien sûr, telle une relique, le fichier en bois qui trôna jusqu’à une date récente sur une table de la salle de lecture. Dans les années 1990, nos collections, comme celles des autres Sociétés savantes, durent abandonner, au sein de l’Hôtel d’Assézat, les murs de l’ancienne demeure du XVIe siècle pour investir les nouveaux bâtiments qui leur étaient destinés ; cette construction fut inaugurée le 18 octobre 1996. Plongés au cœur de la tourmente, Georges Fouet, Louis Latour, Henri Pradalier, Pascal Julien et d’autres membres de la Société participèrent au retour des cartons de livres, stockés provisoirement aux Abattoirs et dans les réserves du Musée Saint-Raymond ; nos prédécesseurs ont eu ensuite le mérite de réorganiser une masse documentaire qui n’avait cessé de prendre de l’ampleur. L’informatisation du catalogue fut alors engagée ; on prévoyait même de créer, en l’an 2000, un site Internet (www.pyrenet.fr) destiné à accueillir progressivement les notices que produiraient à l’avenir l’Académie des Sciences, la Société Archéologique, puis les autres institutions hébergées dans l’Hôtel d’Assézat. Mais celles-ci n’ont pu adhérer à ce projet fédérateur, de sorte que notre bibliothèque poursuivit seule son chemin. Lorsque vous m’avez élu pour la première fois Bibliothécaire-Archiviste, en janvier 2014, une grande partie des collections était déjà répertoriée. Cependant on ne pouvait interroger le catalogue que depuis la salle de lecture ; il nous a donc semblé souhaitable de lui donner plus de visibilité et de le rendre accessible urbi et orbi, au même titre que nos Bulletins et nos Mémoires, numérisés les uns et les autres par la Bibliothèque nationale de France. Nous avons bien tenté de rester membre à part entière du réseau « Symphonie » des bibliothèques de la Ville de Toulouse ; mais le Service concerné n’ayant pas donné suite aux courriers qui lui furent adressés en 2017, nous avons alors jeté notre dévolu sur un logiciel qui nous permettait de conduire ce chantier à notre guise, à notre rythme, en toute indépendance et au moindre coût. Comme les anciennes notices ne pouvaient être récupérées dans le nouveau système, sauf celles rédigées en format Unimarc par Jacques Surmonne, il fallut donc entreprendre, dès janvier 2018, une nouvelle description de l’ensemble du fonds, pièce à pièce ; nous n’avions pas le choix. Le catalogue de la bibliothèque a donc fait l’objet d’une nouvelle refonte : c’est, depuis les origines, la cinquième version que nous vous proposons, après avoir procédé, six années durant, à l’inventaire, à la description et à la collation minutieuse de ses éléments constitutifs. Il est encore trop tôt pour se réjouir de l’exhaustivité de ce travail, mais nous ne sommes plus très éloignés de l’objectif poursuivi.

À ce jour, au moins 97 % des ressources sont répertoriés, soit 11 000 imprimés et manuscrits, 480 périodiques (signalés dans le catalogue collectif des bibliothèques de l’Enseignement supérieur) et plus de 500 documents en feuilles (dessins, gravures, cartes, tirages photographiques). En outre, 400 plaques de verre, au préalable traitées, nettoyées et reconditionnées par Anne-Laure Napoléone et Maurice Scellès, figurent après numérisation, sur le site de la Société Archéologique. Les archives de Bertrand Sapène concernant les fouilles de Saint-Bertrand-de-Comminges seront à leur tour numérisées, dans les mois qui viennent. Une convention de partenariat vient d’être signée à ce sujet avec le Département de la Haute-Garonne pour que les Archives départementales puissent reproduire et mettre en ligne ces papiers et ces photographies qui éclairent un demi-siècle de fouilles, de 1920 à 1970. On peut considérer que nos collections se composent aujourd’hui d’au moins 25 000 unités matérielles, en incluant dans ce nombre les ouvrages et les brochures, les fascicules de périodiques, les archives, les documents en feuilles et les plaques de verre. Il y en avait environ 1 600 en 1876, 5 000 à 6 000 en 1929, quatre ou cinq fois plus en 2024 ; cela vous donne une idée de la progression régulière de ce fonds bibliographique et iconographique qui s’enrichit, comme vous le savez, grâce à l’échange des Mémoires, mais aussi grâce aux dons effectués par les membres de notre Compagnie. Anne-Laure Napoléone vient de nous offrir plus de 200 ouvrages et revues provenant de la bibliothèque de travail de Jean-Luc Boudartchouk, qui avait soutenu en 1998 une thèse monumentale sur le « Carladez, de l’Antiquité au XIIIe siècle ». Ce don constitue un apport majeur pour nos collections au sein desquelles l’Auvergne n’était guère présente. Nous avons acquis par ailleurs les catalogues qui accompagnaient deux expositions organisées à Toulouse en juin 2023 : l’une consacrée à saint Thomas d’Aquin, l’autre au collectionneur Fernand Pifteau ; enfin, juste avant la Noël, nous avons eu la primeur d’un magnifique ouvrage collectif sur les Demeures du Moyen Âge dans le Lot dont Pierre Garrigou Grandchamp et Maurice Scellès avaient dirigé la publication ; cette étude à laquelle ont participé plusieurs membres de la S.A.M.F. complète la trilogie « Archives de pierre » inaugurée en 2011 avec les églises médiévales du Lot et poursuivie en 2014 avec un volume dédié aux donjons et aux châteaux construits au Moyen Âge dans ce département.

Le logiciel que nous avons choisi, il y a six ans, permet de faire des requêtes simples ou croisées, par noms d’auteurs, par titres ou mots du titre, par sections, par sujets, par dates, soit sur l’ensemble de la période soit en se limitant à une tranche chronologique. Le serveur, qui a été changé l’année dernière, donne des temps de réponse honorables et les notices que nous avons élaborées avec Jacques Surmonne et Geneviève Bessis devraient satisfaire les chercheurs les plus exigeants de par leur complétude et leur précision. Grâce à un contrat de maintenance peu onéreux, grâce aussi à la disponibilité du concepteur de ce logiciel, nous avons pu résoudre, à plusieurs reprises, de petits problèmes techniques et améliorer, de façon appréciable, la grille de recherche.
Le livre est avant tout, bien sûr, un contenu littéraire, historique ou scientifique, mais il apparaît aussi comme un objet qui possède sa propre histoire, une histoire dont les traces affleurent sur les pages de titre, les pages de garde ou le contreplat des reliures, sous forme d’ex-libris ou de dédicaces : tel livre a appartenu à Paul de Castéran, Eugène Lapierre ou Jean-Luc Boudartchouk ; tel tiré à part fut donné à Jules de Lahondès ou Achille Auriol. En 1917, Joseph de Baye adressa depuis Moscou à Émile Cartailhac le texte d’une conférence qu’il venait de prononcer dans cette ville, comme l’atteste une enveloppe en partie déchirée. Nous ne possèderions pas les travaux de Paul Gauckler, chef de l’administration des antiquités à Tunis, de 1892 à 1905, s’il ne les avait offerts à son oncle, le docteur Élie Tachard, qui les donna à son tour à notre Compagnie, dont il faisait partie. Chacune de ces publications, le plus souvent dédicacées, témoigne de l’affection que Gauckler portait à son oncle et aussi à sa tante, Anne, qu’il appelait « sa chère Tantanne ». Il n’est pas rare par ailleurs de découvrir, glissés entre les feuillets d’un volume, un faire-part, une invitation, une lettre manuscrite, une photographie, des coupures de presse en rapport avec le livre ou son auteur, autant d’éclats de vie qui font que l’exemplaire que l’on a entre les mains n’est pas n’importe quel exemplaire ; c’est celui de la Société Archéologique du Midi de la France. Nous nous sommes efforcés, au fil des notices, de relever ces menues informations qui peuvent présenter à l’avenir un intérêt pour le chercheur.
Il ne faut jamais perdre de vue que la Société Archéologique possède ou possédait également, hors les murs, un certain nombre d’objets, de livres, de documents qui ont été cédés ou confiés pour des raisons diverses, à d’autres institutions : ainsi les quelque 3 000 dessins à la plume ou à la mine de plomb, aquarelles, fusains, eaux-fortes, burins, lithographies et photographies mis en dépôt dans le Musée Paul-Dupuy, devenu depuis sa réouverture, il y a deux ans, Musée des Arts précieux. Nous en sommes, en principe, les légitimes propriétaires, mais jusqu’à quel point et jusques à quand ? Je rappelle également pour mémoire que le Musée de Saint-Bertrand-de-Comminges a été cédé au Département, par acte notarié le 3 juillet 1986 (avec une contrepartie sous forme de rente annuelle) et qu’environ 360 objets du plus grand intérêt furent vendus par nos prédécesseurs à la Ville de Toulouse, en septembre 1893, pour enrichir les collections du Musée Saint-Raymond récemment créé et celles du Musée des Augustins. Le parement d’autel des Cordeliers de Toulouse auquel Jean Penent consacra une remarquable exposition en 2012, appartenait autrefois à la Société Archéologique du Midi de la France ; il orna même notre salle des séances de 1855 à 1895, puis intégra le Musée Saint-Raymond et fut transféré un peu plus tard au Musée Paul-Dupuy, dont il constitue un des plus beaux fleurons. En revanche, nous pouvons toujours nous enorgueillir des tableaux, bustes, moulages, menhirs, inscriptions lapidaires, morceaux de corniches, fragments de poteries, et autres vestiges en provenance de Chiragan, de Frescaty, de Monteils ou d’ailleurs, qui constituent, si j’ose dire, le trésor de guerre de notre Société. Daniel Cazes en dresse minutieusement et scrupuleusement l’inventaire. Le fait de constituer une belle collection de livres et d’objets rares et précieux, à la manière des cabinets de curiosités du XVIIe ou du XVIIIe siècle, ne peut que contribuer au prestige de notre Compagnie, surtout à l’approche de son bicentenaire. Notre Trésorier aura plus d’une fois participé, avec beaucoup de pertinence, à son enrichissement.
Voici, à présent, quelques échantillons extraits de notre bibliothèque :

• Excursion de la Société Archéologique du Midi de la France dans le Tarn : Gaillac, Lisle-sur-Tarn, Saint-Géry et Rabastens (mardi 16 mai 1899)
Le mardi 16 mai 1899, transformant leur séance de travail hebdomadaire en une agréable promenade, une douzaine de membres de la Société Archéologique prirent la direction de l’Albigeois, tôt dans la matinée, sous la houlette de leur Président, Jules de Lahondès ; arrivés à Gaillac, ils furent accueillis à la descente du train, vers 8 heures, par le baron de Rivières, Élie Rossignol, Edmond Cabié, Charles Portal et Émile Jolibois que l’on reconnaît sur la photographie ; à leurs côtés figurent également Charles Lécrivain, Félix Pasquier, le marquis de Champreux, Émile Cartailhac et Antonin Deloume. Le jeune Édouard Privat faisait partie de cette équipée, mais il se trouvait, à ce moment précis, derrière l’objectif ! Lahondès publia le récit de cette excursion à la fois dans le Bulletin de la Société et dans le Messager de Toulouse, paru le 22 mai.
Après avoir visité Gaillac, les membres de la Société Archéologique convièrent le propriétaire de la maison natale de dom Vaissète à partager leur repas et lui remirent une plaque commémorative de marbre blanc, gravée en lettres d’or, préparée par les soins d’Émile Cartailhac. Cet hommage de notre Compagnie à un illustre enfant de Gaillac est toujours visible sur la façade de la maison, à l’entrée de la rue du Comte de Toulouse. On peut y lire l’inscription suivante : « Dom Vaissete / principal auteur de la célèbre / Histoire générale de Languedoc / est né ici en 1685 / Hommage de la Société archéologique du Midi, 1899 ». Après le déjeuner et une dernière flânerie dans les rues étroites de la vieille ville, des voitures conduisirent le petit groupe jusqu’à Lisle-sur-Tarn, puis jusqu’au château de Saint-Géry où madame O’Byrne et sa famille lui réservèrent le meilleur accueil. La châtelaine fit les honneurs de sa belle demeure, parcourant les salons décorés de tapisseries flamandes du XVIIIe siècle et montrant les chambres situées au premier étage, dont celle qu’aurait occupée Richelieu en 1627, ainsi que la chapelle de style Louis XVI ; les visiteurs atteignent enfin une terrasse monumentale, en surplomb sur la rivière, qui « laisserait un souvenir plus enchanteur encore, écrit Lahondès, s’il n’était dépassé par celui de la gracieuse hospitalité que nous avons reçue ». Connaissant le programme et le déroulement des visites effectuées ce jour-là, il ne semble pas déraisonnable de penser que ce cliché a été pris en fin d’après-midi, aux alentours de 17 heures. La journée se termina par la visite de Rabastens où le groupe admira l’architecture et les peintures de Notre-Dame du Bourg, la chapelle des Puysségur et la pierre tombale de Pierre de Cunh, qu’abritait l’église Saint-Pierre. Les excursionnistes n’avaient plus qu’à remonter dans le train, « convaincus une fois de plus, conclut Jules de Lahondès, qu’il suffit de parcourir la moindre région de notre France, pour y retrouver des richesses d’art ignorées, des souvenirs attachants et des raisons de l’aimer davantage ».
Bulletin de la Société Archéologique du Midi de la France, Toulouse, 1899, séance du 23 mai 1899, p. 116-123.


Fig. 2. Bas-relief dans l’église San Saturnino à Pampelune : un chevalier partant pour la croisade ? Prov. : Édouard Privat (1899)
Cette image nous transporte à Pampelune, loin du château de Saint-Géry. Pourtant il existe un lien entre ces deux photographies, car elles ont été prises toutes les deux, vers la même époque, par le jeune Édouard Privat, qui sortait de l’École des chartes où il avait soutenu une thèse sur « Charles III le Noble et ses rapports avec la France ». Trois ans plus tard il publia dans les Mélanges dédiés à Léonce Couture, un article qui évoquait « L’art français en Navarre sous Charles le Noble (1361-1425) ». Édouard Privat fut donc le photographe de l’excursion dans le Tarn que l’on vient d’évoquer : il donna à la Société Archéologique les clichés qu’il avait pris à Gaillac, Lisle-sur-Tarn, Saint-Géry, mais aussi, nous dit le Bulletin, la reproduction « d’un bas-relief représentant saint Georges à cheval à l’intérieur de l’église San Saturnino de Pampelune et un autre pris sur la façade, au-dessus de la porte, montrant le martyre du saint évêque de Toulouse ». Ces œuvres nous rappellent à point nommé, un an après l’exposition qui eut lieu au Musée de Cluny : « Toulouse 1300-1400 ; l’éclat d’un gothique méridional » que les relations entre le Nord de l’Espagne et le Midi toulousain ont existé pendant tout le Moyen Âge et, sans doute avec une intensité particulière, au XIVe siècle ; en témoigne la présence de brodeurs, d’armuriers et de maîtres-verriers français à la cour de Navarre, ou encore l’activité du peintre Juan Oliver (Jean Olivier, Johannes Olivieri), venu de Toulouse, qui exécuta le très beau panneau de la Crucifixion de la cathédrale de Pampelune. Nous sommes ici face à un bas-relief impressionnant, presque grandeur nature, qui représenterait un chevalier partant à la croisade, béni par la main de Dieu (fig. 2). Ayant franchi la porte de la ville, il brandit un étendard de la main droite et porte un écu sur son bras gauche ; on remarquera la têtière du cheval orné de fleurs de lys. Selon Juan Albizu y Sainz de Murieta, le savant curé de Saint-Saturnin, qui écrivait dans les années 1930, il s’agirait plus précisément du roi de Navarre Teobaldo Ier qui participa à la sixième croisade en 1238-1239. Mais ne pourrait-on pas voir aussi dans ce chevalier la figure de saint Georges, comme le suggèrent Lahondès et un autre historien, José María Lacarra, en raison du nimbe qu’il porte sur sa tête et de la croix de saint Georges qui orne son oriflamme et son bouclier ? D’autant plus qu’il existe, à l’intérieur de l’église, une chapelle dédiée à ce saint. En 1968, dans son ouvrage sur le harnachement du chevalier, Martí de Riquer reprenait à son compte cette dernière hypothèse et situait la réalisation de ce bas-relief, plus tard, vers le milieu du XIVe siècle. J’ajouterai que saint Georges, modèle du chevalier chrétien, représenté le plus souvent aux prises avec un dragon qu’il terrasse, aurait favorisé l’éclatante victoire remportée par les Aragonais sur les Maures, en 1096, à la bataille d’Alcoraz, non loin de Huesca ; dans le contexte de la Reconquista, même si saint Jacques a pris dès le début la première place, comme chacun sait, il ne semble guère surprenant que la croix de saint Georges ait pu être associée, comme ici, à la figure altière de ce chevalier partant à la guerre ou à la croisade, béni par la main de Dieu.
Édouard Privat fit don également d’une photographie qui représentait le martyre de saint Sernin, sculpté sur le tympan du portail occidental de l’église San Saturnino (fig. 3) ; mais elle n’est pas parvenue jusqu’à nous. En revanche Jules de Lahondès, qui avait jadis étudié ce monument, nous a laissé un dessin à la plume de ce bas-relief dont la lecture est rendue de plus en plus difficile en raison d’une maladie qui ronge la pierre ; celle-ci était déjà très usée à l’époque où le Président de la Société Archéologique publia son dessin, en 1898, dans le numéro 22 de notre Bulletin, page 122. Eu égard à la dégradation inéluctable et peut-être même, un jour, à l’effacement complet de la scène représentée sur ce bas-relief, le témoignage graphique de Lahondès n’en revêt que plus d’importance et nous renvoie, en même temps, à la récente communication de Laurent Macé.


Fig. 3. Bas-relief représentant le martyre de saint Saturnin ; tympan du portail de cette même église.

Bibl. : Juan Albizu y Sainz de Murieta, San Cernín ; reseña histórico-artística de la iglesia parroquial de San Saturnino de Pamplona, Pamplona, Editorial Aramburu, 1930, pp. 45-46. Voir aussi : Bulletin de la Société Archéologique du Midi de la France, n° 22, 1899, p. 122-123. José María Lacarra, dans Príncipe de Viana, V, 1941, p. 39. Martí de Riquer, L’Arnès del cavaller, Barcelone, Éd. Ariel, 1968, p. 92.

• 84e Congrès archéologique de France (Limoges) : le bureau du Congrès et les membres de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze photographiés dans la cour d’honneur de l’Hôtel Labenche, à Brive (18 juin 1921)
Le 84e Congrès archéologique de France se tint à Limoges en 1921 ; plusieurs excursions furent alors prévues à l’intention des congressistes, notamment à Guéret, Tulle, Uzerche, Aubazine, au château de Montal ou à Castelnau-Bretenoux. L’une d’entre elles avait pour destination la ville de Brive où la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, au grand complet, accueillit le Bureau du Congrès archéologique de France. Les mots de bienvenue et les échanges d’amabilités précédèrent une conférence d’Eugène Lefèvre-Pontalis sur la collégiale Saint-Martin, en présence de 150 personnes ; ensuite commença la visite de la ville, de son musée et de ses vieilles maisons. C’est à ce moment-là, selon toute vraisemblance, que l’on photographia les congressistes, non pas au siège de la Société corrézienne qu’abritait depuis peu l’Hôtel de Verninac, au n° 10 du boulevard Carnot, mais dans la cour d’honneur d’une magnifique demeure de la Renaissance, construite à partir de 1540 par Jean de Calvimont, seigneur de Labenche. Cela me donne l’occasion de remercier ici notre consœur Sarah Munoz qui m’a permis d’identifier l’architecture et le décor sculpté que l’on peut voir à l’arrière-plan. Au-dessus des arcades en plein cintre, la façade est ornée de fausses fenêtres « d’où se penchent des bustes de femmes et d’hommes en très haut relief ». En publiant dans la revue Venezia Arti, en décembre 2020, un bel article intitulé : « Des figures hors cadre : l’émergence du corps sculpté dans l’architecture de la Renaissance en France », Sarah Munoz a montré en effet que ce type de décor était en vogue précisément dans les années 1540. Le cadre choisi pour immortaliser cette rencontre académique n’était pas le fruit du hasard : la Société corrézienne se sentait à l’étroit dans les murs de l’Hôtel de Verninac qu’on lui avait attribué, à titre provisoire, en 1917 ; il apparaissait nécessaire par ailleurs de restaurer au plus vite l’Hôtel de Labenche dont la ville était devenue propriétaire quelques années plus tôt et qui se délabrait de jour en jour. Les érudits corréziens rêvaient d’investir cet édifice prestigieux et demandaient qu’on leur réservât au moins deux pièces : l’une pour y tenir leurs réunions, l’autre pour y loger leur bibliothèque. La municipalité avait donné un accord de principe, mais les travaux tardaient à démarrer et la Société rongeait son frein ; le Congrès archéologique de 1921 était donc pour elle une occasion inespérée d’exprimer son vœu avec plus de force, avec une légitimité accrue, et en bénéficiant d’une audience qui dépassait les limites d’une petite ville de province. C’est ainsi, je crois, que nous devons interpréter la photographie de cette docte assemblée qui pose dans la cour d’honneur de l’Hôtel de Labenche, enfin restauré aujourd’hui. Vous avez observé que les épouses sont reléguées dans l’anonymat : seule une d’entre elles apparaît sur le cliché, et encore de façon furtive, presqu’à son insu ! Il faut savoir que ce magnifique bâtiment du XVIe siècle abrite, depuis 1989, les collections du Musée d’art et d’histoire de Brive-la-Gaillarde et non la Société savante de cette même ville ! On distingue, dans les cercles rouges, les frères Amédée et Jean Bouyssonie, tous deux chanoines, éminents préhistoriens, l’un et l’autre membres de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, et dans le cercle jaune un visage dont les traits évoquent sans ambigüité ceux d’Eugène-Humbert Guitard qui fut, entre autres, bibliothécaire, libraire, éditeur, historien de la pharmacie et conservateur du Musée Saint-Raymond de 1935 à 1948.

Bibl. : Congrès archéologique de France, LXXXIVe session tenue à Limoges, en 1921, Paris, Picard, 1923 ; Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze ; Sarah Munoz, « Des figures hors cadre : l’émergence du corps sculpté dans l’architecture de la Renaissance en France », Venezia Arti, serie 2, vol. 29, dicembre 2020, p. 195-214.

• Le fonds Bertrand Sapène (1890-1976)
Je terminerai en présentant non pas une pièce isolée ou une simple photographie, mais un fonds d’archives qui a été répertorié l’année dernière : il s’agit d’un ensemble homogène de documents manuscrits, dactylographiés ou imprimés, graphiques et photographiques aussi, qui nous renseignent sur l’activité de Bertrand Sapène. Celui-ci, nommé instituteur à Saint-Bertrand-de-Comminges, à la fin de la Première Guerre mondiale, se passionna d’emblée pour un site archéologique que l’on avait découvert quelques années plus tôt et que l’on avait commencé à explorer, sous l’impulsion de Marcel et Jeanne Dieulafoy (fig. 4). Bertrand Sapène exerça, au début, son métier d’instituteur, mais il obtint, chaque fois que cela était possible, un détachement qui lui permettait d’abandonner sa blouse de maître d’école pour diriger, de 1920 à 1970, avec beaucoup de rigueur scientifique et beaucoup d’autorité, les fouilles de Saint-Bertrand-de-Comminges ; il a su affirmer sa compétence au sein du monde universitaire, parfois en grinçant des dents, comme le prouvent certains commentaires pleins d’acrimonie ; les dossiers conservés dans notre bibliothèque ont été constitués par Bertrand Sapène lui-même ; les informations précieuses qu’ils contiennent doivent être complétées par les documents déposés aux Archives de la Haute-Garonne (dans l’annexe de Saint-Gaudens) et ceux que possède le Musée archéologique départemental, à Saint-Bertrand. Ce fonds, quasiment inconnu des chercheurs, ignoré, inexploité, présente pourtant un intérêt exceptionnel car on y trouve le journal des fouilles, qui représente plus de 4 000 pages, les rapports publiés chaque année, les centaines de lettres adressées à Bertrand Sapène par Joseph Calmette, alors Président de la Société Archéologique, la correspondance échangée avec les plus grands érudits français ou étrangers, les documents comptables, les découvertes faites sur le champ de fouilles et les publications qui en découlaient, les cartes, les plans, les croquis ainsi qu’un millier de plaques photographiques qui doivent être numérisées prochainement par les Archives départementales. Le fonds Sapène constitue un gisement de premier ordre qui pourrait faire l’objet d’un beau travail universitaire. On parle aujourd’hui, avec une certaine emphase, des grands sites touristiques de l’Occitanie, parmi lesquels figure en bonne place Saint-Bertrand-de-Comminges, mais en oubliant de façon injuste le nom d’un instituteur passionné d’archéologie qui a beaucoup œuvré, pendant un demi-siècle, pour faire connaître au plus grand nombre le site de l’antique Lugdunum Convenarum.


Fig. 4. Bertrand Sapène (1890-1976) et deux ouvriers sur le chantier de fouilles de Saint-Bertrand-de-Comminges.

À l’issue de cet exposé, la Présidente remercie chaleureusement Christian Péligry pour le précieux travail qu’il a accompli pendant dix ans.
Enfin Guy Ahlsell de Toulza présente le rapport financier de la Société pour l’année 2023. Le trésorier revient sur le problème, croissant, des retards de règlements : un tiers des membres correspondants n’a pas payé sa cotisation. Des rappels vont être effectués. Il est aussi rappelé que tout membre n’ayant pas acquitté sa cotisation dans un délai de trois ans est considéré comme démissionnaire. Le nouveau R.I.B. pour les virements va être transmis par mail.
Pierre Garrigou Grandchamp souhaite connaître le coût de la gestion des stocks. Le Trésorier explique que les stocks de nos volumes sont conservés dans les caves et ne coûtent rien. La question se pose néanmoins de leur écoulement : une braderie sera organisée lors de la séance publique du 24 mars. Par ailleurs, les membres souhaitant compléter leur collection sont invités à faire une demande auprès du Bureau.
La Compagnie procède aux votes. Le bilan financier est approuvé et quitus est donné au Trésorier pour sa bonne gestion. Les rapports précédents sont approuvés à l’unanimité.

Puis le renouvellement des postes de Présidente et de Secrétaire générale est soumis aux votes des membres titulaires. Virginie Czerniak et Anne-Laure Napoléone sont réélues. En l’absence de candidat, le poste de Bibliothécaire-Archiviste est désormais vacant. Dans l’attente, Christian Péligry assurera un suivi, la Présidente le remercie pour son dévouement.

Le dernier point inscrit à l’ordre du jour concerne notre règlement intérieur. La proposition de modification des articles 2 et 3, envoyée aux membres le 8 janvier, est soumise aux votes. La proposition est approuvée à la majorité. Les articles 2 et 3 du règlement intérieur sont modifiés comme suit :

« Art. 2

La lecture du procès-verbal de la séance précédente à l’ouverture de chaque séance, de rigueur jusqu’au 9 novembre 2021, est remplacée par une consultation par messagerie électronique. Le procès-verbal est réputé adopté en l’absence de toute réserve exprimée par un membre de la Société, et il est archivé dans un registre particulier et signé du secrétaire de la séance et du Président ou du président de séance.

Art. 3

Le procès-verbal rend compte aussi fidèlement que possible de la teneur des informations données en séance et des discussions intervenues entre les membres. Les membres qui le souhaitent peuvent donner au secrétaire le texte écrit de leur intervention qui est alors annexé au procès-verbal.
Le procès-verbal est transmis par messagerie électronique aux membres ayant participé aux débats afin de vérifier la justesse de la transcription de leurs propos ; aucune modification qui fausserait le compte rendu des débats ne peut cependant y être apportée.
Il est établi une version destinée à la publication sur le site Internet de la Société et dans le volume des Mémoires de l’année. Les membres de la Société sont informés par courriel de sa publication sur le site Internet de la Société. »

Pour conclure la séance, Guy Ahlsell de Toulza présente un dessin de Bernard Bénezet récemment acquis par la Société. Il s’agit d’un projet de peinture représentant saint Martin convertissant sa mère réalisée pour le chœur de l’église Saint-Martin de Buzet-sur-Tarn.

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