Société Archéologique  du Midi de la France
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SÉANCE DU 5 JANVIER 2016

separateur

Communication d’Anne-Laure NAPOLÉONE et Pierre GARRIGOU GRANDCHAMP

Deux études de maisons médiévales à Castelsagrat (Tarn-et-Garonne)


En août 2014, l’occasion s’est présentée de relever et d’étudier une maison de la fin du XIIIe siècle, faisant l’objet de travaux sur la place de Castelsagrat. Outre le programme et les divers aménagements qu’il a été possible de restituer globalement, l’analyse de l’édifice a également permis de découvrir que les couverts qui devancent actuellement l’édifice, n’existaient pas à l’origine sur ce côté de la place.

Un deuxième édifice plus important, comportant une tour en fond de parcelle, a pu être également visité. Les maçonneries du grand hôtel, en grande partie désaffecté, sont visibles ici ou là. L’étude partielle a toutefois permis de se faire une idée du programme, des circulations et des liaisons de l’édifice avec la place. Les vestiges témoignent enfin d’une construction de qualité.


Présents : MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Péligry, Bibliothécaire-Archiviste ; Mmes Fournié, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, Vallée-Roche, Watin-Grandchamp, MM. Balty, Boudartchouk, Garland, Garrigou Grandchamp, Lassure, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Balty, Bessis, Friquart, Nadal, Viers, MM. Penent, Sournia, membres correspondants.
Excusés : M. Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Cassagnes-Brouquet, Cazes, Lamazou-Duplan, MM. Burroni, Chabbert, Surmonne, Suzzoni.

Le Président signale plusieurs dons pour la bibliothèque :
- de la part de B. Sournia : L’Ostal des Carcassonne, la maison d’un drapier montpelliérain du XIIIe siècle, DRAC, Montpellier, 2014 ; Montpellier : chronique de la cathédrale inachevée, DRAC, Montpellier, 2014 ; Le château d’Espeyran, Maison des Illustres, Montpellier, DRAC, 2015 ;
- H. Pradalier : La Villa Laurens d’Agde et le renouveau du salon de musique, Montpellier, DRAC, 2015 ;
- M. Fournié : « Manuscrits de Cadouin. Actes du colloque de Périgueux (20 et 21 juin 2013) », Revue des archives départementales de la Dordogne, 2015, n° 25.
G. Ahlsell de Toulza fait circuler le un volume, qu’il a fait relier, de la collection complète des numéros de l’Oie de Saint-Cyprien, petit journal confidentiel édité par F.-R. Gastou, responsable du centre de l’affiche de Saint-Cyprien. Ces numéros appartenaient à la bibliothèque de L. Enjalbert, décédée l’année dernière.

La Société a reçu une première candidature pour le concours de cette année. Il s’agit de la thèse de Anna Thirion, La « tribune » de Saint-Michel-de-Cuxa (Pyrénées-Orientales, milieu XIIe siècle) : essai de restitution numérique au service d’une nouvelle approche historique, iconographique et liturgique, thèse sous la direction de Géraldine Mallet, Université Paul-Valéry – Montpellier 3, 2015, 4 vol.

Puis le Président donne la parole à P. Garrigou Grandchamp et A.-L. Napoléone pour leur communication sur Deux demeures du XIIIe siècle dans la bastide de Castelsagrat .

Le Président remercie les orateurs d’avoir porté à la connaissance de tous ces deux maisons, et d’avoir mis en œuvre tous les moyens pour les étudier et les mettre en perspective. Il revient sur le rôle possible des maisons-tours. Au vu de leur rareté dans les bastides, peut-on dire qu’elles sont un signe de position sociale ou bien sont-elles liées à une fonction identifiable ? A.-L. Napoléone remarque que la tour de la demeure de Castelsagrat n’apporte pas de confort supplémentaire à l’habitat, elle complique au contraire les circulations, et ne laisse qu’une cour étroite et malcommode. Le Président se demande si cette tour ne pourrait pas être vue comme un lieu fortifié lié à des raisons de sécurité, ou pour y garder des choses précieuses. L’hypothèse est aussi corroborée par le fait qu’il n’y a pas de fenêtre géminée dans le mur qui donne sur la place, comme le remarque P. Garrigou-Grandchamp. Ce dernier ajoute que cette pièce n’a pas de cheminée, et insiste donc sur son rôle essentiellement symbolique, liée à une volonté d’affirmation sociale. Il rappelle que la présence d’un Agneau pascal sur la clé de voûte n’implique pas que le commanditaire ait eu une fonction religieuse. D. Watin Grandchamp insiste sur la fonction emblématique possible du lieu : la clé de voûte avec un Agneau pascal se trouve aussi fréquemment dans les tours des maisons hospitalières des maisons de Saint-Jean. Maurice Scellès rappelle qu’un Agneau pascal timbre une clef de voûte du niveau de soubassement de la Sénéchaussée à Lauzerte.
H. Pradalier remarque que l’escalier en vis ne dessert pas la salle du premier étage de la tour, mais donne directement accès à l’étage au-dessus. Selon P. Garrigou Grandchamp, c’est une manière de distinguer un espace public et un espace privé. La maison de Provins dite « la Buffette » a exactement le même type d’escalier qui évite le premier étage pour rejoindre directement le second. Il s’agit dans ce cas d’une maison de chevaliers.
L. Peyrusse s’étonne du plan de cette tour qui se retrouve prisonnière de l’ensemble du bâti. Selon P. Garrigou Grandchamp cette maison adopte le plan des grandes demeures à tour d’angle et corps de logis mais en le ramassant suivant les contraintes du plan de la bastide. M. Scellès cite l’hôtel de la rue de Lastié à Cahors, dans lequel les contraintes parcellaires ont conduit à construire la tour sur la partie arrière du corps de logis. E. Garland demande si dans certaines bastides la disposition de tours en façade ou à l’arrière ne pourrait avoir été réglementée en fonction des lots. P. Garrigou Grandchamp note que le fait de mettre la tour en façade réduit d’autant la surface pour l’espace commercial à l’avant, même si à Monpazier on a bien une tour avec un rez-de-chaussée servant de boutique. Il souligne la plasticité des formes utilisées selon les bastides.
M. Scellès relève que la date de fondation de Castelsagrat n’est de fait pas connue, puisqu’on ne possède que l’année de la charte de coutumes, date à laquelle le village est peut-être déjà constitué. Le nom même du village et la présence d’un château peuvent laisser supposer une occupation antérieure bien que le plan régulier soit bien celui d’une ville neuve. P. Garrigou Grandchamp donne l’exemple de Molière, où se trouve un château excentré du même type. D. Watin Grandchamp note que ce château pouvait être le lieu de résidence du bayle et le lieu de l’exercice de la justice, puis elle cite des exemples de villes où un édifice représente chacun des pouvoirs de fait isolé du reste, comme à Saint-Antonin la salle de justice devenue maison consulaire et la Tour du roi. H. Pradalier signale également la présence d’un château associé à une bastide à Salles-sur-l’Hers. P. Garrigou Grandchamp conclut en remarquant la nécessité d’enrichir les catalogues existants, car on a trop souvent l’impression d’être face à un unicum.
B. Sournia demande quelles étaient les grandes productions de cette bastide P. Garrigou Grandchamp cite le vin et la polyculture. Sur le rôle possible de la grande bourgeoisie urbaine sur des constructions de ce type, il rappelle que ces tours sont rares dans les bastides. Il précise qu’il s’agit d’une fondation d’Alphonse de Poitiers, qui a également fondé Montjoi à 2,5 km de Castelsagrat.

Au titre des questions diverses, É. Nadal rappelle aux membres de la Société le fonctionnement de la page Facebook. M. Scellès présente les nouveautés du site de la Société archéologique, et fait appel aux bonnes volontés pour entretenir les différentes rubriques mises en ligne.


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