Société Archéologique  du Midi de la France
FacebookFlux RSS

SÉANCE DU 15 JUIN 2021

separateur

Communication de Jacques Dubois : Le portail Saint-Jean de la cathédrale de Limoges, une œuvre exceptionnelle de la fin du Moyen Age.

Ouvrage admiré dès les premières études consacrées à la cathédrale de Limoges au XIXe siècle, la façade du bras nord du transept est longtemps restée méconnue des spécialistes de l’architecture de la fin du Moyen Age. Vraisemblablement effectif à partir de la fin des années 1510, son chantier s’inscrit dans un plus vaste projet d’achèvement du bâtiment remontant au XVe siècle. Les sources capitulaires identifient clairement le chapitre dans son rôle maintenu de maître d’ouvrage, sollicitant les évêques à participer financièrement aux travaux, les revenus de la fabrique étant devenus par trop insuffisants. Aussi les bonnes relations des chanoines avec leur évêque ne sont-elles pas sans conséquence sur la conduite du chantier, comme sous les actifs prélats réformateurs Philippe de Montmorency (1516-1519) et Charles Villiers de l’Isle Adam (1519-1530), pour lesquels le chapitre a autorisé la présence de leurs armes sur le portail à côté des siennes. En raison des difficultés techniques imposées par les lieux, le choix de l’architecte s’est porté à l’évidence sur un homme expérimenté et de réputation ; la maîtrise du dessin d’architecture et la stéréotomie le confirment incontestablement. De même, les choix formels montrent qu’il est originaire du Val de Loire. Il ne peut s’agir en tout cas de Jacques Barbe, cité comme conducteur des travaux de la cathédrale en 1527, personnalité totalement inconnue sur ces chantiers documentés.


Présents : M. Peyrusse Président, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry Bibliothécaire, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone Secrétaire-Adjointe ; Mmes Cazes, Czerniak, Haruna-Czaplicki, Pousthomis-Dalle ; MM. Balty, Cazes, Scellès, membres titulaires ; MM. Dubois, Pousthomis, membres correspondants.
Excusés : Mme Fournié, MM. Garrigou Grandchamp, Macé, Tollon.

Notre président ouvre la séance en nous signalant que le Musée du Pays de cocagne de Lavaur, inaugure une exposition consacrée à l’œuvre peinte d’Henri Rachou. Il rappelle que cet artiste a été membre de notre société, même si ses principaux écrits, sur la sculpture romane, la sculpture gothique et l’épigraphie n’ont pas été publiés dans nos Mémoires. C’est un peintre intéressant et un peu énigmatique ; deux de ses œuvres vont d’ailleurs être vendues la semaine prochaine à l’hôtel des ventes Marambat-de Malafosse.
Par ailleurs, l’Hôtel du May va ouvrir une exposition sur Gabriel Durand le 25 juin.
Enfin, le Musée des Augustins annonce pour le mois de décembre, une exposition sur François Bonvin.
Dans le cadre des courriers reçus, Louis Peyrusse nous fait part d’un message de notre consoeur Valérie Dumoulin, responsable de l’accueil des publics aux Jacobins, qui a mis en place une formule très intéressante de « conférences extraordinaires » faisant parler un certain nombre de nos confrères et consoeurs. Elles commencent le 18 juin par la présentation d’un manuscrit enluminé très peu connu par notre ancienne présidente Émilie Nadal : Le manuel de consolation pour les novices. Le 15 octobre, c’est Laurent Macé qui parlera de la chronique de Guillaume Pelhisson, narrant les tout débuts de l’implantation des moines dominicains à Toulouse. Cette courte chronique avait fait l’objet d’une plaquette éditée par Ousset dans la traduction de Jean Duvernoy.
Pour finir, le président note que nous sommes encore en déficit de communications pour l’année prochaine, ainsi que de photographies et de textes qui avaient été promis à la mémoire de Maurice Prin. Il rappelle que nous avions en effet décidé de faire un mémorial en l’honneur de notre défunt confrère, Daniel Cazes se chargeant de rédiger sa biographie.

La parole est ensuite donnée à notre confrère Jacques Dubois pour sa communication longue intitulée Le portail Saint-Jean de la cathédrale de Limoges .
Louis Peyrusse félicite notre confrère pour la lecture de cette façade surprenante. Elle révèle en effet, la virtuosité graphique du concepteur et se distingue des autres chantiers présentés à titre de comparaison, notamment par l’absence de décor. Ceci paraît étonnant, poursuit-il, lorsque l’on songe que lorsque les chanoines voudront élever un jubé, peu de temps après, ils choisiront un magnifique relief loin de l’esprit graphique de cette architecture. Jacques Dubois ajoute que cette façade élevée à partir de 1515 est en effet la conception d’un nouvel architecte, différent de ceux qui ont travaillé aux deux travées orientales et de celles situées à l’arrière de la façade. Notre président demande quel est le hiatus chronologique entre la construction de cette façade et la réalisation du jubé. Il faut placer le début de la construction en 1515, répond notre confrère, précisant que les formes marquent sans doute une évolution dans les parties hautes. Il n’est pas sûr selon lui que Jacques Barbe ait œuvré dès le début du chantier. Le jubé quant à lui est réalisé vers 1535-1536. Notre président se dit par ailleurs frappé par le détail des lignes sinueuses qui semblent anticiper sur l’Art Nouveau, à moins qu’il ne s’agisse d’une récupération de cette virtuosité gothique par l’Art Nouveau. Jacques Dubois dit avoir déjà noté cette similitude des formes entre ce qu’on appelle « le gothique Renaissance » du premier tiers du XVIe siècle et l’Art Nouveau.
Notre trésorier évoque les dessins du XIXe siècle montrant la partie supérieure de la façade inachevée et demande de quand date le couronnement que l’on voit aujourd’hui. Jacques Dubois répond qu’il s’agit là d’une invention du XIXe siècle, s’inspirant de compositions de façades de la même époque, avec une galerie et un gâble qui couronne la rose et un pignon triangulaire en léger retrait. Il s’agit, poursuit-il, d’une composition classique que l’on peut retrouver ailleurs, par exemple à Évreux. Y avait-il une amorce de ce couronnement sous la toiture provisoire demande encore Guy Ahlsell de Toulza ? En effet, répond notre confrère, l’inflexion du rampant visible sur le dessin permet de dire qu’il était prévu de couronner la façade par un gâble en accolade. Notre trésorier s’interroge enfin sur cette absence de décor, la façade ne serait-elle pas restée inachevée, était-ce vraiment le parti initial ? Jacques Dubois avoue s’être également interrogé sur ce sujet ainsi que sur la façon d’insérer des sculptures dans ces niches barrées par des meneaux. Il ne sait pas si tout le décor sculpté a été réalisé et ne connaît pas de témoignages de destructions de cette partie de l’édifice durant les guerres de religion ou la Révolution. Les sculptures sont généralement réalisées en dernier. On sait que les travaux de cette façade se sont arrêtés en 1530 pour poursuivre l’élévation de la nef et le réaménagement du sanctuaire à la fin des années 1520 et ensuite la construction du jubé. Louis Peyrusse en déduit qu’il y avait sans doute d’autres urgences que le décor de la façade. Notre trésorier demande encore s’il s’agissait du portail principal. Tout à fait, répond Jacques Dubois, en venant de la gare ou de Saint-Martial, on arrive par le nord, la topographie du terrain étant plus accidentée à l’ouest.
Au titre des questions diverses, Louis Peyrusse montre une vue de l’immeuble Pourcet construit par Urbain Vitry, à l’angle de la rue du Poids de l’huile et à côté du théâtre du capitole dont la façade a fait récemment l’objet de de restaurations. Celle-ci est ornée de colonnes-candélabres moulées en terre cuite provenant de la manufacture Virebent et de médaillons inspirés de ceux de Saint-Bertrand de Comminges, réalisés en terre cuite rouge -parce que difficilement réalisable techniquement en terre blanche -. Il était donc prévu de peindre ces médaillons en blanc ainsi que le reste des éléments de décoration. Les restaurations ont transformé la façade en laissant apparaître la terre cuite rouge au sein d’un appareil de briques blanches.
En cette dernière séance en visio-conférence, espère-t-il, le président veut remercier l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse, et son trésorier ici présent, de nous avoir permis d’utiliser son abonnement et veut également rebondir sur une évidence : nos rencontres physiques nous manquent car l’intérêt de la société est celui de la sociabilité érudite. Il espère donc que les membres pourront se retrouver le 5 octobre prochain à l’Hôtel d’Assézat avec le plaisir de se voir autrement qu’en vignettes sur un écran d’ordinateur. Guy Ahlsell de Toulza annonce par ailleurs que l’Académie des Sciences compte résilier cet abonnement car selon elle une société qui ne fonctionne que virtuellement - malgré le confort que cela apporte -, est vouée à disparaître. Maurice Scellès pense pour sa part que la visio-conférence permettait aux nombreux membres éloignés de Toulouse de participer aux séances, ce qui permettait de créer plus de liens avec ceux que nous voyons en définitive très rarement. À son sens, il serait bien de maintenir les deux systèmes. Louis Peyrusse est d’accord mais il pourrait peut-être y avoir un problème de coût. Selon notre trésorier le problème n’est pas tant le coût (350 euros par ans) que l’organisation en salle de séance avec le portable de la société. Il reconnaît que c’est un confort pour ceux qui habitent loin, mais il ne faudrait pas que cela éloigne les Toulousains qui peuvent venir en séance. Nous risquons, pense-t-il, de finir en nombre restreint en salle des séances, face aux membres qui resteront chez eux par confort. Bernard Pousthomis trouve par ailleurs qu’il y a moins de débats lorsque nous nous retrouvons en visio-conférence. Le président rappelle que, selon les époques, notre salle des séances a été remplie de façon très variable. En recherchant l’éloge funèbre du trésorier de la société du temps de la présidence de Michel Labrousse, il a été frappé par la concision des procès-verbaux, et par le peu de membres présents. Maurice Scellès propose encore de réserver la communication à distance aux non Toulousains. Louis Peyrusse voudrait que l’on reprenne cette discussion et souhaite que l’on fasse des tests pour voir quelles sont les solutions possibles car il est important selon lui de prendre en compte les membres correspondants.

Haut de page